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Programme Phoenix

Le programme Phoenix (connu au ViĂȘt Nam sous le nom de Káșż HoáșĄch PhỄng HoĂ ng) Ă©tait une opĂ©ration secrĂšte amĂ©ricaine pendant la guerre du ViĂȘt Nam, qui combinait le recueil de renseignements et la mise sur pied d’opĂ©rations contre-rĂ©volutionnaires lancĂ©es Ă  partir de la fin de 1969. Il s’agissait de retourner les mĂ©thodes de contrĂŽle de la population et de guĂ©rilla contre le Front national de libĂ©ration du Sud ViĂȘt Nam dans le territoire de la RĂ©publique du ViĂȘt Nam (Sud-Vietnam). Les officiels amĂ©ricains le dĂ©finissent comme un effort systĂ©matique de coordination du renseignement et de l'exploitation[1].

Ce programme est trÚs controversé en raison des méthodes utilisées dans le cadre de celui-ci, incluant la torture et les assassinats ciblés.

Au moins 26 000 personnes furent tuées dans le cadre du programme Phoenix. 87% des décÚs sont survenus lors d'opérations militaires conventionnelles menées par les forces américaines et sud-vietnamiennes[2].

Origine

À partir de 1965, les États-Unis avaient dĂ©veloppĂ© un rĂ©seau de renseignement qui couvrait tout le Sud-Vietnam afin de lutter contre le Front national de libĂ©ration du Sud ViĂȘt Nam. Face Ă  une efficacitĂ© trĂšs limitĂ©e, la Central Intelligence Agency crĂ©a le programme Phoenix[3].

Organisation

À l'occasion de ce programme qui est l'une des activitĂ©s du Civil Operations and Revolutionary Development Support (en) crĂ©Ă© le , les forces spĂ©ciales amĂ©ricaines et la CIA opĂ©rĂšrent en Ă©troite collaboration avec les Provincial Reconnaissance Units (PRU, « unitĂ©s de reconnaissance provinciales »). Celles-ci Ă©taient formĂ©es Ă  partir d’unitĂ©s telles que les forces MIKE (groupes de choc d’élite sud-vietnamien, qui avaient suivi l’entraĂźnement des forces spĂ©ciales) et les Chieu Hoi qui rassemblaient les dĂ©fecteurs du ViĂȘt-Cong.

Les PRU, corps de professionnels bien payĂ©s, furent sans doute les meilleures troupes autochtones jamais dĂ©ployĂ©es en RĂ©publique du ViĂȘt Nam.

Leurs conseillers Ă©taient aussi bien des membres des Special Forces de l’US Army que des SEAL de l’US Navy.

Bras armĂ© du programme Phoenix, les PRU opĂ©raient par groupes de 10 ou 20 hommes, commandĂ©s par des instructeurs amĂ©ricains. Ils menĂšrent Ă  bien les missions les plus diverses : renseignement et reconnaissance, embuscades et raids contre les collecteurs d’impĂŽts, enlĂšvements de responsables susceptibles de fournir des informations vitales et, au besoin, assassinats ou reprĂ©sailles.

Le nombre de victimes de cette opĂ©ration parmi lesquelles il y eut une forte proportion de civils, serait selon les sources, de 26 000 Ă  41 000 personnes[4] - [5].

Controverses sur l'origine du programme

Selon un entretien du colonel amĂ©ricain Carl Bernard avec la journaliste Marie-Monique Robin, Paul Aussaresses, qui Ă©tait alors Ă  Fort Bragg, lui a montrĂ© un brouillon du livre, non encore publiĂ©, La guerre moderne du colonel Roger Trinquier[6]. Aussaresses et Bernard ont envoyĂ© un rĂ©sumĂ© du livre Ă  Robert Komer (en), un agent de la CIA qui deviendra l'un des conseillers du prĂ©sident Lyndon Johnson pour la guerre du ViĂȘt-nam[6]. Selon C. Bernard, c'est « Ă  partir de ce texte que Komer a conçu le programme Phoenix, qui est en fait une copie de la bataille d'Alger appliquĂ©e Ă  tout le Sud ViĂȘt-Nam. [
] Pour cela, on retournait des prisonniers, puis on les mettait dans des commandos, dirigĂ©s par des agents de la CIA ou par des bĂ©rets verts, qui agissaient exactement comme l'escadron de la mort de Paul Aussaresses. »[6].

Selon William Colby[7], l'opération Phoénix ne commença qu'en 1969 et selon un article de Robert G. Kaiser (en) dans le Washington Post, on n'a jamais pu trouver la moindre trace d'assassinats.

Commissions d'enquĂȘte parlementaires

AprĂšs le Watergate (1972), la lumiĂšre fut jetĂ©e sur les opĂ©rations de la CIA. C'est ainsi que le Programme Phoenix fut rĂ©vĂ©lĂ©. Ses dessous sont rĂ©vĂ©lĂ©s en partie par un article en une du New York Times Ă©crit par le journaliste Seymour Hersch le (The New York Times "Huge C.I.A. Operation Reported in U.S. Against Anti-War Forces."). La Commission Rockfeller fut nommĂ©e par le prĂ©sident Carter pour enquĂȘter. En 1975, le SĂ©nat lance la Commission Church. La mĂȘme annĂ©e, le prĂ©sident Ford lance la Commission Nedzi remplacĂ©e 5 mois plus tard par la Commission Pike. Ces diverses commissions questionnent William Colby sur l'opĂ©ration Phoenix et les assassinats ciblĂ©s. Ces remous coĂ»tent Ă  Colby sa place de directeur de la CIA, remplacĂ© par G. Bush. Rien ne sera reconnu officiellement. Colby meurt noyĂ© en 1996. Les circonstances de sa mort donneront lieu Ă  de nombreuses thĂ©ories du complot, impliquant un acte criminel[8].

Références

  1. (en) Vietnam: Politique et projet, 1970 Audiences devant le comitĂ© des affaires Ă©trangĂšres du SĂ©nat des États-Unis, DeuxiĂšme sĂ©ance sur les opĂ©rations civiles et le programme de soutien de dĂ©veloppement rural, fĂ©vrier/mars 1970
  2. Andrade, Dale et Willbanks, James, « CORDS/Phoenix. Counterinsurgency Lessons from Vietnam for the Future », Military Review,‎ march–april 2006, p. 17-21
  3. (en) Alfred W. McCoy, A Question of Torture : CIA Interrogation, From the Cold War to the War on Terror, New-York, Holt paperbacks, , 1re Ă©d., 310 p. (ISBN 0-8050-8248-4), p. 63-65
  4. (en) Alfred W. McCoy, A question of torture : CIA interrogation, from the Cold War to the War on Terror, Macmillan, , 290 p. (ISBN 978-0-8050-8041-4), p. 68
  5. (en) Seymour Hersh, « Moving Targets », The New Yorker,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ) : « According to official South Vietnamese statistics, Phoenix claimed nearly forty-one thousand victims between 1968 and 1972; the U.S. counted more than twenty thousand in the same time span. »
  6. Marie-Monique Robin, Escadrons de la mort, l'école française [détail des éditions], 2008, p. 254 (entretien de l'auteur avec Carl Bernard)
  7. William Colby, 30 ans de CIA, chapitre IX, Projet PhoĂ©nix, vraies et fausses bavures, 1re Ă©dition 1978
  8. (en) « Former CIA Director’s Death Raises Questions, Divides Family »

Bibliographie

  • (en) Colonel William L. Knapp, Phoenix/Phung Hoang and the Future: A Critical Analysis of the US/GVN Program to Neutralize the Viet Cong Infrastructure, Army War College, Carlisle Barracks, Pennsylvanie, DTIC accession number AD0529215 [lire en ligne (page consultĂ©e le 21 mai 2023)]
  • (en) Frank Snepp, Decent Interval, Random House, New York, 1978
  • (en) Thomas L. Ahern, Jr., CIA and Rural Pacification in South Vietnam, Center for the Study of Intelligence, (lire en ligne).
  • (en) Andrew R. Finlayson, Marine Advisors : With the Vietnamese Provincial Reconnaissance Units, 1966-1970, Quantico, Virginie, History Division USMC, coll. « Occasional Papers », (lire en ligne).

Bibliographies :

Liens externes

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