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Corruption

La corruption est la perversion ou le dĂ©tournement d'un processus ou d'une interaction avec une ou plusieurs personnes dans le dessein, pour le corrupteur, d'obtenir des avantages ou des prĂ©rogatives particuliĂšres ou, pour le corrompu, d'obtenir une rĂ©tribution en Ă©change de sa complaisance. Elle conduit en gĂ©nĂ©ral Ă  l'enrichissement personnel du corrompu ou Ă  l'enrichissement de l'organisation corruptrice (groupe mafieux, entreprise, club, etc.[2]). Il s'agit d'une pratique qui peut ĂȘtre tenue pour illicite selon le domaine considĂ©rĂ© (commerce, affaires, politique
) mais dont le propre est justement d'agir de maniĂšre Ă  la rendre impossible Ă  dĂ©celer ou Ă  dĂ©noncer.

MAJ
Index mondial de perception de la corruption en 2022 selon Transparency International[1].
Corrupt legislation, peinture murale à la bibliothùque du Congrùs des États-Unis, par Elihu Vedder.

Elle peut concerner toute personne bénéficiant d'un pouvoir de décision, que ce soit une personnalité politique, un fonctionnaire, un cadre d'une entreprise privée, un médecin, un arbitre ou un sportif[3], un syndicaliste ou l'organisation à laquelle ils appartiennent. Le trafic d'influence est une forme de corruption.

Origine du pot-de-vin

À l’origine, le « pot » Ă©tait le rĂ©cipient de terre cuite ou d’étain dans lequel l’on servait le vin ou la biĂšre. Dans la culture occidentale, on offre Ă  une personne un « pot Ă  boire » par sympathie ou en Ă©change d’un petit service rendu :

  • l’expression « donner un pot-de-vin » apparaĂźt au dĂ©but du XVIe siĂšcle avec une connotation trĂšs innocente qui signifiait simplement « donner un pourboire ». Ce pot pouvait ĂȘtre soit le liquide lui-mĂȘme (le vin ou la biĂšre), soit quelques piĂšces de monnaie ne reprĂ©sentant qu’une valeur symbolique ;
  • au fil des siĂšcles, cette coutume a pris une connotation plus pĂ©jorative et est devenu synonyme d’illĂ©galitĂ© et de corruption. La valeur de ce « pot » a pris une valeur beaucoup plus importante, qu’elle soit monĂ©taire ou matĂ©rielle, dĂ©signĂ©e par le terme « corruption ».

DĂ©finitions

ProblÚmes de définition

Il est difficile de proposer une dĂ©finition de la corruption qui convienne Ă  tous les pays et toutes Ă©poques ; les dĂ©finitions avancĂ©es servent souvent Ă  Ă©tablir des rapports de domination entre pays du nord et pays "sous-dĂ©veloppĂ©s" (considĂ©rĂ©s comme plus corrompus) ; elles ont pu ĂȘtre jugĂ©es paternalistes et eurocentrĂ©es[4]. Ainsi l'anthropologue Olivier de Sardan fait remarquer que des pratiques africaines comme le don ou les actes de solidaritĂ© sont regardĂ©es ailleurs comme des formes de corruption. Pour sa part, Bo Rothstein (en) adopte une position plus universaliste ; il considĂšre que toutes les sociĂ©tĂ©s s'accordent Ă  valoriser l'impartialitĂ© dans la sphĂšre politique, il admet que toutes les sociĂ©tĂ©s n'interprĂštent pas de la mĂȘme maniĂšre la distinction entre la sphĂšre politique et la sphĂšre privĂ©e, mais pense qu'elles aspirent gĂ©nĂ©ralement Ă  les sĂ©parer pour Ă©viter les prĂ©fĂ©rences injustes et le nĂ©potisme[4].

Transparency International

Selon Transparency International, « la corruption consiste en l’abus d'un pouvoir reçu en dĂ©lĂ©gation Ă  des fins privĂ©es »[5].

Cette définition permet d'isoler trois éléments constitutifs de la corruption :

  • l’abus de pouvoir ;
  • Ă  des fins privĂ©es (donc ne profitant pas nĂ©cessairement Ă  la personne abusant du pouvoir, mais incluant aussi bien les membres de sa proche famille ou ses amis) ;
  • un pouvoir que l’on a reçu en dĂ©lĂ©gation (qui peut donc Ă©maner du secteur privĂ© comme du secteur public).

Tranparency utilise Ă©galement parfois cette dĂ©finition : « abus de pouvoir Ă  finalitĂ© d’enrichissement personnel ».

Instances européennes

L'assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe définit la corruption comme « l'utilisation et l'abus du pouvoir public à des fins privées »[6].

Pour la Commission des communautés européennes, « la corruption est liée à tout abus de pouvoir ou toute irrégularité commis dans un processus de décision en échange d'une incitation ou d'un avantage indu ».

La dĂ©finition donnĂ©e par le groupe multidisciplinaire sur la corruption du Conseil de l’Europe est lĂ©gĂšrement diffĂ©rente[7] : « la corruption est une rĂ©tribution illicite ou tout autre comportement Ă  l'Ă©gard des personnes investies de responsabilitĂ© dans le secteur public ou le secteur privĂ©, qui contrevient aux devoirs qu'elles ont en vertu de leur statut d'agent d'État, d'employĂ© du secteur privĂ©, d'agent indĂ©pendant ou d'un autre rapport de cette nature et qui vise Ă  procurer des avantages indus de quelque nature qu'ils soient, pour eux-mĂȘmes ou pour un tiers ».

Le groupe multidisciplinaire sur la corruption (GMC) insiste sur la difficulté de cerner avec exactitude les bornes légales du phénomÚne mais rappelle que sa nature relÚve de l'abus de pouvoir ou de l'improbité dans la prise de décision[8].

Banque mondiale

La Banque mondiale retient la dĂ©finition suivante pour la corruption : « Utiliser sa position de responsable d’un service public Ă  son bĂ©nĂ©fice personnel[9]. »

Nations unies

L'Institut international de planification de l'Ă©ducation de l'UNESCO a Ă©tudiĂ© plus particuliĂšrement la corruption dans l'Ă©ducation. À ce titre, il donne la dĂ©finition suivante : « une utilisation systĂ©matique d'une charge publique pour un avantage privĂ©, qui a un impact significatif sur la disponibilitĂ© et la qualitĂ© des biens et services Ă©ducatifs et, en consĂ©quence, sur l'accĂšs, la qualitĂ© ou l'Ă©quitĂ© de l'Ă©ducation »[10].

Causes

Causes générales

  • Mauvaise gouvernance : cadre lĂ©gislatif flou, systĂšme judiciaire inadĂ©quat, manque de transparence et de responsabilisation, manque de libertĂ© de la presse.
  • Absence de toute politique anti-corruption prĂ©ventive et de prise de conscience de l'importance des questions comme l'Ă©thique professionnelle, les conflits d'intĂ©rĂȘts (pour Ă©viter par exemple que les personnes entrent dans les conseils municipaux pour y dĂ©fendre leurs propres intĂ©rĂȘts fonciers, entrepreneuriaux ou autres ; manque de rĂ©flexe de se "dĂ©sengager" de certaines dĂ©cisions), le refus des cadeaux et autres avantages qui finissent par crĂ©er des relations troubles ou mal perçues par les tiers (y compris les cadeaux de fin d'annĂ©e).
  • Institutions faibles : fonctionnaires Ă  forte autoritĂ© ayant peu de comptes Ă  rendre, responsables officiels attirĂ©s par des rĂ©munĂ©rations coupables et ayant des salaires faibles, facteurs culturels ayant trait au mode de contrĂŽle dans l'administration ou Ă  la croyance au « droit aux bĂ©nĂ©fices » des responsables administratifs.
  • Faibles salaires : l'administration publique de nombreux États prĂ©voit des salaires relativement faibles pour certains de leurs agents ; typiquement les mĂ©decins, les policiers (corruption policiĂšre (en)), par exemple les douaniers sont les victimes faciles du systĂšmes oĂč la culture admet qu'il n'est pas besoin de les payer [de maniĂšre dĂ©cente] Ă©tant donnĂ© qu'ils peuvent tirer un avantage occulte de leurs fonctions.
  • Culture administrative et corporatiste peu propice gĂ©nĂ©rant des craintes et qui dissuade toute dĂ©nonciation (ou simple remise en cause d'un systĂšme affectĂ©) par les Ă©lĂ©ments intĂšgres ou simplement dĂ©sireux d'appliquer les rĂšgles existantes ; esprit de revanche du groupe et des supĂ©rieurs imposant des sanctions dĂ©guisĂ©es au lieu de valoriser l'intĂ©gritĂ© (d'oĂč la nĂ©cessitĂ© de vĂ©ritables mesures et politiques de protection de la vie professionnelle des « lanceurs d'alerte » et Ă©ventuellement de leurs proches). L'absence de dispositifs de codes de dĂ©ontologie et de prĂ©vention des conflits d'intĂ©rĂȘt fragilise Ă©galement l'intĂ©gritĂ© professionnelle[11].
  • Aspects culturels : le dĂ©veloppement de la corruption est quelquefois attribuĂ© partiellement Ă  des perversions de valeurs culturelles, lorsque par exemple la notion de respect ou de soumission Ă  l'autoritĂ© est dĂ©tournĂ©e de ses objectifs[12]. Une Ă©tude menĂ©e en 2006 (sur un Ă©chantillon toutefois limitĂ© de 193 Ă©tudiants issus de 43 pays) semble montrer une corrĂ©lation entre la propension Ă  offrir des pots-de-vin et le degrĂ© de corruption existant dans le pays d'origine[13].

Corruption post-conflit

Les pays les plus affectĂ©s par la corruption sont souvent des pays qui sortent de pĂ©riodes de guerres. Durant le conflit mĂȘme, la corruption se dĂ©veloppe considĂ©rablement. Pour signer des accords de paix, il a fallu faire des concessions, gĂ©nĂ©ralement, Ă  d'anciens chefs de guerre corrompus, et leur garantir l'impunitĂ©. Ces dirigeants sans scrupules, une fois intĂ©grĂ©s dans le nouveau jeu politique, font obstacle Ă  l'Ă©tablissement d'une justice impartiale qui menacerait leurs intĂ©rĂȘts. Ils sapent ainsi les efforts en vue d'un redressement durable du pays. Les spĂ©cialistes des sociĂ©tĂ©s post-conflit soulignent la place centrale qu'il convient d'accorder Ă  la lutte contre la corruption dans tout programme d'aide internationale, sous peine de compromettre la stabilitĂ© du pays difficilement conquise aprĂšs la guerre.

Les interventions internationales post-conflit, longtemps considĂ©rĂ©es comme «une technique neutre », qui aide les sociĂ©tĂ©s post-conflit Ă  devenir pacifiques, dĂ©mocratiques, prospĂšres, ont fait l'objet de nombreuses critiques. Plusieurs pays oĂč le redressement aprĂšs la guerre est grevĂ© par la corruption avaient bĂ©nĂ©ficiĂ© de programmes d'aide internationale, dans lesquels la lutte contre la corruption avait Ă©tĂ© relĂ©guĂ©e au second plan, en particulier le Mozambique, la Bosnie-HerzĂ©govine, le Timor oriental, l'Afghanistan, le Kosovo, la Palestine et le Liban[14].

Les causes de ce relatif dĂ©sintĂ©rĂȘt portĂ© Ă  la lutte contre la corruption sont multiples. D'une part, les donateurs internationaux craignent, en dĂ©nonçant les gouvernements locaux, d'ĂȘtre empĂȘchĂ©s d'intervenir, et de livrer Ă  elles-mĂȘmes, sans aide internationale, des populations fragilisĂ©es par la guerre[15]. D'autre part, ils sont parfois impliquĂ©s eux-mĂȘmes dans la corruption[4] - [15]. Enfin, les donateurs Ă©trangers modulent leur aide Ă  la reconstruction en fonction de leurs intĂ©rĂȘts gĂ©ostratĂ©giques propres[4] - [15]. La plus grande part de l'aide accordĂ©e par les États-Unis a Ă©tĂ© destinĂ©e Ă  des gouvernements corrompus ; ainsi par exemple il leur a Ă©tĂ© reprochĂ© de perpĂ©tuer par leur soutien la corruption de leurs alliĂ©s en Afghanistan, les «seigneurs de la guerre»[15].

Caractéristiques

Formes

La Banque mondiale retient les formes suivantes de corruption[16] :

  • les « dessous de table » : ce sont des versements Ă  des responsables officiels afin qu’ils agissent plus vite, de façon plus souple et plus favorable[17] ;
  • la « fraude » : c'est la falsification de donnĂ©es, de factures, la collusion, etc. ;
  • « l’extorsion » : c'est l’argent obtenu par la coercition ou la force ;
  • le « favoritisme » (« nĂ©potisme », « collusion ») : c'est le fait de favoriser des proches ;
  • le « dĂ©tournement de fonds » : c'est le vol de ressources publiques par des fonctionnaires.

Types de corruption

La Banque mondiale retient les types suivants de corruption :

  • la grande corruption : c'est une corruption Ă  haut niveau oĂč les dĂ©cideurs politiques crĂ©ant et appliquant les lois utilisent leur position officielle pour promouvoir leur bien-ĂȘtre, leur statut ou leur pouvoir personnel ;
  • la petite corruption : c'est la corruption bureaucratique dans l’administration publique.

La façon de dĂ©finir la corruption varie selon les pays. Ainsi, dans le cas des États-Unis, les journalistes BenoĂźt BrĂ©ville et Renaud Lambert soulignent qu'« une entreprise qui souhaite influer sur les choix d’un Ă©lu n’a pas besoin de recourir aux dessous-de-table. Depuis et l’arrĂȘt « Citizens United v. Federal Election Commission » rendu par la Cour suprĂȘme, il lui suffit de subventionner des associations liĂ©es Ă  son poulain, le plus lĂ©galement du monde et sans plafonnement des montants. Dans bien des pays, une telle pratique est prohibĂ©e ; outre-Atlantique, on parle de
 libertĂ© d’expression. Selon un rapport de la Sunlight Foundation, entre 2007 et 2012, les deux cents entreprises amĂ©ricaines les plus actives politiquement ont, au niveau fĂ©dĂ©ral, dĂ©pensĂ© 5,8 milliards de dollars en frais de ce type. Durant la mĂȘme pĂ©riode, elles ont reçu l’équivalent de 4 400 milliards de dollars en cadeaux divers : subventions, exonĂ©rations, rĂ©duction d’impĂŽts. Amender la loi plutĂŽt que ces comportements : la mĂ©thode sĂ©duit. Les multinationales amĂ©ricaines souhaitant s’implanter dans des pays pauvres sont ainsi autorisĂ©es Ă  effectuer des « paiements de facilitation » (facilitating payments) pour accĂ©lĂ©rer une procĂ©dure, obtenir une autorisation, faire passer un dossier sur le dessus de la pile. De leur cĂŽtĂ©, les justiciables suffisamment fortunĂ©s peuvent mettre un terme aux poursuites dont ils font l’objet en versant de l’argent Ă  la partie adverse. Fluctuante, la frontiĂšre entre corruption et pratiques lĂ©gales apparaĂźt dĂšs lors soumise aux alĂ©as du droit. Et de la logique qui en sous-tend souvent l’élaboration : faire entrer les pratiques des dominants dans la lĂ©galitĂ©, tout en garantissant la plus grande sĂ©vĂ©ritĂ© pour les forfaits des classes populaires »[18].

Coût

Selon une estimation de la Banque mondiale, en 2001-2002 1 000 milliards de dollars auraient Ă©tĂ© dĂ©tournĂ©s en pots-de-vin. Ce montant reprĂ©sente environ 3 % des Ă©changes de la planĂšte pour cette mĂȘme pĂ©riode[19].

Selon une étude commandée par le Parlement européen, le coût de la corruption pourrait atteindre 990 milliards d'euros dans l'Union européenne, dont 120 milliards pour la France[20].

L'organisation non gouvernementale internationale Transparency International a publiĂ© le une liste des dix chefs d'État les plus corrompus[21] Mohamed Suharto aurait par exemple dĂ©tournĂ© entre 15 et 35 milliards de dollars, Ferdinand Marcos entre cinq et dix et Mobutu Sese Seko environ cinq milliards lorsqu'il dirigeait le ZaĂŻre. Le pays de la liste ayant le PNB le plus Ă©levĂ© Ă©tait le PĂ©rou avec 2 051 dollars par habitant en 2001. Au Canada, des personnalitĂ©s politiques et des hauts fonctionnaires associĂ©s Ă  l'administration du Parti libĂ©ral du gouvernement du Canada sont impliquĂ©s dans un scandale de plusieurs centaines de millions de fausses factures de programmes de commandites[22] gouvernementales. L'argent Ă©tait utilisĂ© pour la rĂ©Ă©lection des candidats du Parti libĂ©ral.

Un rapport du CCFD-Terre solidaire, « Biens mal acquis
 profitent trop souvent. La fortune des dictateurs et les complaisances des pays occidentaux » estiment que plus de 120 milliards de dollars ont Ă©tĂ© dĂ©tournĂ©s ces dix derniĂšres annĂ©es, notamment Ă  cause de la corruption[23] - [24]. En France, le dĂ©putĂ© François Loncle, ancien prĂ©sident de la Commission des Affaires ÉtrangĂšres de l'AssemblĂ©e nationale et liĂ© Ă  Laurent Gbagbo, l'ex-prĂ©sident ivoirien, a ainsi minimisĂ© ou couvert pendant plusieurs annĂ©es les pratiques de corruption en CĂŽte d'Ivoire[25].

Pour les entreprises qui la pratiquent, la corruption semble trĂšs rentable, sauf pour celles – minoritaires – qui se font prendre et condamner[26] - [27]. Elle est par ailleurs, par dĂ©finition, trĂšs difficile Ă  quantifier au niveau mondial.

Selon l'agence de notation Standard and Poor's, les investisseurs ont une probabilité allant de 50 à 100 % de perdre la totalité de leurs investissements dans un délai de cinq ans dans les pays connaissant divers degrés de corruption[28].

L’intĂ©rĂȘt portĂ© par les mĂ©dias aux affaires de corruption a considĂ©rablement augmentĂ© depuis quelques dĂ©cennies. En France notamment, Le Figaro, Le Monde et LibĂ©ration ont publiĂ© 2 630 articles traitant de corruption entre 1981 et 1990. Une dĂ©cennie plus tard, le chiffre a quadruplĂ©. Pour les chercheurs Catherine Fieschi et Paul Heywood, la mutation du dĂ©bat politique fut la consĂ©quence de l’effondrement du systĂšme communiste au dĂ©but des annĂ©es 1990 : « Les partis dont les batailles Ă©lectorales s’organisaient hier autour d’enjeux idĂ©ologiques, mais qui avaient les mĂȘmes pratiques en matiĂšre de corruption, ont dĂ» changer de tactique. Les programmes de la gauche et de la droite ont commencĂ© Ă  se ressembler, tandis que l’urgence de faire la dĂ©monstration de sa compĂ©tence une fois au pouvoir devenait dĂ©terminante. (
) La concurrence politique a donc conduit Ă  dĂ©laisser les dĂ©bats de fond pour leur prĂ©fĂ©rer les accusations de corruption, destinĂ©es Ă  entacher le crĂ©dit de l’adversaire »[18].

Lutte contre la corruption

Campagne contre la corruption Ă  Nouakchott (Mauritanie).
« Le remÚde futur à la corruption électorale » (1875) gravure par Henri Julien, publiée dans L'opinion publique, périodique canadien-français.
Lycéenne militant contre la corruption en RDC.

Transparency International propose comme « solution parmi d'autres » de « placer ces institutions » (Clearstream, Euroclear et autres chambres de compensation et de routing) « sous le contrÎle d'une organisation internationale qui pourrait jouer le rÎle du tiers de confiance ».

L'OCDE fait de la lutte contre la corruption l'un de ses principaux objectifs.

Dans les faits, selon le magistrat Eric Alt, « les actions judiciaires se heurtent souvent Ă  l’hostilitĂ© des gouvernements. Ainsi, le Royaume-Uni a interdit l’enquĂȘte sur un rĂ©seau de corruption qui avait accompagnĂ© la vente, pour 56 milliards d’euros, d’armements Ă  l’Arabie saoudite. L’Italie a supprimĂ© l’an dernier le Haut-Commissariat de lutte contre la corruption. En France, les autoritĂ©s politiques n’ont pas permis aux juges chargĂ©s de l’affaire des frĂ©gates de TaĂŻwan d’accĂ©der Ă  des documents en se retranchant derriĂšre le secret-dĂ©fense. Dans le mĂȘme sens, la loi de programmation militaire du prĂ©voit de protĂ©ger les « locaux d’entreprises privĂ©es intervenant dans le domaine de la recherche ou de la dĂ©fense ». Ce qui signifie concrĂštement que de grands groupes industriels pourraient bĂ©nĂ©ficier d’une protection globale contre les investigations judiciaires au motif qu’ils dĂ©tiendraient des documents classifiĂ©s »[29].

Au niveau du Conseil de l'Europe

Le Conseil de l'Europe, fondĂ© en 1949 et basĂ© Ă  Strasbourg, s'est impliquĂ© dans la lutte contre la corruption. Le dĂ©veloppement des travaux a Ă©tĂ© jalonnĂ© par plusieurs Ă©vĂ©nements marquants depuis 1981, lorsque le ComitĂ© des ministres du Conseil de l’Europe a recommandĂ© de prendre des mesures contre le crime Ă©conomique (y compris, entre autres, la corruption) (Recommandation no R (81) 12). En 1994, les ministres de la justice des États membres du Conseil de l’Europe (19e ConfĂ©rence, La Vallette) sont convenus de la nĂ©cessitĂ© de traiter la corruption Ă  Ă©chelle europĂ©enne, car ce phĂ©nomĂšne menace gravement la stabilitĂ© des institutions dĂ©mocratiques. Le Conseil de l’Europe, en tant que principale institution europĂ©enne ayant vocation Ă  dĂ©fendre la dĂ©mocratie, l’État de droit et les Droits de l’Homme, a Ă©tĂ© chargĂ© de trouver des rĂ©ponses Ă  cette menace. Les ministres ont reconnu que pour lutter efficacement contre la corruption, il convenait d’adopter une approche aussi exhaustive que possible et ont recommandĂ© d’instaurer un Groupe multidisciplinaire sur la corruption (GMC) pour prĂ©parer un programme d’action global et pour examiner la possibilitĂ© d’élaborer des instruments juridiques dans ce domaine, soulignant notamment l’importance d’établir un mĂ©canisme de suivi afin de veiller au respect des engagements contenus dans ces conventions. Avec la crĂ©ation du Groupe multidisciplinaire sur la corruption (GMC) en , sous les auspices du ComitĂ© europĂ©en pour les problĂšmes criminels (CDPC) et du ComitĂ© europĂ©en pour la coopĂ©ration juridique (CDCJ), la lutte contre la corruption s’est affirmĂ©e comme Ă©tant l’une des prioritĂ©s du Conseil de l’Europe.

En , le ComitĂ© des Ministres a adoptĂ© le Programme d’Action contre la Corruption qui a Ă©tĂ© Ă©laborĂ© par le GMC et a fixĂ© la date du pour sa mise en Ɠuvre. Le ComitĂ© des Ministres s’est fĂ©licitĂ©, en particulier, des objectifs du GMC consistant Ă  prĂ©parer une ou plusieurs conventions internationales contre la corruption, et de son intention de prĂ©voir un mĂ©canisme de suivi visant Ă  assurer le respect des normes contenues dans ces instruments. C'est ainsi que sont nĂ©s :

  • la RĂ©solution (97) 24 portant les vingt principes directeurs pour la lutte contre la corruption : ce texte recense de maniĂšre synthĂ©tique les Ă©lĂ©ments de base de toute politique anti corruption ambitieuse et efficace ;
  • la Convention pĂ©nale sur la corruption (STE no 173) : ce traitĂ© fixe notamment des obligations en matiĂšre d'incrimination de diverses formes de corruption, qu'il s'agisse du secteur public ou privĂ© ou encore de la corruption nationale ou transnationale ;
  • la Convention civile sur la corruption (STE no 174) : cet autre traitĂ© impose aux pays de prendre des mesures diverses en matiĂšre civile (mĂ©canismes de recours et d'indemnisation ouverts aux victimes de la corruption, nullitĂ© des contrats entachĂ©s par la corruption), ou encore notamment d'introduire des mĂ©canismes de protection professionnelle et autres des personnes signalant de bonne foi les soupçons de corruption ;
  • la Recommandation no R (2000) 10 sur les codes de conduite pour les agents publics et Code modĂšle de conduite pour les agents publics (annexe Ă  la Recommandation) : ce texte invite les pays Ă  adopter de tels codes et il offre un modĂšle en annexe dont les gouvernements ou administrations individuelles peuvent facilement s'inspirer ;
  • le Protocole additionnel Ă  la Convention pĂ©nale sur la corruption (STE no 191) : ce traitĂ© Ă©tend le champ des incriminations de la corruption dans la Convention pĂ©nale aux arbitres (en matiĂšre commerciale, civile ou autre) ainsi qu'aux jurĂ©s - ces deux catĂ©gories de personnes constituant des catĂ©gories complĂ©mentaires aux magistrats de l'ordre judiciaire ;
  • la Recommandation no R (2003) 4 sur les rĂšgles communes contre la corruption dans le financement des partis politiques et des campagnes Ă©lectorales : texte unique en son genre au niveau international, de par les thĂšmes qu'il couvre et la portĂ©e des principes Ă©noncĂ©s.

Par ailleurs, les États ont rapidement souhaitĂ© assortir ces divers textes d'un mĂ©canisme d'Ă©valuation destinĂ© Ă  veiller Ă  leur mise en Ɠuvre au niveau national. C'est ainsi qu'est nĂ© le Groupe d'États contre la Corruption (GRECO) en , qui regroupe, au , 46 États y compris les États-Unis d'AmĂ©rique (bon nombre de mĂ©canismes du Conseil de l'Europe Ă©tant ouverts aux États non membres de l'organisation compte tenu de la matiĂšre : entraide judiciaire, lutte contre le blanchiment ou la corruption, cybercriminalitĂ©, etc.).

Autres organisations internationales

À d'autres niveaux, un rapport sur la lutte contre la corruption dans les pays en dĂ©veloppement a Ă©tĂ© approuvĂ© par le Parlement europĂ©en en . Il y est notamment Ă©crit que la corruption reprĂ©sente un frein au dĂ©veloppement dans ces pays et que de ce fait l’Union europĂ©enne doit faire de la lutte contre la corruption un axe prioritaire de sa politique de dĂ©veloppement. Les auteurs recommandent la crĂ©ation d’une liste noire des États et des reprĂ©sentants gouvernementaux corrompus, la suspension des prĂȘts afin de prĂ©venir les dĂ©tournements de fonds publics, l'allocation d'une partie de l’aide au dĂ©veloppement aux organismes de surveillance, une plus grande transparence des programmes d’aide de l’Union europĂ©enne (qui reprĂ©sentent prĂšs de 55 % de l’aide publique internationale)[30].

Dans le monde de l'entreprise, l'ONG Transparency International a proposé en 2001 un code de conduite constitué par les « principes d'action contre la corruption » (Business Principles for Countering Bribery).

Burundi

Un observatoire de lutte contre la corruption Olucome a été créé en 2002. Le gouvernement du Burundi, qui a instauré en 2010 une politique de tolérance zéro à la corruption, n'est pas satisfait de son classement en 2012[31]. L'Olucome dresse son bilan aussi pour l'année 2012[32].

En 2019 le Burundi est classĂ© deuxiĂšme pays le plus corrompu de l’EAC.

En 2021 les propos concernant la lutte contre la corruption Ă©noncĂ© par le prĂ©sident Evariste Ndayishimiye, Ă©lu le ont crĂ©Ă© des polĂ©miques. Ndayishimiye a affirmĂ© publiquement « ceux qui ont volĂ©, c’est fait. On va mettre votre cas devant la Commission vĂ©ritĂ© et rĂ©conciliation ». Selon lui il est impossible de lancer des poursuites contre tous ceux qui ont pratiquĂ© la corruption il faut donc se concentrer sur les futures corruptions. L’Olucome dĂ©nonce une « consĂ©cration de l’impunitĂ© »[33].

Brésil

Au BrĂ©sil, la lutte contre la corruption semble avoir fait l'objet d'une instrumentalisation Ă  des fins politiques par les mĂ©dias. Des universitaires ont calculĂ© que 95 % des articles traitant de la corruption Ă  la veille des Ă©lections prĂ©sidentielles de 2010 et de 2014 concernaient le Parti des travailleurs, et 5 % le Parti de la social-dĂ©mocratie brĂ©silienne, un parti conservateur pourtant considĂ©rĂ© comme « le plus sale » du BrĂ©sil par les institutions Ă©lectorales de l’époque[18].

France

Le Service central de prĂ©vention de la corruption (SCPC), crĂ©Ă© en 1993 Ă  l'initiative de Pierre BĂ©rĂ©govoy, publie chaque annĂ©e un rapport sur la corruption en France et formule des propositions pour la combattre. Toutefois, il estime dans son rapport 2010 « impossible d’obtenir des services enquĂȘteurs des dĂ©lais raisonnables de traitement compte tenu de la charge ou du manque d’effectifs dans leurs formations Ă©conomiques et financiĂšres »[29]. Il est remplacĂ© depuis par l'Agence française anticorruption.

La France a insĂ©rĂ© dans le code du travail l'article L. 1161, qui protĂšge les lanceurs d'alerte, c'est-Ă -dire les personnes qui tĂ©moignent de bonne foi de faits de corruption, contre les sanctions, licenciements, ou mesures discriminatoires dont elles pourraient ĂȘtre victimes de la part de leurs employeurs[34]. La lĂ©gislation sur la protection des lanceurs d'alerte a Ă©tĂ© ensuite renforcĂ©e, en dernier lieu par la loi du 21 mars 2022.

L'association Anticor, crĂ©Ă©e en 2002 sous l'Ă©gide de SĂ©verine Tessier et parrainĂ©e notamment par Éric Halphen, regroupe des Ă©lus de toutes tendances politiques qui ont dĂ©cidĂ© de s'unir contre la corruption. Des juristes et des personnalitĂ©s engagĂ©es soutiennent cette association Ă  travers son comitĂ© de parrainage. Anticor dĂ©cerne chaque annĂ©e un prix de la casserole Ă  un Ă©lu condamnĂ© pour des faits de corruption et un prix d'Éthique Ă  une personne ayant fait preuve de courage pour dĂ©noncer la corruption ou ayant montrĂ© une intĂ©gritĂ© remarquable.

L'association Alpaga est une association créée par des professionnels de la lutte contre la corruption. Elle aide les particuliers et les élus confrontés à des faits de corruption, de détournement public, de favoritisme ou de clientélisme, à rendre leurs témoignages plus efficaces auprÚs des autorités judiciaires. Elle a également un rÎle de formation.

L’AcadĂ©mie internationale de lutte contre la corruption (IACA) est un Ă©tablissement d’enseignement supĂ©rieur qui a pour objectif d’étudier les problĂšmes et carences actuels dans la lutte contre la corruption. Trois ratifications sont nĂ©cessaires pour que IACA puisse devenir une organisation internationale Ă  part entiĂšre[35]. Le processus de ratification est toujours en cours. Il est prĂ©vu que les programmes scolaires dĂ©buteront officiellement en automne 2011[36]. Comme dĂ©fini dans l’accord confĂ©rant le statut d’Organisation internationale Ă  l’acadĂ©mie internationale de lutte contre la corruption, le but d’IACA est de devenir un centre d’excellence, de formation professionnelle, de coopĂ©ration et de recherche universitaire qui engloberait tous les aspects de la corruption[35]. L’AcadĂ©mie contribuera Ă  la mise en Ɠuvre de la Convention des Nations Unies contre la Corruption (UNCAC) et des autres instruments juridiques rĂ©gionaux et internationaux[36].

Des journalistes d'investigation, des juristes et des philosophes se sont Ă©galement donnĂ© pour tĂąche de lutter contre les diverses formes de corruption Ă  travers leurs ouvrages. Outre Denis Robert dĂ©jĂ  citĂ©, Alain Etchegoyen (Le corrupteur et le corrompu), Philippe Madelin (L'or des dictatures, La France mafieuse, L'argent des gaullistes), Éric Alt (La lutte contre la corruption, L'esprit de corruption; RĂ©sister Ă  la corruption), Roger Lenglet (L'eau des multinationales, Profession corrupteur, Syndicats : corruption, dĂ©rives et trahison, L'argent noir des syndicats
), Jacques Derogy (EnquĂȘte sur les ripoux de la CĂŽte), Sophie Coignard (Rapport Omerta, Les bonnes frĂ©quentations), Pierre Lascoumes (Une dĂ©mocratie corruptible, arrangements, favoritisme et conflits d’intĂ©rĂȘts,)

Les paradis fiscaux et le secret bancaire sont Ă©galement l'objet d'une rĂ©glementation de plus en plus stricte bien que les États interprĂštent chacun diffĂ©remment en droit interne les diffĂ©rents traitĂ©s et conventions affĂ©rents. Ces paradis peuvent en effet recueillir les fonds dĂ©tournĂ©s par des dictateurs (externalisation de leur fortune dans des placements dans les banques Ă©trangĂšres ou dans des fonds souverains comme la Libyan Investment Authority[37].

Enfin, la lutte anti-corruption s'est dĂ©veloppĂ©e aussi autour des activitĂ©s d'influence qui peuvent recourir Ă  des moyens douteux et qui sont susceptibles d'avoir des rĂ©percussions graves sur l'intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral, comme la dĂ©mocratie ou la santĂ© publique par exemple. Le lobbying est ainsi devenu, aprĂšs de nombreux scandales sanitaires et financiers ayant rĂ©vĂ©lĂ© l'action pernicieuse de lobbyistes auprĂšs des dĂ©cideurs politiques, l'objet d'une volontĂ© d'encadrement lĂ©gislatif de plus en plus sensible et de dĂ©bats intenses. En 2006, le projet de rĂ©solution d'une proposition de rĂšglement sur la circulation des lobbyistes au sein de l'AssemblĂ©e nationale française en offre une illustration.

Suisse

Le Code pénal suisse punit la corruption active ou passive (d'agents publics suisses ou étrangers, ainsi que dans le secteur privé)[38].

Sanctions

DĂšs l’antiquitĂ©, Platon condamne sĂ©vĂšrement la corruption, exigeant que « ceux qui remplissent envers la citĂ© quelque fonction doivent la remplir sans recevoir aucun cadeau » ; il Ă©nonce comme loi de « ne pas accepter de cadeaux Ă  l’occasion d’un service public. Qui n’obĂ©ira pas sera, une fois convaincu, mis Ă  mort sans rĂ©mission »[39]. À AthĂšnes en effet, le dĂ©lit de vĂ©nalitĂ© (en grec ancien : ΎώρωΜ) visait, entre autres, les magistrats notamment lors de la reddition de comptes, et consistait en corruption active aussi bien que passive. Si une condamnation Ă  mort Ă©tait possible au moyen d’une procĂ©dure extraordinaire, la peine a fini par ĂȘtre celle du dĂ©cuple[40].

Étude sociologique

Emprise de la corruption

La corruption apparaĂźt chaque fois que la frontiĂšre entre la logique administrative d'intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral et la logique Ă©conomique d'intĂ©rĂȘt privĂ© s'estompe ; elle est donc favorisĂ©e par l'effacement contemporain de la sphĂšre publique, par l'assimilation Ă  peu prĂšs exclusive de la rĂ©ussite et de l'enrichissement. On voit ainsi de plus en plus de hauts fonctionnaires « pantoufler » dans les entreprises, forme « blanche » (lĂ©gale) de corruption. MĂȘme sans les soupçonner d'avoir Ă©tĂ© des « sous-marins » de l'entreprise au sein de l'État, ils mettent les informations acquises dans l'administration au service d'intĂ©rĂȘts privĂ©s. Jean-NoĂ«l Jeanneney[41] constate que, entre 1974 et 1989, cent deux inspecteurs des Finances ont rejoint le privĂ©, ce qui correspond au rythme de recrutement dans ce corps. Il voit Ă©galement un lien entre la multiplication des ronds-points et l'intĂ©ressement en pourcentage de certains fonctionnaires de l'Ă©quipement.

Les grands partis, n'arrivant pas à se financer via les cotisations d'adhérents, auraient institutionnalisé la corruption : attribution des marchés publics aux plus offrants, subventions à de pseudo-associations. Cette situation a conduit à la réforme des modes de financement des partis et des campagnes électorales comme à une indépendance accrue du pouvoir judiciaire.

Les administrés acceptent la corruption parce qu'elle facilite les choses, leur permet de profiter de passe-droits. Les entreprises justifieront de leur cÎté le versement de sommes importantes aux élites politiques du tiers monde par la nécessité de favoriser la balance commerciale. C'est oublier que la corruption qui existait dans ces pays n'a pris une telle ampleur que parce que les entreprises occidentales ont voulu s'assurer ainsi l'accÚs à leurs richesses naturelles.

La corruption ne concerne pas que les élites politiques, administratives et économiques. Aujourd'hui encore, comme au XIXe siÚcle, la plupart des fonctionnaires découverts sont de rang modeste, rappelle Yves Mény[42]. C'est le gardien de prison qui facilite les contacts des détenus avec l'extérieur, le fonctionnaire de la préfecture de police qui accorde abusivement une carte de séjour, le commissaire de police « ripoux ». Il s'agit alors de sommes faibles, quelques milliers d'euros, sans commune mesure avec celles que mettent en jeu les détournements d'attribution de marchés publics. Le fonctionnaire corrompu considÚre sa fonction comme un patrimoine dont il use à sa guise, les rÚgles publiques comme des instruments de chantage. Il est plus difficile de prouver la corruption dÚs lors qu'il n'y a pas d'échanges monétaires directs, ce qui est le cas dans les affaires de corruption de haut vol.

DĂ©mocratie et corruption

La corruption, note Yves MĂ©ny[42], met en pĂ©ril la dissociation du public et du privĂ© caractĂ©ristique de l'État. En faisant intervenir des commissions occultes, elle est une rĂ©gression de l'un des principes fondamentaux de la dĂ©mocratie, l'Ă©galitĂ© d'accĂšs des citoyens aux marchĂ©s, aux emplois et aux services publics, sans autres considĂ©rations que la capacitĂ© et le mĂ©rite[43]. Cependant, Max Weber reliait assez Ă©troitement la corruption et la vie politique des dĂ©mocraties, qui suppose l'apparition de professionnels de la politique, qui vivent de la politique et non pas pour la politique. À le lire, seule une classe de personnalitĂ©s politiques jouissant d'une fortune personnelle pourrait rendre Ă  la politique sa puretĂ©. On peut cependant constater, comme le fait Jean-NoĂ«l Jeanneney[41], qu'il n'y a pas que les hommes neufs, issus de milieux modestes, qui sont sensibles Ă  la corruption. Le centre libĂ©ral entretient une proximitĂ© pĂ©rilleuse avec les milieux d'argent et leurs valeurs. Selon Della Porta et MĂ©ny[42], c'est surtout l' « absence d'une vĂ©ritable opposition qui apparaĂźt comme le dĂ©nominateur commun de nombre de cas de corruption ». Elle va alors de pair avec le dĂ©sintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral Ă  l'Ă©gard des idĂ©es et des programmes, d'oĂč les motivations troubles de ceux qui entrent en politique : ils y voient avant tout et sont aussi tenus d'y voir un instrument de rapide mobilitĂ© sociale[44]. Ainsi, en CĂŽte d'Ivoire, le dĂ©putĂ© français François Loncle a-t-il entretenu des liens Ă©troits pendant plusieurs annĂ©es avec le prĂ©sident Laurent Gbagbo afin d'Ă©dulcorer la portĂ©e de la corruption alors mise en Ɠuvre et de bĂ©nĂ©ficier de plusieurs gratifications dont des voyages en Afrique[25].

Dans une optique plus conjoncturelle, dĂšs lors qu'un acteur peut prendre des dĂ©cisions publiques qui ont des consĂ©quences dĂ©mesurĂ©es pour certains intĂ©rĂȘts privĂ©s, la corruption s'insinue. Jeanneney[41] Ă©voque la mise en place d'un rĂ©seau ferroviaire sous la monarchie de Juillet et le second Empire, les constructions immobiliĂšres des annĂ©es 1960 et 1970, la dĂ©centralisation. On peut mentionner encore les privatisations de la fin des annĂ©es 1980. La loi Royer de 1973, qui mettait en place des commissions chargĂ©es d'autoriser l'installation de grandes surfaces dans les villes moyennes Ă©tait donc particuliĂšrement risquĂ©e. Dans le mĂȘme ordre d'idĂ©es, MĂ©ny[42] voit dans la concentration du pouvoir entre les mains des exĂ©cutifs et dans la faiblesse et le caractĂšre formel des contrĂŽles une caractĂ©ristique de la corruption « Ă  la française ». Les cabinets des dirigeants politiques se substituent aux instances bureaucratiques. Or, « un collaborateur dĂ©vouĂ© accepte ce qu'un fonctionnaire indĂ©pendant refuserait ».

Financement des partis

Le succĂšs aux Ă©lections dĂ©pend en partie de l'intensitĂ© de la propagande Ă©lectorale. Trouvant que le financement public est insuffisant pour remporter les Ă©lections, certains partis politiques s'efforcent d'obtenir une contribution financiĂšre des entreprises, tout particuliĂšrement celles dont l'activitĂ© Ă©conomique dĂ©pend de l'obtention de commandes, d'autorisations ou de subventions des instances publiques. Le droit pĂ©nal a toujours prĂ©vu des peines trĂšs sĂ©vĂšres pour ces pratiques qualifiĂ©es traditionnellement d'extorsion de fonds ou de concussion, quel que soit par ailleurs l'emploi de ces fonds, enrichissement personnel ou dĂ©tournement Ă  des fins Ă©lectorales. Donatella Della Porta et Yves MĂ©ny[42] observent que la corruption politique engendre tout une foule d'intermĂ©diaires qui n'appartiennent ni Ă  l'État ni au marchĂ©, et qui violent les rĂšgles des deux. Ces acteurs, dirigeants d'offices publics de gestion, caissiers de partis, Ă©missaires des personnalitĂ©s politiques, ne relĂšvent ni du contrĂŽle bureaucratique ni de l'investiture dĂ©mocratique. La distinction entre le dĂ©tournement d'argent au service d'un parti et l'enrichissement personnel est donc sujette Ă  caution, ne serait-ce qu'en raison de l'existence de cette classe trouble.

Comme indiquĂ© prĂ©cĂ©demment, les États membres du Conseil de l'Europe ont reconnu l'importance des liens potentiels entre corruption et financement politique ; cela a conduit Ă  la Recommandation N° R (2003) 4 sur les rĂšgles communes contre la corruption dans le financement des partis politiques et des campagnes Ă©lectorales. Ce texte unique prĂ©voit plusieurs principes visant notamment Ă  assurer au niveau national la transparence des comptes politiques, l'existence d'un mĂ©canisme de contrĂŽle ainsi que d'un Ă©ventail de sanctions efficaces, proportionnĂ©es et dissuasives. Les mesures concernent tout autant le financement des partis que celui des campagnes Ă©lectorales, ces deux domaines Ă©tant difficiles Ă  dissocier (les partis participent eux-mĂȘmes aux Ă©lections, ils n'ont pas le monopole de la prĂ©sentation des candidats dans de nombreux pays). Les rapports d'Ă©valuation adoptĂ©s Ă  ce jour par le Groupe d'États contre la Corruption (GRECO) ont montrĂ© que mĂȘme dans les pays disposant d'une lĂ©gislation assez dĂ©taillĂ©e en la matiĂšre, des amĂ©liorations restaient souhaitables, par exemple en ce qui concerne un pĂ©rimĂštre comptable plus Ă©tendu (en vue de mieux prendre en compte les diverses structures des partis et l'activitĂ© financiĂšre lors des prĂ©campagnes), un niveau d'indĂ©pendance plus grand et des moyens de contrĂŽle rĂ©els au bĂ©nĂ©fice de l'organe de contrĂŽle, un Ă©ventail de sanctions plus Ă©tendu en vue d'apprĂ©hender plus efficacement les manquements comptables moindres mais aussi les financements occultes de grande envergure.

Termes désignant la corruption

  • Tadwira / Rachoua : terme Marocain pour dĂ©signer le pot de vin
  • En français, on emploie les termes : Pot-de-vin, dessous-de-table, gracieusetĂ©, graisser la patte, commission, pourboire.
    • Pot-de-vin : rĂ©munĂ©ration tenue secrĂšte d'un intermĂ©diaire ou d'un dĂ©cideur (auquel on « graisse la patte ») pour favoriser l'obtention d'un avantage.
    • Dessous-de-table : partie financiĂšre non dĂ©clarĂ©e d'une transaction officiellement dĂ©clarĂ©e, pour Ă©viter taxes et/ou impĂŽts.
  • Bakchich : dans l'Empire ottoman, au Maghreb et au Moyen-Orient. On l'utilise aussi pour « pourboire ».
  • Payola (de pay, en anglais payer, et Victrola, marque de platines de disques) : corruption des annĂ©es 1950 aux États-Unis, dans laquelle les DJ des radios se faisaient payer (des sommes minimes) pour passer des titres nouveaux d'artistes peu connus.
  • « Aspects culturels de la dĂ©pense » : euphĂ©misme parfois utilisĂ© dans le discours officiel au ViĂȘt Nam.
  • Gombo : terme camerounais pour dĂ©signer le fait de monnayer un service normalement gratuit.
  • Mange-mille : policier africain vĂ©reux cherchant Ă  verbaliser Ă  tout prix.
  • Cahoua : mot arabe qui veut dire « cafĂ© », euphĂ©misme utilisĂ© pour designer un pot-de-vin dans les pays du Maghreb.
  • Subornation de tĂ©moin : pression en vue d'inciter une personne Ă  dĂ©poser en justice d'une façon contraire Ă  la vĂ©ritĂ©.
  • Frais commerciaux extraordinaires : terme du jargon de l'Union europĂ©enne[45].
  • Frais commerciaux exceptionnels (FCE) : terme utilisĂ© par l'administration fiscale française[46].
  • tchipa ou kahwa termes algĂ©riens pour dĂ©signer le pot de vin.
  • Igiturire terme burundais pour dĂ©signer le pot de vin.
  • Enveloppe brune : le terme « enveloppe brune » dĂ©signe une somme d’argent liquide versĂ© Ă  un journaliste afin d’orienter sa couverture.

Classement des pays selon le niveau de corruption

MAJ
Carte du monde évaluant l'indice de perception de la corruption selon Transparency International en 2022. Un score haut (vert) indique un degré de perception de corruption bas. Un score bas (rouge) indique un haut degré de perception de corruption.

L'ONGI Transparency International publié son indice de perception de la corruption (IPC) depuis 1995. L'indice de 2017, publié en , couvre 180 pays et territoires. La note moyenne de corruption est de 43 %, et les deux tiers des pays et territoires évalués sont fortement touchés par la corruption[47]. L'ONG remarque que de nombreux pays n'ont fait aucun progrÚs pendant les six années sur lesquelles porte l'indice[48].

Les dix pays les moins corrompus sont : la Nouvelle-ZĂ©lande (no 1), le Danemark, la Finlande, la NorvĂšge, la Suisse, Singapour, la SuĂšde, le Canada, le Luxembourg et le Royaume-Uni.

Les dix pays les plus corrompus sont : la Somalie, le Sud-Soudan, la Syrie, l'Afghanistan, le Yémen, le Soudan, la Libye, la Corée du Nord, la Guinée-Bissau et la Guinée équatoriale.

Les États-Unis arrivent en 16e position, la France se classe 23e, l'Italie 54e, le BrĂ©sil 96e, la Chine 77e, l'Inde 81e, le Mexique 135e, l'Iran 130e, la Russie 135e.

L'indice de perception de la corruption, Ă©laborĂ© par Transparency International, permet de classer les pays selon leur degrĂ© de probitĂ©, les plus malhonnĂȘtes obtenant la note 0, et les plus intĂšgres celle de 10. Pour sa premiĂšre apparition dans le palmarĂšs, la dictature nord-corĂ©enne dĂ©croche directement le titre de pays le plus corrompu, ex-ĂŠquo avec la Somalie[49].

Transparency International est toutefois controversée puisqu'elle ne considÚre que les malversations concernant le secteur public, ignorant celles du secteur privé[18].

Corruption par pays

GrĂšce

En 2012, la GrĂšce atteint la cinquiĂšme place du pays le plus corrompu d’Europe[50]. C’est aprĂšs l’arrivĂ©e de George PapandrĂ©ou, nommĂ© Premier ministre du pays en octobre 2009, que des donnĂ©es auparavant falsifiĂ©es et cachĂ©es ont fait surface. Le gouvernement socialiste de PapandrĂ©ou annonce que le dĂ©ficit est deux fois plus Ă©levĂ© que celui ayant Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©. À partir de la fin des annĂ©es 90, de lourdes dettes publiques ont Ă©tĂ© dissimulĂ©es avec l’aide de la banque amĂ©ricaine Goldman Sachs afin que la GrĂšce puisse faire partie de l’Union europĂ©enne[51]. La GrĂšce a pu satisfaire les critĂšres du TraitĂ© de Maastricht et, par ce fait, ĂȘtre admise en 2001 dans l’Euro. Afin de pouvoir rester dans cette position et avoir droit Ă  de meilleurs Ă©changes Ă©conomiques entre les pays membres de l’Union europĂ©enne, la GrĂšce continua de camoufler ses dettes jusqu’à la dĂ©claration d’une crise Ă©conomique en 2008[52]. Entre autres dĂ» Ă  une corruption du secteur politique, le taux des comptes de dettes publiques Ă©tait en hausse. Le clientĂ©lisme politique, les pots-de-vin, l’évasion fiscale et le nĂ©potisme ont causĂ© au gouvernement une perte d’argent. Plusieurs dirigeants politiques usaient leur pouvoir Ă  leur avantage pour acheter des votes et des contrats provenant de diffĂ©rentes entreprises[53]. L’évasion fiscale prend aussi sa place dans les dĂ©ficits, puisqu'elle coĂ»te chaque annĂ©e prĂšs de 13 milliards d’euros[50]. Ces actes, venant de politiciens reconnus, mĂšnent Ă  un manque de confiance du peuple grecque, amenant une crise politique au pays. Les dĂ©cisions prises par George PapandrĂ©ou Ă  la suite de la dĂ©couverte de corruption majeure ont aussi diminuĂ© l’assurance qu’avait le peuple grec envers le gouvernement[50]. L’alliance entre la Commission europĂ©enne, le Fonds monĂ©taire international et la Banque centrale europĂ©enne (la troĂŻka) a dĂ©cidĂ© d’affaiblir les services publics et les dĂ©penses sociales pour pallier le dĂ©ficit de la GrĂšce. Cette dĂ©cision a amenĂ© le gouvernement de PapandrĂ©ou Ă  devoir entreprendre des changements majeurs. Entre autres, ce dernier hausse les taxes, dĂ©clenchant mĂȘme une montĂ©e du taux de chĂŽmage, une Ă©lĂ©vation d’émigration, et mĂȘme une augmentation de suicides. Le manque de confiance face au gouvernement socialiste dĂ» aux nouvelles conventions du Premier ministre amĂšne une augmentation de votes chez la gauche radicale, spĂ©cialement en 2012, pour ses idĂ©aux dĂ©nonçant entre autres la perte d’emploi[51].

Russie

La Russie souffre d'une trÚs importante corruption. En 2012, le pays est classé 133e de 176 pays sur la perception de la corruption Indice de Transparency International, à égalité avec les Comores, le Guyana, le Honduras, l'Iran et le Kazakhstan[54]. Selon plusieurs experts, le marché de la corruption dans le pays a dépassé 240 milliards de dollars américains en 2006[55].

Une Ă©tude sur des ministres de quinze pays de l’ex-URSS, rĂ©compensĂ©e d'un IgNobel[56], a montrĂ© que l’obĂ©sitĂ© des personnalitĂ©s politiques est liĂ©e Ă  leur niveau de corruption[57] - [58]. L'hypothĂšse de l'auteur est que c'est au restaurant que l'on soudoie les hommes politiques[56].

Suisse

Entre 2000 et 2020, les tribunaux suisses ont prononcé 18 condamnations (de personnes physiques) pour corruption d'agents publics étrangers (les entreprises condamnées ne sont pas répertoriées)[59].

La responsabilitĂ© pĂ©nale des entreprises est entrĂ©e en vigueur en 2003[60]. Depuis, huit entreprises ont Ă©tĂ© condamnĂ©es par le MinistĂšre public de la ConfĂ©dĂ©ration pour ne pas avoir empĂȘchĂ© un cas de corruption ou de blanchiment d'argent[59].

En 2021, le Tribunal pĂ©nal fĂ©dĂ©ral condamne un fonctionnaire du SecrĂ©tariat d'État Ă  l'Ă©conomie et trois chefs d'entreprise pour corruption, aprĂšs qu'ils eurent transmis des cadeaux et de l'argent (d'une valeur totale de 2 millions de francs) en Ă©change de contrats[61].

Notes et références

  1. (en) « Corruption Perceptions Index 2014: Results », sur transparency.org
  2. Roger Lenglet, Lobbying et santĂ© - Comment certains industriels font pression contre l'intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral, Ă©ditions Pascal/MutualitĂ© Française, 2009.
  3. Pascal Boniface, Sarah LacarriĂšre, Pim Verschuuren, Alexandre Tuaillon, David Forest, Jean-Michel Icard, Jean-Pierre Meyer et Xuehong Wang, Paris sportifs et corruption : comment prĂ©server l’intĂ©gritĂ© du sport, IRIS, .
  4. Jonas Lindberg, Camilla Orjuela, « Corruption in the aftermath of war: an introduction », Third World Quarterly, 2014, p. 723-736, lire en ligne
  5. OĂč et comment prospĂšre la corruption - Transparency International
  6. RĂŽle des parlements dans la lutte contre la corruption - Conseil de l'Europe
  7. « Actualités en droit pénal et lutte contre la corruption en Amérique Latine », sur Site officiel du barreau de Paris,
  8. http://www.coe.int/t/dghl/monitoring/greco/general/GMC96%20F95%20ProgAction%20FR.pdf p. 15
  9. http://www1.worldbank.org/publicsector/anticorrupt/corruptn/cor02.htm Voir site de la Banque Mondiale, le document "Corruption et DĂ©veloppement Economique" (en) Helping Countries Combat Corruption: The Role of the World Bank chapitre Corruption and Economic Development1997, oĂč sont dĂ©taillĂ©es Ă  partir de la dĂ©finition de base, (en)the abuse of public office for private gain, les cas relevant Ă  son sens de cette dĂ©finition (pots-de-vin Ă  organismes publics, dĂ©tournement d'actifs publics), par opposition aux pots-de-vin dans le secteur privĂ©, qui selon elle ne relĂšve pas de son action.
  10. Hallak, J. et M. Poisson. 2009. Écoles corrompues, universitĂ©s corrompues: que faire?. Paris: IIEP-UNESCO.
  11. « Code de déontologie : un rempart contre la corruption ? », sur herveboullanger.com (consulté le ).
  12. Pour un cas relatĂ© Ă  Madagascar, voir Gouvernance et corruption 
 vous avez bien dit « Fahamarinana» et « Fihavanana » ?, Patrick Rakatomalala, 2009.
  13. (en) [PDF] Abigail Barr et Danila Serra, Culture and corruption, Economic and Social Research Council.
  14. «La preuve de la corruption Ă©tait gĂ©nĂ©ralement prĂ©sente dans tous ces pays pendant et aprĂšs la guerre et elle est apparue comme une caractĂ©ristique du processus de dĂ©mocratisation. La lutte contre la corruption a Ă©tĂ© relĂ©guĂ©e au second plan derriĂšre des problĂšmes plus urgents et plus faciles Ă  rĂ©soudre, malgrĂ© sa position en tant que composante essentielle des programmes de rĂ©forme. LĂ  oĂč des agences de lutte contre la corruption ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©es, elles ont Ă©tĂ© entravĂ©es par un manque de contrĂŽle», Alan Doig et Martin TisnĂ©, (en-US) « A Candidate for Relegation? Corruption, Governance Approaches and the (Re)construction of Post-war States - GSDRC », sur gsdrc.org, (consultĂ© le ), Public Administration and Development - Administration publique et dĂ©veloppement, 29 (5), p. 374-386 (2009)
  15. Philippe Le Billon, « La corruption liée aux reconstructions d'aprÚs-guerre : Juguler la corruption au lendemain des conflits », Rapport mondial sur la corruption, Economica, 2005, p. 87-105, (ISBN 9782717850253), lire en ligne
  16. Claude Jamati, La Corruption : ProblĂ©matique et Solutions, WBI (Atelier RĂ©gional sur la RĂ©forme du Secteur de l’Eau et de l’Assainissement en Afrique Francophone).
  17. Le clientélisme en question, un tutoriel proposé par le journal le Ravi, .
  18. BenoĂźt BrĂ©ville et Renaud Lambert, « Sermonner le monde ou le changer », Le Monde diplomatique,‎ (lire en ligne)..
  19. Le coût de la corruption, .
  20. Parlement européen, « Criminalité organisée et corruption, rapport sur le coût de la non Europe. »,
  21. Transparency International, Rapport mondial sur la corruption 2004, KARTHALA Editions, , 432 p. (ISBN 978-2-84586-490-0, lire en ligne), p. 15.
  22. programmes de commandites.
  23. Biens mal acquis. À qui profite le crime?.
  24. [PDF] http://ccfd-terresolidaire.org/BMA/img/PDF/BMA_totalBD.pdf. Voir aussi une version actualisĂ©e en 2009 du rapport, faisant le point sur l'ensemble des procĂ©dures engagĂ©es contre les 40 dirigeants concernĂ©s, et Ă©tudiant les raisons pour lesquelles seuls 1 Ă  4 % des sommes dĂ©tournĂ©es ont Ă©tĂ© restituĂ©es aux États respectifs.
  25. Christophe Bousbouvier, Hollande l'Africain, La DĂ©couverte, 2015, chapitre 4.
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  32. Gabriel Rufyiri, prĂ©sident de l’Olucome : « Corrompus et corrupteurs sont devenus plus forts que l’État », Elyse Ngabire, iwacu burundi, .
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  43. DĂ©claration des Droits de l'Homme et du citoyen
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Voir aussi

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Articles connexes

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