Lobbying
En politique, le lobbying, lobbyisme ou reprĂ©sentation d'intĂ©rĂȘts, est l'acte de tenter lĂ©galement d'influencer les actions, les politiques ou les dĂ©cisions des reprĂ©sentants du gouvernement, des lĂ©gislateurs ou des organismes de rĂ©glementation. Le lobbying, qui implique gĂ©nĂ©ralement un contact direct, en face Ă face, est pratiquĂ© par de nombreux acteurs : associations et groupes organisĂ©s, entreprises, fĂ©dĂ©rations, ou tout groupe de pression ou d'intĂ©rĂȘt idĂ©ologique, culturel, politique, religieux, professionnel, technologique, artistique ou scientifique.
Les reprĂ©sentants d'intĂ©rĂȘts peuvent ĂȘtre des groupes faisant partie de la circonscription d'un lĂ©gislateur, c'est-Ă -dire d'un Ă©lecteur ou d'un bloc d'Ă©lecteurs au sein de sa circonscription Ă©lectorale ; ils peuvent aussi ĂȘtre des professionnels du lobbying, consultants ou avocats spĂ©cialisĂ©s. Les lobbyistes professionnels sont des personnes dont l'activitĂ© consiste Ă essayer d'influencer la lĂ©gislation, la rĂ©glementation ou d'autres dĂ©cisions, actions ou politiques gouvernementales au nom d'un groupe ou d'un individu qui les engage. Les citoyens organisĂ©s et les organisations Ă but non lucratif peuvent Ă©galement faire du lobbying Ă titre bĂ©nĂ©vole ou dans le cadre de leur travail.
La frontiĂšre Ă©thique, morale et juridique est floue et difficile Ă identifier entre d'un cĂŽtĂ© le lobbying et de l'autre les infractions pĂ©nales de trafic d'influence et de corruption. Pour Ă©viter les dĂ©rives et maintenir la reprĂ©sentation d'intĂ©rĂȘts dans son rĂŽle dĂ©mocratique de co-construction de la loi, de nombreux gouvernements dĂ©finissent et rĂ©glementent l'activitĂ© de lobbying ou de reprĂ©sentation d'intĂ©rĂȘt. Il est souvent instituĂ© un registre des reprĂ©sentants d'intĂ©rĂȘts et une autoritĂ© de contrĂŽle, de transparence et de rĂ©gulation.
Le lobbying peut parfois ĂȘtre Ă©voquĂ© avec mĂ©pris, lorsque l'on sous-entend que des personnes disposant d'un pouvoir socio-Ă©conomique dĂ©mesurĂ© corrompent la loi afin de servir leurs propres intĂ©rĂȘts. Lorsque des personnes qui ont le devoir d'agir au nom de la puissance publique, comme les Ă©lus ou les fonctionnaires qui ont le devoir de servir l'intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral, bĂ©nĂ©ficient d'avantages personnels en vue d'accomplir leurs missions, il y a conflit d'intĂ©rĂȘts.
Ătymologie
Selon le rapport de la BBC, le lobbying tire son nom des lobbies ou des salles du Parlement, oĂč les dĂ©putĂ©s et les pairs se mĂȘlent avant et aprĂšs des discussions dans les Chambres Commons et Lords[1].
Le terme «lobbying» fait généralement référence aux activités des sociétés commerciales appelées lobbyistes qui sont embauchées par des organisations pour exprimer leur point de vue au Parlement dans une variété de méthodes, telles que l'organisation de réunions, les manifestations ou la fourniture de matériel de briefing. De plus, les députés sont approchés directement par les résidents, les entreprises locales et les groupes de campagne sur divers problÚmes[1].
Histoire
Dans les systÚmes politiques pré-modernes, les tribunaux royaux ont offert des opportunités accessoires pour gagner l'oreille des monarques et de leurs conseillers.
Lobbying par pays
Australie
Le lobbying en Australie est passé d'une entreprise modeste avec quelques centaines d'emplois à une industrie de plusieurs milliards de dollars au cours des deux derniÚres décennies. Ce qui était auparavant le domaine des grandes sociétés multinationales et des petites entreprises locales est devenue une industrie de plusieurs milliards de dollars qui emploie plus de 10 000 personnes et englobe tous les aspects de l'effort humain.
Le gouvernement australien conserve une liste de lobbyistes fĂ©dĂ©raux sur son site Web, qui est ouvert au public. Entre 2007 et 2009, des registres similaires pour les lobbyistes du gouvernement de l'Ătat ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©s en Australie. Seuls les lobbyistes inscrits au registre de l'Ătat ont Ă©tĂ© autorisĂ©s Ă contacter un reprĂ©sentant du gouvernement aux fins du lobbying depuis avril 2007[2] - [3].
Union européenne
En 1989, la premiÚre étape vers une réglementation spécialisée du lobbying dans l'Union européenne a été une question écrite déposée par Alman Metten.
En 1991, Marc Galle, président de la commission du rÚglement, de la vérification des pouvoirs et des immunités, est nommé pour soumettre des propositions de code de conduite et de registre des lobbyistes.
En 2003, il y avait environ 15 000 lobbyistes (consultants, avocats, associations, entreprises, ONG, etc.) à Bruxelles cherchant à influencer la législation de l'UE.
France
Les opĂ©rations de lobbying en France sont rĂ©gulĂ©es sans ĂȘtre pour autant une profession rĂšglementĂ©e (avec une instance ordinale ou un code de dĂ©ontologie rĂ©digĂ© par les pairs et promulguĂ© par le gouvernement). Il n'y a pas d'accĂšs rĂ©glementĂ© aux institutions françaises et pas d'enregistrement spĂ©cifique pour les lobbyistes français, mais il y en a un pour l'Union europĂ©enne[4] oĂč ils peuvent s'inscrire[5]. Toutefois, lâobtention dâune carte professionnelle de reprĂ©sentant dâintĂ©rĂȘts Ă lâAssemblĂ©e nationale comme au SĂ©nat est soumise Ă une enquĂȘte prĂ©alable consistant Ă sâassurer que le demandeur est bien dĂ©clarĂ© prĂšs la Haute autoritĂ© pour la transparence de la vie publique (HATVP).
Ătats-Unis d'AmĂ©rique
Certains intĂ©rĂȘts particuliers aux Ătats-Unis paient des dĂ©fenseurs professionnels de faire pression pour une lĂ©gislation spĂ©cifique dans des organisations dĂ©cisionnelles comme le CongrĂšs. Certains lobbyistes se tournent vers les mĂ©dias sociaux pour sauver les dĂ©penses des campagnes traditionnelles et cibler plus prĂ©cisĂ©ment les fonctionnaires avec des messages politiques, selon la publication de juillet 2016 par un magazine amĂ©ricain Fortune[6].
Les opĂ©rations de lobbying soutenues par des gouvernements Ă©trangers comprennent ceux d'IsraĂ«l, de l'Arabie saoudite, de la Turquie, de l'Ăgypte, du Pakistan et de la Chine. Les gouvernements Ă©trangers ont dĂ©pensĂ© 460 millions de dollars de lobbying de membres du CongrĂšs et des reprĂ©sentants du gouvernement en 2010[7].
Le lobbying pour les gouvernements Ă©trangers n'est pas illĂ©gal aux Ătats-Unis, mais il faut l'enregistrement auprĂšs du ministĂšre de la Justice en tant qu'agent Ă©tranger en vertu de la FARA. Une autre exigence est qu'aucun pays ayant un dossier des droits de l'homme mĂ©diocre ou des relations tendues avec les Ătats-Unis ne soit reprĂ©sentĂ©[8] - [9]. L'Arabie saoudite a payĂ© 18 millions de dollars Ă 145 lobbyistes enregistrĂ©s entre 2015 et 2017 pour influencer le gouvernement amĂ©ricain[10].
Donald Trump a Ă©mis un dĂ©cret exĂ©cutif interdisant aux responsables de l'administration de faire pression pour les gouvernements Ă©trangers pour le reste de leur vie, ainsi qu'une interdiction de cinq ans sur d'autres formes de lobbying en janvier 2017[11]. Cependant, Trump a abrogĂ© la rĂšgle juste avant la fin de sa prĂ©sidence[12]. Au cours des Ă©lections amĂ©ricaines de 2016, un certain nombre de loyalistes de Trump, dont Paul Manafort, Michael Flynn et Elliott BroĂŻdy, ont Ă©tĂ© reconnus coupables de lobbying au nom des gouvernements Ă©trangers[8]. Thomas Barrack, qui a Ă©tĂ© dĂ©tenu en juillet 2021 pour avoir fait lobbying sur l'administration Trump au nom des ĂAU, a Ă©galement Ă©tĂ© inclus sur la liste[13] - [14]. Il a finalement Ă©tĂ© libĂ©rĂ© aprĂšs avoir publiĂ© une caution de 250 millions de dollars[15]. L'acte d'accusation a Ă©tĂ© rĂ©visĂ© en mai 2022, affirmant que la caserne avait reçu des millions de dollars des ĂAU afin de faire avancer l'agenda de Trump et de bĂ©nĂ©ficier de sa prĂ©sidence[16].
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Lobbying » (voir la liste des auteurs).
- (en) « Lobbying »(Archive.org ⹠Wikiwix ⹠Archive.is ⹠Google ⹠Que faire ?), sur RFI (consulté le )
- (en) « Who is on the Register », sur lobbyists.pmc.gov.au (consulté le )
- (en) « About the Register », sur lobbyists.wa.gov.au (consulté le )
- (en) « "Pleins feux sur les lobbies dans l'UE (28 October 2009)" », sur europa.eu (consulté le )
- (en) « "Le lobbying passe aussi par le web (12 March 2012)" », sur dsmw.org (consulté le )
- (en) « Government Lobbyists Are More Nimble Than Ever », sur Fortune (consulté le )
- (en) « Lobbying by Foreign Countries Decreases », sur Roll Call (consulté le )
- (en) « One of Trump's final acts will allow former aides to profit from foreign ties », sur Politico (consulté le )
- (en) « Foreign Lobbying Isnât Inherently BadâUntil There Are Lies », sur Times (consultĂ© le )
- (en) « As Trump Travels to Saudi Arabia, the Kingdomâs D.C. Lobbying Surge Is Paying Off », sur Times (consultĂ© le )
- (en) « Trump imposes lifetime ban on some lobbying, five years for others », sur CNBC (consulté le )
- (en) « Trump revokes rule barring lobbying by former officials as he leaves office », sur CNN Politics (consulté le )
- (en) « Trump ally Barrack arrested on foreign lobbying charges -U.S. Justice Department », sur The Wall Street Journal (consulté le )
- (en) « Tom Barrackâs arrest puts the spotlight on United Arab Emiratesâ crucial role in Trumpâs foreign policy », sur CNBC (consultĂ© le )
- (en) « Trump friend Tom Barrack ordered released on $250 million bond, his SPAC pulls SEC registration, IPO plan », sur CNBC (consulté le )
- (en) « Trump friend sought millions in UAE investments while lobbying on UAE's behalf, prosecutors say », sur NBC News (consulté le )
Voir aussi
Bibliographie
- (fr) Michel Clamen, Manuel de lobbying, Paris, Dunod, 2005, 432 p. (ISBN 2-10-049080-X)
- (en) Suein Andersen et Kjell Eliassen, « EU-Lobbying: Between Representativity and Effectiveness », SAGE Publications Ltd, (consultĂ© le ), p. 41â56.
- (en) « 30,000 lobbyists and counting: is Brussels under corporate sway? », sur the Guardian, (consulté le ).
- « What is Lobbying? », sur grprofessionals.org (consulté le ).
- (en) PIETER BOUWEN, « Exchanging access goods for access: A comparative study of business lobbying in the European Union institutions », sur European Journal of Political Research, (ISSN 0304-4130, DOI 10.1111/j.1475-6765.2004.00157.x, consultĂ© le ), p. 337â369.
- (en) « The revolving door: greasing the wheels of the TTIP lobby », sur corporateeurope.org (consulté le ).
- (en) « 2014 Corruptions Perceptions Index - Explore the results », sur Transparency.org (consulté le ).
- (en) « EUR-Lex - l33308 - EN - EUR-Lex », sur eur-lex.europa.eu (consulté le ).
- (en-GB) Laurens Cerulus, « EU lobbyist register to become mandatory by 2017 », sur euractiv.com, (consulté le ).
- (en) « New EU Staff Regulations adopted: Small steps on revolving door, giant leaps still needed », sur corporateeurope.org (consulté le ).
- (en) « Looking back at the tobacco lobbying battle: Philip Morris' allies in the European Parliament », sur corporateeurope.org (consulté le ).
- (en) « Private letters reveal Syngenta and Bayer's furious lobbying against bee pesticide ban », sur corporateeurope.org (consulté le ).
- (en) Jordi Blanes i Vidal, Mirko Draca et Christian Fons-Rosen, « Revolving Door Lobbyists », American Economic Review, vol. 102, no 7,â , p. 3731â3748 (ISSN 0002-8282, DOI 10.1257/aer.102.7.3731, lire en ligne, consultĂ© le ).
- (en) R. E. Rechtman et J. P. Larsen-Ledet, « Regulation of Lobbyists in Scandinavia--A Danish Perspective », Parliamentary Affairs, vol. 51, no 4,â , p. 579â586 (ISSN 0031-2290 et 1460-2482, DOI 10.1093/pa/51.4.579, lire en ligne, consultĂ© le ).
- (en-GB) James Crisp, « Philip Morris tops NGOs' lobbying spending table », sur euractiv.com, (consulté le ).
- (en) « Industrial farming lobby threatens funds for agriculture's sustainability », sur corporateeurope.org (consulté le ).
- (en) « Agribusiness is the biggest lobbyist on the EU-US trade deal, new research reveals », sur corporateeurope.org (consulté le ).
- (en) Letter from Bayer CropScience to Commissioner Dalli, 12 Jun 2012. Available at: http://corporateeurope.org/sites/default/files/letter_from_bayer_cropscience_to_commissioner_john_dalli_12th_june_2012.pdf.
- (en) Letter from Syngenta to Commissioners CioloĆ&Geoghegan-Quinn, 21 Nov 2012. Available at: http://corporateeurope.org/sites/default/files/letter_from_syngenta_to_commissioners_maire_geogheganquinn_and_dacian_ciolos_21st_november_2012.pdf.
- (en-US) « GMO Researchers Attacked, Evidence Denied, and a Population at Risk », sur Global Research, (consulté le ).
- (en) Colin Macilwain, « Beware of backroom deals in the name of 'science' », Nature, vol. 508, no 7496,â , p. 289â289 (ISSN 1476-4687, DOI 10.1038/508289a, lire en ligne, consultĂ© le ).
- (en) « Looking back at the tobacco lobbying battle: Philip Morris' allies in the European Parliament », sur corporateeurope.org (consulté le ).
- (en) « Tobacco giant Philip Morris 'spent millions in bid to delay EU legislation' », sur The Guardian, (consulté le ).
- (en) « New tobacco directive 'the most lobbied dossier' in EU history », sur bath.ac.uk (consulté le ).
- (en) M. Neuman et al. (2002) Tobacco Industry strategies for influencing European Community Tobacco Advertising Legislation, The Lancet 359.
- (en) S. Mandal et al., ÌłBlock, amend, delay: tobacco industry efforts to influence the EUâs TPD (2001/37/EC)â, Brussels Smoke Free Partnership (2009), p. 6.URL= http://www.smokefreepartnership.org/sites/sfp.tttp.eu/files/EU_TI_TPD_report_May_2012.pdf.
- (en) C. Holman et W. Luneberg, Lobbying and transparency: A comparative analysis of regulatory reformâ, Interest Groups & Advocacy 1 (2012).
- (en) J. Greenwood et J. Dreger, ÌłThe Transparency Register: A European vanguard of strong lobby regulation?â,Interest Groups & Advocacy 2 (2013), pp. 148-51.
- (en) Zibold, Lobbying the EU Institutions Library Briefing-Lobbying of the European Parliament, p.2. URL=https://www.europarl.europa.eu/RegData/bibliotheque/briefing/2013/130558/LDM_BRI%282013%29130558_REV1_EN.pdf.
- (en) « Revolving Door Prohibitions », sur ncsl.org (consulté le ).
Articles connexes
Liens externes
- Page dédiée au lobbying sur le site de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique
- Page dédiée au lobbying sur le site de l'Organisation de coopération et de développement économiques
- Ressource relative à la santé :
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :