Guerre croato-bosniaque
La guerre croato-bosniaque est un conflit entre la RĂ©publique de Bosnie-HerzĂ©govine et la RĂ©publique d'Herceg-Bosna, entitĂ© autoproclamĂ©e et sĂ©cessionniste soutenue par la Croatie. Le conflit Ă©clata le Ă la suite de l'accord de Graz et de l'KaraÄorÄevo, qui entendaient partager la Bosnie en deux entitĂ©s serbe et croate, et dura jusquâau . Il est souvent dĂ©signĂ© comme « une guerre dans la guerre », sâinsĂ©rant dans le plus large conflit que fut la guerre de Bosnie.
Date |
â (1 an, 8 mois et 4 jours) |
---|---|
Lieu | Bosnie-Herzégovine |
Casus belli | RĂ©publique d'Herceg-Bosna |
Issue | Accord de Washington |
République d'Herceg-Bosna Croatie | République de Bosnie-Herzégovine Forces de défense croate |
Franjo TuÄman Gojko Ć uĆĄak (en) | Alija IzetbegoviÄ Sefer HaliloviÄ |
Union démocratique croate Conseil de défense croate | Force de défense territoriale de Bosnie-Herzégovine[1] puis Armée de la République de Bosnie et d'Herzégovine Forces de défense croate |
Pour cette derniĂšre raison, il nây a pas de chiffres prĂ©cis du nombre de victimes. Le Centre de recherche et de documentation de Sarajevo dĂ©nombre 10 448 morts civils et militaires dans le canton de Bosnie centrale, dont 62 % de Bosniaques, 24 % de Croates et 13 % de Serbes. Dans les municipalitĂ©s de Gornji Vakuf-Uskoplje et de Bugojno, 70 Ă 80 % des victimes Ă©taient bosniaques. Dans la rĂ©gion de la Neretva, on dĂ©nombre 6 717 morts dont 54 % de Bosniaques, 24 % de Serbes et 21 % de Croates. La majoritĂ© de ces victimes est attribuable au conflit croato-bosniaque mais un nombre incertain dâentre elles est toutefois Ă mettre sur le compte de la guerre dâindĂ©pendance contre la Serbie.
Contexte
Pendant les guerres de Yougoslavie, les nationalistes croates de Bosnie-HerzĂ©govine partageaient les objectifs des Croates de Croatie. LâUnion dĂ©mocratique croate, au pouvoir en Croatie, fonda et pilota la branche bosnienne du parti. Ă la fin de lâannĂ©e 1991, ses Ă©lĂ©ments les plus extrĂ©mistes, sous la direction de Mate Boban, Dario KordiÄ, Jadranko PrliÄ, Ignac KoĆĄtroman et avec le soutien de Franjo TuÄman et Gojko Ć uĆĄak, en avaient pris le contrĂŽle effectif.
Ă la suite de la dĂ©claration dâindĂ©pendance de la Bosnie, les Serbes lancĂšrent des attaques en diffĂ©rents endroits du pays. Lâadministration cessa de fonctionner, ayant perdu le contrĂŽle du territoire. Franjo TuÄman, de son cĂŽtĂ©, chercha Ă sĂ©curiser les rĂ©gions peuplĂ©es en majoritĂ© de Croates. Il avait rencontrĂ© Slobodan MiloĆĄeviÄ dĂšs le mois de mars 1991 Ă KaraÄorÄevo dans le but de nĂ©gocier un partage de la Bosnie entre la Serbie et la Croatie.
Le , les dirigeants de lâUnion dĂ©mocratique croate en Bosnie, notamment Mate Boban, Vladimir Ć oljiÄ, BoĆŸo RaiÄ, Ivan Bender, Pero MarkoviÄ et Dario KordiÄ. publiĂšrent un document dĂ©clarant que âLes Croates de Bosnie-HerzĂ©govine doivent sâatteler Ă une politique dĂ©cisive et active dans le but de rĂ©aliser notre rĂȘve vieux de plusieurs siĂšcles: un Ătat croate communâ. Le , le parti proclama lâexistence de la CommunautĂ© croate dâHerzeg-Bosna en tant quââunitĂ© politique, culturel, Ă©conomique et territorialeâ distincte sur le territoire de la Bosnie-HerzĂ©govine.
En janvier 1992, TuÄman fit Ă©vincer le prĂ©sident de lâHDZ bosnienne, Stjepan KljuiÄ, partisan de la coopĂ©ration avec les Bosniaques au sein dâun Ătat unifiĂ©, au profit de Mate Boban, qui Ćuvrait pour le rattachement des zones de peuplement croates Ă la Croatie.
Le 9 avril fut fondée la Force de défense territoriale de Bosnie-Herzégovine. Le lendemain, Mate Boban la déclara illégitime dans les régions à majorité croate.
Le , Radovan KaradĆŸiÄ et Boban se rencontrĂšrent Ă Graz et sâentendirent sur une partition de la Bosnie. Le mĂȘme mois, le gĂ©nĂ©ral Ante Roso dĂ©clara que le Conseil de dĂ©fense croate (Hrvatsko vijeÄe obrane, HVO) Ă©tait la seule force de dĂ©fense lĂ©gitime en Herzeg-Bosna. Cela eut pour effet de mettre fin aux relations entre Bosniaques et Croates en Bosnie ainsi quâentre les deux Ătats, Bosnie et Croatie.
Le , les forces de dĂ©fense bosniennes Ă Novi Travnik reçurent un ultimatum du HVO visant Ă y abolir les institutions bosniennes pour Ă©tablir lâautoritĂ© du HVO Ă leur place et Ă expulser les rĂ©fugiĂ©s musulmans dans les 24 heures. Le lendemain, le HVO attaqua lâĂ©cole primaire et le bureau de poste. LâĂ©tĂ© qui suivit fut parsemĂ© dâincidents et dâĂ©chauffourĂ©es entre Croates eux-mĂȘmes, le Conseil de dĂ©fense croate cherchant Ă obtenir la partition de la Bosnie alors que les Forces de dĂ©fense croates (Hrvatske obrambene snage, HOS) sâalliĂšrent avec les Bosniaques pour maintenir lâintĂ©gritĂ© du territoire. Le 9 aoĂ»t, des membres du HVO sous les ordres de Mladen NaletiliÄ assassinĂšrent le chef du HOS, BlaĆŸ KraljeviÄ, ainsi que huit de ses hommes, mettant fin Ă la coopĂ©ration entre Croates et Bosniaques.
Le , Mate Boban proclama officiellement lâindĂ©pendance de lâHerzeg-Bosna. TuÄman fit pression sur Alija IzetbegoviÄ, chef des indĂ©pendantistes bosniaques, afin que ce dernier accepte lâidĂ©e dâune fĂ©dĂ©ration dâĂtats avec la Croatie. IzetbegoviÄ refusa, arguant que cela empĂȘcherait toute rĂ©conciliation entre Serbes et Bosniaques ainsi que le retour des dĂ©placĂ©s bosniaques Ă lâest du pays. Boban lui lança alors un ultimatum, lâavertissant que sâil refusait de rejoindre la Croatie, les forces croates ne lâaideraient pas Ă dĂ©fendre Sarajevo contre les Serbes. Deux semaines plus tard, TuÄman et IzetbegoviÄ signĂšrent nĂ©anmoins un traitĂ© plaçant le HVO sous lâautoritĂ© des Forces de dĂ©fense territoriale bosniennes.
Le , le HVO exigea que les miliciens bosniaques se retirent des faubourgs croates de Stup, Bare, AziÄi, Otes, Dogladi et, en partie de NedĆŸariÄi. Les Croates accusĂšrent les Bosniaques dâavoir tuĂ© six de leurs soldats et dâavoir pillĂ© des maisons Ă Stup tandis que les Bosniaques accusĂšrent les Croates dâavoir nĂ©gociĂ© lâĂ©vacuation de civils serbes et croates en nĂ©gligeant les Bosniaques. TuÄman et IzetbegoviÄ poursuivirent toutefois leurs nĂ©gociations et, Ă la fin du mois, se rencontrĂšrent pour discuter dâune alliance contre les forces serbes.
La situation se dĂ©grada en , lorsque les Croates attaquĂšrent des civils bosniaques Ă Prozor et brĂ»lĂšrent leurs maisons. Selon lâacte dâaccusation de Jadranko PrliÄ, le HVO chassa la majoritĂ© des musulmans de la ville et de plusieurs villages alentour. Le , TuÄman ordonna au HVO de se retirer de Bosanski Brod, dĂ©fendue alors par des forces mixtes composĂ©es de Croates et de Bosniaques. La ville fut occupĂ©e par les Serbes dans les heures qui suivirent. Les Bosniaques suspectĂšrent alors la conclusion dâun cessez-le-feu entre Serbes et Croates Ă leur dĂ©triment. Le , les forces croates et serbes intensifiĂšrent leurs attaques contre les Bosniaques dans plusieurs villes-clĂ©s au centre et au nord de la Bosnie, dont Sarajevo. Lâalliance entre Croates et Bosniaques Ă©tait largement compromise.
Ă la mĂȘme pĂ©riode, des moudjaidin arrivĂšrent dâAfrique du Nord et du Moyen-Orient et installĂšrent des camps dâentraĂźnement au centre de la Bosnie pour soutenir les Bosniaques contre les Serbes. Ils furent intĂ©grĂ©s au sein de lâArmĂ©e de la RĂ©publique de Bosnie et dâHerzĂ©govine comme dĂ©tachement de la 7e brigade musulmane (en) Ă Zenica.
En novembre 1992, le HVO contrĂŽlait environ 20 % du territoire de la Bosnie-HerzĂ©govine. Un mois plus tard, il avait Ă©tendu son emprise Ă une grande partie du centre du pays, dont la vallĂ©e de la LaĆĄva, oĂč il nâavait rencontrĂ© de rĂ©sistance significative quâĂ Novi Travnik et Ă AhmiÄi. Les autoritĂ©s bosniaques, de leur cĂŽtĂ©, interdirent aux Croates de quitter les villes de Bugojno et Zenica et se servirent pĂ©riodiquement dâeux comme monnaie dâĂ©change contre des prisonniers ou dĂ©placĂ©s bosniaques.
Jusquâen 1993 toutefois, le HVO et lâarmĂ©e de Bosnie combattirent ensemble contre lâarmĂ©e de la RĂ©publique serbe de Bosnie dans certaines rĂ©gions de Bosnie. MalgrĂ© le conflit latent entre les deux entitĂ©s, lâalliance croato-bosniaque se maintint dans la poche de BihaÄ et au nord de la Posavine, oĂč chacune des deux parties aurait Ă©tĂ© largement dominĂ©e par les forces serbes.
Chronologie
Bombardement de Gornji Vakuf
Le , Luda Ć ekerija, commandant du HVO, demanda Ă Tihomir BlaĆĄkiÄ et Ă Dario KordiÄ de mettre Ă sa disposition des obus de mortier de la manufacture de munitions de Vitez. Le lendemain, les forces croates attaquĂšrent Gornji Vakuf afin de relier lâHerzĂ©govine Ă la vallĂ©e de la LaĆĄva, tous deux parties de la CommunautĂ© croate dâHerzeg-Bosna. La premiĂšre cible visĂ©e fut un hĂŽtel bosniaque servant de quartier gĂ©nĂ©ral militaire. Les combats se gĂ©nĂ©ralisĂšrent ensuite Ă toute la ville et lâartillerie croate en pilonna une grande partie la nuit suivante. Le HVO tenta de nĂ©gocier un cessez-le-feu contre la promesse que les Bosniaques remettent la ville en mains croates. Devant le refus catĂ©gorique du cĂŽtĂ© bosniaque, les bombardements se poursuivirent, suivis par des massacres de civils bosniaques dans les villages de Bistrica, UzriÄje, DuĆĄa, Ćœdrimci et Hrasnica. La vallĂ©e de la LaĆĄva fut encerclĂ©e par les forces croates et attaquĂ©e Ă lâartillerie lourde, tanks et snipers pendant sept mois.
Les armées croates justifiÚrent leurs attaques de cibles civiles par la présence supposées de moudjaidines étrangers mais le commandement des troupes britanniques stationnées dans la région déniÚrent en avoir vu à Gornji Vakuf.
Le matin du , aprĂšs lâexpiration dâun ultimatum lancĂ© le 20 janvier, les forces croates attaquĂšrent KadiÄa Strana, quartier bosniaque de la ville de BusovaÄa et bombardĂšrent les collines des alentours. Les survivants, environ 90 personnes, furent sommĂ©s de se rassembler dans des squares, oĂč les hommes furent sĂ©parĂ©s des femmes et des enfants. Les seconds furent autorisĂ©s Ă rentrer chez eux tandis que les premiers furent emprisonnĂ©s et emmenĂ©s dans un camp Ă Kaonik.
Nettoyage ethnique de la vallée de la Laƥva
Au mois dâavril 1993, les troupes croates se livrĂšrent Ă un vĂ©ritable nettoyage ethnique ciblant la population bosniaque de la vallĂ©e de la LaĆĄva: tueries, viols collectifs, emprisonnements dans des camps, destruction de sites culturels et de propriĂ©tĂ©s privĂ©es. PrĂ©parĂ©es en secret de mai 1992 Ă mars 1993, ces exactions culminĂšrent avec le massacre d'AhmiÄi le 16 avril, oĂč entre 100 et 120 civils furent tuĂ©s en lâespace de quelques heures. Le Centre de recherche de documentation de Sarajevo dĂ©nombre un total dâenviron 2000 bosniaques morts ou disparus.
Guerre en Herzégovine
La CommunautĂ© croate dâHerzeg-Bosna prit Ă©galement le contrĂŽle de plusieurs communes dâHerzĂ©govine, Ă©cartant les serbes et bosniaques de la vie publique et de lâĂ©conomie privĂ©e. Les drapeaux et insignes croates remplacĂšrent les bosniens, la monnaie croate fut introduite en lieu et place du dinar, lâaide humanitaire fut distribuĂ©e prioritairement aux Croates et les Serbes et Bosniaques firent lâobjet de discriminations et harcĂšlement croissants.
Le , une unitĂ© de lâArmĂ©e de la rĂ©publique de Bosnie-HerzĂ©govine tua quatre soldats et dix-huit civils croates dans le village de Trusina. Lors de son procĂšs, Rasema HandanoviÄ, membre de lâunitĂ© Zulfikar, qui avait perpĂ©trĂ© le massacre, admit y avoir pris part sous les ordres du commandant Nihad BojadĆŸiÄ, qui avait ordonnĂ© de tuer les prisonniers et interdit de laisser des survivants.
Le lendemain au matin, lâarmĂ©e croate attaqua les villages de Sovici et Doljani, Ă une cinquantaine de kilomĂštres au nord de Mostar, dans le cadre dâune offensive visant Ă prendre Jablanica, la principale ville bosniaque de la rĂ©gion. Les forces bosniaques sâen servaient de point dâaccĂšs au plateau de Risovac et pouvaient, de lĂ , progresser en direction de lâAdriatique.
Lâoffensive sur Sovici ne dura quâun jour et, Ă 17 heures, le commandement bosniaque se rendit. Entre 70 et 75 soldats furent faits prisonniers, ainsi quâenviron 400 civils. Un cessez-le-feu fut convenu, aux termes duquel les Croates renoncĂšrent Ă leurs visĂ©es sur Jablanica.
SiĂšge de Mostar
La ville de Mostar fut assiĂ©gĂ©e par les Croates pendant neuf mois, au cours desquels une grande partie du centre historique fut dĂ©truit par des bombardements, dont le Stari Most, pont emblĂ©matique de la ville. Slobodan Praljak, commandant du Conseil de dĂ©fense croate, fut jugĂ© et condamnĂ© par le Tribunal pĂ©nal international pour lâex-Yougoslavie pour avoir, entre autres, ordonnĂ© la destruction du pont.
Les forces croates occupaient lâouest de la ville tandis que lâarmĂ©e de la rĂ©publique de Bosnie-HerzĂ©govine Ă©tait largement concentrĂ©e sur la partie est. Cette derniĂšre avait toutefois ses quartiers gĂ©nĂ©raux Ă lâouest, au sous-sol dâun complexe dâimmeubles. Aux premiĂšres heures du , le Conseil de dĂ©fense croate lança des tirs dâartillerie et de mortier, contrĂŽlant toutes les routes dâaccĂšs Ă la ville et empĂȘchant les organisations internationales dây accĂ©der. Les Bosniaques vivant dans les quartiers occidentaux furent expulsĂ©s de leurs logements. LâArmĂ©e populaire yougoslave dĂ©molit les ponts de Carinski, Titov et Lucki.
Offensives de juin 1993
Le les milices croates, appuyĂ©es par des civils, bloquĂšrent un convoi de lâUNPROFOR Ă RankoviÄi et tuĂšrent huit chauffeurs. Les forces britanniques qui dĂ©fendaient le convoi tuĂšrent deux soldats du HVO. Le TPIY attribua la responsabilitĂ© de lâincident Ă Dario KordiÄ et au colonel BlaĆĄkiÄ.
Du 7 au , lâarmĂ©e bosniaque pilonna les villes de Kakanj, Travnik et Zenica, visant prioritairement les civils Croates, mais Ă©galement les Serbes. Au moins 200 morts sont Ă dĂ©plorer. Quarante-sept Croates de Bosnie rapportent avoir Ă©tĂ© dĂ©tenus dans une Ă©cole de musique transformĂ©e en prison, sans nourriture pendant la premiĂšre semaine, puis dans une cave sans lumiĂšre pendant quarante-cinq jours au cours desquels ils Ă©taient rĂ©guliĂšrement battus avec des cĂąbles tĂ©lĂ©phoniques, des bĂątons et des manches de pelles pendant les interrogatoires. LâArmĂ©e bosniaque exĂ©cuta Ă©galement des soldats croates aprĂšs leur reddition Ă plusieurs reprises.
Le 13 juin, lâarmĂ©e de Bosnie avait pris le contrĂŽle de Travnik et des villages alentour aux Croates, mettant 20 000 civils croates en fuite. Au mĂȘme moment, les Croates attaquaient Tulica et les villages de Grohovci et Han PloÄa avec lâaide des forces serbes, mettant le feu aux maisons aprĂšs que les Bosniaques refusĂšrent de rendre les armes.
Moudjahidins
Les moudjahidins, mercenaires de confession musulmane, furent accusĂ©s de crimes de guerre contre la population croate, notamment dans les villages de Miletici (), Maljine (), Doljani (27 et ), Bistrica, Kriz et Uzdol () et Kopujari (); les estimations Ă©voquent 120 civils mutilĂ©s et tuĂ©s. Le , le rapporteur spĂ©cial des Nations unies fĂ©licita IzetbegoviÄ de son intention dĂ©clarĂ©e de poursuivre les auteurs des tueries de Driz et Uzdol et lui enjoignit de faire de mĂȘme pour les autres exactions. Il demanda Ă©galement Ă ĂȘtre informĂ© de la procĂ©dure prĂ©vue pour soumettre les troupes irrĂ©guliĂšres Ă la structure de commandement de lâArmĂ©e bosnienne. Le , IzetbegoviÄ condamna les tueries et assura vouloir faire condamner leurs auteurs. En 2007, le gouvernement de Bosnie finit par rĂ©voquer lâoctroi de la nationalitĂ© bosnienne Ă des centaines de moudjahidins.
OpĂ©ration Neretva â93
En septembre 1993, lâarmĂ©e bosnienne lança lâOpĂ©ration Neretva '93 (en) contre le Conseil de dĂ©fense croate et lâarmĂ©e croate pour mettre fin au siĂšge de Mostar et remettre la main sur lâHerzĂ©govine. Dans la nuit du 8 au , au moins trente-trois villageois croates de Grabovica (en) furent tuĂ©s par des membres de la 9e brigade de lâarmĂ©e bosnienne. Le , vingt-neuf civils croates et un prisonnier de guerre furent tuĂ©s par le Bataillon pour lâindĂ©pendance de Prozor et des membres de la police locale. Sefer HaliloviÄ fut inculpĂ© par le TPIY pour ces faits, mais non condamnĂ©.
Cessez-le-feu et suites
La guerre croato-bosniaque prit officiellement fin le avec la signature dâun cessez-le-feu entre Ante Roso et Rasim DeliÄ Ă Zagreb. Le , les deux belligĂ©rants signĂšrent lâaccord de Washington Ă Washington et Ă Vienne, Ă©tablissant la FĂ©dĂ©ration de Bosnie-HerzĂ©govine et divisant les territoires dĂ©tenus par les deux parties en dix cantons autonomes. Le HVO, qui contrĂŽlait du territoire de la Bosnie au dĂ©but de la guerre, en avait perdu plus de la moitiĂ©.
Les principaux dirigeants croates, Jadranko PrliÄ, Bruno StojiÄ (en), Slobodan Praljak, Milivoj PetkoviÄ (en), Valentin ÄoriÄ et Berislav PuĆĄiÄ furent jugĂ©s par le TPIY et, le , condamnĂ©s en premiĂšre instance Ă des peines atteignant au total 111 annĂ©es de prisons. Franjo TuÄman, dĂ©cĂ©dĂ© en 1999, fut Ă©galement dĂ©signĂ© comme responsable des exactions commises pendant la guerre Ă lâencontre des civils Bosniaques. Dario KordiÄ, leader politique croate en Bosnie centrale, fut condamnĂ© Ă 25 ans de prisons pour crimes contre lâhumanitĂ©.
Du cĂŽtĂ© bosniaque, le brigadier-gĂ©nĂ©ral Enver HadĆŸihasanoviÄ (en) et le chef de brigade et commandant Amir Kubura (en) furent condamnĂ©s Ă respectivement trois ans et demi et deux ans et demi de prison pour nâavoir ni empĂȘchĂ© ni sanctionnĂ© plusieurs crimes commis par des troupes sous leurs ordres entre 1993 et le dĂ©but de lâannĂ©e 1994. Le gĂ©nĂ©ral Mehmet AlagiÄ fut inculpĂ© par le TPIY mais mourut en 2003, avant la fin de son procĂšs.
Le prĂ©sident croate Ivo JosipoviÄ fit une visite officielle en Bosnie en avril 2010, au cours de laquelle il exprima ses profonds regrets pour la responsabilitĂ© de la Croatie dans la mort de civils et dans les divisions qui subsistent en Bosnie.
Notes et références
- PremiĂšres forces armĂ©es officielles de la Bosnie-HerzĂ©govine (commandĂ©es par Hasan EfendiÄ), elles fusionnent avec la Ligue patriotique de Sefer HaliloviÄ en 1992 pour former l'ArmĂ©e de la RĂ©publique de Bosnie et d'HerzĂ©govine