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Islamophobie

L'islamophobie est un terme polysémique controversé qui se définit étymologiquement comme la peur ou la crainte de l'islam, mais dont le sens désigne surtout la notion d'une hostilité envers l'islam ou envers les musulmans.

Manifestation islamophobe et xĂ©nophobe le Ă  ČeskĂ© Budějovice en TchĂ©quie, organisĂ©e par le mouvement anti-immigration « Nous ne voulons pas de l'islam en RĂ©publique tchĂšque (cs) »[1] - [2].

En France, la Commission nationale consultative des droits de l'Homme (CNCDH) définit l'islamophobie comme « l'attitude d'hostilité systématique envers les musulmans, les personnes perçues comme telles et/ou envers l'islam[3]. » Cette acception est utilisée par plusieurs institutions intergouvernementales, tel que le Conseil de l'Europe, par des organisations internationales de lutte contre les discriminations ainsi que par certains médias francophones. Cette définition est également partagée par le Canada[4] - [5].

Pour certains critiques, l'islamophobie est un terme qui peut — en confondant la haine envers les musulmans et la critique de l'islam — mettre sur un mĂȘme plan racisme envers les musulmans (un acte dĂ©lictueux) et critique de la croyance et de la pratique religieuses (« autorisĂ©e dans une sociĂ©tĂ© laĂŻque »[3]).

AprĂšs les attentats du 11 septembre 2001, puis l'essor de l'organisation État islamique, des Ă©tudes montrent une augmentation des actes islamophobes[6], aussi bien aux États-Unis qu'en Europe. Des associations sont crĂ©Ă©es dans diffĂ©rents pays pour en dĂ©fendre les victimes. Des attaques et des violences sont suscitĂ©es par l'islamophobie ; parmi les plus marquantes figurent l'attentat contre deux mosquĂ©es Ă  Christchurch[7] - [8] (51 morts et 49 blessĂ©s) ou l'attentat de la grande mosquĂ©e de QuĂ©bec[9] (six morts et plusieurs blessĂ©s) ainsi que les attentats d'Oslo et d'UtĂžya (77 morts et 151 blessĂ©s)[10] - [11] - [12] - [13], toutes commises par des terroristes islamophobes.

À la suite d'une rĂ©solution de l'AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des Nations unies, le 15 mars est choisi comme journĂ©e internationale de lutte contre l'islamophobie[14]. En 2023, la premiĂšre journĂ©e de lutte contre l'Islamophobie dans le monde a lieu en fait le 10 mars[15].

Étymologie

Le terme « islamophobie » est composĂ© de islamo- , prĂ©fixe des mots en rapport avec l'islam, de l'arabe Ű§Ù„Ű„ŰłÙ„Ű§Ù…, AlÊŸislām (« la soumission ») et de -phobie, suffixe[16] du grec ancien φόÎČÎżÏ‚, phĂłbos (« effroi, peur »[17] ou « crainte angoissante »[18]).

DĂ©finition et sens

DĂ©finitions

  • Le Petit Robert introduit le mot dans son Ă©dition 2006. Dans celle de 2014, de mĂȘme que dans Le Grand Robert dans son Ă©dition 2015[19], il le dĂ©finit, comme le dictionnaire Larousse[20], comme l'« hostilitĂ© envers l'islam, les musulmans ».
  • La Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) dĂ©finit l'islamophobie comme : « l'attitude d'hostilitĂ© systĂ©matique envers les musulmans, les personnes perçues comme telles ou envers l'islam »[21] - [3].
  • L'Organisation pour la sĂ©curitĂ© et la coopĂ©ration en Europe (OSCE) dĂ©finit la notion comme : « une forme contemporaine de racisme et de xĂ©nophobie motivĂ©e par la peur infondĂ©e, la mĂ©fiance et la haine des musulmans et de l'islam. L'islamophobie se manifeste aussi par l'intolĂ©rance, la discrimination, l'inĂ©galitĂ© de traitement, les prĂ©jugĂ©s, les stĂ©rĂ©otypes, l'hostilitĂ© et le discours public dĂ©favorable. DiffĂ©rencier du racisme et de la xĂ©nophobie classique [sic], l'islamophobie est principalement basĂ©e sur la stigmatisation d'une religion et ses adeptes, et en tant que telle, l'islamophobie est un affront aux droits de l'homme et de la dignitĂ© des musulmans »[22].
  • Le Conseil de l'Europe prĂ©sente l'ouvrage L'Islamophobie et ses consĂ©quences pour les jeunes (2005), en rĂ©sumant : « L'islamophobie peut se dĂ©finir comme la peur, ou une vision altĂ©rĂ©e par des prĂ©jugĂ©s, de l'islam, des musulmans et des questions en rapport. Qu'elle se traduise par des actes quotidiens de racisme et de discrimination ou des manifestations plus violentes, l'islamophobie est une violation des droits de l'homme et une menace pour la cohĂ©sion sociale »[23].
  • L'EncyclopĂ©die canadienne dĂ©finit l'islamophobie comme « une hostilitĂ© systĂ©matique envers les personnes musulmanes ou d’apparence musulmane ou envers l'islam »[6].
  • Le CongrĂšs du travail du Canada dĂ©finit l'islamophobie comme la « peur, haine et hostilitĂ© envers l’Islam et les musulmans propagĂ©es par des points de vue bornĂ©s qui attribuent aux musulmans des stĂ©rĂ©otypes et des convictions nĂ©gatifs et dĂ©nigrants »

Le Conseil de l'Europe, l’OSCE et l’UNESCO — qui Ă©ditent une brochure destinĂ©e Ă  aborder l'islamophobie en milieu scolaire — Ă©crivent que les termes « islamophobie » et « racisme anti-musulman » renvoient Ă  la mĂȘme notion d’« intolĂ©rance et de discrimination envers les musulmans » — cette derniĂšre expression Ă©tant la plus frĂ©quemment employĂ©e par les organisations inter-gouvernementales. « Le mot “islamophobie” est trĂšs courant dans les ONG, et apparaĂźt frĂ©quemment dans les mĂ©dias ; il Ă©voque la peur, la haine ou les prĂ©jugĂ©s Ă  l’encontre de l’islam et des musulmans. L’expression “racisme anti-musulman” place l’intolĂ©rance envers les musulmans dans le cadre plus large du racisme, et assimile implicitement la religion Ă  une race ». Les rĂ©dacteurs prĂ©cisent : « Ces dĂ©signations sont souvent utilisĂ©es l’une pour l’autre, bien qu’elles ne soient pas synonymes et fassent ressortir des aspects diffĂ©rents du phĂ©nomĂšne »[24].

Pour le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), dissout par dĂ©cret en date du 2 dĂ©cembre 2020[25], il s'agissait de « l’ensemble des actes de rejet, de discrimination ou de violence perpĂ©trĂ©s contre des institutions ou des individus en raison de leur appartenance, rĂ©elle ou supposĂ©e, Ă  la religion musulmane[26]. » Le Collectif contre l'Islamophobie en Europe (CCIE), crĂ©Ă© Ă  la suite de la dissolution du CCIF, partage la mĂȘme dĂ©finition.

De nombreuses attaques et violences sont suscitées par l'islamophobie. Parmi les plus marquantes se trouvent l'attentat contre deux mosquées à Christchurch (51 morts et 49 blessés) et l'attentat de la grande mosquée de Québec (six morts et plusieurs blessés)[7] - [8] - [9] - [27].

Des sens multiples

Le terme d'islamophobie recouvre de nombreuses significations suivant ses locuteurs et les milieux ou il est employé.

Dans les pays occidentaux, le terme peut dĂ©signer une attitude xĂ©nophobe, Ă  l'encontre des musulmans (d'oĂč le nĂ©ologisme d'« islamalgame » inventĂ© par de jeunes français d'ascendance nord-africaine[28]) et par amalgame, des rĂ©sidents et nationaux d'origine arabe ou maghrĂ©bine, voire française comme les harkis[29]. En pratique, les concepts d'islamophobie et de racisme peuvent se trouver associĂ©s par une partie de la population et par suite difficiles Ă  dissocier pour ces personnes.

Pour Doudou DiĂšne, rapporteur spĂ©cial des Nations unies, le terme islamophobie se « rĂ©fĂšre Ă  une hostilitĂ© non fondĂ©e et Ă  la peur envers l’islam, et en consĂ©quence la peur et l’aversion envers ceux qui se rĂ©clament de cette mouvance. Il se rĂ©fĂšre Ă©galement aux consĂ©quences pratiques de cette hostilitĂ© en termes de discrimination, prĂ©jugĂ©s et traitement inĂ©gal dont sont victimes des musulmans (individus et communautĂ©s) et leur exclusion de sphĂšres politiques et sociales importantes. Ce terme a Ă©tĂ© inventĂ© pour rĂ©pondre Ă  une nouvelle rĂ©alitĂ©: la discrimination croissante contre les musulmans qui s’est dĂ©veloppĂ©e ces derniĂšres annĂ©es »[30].

Pour Thomas Deltombe, « en fonction des définitions possibles des mots utilisés, on doit bien distinguer deux positions : l'islamophobie de type raciste (« musulman » comme catégorie ethnique) ou « xénophobe » (l'islam comme élément « étranger ») et la critique légitime des dogmes religieux, quels qu'ils soient »[31]. Ainsi, d'aprÚs ce journaliste, l'islamophobie pourrait soit désigner un racisme soit la critique de la religion musulmane.

Origines et usages

PremiÚres apparitions au début du XXe siÚcle

Plusieurs chercheurs ont montré que le mot « islamophobie » est attesté en France dÚs le début du XXe siÚcle[32] - [33] - [34] - [35].

Le FASOPO (Fonds d'analyse des sociĂ©tĂ©s politiques) indique en avril 2020, dans une publication de sa revue SociĂ©tĂ©s politiques comparĂ©es[32], signĂ©e de l'historien Jean-Louis Triaud, que le mot (et non la chose) apparaĂźt bien, pour la premiĂšre fois, dans une thĂšse de doctorat prĂ©sentĂ©e le 25 mai 1910 Ă  la facultĂ© de droit de Paris par Alain Quellien, jeune docteur en droit et rĂ©dacteur au ministĂšre des Colonies. Celle-ci sera publiĂ©e sous le nom de La Politique musulmane dans l’Afrique occidentale française[36]. Son auteur s'inspire largement des idĂ©es de Louis Gustave Binger, directeur des Affaires d'Afrique du mĂȘme ministĂšre, publiĂ©es en 1906 dans une brochure intitulĂ©e Le pĂ©ril de l'islam[37] (d'abord publiĂ©e en 1891 sous le nom Esclavage, islamisme et christianisme).

Le terme islamophobie se retrouve dans d'autres publications de la mĂȘme Ă©poque[note 1] - [39], comme dans l'ouvrage Haut-SĂ©nĂ©gal-Niger de 1912 de Maurice Delafosse[40] - [note 2] ou dans un numĂ©ro de 1913 de la revue L'Évolution algĂ©rienne et tunisienne[42]. Dans tous ces ouvrages, il n'a pas le mĂȘme sens. Il exprime parfois la peur et parfois l'hostilitĂ©, mais toujours Ă  propos de l'islam et non des musulmans, due Ă  une « mĂ©connaissance des rĂ©alitĂ©s de cette croyance » vĂ©hiculĂ©e par des prĂ©jugĂ©s nĂ©gatifs[43].

Jean-Louis Triaud prĂ©cise dans sa publication que ni Allain Quellien, ni Maurice Delafosse, mĂȘme s'ils sont tous deux « colonialistes »[44], ne peuvent ĂȘtre « qualifiĂ© d'« islamophobe » »[45] dans le sens d'une hostilitĂ© Ă  l'islam et/ou aux personnes de confession musulmane, Ă  la diffĂ©rence d'autres acteurs de la TroisiĂšme RĂ©publique comme Gabriel Angoulvant, gouverneur de CĂŽte d’Ivoire de 1908 Ă  1915, pour qui l'islamophobie est « un principe d’administration indigĂšne »[46]. Il prĂ©cise Ă©galement que Maurice Delafosse ne peut pas ĂȘtre, non plus, taxĂ© d'islamophilie car il est hostile Ă  l'idĂ©e d'accorder une prĂ©fĂ©rence aux musulmans par rapport aux animistes.

La thĂšse d'Alain Quellien

Dans son ouvrage paru en 1910[47], Alain Quellien définit l'islamophobie ainsi :

« L'islamophobie : il y a toujours eu, et il y a encore, un prĂ©jugĂ© contre l'Islam rĂ©pandu chez les peuples de civilisation occidentale et chrĂ©tienne. Pour d'aucuns, le musulman est l'ennemi naturel et irrĂ©conciliable du chrĂ©tien et de l'EuropĂ©en, l’islamisme est la nĂ©gation de la civilisation, et la barbarie, la mauvaise foi et la cruautĂ© sont tout ce qu’on peut attendre de mieux des mahomĂ©tans[48]. »

Convaincu de l'Ɠuvre civilisatrice de la France en Afrique occidentale, il Ă©crit : « L'influence et l'action europĂ©enne constitueront vĂ©ritablement la cause dĂ©terminante du dĂ©veloppement matĂ©riel, moral et intellectuel des races infĂ©rieures dont nous avons assumĂ©s l'Ă©ducation et l'accession Ă  la civilisation »[49].

Il affirme également[50] que les valeurs morales de l'islam sont incontestables et que celui-ci sera « un des moyens favorables qui pourront améliorer les conditions d'existence des populations de ces régions ». La France devant tirer parti « des éléments islamisés de l'Afrique occidentale ».

L'islamophobie, Ă  savoir la peur irrationnelle de l'islam d'une partie de la population française hexagonale qui ignorait tout de la vie et des cultures des populations vivant dans les colonies, est donc, pour Alain Quellien, un frein pour la France coloniale. Elle empĂȘche celle-ci d'agir en concentrant l'attention sur des aspects incompris, peu analysĂ©s et/ou fantasmĂ©s de la religion musulmane (la guerre sainte, l'esclavage et notamment des « blancs », la polygamie, le fatalisme, le manque de fanatisme et la tolĂ©rance de l'islam soudanais). Il Ă©crit, par exemple, dans le chapitre sur les reproches adressĂ©s Ă  l'islam :

« La guerre sainte. Ce qui fortifie singuliÚrement le sentiment d'hostilité et de prévention à l'égard de l'islam, c'est que, dans ces derniÚres années, les européens ont eu trÚs souvent des peuples islamisés qui les ont obligés à des luttes longues, pénibles et coûteuses. L'erreur vient du fait que l'on reporte la cause de ces guerres uniquement à l'islam[51]. »

Alain Quellien exprime également une condamnation sans appel des missions chrétiennes :

« À cĂŽtĂ© de ce succĂšs incontestable de l’islamisme, le christianisme est remarquable par son Ă©chec presque absolu dans les mĂȘmes rĂ©gions. Les tentatives d’évangĂ©lisation des nĂšgres donnent des rĂ©sultats pitoyables et tout Ă  fait disproportionnĂ©s avec les efforts considĂ©rables des missionnaires chrĂ©tiens[52]. »

L'objectif d'Alain Quellien était donc de rassurer, en développant un argumentaire positif sur l'islam et les musulmans et une analyse détaillées des rapports entre la France et les « populations islamisées », afin d'emporter l'adhésion des Français à la cause coloniale.

Avant la Seconde Guerre mondiale

Les sociologues Abdellali Hajjat et Marwan Mohammed[33], notent l'utilisation de l'expression « dĂ©lire islamophobe » dĂšs 1925 en France. Cette occurrence attestĂ©e du mot « islamophobe » se trouve dans l'ouvrage L’Orient vu de l'Occident, Ă©crit par le peintre et essayiste Étienne Dinet et l'essayiste Sliman ben Ibrahim (Piazza-Geuthner, 1921, Paris). Les auteurs parlent alors de « dĂ©lire islamophobe » au sujet d'une biographie de Muáž„ammad (traduit en Mahomet par les chrĂ©tiens au Moyen Âge) Ă©crite par le pĂšre jĂ©suite Henri Lammens.

Utilisation contemporaine

Son usage se répand dans le langage médiatique essentiellement à partir des attentats du 11 septembre 2001, à New York, des attentats de Madrid du 11 mars 2004 et des attentats des 7 et 21 juillet 2005 à Londres, qui, revendiqués par des islamistes, provoquent des réactions de rejet envers des musulmans dans plusieurs pays, principalement occidentaux[53] - [54].

Pour les journalistes de L'Express, en : « l'islamisme, comme hier le communisme, a ses aveugles et ses «idiots utiles» au sein des élites européennes. Leur machine de guerre idéologique est l' «islamophobie», terme avec lequel les mollahs iraniens dénoncent les femmes qui refusent le voile, et introduit en Europe, en 1998, par Tariq Ramadan. Destiné à soustraire l'islam au droit de critique que subissent depuis des siÚcles en Europe les autres religions, le mot sert surtout à culpabiliser tous ceux qui souhaitent réformer l'islam ou s'en émanciper »[55].

Contestation de la thÚse du régime des mollahs iraniens

Caroline Fourest et Fiammetta Venner affirment, en 2003, que le mot a pour la premiĂšre fois Ă©tĂ© utilisĂ© en 1979 par les mollahs iraniens[56] pour justifier en 1990 la fatwa contre l'Ă©crivain Salman Rushdie, pour condamner Ă  mort Taslima Nasreen et plusieurs autres intellectuels musulmans pour des Ă©crits jugĂ©s blasphĂ©matoires[57]. C'est ce qui leur fait dire que « [le] mot “islamophobie” a Ă©tĂ© pensĂ© par les islamistes pour piĂ©ger le dĂ©bat et dĂ©tourner l’antiracisme au profit de leur lutte contre le blasphĂšme. Il est urgent de ne plus l’employer pour combattre Ă  nouveau le racisme et non la critique laĂŻque de l’islam »[58] - [59]. Cette affirmation, reprise par Manuel Valls, Pascal Bruckner et ValĂ©rie Boyer, a depuis Ă©tĂ© contestĂ©e par de nombreux travaux scientifiques et des vĂ©rifications indĂ©pendantes[60] - [61].

Ainsi, les sociologues Marwan Mohammed et Abdellali Hajjat du CNRS mais aussi l'historien Alain Ruscio affirment qu'il n'existe aucune preuve dĂ©montrant un usage du mot par des mollahs comme le prĂ©tend la thĂšse de Caroline Fourest : « Ces intellectuels mĂ©diatiques n’ont aucune preuve Ă  l’appui de leur assertion. Selon eux, il n’existe pas de rĂ©el Ă©quivalent Ă  « islamophobie » en persan et en arabe, ce genre de nĂ©ologisme Ă©tant trĂšs rare dans les deux langues ». La thĂšse de Caroline Fourest serait ainsi, selon eux, une vĂ©ritable « erreur factuelle [qui] a pourtant Ă©tĂ© reprise abondamment, comme s’il s’agissait d’une vĂ©ritĂ© historique » afin de rendre synonyme haine envers les musulmans et critique de la religion[35].

L'origine du mot remonte Ă  1910 avec Alain Quellien, Maurice Delafosse et Paul Marty. Le sociologue Vincent Geisser ajoute : « Mais il est vrai qu’aprĂšs la rĂ©volution islamique de 1979, le rĂ©gime iranien a jouĂ© de cette peur de l’islam, ou de cette prĂ©tendue peur de l’islam, de cette thĂ©matique de l’islamophobie, comme un outil de propagande, outil politique et gĂ©opolitique, mais comme la plupart des grands pays musulmans dont l’Arabie saoudite » et que son usage est du coup « contestĂ© par des essayistes et intellectuels français qui y voient une opĂ©ration de « manipulation logomachique » [manipulation verbale, NDLR] orchestrĂ©e par les mouvements islamistes pour faire taire toute critique Ă  l’égard de la religion musulmane ». Selon l'AFP, la notion de « racisme antimusulman » est prĂ©fĂ©rĂ©e par certains spĂ©cialistes[60].

Alice GĂ©raud Ă©crit, dans LibĂ©ration, en 2013, que Caroline Fourest « balaie aujourd’hui cette histoire de rĂ©fĂ©rence aux mollahs iraniens » — elle leur avait prĂ©cĂ©demment attribuĂ© la premiĂšre utilisation de l'expression en 1979 —, et dĂ©clare :

« L’important, ce n’est pas de savoir si quelqu’un a parlĂ© d’islamophobie il y a un siĂšcle dans sa salle de bain, c’est le sens de ce mot. Elle concĂšde cependant avoir l’impression d’avoir perdu la bataille sĂ©mantique. “Le mot va gagner parce qu’il est court, parce que personne ne prend le temps de rĂ©flĂ©chir Ă  son sens et que celui de 'racisme' est devenu ringard”. Elle regrette “qu’avec ce mot, les laĂŻcs deviennent des racistes et les racistes passent pour des hĂ©ros de la libertĂ© d’expression”[62]. »

Critiques du terme

Critique du terme de « phobie »

La construction du nĂ©ologisme Ă  partir du suffixe « phobie » est critiquĂ©e car elle associe la notion d'idĂ©ologie — et son corollaire dĂ©mocratique : le dĂ©bat — Ă  un concept de maladie mentale[63].

Flemming Rose, rédacteur en chef du journal Jyllands-Posten qui a publié des caricatures de Mahomet déclare :

« Comme c'est astucieux qu’ayant crĂ©Ă© le mot “islamophobie”, les pays musulmans puissent ainsi insinuer que critiquer l’islam — distincte de toute discrimination Ă  l'encontre des personnes musulmanes — est une maladie, un fantasme malsain qui nĂ©cessite d'ĂȘtre soignĂ© mĂ©dicalement[64]. »

Caroline Fourest soutient que le mot homophobie n'a rien Ă  voir avec le terme islamophobie (et donc par extension judĂ©ophobie) car le premier stigmatise une phobie envers des individus pour ce qu'ils n'ont pas choisi, ce qui constitue un racisme, et le dernier confond la haine de l'islam (et non des musulmans) avec le choix qu'il reprĂ©sente[65]. Sa position est donc la mĂȘme que celle du HCI citĂ©e plus haut.

Confusion entre hostilité envers l'islam et les musulmans

Pour certains critiques, l'islamophobie est un terme confondant la haine envers les musulmans et la critique de l'islam, notamment en pouvant mettre sur un mĂȘme plan racisme envers les musulmans et critique de la pratique religieuse[3]. Ainsi pour RĂ©gis Debray, l'usage du terme islamophobie s'apparente Ă  un chantage qui amalgame la critique d'une religion avec l'injure faite aux fidĂšles de cette religion[66].

Didier Delaveleye, pour le Mouvement contre le racisme, l'antisĂ©mitisme et la xĂ©nophobie (MRAX), rappelle la construction du mot et le sens qui en dĂ©coule : « En voilĂ  un qui est au hit-parade des mots problĂšmes : l’islamophobie. Ce terme s’est imposĂ© aujourd’hui pour dĂ©signer l’hostilitĂ© spĂ©cifique vis-Ă -vis de la population de religion ou d’origine musulmane. Toutefois, cette simple dĂ©finition pose dĂ©jĂ  un problĂšme puisque littĂ©ralement, l’islamophobie ne dĂ©signe pas la crainte du musulman, mais la crainte d’une religion particuliĂšre, l’islam »[67].

Pour MeĂŻr Waintrater, ancien directeur de la revue juive L'Arche, il ne faut toutefois pas se laisser « piĂ©ger par les mots » car « le terme d'islamophobie ne renvoie pas Ă  une controverse au sujet de l'islam, mais Ă  une mise en accusation systĂ©matique des musulmans, en tant que collectivitĂ© ou en tant que personnes – tout comme le terme d'antisĂ©mitisme a Ă©tĂ© inventĂ© par des agitateurs antijuifs, dans le dernier quart du XIXe siĂšcle, pour persĂ©cuter non pas d'hypothĂ©tiques “sĂ©mites” mais les Juifs et eux seuls. Islamophobie et antisĂ©mitisme, qui diffĂšrent par les conditions historiques de leur dĂ©veloppement et par leurs logiques, ont ceci en commun que la mise en cause des individus y est dialectiquement liĂ©e Ă  la reprĂ©sentation paranoĂŻaque d'une collectivitĂ© »[68].

Le dessinateur Charb, assassinĂ© dans l'attentat perpĂ©trĂ© en janvier 2015 contre le journal Charlie Hebdo, dresse un « plaidoyer pour la laĂŻcitĂ©, cet hymne aux combats contre le racisme et l’antisĂ©mitisme, un livre pĂ©dagogique qui devrait ĂȘtre lu dans toutes les Ă©coles »[69], ou un « rĂ©quisitoire virulent » contre l'utilisation du mot « islamophobie » avec la « complicitĂ© des mĂ©dias », dans un livre posthume intitulĂ© Lettres aux escrocs de l'islamophobie qui font le jeu des racistes : « Si demain les musulmans de France se convertissent au catholicisme ou bien renoncent Ă  toute religion, ça ne changera rien au discours des racistes : ces Ă©trangers ou ces Français d'origine Ă©trangĂšre seront toujours dĂ©signĂ©s comme responsables de tous les maux. [
] Les militants communautaristes qui essaient d'imposer aux autoritĂ©s judiciaires et politiques la notion d'“islamophobie” n'ont pas d'autre but que de pousser les victimes de racisme Ă  s'affirmer musulmanes »[70] - [71].

Pour le politologue spécialisé de l'islam Gilles Kepel,

« [l'islamophobie] est un concept rĂ©cent qui repose sur une ambiguĂŻtĂ© dans la mesure oĂč il se prĂ©sente comme le symĂ©trique de l’antisĂ©mitisme. Alors que la lutte contre l'antisĂ©mitisme criminalise ceux qui s'attaquent aux juifs sans empĂȘcher pour autant la libre critique des textes sacrĂ©s, le combat contre l'islamophobie fait de toute rĂ©flexion critique sur l'islam un interdit absolu. L'ambiguĂŻtĂ© entretenue par le CCIF et certaines associations antiracistes qui tendent Ă  confondre antisĂ©mitisme et islamophobe est donc une imposture. La lutte contre l'islamophobie consiste Ă  faire encore que la vision la plus rigoriste de l'islam ne puisse plus ĂȘtre mise Ă  distance, y compris par les musulmans eux-mĂȘmes, lesquels, le cas Ă©chĂ©ant, se font traiter d'apostats[72]. »

Pour le philosophe et essayiste Pascal Bruckner, le terme d'islamophobie relĂšve de l’illusion et d'un « racisme imaginaire ». L'Ă©crivain dĂ©nonce toutefois la haine envers les musulmans[73].

Pour l'universitaire Bernard Rougier, auteur des Territoires conquis de l'islamisme, sociologue et spĂ©cialiste de l'Ă©volution de l'islamisme au Moyen-Orient et en France, « le terme islamophobie a prĂ©cisĂ©ment pour fonction d'empĂȘcher de distinguer islam et islamisme »[74].

Islamophobie, synonyme de critique de l'islam ?

Selon l'intellectuel amĂ©ricain Edward SaĂŻd, le terme « islam », tel qu'il est utilisĂ© par les mĂ©dias et les « experts », recouvre en effet des rĂ©alitĂ©s politiques, sociales, gĂ©ographiques extrĂȘmement variĂ©es (et parfois contradictoires)[75].

Claude Imbert, membre du Haut Conseil Ă  l'intĂ©gration (HCI), fondateur et Ă©ditorialiste de l'hebdomadaire Le Point, revendique ĂȘtre islamophobe[76] :

« Moi, je suis un peu islamophobe. [
] Nous avons le droit de combattre le racisme, d’accepter une pratique paisible de l’islam. Et j’ai le droit, je ne suis pas le seul dans ce pays Ă  penser que l’islam — je dis bien l’islam, je ne parle mĂȘme pas des islamistes — en tant que religion apporte une dĂ©bilitĂ© d’archaĂŻsmes divers, apporte une maniĂšre de considĂ©rer la femme, de dĂ©classer rĂ©guliĂšrement la femme [et] en plus un souci de supplanter la loi des États par la loi du Coran, qui en effet me rend islamophobe[77]. »

Éric Conan, journaliste Ă  L’Express, estime que le terme relĂšve de la « guerre des mots »[78], qui serait prise dans une lutte idĂ©ologique, voire une guerre, au sein de l'islam lui-mĂȘme, oĂč l'islamisme en sous-main tendrait Ă  imposer un point de vue contraire Ă  la fois Ă  la tendance strictement religieuse de l'islam et sa composante libĂ©rale.

Toutefois, la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) affirme qu'il est important d'utiliser le mot « islamophobie » pour dĂ©signer la haine envers les musulmans, comme elle explique dans son rapport annuel relatif Ă  la lutte contre le racisme, l’antisĂ©mitisme et la xĂ©nophobie de l'annĂ©e 2013[79] :

« La CNCDH est d’avis qu’il convient de nommer ce que l’on dĂ©nonce et souhaite combattre. C’est pourquoi, sans pour autant faire fi des impropriĂ©tĂ©s sĂ©mantiques ni occulter les risques d’instrumentalisation, elle a pris pour parti de dĂ©signer par le terme “islamophobie” ce phĂ©nomĂšne rampant, dangereux, qui menace le “vivre ensemble” et appelle Ă  toutes les vigilances[80]. »

Le Mouvement des musulmans laĂŻques de France (MMLF) avec Kebir Jbil soutient qu’« en Iran et au Soudan, pour Ă©liminer les musulmans progressistes, il suffit de les qualifier d’islamophobes. Ainsi, ce terme ne dĂ©signe pas un racisme, mais stigmatisme toutes celles et tous ceux qui rĂ©sistent Ă  l’islam radical et archaĂŻque ».

Pour le sociologue Jean-Pierre Le Goff, « tout un courant intellectuel gauchisant » aurait, au nom de la lutte contre l'islamophobie, accusé « la République, la laïcité et notre propre histoire de tous les maux, renforçant le sentiment victimaire et le ressentiment existant chez une partie de nos compatriotes musulmans ». De cette maniÚre se serait créée « une police de la pensée et de la parole » traitant nombre d'intellectuels et de journalistes d'« islamophobie », « faisant pression et rendant plus difficile toute critique, toute réflexion et débat sur l'islam et son adaptation difficile à la civilisation européenne, réflexion et débat indispensables à son intégration »[81].

La chroniqueuse Sophia Aram, dans son billet du 26 octobre 2020 sur France Inter, va dans le mĂȘme sens que le sociologue Jean-Pierre Le Goff. Elle dĂ©clare : « Franchement, Ă  ce niveau de haine Ă  l’égard du modĂšle laĂŻc français, on pourrait presque parler de koufarophobie. Oui la koufarophobie, la haine de tous ceux qui dĂ©fendent un autre modĂšle que l'islamisme »[82].

BlasphĂšme

Selon le Bondy Blog, lors d'un colloque ayant eu lieu Ă  l'École supĂ©rieure de gestion en mars 2009, Dominique Sopo explique que « le terme islamophobie [
] n’est qu’un prĂ©texte religieux tentant de nous retirer notre droit au blasphĂšme[83]. »

Selon la revue Humanisme :

« La notion d’islamophobie — destinĂ©e Ă  lĂ©gitimer en France le retour d’un dĂ©lit de blasphĂšme aboli en 1791 — rassemble bien au-delĂ  de la mouvance anticapitaliste[84]. »

AprÚs l'attaque terroriste islamiste contre Samuel Paty en 2020, François-Xavier Bellamy déclare « L'islamophobie est un concept dangereux qui voudrait réinstaurer le délit de blasphÚme[85]. »

Islamophobie, manipulation idéologique ?

En 2019, dans son ouvrage Islamophobie. Intoxication idĂ©ologique[86], Philippe d'Iribarne, Ă©conomiste et anthropologue, directeur de recherche du laboratoire « gestion et sociĂ©tĂ© »[87] du CNRS, dĂ©veloppe l'idĂ©e que le mot islamophobie est une manipulation qui nuit Ă  la paix civile et empĂȘche d'exercer son esprit critique. Selon lui cette notion « est un leurre forgĂ© pour empĂȘcher la comprĂ©hension du rĂ©el et interdire Ă  l’esprit critique d’exercer ses droits. Pour ses adeptes, rien ne doit ĂȘtre portĂ© au crĂ©dit des Français d’ascendance europĂ©enne, cependant que les Français musulmans sont par principe exempts de tout reproche »[88]. Le journal La Croix juge la thĂšse d’Iribarne « intĂ©ressante. Selon lui, loin d’ĂȘtre le signe d’un rejet global de l’islam comme religion, les signes de mĂ©fiance qui s’expriment en France et ailleurs traduisent la conscience de la nature « duale » de l’islam : « Ce qui renvoie Ă  une dĂ©marche spirituelle » (comme le jeĂ»ne du Ramadan) est « bien accueilli ». « Mais ce qui relĂšve de l’emprise d’un ordre islamique est rejetĂ© – au premier chef la sĂ©grĂ©gation des sexes, la soumission des femmes et ce qui les symbolise ». [
] Mais peut-on affirmer comme lui que « les sociĂ©tĂ©s occidentales portent en rĂ©alitĂ© un regard fort nuancĂ© sur l’islam, distinguant clairement ses diverses manifestations » ? »[89].

Violences et attaques motivées par l'islamophobie

Des actes violents de haine contre les musulmans sont souvent motivés par l'islamophobie. Selon la sociologue Nonna Mayer et le chercheur Vincent Tiberj, spécialiste de l'influence des attentats sur l'opinion publique[90], les violences islamophobes connaissent souvent une recrudescence à la suite d'attentats commis par des terroristes islamistes, particuliÚrement en France[91] - [92].

Attaques et attentats terroristes islamophobes

Commémoration en la mémoire de Marwa El-Sherbini, assassinée le par un terroriste islamophobe sous les yeux de son fils de trois ans alors qu'elle était enceinte.
CommĂ©moration en la mĂ©moire des 51 victimes — ĂągĂ©es de 3 Ă  78 ans — mortes dans un attentat terroriste islamophobe commis Ă  Christchurch, en Nouvelle-ZĂ©lande, le .
  • Le , dans la ville de Dresde, Marwa El-Sherbini, alors enceinte, est assassinĂ©e par un terroriste islamophobe en plein procĂšs Ă  la suite d'attaques islamophobes[93], sous les yeux de son mari et de son fils de trois ans. Le crime est qualifiĂ© de « clairement raciste et islamophobe »[94].
  • Anders Behring Breivik, un terroriste islamophobe[12] - [95] - [96] - [97] - [98] - [99] - [100], tue 77 personnes le 21 juillet 2011 dans les attentats d'Oslo et d'UtĂžya. Dans son manifeste dans lequel il explique ses motivations, il consacre plus de 700 pages Ă  sa haine de l'islam[11]. Cet attentat sanglant « reflĂšte une gĂ©nĂ©ralisation du "discours islamophobe" en Europe »[13].
  • Dans la nuit du 18 au , la mosquĂ©e de Finsbury Park Ă  Londres est la cible d'un attentat terroriste islamophobe[101]. Un terroriste fonce avec une voiture-bĂ©lier sur les civils musulmans en plein mois de Ramadan alors qu'ils sortaient du lieu de culte, tuant une personne et en blessant dix[102] - [103]. L'assassin Ă©tait « devenu obsĂ©dĂ© par les musulmans » et « a prĂ©vu et conduit cette attaque en raison de sa haine des musulmans », d'aprĂšs la sentence du tribunal qui le condamne Ă  l'emprisonnement Ă  perpĂ©tuitĂ© pour cette attaque terroriste islamophobe[102] - [104].
  • Le , dans la ville de Christchurch en Nouvelle-ZĂ©lande, un terroriste ouvre le feu sur des civils dans deux mosquĂ©es. Fusillant toutes les personnes dans les lieux de culte, le terroriste fait 51 morts — ĂągĂ©s de 3 Ă  78 ans — et 49 blessĂ©s. Le procĂšs rĂ©velĂ©ra l'adhĂ©sion de l'auteur de l'attentat Ă  de multiples thĂšses islamophobes qu'il dĂ©veloppe dans un long manifeste haineux[105]. Cet attentat terroriste amĂšne plusieurs pays Ă  combattre la propagation de l'islamophobie[106] - [107]. À la suite de la tuerie, les violences islamophobes augmentent significativement, notamment Ă  Londres oĂč le nombre d'attaques islamophobes enregistrĂ© par la police double en un mois[108].
  • Le , une mosquĂ©e de la ville de Bayonne et victime d'un attentat terroriste dont l'auteur est reconnu pour son islamophobie[109]. Cette attaque mĂšne Ă  une multiplication des actes islamophobes en France les jours suivants[110].

En France

  • Le , une mosquĂ©e Ă  Cholet est la cible de menaces de morts islamophobes taguĂ©es[111].
  • Le , la mosquĂ©e de Tarbes est la cible de tags islamophobes[112]. Le maire de la ville ainsi que le prĂ©fet se rendent sur place[113].
  • Le , une mosquĂ©e de Bordeaux a des vitres brisĂ©es et est recouverte de tags islamophobes[114] - [115]. À la suite de cet acte islamophobe, GĂ©rald Darmanin demande au prĂ©fet de renforcer la protection de ce lieu de culte[116] - [117] - [118].
  • Le , le centre culturel Avicenne Ă  Rennes est peinte de tags islamophobes[119] - [120]. Le ministre de l'IntĂ©rieur GĂ©rald Darmanin annonce sa venue sur les lieux, tandis que plusieurs responsables condamnent ces actes haineux et expriment leur solidaritĂ© avec les musulmans[121].

Rapport entre islamophobie et racisme

Dans son rapport de mars 2008, l’observatoire de l’Organisation de la coopĂ©ration islamique sur l’islamophobie estime que celle-ci a pris rĂ©cemment de l'ampleur dans les pays occidentaux. Il se peut qu'il fasse rĂ©fĂ©rence Ă  la pĂ©riode qui a suivi les attentats du 11 septembre 2001 Ă  New York, du 11 mars 2004 Ă  Madrid, du 7 juillet 2005 Ă  Londres[122].

La raison de l'opposition à l'usage du terme est explicitement énoncée lors du désaccord entre le MRAP et le syndicat d'enseignants, Unsa-Education, qui comme d'autres syndicats et organisations laïques, telle la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), ont refusé la demande du MRAP en faveur de l'usage du terme « islamophobie », et ce, à l'occasion de la « semaine d'éducation contre le racisme à l'école » (21-26 mars 2005).

En France, la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) remet en mars 2004 un rapport au premier ministre oĂč on peut lire que « certains courants intĂ©gristes tentent d'obtenir la requalification du racisme anti-maghrĂ©bin en islamophobie pour mieux tirer bĂ©nĂ©fice des frustrations, jouer sur les replis identitaires religieux de la population d'origine maghrĂ©bine et faire du religieux le critĂšre absolu de diffĂ©renciation, de partage. Il faut donc manier ce terme avec la plus grande prĂ©caution »[123].

Le Haut Conseil Ă  l'intĂ©gration français rappelle qu'« en RĂ©publique, la critique de la religion, comme de toutes les convictions, est libre, est constitutionnellement garantie et fait partie de la libertĂ© d’opinion et d’expression, et ne saurait ĂȘtre assimilĂ©e au racisme et Ă  la xĂ©nophobie[124]. »

Certains refusent l'assimilation au racisme qui est parfois faite, expliquant que l'islam se choisit, à l'inverse des origines ethniques. Des observateurs et analystes, qui contestent l'emploi du terme, considùrent que cette notion contribue à propager un amalgame voulu entre religion, ethnie, et culture, amalgame qui contribue à transformer la crainte initiale en racisme. Entretenant la confusion dans les esprits et amalgamant la religion à l’origine ethnique, le concept d’islamophobie, sous couvert de lutte contre le racisme, sanctuarise l'islam[125].

Selon Anne-Marie Thiesse, le terme « musulman » aurait longtemps désigné, en France, durant la période coloniale, non pas une catégorie religieuse mais une catégorie ethno-raciale : les Arabo-BerbÚres d'Afrique du Nord, qu'ils soient ou pas de confession musulmane[126]. Cette définition ethno-raciale est encore parfois utilisée pour désigner des personnes qui ne sont pas de confession musulmane mais en référence à leur origine arabo-berbÚre. Ainsi, selon Vincent Ferry et Piero-Galloro, pour Nicolas Sarkozy, le terme « musulman » « n'a aucune connotation religieuse » mais une connotation ethnique[127].

Ce type de proposition, oĂč la foi religieuse individuelle disparaĂźt derriĂšre une catĂ©gorisation ethnicisante, favorise les glissements sĂ©mantiques entre, par exemple, « arabes », « musulman » et, par suite, « islamistes ». Ainsi peut se dĂ©velopper, sous couvert d'une critique de la foi et des dogmes religieux, ce que le sociologue SaĂŻd Bouamama appelle « un racisme respectable »[128].

Vincent Geisser, chercheur Ă  l'Institut de recherches et d'Ă©tudes sur le monde arabe (IREMAM et CNRS) est l'auteur du livre La Nouvelle Islamophobie. L'ouvrage, plaidoyer en faveur de l'adoption du terme d'islamophobie en France. Selon lui, celle-ci « s'ancre trĂšs profondĂ©ment dans la mĂ©moire de l'AlgĂ©rie coloniale ». Pour lui[129] - [130], « l'islamophobie n'est pas une rĂ©surgence de la vieille problĂ©matique croisade/jihad - mĂȘme si l'on peut relever ici ou la des traces thĂ©ologiques - mais constitue bien un racisme antimusulman profondĂ©ment moderne. » C'est dans ce sens qu'elle est dĂ©noncĂ©e en France[131]. Tout comme l'antisĂ©mitisme, l'islamophobie inciterait Ă  des profanations.

Pour Élisabeth Badinter, « il ne faut pas avoir peur de se faire traiter d'islamophobe »[132]. Elle dĂ©nonce l'assimilation dĂ©libĂ©rĂ©e entre islamophobie et racisme : « On ferme le bec de toute discussion sur l'islam en particulier ou d'autres religions avec la condamnation absolue que personne ne supporte : “Vous ĂȘtes raciste ou vous ĂȘtes islamophobe, taisez-vous !” Et c'est cela que les gens ne supportent plus : la peur, pour des gens de bonne foi, qu'on puisse penser que vous ĂȘtes raciste ou anti-musulman fait que vous vous taisez. C'est la meilleure arme qu'on pouvait trouver Ă  l'Ă©gard des gens de bonne foi ». La philosophe appelle Ă  « combattre au maximum le racisme, l'antisĂ©mitisme, le racisme antimusulman, etc. » Mais elle insiste sur l'islamophobie : « Je me suis aperçue depuis quelques annĂ©es que c'est la phrase clĂ© qui arrĂȘte tout et je veux pouvoir, comme beaucoup d'autres, discuter d'une religion, de toutes les religions. Donc je ne veux pas qu'on me ferme la bouche avec ça ».

Organisations contre l'islamophobie et pour la défense des victimes

Manifestation contre l'islamophobie, le , Ă  Belfort.

Des organisations, contre les discriminations ou le racisme en gĂ©nĂ©ral, luttent contre l'islamophobie ; d'autres ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©es spĂ©cifiquement dans ce but. AprĂšs les attentats du 11 septembre 2001, des Ă©tudes montrent une recrudescence d'agressions islamophobes, aussi bien aux États-Unis[133] - [134] qu'en Europe[135]. Certaines associations ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©es pour en dĂ©fendre les victimes.

Canada

  • En 2013, le Collectif quĂ©bĂ©cois contre l'islamophobie et le Conseil musulman de MontrĂ©al exigent du gouvernement du QuĂ©bec des actions concrĂštes pour lutter contre l'islamophobie[136].
  • En 2017, en rĂ©action Ă  l'attentat de la grande mosquĂ©e de QuĂ©bec, une coalition d’une quarantaine d’associations musulmanes a rĂ©clamĂ© des mesures pour lutter contre l’islamophobie[137].
  • Des groupes ont demandĂ© en 2018 et 2019 que le 29 janvier soit dĂ©signĂ© JournĂ©e nationale de commĂ©moration et d’action contre la haine et l’islamophobie : le Conseil national des musulmans canadiens, les Canadiens pour la Justice et la Paix au Moyen-Orient, et le Forum musulman canadien, soutenus par une centaine d'associations telles que l'Association des musulmans et des Arabes pour la laĂŻcitĂ© au QuĂ©bec, l'Église anglicane du Canada, le Centre culturel islamique de QuĂ©bec et l'Église unie du Canada[138].
  • Le Collectif canadien anti-islamophobie, dirigĂ© par l'imam controversĂ© Adil Charkaoui, a Ă©tĂ© critiquĂ© pour des liens avec des idĂ©ologies extrĂ©mistes[139].

États-Unis

L’association Council on American-Islamic Relations (en) (CAIR) a pour but, entre autres, de lutter contre la haine dont les musulmans peuvent ĂȘtre la cible aux États-Unis[140]. Le CAIR a Ă©tĂ© accusĂ© de poursuivre un agenda islamiste[141] - [142] - [143], d'ĂȘtre liĂ© au Hamas[144] et aux FrĂšres musulmans[143] - [145]. Ce que l'association a contestĂ© et dĂ©crit comme une campagne de dĂ©nigrement[144] - [146]. Cette association a Ă©tĂ© mentionnĂ©e en 2014 parmi une liste d'organisations terroristes par les Émirats arabes unis[147], ce qui n'a alors pas manquĂ© de surprendre de « nombreux analystes » selon The Washington Post[148].

Europe

Belgique

  • Collectif contre l'islamophobie en Belgique (CCIB)

France

  • Collectif contre l'islamophobie en France (2003) ; dissous par dĂ©cret en dĂ©cembre 2020, en tant que « groupement de fait »[149] - [150] - [note 3]. Selon Mediapart : « Mettant Ă  exĂ©cution sa menace du 19 octobre dernier, au lendemain de l’assassinat de Samuel Paty, GĂ©rald Darmanin a obtenu la dissolution du ComitĂ© contre l’islamophobie en France (CCIF), prononcĂ©e ce mercredi en conseil des ministres. [
] Trois reproches principaux [se dĂ©gagent du dĂ©cret motivant la dissolution] : la façon dont le collectif dĂ©finit et utilise le concept d’islamophobie ; ses frĂ©quentations « radicales » ; son inaction dans la modĂ©ration des commentaires suscitĂ©s par ses publications[151]. »
  • Coordination contre le racisme et l'islamophobie (2008)[152] ; organisation dissoute en octobre 2021[153] en raison d'appels « Ă  la haine, Ă  la violence et Ă  la discrimination »[154].
  • Contre-attaques[155] (1er septembre 2015).

Royaume-Uni

  • Tell MAMA (en)
  • Forum Against Islamophobia and Racism (en) (FAIR), organisation caritative crĂ©Ă©e en 2001 pour combattre l’islamophobie et le racisme[156].

Organisations islamophobes

Il existe Ă  travers le monde des organisations qui militent contre l'islamisation, crĂ©Ă©es selon des motivations diverses, avec des discours plus ou moins haineux, voire des actes de violence. Elles peuvent ĂȘtre qualifiĂ©es d'islamophobes.

Birmanie

Chine

États-Unis

Le CAIR (en) et l'universitĂ© de Californie Ă  Berkeley ont publiĂ© un rapport identifiant une trentaine d'organisations contribuant Ă  la promotion de la haine envers l'islam et les musulmans aux États-Unis[162], parmi lesquelles :

Europe

  • Stop Islamisation of Europe (SIOE) (en)[163]. Organisation crĂ©Ă©e au Danemark en 2007.

Danemark

  • Stop Islamisation of Denmark (en)

NorvĂšge

RĂ©publique tchĂšque

  • Nous ne voulons pas de l'islam en RĂ©publique tchĂšque (cs)[165] - [166]

Sri Lanka

Perceptions mondiales

Selon le rapport spĂ©cial[30] du Conseil des droits de l'homme des Nations unies, — Ă©tabli en 2008 par Doudou DiĂšne — l'islamophobie, bien que le terme soit rĂ©cent, a existĂ© dĂšs les « premiers contacts de l’islam avec les autres religions et cultures » et a augmentĂ© sensiblement aprĂšs certaines rĂ©actions aux attentats du 11 septembre 2001. L'islamophobie, dans l'acception de «racisme anti-musulman», est sous-jacente Ă  l'utilisation du terme de « choc des civilisations », utilisĂ© par Samuel Huntington, par nombre d'hommes politiques et d'intellectuels qui opposent un « islam global » respectant Ă  la lettre les prescriptions de la charia, Ă  un « Occident » mettant l'accent sur les droits de l'homme.

En 2004, une conférence des Nations unies[169] a eu pour thÚme les phénomÚnes de violence envers des musulmans et la recherche de moyens pour combattre l'islamophobie.

Australie

En 2006, le Sunday Herald Sun a publié un sondage commandé auprÚs de l'institut Gallup, publié le 30 juillet, indiquant que 40 % des Australiens interrogés estiment que l'« islam est une menace à leur mode de vie », et qu'un sondé sur trois craint davantage les musulmans depuis le 11 septembre 2001[170]. Un sondage similaire de mars 2006 établit qu'un quart des personnes interrogées voient l'islam comme « une croyance intolérante ou fondamentaliste ». Cependant, l'un des chercheurs à l'origine de cette étude, Kevin Dunn, de la New South Wales University, affirme que ces personnes se sentent moins menacées par l'islam quand elles ont des contacts directs avec les pratiquants de cette religion[171].

États-Unis

Le panneau au premier plan : « Aucune mosquée dans la zone du ground zero. Préservons la dignité de nos morts en ce lieu. »
Au second plan : « Qu'est-ce qui rendrait le terroriste Oussama ben Laden plus heureux qu'une mosquée bùtie sur les cendres de ses victimes ? »

L’islamophobie progresse aux États-Unis aprĂšs les attentats du 11 septembre 2001. Les actes islamophobes se sont multipliĂ©s Ă  travers les États-Unis, comme des magasins qui refusent de servir les clientes qui portent le voile islamique[172], ou encore des cas d'extrĂȘmes violences allant parfois Ă  la tentative de meurtre contre les musulmans Ă  cause de leur religion[173] - [174].

Une Ă©tude sortie en 2006 montre que l'islamophobie aux États-Unis Ă©tait en expansion fulgurante, alors qu'avant le 11 septembre 2001, 24 % des AmĂ©ricains dĂ©claraient avoir une attitude anti-islamique, c'est ensuite plus de 46 % d'entre eux qui, en 2006, dĂ©claraient ĂȘtre anti-islamiques[175].

En 2015, 55 % des Américains ont une opinion défavorable des musulmans selon un sondage[176].

L'islamophobie se ressent à travers les actions médiatiques de pasteur Terry Jones, créateur en 2010 de la International Burn a Koran Day (journée internationale du brûlage de Coran)[177] qui consiste à brûler le Coran chaque 11 septembre[178] - [179] - [180].

Europe

La Commission européenne et l'Observatoire européen des phénomÚnes racistes et xénophobes (EUMC) ont organisé à l'automne 2003 une table ronde de réflexion sur l'antisémitisme, l'islamophobie et les possibilités de réconciliations entre les communautés[181]. Le terme est aussi utilisé par le Conseil de l'Europe[182] à la demande de la Turquie qui introduit le terme à la fin de la conférence.

L'EUMC dans une étude intitulée « Les musulmans au sein de l'Union européenne: discrimination et islamophobie » et publiée courant décembre 2006, souligne que certains musulmans de l'Union européenne sont victimes de discrimination en matiÚre d'emploi, de logement et d'éducation. Les actes islamophobes, allant d'insultes à des agressions physiques et incendies criminels[183].

Le sociologue RaphaĂ«l Liogier dĂ©nonce le mythe paranoĂŻaque de l’islamisation, lequel conduit Ă  une obsession collective qui voit « un complot musulman visant Ă  dĂ©truire l’Europe, Ă  faire disparaĂźtre sa culture », d'oĂč des rĂ©actions islamophobes[184].

Le Conseil de l'Europe, l’OSCE et l’UNESCO publient une brochure destinĂ©e Ă  lutter contre l’intolĂ©rance et les discriminations envers les musulmans dans le monde scolaire[185].

Allemagne

Selon un sondage rĂ©alisĂ© en avril 2016, pour 43 % des Allemands interrogĂ©s, la prĂ©sence d’une communautĂ© musulmane est « plutĂŽt une menace pour l’identitĂ© de l'Allemagne »[186]. En 2010, cette proportion Ă©tait de 40 %[187].

Belgique

Dans ce pays oĂč les questions relatives Ă  la place de l'islam dans la sociĂ©tĂ© sont frĂ©quemment abordĂ©es, le Mouvement contre le racisme, l'antisĂ©mitisme et la xĂ©nophobie (MRAX, homologue belge du MRAP français), fait de la lutte contre l'islamophobie une de ses prioritĂ©s et a organisĂ© en 2009 et en 2010 plusieurs colloques sur le sujet, les Assises sur l’islamophobie, dans le cadre des Assises de l'interculturalitĂ© voulues par le gouvernement fĂ©dĂ©ral[188] - [189].

Espagne

Une enquĂȘte du Real Instituto Elcano en Espagne indique que 68 % des personnes interrogĂ©es considĂšrent les sociĂ©tĂ©s musulmanes comme « violentes », et 79 % comme « non tolĂ©rantes ». 74 % pensent Ă©galement qu'il existe dĂ©jĂ  un choc des civilisations entre les pays occidentaux et le monde musulman[190].

France

Dans son livre L'Islam imaginaire, la construction médiatique de l'islamophobie en France (1975-2005)[191], Thomas Deltombe pense que si le terme « islamophobie » était peu utilisé à l'époque, certains journalistes étaient conscients, dÚs les années 1980, de la montée du phénomÚne. Le patron du Nouvel Observateur, Jean Daniel, accusa par exemple en 1983 le gouvernement socialiste de

« nourrir cet anti-islamisme indistinct et de moins en moins honteux que l'on voit refleurir, surtout d'ailleurs, hélas !, dans les couches populaires, en France et en Europe[192]. »

De mĂȘme, Ă  la suite de l'affaire des « tchadors » de Creil en 1989, Jacques Julliard estima que :

« l'argument anti-islamique est de longue date un alibi commode qui habille de respectabilité la haine de l'Arabe et le refus de l'accueillir[193]. »

Thomas Deltombe dĂ©crit l'implication des mĂ©dias français dans ce qu'il appelle « la peur, souvent haineuse » de la religion musulmane. Selon lui, il y a « trois Ă©lĂ©ments clĂ©s de la peur de l'islam : le traumatisme de la guerre d'AlgĂ©rie, la visibilitĂ© de la religion musulmane et la crainte de l'islamisation des modes de vie »[194] qui auraient repris de la vigueur avec l'Ă©mergence du terrorisme islamiste dans les annĂ©es 1990 en France (campagne terroriste des Groupes islamiques armĂ©s, ou GIA algĂ©riens) et aprĂšs les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis. Des personnalitĂ©s telles que Alain Gresh[195] ou Jean BaubĂ©rot dĂ©noncent l'islamophobie, qu'ils conçoivent comme un amalgame entre croyants et intĂ©gristes, fondĂ©e sur une interprĂ©tation belliciste du Coran[196], et qui sous prĂ©texte de protection de la libertĂ© d'expression, dĂ©gĂ©nĂšre en xĂ©nophobie.

Le Front national diffuse sa premiÚre affiche islamophobe en 1987 à l'initiative de Jean-Pierre Stirbois ; celle-ci est cependant dépourvue du logo du FN. Le parti réinvestit la thématique à partir de 2010[197].

En 2003, Caroline Fourest estime que le terme d'islamophobie est instrumentalisĂ© Ă  des fins de prosĂ©lytisme en vue d'interdire le blasphĂšme[198]. La mĂȘme annĂ©e, la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) publie une Ă©tude IntolĂ©rance et violences Ă  l'Ă©gard de l'islam dans la sociĂ©tĂ© française :

« À travers cette Ă©tude spĂ©cifique aux phĂ©nomĂšnes d'hostilitĂ© Ă  l'Ă©gard de l'islam, la CNCDH s'attache Ă  Ă©tudier en toute neutralitĂ© les rapports complexes entre racisme, xĂ©nophobie et islam. Il s'agit de faire la part des fantasmes et d'identifier, dans ce dĂ©bat piĂ©gĂ©, s'il existe une dimension spĂ©cifiquement religieuse qui permettrait d'isoler une rĂ©elle « islamophobie », notion qui ne semble pas avoir trouvĂ© de dĂ©finition prĂ©cise et qui tend souvent Ă  se confondre avec le racisme anti-maghrĂ©bin. Cette Ă©tude aborde successivement la question de la terminologie concernant l'islamophobie, celle de l'Ă©valuation de l'hostilitĂ© française Ă  l'Ă©gard de l'islam, celle de la libertĂ© d'expression religieuse pour les musulmans, puis dĂ©finit les causes et vecteurs de cette hostilitĂ© ainsi que les moyens de lutter contre elle[199]. »

À Alger, le 3 dĂ©cembre 2007, le prĂ©sident français Nicolas Sarkozy fait un parallĂšle entre l'islamophobie et l'antisĂ©mitisme :

« En France comme en AlgĂ©rie, nous devons combattre avec une dĂ©termination sans faille toute forme de racisme, toute forme d'islamophobie, toute forme d'antisĂ©mitisme. Il n'y a rien de plus semblable Ă  un antisĂ©mite qu'un islamophobe. Tous deux ont le mĂȘme visage : celui de la bĂȘtise et de la haine. [
] Le racisme, l'islamophobie et l'antisĂ©mitisme ne s'expliquent pas. Ils se combattent. Ce qui vaut pour la France vaut partout ailleurs dans le monde[200]. »

En 2008, dans l'affaire des caricatures de Mahomet par le journal Charlie Hebdo, la justice n'a pas retenu de caractÚre délictuel à cette publication que certains ont estimé « islamophobe ».

Jean-Paul Gourévitch définit en 2011, dans son ouvrage La Croisade islamiste : pour en finir avec les idées reçues[201], les « grands axes de la stratégie islamophobe » qui, selon lui, « s'apparente largement par ses procédés à la stratégie des islamistes » :

  • « la certitude de mener le bon combat pour l'avenir de la RĂ©publique et du monde tout entier » ;
  • « la dĂ©nonciation systĂ©matique de l'entrisme de l'islamisme dans les organisations musulmanes » ;
  • « la dĂ©nonciation systĂ©matique des complaisances des mĂ©dias vis-Ă -vis de l'islamisme, quand ils passent sous silence des faits avĂ©rĂ©s, les maquillent, ou montent en Ă©pingle des anecdotes lourdes de symboles » ;
  • « la dĂ©nonciation systĂ©matique des complaisances que les politiques et les administrations auraient Ă  l'Ă©gard des islamistes » ;
  • « la diabolisation de l'adversaire Ă  qui on ne prĂȘte qu'un seul dessein, la domination du monde, et dont on grossit l'inïŹ‚uence en amalgamant au noyau dur la constellation de ses satellites et la nĂ©buleuse de ses rĂ©seaux » ;
  • « le refus du compromis. Il n'y a pas d'islamistes modĂ©rĂ©s. Ceux qui se prĂ©tendent tels font le jeu des radicaux. Islam et islamisme sont semblables et tous deux Ă  combattre ».

Alain Finkielkraut déclare en 2013 :

« La haine ou le rejet des musulmans existent et doivent ĂȘtre combattus sans relĂąche. Mais le concept d'islamophobie relĂšve de la terreur intellectuelle. Est aujourd'hui considĂ©rĂ© comme islamophobe celui qui veut que les musulmans se soumettent aux lois de la RĂ©publique. Car il s'agit pour ceux qui manient ce vocable comme un gourdin de soumettre la RĂ©publique Ă  leurs exigences[202]. »

Dans son essai de 2017, Un racisme imaginaire, Pascal Bruckner Ă©crit :

« L'accusation d'islamophobie n'est rien d'autre qu'une arme de destruction massive du débat intellectuel. Nous sommes les témoins depuis vingt ans de la fabrication d'un nouveau délit d'opinion, analogue à ce qui se faisait, jadis, dans l'Union soviétique contre les « ennemis du peuple ». Les gardiens du dogme veillent de façon sourcilleuse sur la moindre transgression ou allusion. Le simple fait d'évoquer un « problÚme musulman » vous vaut les foudres des censeurs et des menaces de procÚs[203]. »

Une partie de l'extrĂȘme gauche rejette l'usage du terme « islamophobie ». C'est le cas du parti politique Lutte ouvriĂšre[204] - [205].

Sondages

Selon un sondage rĂ©alisĂ© en 2012 par l'IFOP, 43 % des Français interrogĂ©s jugent que « la prĂ©sence d’une communautĂ© musulmane en France est une menace pour l’identitĂ© de la France »[206].

En 2013, selon un sondage Ipsos, 74 % des Français interrogĂ©s estiment que l’islam est une religion intolĂ©rante et incompatible avec les valeurs de la sociĂ©tĂ© française[207].

Selon un sondage rĂ©alisĂ© en 2015 par l'IFOP, 41 % des Français interrogĂ©s considĂšrent que « mĂȘme s'il ne s'agit pas de son message principal, l'islam porte malgrĂ© tout en lui les germes de violence et d'intolĂ©rance »[208].

Selon un sondage rĂ©alisĂ© en avril 2016, pour 47 % des Français interrogĂ©s, la prĂ©sence d’une communautĂ© musulmane est « plutĂŽt une menace pour l’identitĂ© de la France »[186].

Montée de l'islamophobie aprÚs les attentats

À la suite des attentats islamistes en France en janvier et en novembre 2015. Selon Gilles Clavreul, les actes racistes, antisĂ©mites et antimusulmans ont triplĂ© par rapport Ă  l’annĂ©e 2014. Ils sont passĂ©s de 133 en 2014 Ă  429 en 2015. Le dĂ©lĂ©guĂ© interministĂ©riel Ă  la lutte contre le racisme et l'antisĂ©mitisme rapporte dans son bilan le 21 janvier 2016 que les actes islamophobes ont augmentĂ© de 281 % par rapport Ă  l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente[209].

Selon l'Observatoire national contre l'islamophobie, au premier semestre 2015, la France a connu 274 actes et menaces antimusulmans[210] ; ce qui selon certains aurait occasionnĂ© l’interdiction du port du burkini sur les plages en France notamment en Corse. Pour la SĂŒddeutsche Zeitung, quotidien de Munich, par exemple :

« L’interdiction du burkini n’est pas le rĂ©sultat d’un consensus forgĂ© par un dĂ©bat Ă©clairĂ©. Elle est le produit d’une islamophobie nourrie par les attentats terroristes [
][211]. »

Les chiffres, dĂ©sormais invĂ©rifiables[212], annoncĂ©s par l'ex-CCIF, corroboraient Ă©galement cette corrĂ©lation entre attentats et augmentation des actes islamophobes mais s'avĂšrent supĂ©rieurs Ă  ceux avancĂ©s par le ministĂšre sachant que ce dernier ne comptabilise que les plaintes dĂ©posĂ©es et ne considĂšre pas les actes discriminatoires comme Ă©tant des actes islamophobes. Ainsi, sur 588 discriminations, 42 agressions verbales et 55 agressions physiques recensĂ©es, seulement 20, 18 et 37 ont respectivement eu droit Ă  des plaintes dĂ©posĂ©es. Par ailleurs, le collectif note qu'aussi bien les agressions verbales que physiques ont Ă©tĂ© 2,5 fois plus nombreuses en 2015 qu'en 2014. De plus, dans un graphique oĂč le Collectif illustre l'Ă©volution du nombre d'actes islamophobes en 2015, un grand nombre d'actes islamophobes est relevĂ© aprĂšs les attentats de janvier 2015.

AprÚs une forte baisse, une nouvelle hausse est observée aprÚs les attentats du 10 avril 2015 à l'aéroport d'Orly et du 19 avril avec l'affaire Sid Ahmed Ghlam. On remarque alors un schéma répétitif : un attentat est commis, les actes islamophobes deviennent plus nombreux, pour ensuite revenir à leur chiffre habituel. En 2018, les actes islamophobes sont au plus bas niveau depuis 2010 avec 100 faits islamophobes recensés[213].

Pays-Bas

Le premier personnage politique à dénoncer l'islam dans ce pays, était Pim Fortuyn, leader d'un parti populiste et xénophobe, qui l'a qualifié de « culture arriérée », et a pointé du doigt plusieurs imams. Un de ses ouvrages s'intitule Contre l'islamisation de notre culture[214]. Il est assassiné le 6 mai 2002 par Volkert van der Graaf, un activiste de la cause animale, disant vouloir défendre les « groupes sociaux les plus vulnérables », notamment les musulmans et les demandeurs d'asile, qu'il considérait menacés par Pim Fortuyn[215].

La « question musulmane » devient un sujet de discussion et de remises en question d'une tradition libĂ©rale et de tolĂ©rance aprĂšs l'assassinat de Theo van Gogh, le , par un islamiste maroco-nĂ©erlandais, Mohammed Bouyeri. Theo van Gogh Ă©tait un adversaire dĂ©clarĂ© de l'Islam radical et de la sociĂ©tĂ© multiculturelle[216]. Son assassinat fait reparler de l'islamisme dans les mĂ©dias. Sylvain Ephimenco, Ă©ditorialiste au quotidien chrĂ©tien progressiste Trouw, publie un recueil de chroniques intitulĂ© Contraint Ă  la rĂ©sistance oĂč il dĂ©veloppe l'idĂ©e d'une nĂ©cessaire rĂ©sistance Ă  ce que l'islamisme veut dĂ©truire dans la dĂ©mocratie, et oĂč il recommande :

« la résistance pour défendre des valeurs normalement de gauche comme la liberté de pensée, d'expression, l'égalité des hommes et des femmes, tout ce que le fondamentalisme islamique essaie de détruire ». Il énonce qu'« une partie de la gauche refuse la critique de l'islam, qu'elle assimile à de l'islamophobie et donc à du racisme. Cette gauche-là ne veut pas admettre que nous nous sommes trompés en nous battant pour la fraternité multiculturelle. Le multiculturalisme, c'est un instrument du repli sur soi et de la ghettoïsation voulue. Le laisser-faire des derniÚres décennies fait que, désormais, parler d'intégration, c'est proférer une insulte. »

AprÚs l'assassinat de van Gogh, il s'est trouvé certains députés, dont Ayaan Hirsi Ali, pour demander au Parlement, d'instaurer une laïcité « à la française ». Les opposants à cette proposition ont protesté au nom de l'islamophobie.

Une contribution importante au dĂ©bat est considĂ©rĂ©e d'ĂȘtre celle de Ayaan Hirsi Ali, chercheuse Ă  l'American Enterprise Institute. Elle considĂšre l'islam comme « gros problĂšme » aujourd'hui, et recommande de lutter contre lui. Elle admet que le problĂšme vient du radicalisme, mais s'inquiĂšte que « trop de musulmans tolĂšrent l'islam radical »[217]. En 2006-2007 sa pensĂ©e Ă©tait en phase avec celle du critique littĂ©raire amĂ©ricain Bruce Bawer, auteur du livre While Europe Slept: How Radical Islam Is Destroying the West from Within. Elle se sert de sa comparaison avec le nazisme, oĂč l'islam radical est le nazisme, et ceux qui cherchent la conciliation, commettent l'erreur de Chamberlain[217].

En 2017, Shirin Musa, militante associative hollandaise, musulmane voilée, est accusée d'islamophobie par des musulmans et des relativistes aprÚs une campagne d'affichage promouvant les mariages mixtes et métis envers les communautés musulmanes néerlandaises[218]

Sondages

En 2008, un sondage du TNS NIPO, a trouvé que 62 % des Hollandais interrogés favorisaient l'interdiction de construction de nouvelles mosquées. 55 % estimaient qu'il fallait interdire aux musulmans, résidents au pays, de faire venir leurs époux/ses de leur pays d'origine, pour s'y installer. 71 % de la population estime qu'il faut interdire le port, en public, de la burqa afghane[219].

En 2011, 44 % des Hollandais interrogés pensent que la présence d'une communauté musulmane aux Pays-Bas est une menace pour l'identité de leur pays, et 77 % estiment que les musulmans et les personnes d'origine musulmane ne sont pas bien intégrés dans la société[220].

Royaume-Uni

L'islamophobie n'est pas dénoncée en tant que telle avant 1997, date à laquelle l'organisation antiraciste Runnymede Trust (en) publie un document intitulé « Islamophobie, un défi pour nous tous » (« Islamophobia: A Challenge for Us All »)[221]. Dans la partie Nature de l'islamophobie, le rapport souligne huit points caractéristiques que cet institut associe à l'islamophobie. Les six premiers portent sur la perception de l'islam ou du discours critique que celui-ci tient sur l'Occident ; les deux derniers portent également sur l'hostilité envers les musulmans :

  • les critiques de l'Occident formulĂ©es par l'islam sont rejetĂ©es de but en blanc ;
  • l'islam est perçu comme une idĂ©ologie politique, utilisĂ©e Ă  des buts politiques et militaires ;
  • l'islam est perçu comme infĂ©rieur Ă  l'Occident. Il est perçu comme barbare, irrationnel, primitif et sexiste ;
  • l'islam est perçu comme violent, agressif, menaçant, soutenant le terrorisme et engagĂ© dans un choc des civilisations ;
  • l'islam est perçu comme sĂ©parĂ© et autre, sans valeurs communes avec les autres cultures, n'est pas affectĂ© par celles-ci et lui-mĂȘme n'ayant aucune influence sur celles-ci ;
  • l'islam est vu comme un bloc monolithique, statique et incapable de rĂ©pondre aux changements ;
  • l'hostilitĂ© anti-musulmane est perçue comme naturelle et normale ;
  • l'hostilitĂ© envers l'islam est utilisĂ©e pour justifier des pratiques discriminatoires Ă  l'Ă©gard des musulmans ainsi que leur marginalisation dans la sociĂ©tĂ©.

L'éditorialiste britannique Josie Appleton critique cette définition donnée par le Runnymede Trust :

« Ce rapport parle de l'augmentation du prĂ©jugĂ© anti-musulman, qui doit ĂȘtre abordĂ©e politiquement. Mais la section intitulĂ©e “nature de l'islamophobie” suggĂšre une dĂ©finition trĂšs large du prĂ©jugĂ© ; les exemples d'islamophobie donnĂ©s par ce rapport Ă  savoir que la vision d'un islam infĂ©rieur Ă  l'Occident, plutĂŽt que simplement diffĂ©rent ; la vision d'un islam monolithique et statique plutĂŽt que variĂ© et progressiste, la perception de l'islam comme un ennemi plutĂŽt que comme un partenaire. Tout cela semble relever d'une sensibilitĂ© exacerbĂ©e, d'une tentative de disqualifier toute critique de l'islam. PlutĂŽt que d'inviter les musulmans au dĂ©bat, les non-musulmans seraient supposĂ©s marcher sur des Ɠufs de crainte de causer une offense. Depuis le 11 septembre 2001, nous avons vu comment cette attitude empĂȘche toute discussion. »

En 2004, le Runnynede Trust a publié un autre rapport décrivant l'institutionnalisation de l'islamophobie dans plusieurs corps publics[222].

Kenan Malik, auteur d'une Ă©tude statistique des phĂ©nomĂšnes de racisme envers les musulmans en Grande-Bretagne, tempĂšre largement ce que soutiennent les partisans de cette derniĂšre acception du terme. Selon cet auteur, l'existence d'une haine largement rĂ©pandue envers les musulmans « est un mythe ». Ce qui amĂšne l’auteur Ă  conclure que « Les accusations d'islamophobie, sont destinĂ©es « Ă  faire taire les critiques de l'islam, voire les musulmans qui luttent en faveur de rĂ©formes dans leurs communautĂ©s »[223]. Un point de vue proche est soutenu par le commentateur politique Douglas Murray qui juge que les accusations d'islamophobie « sont une tentative de faire passer l’Europe pour un continent raciste ». Soutenant qu'il s'agit avant tout d'un chantage moral, il affirme a contrario que « les personnes d’origine musulmane qui sont rĂ©ellement en danger dans nos pays ne sont pas des salafistes, mais des libres penseurs comme Ayaan Hirsi Ali ou Hamed Abdel-Samad, qui vivent sous protection policiĂšre alors qu’eux croient rĂ©ellement dans les principes des LumiĂšres et exercent leur droit dĂ©mocratique dans une sociĂ©tĂ© libre et laĂŻque »[224].

La confédération syndicale la plus importante, la TUC, a mis en place un travail commun avec le Conseil musulman de la Grande-Bretagne visant explicitement à combattre l'islamophobie. Les deux organisations ont, par exemple, organisé un colloque commun en avril 2007.

En aoĂ»t 2007, parait un sondage selon lequel 59 % des Britanniques interrogĂ©s pensent qu'il est possible d'ĂȘtre Ă  la fois musulman et citoyen britannique[225].

AprÚs l'attentat du 22 mai 2017 à Manchester, la presse révÚle que l'auteur de l'attentat-suicide, Salman Ramadan Abedi, faisait partie d'une « clique » parlant l'arabe à l'école qui avait accusé un professeur d'islamophobie aprÚs que celui-ci avait interrogé les élÚves pour savoir ce qu'ils pensaient de quelqu'un qui s'attacherait une bombe et ferait sauter des personnes avec lui. Le groupe était allé se plaindre à leur enseignant d'éducation religieuse en disant qu'il était islamophobe[226].

SuĂšde

En 2006, un sondage de Swedes by Demoskop, rapportĂ© dans le Dagens Nyheter, montre que 33 % des personnes de plus de 65 ans pensent que les musulmans menacent la culture suĂ©doise, 15 % des sondĂ©s de 15 Ă  27 ans rĂ©pondent oui Ă  la mĂȘme question[227].

Notes et références

Notes

  1. Dahou Ezzerhouni cite par exemple : « la Revue du Monde Musulman en 1912 et 1918, la Revue du Mercure de France en 1912, Haut-Sénégal-Niger de Maurice Delafosse en 1912 et dans le Journal of Theological Studies en 1924 »[38].
  2. Maurice Delafosse y écrit : « Quoi qu'en disent ceux pour qui l'islamophobie est un principe d'administration indigÚne, la France n'a rien de plus à craindre des musulmans au Soudan que des non musulmans »[41].
  3. Le 19 novembre 2020, le collectif avait officiellement dĂ©clarĂ© sa dissolution volontaire — dĂ©cidĂ©e au cours d'un conseil d'administration extraordinaire rĂ©uni le 29 octobre 2020[149] - [150].

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    « Je suis frappé depuis quelques années par l'opération de médicalisation systématique dont sont l'objet tous ceux qui ne pensent pas dans la juste ligne : on les taxe de phobie. »
  64. The Jerusalem Post.
  65. Elle déclare dans La Tentation obscurantiste, au chapitre « Le piÚge du mot islamophobie » :
    « Pourtant ces deux mots [islamophobie et homophobie] n'ont rien Ă  voir. Le terme “homophobie” stigmatise une phobie envers des individus pour ce qu'ils sont, ce qui doit logiquement ĂȘtre dĂ©noncĂ© comme raciste. Tandis que “islamophobie” confond la haine envers les musulmans pour ce qu'ils sont (ce qui doit ĂȘtre dĂ©noncĂ© comme raciste) avec l'hostilitĂ© envers une croyance, une religion, une idĂ©ologie (ce qui relĂšve de la libertĂ© d'expression). »
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] ces groupes d’intĂ©rĂȘt islamophobes sont en train de donner une image nĂ©gative tendant Ă  faire croire que l’islam et les musulmans soutiennent le terrorisme et l’extrĂ©misme. [
] Avec la montĂ©e de l’islamophobie, les musulmans des diffĂ©rentes parties du monde, d’occident en particulier, sont en train d’ĂȘtre victimes de divers stĂ©rĂ©otypes racistes et de toutes sortes de traitements discriminatoires. »

    — in Premier rapport de l’Observatoire de l’Organisation de la coopĂ©ration islamique sur l’Islamophobie pour prĂ©sentation au 11e Sommet islamique, Dakar - RĂ©publique du SĂ©nĂ©gal 13-14 mars 2008. RĂ©sumĂ© exĂ©cutif, 1er §, p. 4

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Bibliographie

Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article : Documents utilisĂ©s comme source pour Ă©crire cet article.

Ouvrages

Articles

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Voir aussi

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