Philippe Muray
Philippe Muray, né le à Angers et mort le à Villejuif, est un romancier, épistolier, philosophe et essayiste français.
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(Ă 60 ans) Villejuif |
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roman, essai philosophique |
Adjectifs dérivés |
murayen, murayenne |
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Philippe Muray est connu pour sa théorie du « festivisme », signe à ses yeux de ce que l'Occident mondialisé est sorti de l'Histoire et est entré dans une Post-Histoire dont il analyse les principes en les jugeant effrayants et dont la « festivisation » est, selon lui, le symptôme principal.
Philippe Muray est aussi connu pour les nombreux calembours et néologismes qu'il a introduits par son style particulièrement caustique, parmi lesquels Homo festivus (l'« homme festif », l'individu occidental sorti de l'Histoire), l’« envie du pénal » (d'après l’« envie du pénis » de Freud, Muray y désigne la jouissance perverse que prend Homo festivus à réprimander ou demander la punition de ses semblables sous des prétextes moraux à la mode tels que l'antiracisme, la lutte contre l'homophobie ou l'anti-sexisme) ou encore les « mutins de Panurge » (paraphrase de Rabelais par laquelle Muray désigne les artistes ou autres se proclamant « subversifs » et « dérangeants » mais épousant en réalité toutes les valeurs de leur époque).
Biographie
Enfance et formation
Peu de choses de la vie de ce romancier ont été décrites en détail[1] par ce dernier et son entourage.
Fils de Jean Muray, écrivain et traducteur d'auteurs anglo-saxons — dont Jack London, Herman Melville, Rudyard Kipling, Swift, Lewis Carroll, Barbara Cartland, etc. — et d'une mère lectrice passionnée, Philippe Muray indique que ses parents ont joué un rôle important dans son éducation littéraire et son goût pour la lecture[2] - [3].
Il reçoit une éducation catholique[4] et fait des études supérieures de lettres à l'université de Paris. En 2001, il évoque ainsi ses années d'étudiant sur le plan politique et idéologique :
« J'ai été plus ou moins “gauchiste” […] pendant cinq ou six ans. Je me suis surtout senti attiré par la théorie althussérienne. C'était une belle construction. […] Tout cela s'est complètement terminé bien avant la fin des années soixante-dix parce que pour s'intéresser à des constructions idéologiques pareilles, il faut évidemment qu'elles aient un rapport avec le réel[5]. »
Muray souligne tout au long de ses romans l'hésitation qu'il avait, jeune homme, entre peindre et devenir romancier. Il devient romancier à l'âge de 22 ans, avec la publication de son premier roman plus tard rayé de sa bibliographie : Une arrière-saison[6].
Premières publications
Il gagne d'abord sa vie en travaillant comme pigiste pour le magazine Détective[7] ; il écrit ensuite, à partir des années 1970, des Brigade Mondaine, sous le pseudonyme (collectif) de Michel Brice, sous la direction de Gérard de Villiers[8].
Dans les années 1970, il côtoie les membres de la revue Tel Quel. Il publie en 1973 un roman (Chant pluriel[9]) et une pièce de théâtre (Au cœur des hachloums[10]), tous deux chez Gallimard. Il noue des relations avec Denis Roche, l'éditeur, dans sa collection « Fiction & Cie », de Jubila[11] en 1976. Il rencontre aussi Jacques Henric et Catherine Millet qui publieront nombre de ses articles dans la revue Art Press, jusqu'à 1997, date de leur brouille[12]. En 1978, il commence la rédaction de son journal intime, publié de manière posthume depuis 2015[13]. Il est alors en train d’achever la rédaction de L'Opium des Lettres[14], publié en 1979 dans la collection « TXT » dirigée par Christian Prigent, après avoir publié un article dans la revue du même nom[15].
Les années 1980
En 1981, il publie un essai sur Louis-Ferdinand Céline[16], dans la collection « Tel Quel » dirigée par Philippe Sollers. C'est son premier livre à connaître un certain succès éditorial. Muray le considère lui-même comme le premier texte où son écriture est arrivée à maturité[17].
Dans cet essai, il formule l'hypothèse d'une continuité entre l'auteur du Voyage au bout de la nuit et le pamphlétaire antisémite de Bagatelles pour un massacre et ce, notamment, au niveau de la langue utilisée. C'est dans ce livre que Muray souligne la continuité entre la dimension progressiste de l'écriture et la pensée de Céline et l'antisémitisme de ce dernier. Pour la première fois dans son œuvre, Muray attaque la positivité comme force destructrice.
Le concept-clé de l'essai est celui de « vouloir-guérir ». Muray avance que Céline partage avec les progressistes un désir obsessionnel d'effacer le mal, assimilé à la figure du juif. Selon Muray, l’antisémitisme ne couronne les pamphlets que parce qu’il couronne aussi un « défilé de positivités »[18]. Muray montre, que chez Céline, les références sont nombreuses à des utopies et concepts progressistes vantant l'harmonie sociale[18]. Cette critique de la positivité célinienne peut apparaître comme l'ébauche de sa théorie de la fin de l'histoire comme disparition de la « négativité ».
De 1978 à 1982, il travaille à l'écriture d'un roman, d'abord nommé Divin trop divin[19] puis Le Genre Humain. Il abandonne ce projet et en détruit les manuscrits tandis qu'il poursuit l'écriture de son essai Le XIXe siècle à travers les âges.
En 1983, Muray enseigne pendant trois mois la littérature française à l'université Stanford, en Californie[20]. C'est là que lui vient l'idée de L'Empire du Bien et qu'il rassemble la matière du XIXe siècle à travers les âges, publié en 1984 par Philippe Sollers, devenu éditeur chez Denoël. C'est dans cette vaste fresque qu'est Le XIXe siècle à travers les âges que Philippe Muray propose que la notion de modernité commence avec une nouvelle conception de la mort et de l'au-delà en Occident. Cette nouvelle conception aurait été provoquée notamment par la disparition progressive du contact avec les morts en Occident, lequel faisait partie intégrante de la vie sous l'ancien régime jusqu'au , jour où l'Église catholique « cède » à Paris devant l'hygiénisme grandissant en faisant déplacer les morts de la place Saint-Innocent aux catacombes. Pour Muray, la modernité se caractérise par un rapport particulier avec les corps et la mort, lequel rapport va s'exprimer par un rapport politique qu'il nommera hygiénisme mais aussi occulto-socialisme ou social-occultisme. Ce livre permet à Muray de souligner et d'étayer l'importance de l'occultisme dans la genèse de la pensée progressiste et de la pensée socialiste[21].
Estimant qu'être édité par Philippe Sollers lui fait courir le risque d'une inféodation, Philippe Muray signe, après la publication du XIXe siècle à travers les âges, un contrat avec Grasset, où son éditeur est Bernard-Henri Lévy. Il y publie deux livres. Le premier est un roman, Postérité, paru en 1988. Le livre est un échec qu'il impute à la maison d'édition. Après la publication de La Gloire de Rubens en 1991, il rompt son contrat avec Grasset. Il retrouve alors son ami Michel Desgranges qui lui propose de l'éditer aux Belles Lettres dont il a pris la direction[22].
En 1991, Muray publie L'Empire du Bien, livre qui va constituer un tournant dans la pensée contemporaine et celle de l'auteur. Muray y adopte en effet un style littéraire particulièrement caustique qui fera ensuite sa notoriété.
La critique de « l'ère hyperfestive »
Il écrit ensuite de nombreuses chroniques, d'abord publiées dans des journaux ou revues (Revue des Deux Mondes, Art Press, L'Infini, L'Idiot international, Immédiatement, La Montagne, Marianne), puis reprises en volumes dans Après l'Histoire et Exorcismes spirituels. Dans ces chroniques, il ne cesse d'analyser l'évolution de la modernité de façon goguenarde. Muray déclare user des différents procédés du rire (l'ironie, la dérision, la moquerie, la caricature, l'outrance, la farce, etc.) « comme on se sert des couleurs sur une palette » afin de faire revenir au réel. Ce rire n'est cependant pas une futilité, il est appuyé sur une pensée et il appuie cette pensée :
« Avant de rire, et peut-être de faire rire le lecteur, il me faut concevoir ce monde, et le voir, et l'entendre, tandis qu'il commet ses méfaits et ses crimes en parlant la langue festive, tout comme la Révolution française commettait les siens dans la langue de l'ancienne Rome impériale et dans les costumes ad hoc. C'est seulement à partir de cette considération globale que peut naître la démesure du rire, qui est aussi le plus exact compte rendu de ce qui se passe. Cette époque, pour employer un euphémisme, exagère. L'exagération comique me paraît la meilleure réponse que l'on puisse lui apporter. »
En 2002, dans son livre Le Rappel à l'ordre : Enquête sur les nouveaux réactionnaires, Daniel Lindenberg rapproche Philippe Muray de Michel Houellebecq et Maurice G. Dantec, qu’il range (avec d'autres personnalités) dans la catégorie des « nouveaux réactionnaires ». En réponse, Muray cosigne, avec entre autres Alain Finkielkraut, Marcel Gauchet, Pierre Manent et Pierre-André Taguieff, un Manifeste pour une pensée libre contre le livre de Lindenberg[23]. Muray note également, dans une série d'entretiens coécrits avec Élisabeth Lévy intitulée Festivus festivus, le caractère comique de ce rapprochement de ces différents auteurs et penseurs par Daniel Lindenberg : les personnes citées sont issues de courants de pensées extrêmement divers, voire opposés[24].
Les trois derniers livres publiés de son vivant sont Chers djihadistes… (2002), Festivus festivus, un livre d'entretiens avec la journaliste Élisabeth Lévy (2005) et Moderne contre moderne ().
Dans Chers djihadistes…, Muray entreprend un « compendium »[25] de son époque en notant le caractère sans précédent d'une tentative du monde moderne d'asservir l'Islam. L'auteur souligne que cette tentative « d'esclavagisme » — tel qu'il est décrit dans les derniers chapitres de Festivus festivus — est le signe d'une mutation anthropologique très profonde du monde contemporain. Les djihadistes, loin d'être seulement des opposants à la modernité, sont décrits comme étant eux aussi désireux d'accéder à un état de « mort historique »[26], qui caractérise le monde moderne selon l'hypothèse post-historique de Muray.
Dans Festivus festivus, Muray essaie de davantage préciser la mutation qu'entreprend le monde moderne au moment de ses entretiens, mais aussi (ce qui n'est pas indiqué dans Chers djihadistes…) de « renouveler » en partie le caractère romanesque d'un dialogue entre deux personnes, à l'image du Neveu de Rameau de Diderot ou de la correspondance de Saint Augustin, auteurs qu'il mentionne dans ses Exorcismes spirituels[27]. De manière intéressante, Muray fait aussi remarquer dans Festivus festivus que les médias n'ont pour but que de « parler d'eux-mêmes », ce qui explique, en partie, sa réticence à être interviewé[28].
Muray ne cesse de faire varier tout au long de sa vie son style selon les essais, romans, poèmes ou entretiens qu'il fait publier.
Il meurt le d'un cancer du poumon à Villejuif[29] et est inhumé le au cimetière du Montparnasse (10e division).
Vie privée
Philippe Muray était marié à Anne Sefrioui.
Ĺ’uvre
Auteur de plusieurs romans et critique littéraire, Philippe Muray est un écrivain prolifique. Il est l'auteur de multiples romans tels que Chant pluriel (1973), Jubila (1976), Postérité (1988), On ferme (1997), ainsi que de près d'une centaine de romans policiers de commande (pour Gérard de Villiers) publiés dans la collection « Brigade mondaine » sous le pseudonyme collectif de Michel Brice[30], d'un essai sur Rubens (La Gloire de Rubens, Grasset, 1991) et d'un recueil de poèmes comiques (Minimum Respect, Les Belles Lettres, 2003). D'autre part, Muray n'a eu cesse durant sa vie d'écrivain de varier les genres littéraires : — celui de l'essai dans Exorcismes spirituels, la nouvelle dans Roues Carrés, la poésie dans Minimum respect, le journal intime dans Ultima Necat, la chanson dans son album Sans Moi avec Bertrand Louis et l'entretien journalistique dans Festivus festivus —, attestant ainsi d'un talent littéraire manifeste.
Chroniques et essais sur l'« époque qui commence »
À l'image de Balzac, Philippe Muray veut défendre une idée — la thèse de la festivisation du monde contemporain — qui constituerait la colonne vertébrale de son œuvre romanesque. Il se veut le chroniqueur et le contempteur du désastre contemporain, où l'entrée dans l'ère festive conduirait à une indifférenciation généralisée — y compris des sexes —, jusqu’au point où « le risible a fusionné avec le sérieux ». Pour stigmatiser, par le rire, la dérision et l'outrance de la caricature, les travers de notre temps, Muray invente dans Après l'Histoire, et reprend dans la revue Immédiatement, une figure emblématique, aussi fanfaronne que militante : l’Homo festivus, qui se transformera plus tard en Festivus Festivus, le citoyen moyen de la post-histoire, « fils naturel de Guy Debord et du Web »[31].
Pour défendre cette hypothèse de l'entrée dans l'ère festive, Philippe Muray invente de nombreux concepts, pour la plupart comiques. Ainsi, il théorise le concept de l'« envie du pénal »[32], qu'il crée en référence au concept psychanalytique d'« envie du pénis » de Sigmund Freud[33]) afin de désigner la volonté moderne et farouche de créer des lois pour « combler le vide juridique », c'est-à -dire, selon lui, pour supprimer toute forme de liberté et de responsabilité[34].
De sa plume sont également nés des concepts tels que celui de comique de « doléance »[35], qui repose sur la réitération de demandes contradictoires par les associations de lutte pour les minorités, mais aussi de « glucocrate »[36], figure du Tartuffe moderne, lequel va, au travers d'une candeur relationnelle et d'une valorisation excessive d'un bien perçu, exercer une forme de violence psychologique et une domination sociale. Dans Festivus Festivus et dans les Mutins de Panurge[37], Muray donne naissance aux concepts de « mutin de Panurge » et de « mutants de Panurge » qui désignent tout individu qui applique la rébellion et la contestation comme une nouvelle norme mais aussi comme instrument de pouvoir. Dans ces entretiens, Philippe Muray inventera aussi les concepts de « statopathe » et d'« occidentalopathe », désignant quant à eux tous les individus (indépendamment du fait qu'ils soient d’extrême droite, djihadistes, de droite ou de gauche) qui ne trouvent qu'une réaction armée (sans pour autant donner une réponse) au pouvoir de l'État (en ce qui concerne le statopathe[38]) ou de l'Occident (pour l’occidentopathe[39]).
Critique littéraire
Si certains des écrits de Philippe Muray (notamment ceux concernant le « festivisme » et le besoin des modernes de fuir le quotidien) ont pu être rapprochés de ceux de Guy Debord[40], le romancier a souligné que cette hypothèse (et constat) du festivisme de la société est distincte de l'hypothèse de la Société du spectacle de Guy Debord. Muray pense en effet que la pensée de Guy Debord n'est plus apte à déchiffrer les phénomènes contemporains : « Il est temps d’entamer la critique méthodique de ce penseur [Debord], et de dire pour commencer que, contrairement à ce qui se radote depuis si longtemps, l’époque n’a pas connu d’ami plus fidèle que le théoricien du spectaculaire intégré. On peut même avancer que l’ère hyperfestive, laquelle n’a plus rien à voir avec la société du spectacle, avait besoin de cet idéologue pour avancer masquée[41]. » Philippe Muray dira son enthousiasme à propos de la pensée de Jean Baudrillard dans un entretien issu de Exorcismes spirituels IV (Les Belles Lettres) et intitulé Le mystère de la désincarnation.
Philippe Muray soulignait l'importance de la critique littéraire, devenue selon lui un outil de plus dans l'arsenal du romancier et non plus comme depuis 'toujours' une ennemie[42]. À l'instar de Victor Klemperer ou de Joseph de Maistre, Muray a également été très attentif à l’évolution de la langue[43] : il fait remarquer à plusieurs reprises dans ses écrits, la présence sans précédent d'une confusion entre le dire et l’écrire en français — « un auteur dit que » à la place d'« un auteur écrit que » — comme un symptôme d'indifférenciation généralisé et de l’absence de plus en plus prononcée de secrets : « Écrire ce n'est pas dire. » Il s'est également intéressé à la substitution progressive dans la langue moderne du « je » par le « combien », par le « on »[44] - [45] - [46] - [47]. Cette substitution est pour Muray d'autant plus intéressante qu'elle s'accompagne de la disparition progressive du sujet dans la phrase, avec des omissions du pronom « je » et d’un appauvrissement du vocabulaire de la langue française.
Dans ses « exorcismes spirituels », L'Empire du Bien, On ferme et Festivus Festivus, Muray fait référence à de nombreux auteurs antiques, tels que Appius Claudius Caecus, Saint Augustin, Procope, mais évoque aussi des auteurs plus récents tels que Sade, Swift, Zola, Bloy, Carroll, O'Connor et Balzac. Muray commente aussi nombre des écrits modernes de Christine Angot, Catherine Millet, Philippe Sollers, Éric Naulleau, Baudouin de Bodinat, etc. Muray se sert des écrits et œuvres qu'il commente comme illustrations éclairant des phénomènes modernes — tel que c'est le cas pour Carroll et Swift — ou pour souligner le rôle que jouent des auteurs modernes dans la compréhension des phénomènes sans précédent de notre époque.
Journal intime
Philippe Muray commence la rédaction d'un journal intime en 1978, et le tient pendant vingt-six ans. Sous le titre Ultima necat (issu du dicton latin inscrit sur les horloges Vulnerant omnes ultima necat, « Elles (sous entendu: les heures) blessent toutes, la dernière tue »), il y écrit tout ce qu'il est impossible de dire et de publier à l'époque du politiquement correct:
« Qu’est-ce que tenir son Journal ? Multiplier les pensées clandestines, les actes négatifs, traverser la vie en fraude, tromper tout le monde. La société est devenue une mégère si répugnante, une poufiasse si épouvantable qu’on ne peut qu’avoir envie de la cocufier, tout le temps, dans toutes les occasions. »
Le journal prend une place de plus en plus grande dans sa vie et son activité d'écriture, jusqu'à remplacer l'œuvre de romancier qui était son ambition initiale : c'est pourquoi il prend la décision de l'interrompre le 31 décembre 2004 :
« Ici se termine non seulement l’année mais aussi, et pour des raisons que je n’ai pas le temps de déployer, la rédaction de mon Journal. Disons que, d’une part, il commençait à m’ennuyer, comme ma vie, comme la vie en général, et que, d’autre part, il était devenu ce qui m’occupait suffisamment pour que je n’aie pas le temps d’écrire autre chose… »
Le journal est publié de façon posthume par sa femme Anne Sefrioui à partir de 2015. Certains s'y découvrent avec surprise méprisés et moqués abondamment, comme Jacques Henric, Catherine Millet ou Philippe Sollers.
Postérité
- La revue littéraire L'Atelier du roman, à laquelle Philippe Muray a collaboré, lui consacre un numéro spécial en 2007.
- En , le magazine Causeur publie également un numéro intitulé Muray revient. Et il n'est pas content, avec des textes d'Élisabeth Lévy, Pierre de Beauvillé et Alain Finkielkraut[48]. En 2013, ce même périodique publie des « Chroniques post-mortem » issues du Journal de l'auteur[49].
- En avril, août, septembre et décembre 2010, Fabrice Luchini lit des textes de Philippe Muray au Théâtre de l'Atelier.
- En 2010, les éditions Les Belles Lettres publient une anthologie, Essais, « où sont réunis sept ouvrages que Muray a publiés pendant les quinze dernières années de sa vie, sa période la plus féconde et la plus épanouie[50] ». « Discrètement annotée par Vincent Morch, cette édition monumentale […] contient près de 400 textes [dont aucun n’a] perdu son pouvoir d'élucidation[50]. »
- En 2015, le vingtième numéro du magazine Causeur dédie un dossier de plus de vingt pages au Journal de Philippe Muray, avec une interview de sa veuve et des extraits dudit Journal.
Publications
Ouvrages publiés sous son propre nom
- Une arrière-saison, Flammarion, 1968 (texte de jeunesse que Philippe Muray ne reprenait pas dans sa bibliographie)
- Au cœur des hachloums, Gallimard, 1973
- Chant pluriel, Gallimard, 1973
- Jubila, Seuil, 1976
- L'Opium des lettres, Christian Bourgois, 1979
- Céline, Seuil, coll. « Tel Quel », 1981 (rééditions : Denoël, 1984 ; Gallimard, coll. « Tel », 2001)
- Le XIXe siècle à travers les âges, Denoël, 1984 (réédition : Gallimard, coll. « Tel », 1999 (ISBN 978-2-07-0756711)
- Postérité, Grasset, 1988
- L'Empire du Bien, Les Belles Lettres, 1991 (réédition Les Belles Lettres, 1998, 2002, 2006, 2010)
- La Gloire de Rubens, Grasset, 1991
- On ferme, Les Belles Lettres, 1997
- Exorcismes spirituels (chroniques et entretiens parus dans divers médias)
- tome 1 : Rejet de greffe, Les Belles Lettres, 1997 (rééditions : 2002, 2006 et 2010)
Articles sur la littérature ; sur « l'époque qui commence » - tome 2 : Les Mutins de Panurge, Les Belles Lettres, 1998 (rééditions : 2006 et 2010)
Articles sur la littérature et l'art ; chroniques de télévision (L'Idiot international, à ) - tome 3 : Exorcismes spirituels III[51], Les Belles Lettres, 2002 (rééditions : 2003 et 2010)
- tome 4 : Moderne contre moderne, Les Belles Lettres, 2005 (réédition 2010)
- tome 1 : Rejet de greffe, Les Belles Lettres, 1997 (rééditions : 2002, 2006 et 2010)
- Après l'Histoire (chroniques mensuelles parues dans La Revue des Deux Mondes de à )
- tome 1, Les Belles Lettres, 1999 (rééditions : 2002 et 2010)
- tome 2, Les Belles Lettres, 2000 (rééditions : 2002 et 2010)
- DĂ©saccord parfait, Gallimard, 2000
- Chers djihadistes…, Fayard - Mille et une Nuits, 2002
- Minimum respect, Les Belles Lettres, 2003 (poèmes)
- Disque Minimum Respect, Festivus, 2006 (poèmes mis en musique)
- Roues carrées, Fayard, 2006
- Le Portatif, 1001 Nuits, 2006
- Le Sourire Ă visage humain, Manitoba/Les Belles Lettres, 2007
- Ultima Necat I. Journal intime 1978-1985, postface d'Anne Sefrioui-Muray, Les Belles Lettres, 2015
- Ultima Necat II. Journal intime 1986-1988, Les Belles Lettres, 2017
- Ultima Necat III. Journal intime 1989-1991, Les Belles Lettres, 2019
- Ultima Necat IV. Journal intime 1992-1993, Les Belles Lettres, 2021
Entretiens
- « Là où le débat blesse », entretien avec Élisabeth Lévy, Le Figaro, 2000 et Exorcismes spirituels III (Essais, p. 1315-1330)
- « Il n'y a plus d'autre crime que de ne pas être absolument moderne », entretien avec Élisabeth Lévy, Immédiatement no 15, 2000 et Exorcismes spirituels III (Essais, p. 1246-1260)
- « La critique du ciel », entretien avec Pierre-André Stauffer et Michel Zendali, L'Hebdo (Lausanne), 2001 et Exorcismes spirituels III (Essais, p. 1330-1340)
- « Bilan de santé », entretien avec Élian Cuvillier, Réforme, 2001 et Exorcismes spirituels III (Essais, p. 1340-1346)
- « Questionnaire », entretien avec la rédaction, Double, 2001 et Exorcismes spirituels III (Essais, p. 1346-1349)
- « Dans la nuit du nouveau monde-monstre », entretien avec Olivier Rohe, Chronic'art, 2002 et Exorcismes spirituels III (Essais, p. 1217-1246)
- « Toute la vérité sur Internet », entretien avec Élisabeth Lévy, Cahiers de l'IREPP, 2002 et Exorcismes spirituels III (Essais, p. 1373-1378)
- « On rentre », entretien avec Étienne de Montety, Le Figaro Magazine, et Exorcismes spirituels IV (Essais, p. 1462-1468) [sur la rentrée littéraire 2002 et la littérature française]
- « Une ironie sanglante et sensible », entretien avec Claude Aubert, Valeurs actuelles, , et Exorcismes spirituels IV (Essais, p. 1634-1643)
- « Ce n'est qu'un début, continuons leur débâcle », entretien avec Vianney Delourme, parutions.com, , et Exorcismes spirituels IV (Essais, p. 1643-1651)
- « Pour qui sonne le Bush ? », entretien avec Peter Covel, Le Cordelier, , et Exorcismes spirituels IV (Essais, p. 1651-1659) [Philippe Muray y donne, entre autres, son point de vue sur l'intervention américaine en Irak.]
- « Les métamorphoses », entretien avec Paul-Marie Couteaux, L'Indépendance, , et Exorcismes spirituels IV (Essais, p. 1659-1665)
- « La transgression mise à la portée des caniches », entretien avec Frédéric Guillaud, Conflits actuels, , et Exorcismes spirituels IV (Essais, p. 1665-1675)
- « C'est le sans-précédent qu'il faut écrire », entretien avec Frédéric Saenen et Frédéric Dufoing, Jibrile no 3, , et Exorcismes spirituels IV (Essais, p. 1675-1691)
- « Le mystère de la désincarnation (Jean Baudrillard) », entretien avec François L'Yvonnet (), Cahier de l'Herne Baudrillard, 2005 et Exorcismes spirituels IV (Essais, p. 1504-1516)
- « Festif à Montréal », entretien avec Stéphane Baillargeon, Le Devoir, , et Exorcismes spirituels IV (Essais, p. 1693-1695)
- Festivus, festivus. Conversations avec Élisabeth Lévy, Fayard, 2005 (ISBN 2-08-121702-3 et 978-2-08-121702-7)
Anthologie
- Essais, Les Belles Lettres, 2010, 1 812 pages (ISBN 2-251-44393-2 et 978-2-251-44393-5) . L'ouvrage regroupe :
- L'Empire du bien
- Après l'histoire I et II
- Exorcismes spirituels I Ă IV
Mise en musique
- Minimum Respect (2006) par Philippe Muray lui-mĂŞme
- Sans moi, sur des textes de Philippe Muray (2013) par Bertrand Louis
Notes et références
- Il donne lui-même peu d'éléments de sa propre vie. Par exemple, dans un entretien de 2000 (Essais, p. 1253) : « Comme je suis vieux, je me souviens du village où s'est déroulée mon enfance : la guerre avait eu lieu, l'épuration aussi, quelques personnes avaient été fusillées […]. C'étaient les années cinquante » (il ne nomme pas et ne localise pas ce « village »). La biographie du site officiel (aujourd'hui disparu) de Philippe Muray indiquait que la famille s'est installée en 1947 dans la région parisienne.
- Après l'Histoire, I. Cf. aussi « Questionnaire » (entretien, 2001) : « — Quelle est votre formation ? — D'excellentes lectures. Un admirable père et une admirable mère. Desquels d'ailleurs me viennent mes premières excellentes lectures. » (Essais, p. 1348).
- Philippe Muray évoque aussi sa découverte de la littérature à l'adolescence dans « Curriculum Celinae », Essais, p. 857-861.
- Cf. « Dieu merci » (article, 2005) : « J'entends le Dieu du catéchisme de mon enfance […] le Dieu des catholiques. Le Dieu chrétien-catholique. » (Essais, p. 1489) ; « Telles sont aussi, en résumé, les dernières nouvelles de Dieu. Le vrai, une fois encore. Le Dieu de la théologie et de ma première communion, puis de mes premières lectures de Bernanos, Bloy, Mauriac ou Julien Green. » (p. 1495).
- « La critique du ciel » in Essais, p. 1335).
- Philippe Muray, Une arrière-saison, Paris, Flammarion, , 224 p. (ISBN 978-2-08-060341-8).
- Daoud Boughezala, « Michel Desgranges, l'ami des Belles Lettres », Causeur,‎ , p. 55-56 (lire en ligne).
- Didier Goux, « Philippe Muray et moi », sur didiergouxbis.blogspot.com, (consulté le ).
- Philippe Muray, Chant pluriel, Paris, Gallimard, 280 p. (ISBN 978-2-07-028793-2).
- Philippe Muray, Au cœur des hachloums, Paris, Gallimard, , 168 p. (ISBN 978-2-07-032060-8).
- Philippe Muray, Jubila, Paris, Le Seuil, (ISBN 978-2-02-004313-7).
- Jacques Henric, Politique, Paris, Seuil, , 300 p. (ISBN 978-2-02-059349-6), p. 218-234.
- Philippe Muray, Ultima Necat I, Paris, Les Belles Lettres, , 626 p..
- Philippe Muray, L'Opium des lettres, Paris, Christian Bourgois, , 304 p. (ISBN 2-267-00156-X, lire en ligne).
- Philippe Muray, « Cloaca maxima », TXT,‎ , p. 40-46 (lire en ligne).
- Cf. « Pourquoi y a-t-il du Céline plutôt que rien ? », entretien avec François Lagarde, Essais, p. 832-841 (L'Infini no 8, 1984, et Exorcismes spirituels II).
- Philippe Muray, Ultima Necat I, Paris, Les Belles Lettres, , 626 p. (ISBN 978-2-251-44522-9), p. 278.
- Philippe Muray, CĂ©line, Paris, Seuil, , 250 p. (ISBN 978-2-02-005921-3), p. 23.
- Philippe Muray, Ultima Necat I, Paris, Les Belles lettres, , 626 p. (ISBN 978-2-251-44522-9), p. 10.
- Cf. Essais, datation d'articles : « Berkeley, Stanford, La Haye, 1983 » (p. 831), « Stanford, février 1983 » (p. 841)
- Cf. « Mort à Credo (Céline, le positivisme et l'occultisme) », Essais, p. 814-831 (L'Infini, no 10, 1984 et Exorcismes spirituels II).
- Daoud Boughezala, « Michel Desgranges, l'ami des belles lettres », Causeur,‎ , p. 55-56 (lire en ligne).
- Cf. aussi « Les nouveaux actionnaires » (article, 2002), recension partielle du livre de Daniel Lindenberg.
- Voir sur books.google.be.
- Philippe Muray, Exorcismes spirituels, t. 1, les belles lettres, , 143 p..
- Philippe Muray, Chers djihadistes…, Fondation du 2 mars: Mille et une nuits., , 84 p., p. 23.
- Philippe Muray, « Exorcismes Spirituels », Essais. Les Belles lettres., vol. 3,‎ .
- Paul-Marie Coûteaux, « Hommage à Philippe Muray », sur Radio Courtoisie, (consulté le ).
- Insee, « Acte de décès de Philippe Marie Yves Muray », sur MatchID (consulté le )
- D'après son éditeur aux Belles Lettres, ainsi que sa veuve, qui l'évoque brièvement lors d'une émission sur Radio Courtoisie le .
- Essais, p. 257, note Ă propos de Guy Debord.
- « Festivus Festivus ».
- Vincent Bourseul, « Anatomie et destin du « genre » chez Freud et quelques contemporains », L'Évolution Psychiatrique, vol. 80, no 2,‎ , p. 239–250 (ISSN 0014-3855, DOI 10.1016/j.evopsy.2013.09.004, lire en ligne, consulté le ).
- Philippe Muray, Exorcismes spirituels, t. 1 (lire en ligne).
- « Festivus Festifus ».
- Philippe Muray, On ferme, Page 331.
- Philippe Muray, Les Mutins de Panurge (Exorcismes spirituels, tome II) (Français) Broché – 1 avril 1998.
- « Festivus Festivus ».
- « festivus festivus ».
- Noé Roland, « Du Spectacle au Festivisme : petite histoire de la diversion contemporaine », sur Le Comptoir (consulté le ).
- Muray, P. (2010). Essais. Belles lettres.
- Philippe Muray, Exorcismes spirituels : essais, Volume 1, Page 14.
- « youtube ».
- Philippe Muray, Exorcismes Spirituels : Tome I, , Page 378.
- Philippe Muray, Exorcismes spirituels : essais, Volume 1, , Page 116.
- Philippe Muray, On ferme, Page 337.
- Philippe Muray : Entretien sur ses oeuvres (lire en ligne).
- Philippe Muray et Pierre de Beauvillé, « « Mon rire est une pensée » », Causeur,‎ (lire en ligne).
- « Philippe MurayCauseur », sur Causeur (consulté le ).
- François Ricard, « Le magnum opus de Philippe Muray », Le Devoir, 12 et 13 mars 2011, p. F 6.
- Le titre Dans la nuit du nouveau monde-monstre est indiqué par la notice du SUDOC.
Voir aussi
Ouvrages
- Alexandre de Vitry, L'Invention de Philippe Muray, Carnets Nord, 2011
- Maxence Caron, Philippe Muray, la femme et Dieu, Artège, 2011
- Maxence Caron et Jacques de Guillebon (dir.), Philippe Muray (collectif), Éditions du Cerf, coll. « Cahiers d'histoire de la philosophie », 2011
Articles
- Après la fête, numéro spécial de L'Atelier du roman, no 49, (ISBN 978-2-08-120321-1)
- Muray revient. Et il n'est pas content, numéro spécial de Causeur,
- Thierry Santurenne, « Beaucoup de bruit pour rire : Philippe Muray et la musique techno », Littératures, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, no 66 « La mélophobie littéraire »,‎
- Yannick Rolandeau, « Épuration éthique », L'Atelier du roman, Paris, Flammarion, no 49,‎ (lire en ligne)
- Mélanie Lamarre, « Philippe Muray et les métamorphoses du loisir », Études françaises, vol. 58, no 3,‎ , p. 81-96 (lire en ligne)
NĂ©crologies
- Philippe Lançon, « Philippe Muray : la mort d'un réactif », Libération,‎ (lire en ligne)
- Patrick Kéchichian, « Philippe Muray, écrivain et polémiste », Le Monde,‎ , p. 29 (lire en ligne)