Épistolier (littérature)
L'épistolier ou l'épistolière est un auteur dont la correspondance a une valeur littéraire avérée (si les lettres sont fictives, on parlera de roman épistolaire). Cet aspect de la littérature s'est particulièrement affirmé à partir du XVIIe siècle, en concomitance avec le développement de la sociologie de l'art.
On peut citer parmi les correspondances anciennes ayant connu une reconnaissance littéraire celles de Cicéron, d'Érasme, de René Descartes, de Jean-Louis Guez de Balzac, de Madame de Sévigné, de Voltaire, de Gustave Flaubert, de George Sand.
« Épistoliers » et « épistolographes »
On peut distinguer, parmi les correspondances intéressantes et faisant l'objet de publication intégrale : les correspondances réelles, soit intéressantes comme documents historiques, soit ayant une valeur littéraire reconnue, et les correspondances fictives, qui forment un roman épistolaire lorsqu'une histoire suivie se dégage clairement derrière l'échange de lettres attribuées à des personnages fictifs. D'autre part, parmi les correspondances présentant une valeur proprement littéraire, il faudrait théoriquement distinguer entre celles qui ont été conçues dès l'origine comme des œuvres à publier (lettres d'art), et celles dont la valeur littéraire est reconnue postérieurement (dans le cas, notamment, de la publication de la correspondance privée d'écrivains). Cependant, ces distinctions ne sont souvent que théoriques: voir par exemple le cas de Mme de Sévigné, dont la correspondance « réelle » était diffusée auprès d'un certain public déjà de son vivant, et donc était aussi rédigée dans cette perspective.
On appelle « épistolographes », notamment dans la littérature grecque ancienne, les auteurs de recueils de lettres fictives, un genre développé particulièrement à l'époque de la seconde sophistique. Nous avons conservé des recueils d'Alciphron, de Philostrate l'Athénien, d'Aristénète, de Théophylacte Simocatta. Les écoles de rhétorique de l'Antiquité produisirent également une grande quantité de lettres apocryphes, attribuées à des personnages illustres (rois, tyrans, hommes d'État, philosophes comme Platon, orateurs, poètes, etc.). L'examen critique de ces lettres, longtemps considérées comme authentiques, a commencé dès 1697 avec la dissertation de l'Anglais Richard Bentley intitulée De epistulis Phalaridis, Themistoclis, etc., une étude qui a fait date.