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Gauchisme

Gauchisme est un terme employé, souvent de manière péjorative, pour qualifier l'action politique d'individus ou d'organisations d'extrême gauche ou de gauche radicale. Historiquement, le terme désigne un courant politique trotskiste, anarchiste, Marxiste-Léniniste, maoïste, Hoxhaïste, qui prône la révolution, considéré distinct des courants classiques de la gauche et du communisme, et critiqué par ce dernier, notamment par Lénine. Ce courant est particulièrement actif les années du léninisme, et dans les années 1970 en Europe.

Origine et premier emploi du terme

Bien que le terme soit utilisé dès le XIXe siècle[1], c'est Lénine qui en propage l'emploi : dans son ouvrage La Maladie infantile du communisme (le « gauchisme »), publié en 1920, Lénine qualifie ainsi de « gauchistes » certains partis communistes d'Europe, dont il juge que le radicalisme (refus de participer aux syndicats non communistes, rejet du parlementarisme) les coupe des masses et par conséquent les empêche de s'implanter dans la classe ouvrière. Le terme a été employé pour désigner notamment les conseillistes, mais aussi la gauche communiste dans son ensemble. Par extension, il a été utilisé pour qualifier les différentes tendances de l'extrême gauche.

Portrait d'Herman Gorter par Thérèse Schwartze.

L'ouvrage et la notion utilisée par Lénine sont très rapidement critiquées, en particulier par des opposants communistes anti-léninistes. Ainsi, dès 1920, le communiste néerlandais Herman Gorter, dans sa Réponse à Lénine, critique cette analyse du « gauchisme »[2].

En 1939, le communiste anti-léniniste allemand Otto Rühle, figure du communisme de conseils et engagé dans des polémiques avec Lénine depuis longtemps[3], critique sévèrement le contenu de cette brochure de Lénine :

« La brochure de Lénine était un écrit polémique plein de poison et de bile, agressif, grossier, un tissu de fausses interprétations, de suspicion et de falsifications […], un vrai régal pour tout contre-révolutionnaire. […] Quand Hitler interdit en Allemagne en 1933 toute la littérature socialiste et communiste, ce fut le seul écrit dont il maintint la publication. Et il savait ce qu’il faisait[4]. »

En 1949, des anarchistes sud-américains proposent leur définition du « gauchisme » : « Une dispute entre marxistes […], des positions « à droite » de la majorité des tendances anarchistes »[5].

Renouveau du terme Ă  partir de 1968

À partir de 1968 et durant toute la décennie des années 1970, les termes « gauchisme » et « gauchistes » sont extrêmement présents dans le vocabulaire et l'action politique.

Yves Tavernier dans un compte-rendu de l'ouvrage du sociologue Richard Gombin avance que les termes « gauchisme » et « gauchistes » sont souvent utilisés pour discréditer et disqualifier un adversaire. Richard Gombin dans son livre Les origines du gauchisme (1971) écrit :

« Par gauchisme, nous désignerons cette fraction du mouvement révolutionnaire qui offre ou veut offrir une alternative radicale au marxisme-léninisme en tant que théorie du mouvement ouvrier et de son évolution. […] Le gauchisme apparaît comme une pratique révolutionnaire partout où la lutte des classes rompt le cadre établi par les organisations traditionnelles : partout donc où elle est dirigée à la fois contre le système et contre les directions ouvrières. […] Tous les gauchistes s'accorderont sur le principe d'autonomie qui exclut, par conséquent, tous les schémas autoritaires, centralisateurs, dirigistes, planificateurs, idéologiques[6] - [7]. »

Pour Gombin, contrairement au marxisme, le gauchisme ne considère pas que l'aliénation économique soit la source de toutes les aliénations. Pour ses partisans, la lutte doit être mené sur tous les fronts : sexuel, psychologique, idéologique[7]... Son objectif est la fin de toutes les aliénations. Il apparaît principalement comme une critique du marxisme se disant hostile à toutes les idéologies. Les révolutionnaires sont tenus de systématiser la pratique de la contestation, celle-ci trouvant sa manifestation dans les luttes autonomes[7]. Le communisme et la social-démocratie considérés comme des institutions capitalistes sont, dès lors, dénoncés dans des termes identiques que « les forces sociales bourgeoises »[7].

Dans un ouvrage sur Mai 68 publiĂ© en 1998, le sociologue Jean-Pierre Le Goff opère un distinguo entre gauchisme culturel et gauchisme politique[8]. Dix ans plus tard, la sociologue et politiste Isabelle Sommier, critiquant la dĂ©finition de Gombin et la dichotomie entre gauchisme culturel et gauchisme politique, relève les estimations de 5 000 Ă  16 000 « gauchistes » en mai 68 en se fondant sur une autre dĂ©finition : « Le gauchisme se prĂ©sente plutĂ´t comme une alternative au communisme orthodoxe »[9].

Daniel Cohn-Bendit prend la parole au théâtre Capito à Amsterdam, 23 mai 1968.

Certains courants, pour bien signifier qu'ils étaient à gauche du léninisme, se sont eux-mêmes revendiqué du « gauchisme » dans les années 1960 : Daniel Cohn-Bendit et son frère Gabriel publient ainsi en 1968 le livre Le Gauchisme, remède à la maladie sénile du communisme, dont le titre se veut une réponse au texte publié par Lénine[10].

Il est néanmoins notable que des groupes politiques ont revendiqué cette appellation pour caractériser des combats dont la nature et la finalité étaient très diverses[7].

Polysémie du terme

Les termes « gauchisme » et « gauchistes » sont utilisés par la plupart des forces politiques, et notamment par le Parti communiste français, dans le but de disqualifier et de discréditer un adversaire. « Ils sont employés pour caractériser tout ce qui conteste les ordres établis »[7].

Le terme possède également une connotation critique entre mouvements de gauche : il sert à reprocher à un autre groupe le caractère contre-productif de sa stratégie. Son emploi est ainsi très varié :

  • En 1968, le Parti communiste français avait qualifiĂ© de « gauchistes » toutes les organisations communistes opposantes, notamment trotskistes[11]. Derrière cette critique, il s'agit pour le Parti communiste de disqualifier par avance les prĂ©tentions de ceux qui entendent remettre en question le monopole qu'il entend exercer de la reprĂ©sentation des catĂ©gories populaires. Le fait d’être confrontĂ© Ă  la concurrence d’organisations et de militants non ouvriers, prĂ©tendants Ă  « la rĂ©volution » est perçu comme un danger. Sous ce terme de « gauchistes », sont dĂ©signĂ©s aussi bien des militants communistes dissidents que des militants d’autres organisations[12].

La volonté de disqualification des actions militantes étiquetées comme « gauchistes » traduit le décrochage du PCF vis-à-vis de certains groupes sociaux et la perte d’emprise des militants communistes et cégétistes sur les mobilisations émergentes, impulsées par des acteurs issus de l’extrême gauche et de la « deuxième gauche »[12]. Les mouvements de mai-juin 1968 précipitent l'évolution au sein du PCF des modes de disqualification politique des gauchistes. Le travail de dénonciation et de théorisation de la position du PC est entamé par Léo Figuères dans un article intitulé « Le “gauchisme” hier et aujourd’hui » publié dans les Cahiers du communisme[13], prolongé par son ouvrage Le trotskisme, cet anti-léninisme (1969). Peu après, Jacques Duclos souligne dans son ouvrage Anarchistes d’hier et d’aujourd’hui (1968) :

« La lutte idéologique contre le gauchisme, si elle doit tendre à toucher l’ensemble de la classe ouvrière, est particulièrement utile pour la jeunesse, aussi bien pour les jeunes ouvriers qui, en raison de leur inexpérience, pourraient se laisser prendre aux pièges de la provocation et de l’aventure, que pour les étudiants que l’on ne saurait confondre dans leur masse avec les éléments gauchistes qui prétendent les représenter et leur ont fait beaucoup de mal[12]. »

De cette manière, si le gauchisme est admis comme l’expression des préoccupations de la jeunesse, il reste défini par le PCF comme extérieur à la classe ouvrière. Pour cette raison, « il est condamné à s’allier avec elle dans le cadre de son parti ou, à défaut, à œuvrer pour la réaction »[12].

  • Le Mouvement ibĂ©rique de libĂ©ration (Movimiento IbĂ©rico de LiberaciĂłn), un mouvement anarchiste, actif en Espagne entre 1971 et 1973, critique le « gauchisme » comme une mystification : « La sociĂ©tĂ© actuelle possède ses lois, sa justice, ses gardiens, ses juges, ses tribunaux, ses prisons, ses crimes, sa normalitĂ©. Devant cette situation apparaĂ®t une sĂ©rie d’organes politiques (partis et syndicats, rĂ©formistes et gauchistes, etc.) qui feignent de contester cette situation alors qu’en fait ils ne font pas autre chose que de consolider la sociĂ©tĂ© actuelle »[14].
  • Plus rĂ©cemment, l'expression est employĂ©e par des altermondialistes pour fustiger l'attitude de certaines composantes de leur mouvement, par exemple la formation de black blocs durant des manifestations.

Principaux concepts

Le modèle auto-gestionnaire

Clara Zetkin et, à droite, Rosa Luxemburg (1910), égérie du gauchisme.

Les promoteurs du mouvement trouvent leurs références dans le communisme de conseils, courant marxiste anti-léniniste, pour qui les conseils ouvriers doivent s’organiser en pouvoir insurrectionnel et diriger la société : le terme marque l'opposition au « communisme de parti » et aux conceptions de Lénine pour qui seul le parti devait diriger la révolution et la société.

Ce courant est parfois désigné par l'appellation « communisme de gauche ». Ses références sont le luxemburgisme allemand, les conseils ouvriers, de paysans ou de commune pratiqués en Russie en 1905 et en 1917, lors de la révolution allemande en 1918-1919. Forts de la critique du marxisme-léninisme et de l'expérience communiste développées par un certain nombre de penseurs, ils mettent en avant un modèle auto-gestionnaire[7] - [15].

Un angle générationnel

Le gauchisme est perçu et analysé sous un angle principalement générationnel dans l'ouvrage Génération publié en deux tomes, en 1987 par les journalistes et enquêteurs Hervé Hamon et Patrick Rotman. Ceux-ci dressent une grande enquête d'histoire sociale et politique rédigée sous une forme romancée consacrée aux jeunes gens nés entre 1935 et 1945 et en focalisant plus particulièrement leur attention sur la trajectoire de quelques individus célèbres. Il y question de la rencontre d'une culture de gauche avec une génération qui trouve le point d'orgue de son action dans Mai 1968 et les années qui suivent[16]. Les auteurs voient ainsi dans le gauchisme un mouvement générationnel, celui des baby-boomer) du Quartier latin. Cette même génération qui, selon Jean-François Sirinelli, deux décennies après Mai 68, s'admire, tout en « répudiant, en paroles, en actions et en pensées - imprimées —, les thèmes mobilisateurs et la vision du monde qui furent les siens dans ces années d'effervescence »[16].

L'essayiste Guy Hocquenghem, fondateur du Front homosexuel d’action révolutionnaire (FHAR) dans son pamphlet intitulé Lettre ouverte à ceux qui sont passés du col Mao au Rotary interprétera également le phénomène du gauchisme sous un angle générationnel, ici mis en avant pour dénoncer ceux de ses camarades de lutte devenus à ses yeux des renégats de leurs idéaux : « Libé et Actuel, Chéreau et Glucksmann, Coluche et Médecins du Monde, les institutions que sont devenus les ex-gauchistes, personne n’ose les attaquer. Leur pouvoir insolent s’est établi sous la gauche, à l’ombre de Fabius et de Lang, mais il n’est ni de droite, ni de gauche, il est d’une génération: celle qui est passée de Mai 68 au Rotary et aux Rolls… »[17].

Partis, mouvements et personnalités

Titre du journal La Cause du peuple en 1970.

Hervé Hamon et Patrick Rotman s'efforcent dans leur ouvrage Génération de présenter les destins croisés des figures de proue de l'ancienne mouvance gauchiste[16].

Une partie non négligeable du livre est consacré aux membres de la Gauche prolétarienne, Benny Lévy, Robert Linhart, André Glucksmann, Jean-Claude Milner, Gérard Miller, Pierre Overney, Jean-Marc Salmon, Maren Sell, Olivier Rolin, Jean-Pierre Le Dantec, Michel Le Bris, Guy Lardreau, puis à ceux de la Ligue communiste fondée en , tels Henri Weber, Alain Krivine, Daniel Bensaïd. Parmi les partis et mouvements évoqués dans le cadre de cette galaxie, on trouve Union nationale des étudiants de France, l'Union des étudiants communistes (UEC), la CFDT, fondée en 1964, les Jeunesses communistes révolutionnaires (JCR) fondées en , le Mouvement communiste français marxiste-léniniste, fondé le et son successeur immédiat, le Parti communiste marxiste-léniniste de France, l'Union des jeunesses communistes marxistes-léninistes, UJC(ml) fondée en janvier-février 1967, scission de l'UEC et l'Union des communistes de France marxiste-léniniste fondée en .

Le mouvement étudiant est principalement représenté par l'Union nationale des étudiants de France (UNEF) avec Pierre Goldman, Jean-Marcel Bouguereau, Jacques Rémy et Jacques Sauvageot.

Enfin, d'autres personnalités sont évoquées comme Alain Badiou qui prend part, en 1969, à la création de l'Union des communistes de France marxiste-léniniste), Daniel Cohn-Bendit, Alain Geismar (SNESup) et Jean-Paul Sartre[18].

Influence sur la durée

Selon Jean-Pierre Le Goff, le gauchisme qu'il nomme « culturel » a eu une profonde influence sur l'ensemble de la gauche. Par son biais s'est produite « une mutation fondamentale qui a déplacé son centre de gravité de la question sociale vers les questions de société ». Cette mutation serait inséparable des effets sociétaux qu’a produits la révolution culturelle de mai 68[19].

Histoire du gauchisme en France

Les grèves de longue durée

Les années 1970 voient le déroulement de plusieurs grèves de longue durée, méthodes pas spécifiques au gauchisme, mais dans lesquelles les militants de Mai 68 issus du gauchisme s'investissent particulièrement, aux côtés de ceux de la gauche classique et des syndicats.

La politisation des procès

Au cours de l'année 1970, une nouvelle forme de « gauchisme médiatique » apparue avec la Gauche prolétarienne, créée en 1968, estime obtenir des succès médiatiques, culturels et judiciaires, lors d'actions symboliques comme le vol de produits de luxe, distribués dans des bidonvilles. Elle gagne en justice quand la peine de Frédérique Delange, qui a participé à ce vol est commuée en sursis, puis lors des acquittements de l'affaire des Houillères de Lens, marquée par des jets de projectiles incendiaires contre un bâtiment près un accident minier ayant causé seize décès, qui suit de deux jours le Tribunal populaire de Lens.

La violence

La critique du gauchisme s'appuie surtout sur des épisodes de violence de rue et dans les entreprises datant du début des années 1970. La violence de rue s'exerce aussi bien contre la police que contre l'extrême droite et prend des dimensions spectaculaires entre 1970 et 1973, avec l'aval et même l'impulsion des dirigeants de la Gauche prolétarienne (GP), mouvement maoïste.

La violence, verbale et physique, contre la police est d'abord pratiquée directement par les maoïstes de la Gauche prolétarienne début 1970, puis en l'accusant d'être complice des meetings d'extrême-droite.

La violence dans les entreprises, est une stratégie spécifiquement adoptée par des militants de la GP dès pour commémorer la mort du lycéen Gilles Tautin à l'usine Renault de Flins, dans les Yvelines. Elle est au même moment testée à l'Université de Vincennes contre les enseignants adhérents du Parti communiste français, accusé de déviance idéologique. Puis elle connaît surtout un pic au printemps 1971, à la suite duquel la mort tragique de l'ouvrier Pierre Overney chez Renault va progressivement calmer une partie des militants.

La violence, verbale et physique, d'abord pratiquée par les maoïstes de la GP contre les communistes en 1969 puis début 1970 contre la police se déplace ensuite vers les meetings du mouvement d'extrême-droite Ordre nouveau, ce qui permet aussi d'attaquer la Police lorsqu'elle s'interpose le et le , deux dates au cours desquelles la GP obtient le ralliement à ces attaques de la Ligue communiste.

La veille du meeting, le , Robert Allo, un ex-militant d'Occident, cofondateur d'Ordre nouveau et du Groupe union défense, est repéré dans la rue par des gauchistes[23]. Il est matraqué avec une telle violence qu’il sombre dans le coma peu après avoir rejoint le local du mouvement. Il doit subir une trépanation[24].

Le ras-le-bol des femmes et des homosexuels en mars 1971

Les affrontements dont se prévaut la Ligue Communiste[25], le 9 mars 1971, de son service d’ordre contre les CRS et le service d'ordre du meeting d'Ordre nouveau au Palais des Sports, "attaqué (...) avec des boulons" selon l'ORTF[26], qui font 80 blessés parmi ce dernier et 73 dans les rangs de la police[26], agacent par leur machisme certaines composantes féministes et homosexuelles de la mouvance gauchiste, qui pratiquent une violence plus symbolique. Le , ces mouvances décident ainsi d'obliger l'animatrice de radio Menie Grégoire à suspendre l'émission qu'elle consacre sur RTL à « ce douloureux problème, l'homosexualité »[27] - [28]. À la suite de cette émission perturbée par les activistes, se crée le Front homosexuel d'action révolutionnaire (FHAR) le soir-même. Le mois suivant voit publier le célèbre Manifeste des 343 sur le droit à l'avortement. Des militantes de Vive la Révolution ! (VLR !) se rallient alors au Mouvement de libération des femmes (MLF) et VLR ! s'auto-dissout, même si son magazine Tout ! continue de paraître jusqu'au numéro de juillet. Le , le tout nouveau FHAR y publie ainsi un ensemble d’articles engagés, coordonnés par Guy Hocquenghem[29].

Les réticences sur l’avortement et la contraception

Les réticences envers la libéralisation de l’avortement et la contraception sont encore nombreuses, même au sein du gauchisme, au début des années 1970. Ainsi, le , dans Le Nouvel Observateur qui est alors un journal qui s'est rapproché du gauchisme, le journaliste et producteur Maurice Clavel, un ex-gaulliste reconverti dans le soutien aux maoïstes, proclame « Révolution sexuelle piège à cons » et défend l’encyclique papale Humanæ Vitæ qui condamne l’avortement et la contraception, non sans susciter l’approbation de nombreux lecteurs[30].

En naît Le torchon brûle, journal édité par le Mouvement de libération des femmes (MLF) qui obtient en 1972 un décret d'application de la loi Neuwirth avec les centres spécialisés, les centres de planifications et d’éducation familiale (CPEF), permettant aux mineurs un accès libre, gratuit et surtout anonyme à tous les types de contraceptifs[31].

Les provocations sociétales

Au milieu des années 1970, des provocations sociétales touchant à la pédophilie ont été lancées dans certains milieux et cénacles littéraires, plutôt mondains, par des auteurs distincts du gauchisme tels que les écrivains Tony Duvert et Gabriel Matzneff. À part quelques rares auteurs marginaux d'ultra-gauche, le seul « gauchiste » à leur emboîter directement le pas sera Daniel Cohn-Bendit, même si Pascal Bruckner et Alain Finkielkraut, dans Le Nouveau Désordre amoureux[32] - [33] publié en 1977, vont jusqu'à déplorer la réprobation déclenchée par le livre de Tony Duvert, incitant même à le lire.

Au mĂŞme moment, Daniel Cohn-Bendit, dans un recueil d'entretiens avec Maren Sell et Jean-Marc Salmon, Le Grand Bazar[34], confie certains souvenirs et se livre Ă  des analyses dont certains passages, Ă  connotation sexuelle très controversĂ©s, lui seront reprochĂ©s pendant des dĂ©cennies. Le livre est publiĂ© aux Éditions DenoĂ«l puis aux Ă©ditions Belfond, mais son tirage n'atteindra pas 30 000 exemplaires malgrĂ© la notoriĂ©tĂ© de son auteur, qui ne s'est plus exprimĂ© depuis sept ans, et la couverture par LibĂ©ration du livre alors qu'il n'Ă©tait encore qu'en projet et son contenu pas encore dĂ©voilĂ©.

Au cours de l'année 1977, Serge July, directeur de la publication de Libération, contacte le groupe de provocateurs graphiques nommé Bazooka pour des illustrations, démarche qui fait rapidement face aux réticences de plus en plus grandes de la majorité de la rédaction du journal. Bazooka est obligé arrêter sa participation directe. Cependant, Libération édite à partir de Un Regard moderne[35], mensuel d'actualité remarqué mais aussi critiqué pour ses provocations, comme lorsqu'ils proposent dans le numéro du 5-6 novembre 1978, consacré aux personnes détenues, un dessin pédopornographique dans la page d'annonce « Taules »[36], ce qui conduira Libération à arrêter la publication de Un Regard moderne après six numéros.

1967

  • : meurtre par la police allemande de Benno Ohnesorg[37].
  • 1967: les Ă©tudiants de sociologie Ă  Nanterre font campagne sur les questions de sexualitĂ©

1968

  • janvier 1968 : grèves dans les usines de Caen.
  • : bataille rangĂ©e police-Ă©tudiants Ă  Rome
  • fondation du Mouvement du 22 Mars.
  • : attentat contre la compagnie de CRS 13 de Saint-Brieuc, plasticage revendiquĂ© par le Front de libĂ©ration de la Bretagne.
  • : la police fait Ă©vacuer la Sorbonne. Le SNE-Sup pour les enseignants et l'UNEF pour les Ă©tudiants dĂ©noncent l’atteinte aux franchises universitaires et dĂ©cident une grève illimitĂ©e.
  • 10 au : nuit de barricades au Quartier latin de Paris. Les affrontements avec la police font plus de mille blessĂ©s des deux cĂ´tĂ©s. La FEN appelle Ă  une grève gĂ©nĂ©rale.
  • : manifestation "dix ans ça suffit" de la Gauche et des syndicats Ă  Paris rassemblant 800 000 personnes selon contre 171 000 selon la police.
  • : le journal fondĂ© par Roland Castro devient quelques mois plus tard, le relais presse de l'UJCML.
  • : Sartre dans Le Nouvel Observateur, suggère que Raymond Aron soit privĂ© de son enseignement, car il « rĂ©pète indĂ©finiment Ă  ses Ă©tudiants les idĂ©es de sa thèse, Ă©crite avant la guerre de 1939-1945.
  • : Vive le communisme (VLC), groupe maoĂŻste apparait Ă  l'universitĂ© de Nanterre.
  • : une nouvelle sĂ©rie est lancĂ©e avec Jean-Pierre Le Dantec comme directeur de publication. Dix-huit numĂ©ros paraĂ®tront jusqu'au .
1969
1970
  • : le salaire minimum interprofessionnel de croissance (SMIC) remplace le SMIG.
  • : occupation du siège du CNPF par des militants de Vive la rĂ©volution et des intellectuels pour dĂ©noncer la mort de cinq ouvriers africains dans leur foyer d'hĂ©bergement.
  • : un groupe de la GP, sous la direction d'Olivier Rolin et Alain Geismar, attaque le commissariat de Mantes-la-Jolie. Six dĂ©tonations dans la cour, tous les vĂ©hicules attaquĂ©s, rĂ©servoir d'un car de police en feu et la grille cadenassĂ©e[25], Rolin et Geismar sont vus s'enfuyant vers leur voiture[25].
  • : aux Chantier navals de Dunkerque, dĂ©cès de Francis Deloffre, 19 ans, la tĂŞte Ă©crasĂ©e par une poulie[41].
  • : campagne de la GP pour le mĂ©tro gratuit, affrontements avec des agents RATP, Ă  Billancourt[25].
  • : accident minier Ă  Fouquières les Lens, 16 mineurs tuĂ©s.
  • : sabotage de plusieurs grues aux Chantier navals de Dunkerque en rĂ©action au dĂ©cès de Francis Deloffre le [41]. RĂ©actions scandalisĂ©es de la presse.
  • 16- : A HĂ©nin-LiĂ©tard (Pas-de-Calais), la GP attaque aux cocktails Molotov le siège de la direction des Houillères, la nuit après avoir vĂ©rifiĂ© que le gardien ne risque rien[25]. Six militants sont arrĂŞtĂ©s, dont Jean Schiavo et Bernard Victorri[25].
  • au : Roland Castro, de Vive la rĂ©volution, condamnĂ© Ă  un mois avec sursis pour l'occupation du CNPF du . Jean-Paul Sartre, Michel Leiris, Maurice Clavel et Jean Genet en sa faveur.
  • 3 et : violences policières Ă  l'intĂ©rieur de Nanterre, 60 blessĂ©s, 20 gauchistes sous les verrous[25]. La police matraque tout, saccage les voitures, casse tout, le restau U est dĂ©vastĂ©, des millions de dĂ©gâts matĂ©riels, les gendarmes mobiles doivent intervenir contre des policiers[25].
  • : A Meulan, des militants de VLR ! attaquent le bureau de la main-d'Ĺ“uvre de la mairie pour dĂ©noncer un trafic de travailleurs immigrĂ©s.
  • dĂ©but mars : "on n'enfouit pas les armes avant d'avoir enterrĂ© les assassins", Ă©crit la GP en appelant Ă  un meeting Ă  la MutualitĂ© le .
  • : au Parc des Princes, le CID (ComitĂ© d'Information et de DĂ©fense) rassemble 40 000 sympathisants.
  • : Jean-Pierre Le Dantec, directeur de La Cause du peuple inculpĂ© de provocation au crime, d'apologie de vol, de pillage, d'incendie et de meurtre, et le no 18 de La Cause du peuple est saisi.
  • : le CID de GĂ©rard Nicoud bloque les routes après avoir appelĂ© les commerçants Ă  retirer leurs fonds des banques et faire la grève de l'impĂ´t. GĂ©rard Nicoud et 33 militants sont condamnĂ©s Ă  des peines de prison ferme. Ils ont reçu le soutien d'ouvriers Ă  Sud-aviation et de Benny LĂ©vy.
  • : confĂ©rence de presse très dure de Serge July après l'arrestation de Jean-Pierre Le Dantec, qui estime que "l'idĂ©e de prendre un fusil" a "fait un bond en avant"[42], termes qui seront utilisĂ©es par le gouvernement pour saisir La Cause du peuple le [42] - [43].
  • : Dans Le Monde, article moins dur de Serge July, « Pour la cause du peuple », en « Libres opinions ».
  • : numĂ©ro dix-neuf de La Cause du peuple, Michel Le Bris devient directeur de publication.
  • : numĂ©ro de VLR! envisageant de fusionner avec la GP[42].
  • : Michel Le Bris, nouveau directeur de La Cause du peuple, est lui aussi arrĂŞtĂ©.
  • : loi « anti-casseurs ».
  • : sept militants maoĂŻstes condamnĂ©s Ă  quatre Ă  huit mois ferme pour l'attaque du contre les imprimeries de deux quotidiens, Parisien libĂ©rĂ© et La Nation. En appel (), les peines sont rĂ©duites au sursis.
  • printemps 1970 : la chanson Les Nouveaux Partisans, d'une Ă©tablie en usine, devient l'hymne des Maoistes[44].
  • : pillage de Fauchon par un commando maoĂŻste, qui offre le produit dans des bidonvilles[25], plus gros coup mĂ©diatique de la GP[45].
  • : la 24e chambre de la Cour correctionnelle de Paris condamne l'Ă©tudiante FrĂ©dĂ©rique Delange Ă  14 mois de prison ferme pour l'attaque de Fauchon, ce qui dĂ©clenche les protestations du Nouvel Observateur, de L'Express et une campagne de soutien mondial oĂą mĂŞme Mick Jagger publie un communiquĂ© de soutien[45] - [46] - [47] - [48].
  • : Le Nouvel Observateur, sous le titre « Jean-Paul Sartre fait parler les « casseurs » », donne la parole Ă  des cadres de la GP, dont Alain Geismar et Serge July[25].
  • : les maos ne cessent plus d’occuper la devanture des kiosques[25]. De marginale et extrĂ©miste, leur cause est devenue nationale et presque populaire [49].
  • : meeting unitaire de l'extrĂŞme gauche pour rĂ©clamer la libĂ©ration de Michel Le Bris et Jean-Pierre Le Dantec. Alain Geismar qui a appelĂ©, Ă  la tribune d'un meeting Ă  la mutualitĂ©, Ă  l'avant-veille du procès de Jean-Pierre Le Dantec Ă  "Ă©craser les hordes flicardes", vocabulaire violent et haineux, devient clandestin.
  • : Raymond Marcellin demande des peines sĂ©vères, pour provocations suivies d'effets Ă  la violence et voies de fait contre les agents de la force publique". Il dissout la GP et demande la saisie des no 15 Ă  19 de La Cause du peuple.
  • : Michel Le Bris et Jean-Pierre Le Dantec condamnĂ©s Ă  huit mois et un an de prison ferme, verdict suivi d'Ă©meutes au Quartier Latin, avec 400 arrestations[25], de nombreux blessĂ©s graves chez les policiers, des flammes de six mètres de haut[25].
  • : La direction de la GP dĂ©cide de crĂ©er la "Nouvelle rĂ©sistance populaire (NRP)", clandestine et dirigĂ©e par Olivier Rolin.
  • 1er juin : Appel pour la crĂ©ation du Secours rouge, organisation de dĂ©fense de militants menacĂ©s par la loi « anti-casseurs » dĂ©finitivement votĂ©e le .
  • mi- : arrestation d'Alain Geismar[50].
  • : interpellation de Jean-Paul Sartre, qui distribuait La Cause du peuple.
  • 13- : les « maoĂŻstes » attaquent le commissariat de police de Saint-Étienne-du-Rouvray, 14 personnes Ă©crouĂ©es. Le Secours rouge demande leur libĂ©ration.
  • « Septembre noir » : En Jordanie, le roi Hussein envoie l'armĂ©e et les bĂ©douins Ă©liminer les combattants palestiniens. Des militants issus pour partie de la GP crĂ©ent des ComitĂ©s de soutien Ă  la rĂ©volution palestinienne (CSRP), sur le modèle des ComitĂ©s VietNam.
  • : Premier numĂ©ro de Tout !, journal quinzomadaire de Vive la rĂ©volution. Jean-Paul Sartre est directeur de publication.
  • : Meeting de soutien Ă  la rĂ©sistance palestinienne Ă  Paris (MutualitĂ©) organisĂ© par le PSU, l'UNEF, les trotskystes et marxistes-lĂ©ninistes[25].
  • 1er au : grève de la faim de vingt-neuf gauchistes emprisonnĂ©s, dont Alain Geismar[51].
  • : lors d'un des trois concerts des Rolling Stones au Palais des sports de Paris[52] - [46], Serge July marche vers le microphone pour un plaidoyer en faveur de tous les "prisonniers politiques" – maoĂŻstes comme non-maoĂŻstes[52] - [46].
  • : Parution du 1er numĂ©ro de FedaĂŻ, journal des ComitĂ©s de soutien Ă  la rĂ©volution palestinienne (CSRP).
  • : condamnation de Alain Geismar Ă  dix-huit mois de prison devant la 17e chambre correctionnelle. Il avait Ă©tĂ© retrouvĂ© dans la planque oĂą il se cachait[53].
  • : A Renault-Billancourt, devant l’usine, Jean-Paul Sartre, montĂ© sur un tonneau, dĂ©nonce le procès du leader de la GP, Alain Geismar.
  • 1er novembre : Un NumĂ©ro ZĂ©ro de J'accuse paraĂ®t, titrĂ© « Le Temps des procès », tandis que la CDP est titrĂ©e « Geismar-Arafat nous montre le chemin de l'honneur »[42]. Serge July se voit reprocher d'avoir nĂ©gligĂ© le soutien aux grĂ©vistes de la faim au profit des relations avec les journalistes. La GP dĂ©cide qu'il doit retourner Ă  la base. Il s'installe Ă  Douai de Ă  [42].
  • : Alain Geismar devant la Cour de sĂ»retĂ© de l'État pour reconstitution d'organisation dissoute, condamnĂ© Ă  deux ans de prison ferme.
  • : enlèvement par la NRP du dĂ©putĂ© gaulliste Michel de Grailly, rapidement libĂ©rĂ©[25].
  • : censure de Hara-Kiri, qui lance Charlie Hebdo.
  • : Ă©vacuation de la facultĂ© des lettres de Caen par la police Ă  la suite des Ă©lections Ă©tudiantes ; 60 arrestations et 200 policiers mobilisĂ©s.
1971
  • : La Cause du peuple no 33, article virulent sur « Les Groupes ouvriers anti-flics Ă  l'action » Ă  Renault-Billancourt.
  • : 1er numĂ©ro de J'accuse, mensuel de la GP pour Ă©largir l'audience avec les intellectuels dits « dĂ©mocrates ». Les responsables sont Robert Linhart, Christian Jambet et AndrĂ© Glucksman. Jean-Luc Godard, Simone de Beauvoir, le peintre GĂ©rard Fromanger participent. Il n’y aura que 5 numĂ©ros.
  • : nationalisation du pĂ©trole en AlgĂ©rie, suivi de l’intensification des crimes racistes, selon les comitĂ©s Palestine de Barbès.
  • : manifestation non autorisĂ©e du Secours rouge, place Clichy, Richard Deshayes dĂ©figurĂ© par une grenade lacrymogène des brigades spĂ©ciales d’intervention. La photo de sa figure ensanglantĂ©e fait la une de Tout !, dont le tirage grimpe Ă  80 000 exemplaires contre une moyenne de 40 000[51].
  • : Ă€ Paris, occupation du SacrĂ©-CĹ“ur par des militants de la GP, avec Jean-Paul Sartre et Liliane Siegel, pour protester contre la rĂ©pression de la manifestation du . La police matraque dans l’église[25].
  • : Meeting d'Ordre nouveau au Palais des Sports, affrontements avec le service d’ordre de la Ligue Communiste[25], qui « attaque le meeting avec des boulons », selon l'ORTF[26], qui montre les « contre-manifestants gauchistes qui chargent » les CRS et causent par ailleurs la blessure de 80 personnes du service d'ordre, pourtant casquĂ© et armĂ©s de longue lances Ă  la japonaise[26], avec des images de guĂ©rilla urbaine son plein Paris. L'ORTF diffuse des images du service d'ordre du meeting amenant aux CRS un gauchiste après « l'avoir sĂ©vèrement corrigĂ© »[26]. La police compte près de 73 blessĂ©s
  • : les affrontements Ă  la suite du meeting d’Ordre Nouveau se poursuivent Ă  l’universitĂ© de Caen oĂą l'extrĂŞme droite locale en est galvanisĂ©e[54].
  • : Menie GrĂ©goire doit suspendre l'Ă©mission qu'elle consacrait sur RTL Ă  « Ce douloureux problème, l'homosexualitĂ© »[27] - [28] car elle a Ă©tĂ© perturbĂ©e par des activistes du Front homosexuel d'action rĂ©volutionnaire, crĂ©Ă© le soir mĂŞme, Ă  la suite de l’émission.
  • : Grèves des OS chez Renault, parties du Mans.
  • : Manifeste des 343, sur le droit Ă  l'avortement.
  • : VLR autodissous, mais Tout ! continue de paraĂ®tre jusqu'au numĂ©ro de juillet.
  • , AndrĂ© Glucksmann Ă©crit un long article, titrĂ© « Le fascisme qui vient d'en haut » dans le numĂ©ro 4 de J'accuse[25].
  • printemps 1971 : numĂ©ro spĂ©cial de la revue Les Temps modernes, entièrement rĂ©digĂ© par les maos, consacrĂ© Ă  "Nouveau fascisme, nouvelle dĂ©mocratie"[25].
  • : le Front homosexuel d'action rĂ©volutionnaire publie un ensemble d’articles engagĂ©s, coordonnĂ©s par Guy Hocquenghem dans le journal maoĂŻste Tout!, dont Jean-Paul Sartre est directeur[29].
  • Avril : des militantes de VLR ! se rallient au Mouvement de libĂ©ration des femmes (MLF).
  • : Le torchon brĂ»le, premier numĂ©ro du journal Ă©ditĂ© par le Mouvement de libĂ©ration des femmes (MLF) jusqu'Ă  juin 1973[55].
  • 13- : Dans la nuit, la NRP plastique les locaux de l'hebdomadaire d'extrĂŞme droite Minute.
  • : dernier numĂ©ro de J'accuse[25].
  • : Premier numĂ©ro de J’Accuse-La Cause du peuple, qui ont fusionnĂ©.
  • : Alain Jaubert, journaliste au Nouvel Observateur, tabassĂ© dans un car de la police[25], qui dĂ©ment[25].
  • : "A l'heure qu'il est, nous sommes dans une situation prĂ©-faciste"[25], nuance Simone de Beauvoir, selon qui un tribunal populaire doit avoir le droit de siĂ©ger afin d'informer le public de certains faits et d'informer la grande presse[25].
  • : date fixĂ©e dans un tract de Sartre pour un "tribunal pour juger la police" et "Ă©tudier son rĂ´le dans la vie quotidienne des Français depuis le "[25].
  • : des militants du ComitĂ© de lutte Renault attaquent, devant les portes de CitroĂ«n, quai de Javel, des membres de la ConfĂ©dĂ©ration française du travail (CFT).
  • : manifestation de 6 000 personnes Ă  Millau contre l'extension du camp du Larzac.
  • 1971 : manifestation d’environ quatre mille personnes dans les rues de Barbès pour dĂ©noncer le meurtre d'un AlgĂ©rien 15 jours plus tĂ´t, l’affaire « Djellali Ben Ali ». Peu avant le meurtre une pĂ©tition, signĂ©e par des concierges du quartier demandait une prĂ©sence policière accrue, un meilleur Ă©clairage public, et une action policière.
  • : tribune pour Barbès dans Le Monde de Jean-Paul Sartre, Michel Foucault, Gilles Deleuze, Jean Genet et Michel Drach.
  • : première manifestation publique menĂ©e par le MLF (première grande manifestation fĂ©ministe depuis 1936)[56].
  • : permanence juridique des intellectuels Ă  Barbès, les militants arabes proposent d'en faire une sorte de librairie-papeterie, mais les intellectuels voient venir la propagande pro-palestinienne.
  • : rĂ©volte Ă  la prison de Ă  Toul[25].
1972
  • : AndrĂ© Glucksmann signe l'article "Fascisme, l'ancien et le nouveau", truffĂ© de citations de Mao. Il lie les rĂ©voltes de prisonniers Ă  Toul et les Ă©vĂ©nements de Renault: "les usines deviennent la base d'appui de la guerre contre le nouveau fascisme"[25] - [57].
  • : des adolescents s’en prennent Ă  la vitrine d’un hĂ´tel du boulevard de la Chapelle.
  • : La direction de Renault-Billancourt licencie trois maoĂŻstes, Christian Riss, JosĂ© Duarte et Sadok Ben Mabrouk[25]. Ils entament une grève de la faim[25].
  • : des militants de la GP tractent dans l’usine Renault-Billancourt avec Jean-Paul Sartre et sont rapidement expulsĂ©s[25].
  • : dans Le Nouvel Observateur, Maurice Clavel proclame « RĂ©volution sexuelle piège Ă  cons » et dĂ©fend l’encyclique papal Humanæ Vitæ – condamnant l’avortement et la contraception –, non sans susciter l’approbation de nombreux lecteurs »[30].
  • : assassinat de Pierre Overney militant ouvrier maoĂŻste chez Renault. Christophe Schimmel[58], photographe Ă  l'Agence de Presse LibĂ©ration (APL), est sur les lieux et photographie toute la scène. Cinq des vingt sept photographies font le tour des rĂ©dactions.
  • : le journal tĂ©lĂ©visĂ© de la première chaĂ®ne française ouvre sur l’image de Tramoni pointant son arme sur Pierre Overney, recadrĂ©e de sorte qu'on voit le manche de pioche mais pas Pierre Overney le brandissant.
  • : Jean-Pierre Le Dantec organise les obsèques de Pierre Overney, 30 000 Ă  200 000 personnes selon les sources[25].
  • : la NRP (Nouvelle rĂ©sistance populaire), de la GP, dirigĂ©e par Olivier Rolin, kidnappe Robert Nogrette, chef-adjoint chargĂ© des relations sociales Ă  Billancourt. Il est libĂ©rĂ© le [25].
  • : Brigitte Dewèvre, 16 ans retrouvĂ©e morte, dĂ©but de l'Affaire de Bruay-en-Artois.
  • : Le juge Henri Pascal inculpe un notaire de Bruay-en-Artois, Pierre Leroy, du meurtre de Brigitte Dewevre.
  • : dĂ©cret d'application, très attendu, de la loi Neuwirth de 1967, crĂ©ation des centres de planifications et d’éducation familiale (CPEF), permettant aux mineurs un accès libre, gratuit et surtout anonyme Ă  tous les types de contraceptifs.
  • : La Cause du peuple prend violemment parti contre le notaire Pierre Leroy, et l'accuse sans aucune preuve[25], malgrĂ© l'inculpation.
  • : numĂ©ro hors-sĂ©rie des Temps modernes, rĂ©digĂ© par les dirigeants de la GP (Benny LĂ©vy et AndrĂ© Glucksmann), « Nouveau fascisme, nouvelle dĂ©mocratie ».
  • printemps 1972 : crĂ©ation du journal La Goutte d’Or, c’est son nom.
  • Juin : Le PSU, lors du ComitĂ© national Ă  Juvisy, exclut la tendance maoĂŻste Gauche rĂ©volutionnaire (GR)[25].
  • Nicolas Boulte, membre du ComitĂ© de lutte Renault, tabassĂ© par des maos qui l'avaient menacĂ© pour le dissuader de critiquer leurs mĂ©thodes[25].
  • Juin : CrĂ©ation du Mouvement des travailleurs arabes (MTA), dont l'organe est La Voix des travailleurs arabes. Le MTA est issu en partie des militants des CSRP.
  • : Programme commun de gouvernement entre le PS, le PCF et le MRG en France.
  • : dĂ©mission du Premier ministre Jacques Chaban-Delmas.
  • : Nicolas Boulte publie une brochure très critique, sous le pseudonyme de Baruch Zorobabel, Tentative de bilan du ComitĂ© de lutte Renault (supplĂ©ment no 120 de la revue conseilliste ICO).
  • : Fondation par Jean-Marie Le Pen du Front national (FN), issu de formations d'extrĂŞme droite telles qu'Ordre nouveau, ou Occident.
  • : grève de la faim contre deux expulsions Ă  la Goutte d’Or, des chrĂ©tiens de gauche les accueillent Ă  l’église Saint-Bernard.
  • : manifestation au square de La Chapelle, deux mille personnes.
  • : Pour dĂ©noncer son ordre d'expulsion, SaĂŻd Bouziri, leader du MTA et membre de la GP, entame une grève de la faim Ă  Barbès Ă  Paris. Grâce Ă  une forte mobilisation, l'arrĂŞtĂ© d'expulsion est annulĂ©.
  • octobre et : Gisèle Halimi dĂ©fend Ă  Bobigny une jeune fille ayant avortĂ© après un viol.
1973

L'année commence par une série de manifestations gauchiste importantes et violentes, les et . Voir Les affrontements en deux temps de janvier 1973.

1974
1975
1976
  • 3 mai : mise en liquidation de la fabrique d'horlogerie LIP Ă  Besançon
  • 5 mai : naissance du Front de libĂ©ration national de la Corse (FLNC).
  • printemps : Rouge devient quotidien. LibĂ©ration subit aussi la concurrence Ă  l'Ă©tĂ© du quinzomadaire amĂ©ricain The Paris Metro [60].
  • 22 septembre : plan Barre de lutte contre l'inflation.
  • dĂ©cembre : inflexion de LibĂ©ration : 1977 marque la brisure dĂ©finitive avec un certain gauchisme social, pour aller vers le sociĂ©tal [60].
1977

Bibliographie

  • LĂ©nine, La Maladie infantile du communisme (le « gauchisme ») (lire en ligne sur marxist.org)
  • Daniel Cohn-Bendit et Gabriel Cohn-Bendit, Le Gauchisme, remède Ă  la maladie sĂ©nile du communisme, Ă©ditions Seuil, Paris, 1968
  • Max Gallo, Gauchisme, rĂ©formisme et rĂ©volution, Ă©ditions Robert Lafont, 1968
  • Claude PrĂ©vost, Les Étudiants et le gauchisme, Éditions sociales, 1969.
  • Pierre Sorlin, LĂ©nine et le gauchisme, revue Ă©tudes, , pages 805 et suivantes Via Gallica.bnf.fr
  • Richard Gombin, Les Origines du gauchisme, Seuil, 1971.
  • Thierry Pfister, Le Gauchisme, publ. Filipacchi, 1972.
  • Abel Jeannière, « L'enjeu fondamental du nouveau combat social ou les causes cachĂ©es du gauchisme », Revue Études,‎ , p. 545-558 (lire en ligne, consultĂ© le ). Via Gallica
  • J.-M. Chauvier, « Gauchisme » et nouvelle gauche en Belgique, NumĂ©ros 600 Ă  603 de Courrier hebdomadaire du C.R.I.S.P, Centre de recherche et d'information socio-politiques, 1973[61] - [62].
  • Edvard Iakovlevitch Batalov, Marina VichnevskaĂŻa, et Nathalia Peressada, Philosophie de la rĂ©volte : Critique de l'idĂ©ologie du gauchisme, Éd. Du Progrès, 1976
  • ThĂ©odore Kaczynski, Manifeste de 1971 - l'Avenir de la sociĂ©tĂ© industrielle, Climats, 2010
  • Henri Rey, « Les anathèmes gauchistes contre le PCF et la CGT », Savoir/Agir, no 6,‎ , p. 23-28 (lire en ligne, consultĂ© le ). Via Cairn.info.
  • Philippe Buton, Histoire du gauchisme : l'hĂ©ritage de Mai 68, Paris, Perrin, 2021, 560 p. (ISBN 9782262032593).

Notes et références

  1. Ch Bellangé, Le Parti Républicain, Dentu, .
  2. Hermann Gorter (graphie moins usuelle du prénom du même auteur), Lettre ouverte au camarade Lénine.
  3. « Otto Rühle contre Lénine : le parti, un outil dépassé ? », europe-solidaire.org
  4. Otto RĂĽhle, LĂ©nine combat la Gauche allemande, p. 43. dans Fascisme brun, fascisme rouge, 1939, Ă©ditions Spartacus, 1975.
  5. Textes et circulaires dans le Cahier anarchiste américain (numéro 2), éditions Apatride, Montevideo, 1949
  6. Richard Gombin, Les Origines du gauchisme, Seuil, 1971.
  7. Yves Tavernier, « Compte rendu de Les origines du gauchisme, de Richard Gombin », Revue française de science politique, 1973, 23-2.
  8. Jean-Pierre Le Goff, Mai 68. L’héritage impossible, Paris, La Découverte, 1998, réédité en 2002 et 2006 (ISBN 2-7071-3654-9).
  9. Article « Les gauchismes » par Isabelle Sommier dans Mai-juin 68, sous la direction de Dominique Damamme, Boris Gobille, Frédérique Matonti et Bernard Pudal, éditions de l'Atelier/éditions ouvrières, 2008, p. 295 et suivantes.
  10. Rey 2008
  11. Lola Miesseroff, Voyage en outre gauche. Parole de francs-tireurs des années 68, éditions Libertalia, 2018.
  12. Paul Boulland, Nathalie Ethuin, Julian Mischi, Les disqualifications des gauchistes au sein du PCF, Enjeux sociologiques et stratégiques, Savoir/Agir, 2008/4 (no 6), p. 29-39
  13. « Le “gauchisme” hier et aujourd’hui », Cahiers du communisme, no 6, juin 1968
  14. « Autodissolution de l'organisation politico-militaire dite MIL », texte du MIL écrit au congrès de Toulouse en août 1973 et publié dans la revue CIA n° 2.
  15. Henri Arvon, Le gauchisme, coll. « Que sais-je ? », P.U.F., 1974, p. 38-40
  16. Jean-François Sirinelli, "Besançon Alain, Une génération, Hamon Hervé, Rotman Patrick, Génération, Les années de rêve" (compte-rendu), Vingtième Siècle, Année 1987, 16 p. 127-130
  17. Antoine Bourguilleau, "1968-1986: dix-huit ans d'ex-gauchisme dénoncés par Guy Hocquenghem", Slate, 9 mai 2018
  18. Hervé Hamon et Patrick Rotman,Génération, Éditions du Seuil, 1987.
  19. Jean-Pierre Le Goff, Du gauchisme culturel et de ses avatars, Le DĂ©bat, 2013/4 (no 176), p. 39-55
  20. "La lutte des Penarroya contre le plomb" par LAURE PITTI, HISTORIENNE ET MAÎTRE DE CONFÉRENCES À L'UNIVERSITÉ PARIS 8, en avril 2008
  21. "Grenoble : la grève NEYRPIC a mobilisé l'ensemble de l'opinion" par Pierre BELLEVILLE, dans Tribune socialiste le 27 avril 1963
  22. Émission de l'ORTF du 27 avril 1974, sur le site l'Institut national de l'audiovisuel [présentation en ligne].
  23. "Aux racines du FN. L’histoire du mouvement Ordre nouveau" par Nicolas Lebourg, Jonathan Preda, et Joseph Beauregard, Éditions de la Fondation Jean-Jaurès, 2014
  24. "La violence, un phénomène répandu à l’extrême droite comme à l’extrême gauche" par Laurent de Boissieu, dans La Croix du 10/06/2013
  25. Génération (enquête) sur le gauchisme, aux Éditions du Seuil de Hervé Hamon et Patrick Rotman
  26. Archives INA
  27. " Le mouvement homosexuel français face aux stratégies identitaires", par Yves ROUSSEL, dans la revue Les Temps Modernes, mai-juin 1995
  28. "Pro-choix, la revue du droit d choisir", automne 2002
  29. "Mai 68 et le Front homosexuel d’action révolutionnaire", revue Les Utopiques de 13 décembre 2018
  30. Jean Daniel, L’ère des ruptures, Paris, Grasset, 1979, p. 113.
  31. Bilan IGAS
  32. (Éditions du Seuil, page 266
  33. L'autre pensée 68: Contre-histoire de la philosophie, par Michel Onfray, Grasset 2018
  34. Le grand bazar: entretiens avec Michel Lévy, Jean-Marc Salmon, Maren Sell et Daniel Cohn-Bendit, Éditions Denoël, 1975
  35. Après un numéro 0 pilote titré Un Regard sur le monde. Épistolier (1978), p. 20.
  36. Anne-Claude Ambroise Rendu, « Un siècle de pédophilie dans les médias », Le temps des médias,‎ (lire en ligne, consulté le )
    note de bas de page numéro 26
  37. Nathalie Versieux, L’ombre de la Stasi sur les années de plomb, liberation.fr, 28 mai 2009
  38. Jean-Paul Étienne, La Gauche prolétarienne (1968-1973) : illégalisme révolutionnaire et justice populaire, Thèse de doctorat en Science politique sous la dir. de Jean-Marie Vincent, Université Paris-VIII, 2003, p. 45.
  39. Jacques Leclercq, Ultras-gauches : Autonomes, Ă©meutiers et insurrectionnels 1968-2013, L'Harmattan, 2013, page 11 et suivantes.
  40. Christophe Bourseiller, Les Maoïstes. La folle histoire des gardes rouges français, Éditions du Seuil, collection « Points – essais », 2008, p. 287.
  41. "Luttes de classes à Dunkerque : les morts, les mots, les appareils d'État" par Jean-Pierre Faye, FeniXX
  42. "Il était une fois Libé", par François Samuelson, Éditions Flammarion, 2007, p. 273.
  43. Verbatim dans Le Monde du 28 mai 1970
  44. écrite et enregistrée par Dominique Grange, jeune chanteuse maoïste et militante de la Gauche prolétarienne, établie en usine
  45. "The Wind From the East: French Intellectuals, the Cultural Revolution, and the Legacy of the 1960s" par Richard Wolin, aux Ă©ditions Princeton University Press, 2017, page 198
  46. "Les Années Mao en France: Avant, pendant et après mai 68" par François Hourmant
  47. Les années 68: le temps de la contestation par Antoine de Baecque aux Éditions Complexe, 2000
  48. "Les Maos ont inventé la médiatisation politique" PAR WILLIAM BOURTON, dans Le Soir du 27/02/2018
  49. Christophe Bourseiller, Les maoïstes, la folle histoire des gardes rouges français, page 274
  50. Biographie en ligne du "Dictionnaire Maitron"
  51. "Il était une fois Libé", par François Samuelson, Éditions Flammarion, 2007, p. 273
  52. "Le moment maoïste parfait de Sartre" par Richard Wolin et Michel Kail, dans L'Homme & la Société 2013
  53. "Les dangers du soleil", par Jean-Pierre Le Dantec, aux Éditions FeniXX
  54. L’année 70/71 à l’université de Caen
  55. (OCLC 473986075), Sudoc.
  56. 8 mars info
  57. Le fascisme aujourd'hui ne signifie plus la prise du ministère de l'intérieur par des groupes d'extrême droite, mais la prise de la France par le ministre de l'intérieur., André Glucksmann, Nouveau fascisme, nouvelle démocratie, Les Temps Modernes, 1972 blog.lemonde.fr
  58. Tombés pour les maos, Libération, 18 novembre 2008 liberation.fr
  59. « 28 mois de grève : quand les salariés du "Parisien libéré" tentaient de survivre dans le conflit », La Fabrique de l'histoire par Emmanuel Laurentin sur France Culture le 30/06/2015
  60. "Il était une fois Libé", par François Samuelson, Éditions Flammarion, 2007, page 270
  61. « Gauchisme » et nouvelle gauche en Belgique (I)
  62. « Gauchisme » et nouvelle gauche en Belgique (II)

Voir aussi

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