Herman Gorter
Herman Gorter, né le à Wormerveer et mort le à Bruxelles, est un poète et militant communiste néerlandais. Il joua un rôle important dans les premières années du mouvement communiste aux Pays-Bas et en Allemagne, s'illustrant ensuite dans la mouvance du communisme de conseils, opposée aux conceptions léninistes.
Naissance |
Wormerveer |
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Décès |
Bruxelles |
Activité principale |
poète et militant communiste |
Langue d’écriture | néerlandais |
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Activités littéraires
Il participe au mouvement de la renaissance néerlandaise des années 1880[1]. Il publie en 1889 un poème de 4000 vers, Mai. Ses écrits sont loués par la revue De Nieuwe Gids.
Quand Gorter se mit à lire « Mai » en public après en avoir terminé la composition, ses auditeurs furent frappés par le style très osé pour l’époque. C’était en 1889, le poète avait vingt-cinq ans et il fut accueilli à bras ouverts par les chefs de file du « Mouvement de quatre-vingts », par l’avant-garde artistique et littéraire de son temps. Des poètes et des écrivains dont la réputation était déjà bien établie, Willem Kloos, Albert Verwey et Frederik van Eeden le reçurent chez eux pour des lectures privées. Le peintre Van Looy organisa des réunions dans son atelier, où pendant trois soirées l’on écouta le jeune homme lire son œuvre. Plus tard le peintre écrivit : « Ce qui m’a le plus frappé, c’est que le poète de Mai lisait ses vers limpides presque comme si c’était de la prose. »
Dans l’année qui suivit la publication de « Mai », en 1890, Gorter publia un recueil intitulé simplement « Vers ». (Entre-temps il s’était marié et il était devenu professeur de latin-grec dans un lycée.) Dans « Vers » il explore plus avant la voie du sensitivisme inaugurée dans sa première œuvre. Dans ces courts poèmes Gorter essaie de décrire de manière très simple les sensations les plus intimes qu’un être humain puisse ressentir ou percevoir avec ses sens. Renonçant aux métaphores et même à toute figure de style, il veut exprimer le plus directement possible les nuances les plus subtiles de ses sentiments. Il essaie même de dire comment il est parfois impossible de formuler exactement ce que l’on ressent. Comme exemple de cette phase sensitiviste, voici un poème sans titre tiré de « Vers », qui est devenu le poème d’amour le plus connu de toute la littérature néerlandaise :
- Tu vois je t’aime,
- je te trouve si gentille et si claire —
- tes yeux sont pleins de lumière,
- je t’aime, je t’aime.
- Et ton nez et ta bouche et tes cheveux
- et tes yeux et ton cou lĂ oĂą
- se trouve ta collerette et ton oreille
- avec tes cheveux devant.
- Tu vois je voudrais ĂŞtre
- toi, mais ça ne va pas,
- la lumière t’entoure, tu es
- quand mĂŞme toujours ce que tu es.
- Oh oui, je t’aime,
- je t’aime terriblement,
- je voulais le dire complètement —
- mais je ne peux pas le dire quand mĂŞme.
Activités politiques
Il milite à l'aile gauche de la Deuxième Internationale. En 1914, opposant résolu à la guerre mondiale, il est expulsé de Hollande et part vivre et militer en Allemagne, où il est proche du spartakisme, adhère au Parti communiste d'Allemagne (KPD), puis, à sa scission, au KAPD (Parti communiste ouvrier d'Allemagne).
Prophétique quant à l'évolution de l'Internationale communiste, il écrit dans son texte « Lettre ouverte au camarade Lénine », en 1920 : « l'opportunisme n'a pas été tué ; pas même chez nous. C'est ce que nous constatons déjà dans tous les partis communistes, dans tous les pays » ; « L'usage s'établira à nouveau de mauvais compromis parlementaires avec les social-patriotes et les bourgeois » ; « La liberté de parole sera supprimée et de bons communistes seront exclus ». Ces prédictions seront en effet largement vérifiées.
Anticipant l'éventualité de l'exclusion de l'aile gauche dont il fait partie, et le triomphe de la droite opportuniste, il écrit : « Lorsque l'opportunisme s'introduit de nouveau avec ses suites désastreuses pour la conscience et la force du prolétariat, c'est là un danger mille fois pire que lorsque la gauche se montre trop radicale. La gauche, même quand elle va trop loin pour une fois, reste toujours révolutionnaire » ; « La droite opportuniste est vouée à devenir de plus en plus opportuniste, à s'enfoncer de plus en plus dans le marais, et à causer toujours davantage la perte des ouvriers. L'opportunisme est la perte du mouvement ouvrier, la mort de la révolution. C'est à cause de l'opportunisme qu'est survenu tout le mal : le réformisme, la guerre, la défaite et la mort de la révolution en Hongrie et en Allemagne. L'opportunisme est la cause de notre anéantissement. Et il est présent dans la troisième Internationale... ». Cette vision, qui semble très pessimiste en 1921, prend tout son sens au regard de l'émergence du stalinisme, qui commença son histoire sanglante peu après.
Enfin, face à la résolution prise par le IIe congrès de l'Internationale, qui exige « une discipline de fer confinant à la discipline militaire », Gorter rejette « la discipline de fer, l'obéissance militaire, la servitude de cadavre dont nous ne voulons pas ». Par rapport au syndicalisme, il précise : « Comme la "gauche" veut en premier lieu la libération des esprits, et qu'elle croit à l'unité des bourgeois, elle reconnait que les syndicats doivent être détruits et que le prolétariat a besoin de meilleures armes ». En 1921 il est parmi les fondateurs du Parti communiste ouvrier d'Allemagne : KAPD, puis il rejoint sa Fraction d'Essen et devient un des leaders de l'Internationale Communiste ouvrière (KAI). Sa « Réponse à Lénine » sera publiée en France en 1930 par les Groupes ouvriers communistes.
Le KAPD sera exclu peu après de l'Internationale.
Gorter est aujourd'hui une référence du communisme de conseils.
Ĺ’uvres
- H. Gorter, L'internationale Ouvrière Communiste, (1923), in Invariance, année VII, série II, no 5
- H. Gorter, RĂ©ponse Ă LĂ©nine, Lettre ouverte au camarade LĂ©nine, (1920), Ă©ditions Spartacus, 1979
Liens externes
Notes et références
- « Herman Gorter / Dutch poet », sur Encyclopedia Britannica (consulté le ).