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André Glucksmann

André Glucksmann, né le à Boulogne-Billancourt (Seine-et-Oise) et mort le à Paris 10e, est un philosophe et essayiste français proche de l'extrême gauche au début de sa carrière, devenant néolibéral à la fin.

André Glucksmann
André Glucksmann en 2012.
Naissance
Décès
Nationalité
Formation
Ĺ’uvres principales
Discours de la guerre
La Cuisinière et le mangeur d’hommes
Les Maîtres penseurs
Silence on tue
Enfant
Distinction

En effet, engagé dans sa jeunesse dans le maoïsme, il est ensuite associé au courant dit des « nouveaux philosophes » et évolue progressivement vers une position atlantiste et néolibérale.

Biographie

Histoire familiale et enfance

Joseph André Glucksmann naît le à Boulogne-Billancourt[1], dans une famille juive ashkénaze. Sa mère, Martha Bass (1903-1973) est née à Prague, dans ce qui était alors l'Empire austro-hongrois. Son père, Rubin Glucksmann (1889-1940), originaire de Czernowitz, au nord de la Bucovine, région jadis roumaine (actuellement en Ukraine), a combattu pendant la Première Guerre mondiale dans l'armée austro-hongroise. Militants sionistes de gauche, ils choisissent, indépendamment l'un de l'autre, d'émigrer en Palestine mandataire au cours des années 1920[2]. Martha travaille un temps dans un kibboutz, qu'elle quitte désabusée[3] pour revenir à Jérusalem, où elle trouve un emploi de cuisinière. C'est alors qu'elle rencontre celui qui deviendra son époux[4], qui travaille comme ouvrier à la construction de routes. Déçus par le sionisme, les deux jeunes gens adhèrent en 1923 au Parti communiste palestinien[5]. Leurs filles Eliza et Miriam naissent à Jérusalem en 1924 et 1928. Vers la fin de la décennie, Rubin est recruté par les services secrets soviétiques, et dès 1930, sur ordre du Komintern, le couple quitte la Palestine pour s'installer à Hambourg, d'où Rubin, devenu officiellement agent d'assurance, peut effectuer de nombreux voyages en Europe centrale et en Union soviétique[6]. Sa situation devient dangereuse après la prise du pouvoir par les nazis en 1933. En 1935, apprenant qu'ils sont recherchés par la Gestapo, les Glucksmann s'enfuient en France et s'installent à Boulogne-Billancourt[7]. Rubin est à présent employé par la Wostwag, une société écran du Komintern, dont l'une des activités principales est de fournir du matériel aux Républicains espagnols[7].

Le , Martha met au monde un garçon, que ses parents prĂ©nomment AndrĂ© Joseph, en hommage Ă  Etkar Josef AndrĂ©, cadre dirigeant d'origine juive du Parti communiste d'Allemagne (KPD), dĂ©capitĂ© quelques mois plus tĂ´t Ă  Hambourg et dont le nom vient d'ĂŞtre donnĂ© au troisième bataillon des Brigades internationales en Espagne[8] - [9]. Peu après cette naissance, Rubin part travailler Ă  Londres, tandis que Martha reste en France pour permettre Ă  leurs filles d'y poursuivre leur parcours scolaire. L'historien Sebastian Voigt dĂ©crit la fonction de Rubin Ă  Londres comme revĂŞtant une grande importance pour l'Union soviĂ©tique[10]. Dès le dĂ©but de la Seconde Guerre mondiale, Rubin est arrĂŞtĂ© et internĂ© comme beaucoup d'autres immigrants par les autoritĂ©s britanniques[11]. Il meurt le dans le naufrage du SS Arandora Star, qui l'emmenait au Canada pour y ĂŞtre internĂ© comme « agent ennemi ». Après l'invasion de la France par l'armĂ©e allemande et l'occupation de la zone nord, Martha Glucksmann gagne la zone libre avec ses trois enfants et rejoint la RĂ©sistance[10]. En 1941, la famille est internĂ©e dans le camp militaire de Bourg-Lastic, près de Clermont-Ferrand, d'oĂą elle doit ĂŞtre dĂ©portĂ©e en Allemagne ; mais Martha, pressentant le drame, suscite la rĂ©bellion dans le camp, si bien que les autoritĂ©s prĂ©fèrent la libĂ©rer avec ses enfants pour Ă©viter la contagion par le mouvement[12]. Après la guerre, elle se remarie avec Paul Kessler, un cadre du Parti communiste autrichien, et restera jusqu'Ă  sa mort en 1973 Ă©troitement liĂ©e au Parti communiste[13].

Les années d'études et d'enseignement

Le jeune André, qui a choisi de rester en France, suit des études secondaires au lycée scientifique et technologique La Martinière à Lyon. Dès 1950, en falsifiant son âge, il adhère à l'Union de la jeunesse républicaine de France[14] - [15]. Au cours des années suivantes, il y côtoiera Raymond Bellour, Jean-Jacques Brochier et Georges Valero. Élève d'hypokhâgne puis de khâgne au lycée du Parc, il participe, avec d'autres lycéens et étudiants lyonnais, à la rédaction du journal Partis pris, dans lequel il publie des poèmes[16]. En 1956, il milite à l'Union des étudiants communistes (UEC), qui vient d'être créée. Il y défend, au nom du cercle des élèves communistes des classes préparatoires du lycée Henri IV, une position « dissidente », demandant que l'UEC soit indépendante du parti et ne s’aligne pas nécessairement et par principe sur ses positions. Quelques mois plus tard, il en sera exclu, pour avoir refusé de vendre L'Humanité après la répression de l'insurrection de Budapest[17].

Entré à l’École normale supérieure de Saint-Cloud en 1957, il y rencontre Christine Lecocq-Buci, qu'il épouse le . Ils divorceront officiellement en . En André épousera Françoise Villette[18], avec laquelle il a un fils, Raphaël.

Reçu à l'agrégation de philosophie en 1961, il est nommé professeur au lycée de jeunes filles Juliette Récamier, à Lyon[19], où il enseignera quelques années.

En , il achève un essai sur le western, qui paraîtra deux ans plus tard sous le titre « Les aventures de la tragédie » dans Le Western. Approches, mythologies, auteurs, acteurs, filmographies, recueil publié sous la direction de son camarade Raymond Bellour dans la collection 10/18.

En 1966, il entre comme attaché de recherches au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Au cours des deux années suivantes, il suivra de manière plus ou moins régulière les séminaires de Jacques Lacan et de Raymond Aron.

Dans le numéro de des Temps modernes, il publie, sous le titre « Un structuralisme ventriloque », une analyse très critique des travaux de Louis Althusser sur Marx.

En décembre de la même année, alors qu'il est assistant de Raymond Aron à la Sorbonne, il publie aux éditions de L'Herne Le Discours de la Guerre, « mélange de philosophie, de stratégie militaire, de dissuasion nucléaire et de théorie des jeux », selon la description qu'il en donnera vingt ans plus tard. L'auteur, encore inconnu, est « adoubé » par Jacques Lacan au cours de son séminaire du [20]. Le livre, tiré à peu d'exemplaires[21], fait en outre l'objet d'une recension très élogieuse dans Le Monde du suivant sous la plume d'André Fontaine, chef du service de politique étrangère. Il sera réédité en 1974 dans la collection 10/18 avec une préface de Jeannette Colombel.

L'engagement maoĂŻste de 1968 Ă  1974

Militant maoïste entre 1968 et 1974, et ardent défenseur de la Révolution culturelle chinoise, il s'oppose physiquement aux militants du Parti communiste français, qu'il qualifie de révisionnistes bourgeois, au sein du mouvement de la Gauche prolétarienne (GP), rejointe début 1969, laquelle, au témoignage d'un ancien étudiant syndiqué non communiste de l'UNEF, « se faisait une spécialité d’injurier, voire de molester les militants de la CGT et de l’Union des étudiants communistes (UEC) »[22].

Mai-juin 1968

En , André Glucksmann a trente ans. Les événements qui vont marquer ce printemps, il les suit, au moins dans un premier temps, avec un certain détachement, comme il l'expliquera plus tard à son fils, étonné de l'entendre dire qu'il a « croisé Mai 68 par amour » (pour Françoise Villette-Renberg) et non « pour la révolution » :

« La lutte finale ? Je pensais avoir donnĂ© adolescent. Comme en tĂ©moignait mon honorable exclusion des rangs communistes en 1956 […] Mai 68. Depuis quelques jours, les Ă©tudiants jouent aux gendarmes et aux voleurs dans les rues de Paris, je les regarde s'Ă©brouer de loin. VoilĂ  quelques annĂ©es, j'ai quittĂ© leur cour de rĂ©crĂ©ation. Mon premier livre, Le Discours de la guerre, vient de sortir. […] Les mathĂ©maticiens du CNRS et les gĂ©nĂ©raux de l'École de guerre apprĂ©cient. Je m'engueule, courtoisement, avec Raymond Aron sur les prouesses de son ami McNamara au Vietnam. Je bois des coups avec Barthes et Lacan m'adoube. Althusser m'offre d'expliquer « mon Â» Hegel Ă  son sĂ©minaire. Une brillante carrière universitaire s'annonce. J'ai les cheveux ni trop longs ni trop courts, je m'habille chez Lassance, le jour des soldes, et la rĂ©volution m'ennuie. Mais rien n'est jamais acquis et le coup de foudre ne se dĂ©crète pas. […] Une SalomĂ©e en Levis et tee-shirt me tire par la main. Elle dit : « Tu viens ou pas ? Â», insiste : « Si c'est non, c'est fini. Â» Je la suis[23]. »

Dans les semaines qui suivent, il collabore, de manière anonyme, à la rédaction du journal Action, que le journaliste Jean Schalit, ex-dirigeant exclu de l'Union des étudiants communistes (UEC) a créé dès le début de mai, avec Jean-Claude Dollé et Jean-Marcel Bouguereau, et dont le premier numéro, sorti le , lançait un appel à la grève générale et à l'insurrection[24].

Au mois de juillet, il fait paraître chez Christian Bourgois un essai intitulé Stratégie et révolution en France 1968, dans lequel il soutient que jamais depuis un siècle un mouvement n'avait ressemblé d'aussi près à celui que Marx avait en tête en 1848[25] - [26]. À l'instar d'Alain Krivine, qui dénonce « la trahison du PCF et du PS »[27], il explique l'échec du mouvement par l'absence d’une force organisée[28].

Ă€ l'automne 1968, parmi les Ă©tudiants qui avaient Ă©rigĂ© en juin une barricade devant l'usine Renault de Flins[29] - [30], un groupe menĂ© par Guy Hocquenghem rompt avec le courant majoritaire de la Ligue communiste rĂ©volutionnaire d'Henri Weber et Daniel BensaĂŻd, les deux auteurs de Mai 68, une rĂ©pĂ©tition gĂ©nĂ©rale[31] - [32], pour former plutĂ´t une « 3e tendance Â»[33] : ils sont aussi contre celle des « esthètes de la rĂ©volution », visant en particulier les frères Daniel et Gabriel Cohn-Bendit[33], et pour « la rigueur organisationnelle fondĂ©e sur l’autodiscipline et l’exigence militante »[33]. Cette tendance groupe « spontanĂ©iste et mouvementiste »[34] inclut aussi Marc Hatzfeld, Michel Besmond, AndrĂ© Glucksmann[34] et surtout sa compagne Françoise Renberg, qui s'oppose vigoureusement[32] au projet d'adhĂ©rer Ă  la Quatrième Internationale trotskyste[31].

Avec Michel Andrieu, Renan Pollès, Patrick Meunier et Jacques Kebadian, Françoise Renberg-Villette fait partie des étudiants de l'IDHEC qui ont filmé la Grève des mineurs français de 1963[35] puis confié les rushes à la CGT locale sans jamais les revoir[35]. Devenu Atelier de Recherche Cinématographique ce groupe a tourné quatre films avant et pendant Mai 68[35], au moment où Jeannette Colombel, la mère de Françoise, quitte le PCF[36]. Avec Serge July et Michel Fontaine[36] et se dit « gauchiste », pas « maoïste »[36]. Françoise Renberg codirigera à partir de 1970 avec André Glucksmann le journal J'accuse, couplé à La Cause du peuple[37].

La Gauche prolĂ©tarienne est fondĂ©e en [38], après cinq mois de discussion, par Benny LĂ©vy, Robert Linhart[38], ex-leader de l'UJCMLF (scission maoĂŻste de l'UEC en 1967), Serge July et Alain Geismar, deux militants de Mai 68 partis passer l'Ă©tĂ© Ă  Cuba, oĂą ils ont Ă©crit le livre Vers la guerre civile[38] - [39]. Déçue de l'Ă©chec de Mai 68, cette GP a rĂ©uni en janvier une « assemblĂ©e nationale ouvrière Â»[40] avec des « Ă©tablis Â» maoĂŻstes en entreprise, pour remplacer la ligne de « construction d'une CGT de lutte de classe Â» du PCMLF, qui militait Ă  la CGT[40] par un « combat contre les syndicats Â» en fondant des « comitĂ©s de base Â».

Les cercles parisiens de cette « 3e tendance Â» sont dissous et les militants exclus de la JCR lors d’une assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale Ă  l’École de mĂ©decine au dĂ©but de 1969[33], sauf Marc Hatzfeld et Françoise Renberg-Villette[31], qui participeront au congrès de fondation de la Ligue communiste Ă  Manheim du 5 au [31]. Certains rejoindront la Gauche prolĂ©tarienne et d'autres comme Guy Hocquenghem aller Ă©crire dans Tout ![31], journal de Vive la rĂ©volution, dirigĂ© par Roland Castro et Tiennot Grumbach[31] puis crĂ©er le Front homosexuel d'action rĂ©volutionnaire (FHAR).

De la Sorbonne à l'université de Vincennes

Dès , Ă  la Sorbonne, une assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale est pilotĂ©e par un « comitĂ© d'action Â», menĂ© par Jean-Marc Salmon et AndrĂ© Glucksmann[41], dans le sillage du numĂ©ro de novembre du journal Action[41], pour dĂ©noncer les conditions de recrutement du Centre universitaire de Vincennes qui doit ouvrir dans deux mois sur un ancien terrain militaire[41]. Au moment des violences de Ă  Vincennes, Glucksmann et son ami Jean-Marc Salmon crĂ©ent le premier de ces « comitĂ©s de base Â» au Centre universitaire de Vincennes.

AndrĂ© Glucksmann y enseigne « l'Écriture politique Â»[42] tandis que sa belle-mère Jeannette Colombel, recrutĂ©e par Michel Foucault lors d'un jury de thèse de Gilles Deleuze, professe sur Nihilisme et contestation[42]. Ce « comitĂ© de base Â» permet de dĂ©border les fondateurs locaux de la Gauche prolĂ©tarienne[43], des spĂ©cialistes de l'auteur Jacques Lacan comme Jean-Claude Milner et GĂ©rard Miller[43]. Un après-midi, il mène l'assaut d'une cinquantaine de militants dans le cours d'Henri Weber, maitre assistant en philosophie et dirigeant d'un groupe gauchiste rival[43], intitulĂ© Ă€ quoi pense Mao ? car consacrĂ© aux relations sino-soviĂ©tiques de 1928[32]. Les maoĂŻstes de Vincennes « mimaient la guerre prolongĂ©e du peuple Â» contre la police, le conseil d'UniversitĂ© et la police, se souvient Henri Weber[32].

Parmi les autres actions du trio constituĂ© de Jean-Marc Salmon, AndrĂ© Glucksmann, et Jean Paul DollĂ©, l'humiliation d'un Ă©tudiant d'extrĂŞme-droite entièrement dĂ©shabillĂ© et recouvert de ketchup[44], ce qui amène AndrĂ© Gisselbrecht, maitre-assistant Ă  Vincennes dès son ouverture en 1969 et qui y terminera sa carrière comme maĂ®tre de confĂ©rences, Ă  les traiter de « gauchistes-fascistes Â» dans L'HumanitĂ©[45] et Ă  ĂŞtre en retour interdit de sĂ©jour dans les assemblĂ©es gĂ©nĂ©rales.

Le comité de base est violennement opposé aux élections: les urnes sont jetées dans un bassin vide lors des élections universitaires[46] et une semaine plus tard c'est un jeune reporter d'Europe 1, Ivan Levaï, qui y est précipité à son tour[47] - [48].

Les publications de 1969

En juin 1969 aussi, AndrĂ© Glucksmann publie au Centre universitaire de Vincennes la revue RĂ©volution culturelle, avec Jean-Paul DollĂ© et Jean-Michel GĂ©rassi[49]. Le seul numĂ©ro sorti est « fondĂ© sur un malentendu Â» entre ceux, menĂ©s par Glucksmann, qui donnent au titre le sens de « rĂ©volution politique Â» dans « la mouvance de ce qui se passait en Chine Â», et ceux pour qui « c'Ă©tait rĂ©volutionner soi-mĂŞme Â», se souvient GĂ©rassi, qui au mois d'octobre suivant publie avec Guy Hocquenghem un supplĂ©ment Ă  la revue titrĂ© Faire la RĂ©volution, puis en un supplĂ©ment au journal Le Paria, titrĂ© Changer la vie, Faire la rĂ©volution, que Guy Hocquenghem republiera dans L'Après-mai des faunes[50]. Moins d'un an plus tard, dans une lettre manuscrite de , Sartre donne Ă  John « Tito » Gerassi, l’assurance de l'exclusivitĂ© pour des Entretiens en vue de publier sa biographie[51].

Au même moment, la future belle-mère d'André Glucksmann, Jeannette Colombel[52], ira chercher son ami Jean-Paul Sartre pour créer le Secours rouge (France) et soutenir le lancement du mensuel J'accuse, confié en à sa fille Françoise Villette, à André Glucksmann et au leader maoïste Robert Linhart.

Les entraînements au combat avec Jean-Marc Salmon

Des rapports des Renseignements gĂ©nĂ©raux des 6 et 7 tĂ©moignent de l'activisme d'AndrĂ© Glucksman Ă  la fin des annĂ©es 1960, en indiquant que « le groupe de la Gauche prolĂ©tarienne vient d’entreposer un stock important de grenades fumigènes dans un local du bâtiment C de la facultĂ©. Afin de juger de la puissance et des effets de ces engins, Jean-Marc Salmon et AndrĂ© Glucksman ont procĂ©dĂ© […] vers 14 h 30 Ă  une première expĂ©rience […] et fait exploser trois grenades dans un terrain vague situĂ© derrière le restaurant nord du centre universitaire Â»[53]. Ils « estiment que ces armes pourront leur ĂŞtre d’une grande utilitĂ© lors d’éventuelles manifestations violentes Â». Le lendemain, un autre rapport prĂ©cise que « des militants d’obĂ©dience maoĂŻste s’entraĂ®nent rĂ©gulièrement Ă  la technique du combat de rue Ă  l’aide de longs bâtons dans la salle d’éducation physique du centre universitaire expĂ©rimental de Vincennes Â»[53].

La direction du journal J'accuse, lancé en janvier 1971

Le , alors qu'Alain Geismar est emprisonné, André Glucksmann prend la direction du nouveau journal J'accuse (mensuel), conçu pour accompagner la relance du Secours rouge par Jeannette Colombel, avec le soutien de Jean-Paul Sartre. Glucksmann le codirige avec sa compagne Françoise Renberg et Robert Linhart, apprécié par les lecteurs, mais affaibli par son service militaire dans les commandos de marine[54]. Le journal devient, le , J'accuse (mensuel)-La Cause du peuple, au moment de la série d'escarmouches chez Renault qui mèneront à la mort de Pierre Overney en [38]. Cette fusion provoque le départ de Guy Lardreau et Marin Karmitz, les artistes déplorant l'influence des maoïstes.

Dans un article de mai 1972 dans la revue Les Temps modernes, AndrĂ© Glucksmann qualifie la France de « dictature fasciste Â»[55]. Au mĂŞme moment sort le numĂ©ro du de J'accuse (mensuel) sur l'affaire de Bruay-en-Artois, très Ă©loignĂ© de la prudence de la presse rĂ©gionale[56]. Jacques Theureau sera quinze ans plus tard accusĂ© de s'en ĂŞtre occupĂ© avec Serge July, qui couvrait aussi l'affaire dans son journal nordiste Pirate[56], et François Ewald, professeur de philosophie au lycĂ©e de la ville[56]. En colère, Sartre exige un article prenant ses distances avec le prĂ©cĂ©dent, titrĂ© « tribunal populaire ou lynchage ? » d'un innocent[38], publiĂ© dans le numĂ©ro suivant, aux cĂ´tĂ©s de la rĂ©ponse signĂ©e La Cause du Peuple[57]. MalgrĂ© ce dĂ©rapage, La Cause du peuple continue de couvrir l'affaire sur un mode « encore plus brutal, plus accusateur Â»[58], avec un photomontage et une plaque commĂ©morative disant que la victime a « Ă©tĂ© assassinĂ©e par la bourgeoisie de Bruay Â», et en prĂ©sentant les violences verbales sur place comme spontanĂ©es, nĂ©es de la « volontĂ© du peuple »[56].

La rupture avec l'extrĂŞme-gauche et le marxisme

Le , André Glucksmann, auquel son ami Maurice Clavel a fait découvrir depuis peu Alexandre Soljénitsyne et son Archipel du Goulag, publie dans Le Nouvel Observateur un article titré : « Le marxisme rend sourd ». Le suivant, dans une émission littéraire de l'ORTF, il apostrophera violemment Francis Cohen, ex-correspondant de L'Humanité à Moscou, qui lui décrit la déstalinisation opérée en 1956 par Nikita Khrouchtchev sans consulter Mao Tsé-Toung[59]. Il évoque alors L'Archipel du Goulag.

En 1975, il fait paraĂ®tre La Cuisinière et le mangeur d'hommes, dans lequel il Ă©tablit un parallèle entre le nazisme et le communisme et qui se vend Ă  20 000 exemplaires en un an, incitant deux autres leaders de la Gauche prolĂ©tarienne, Christian Jambet et Guy Lardreau Ă  publier Ă  leur tour L'Ange. Ontologie de la rĂ©volution, Ă©coulĂ© Ă  15 000 exemplaires en 1976[60].

Dans les premières pages du livre, l'auteur évoque sa rencontre avec les parents de Pierre Overney, mais sans exprimer de regret concernant la situation qui a mené à sa mort[61].

AndrĂ© Glucksmann a situĂ© sa rencontre avec le leader gauchiste allemand Joschka Fischer[62], colocataire Ă  Francfort de son ami proche Daniel Cohn-Bendit, « après l'auto-dissolution Â» de la Gauche prolĂ©tarienne, le . Mais il a aussi Ă©voquĂ© la date de « probablement en 1972 Â»[63], tandis que Daniel Cohn-Bendit a Ă©voquĂ© ses visites frĂ©quentes. Le rĂ©cit de cette rencontre « pour discuter des gauches françaises et allemandes Â» sera rĂ©Ă©ditĂ© par Die Zeit en 1986 et traduit par Telos, revue de la Nouvelle gauche amĂ©ricaine[64]. AndrĂ© Glucksmann a gardĂ© un souvenir enthousiaste de Fischer et reviendra Ă  Francfort en 1977, l'annĂ©e oĂą il va aider Ă  se cacher en France l'ex-terroriste repenti Hans-Joachim Klein[38] - [65], avec l'aide d'Olivier Rolin et Jacques RĂ©my . Klein sera extradĂ© en 1998 et condamnĂ© Ă  9 ans de prison en Allemagne.

Avec les « nouveaux philosophes »

AndrĂ© Glucksmann rompt avec le marxisme lorsqu'il devient le pilier des nouveaux philosophes en publiant Les MaĂ®tres penseurs le puis en militant en faveur des dissidents soviĂ©tiques et des opposants des États satellites de l'URSS. Le , l'Ă©mission littĂ©raire de Bernard Pivot est consacrĂ©e Ă  ces « nouveaux philosophes », avec un thème polĂ©mique : « Les nouveaux philosophes sont-ils de droite ou de gauche ? » Le mouvement s'est fait connaĂ®tre quelques mois plus tĂ´t, lorsque Bernard-Henri LĂ©vy, 28 ans, l'incarne dans Les Nouvelles littĂ©raires[66]. « Les nouveaux philosophes : coup de poker, un coup de marketing intellectuel, ou est-ce au contraire une sorte de rĂ©volution culturelle spontanĂ©e ; est-ce de la poudre aux yeux, ou bien une approche intelligente, originale, de la vĂ©ritĂ© ? », prĂ©sente Bernard Pivot, selon qui l'Ă©mission fit couler beaucoup d'encre et rendra dĂ©finitivement cĂ©lèbres BHL et Glucksmann[66]. Xavier Delcourt et François Aubral, auteurs d'un essai Contre la nouvelle philosophie, le jugent plus ouvert au dialogue que Bernard-Henri LĂ©vy. AndrĂ© Glucksmann appela aussi bien les deux auteurs que son ami Bernard-Henri Levy Ă  arrĂŞter la spirale des invectives. Ă€ ce dernier il dit ainsi : « toi aussi Bernard-Henri Levy, tu en as un peu trop fait ».

Ses livres suscitent la critique de certains intellectuels de gauche, notamment dans la revue Actes de la recherche en sciences sociales que dirige Pierre Bourdieu. Dans une longue note critique consacrée à La Cuisinière et le mangeur d'hommes, le sociologue Claude Grignon dénonce par exemple le discours « sans queue ni tête » et les « faux paradoxes » d'un « révolutionnaire conservateur », qui « met l'est à la place de l'ouest, la gauche à la place de la droite, la droite à la gauche de la gauche […], transforme les révolutions victorieuses en révolutions manquées et les révolutions manquées (la Commune) en révolutions réussies »[67].

Un bateau pour le ViĂŞt Nam

Boat-people vietnamiens en 1984.

Intervenant quelques heures avant la prise de Saïgon par les maquisards du Front national de libération du Sud Viêt-Nam, le retrait des dernières troupes américaines de l'ambassade des États-Unis en 1975 marque la fin de la guerre. Le Viêt Nam réunifié en 1976 sous l'appellation de République socialiste décline le système à parti unique du nord sur l'ensemble du pays, provoquant le départ clandestin de centaines de milliers de Vietnamiens. En , André Glucksmann, Jean-Paul Sartre et Raymond Aron prennent l’initiative de lancer une opération de sauvetage, « Un bateau pour le Vietnam », en faveur de ceux qui fuient ce pays à bord de bateaux de fortune, les boat-people. La réunion des deux anciens camarades d'études longtemps ennemis en politique sera immortalisée sur un cliché pris le sur le perron de l'Élysée par le photographe Richard Melloul[68] - [69]. Invité de l'émission Apostrophes, après la mort de Jean-Paul Sartre, survenue le , l'anticolonialiste viscéral qu'est resté Glucksmann compare les combats du philosophe contre la guerre d'Algérie à ceux de Soljenitsyne pour les libertés en URSS[70].

Le soutien à Marie-France Garaud et le rejet d'une pétition contre les Sandinistes du Nicaragua

Lors de l'élection présidentielle de 1981, André Glucksmann et Bernard Kouchner apportent leur soutien à la candidature de Marie-France Garaud[71], ex-influente conseillère du président Georges Pompidou, qui dispute les voix gaullistes à Jacques Chirac, finalement éliminé dès le 1er tour.

En 1985, alors qu'un certain nombre d'intellectuels et responsables politiques français, parmi lesquels Jean-François Revel, Olivier Todd, , Emmanuel Le Roy Ladurie, Pierre Daix, Alain Besançon, Pierre Rigoulot, Bernard Stasi, Jacques Chaban-Delmas, Jacques et Claudie Broyelle ainsi que Bernard-Henri LĂ©vy, apportent leurs signatures Ă  une pĂ©tition appelant Ronald Reagan Ă  persĂ©vĂ©rer dans son soutien au Contras du Nicaragua, AndrĂ© Glucksmann exprime son dĂ©saccord dans l'Ă©mission Droit de rĂ©ponse, considĂ©rant le texte comme « vieillot », trop « guerre froide », ne tenant pas compte du fait que « les AmĂ©ricains ont soutenu pendant 50 ans une dictature ». Il rapporte aussi que Yves Montand et Simone Signoret partagent son point de vue, assez proche sur l'AmĂ©rique centrale des dĂ©mocrates chrĂ©tiens, et que Bernard-Henri LĂ©vy souhaite retirer sa signature. Ce qu'il fera aux cĂ´tĂ©s de Pierre Daix.

La chute du mur de Berlin et Sarajevo

Pendant les années 1980, il publie d'autres ouvrages, et en 1989, il couvre pour plusieurs organes de presse la chute du Mur de Berlin. Il défend alors un atlantisme fondé sur l'antitotalitarisme et la promotion des droits de l'homme, notamment lors du conflit contre l'Irak (2003) au nom de la nécessité de renverser le président irakien Saddam Hussein[72] - [73].

Aux élections européennes de 1994, il figure sur la liste L'Europe commence à Sarajevo présentée par Bernard-Henri Lévy dans l'émission politique télévisée L'Heure de vérité[74] - [75]. La liste obtient 1,57 % des suffrages exprimés.

En 1995, André Glucksmann soutient la reprise des essais nucléaires décidée par Jacques Chirac. Quatre ans plus tard, il soutient, avec Bernard-Henri Lévy, l'intervention de l'OTAN en Serbie.

Il est également connu pour son soutien à la cause indépendantiste tchétchène, notamment lors de la Seconde guerre de Tchétchénie. Il raconte qu'il aurait séjourné illégalement pendant un mois en Tchétchénie[76].

La politique de George W. Bush en Irak et en Libye

En 2003, il fustige dans une tribune dans Le Monde, cosignée par Pascal Bruckner et Romain Goupil, le « camp de la paix », reprochant à la France de prétendre canaliser les ardeurs belliqueuses des États-Unis et dénonçant « la couverture partisane de la guerre par les médias », selon lui « minimisant les horreurs de la tyrannie baasiste pour mieux accabler l'expédition anglo-américaine ». Débutant par « Quelle joie de voir le peuple irakien en liesse fêter sa libération et... ses libérateurs !» , le texte dénonce aussi le « passage à tabac des Juifs et des opposants irakiens » lors des grandes marches pacifistes qui ont eu lieu dans la plupart des pays d'Europe[77].

Cofondateur du Cercle de l'Oratoire puis en 2006 de sa revue Le Meilleur des mondes. Il est, en outre, devenu président de l'association des Amis du Meilleur des Mondes, qui publie cette revue en cogérance avec les éditions Denoël.

Militant actif en faveur d'engagements armés des pays occidentaux dans les conflits du Moyen-Orient, il pousse, en , avec d'autres personnalités, à l'intervention militaire contre le régime libyen[78] de Mouammar Kadhafi. En , il demande une intervention française contre le régime syrien[79].

La mobilisation pour le Tibet

Manifestation solidaire du gouvernement tibétain en exil devant l’ambassade de Chine à Paris le 16 mars 2008.

Il se mobilise pour le Tibet, avec l'ex-maoïste Jean-Paul Ribes, l'aidant notamment quand il cherche un comité de soutien en France à la fin des années 1980[80].

Dès 2000, il cosigne un appel qui exhorte l'Union européenne et la France à dénoncer fermement la violation des droits de l'homme en Chine et au Tibet, et apporte son soutien à une motion présentée par les États-Unis lors de la 56e session de la Commission des droits de l'homme des Nations unies réunie à Genève[81].

Peu après les troubles au Tibet en mars 2008, il participe à une manifestation organisée à proximité de l'ambassade de Chine à Paris, et relaie l'appel du 14e dalaï-lama pour la mise en place d'une commission d'enquête internationale, alors que le Tibet est isolé[82]. Il cosigne avec Václav Havel, Frederik Willem de Klerk, Karel Schwarzenberg, Yōhei Sasakawa et El Hassan ben Talal , une lettre ouverte appelant le gouvernement chinois à entamer un dialogue constructif avec les représentants du peuple tibétain[83] - [84] - [85]

Le soutien Ă  Nicolas Sarkozy

Lors de l'Ă©lection prĂ©sidentielle de 2007, dans une tribune publiĂ©e dans Le Monde sous le titre « Pourquoi je choisis Nicolas Sarkozy »[86], il apporte son soutien au candidat de la droite, fustigeant une gauche « qui se croit moralement infaillible » mais a renoncĂ©, selon lui, au combat d'idĂ©es et Ă  la solidaritĂ© internationale. Sarkozy, ayant demandĂ© au cours de sa campagne « une rupture avec mai 68 Â», donne l'occasion Ă  Glusksmann de revenir une nouvelle fois sur les Ă©vĂ©nements dans un pamphlet intitulĂ© Mai 68 expliquĂ© Ă  Nicolas Sarkozy[87]. Il s'Ă©loignera par la suite du prĂ©sident, critiquant les rapports amicaux entretenus par Nicolas Sarkozy avec Vladimir Poutine[88].

Dans une tribune publiée dans Le Monde en [89], le romancier Jean-Marie Laclavetine ironise sur le peu de crédibilité de Glucksmann, mettant en parallèle ses engagements politiques des dernières décennies et son soutien au maoïsme lorsqu'il était un des dirigeants de la Gauche prolétarienne. Au même moment, le romancier Morgan Sportès rappelle, dans Ils ont tué Pierre Overney[90], la responsabilité de la Gauche prolétarienne dans la mort de Pierre Overney et dans l'affaire de Bruay-en-Artois[91].

Une analyse de Mai 68

Au moment où il soutient l'élection de Nicolas Sarkozy à la présidence, André Glucksmann estime que la perception traditionnelle des événements de Mai 68 comme un mouvement de gauche, antiautoritaire, doublé d'une révolution culturelle et des mœurs, est restreinte par les préjugés et la récupération de l'événement par les partis de gauche, et en particulier le Parti socialiste.

Selon leur éditeur, André et Raphaël Glucksmann étaient tous deux présents au meeting organisé par l'UMP entre les deux tours de l'élection présidentielle, au cours duquel Nicolas Sarkozy a promis de « liquider l'héritage de 68 »[92] - [93]. Dix mois plus tard, dans un essai écrit à quatre mains, Mai 68 expliqué à Nicolas Sarkozy[92], ils poseront la question : « Notre président a promis d'enterrer Mai. N'est-il pas plutôt son héritier rebelle ? » Ce faisant, ils adoptent la thèse libérale, selon laquelle Mai 68 n'aurait été que l'une des révolutions antitotalitaires, dont les auteurs voient le premier avatar dans l'Insurrection de Budapest de 1956. Cette révolution avait alors été soutenue par la gauche française, y compris par un certain nombre de communistes, dont André Glucksmann, auxquels ce soutien avait valu d'être exclus de leur parti.

Au cours d'une confĂ©rence du Figaro, prononcĂ©e en dans le cadre de la promotion de ce livre, AndrĂ© Glucksmann s'exclame : « Souvenez-vous : en 1968, Daniel Cohn-Bendit apostrophait les « crapules staliniennes Â», les chefs de la CGT, et Aragon, Ă  qui il demandait : « Que faisais-tu pendant les dĂ©portations et les famines organisĂ©es dans l'URSS des annĂ©es 1930 ? Tu as du sang sur tes cheveux blancs Â»[94]. La virulence de ce discours n'est pas nouvelle : en avril- dĂ©jĂ , AndrĂ© Glucksmann avait Ă©crit un long article dans Les Temps modernes pour dĂ©noncer la France, « pays fasciste ».

Soutien à l'intervention militaire israélienne à Gaza

Le , il publie dans Le Monde un « point de vue » pour défendre la légitimité de l'intervention de l'armée israélienne dans la bande de Gaza en estimant qu'il ne s'agit pas d'une riposte excessive[95]. Il s'interroge en ces termes : « Quelle serait la juste proportion qu'il lui faudrait respecter pour qu'Israël mérite la faveur des opinions ? […] Conviendrait-il qu'Israël patiente sagement jusqu'à ce que le Hamas, par la grâce de l'Iran et de la Syrie, "équilibre" sa puissance de feu ? […] Désire-t-on vraiment qu'Israël en miroir se "proportionne" aux désirs exterminateurs du Hamas ? » Il répond : « Il n'est pas disproportionné de vouloir survivre. »

Mort

André Glucksmann meurt le dans le 10e arrondissement de Paris[1].

Controverses

Le , il signe avec d'autres intellectuels un communiquĂ©, publiĂ© dans Le Monde, qui demande la libĂ©ration d'un certain nombre d'adultes accusĂ©s d'actes pĂ©dophiles sur des mineurs de moins de 15 ans[96]. Un an et demi plus tĂ´t, son ami Daniel Cohn-Bendit avait Ă©crit un livre Ă©voquant des expĂ©riences personnelles de pĂ©dophilie, qu'il dĂ©crira plus tard comme une fiction inventĂ©e pour « choquer le bourgeois Â»[97].

Dans une Lettre ouverte Ă  ceux qui sont passĂ©s du col Mao au Rotary, l'essayiste Guy Hocquenghem retrace, de Ă  , les carrières et l'Ă©volution (ce qu'il appelle « trahison Â») des « repentis » socialistes et de gauche mises en Ĺ“uvre sous la pĂ©riode mitterrandienne. D'après l'auteur, AndrĂ© Glucksmann fait partie de ce groupe qu'il a appelĂ© « renĂ©gats ».

Publications

  • « Le western ou les aventures de la tragĂ©die », dans Le Western: sources, thèmes, mythologies, auteurs, acteurs, filmographies, Raymond Bellour (dir.), Paris, UGC 10/18, 1966.
  • "Un structuralisme ventriloque", Les Temps modernes, n° 250, mars 1967, p. 1557-1598.
  • Le Discours de la guerre, thĂ©orie et stratĂ©gie, Paris, L'Herne, 1967.
  • StratĂ©gie et rĂ©volution en France 1968, Paris, Christian Bourgois, 1968.
  • "Fascisme : l'ancien et le nouveau", Les Temps modernes, 1972, n° 310 bis, Dossier Nouveau fascisme, nouvelle dĂ©mocratie, hors-sĂ©rie « entièrement conçu et rĂ©alisĂ© sous la direction des militants maoĂŻstes groupĂ©s autour de La Cause du peuple Â», p. 266-334.
  • La Cuisinière et le mangeur d'hommes - Essai sur les rapports entre l'État, le marxisme et les camps de concentration, Paris, Le Seuil, 1975.
  • Les MaĂ®tres penseurs, Paris, Grasset, 1977.
  • Cynisme et passion, Paris, Grasset, 1981.
  • La Force du vertige, Paris, Grasset, 1983.
  • La BĂŞtise, Paris, Grasset, 1985.
  • Petr Fidelius, L'Esprit post-totalitaire, prĂ©cĂ©dĂ© de Devant le bien et le mal par AndrĂ© Glucksmann, Paris, Grasset, 1986.
  • Silence, on tue avec Thierry Wolton, Paris, Grasset, 1986.
  • Descartes c'est la France, Paris, Flammarion, 1987.
  • Le XIe commandement, Paris, Flammarion, 1992.
  • La FĂŞlure du monde: Éthique et sida, Paris, Flammarion, 1993.
  • De Gaulle oĂą es-tu ?, Paris, Jean-Claude Lattès, 1995.
  • Le Bien et le mal : lettres immorales d'Allemagne et de France, Paris, Hachette LittĂ©ratures, 1997.
  • La Troisième Mort de Dieu, Paris, Nil Ă©ditions, 2000.
  • DostoĂŻevski Ă  Manhattan, Paris, Robert Laffont, 2002.
  • Ouest contre Ouest, Paris, Plon, 2003.
  • Le Discours de la haine, Paris, Plon, 2004.
  • Une rage d'enfant, Paris, Plon, 2006.
  • AndrĂ© et RaphaĂ«l Glucksmann, Mai 68 expliquĂ© Ă  Nicolas Sarkozy, Paris, DenoĂ«l, 2008.
  • Les Deux chemins de la philosophie, Paris, Plon, 2009.
  • AndrĂ© Glucksmann, Nicole Bacharan et Abdelwahab Meddeb, La Plus belle histoire de la libertĂ©, Paris, Le Seuil, 2009.
  • La RĂ©publique, la pantoufle et les petits lapins, Paris, DesclĂ©e de Brouwer, 2011.
  • Voltaire contre-attaque, Paris, Robert Laffont, 2014.

Films

  • Sauve qui pense - Rette sich wer denkt, portrait d'AndrĂ© Glucksmann, France/Allemagne, 1998, produit par ZDF/Arte, rĂ©alisĂ© par Christoph Weinert[98].

Distinctions

Le , Nicolas Sarkozy le nomme officier de la LĂ©gion d'honneur[99].

Le suivant, le pape Benoît XVI lui remet le prix « Auschwitz pour les droits de l’homme – Jean-Paul II ».

Notes et références

  1. Insee, « Joseph André Glucksmann, dans le fichier des décès », sur deces.matchid.io (consulté le )
  2. Voigt 2015, p. 233.
  3. Voigt 2015, p. 249.
  4. Ils ne se marieront qu'en 1934 Ă  Hambourg.
  5. Voigt 2015, p. 250.
  6. Voigt 2015, p. 254.
  7. Voigt 2015, p. 258.
  8. Sur ce personnage, dont le procès mené au terme de trois années d'internement et de tortures, eut un retentissement mondial, voir l'article très complet d'Erika Draeger.
  9. Dans Une rage d'enfant, p. 19, André Glucksmann suppose que ses parents ont dû également penser à Staline en choisissant le prénom Joseph.
  10. Voigt 2015, p. 259.
  11. Voigt 2015, p. 260.
  12. Nathalie Zajde, Les Enfants cachés en France, Odile Jacob, , p. 87.
  13. Voigt 2015, p. 264.
  14. Voigt 2015, p. 272.
  15. Christian Chevandier, La Fabrique d'une génération, Georges Valero, postier, militant et écrivain, Paris, Les Belles Lettres, collection "L'Histoire de profil", 2009, p. 52.
  16. Christian Chevandier, La Fabrique d’une génération. Georges Valero, postier, militant et écrivain, Paris, Les Belles Lettres, , p. 51-55
  17. Voir à ce sujet le témoignage d'André Sénik dans Causeur du 10 novembre 2015.
  18. Françoise Villette, née en 1941, est la fille de Jacques Villette et Jeannette Colombel. Cinéaste formée à l'IDHEC (promotion 1962), elle a épousé en 1961 Bjorn Lucien Renberg, dont elle a divorcé en 1965. Remariée en 1973 avec le musicien Ghédalia Tazartès, elle en divorcera en novembre 1979, pour épouser en troisièmes noces André Glucksmann.
  19. Christian Chevandier, loc. cit., p. 216, 225 et 229-232.
  20. « Je crois vous avoir donné suffisamment d'indications, la dernière fois, de ce ceci, qu'au cours de l'histoire le rapport du sujet à l'acte, ça se modifie, que ça n'est même pas ce qui traîne encore dans les manuels de morale ou de sociologie qui peut bien nous donner une idée de ce qu'il en est effectivement des rapports d'acte à notre époque. Par exemple, ce n'est évidemment pas seulement de devoir vous souvenir de Hegel, de la façon dont vous en parlent les professeurs, que vous pouvez mesurer l'importance de ce qu'il en est, de ce qu'il représente comme virage au regard de l'acte. Or, je ne sais pas ce que je dois faire à ce tournant. Conseiller une lecture est toujours si dangereux, parce que tout dépend du point où on a été auparavant plus ou moins décrassé. Il me paraît difficile de ne pas l'avoir été assez pour pouvoir situer un livre, pour donner un sens à ce que je viens d'énoncer une portée. Il est paru un petit livre de quelqu'un que je crois avoir vu à ce séminaire en son temps, qui me l'a envoyé à ce titre, qui s'appelle Le Discours de la guerre d'André Glucksmann. C'est un livre qui, peut-être, peut vous donner la dimension sur un certain plan, dans un certain champ, de ce qui peut surgir de quelque chose qui est assez exemplaire, etc… » (Jacques Lacan, L'acte psychanalytique, séminaire 1967-1968, publication hors commerce, p. 115-116.)
  21. Il sera réédité en 1974 dans la collection 10/18 avec une préface de Jeannette Colombel.
  22. Georges Gastaud, | André Glucksmann, de l'anticommunisme « de gauche » (sic) à l'exterminisme reaganien, 10 novembre 2015, (consulté le ), sur initiative-communiste.fr (nISSM)
  23. André Glucksmann et Raphaël Glucksmann, Mai 68 raconté à Nicolas Sarkozy, Paris, Denoël, (lire en ligne), p. 17
  24. Hervé Hamon, Patrick Rotman, Génération, Tome I, Fayard, 1987, p. 497-500
  25. André Glucksmann, Stratégie et révolution en France, Christian Bourgois, 1968, p. 17.
  26. Régis Debray, Mai 68 : une contre-révolution réussie, Paris, Fayard/Mille et une nuits, 2008
  27. Alain Krivine, Questions sur la révolution, Paris, Stock, , p. 145
  28. Isabelle Sommier, La Violence politique et son deuil, Presses Universitaires de Rennes, 1998
  29. Archives Ina du 7 juin 1968: de violents affrontements ont opposé la police aux manifestants (ouvriers et étudiants) à l'usine Renault de Flins.
  30. "1968-1986: dix-huit ans d'ex-gauchisme dénoncés par Guy Hocquenghem" par Antoine Bourguilleau, Slate le 9 mai 2018
  31. Antoine Idier, Les Vies de Guy Hocquenghem, Paris, Fayard, coll. Ă  venir, 2017
  32. Henri Weber, Rebelle jeunesse, Paris, Robert Laffont, 2018, page 153.
  33. "Les vies de Guy Hocquenghem (1946-1988)", par Antoine Idier, 2017
  34. Christophe Nick, Les Trotskistes, Fayard, 2002, p. 494-498
  35. Interview de Jacques Kebadian
  36. Sartre l'engagé, tribune libre de Jeannette Colombel dans Libération le 11 mars 2005
  37. "La Tribu des clercs: Les intellectuels sous la Ve RĂ©publique 1958-1990" par RĂ©my Rieffel
  38. "Génération, par Hervé Hamon et Patrick Rotman, 1987
  39. Serge July, Alain Geismar et Erlyn Morane, Vers la guerre civile, Paris, Éd. Premières, 1969.
  40. Deuxième gauche, réformisme et lutte des classes par Daniel Poncet 2016
  41. Michel Foucault, par Didier Eribon, Éditions Flammarion, Biographie de 2011
  42. Le destin d'une institution d'avant-garde: histoire du département de philosophie de Paris VIII par Charles Soulié, dans la revue Histoire de l'éducation, n°77, de janvier 1998
  43. Hervé Hamon et Patrick Rotman, Génération, Paris, Le Seuil, 1987.
  44. " Tout! in context 1968-1973:" Thèse de Manus McGrogan, (2010) Université de Portsmouth
  45. « Enseignement. A la faculté de Vincennes. Des étudiants gauchistes s’en prennent à un professeur communiste » (André Gisselbrecht, professeur d’allemand). L'Humanité, 31 mai 1969
  46. L'Aurore, 19 juin 1969 : « Des enragés jettent dans le bassin du centre les urnes et les listes électorales. Scandaleux sabotage des élections à Vincennes »
  47. Génération, par Hervé Hamon et Patrick Rotman, 1987
  48. Le Monde, 28 juin 1969, p. 11 : « Enseignement. Elections dans la confusion au centre universitaire de Vincennes » ; plus loin : « Un journaliste malmenĂ© par des « gauchistes Â» (il s’agit d’Yvan LevaĂŻ journaliste Ă  Europe no 1)
  49. Animateur du « groupe de base Â» de l'UniversitĂ© de Censier, J.-M. GĂ©rassi est cousin germain de John « Tito » Gerassi, journaliste au Time, Ă  Newsweek, au New York Times, activement engagĂ© dans la lutte anti-impĂ©rialiste, interdit de chaire aux États-Unis, qui enseigne Ă  Vincennes. (Sylvie Arsever, Sartre: l’homme engagĂ© et son double, Le Temps du 17 mai 2011.)
  50. Dits et Ă©crits de Guy Hocquenghem
  51. "SARTRE À HUIS CLOS", Par Robert Maggiori, le 21 avril 2011 dans Libération
  52. Robert Maggiori, Jeannette Colombel, une philosophe pasionaria, Libération, 13 avril 2016
  53. « Le fonds Vincennes » de l’Université Paris 8 : traiter des fonds d’archives en université , par Emmanuelle SRUH, sous la direction de Marie-Françoise Defosse
  54. Hervé Hamon, Patrick Rotman, Génération, Tome I, Fayard, 1987
  55. Les Temps modernes, no 310 bis (1972).
  56. "Les réseaux d’information maoïstes et l’affaire de Bruay-en-Artois", par Rémi Guillot, dans Les Cahiers du journalisme Été 2007
  57. Hervé Hamon, Patrick Rotman, Génération, Tome I, Fayard, 1987, p. 433
  58. Hervé Hamon, Patrick Rotman, Génération, Tome I, Fayard, 1987, p. 435
  59. Archives Ina
  60. "Mai 68 : sous les pavés d'une page officielle" par Isabelle Sommier, dans la revue Sociétés Contemporaines en 1994
  61. "La Cuisinière et le mangeur d'hommes. Essai sur l'État, le marxisme, les camps de concentration", par André Glucksmann, Éditions du Seuil 1975
  62. Telos, la revue fondée en mai 1968, par Paul Piccone.
  63. dans Telos, revue de la nouvelle gauche américaine fondée en mai 1968, par Paul Piccone.
  64. The Passion of Joschka Fischer, par Paul Berman, dans The New Republic du 26 août 2001.
  65. Le vrai Cohn Bendit, par Emeline CAZI Place des Ă©diteurs, 2010.
  66. "Apostrophes en 1977, l'émission qui rendit André Glucksmann et BHL célèbres", par Thomas Bécard, dans Télérama du 10/11/2015 .
  67. Claude Grignon, « Tristes topiques », Actes de la recherche en sciences sociales, no 2, 1976, p. 33-34.
  68. Photo sur le perron de l'Élysée.
  69. La dernière rencontre. Par Burnier Michel-Antoine, L'Express, publié le 28 septembre 1995.
  70. Cité par Raymond Aron, Mémoires.
  71. Thierry Pfister, Lettre ouverte à la génération Mitterrand....
  72. Point de vue : la faute, Pascal Bruckner, André Glucksmann et Romain Goupil, 14 avril 2003
  73. Irak: silence des néoconservateurs français, Béligh Nabli, huffingtonpost.fr, 16 juin 2014
  74. Vidéo de l'émission, sur le site de l'Institut national de l'audiovisuel
  75. Serge Halimi, « Réseaux », Le Monde diplomatique, février 1995
  76. Émission "Tout le monde en parle" du 26 janvier 2002 (https://www.youtube.com/watch?v=UG6NDwWKHpM)
  77. Point de vue : "la faute", Le Monde du 14 avril 200
  78. Oui, il faut intervenir en Libye et vite !, lemonde.fr, 16 mars 2011.
  79. "Assez de dérobades, il faut intervenir en Syrie !", lemonde.fr, 22 octobre 2012.
  80. Marie Huret, Boris Thiolay, Une cause française, L'Express, 26 mars 2008.
  81. (en) Bureau du Tibet, French celebrities urge EU action to condemn China at UN, 13 avril 2000.
  82. Rassemblement à Paris contre la "persécution" chinoise, Le Nouvel Observateur, 17 mars 2008.
  83. La paix des cimetières au Tibet, Le Figaro, 24 mars 2008.
  84. (en) Former Czech President Vaclav Havel take put in a Tibet demo in Prague, 23 mars 2008.
  85. (en) Tibet's peace of the grave, 22 mars 2008.
  86. André Glucksmann, « Pourquoi je choisis Nicolas Sarkozy, par André Glucksmann », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le ).
  87. Andre et Raphael Gluscksmann, Mai 68 expliqué à NicolasSarkozy, Paris : Denoël 2008.
  88. Glucksmann critique la politique étrangère de Sarkozy sur le site en ligne du Nouvel Observateur.
  89. Jean-Marie Laclavetine, "Glucksmann, ou l'amour du grand homme", Le Monde, 5 février 2007.
  90. Morgan Sportès, Ils ont tué Pierre Overney, Paris, Grasset,
  91. Maos, par Morgan Sportès, Paris, Éditions Grasset & Fasquelle, 2006 (Prix Renaudot des lycéens 2006).
  92. André et Raphaël Glucksmann, Mai 68 expliqué à Nicolas Sarkozy, Paris, Denoël, résumé de l'éditeur en février 2008
  93. "Liquider l'héritage de mai 68" par FRANÇOIS D'ORCIVAL dans Le Figaro du le 14 octobre 2007 à
  94. Mai 68 vu par André Glucksmann, Conférence du Figaro, rapportée par Astrid Eliard, Le Figaro, 12/05/08, p. 15.
  95. André Glucksmann, « Gaza : une riposte excessive ?, par André Glucksmann », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le ).
  96. Le Monde, 26 janvier 1977. Voir aussi Pétitions françaises contre la majorité sexuelle.
  97. Le Grand Bazar (1975), Daniel Cohn-Bendit, Éditions Denoël
  98. (de) Christoph Weinert, réalisateur allemand.
  99. Marion Van Renterghem, « André Glucksmann décoré par Nicolas Sarkozy », Le Monde,‎ (lire en ligne)

Annexes

Bibliographie

  • (de) Sebastian Voigt, Der JĂĽdische Mai '68: Pierre Goldman, Daniel Cohn-bendit und Andre Glucksmann im Nachkriegsfrankreich, Göttingen, Vandenhoeck und Ruprecht Verlag, .

Articles connexes

Liens externes

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