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Bernard-Henri Lévy

Bernard-Henri Lévy, souvent désigné par ses initiales BHL, né le à Béni Saf (Algérie), est un écrivain, philosophe, cinéaste, homme d’affaires et chroniqueur français.

Bernard-Henri Lévy
Description de cette image, également commentée ci-après
Bernard-Henri Lévy en 2011.
Nom de naissance Bernard-Henri Georges Lévy
Alias
BHL
Naissance
Béni Saf (Algérie)
Activité principale
Formation
Distinctions
Auteur
Langue d’écriture Français
Mouvement Nouveaux philosophes
Genres

Œuvres principales

À partir de la parution de son premier essai, La Barbarie à visage humain en 1977, il est une figure influente de la scène politique, philosophique, médiatique et littéraire française, à travers son implication dans de nombreux sujets politiques, diplomatiques et de société. Il fait partie dans les années 1970 des initiateurs du mouvement des nouveaux philosophes, dont il demeure la figure emblématique.

Lecteur de Sartre et de Husserl, il est l'auteur de nombreux ouvrages sur la judaïté, l'identité, le sionisme, les intégrismes religieux, l'art, l'antisémitisme, l'esprit baudelairien, dont il se réclame, les États-Unis et la guerre en Libye, lors de laquelle il apparaît comme une figure active prééminente sur la scène internationale, tout comme lors des guerres de Yougoslavie et l'intervention russe en Ukraine.

Auteur de pièces de théâtre et de deux romans, pour lesquels il reçoit le prix Médicis en 1984 et le prix Interallié 1988, chroniqueur et cinéaste, il est cofondateur de l'Institut d'études lévinassiennes en 2000, et dirige depuis 1990 une revue qu'il a fondée, La Règle du jeu.

Il fait l'objet de très nombreuses critiques, autant de la part de certains de ses pairs que de personnalités politiques, médiatiques et artistiques. Les controverses portent principalement sur son travail philosophique, ses réseaux de soutien, son activisme sur les questions géopolitiques ainsi que sa posture et sa personnalité.

Biographie

Ascendance

Bernard-Henri Lévy est issu d'une famille juive séfarade d'Algérie[1].

« Je suis né dans une petite ville d’Algérie, Béni-Saf, dont je n’ai pas eu d’image, ni de représentation, avant l’âge de 40 ans. Mais je savais que j’étais né rue Karl Marx n.1 dans ce village. »[iBHL 1]

L'un de ses arrière-grands-pères maternels était le rabbin de la ville de Tlemcen, à l'ouest du pays. Son père, André Lévy, est originaire de Mascara et, à 18 ans, s'engage pour la défense de l'Espagne républicaine[BHL 1] avant de combattre au sein du 2e bataillon de marche, sous les ordres du général Diego Brosset. Sa mère est née Dina Siboni. Il a un frère, Philippe, et une sœur[2], Véronique, convertie au catholicisme[iBHL 2], baptisée le [2] et auteur du livre Montre-moi ton visage[3]. Après avoir passé plusieurs années au Maroc, alors protectorat français, sa famille s'installe en France, à Neuilly-sur-Seine, en 1954.

En 1946, son père s'installe à Casablanca dans le quartier d'Anfa[4] et fonde au Maroc[5] la Becob, une société d’importation de bois précieux africains et de résineux (de Finlande, d'URSS ou de Roumanie)[6] ; sa mère vend ses parts à la société Pinault Bois et Matériaux, filiale au groupe Pinault-Printemps-Redoute, qui devient plus tard Kering[7] en 1997 pour 750 millions de francs français[8] - [9]. Après la vente de l'entreprise, Bernard-Henri Lévy est resté actionnaire et administrateur de plusieurs sociétés. Il est à la tête de la société civile immobilière Finatrois. Ancien actionnaire de la société de production de cinéma Les Films du lendemain, il a cédé ses parts dans cette société pour un euro symbolique, au début de l'année 2013, à sa présidente, Kristina Larsen[10]. Il garde de cette époque une amitié avec Claude Berda[4].

En 1984, Bernard-Henry Lévy décrivait ainsi sa vie au magazine VSD :

« Je n’écris pas dans les cafés, mais dans les hôtels. Ceux du monde entier. À Paris, une chambre du Pont-Royal, la 812, parce qu’elle donne sur les toits et que sa terrasse domine la ville, ou celle du Georges-V, la 911. [...] Mon périmètre va du jardin du Luxembourg, où j’habite, à la rue des Saints-Pères, où nous sommes, ou au Récamier, où je déjeune souvent. L’après-midi, le Twickenham, sinon le Flore, la rue Madame »[11].

En 1996, le magazine économique Challenges classe la famille Lévy comme 187e plus grosse fortune française avec 455 millions de francs[12].

Vie privée

En septembre 1974, il a une fille de sa première union avec le mannequin Isabelle Doutreluigne (1949-2004) : Justine Lévy. Ils divorcent en 1974. Après s'être rendue coupable de cambriolages pour financer son addiction à l'héroïne, Isabelle Doutreluigne est incarcérée et ne reprendra pas la garde de sa fille[4].

Le 9 mai 1980, il épouse Sylvie Bouscasse, éditrice. François Mitterrand est témoin de mariage. De leur union naît la même année un fils prénommé Antonin-Balthazar-Solal[BHL 2]. Ils divorcent quelques années plus tard.

Le , il épouse l'actrice Arielle Dombasle à Saint-Paul-de-Vence, un an après qu'elle eut joué au théâtre de l'Atelier sa pièce Le Jugement dernier.

En , dans le magazine Harper's Bazaar, l'artiste millionnaire Daphne Guinness, riche héritière du brasseur irlandais, révèle une relation de cinq ans avec Bernard-Henri Lévy, après qu'ils ont été surpris à Nice en par des paparazzi[13]. Il écrit pour elle le dialogue du personnage qu'elle joue dans le film The Legend of Lady White Snake[14]. La liaison prend fin en 2013[15].

De 1959 à 1979

Il fait ses études secondaires au lycée Pasteur de Neuilly[16], puis deux années de classes préparatoires au lycée Louis-le-Grand[17].

L'École normale supérieure (1968-1971)

En 1968, il est reçu à l’École normale supérieure, où il a comme professeurs de philosophie Jacques Derrida et Louis Althusser.

Il publie un premier article dans la revue Les Temps modernes intitulé « Mexique, nationalisation de l'impérialisme » à la suite d'un séjour au Mexique en 1969.

Sur cette époque, son condisciple Jean-Luc Marion rapporte :

« Bernard a toujours été BHL. Je l'ai vu vraiment pour la première fois quand il a intégré l'École normale supérieure, un an après moi, en 1968. Évidemment, il travaillait beaucoup, avec beaucoup d'efficacité et de talent. Sinon, comment aurait-il intégré dès son premier essai ? Mais il ne travaillait pas d'abord ni surtout pour accomplir ses devoirs vis-à-vis de l'institution universitaire. Il avait son propre programme, depuis le début : publier, faire savoir des choses tragiques et, à l'occasion, se faire connaître. […] Bernard avait tout pour devenir un professeur d'université. Il ne lui manquait que l'envie. Mais la sienne le portait vers Camus ou Malraux plutôt que vers Merleau-Ponty ou Husserl[18]. »

Les débuts (1971-1976)

En 1971, il est reçu 8e à l’agrégation de philosophie[19].

En , il écrit dans Combat un long reportage consacré à l'Irlande du Nord ainsi qu'une série d'articles sur le monde paysan français ; dans une problématique maoïste, il montre comment la lutte des classes opère dans les campagnes françaises.

Parrainé par Charles Bettelheim, professeur d'économie proche de Louis Althusser, il part le 2 octobre 1971 pour le sous-continent indien, plus spécialement au Bangladesh durant la guerre de libération contre le Pakistan. À son retour, en , il écrit son premier livre : Bangla-Desh Nationalisme dans la révolution. Ce premier texte inaugure une série de reportages de guerre qui constituent l'une des caractéristiques de son œuvre.

De retour en France, il est nommé chargé de cours à l'université de Strasbourg, où il enseigne l'épistémologie.

En , il crée la collection « Figures » chez Grasset, inaugurée par deux ouvrages, de Jean-Paul Dollé, et de Philippe Nemo.

En , il lance avec Michel Butel le quotidien L'Imprévu qui ne rencontre pas le succès espéré et cesse sa parution après onze numéros, malgré un apport de huit millions de francs payé par son père[4].

Il fait partie jusqu’en 1976 des conseillers de François Mitterrand au sein du « Groupe des Experts » où il siège en compagnie de personnalités politiques comme Michel Rocard, Laurent Fabius ou Édith Cresson. François Mitterrand évoque le jeune Bernard-Henri Lévy en ces termes dans son livre L'Abeille et l'Architecte[20] :

« J’ai connu Bernard-Henri Lévy alors qu’il venait d’entrer à Normale supérieure. Je me flatte d’avoir pressenti en ce jeune homme grave le grand écrivain qu’il sera. Un danger le guette : la mode. Mais la souffrance, amie des forts, le sauvera. Tout l’y prépare. Je ne m’inquiète pas de ce goût de plaire qui l’habite et l’entraîne aujourd’hui hors de son territoire. Quand il s’apercevra qu’il possède en lui-même ce qu’il cherche il reviendra à sa rencontre. Le voudrait-il qu’il n’échapperait pas au feu qui le brûle. Il a déjà dans le regard, ce dandy, de la cendre. Peut-être me trompé-je, peut-être cédera-t-il aux séductions du siècle au-delà du temps qu’il faut leur accorder. J’en serais triste. J’accepte qu’il dépense encore beaucoup d’orgueil avant de l’appeler vanité. J’ai apporté de France avec moi La Barbarie à visage humain que j’annote pour mes chroniques. C’est, à l’image de son auteur, un livre superbe et naïf. Superbe par le verbe, le rythme intérieur, l’amère certitude qu’il n’est qu’incertitude. Naïf par l’objet de sa quête, qui le fuit dès qu’il en approche. […] Bernard-Henri Lévy, caressé, adulé, propulsé, trituré par les médias, adieu sourire de connivence, geste ailé d’une main amie, adieu langage à demi-mot ? Non, au revoir. »

La polémique autour d'André Glucksmann

Le , dans Le Nouvel Observateur, Bernard-Henri Lévy, 26 ans, salue la parution aux éditions du Seuil de La Cuisinière et le mangeur d'hommes d'André Glucksmann, qui établit un parallèle entre le nazisme et le stalinisme, en attribuant à Marx la responsabilité du Goulag.

Issu de la mouvance maoïste et rompant avec elle, Glucksmann appelle à entreprendre une critique de fond du marxisme, à partir d’une réflexion sur le totalitarisme, alors qu’Alain Badiou, issu de la même mouvance, postule que remettre en cause les principes du marxisme, c’est « jeter le bébé avec l’eau du bain » et que « la démocratie n’est rien d’autre qu’un outil de propagande du capitalisme[21]. »

Glucksmann rejoint Lévy chez Grasset, où se forme un courant philosophique représenté par des auteurs très différents les uns des autres — Christian Jambet, Guy Lardreau, Maurice Clavel, etc. — mais qui se reconnaissent tous à leur opposition au schéma totalitaire, jusqu’au cœur de la philosophie quand elle prétend détenir le pouvoir de changer radicalement le monde, et à la nécessité d’envisager une nouvelle perspective de la pensée.

L'émergence du concept

Au printemps 1976, Paul Guilbert et Jean-Marie Borzeix, à la direction des Nouvelles littéraires, demandent à Bernard-Henri Lévy de consacrer un dossier à ce courant de pensée. Paru en , il s'ouvre sur une préface de Bernard-Henri Lévy, suivie de quatre entretiens : François Châtelet avec Christian Jambet et Guy Lardreau ; Roland Barthes avec Philippe Roger ; Claude Lévi-Strauss avec Jean-Marie Benoist ; Jean-Toussaint Desanti avec Jean-Paul Dollé. Un texte d’Annie Leclerc clôt le dossier. La formule « les nouveaux philosophes », choisie par Lévy, apparaît en titre. Désormais ce courant sera connu sous ce terme.

Un peu auparavant, en , Michel Foucault et Bernard-Henri Lévy ont publié un entretien dans Le Nouvel Observateur, où Foucault affirme :

« Le retour de la révolution, c’est bien là notre problème. Il est certain que, sans lui, la question du stalinisme ne serait qu’une question d’école — simple problème d’organisation des sociétés ou de validité du schéma marxiste. Or c’est de bien autre chose qu’il s’agit, dans le stalinisme. Vous le savez bien : c’est la désirabilité même de la révolution qui fait aujourd’hui problème[22]. »

C'est à partir de ces bases que se construit la nouvelle philosophie. Au-delà de la remise en cause de la responsabilité des philosophes dans l'histoire, il s'agit de questionner le désir de faire la révolution non pas une révolution, mais la révolution, radicale, finale, totale pour en étudier les tenants et les aboutissants, jusque dans ses effets les plus concrets[23].

La Barbarie à visage humain (1977)

En , Bernard-Henri Lévy publie La Barbarie à visage humain. S’il se situe dans le même champ critique que Glucksmann, il l’élargit en remettant en cause les principes de la révolution conçue par ce qu’il appelle « l’idéologie du désir », c’est-à-dire le courant de pensée animé par Gilles Deleuze, Félix Guattari et Jean-François Lyotard[Note 1].

Pour présenter ce livre, BHL critique le rationalisme :

« Chacun sait aujourd'hui que le rationalisme a été un des moyens, un des trous d'aiguille par quoi s'est faufilée la tentative totalitaire. Le fascisme n'est pas issu de l'obscurantisme, mais de la lumière. Les hommes de l'ombre, ce sont les résistants... C'est la Gestapo qui brandit la torche. La raison, c'est le totalitarisme. Le totalitarisme, lui, s'est toujours drapé des prestiges de la torche du policier. Voilà la « barbarie à visage humain » qui menace le monde aujourd'hui[iBHL 3]. »

Bernard-Henri Lévy dénonce la tentation totalitaire liée, selon lui, à ce qu'il appelle « la lumière » ou encore « l'optimisme » inscrit au plus profond de la raison qui fonde historiquement la philosophie et accompagne son développement jusqu'au présent. La révolution culturelle chinoise, jusque dans ses prolongements au Cambodge, sous Pol Pot alors en 1977, est « le plus moderne repère de l'optimisme », écrit-il[BHL 3].

En revanche, dans un texte publié par Les Nouvelles littéraires le , Roland Barthes apporte son soutien à Bernard-Henri Lévy :

« Est-ce qu’il n’y aurait pas une sorte d’accord entre l’idéologie optimiste du « progrès » historique et la conception instrumentaliste du langage ? Et à l’inverse, est-ce qu’il n’y aurait pas le même rapport entre toute mise en distance critique de l’Histoire et la subversion du langage intellectuel par l’écriture ? Après tout, l’ars scribendi, succédant à l’art oratoire, a été historiquement lié à un déplacement de la parole politique (de la politique comme pure parole). Votre projet ne fait que relancer ce déplacement, occulté depuis qu’on a cessé d’écrire la politique, c’est-à-dire depuis Rousseau[24]. »

Le , Bernard Pivot convie sur le plateau de l'émission Apostrophes, Bernard-Henri Lévy et André Glucksmann, pour débattre de la question : « Les nouveaux philosophes sont-ils de droite ou de gauche ? » Sont également invités Maurice Clavel, qui soutient leurs thèses, et François Aubral et Xavier Delcourt, qui s’y opposent. Le débat fait connaître au grand public les nouveaux philosophes.

Le Testament de Dieu (1979)

Il s'agit de son deuxième livre paru en qui prolonge La Barbarie à visage humain. Lévy y oppose la raison grecque, nécessairement optimiste et tragique, selon lui, et la loi juive, pessimiste, mais qui laisserait entrevoir comme l'envers du tragique :[Note 2]

« Si l’on convient d’appeler « tragique » la conception des choses qui dit la pénible dramaturgie du Mal mué en Bien, et « pessimiste » celle qui conte la simple et brute pénibilité d’être homme, homme voué au Mal, au Mal intotalisable, alors il faut conclure, contre l’air du temps une fois de plus, que le Tragique est l’élément même de l’oppression et le pessimisme, peut-être, le point de vue de l’opprimé[BHL 4]. »

Philippe Sollers note, en rendant compte de l’ouvrage, dans un article paru dans Le Nouvel Observateur du :

« Quel livre scandaleux qui se permet l’insolence de douter du miracle grec et de parler du génie du christianisme ! Voici la première critique systématique de « l’Antiquité dans les têtes » (autrement dit de tout le savoir universitaire ou peu s’en faut). […] Ce qui se dévoile est ceci, contraire sans aucun doute à toute vision du monde philosophique : il n’y a pas « la Religion » d’un côté et, de l’autre, autre chose qui serait « la Raison » enfin débarrassée de la Religion. Mais plutôt le fait qu’il n’y a de toute façon, quoi qu’on en dise, que des religions, et que les pires sont celles qui se dénient comme telles, y compris au nom de la science[25]. »

L'historien Pierre Vidal-Naquet relève plusieurs grossières erreurs factuelles dans l'ouvrage ; Bernard-Henri Lévy lui répond dans un texte, publié par Le Nouvel Observateur du , il écrit : « Pierre Vidal-Naquet vient, peut-être, d’inventer un genre inédit dans la République des Lettres : le rapport de police philosophique ». Pierre Vidal-Naquet répond le et il est appuyé dans sa critique par le philosophe Cornelius Castoriadis[26].

Controverse

La controverse, ouverte par Gilles Deleuze lors de la sortie de La Barbarie à visage humain, reprend avec plus d’ampleur avec la sortie du Testament de Dieu.

La critique des erreurs historiques par Pierre Vidal-Naquet sert à Cornelius Castoriadis pour relever « l'imposture » philosophique du « nouveau philosophe » proclamé tel par le numéro « historique » des Nouvelles littéraires. Castoriadis dénonce dans Le Testament de Dieu des objectifs inhérents au souci du profit financier et de l’intérêt personnel :

« Que l’industrie des médias fasse son profit comme elle peut, c’est, dans le système institué, logique : son affaire, c’est les affaires. Qu’elle trouve des scribes sans scrupule pour jouer ce jeu n’est pas étonnant non plus. Mais tout cela a encore une autre condition de possibilité : l’attitude du public. Les « auteurs » et leurs promoteurs fabriquent et vendent de la camelote. Mais le public l’achète — et n’y voit que de la camelote, des fast-foods. Loin de fournir un motif de consolation, cela traduit une dégradation catastrophique, et qui risque de devenir irréversible, de la relation du public à l’écrit. Plus les gens lisent, moins ils lisent. Ils lisent les livres qu’on leur présente comme « philosophiques » comme ils lisent les romans policiers. En un sens, certes, ils n’ont pas tort. Mais, en un autre sens, ils désapprennent à lire, à réfléchir, à critiquer. Ils se mettent simplement au courant, comme l’écrivait L’Obs il y a quelques semaines, du « débat le plus chic de la saison »[26]. »

L'historien Gérard Noiriel voit en eux « des philosophes possédant les titres requis pour pouvoir être considérés comme des « penseurs » (normaliens et agrégés de philosophie), mais [qui sont] davantage attirés par le journalisme que par la recherche, [qui] se lancent dans la publication d'essais grand public qui rencontrent d'emblée un fort succès dans les médias »[27]. Il estime que « ce n'est évidemment pas la profondeur de leur pensée qui explique [leur] succès médiatique [mais le] fait que les thèses anticommunistes qu'ils défendent sont en phase avec les discours dominants »[28].

L'historien François Cusset observe que « l'opération s'apparente à une mise au pas du champ intellectuel. Car Lévy semble plus hargneux envers l'« idéologie du désir » deleuzo-guattarienne qu'à propos des camps soviétiques »[29].

Le philosophe Bruno Jeanmart et le journaliste Richard Labévière ont écrit en 2007 Bernard-Henri Lévy ou la règle du Je, un ouvrage destiné à justifier, auprès des étudiants, l'absence de Bernard-Henri Lévy dans le programme de l'agrégation de philosophie. À la suite de l'analyse de ses œuvres, ils y dénoncent l'absence de concepts, outils de base dans la démarche philosophique, et affirment qu'il aurait davantage un rôle d'essayiste que de philosophe et qu'« il n'y a pas de pensée chez ce penseur ».

L'hommage d'Emmanuel Levinas

Emmanuel Levinas rend hommage à Bernard-Henri Lévy et le salue dans un texte paru dans son livre Au-delà du verset :

« Je rejoins ainsi le livre de Bernard-Henri Lévy, Le Testament de Dieu, livre sombre comme le premier alinéa de notre texte, livre qui a dit tant de choses remarquables sur la Loi, sur la dure Loi qui ne nous apporte pas d’emblée, comme le promettent certains jeunes hommes trop facilement optimistes, les joies des « aubes naissantes », Loi dure, notre part à nous, peuple de la Loi juste, notre part la meilleure ! Mais je me suis demandé s’il n’était pas trop sévère pour la Grèce, avec laquelle il envisageait, comme une concession, qu’un dialogue soit possible. Je demandais davantage, par respect pour la science et pour Platon. Je pensais que, par-delà le dialogue avec la Grèce, nous était nécessaire son parler déjà dans notre discours intérieur. Tentation de la Grèce encore non surmontée ! Pourtant Bernard-Henri Lévy n’a-t-il pas raison en présence de tous ceux qui cherchent à s’approprier un héritage si brillant et à voir en lui, aussi, une excellence de forces vitales qui seraient capables de délicatesses très grandes sans rien perdre de leur superbe impitoyable[30] ? »

De 1980 à 1995

En 1980, il a participé à la fondation de l’association L’Action internationale contre la faim avec Marek Halter, Jacques Attali, Françoise Giroud et quelques autres, et c’est lui qui rédigera la charte de l’association[BHL 5] ; il s’en dissociera six ans plus tard, au moment de la famine éthiopienne et du grand débat qui secouera certaines ONG sur les « effets pervers » de l’aide ; Bernard-Henri Lévy était alors partisan, comme Médecins sans frontières, d’arrêter d’envoyer des aides qui ne faisaient selon lui que renforcer et enrichir les bourreaux et il fut, sur ce point, mis en minorité. La même année, BHL et Marek Halter créent le Comité des Droits de l’Homme qui milite pour le boycott des Jeux olympiques d'été de 1980, qui ont lieu à Moscou.

En 1985, la CIA note dans l'un de ses rapports que l'influence de Bernard-Henri Lévy et des « nouveaux philosophes », devenus « des personnalités médiatiques à sensation » grâce aux « émissions de télévision et de radio à teneur intellectuelle dont les Français raffolent », avait contribué à gagner la bataille de l'opinion en France. Ce « climat » permettrait notamment de couvrir le soutien des États-Unis à des dictatures et groupes paramilitaires anti-communistes en Amérique centrale[31].

L'Idéologie française (1981)

En , paraît chez Grasset L'Idéologie française, dans lequel Bernard-Henry Lévy fait de la France le laboratoire conceptuel du fascisme européen. Il y étudie notamment la Révolution nationale qui, entre 1940 et 1944, impose, selon lui, un État fasciste spécifiquement français, fondé sur le concept moderne de race, la haine de l'abstraction, le dénigrement des débats théoriques, l'horreur des intellectuels, le culte du vitalisme et le mot d'ordre du « retour au concret ». Les fascistes français comme Brasillach, Drieu, Rebatet, etc., c'est-à-dire les « collabos », sont méprisés à Vichy. Le fascisme de Vichy a été pensé et mis en place par des hommes profondément germanophobes, « irrigués de culture et d’humanisme classiques, pétris de bienséance et de conformisme patriotes, qui accouchèrent, quatre ans durant, de la version française de l’abjection du siècle », selon Lévy[BHL 6].

Lévy tente de réveiller la mémoire et d'en tirer les leçons. S'il opposait frontalement Athènes (la raison universelle) et Jérusalem (l'âme singulière) dans Le Testament de Dieu, Lévy admet maintenant qu'il y a bien un lieu où la philosophie grecque rejoint la littérature juive : ce lieu, c’est Rome, c’est l’Église romaine, urbi et orbi, où concilier rationalité et singularité dans l’âme judéo-platonicienne. Ce lieu, c'est également l'école freudienne de Paris ; ce lieu, c'est cosmopolis[BHL 7].

Très controversé, l'ouvrage fut particulièrement critiqué par Raymond Aron (pour qui « Bernard-Henri Lévy viole toutes les règles de l'interprétation honnête et de la méthode historique »[32]), Paul Thibaud, Emmanuel Le Roy Ladurie ou encore Pierre Nora, mais est salué par l'écrivain Philippe Sollers comme « un livre-clé qui a fait tomber bien des tabous, et qui reste pleinement d'actualité »[33]. Le philosophe Jean-Toussaint Desanti dans le Matin de Paris[BHL 8], salue un livre « dur à entendre » mais « salutaire » et qui « réveille ». Jorge Semprún dans le Point[BHL 9] demande que l'on « prête au travail de Bernard-Henri Lévy une attention qui dépasse les humeurs de la mode et le mode de l'humeur ». Jean-François Revel répond à Raymond Aron, dans l'Express[BHL 10], que si la thèse de Lévy peut « déchainer une aussi intolérante véhémence c'est sans doute qu'il y a quelque part un cadavre dans le placard ». Quant aux « menues fautes d'inattention » reprochées à l'auteur, le même Jean-François Revel dit en avoir « des armoires entières à la disposition du CNRS et des Hautes Études au cas où, d'aventure, ces deux augustes prytanées souhaiteraient faire leur autocritique ». Les analyses de Lévy rejoignent notamment celles de Robert Paxton et de Zeev Sternhell.

Du voyage au Pakistan (1981) au conseil de surveillance d'Arte (1993)

En , Bernard-Henri Lévy part au Pakistan avec Marek Halter et Renzo Rossellini afin de remettre aux résistants afghans trois postes émetteurs radio, achetés par le Comité des Droits de l'Homme et utilisés par « Radio Kaboul », qui appelle à la résistance armée contre l'occupation soviétique. Dans ses Réflexions sur la Guerre, le Mal et la fin de l’Histoire parues en 2001, Il affirme avoir à cette occasion rencontré le commandant Massoud, et en 2002 dépose à Bazarak, dans le Panchir, une stèle à la mémoire du commandant Massoud signé de « son ami de vingt ans ». Le journaliste Christophe de Ponfilly, réalisateur du film Massoud, l’Afghan, affirme néanmoins que Lévy n'a pas vu Massoud en 1981, qu'il ne l'a rencontré qu'une seule fois, par son intermédiaire, en 1998 , et a passé en tout et pour tout 2 heures avec lui[34]. Mais aucun journal n'a accepté de publier la « Lettre ouverte à Bernard-Henry Lévy » dans lequel il révélait l'imposture[35].

En 1981, Bernard-Henri Lévy invite avec insistance l'OTAN à appuyer les moudjahidines afghans, et s'invite au journal télévisé le 29 novembre pour déclarer :

« Il faut penser, il faut accepter de penser que, comme tous les résistants du monde entier, les Afghans ne peuvent vaincre que s’ils ont des armes, ils ne pourront vaincre des chars qu’avec des fusils-mitrailleurs, ils ne pourront vaincre les hélicoptères qu’avec des Sam-7, ils ne pourront vaincre l’armée soviétique que s’ils ont d’autres armes (...) que celles qu’ils parviennent à ravir à l’Armée rouge, bref, si l’Occident, là encore, accepte de les aider. (...) Je vois que nous sommes aujourd’hui dans une situation qui n’est pas très différente de celle de l’époque de la guerre d’Espagne. (...) En Espagne, il y avait un devoir d’intervention, un devoir d’ingérence. (...) Je crois qu’aujourd’hui les Afghans n’ont de chances de triompher que si nous acceptons de nous ingérer dans les affaires intérieures afghanes. »

— Bernard-Henri Lévy, journal télévisé de la nuit de TF1, 29 décembre 1981[36].

En , Bernard-Henri Lévy publie son premier roman, Le Diable en tête, paru chez Grasset. « C’est un roman dans lequel les générations de la guerre et de la tout après-guerre sauront se reconnaître, comme d’autres se reconnurent en leur temps dans le Malraux de La Condition humaine, le Camus de La Peste ou le Sartre des Chemins de la liberté », note Jacques Henric[37]. À quelques exceptions près, Le Diable en tête est plutôt bien accueilli par la critique et le public. Il obtient le prix Médicis. Bernard-Henry Lévy est accusé par Marie-France Barrier d'avoir plagié le manuscrit qu'elle lui avait envoyé en 1982 et qui avait été refusé par les Editions Grasset, elle porte plainte pour contrefaçon et réclame 1 franc symbolique de dommage et intérêt, mais le tribunal décide de relaxer Bernard-Henri Lévy.

En , il reçoit le prix Interallié pour son roman Les Derniers Jours de Charles Baudelaire publié chez Grasset.

En , il lance et dirige une revue littéraire intitulée La Règle du jeu.

En 1991, il est nommé pour deux ans président de la Commission d’avance sur recettes au cinéma. Il y succède à Françoise Giroud, avec laquelle il écrira en 1993 le livre à succès Les hommes et les femmes. La commission se compose de deux collèges, l'un pour la réalisation de premiers films, alors vice-présidé par Jean-Claude Brisseau, l'autre pour les cinéastes déjà confirmés, alors vice-présidé par Véra Belmont[38].

En juillet 1993, il est nommé président du conseil de surveillance de la chaîne Arte sur intervention personnelle du président de la République François Mitterrand.

Engagement pour les Bosniaques musulmans (1992-1995)

Bernard-Henri Lévy au Festival international de géographie en octobre 1992.

Le , il suggère à François Mitterrand de soutenir le président de la République de Bosnie-Herzégovine Alija Izetbegović[BHL 11], isolé dans Sarajevo assiégé. Le 27, Hubert Védrine lui apprend que François Mitterrand s'est envolé pour la Yougoslavie. Interviewé par Bernard-Henri Lévy pour le film Bosna !, François Mitterrand, un an et demi plus tard, le 16 février 1994, lui confie que c’est lui, BHL, qui a été à l’origine de ce voyage. Les mots de François Mitterrand, à l'image, sont exactement ceux-ci : « j’y suis allé après que vous m’ayez, vous-même, Bernard-Henri Lévy, informé de la situation très dangereuse, presque désespérée, dans laquelle se trouvaient les habitants de Sarajevo[BHL 12]. »

Il continuera par la suite son engagement en faveur d'Alija Izetbegović et des Bosniaques musulmans[39]. En , France 3 diffuse Un jour dans la mort de Sarajevo, un documentaire réalisé par Bernard-Henri Lévy et Alain Ferrari. Lévy souhaite dénoncer le martyre de cette ville « œcuménique » et la souffrance des habitants qui résistent héroïquement à des bombardements incessants (cf. l'article « guerre de Bosnie-Herzégovine »).

En , il présente au festival de Cannes Bosna !, le film qu’il a tourné dans Sarajevo assiégée, dans les tranchées tenues par l’armée bosniaque et dans les combats que celle-ci mène contre les milices serbes. Jean Daniel consacre au film un éditorial très élogieux sous le titre « Malraux ou rien » dans le Nouvel Observateur du : « Bosna, le film que Bernard-Henri Lévy présente cette semaine au festival de Cannes, est un grand pamphlet politique. C’est une œuvre forte, très forte, efficace, bien conduite, avec un authentique souffle épique. C’est sans doute le réquisitoire le plus implacable contre ce que l’on pourrait appeler la politique de non-intervention européenne dans la tragédie bosniaque. On est constamment saisi au collet, pressé de rejoindre le narrateur, entraîné par sa pugnace ferveur et même son lyrisme débridé »[40].

Puis, dans la foulée du film, à l'occasion des élections européennes, depuis le tremplin constitué par l’émission L'Heure de vérité animée par François-Henri de Virieu, il lance l’idée de la liste « L'Europe commence à Sarajevo » pour contraindre les partis politiques à prendre en compte la situation dans les Balkans. Dirigée par Léon Schwartzenberg, elle comprend, outre Bernard-Henri Lévy, Romain Goupil, Pascal Bruckner, André Glucksmann, Michel Polac, Alain Touraine[41]… De nombreuses personnalités soutiendront la liste tels : Marek Halter, Susan Sontag et Paul Auster, la Sud-Africaine et prix Nobel de littérature Nadine Gordimer, l’ancien maire de Belgrade Bogdan Bogdanović. Cependant, le , à quelques jours des élections, Bernard-Henri Lévy annonce le retrait de la liste, déclarant : « L'effet a atteint tous les objectifs possibles, on ne peut pas faire mieux, le but n'a jamais été d'envoyer cinq députés pro-Bosniaques à Strasbourg, mais de faire que chaque député européen ait la Bosnie en tête »[42]. Maintenue par Léon Schwartzenberg, cette liste, qui avait été créditée un temps de 12 % d'intentions de vote, obtiendra finalement 1 % des suffrages exprimés[43].

En 1995, dans les colonnes du Point, il dénonce l’attribution de la Palme d'or à Cannes cette année-là au film Underground et à son réalisateur Emir Kusturica, qu'il désigne comme un « collaborateur de la Grande Serbie ». Contrairement à Alain Finkielkraut, il voit le film et rend hommage au talent du cinéaste, comme en témoigne le Bloc-Notes qu’il lui consacre lors de sa sortie en salles[BHL 13].

De 1994 à 2005

Contre la purification ethnique au Kosovo et, surtout, contre l’islamisme radical, il publie en La pureté dangereuse, Grasset. Son combat pour les intellectuels de Bosnie-Herzégovine se poursuit et débouche sur la publication en du livre Le Lys et la Cendre, Journal d'un écrivain au temps de la guerre de Bosnie, Grasset.

En 1997, il réalise au Mexique un film de fiction, Le Jour et la Nuit, mettant en scène son épouse Arielle Dombasle, mais aussi Alain Delon, Lauren Bacall et Karl Zéro. Le scénario fut coécrit par Bernard-Henri Lévy et Jean-Paul Enthoven. Ce film fut un fiasco retentissant tant critique que public (73 147 entrées après deux mois d'exploitation), et demeure à ce jour sa seule tentative de cinéma de fiction. Face à cet échec, BHL regretta en particulier « d'avoir été mégalo » et d'avoir fait « trop grand, trop fort, trop beau, trop tout ». Les Cahiers du cinéma l'ont qualifié de « plus mauvais film français depuis des décennies », et ont regretté que de l'argent du cinéma mexicain soit allé à ce film plutôt qu'à des cinéastes mexicains « qui auraient mieux su l'utiliser »[44]. Ce film est depuis régulièrement cité parmi les plus mauvais de l'histoire du cinéma[45], y compris à l'étranger.

En juin 2000, il collabore avec Alain Finkielkraut et Benny Lévy, à l'Institut d'études lévinassiennes, à Jérusalem, sur la pensée et l'œuvre du philosophe Emmanuel Levinas[46].

En , il publie Qui a tué Daniel Pearl ? aux éditions Grasset. En citant les noms de ses informateurs pakistanais, il expose ceux-ci aux représailles des talibans. Ce livre est également critiqué par des spécialistes comme William Dalrymple pour ses erreurs factuelles, ainsi que pour le manque de rigueur et de compétences sur le sujet de son auteur[47].

De 2006 à 2007

Début 2006, il publie aux éditions américaines Random House son livre sur les États-Unis, American Vertigo, parution précédée d'une tournée de conférences dans ce pays. En France comme outre-Atlantique, l’ouvrage, à quelques exceptions près, est accueilli par une douche froide et décrit comme une enfilade de clichés[48] - [49].

En , il soutient d'abord Dominique Strauss-Kahn lors de la primaire interne du Parti socialiste qui doit désigner le candidat du parti pour l’élection présidentielle, mais rejoint finalement la candidate choisie par le Parti socialiste Ségolène Royal dès le mois de , la considérant comme « courageuse ». Il annonce son choix publiquement après les propos du candidat de l'UMP Nicolas Sarkozy sur la pédophilie et le suicide, propos qu'il juge « inacceptables ». Il sera à ses côtés pendant toute la campagne[50]. Le , Ségolène Royal publiera, en « Une » du journal Le Monde, un article intitulé « BHL, François Mitterrand, la meute et moi » où elle volera au secours de son ami, victime à ce moment-là d’attaques particulièrement virulentes[51].

En , BHL publie un livre sur le Parti socialiste, Ce grand cadavre à la renverse (Grasset). L'auteur commence son ouvrage en indiquant que Nicolas Sarkozy lui a demandé de le soutenir lors de la dernière élection présidentielle. BHL précise qu'il a refusé parce qu'il fait partie de la gauche. Ce qui le conduit à définir la gauche tout en indiquant l'évolution dangereuse qui lui semble être la sienne. La gauche se définit, selon l'auteur, comme le courant politique auquel appartiennent ceux qui sont anticolonialistes, portent un jugement positif sur Mai 68, négatif sur Vichy et qui se reconnaissent dans le combat des dreyfusards. La gauche connaît une évolution qui la conduit, selon Bernard-Henri Lévy à devenir antiaméricaine de façon trop systématique, à se détourner de l'idée de liberté, à devenir complaisante à l'égard d'Al-Qaïda et du Hamas, à cesser d'être universaliste ou internationaliste, devenant chauvine[52]. Ses ennemis de gauche sont « tous suspects de fascisme, tous excommuniés ». Libération précise ironiquement « Évidemment, c'est un peu au bazooka »[53].

Depuis le début de l'année 2007, BHL est actionnaire[54] et membre du conseil de surveillance[55] du journal Libération.

De 2007 à 2012

Bernard-Henri Lévy et sa célèbre chemise lors d'une séance de dédicaces en 2008.

Lors de la guerre d'Ossétie du Sud de 2008, BHL se rend en Géorgie en , publiant le récit de son voyage dans deux pages « Témoignages » du Monde[BHL 14]. Un article de Rue89[56] montre que son témoignage est imprécis, notamment grâce à plusieurs témoignages (dont celui de l'eurodéputée Marie-Anne Isler-Béguin). Son compagnon de voyage, Raphaël Glucksmann, le soutient vigoureusement dans un droit de réponse publié par Rue89[57], le .

En , il publie Left in dark times, version américaine de Ce grand cadavre à la renverse, chez Random House.

Le , parution de Ennemis publics de Michel Houellebecq et de Bernard-Henri Lévy, coédité par Flammarion et Grasset, qui réunit une correspondance échangée par les auteurs par courriel, partant du constat qu'ils seraient tous deux l'objet de campagnes de dénigrement médiatique systématique et victimes de la « meute » des journalistes.

En 2008, il prendra parti auprès de Claude Askolovitch et en opposition à Guy Bedos dans l'affaire Siné[58].

Lors de la guerre de Gaza de 2008-2009, BHL se rend en Israël, publiant le récit de son voyage dans le JDD[BHL 15]. Dans cet article il constate que la bande de Gaza, évacuée par Israël en 2005 et soumise depuis à un blocus humanitaire, est devenue non l'embryon de l'État palestinien tant espéré, mais « une base militaire avancée ». Il accuse la désinformation du « village médiatique planétaire » en rappelant l'affaire du « génocide » de Jénine où les 500 victimes palestiniennes annoncées initialement dans la presse seront en définitive chiffrées à 52. Il conteste également la « rumeur » du blocus humanitaire, blocus pourtant confirmé par des organismes internationaux. Mais surtout il témoigne du réel désir de paix de responsables israéliens et palestiniens en particulier Ehud Olmert et Moustafa Barghouti. Ce témoignage sera qualifié par Acrimed de « tract de propagande »[59].

En , il publie dans le journal Le Point une note de soutien à Israël justifiant l'opération Plomb durci[BHL 16].

À partir de 2009, il s'engage très activement dans la campagne qui réunit nombre de politiciens et intellectuels de la gauche française protestant contre l'extradition de l'ancien terroriste italien d'extrême gauche Cesare Battisti condamné pour quatre homicides dans la péninsule[60] - [61]. Il soutient alors que l'activitiste a été « accablé par un repenti ayant négocié l’absolution de ses crimes contre un témoignage »[62]. En 2019, Battisti reconnaîtra avoir participé à deux assassinats et en avoir commandité deux autres[62].

En 2009, il déclare que le Parti socialiste « doit disparaître » pour « en finir, le plus vite possible maintenant, avec ce grand corps malade » depuis le déclin du communisme. Car d'après lui le Parti socialiste n'incarne plus la gauche française ni l'espérance de qui que ce soit. À ses yeux, le Parti socialiste doit renouer avec l'essentiel, l'identité même de la gauche selon lui : l'antifascisme, l'anticolonialisme et l'anti-totalitarisme, et il voit l'égalité comme le point de convergence de ces trois principes. Il exprime l'espoir de reconstruire, sur les ruines du Parti socialiste, la gauche de demain, moderne et réinventée[63].

Le , Bernard-Henri Lévy apporte son soutien à Roman Polanski, réalisateur arrêté le à Zurich en Suisse pour viol sur mineure. BHL, selon ses propos, considérait que c'était un scandale que d’arrêter un homme plus de trente ans après les faits, que cela n'avait pas de sens. Il fait d'ailleurs signer une pétition sur son site[BHL 17] - [64].

Dans son ouvrage De la guerre en philosophie paru en , il cite les réflexions du philosophe Jean-Baptiste Botul, alors que celui-ci est un personnage fictif inventé par le journaliste Frédéric Pagès[65]. Ce dernier évoque un « grave accident philosophique qui pourrait compromettre la suite de sa carrière » mais constate toutefois que « même pris en flagrant délit de lecture hâtive ou de fiche mal digérée, [BHL] est fêté par les télés, choyé par les radios, encensé par les journaux »[66]. BHL est toutefois la risée de la presse étrangère. L'Express rapporte par ailleurs fin que « Les chiffres des ventes des deux ouvrages de Bernard-Henri Lévy De la guerre en philosophie et Pièces d'identité (Grasset), vendus respectivement à 5 500 et 3 500 exemplaires en un mois et demi, malgré un lancement médiatique sans précédent, sont d'autant plus bas qu'on peut les comparer aux récents best-sellers de ses « rivaux » Alain Finkielkraut et Alain Badiou, qui ont largement dépassé les 50 000 exemplaires »[67]. Dans Pièces d'identité, il combat les souverainetés nationales et incite les politiciens à embrasser la loi du marché et la mondialisation, arguant que « l'anti-américanisme est une métaphore de l'antisémitisme ». Au nom de l'idée du « juif d'affirmation », il incite également les juifs au repli communautaire tout en fustigeant les juifs assimilés.

Le , dans un article du journal Libération, il déclare que « Mein Kampf est un best-seller en Turquie » et défend l'attaque israélienne du 31 mai 2010 contre des navires transportant de l'aide humanitaire vers Gaza[68].

Bernard-Henri Lévy en 2011, à l'université de Tel-Aviv.

En 2011, il crée le prix Saint-Germain qui ne durera que deux ans.

Le , il apporte publiquement son soutien à Dominique Strauss-Kahn, qui venait d'être accusé de viol sur une employée d'hôtel[69]. Il soutient ensuite Martine Aubry à la primaire socialiste[70]. Toujours en , Bernard-Henri Lévy est accusé avec Alexandre Adler, Caroline Fourest et quelques autres, d'être un intellectuel faussaire, selon le titre du livre de Pascal Boniface, qui consacre un chapitre à ce qu'il considère être les « multiples mensonges, contre-vérités » de ce dernier[71].

Le paraît son livre La guerre sans l'aimer (éditions Grasset), la chronique d'un écrivain et philosophe, devenu activiste et émancipateur d'un peuple, au cœur du « printemps libyen »[72]. Il affirme le s'être engagé en Libye en tant que juif et sioniste : « J'ai porté en étendard ma fidélité à mon nom et ma fidélité au sionisme et à Israël »[73] - [74].

En , la revue américaine Foreign Policy publie son classement des 100 personnalités les plus influentes au monde et Bernard-Henri Lévy figure, dans ce classement, à la 22e place[75].

Le , il présente au Festival de Cannes en sélection officielle, son film documentaire le Serment de Tobrouk sur la guerre en Libye qui mit fin au régime de Mouammar Kadhafi, projeté en séance spéciale et qui sera distribué aux États-Unis par Harvey Weinstein[76]. La réception critique est négative parlant de « documentaire de propagande empreint d’autoglorification »[77] et soulignant le « narcissisme » de l'auteur[78]. Le nombre d'entrées en salles est très faible.

De 2013 à 2021

Dans l'exposition Les aventures de la vérité (en écho aux Aventures de la liberté), divisée en sept « séquences faisant référence aux stations de la Via Dolorosa à, Jérusalem » : La Fatalité des ombres, Technique du coup d'état, La Voie Royale, Contre-Être, Tombeau de la philosophie, La revanche de Platon et Plastèmes et philosophèmes, il réunit 126 œuvres autour de la philosophie[79] en collaboration avec la Fondation Maeght[BHL 18] - [80] - [81].

Dans La Règle du jeu[82], revue qu'il a fondée et qu'il dirige, BHL fait l'objet d'une critique élogieuse de Baptiste Rossi ; dans Le Point, Nathalie Rheims titre : « BHL, le Magnifique », en référence au livre Gatsby le Magnifique de F. Scott Fitzgerald[83]. Cependant, dans Rue89, Laurent Calixte lui répond ironiquement : « Madame Rheims, vous n'appréciez Bernard Henri Lévy, ce n’est pas une raison pour nous infliger ce pamphlet ironique faussement flatteur et entièrement rédigé au second degré ! Toujours les mêmes moqueries sur sa « chemise blanche ouverte » ; toujours des phrases faussement emphatiques comme « Lui sait jusqu’où les hommes sont allés », toujours ces compliments qui font penser à ceux qu’on adressait à Kim Il-sung en Corée du Nord : « Il a cette capacité, cette hauteur de vue et aujourd’hui, peut-être un peu plus, cette sagesse, qui permettent à la pensée de ne pas disparaître complètement dans un monde qui pourrait facilement plonger dans l’obscurité »[84], alors que Le Figaro évoque un « Jeff Koons de la philosophie » […] « général (qui) évoquerait ses prises à l'ennemi » critiquant le « panurgisme dans l'art »[85].

Le , BHL est nommé citoyen d'honneur de Sarajevo pour ses prises de position pendant la guerre de 1992-1995[86].

En , BHL décide de reprendre le théâtre en lançant tambour battant sa pièce Hôtel Europe au Théâtre de l'Atelier, avec Jacques Weber dans l'unique rôle. Très commentée dans les médias, la pièce reçoit la visite de Manuel Valls, François Hollande et Nicolas Sarkozy, ainsi que les éloges de ce dernier[87]. La pièce est cependant jugée sévèrement par la critique : ainsi, dans Le Monde, Fabienne Darge souligne « la pauvreté de l'écriture », son « simplisme dénonciateur », sa « mise en scène indigente » et conclut en « se demandant comment la surface médiatique de certains personnages de notre petite comédie intellectuelle française peut être à ce point inversement proportionnelle à leur talent »[88]. Le public ne suit pas, et la pièce est déprogrammée dès le au lieu du [89].

BHL avec Nicolas Sarkozy en 2015.

En 2014, il estime que « Nicolas Sarkozy serait le meilleur rempart au FN », et que « son retour ferait du bien à la France »[70].

Le , il prononce un discours contre l'antisémitisme à la tribune de l'ONU, concluant son propos par : « Un monde sans Juifs, non, ne serait plus un monde »[90].

Le , il conduit une délégation de combattants kurdes au palais de l'Élysée, pour y rencontrer le président François Hollande[iBHL 4].

En juin 2016, Peshmerga, son film-documentaire de guerre sort, après avoir été programmé en sélection officielle par le Festival de Cannes. Tourné de juillet à décembre 2015 sur la ligne de front opposant les combattants kurdes, les Peshmergas, au groupe djihadiste Daech[91], le film présente, selon Le Monde, comme dans ses films précédents une vision du conflit « en noir et blanc » avec « d’un côté, les bons (les Bosniaques, les rebelles libyens, etc.), de l’autre, les méchants (les Serbes, Kadhafi...) »[92].

Le 29 septembre 2016, Bernard-Henri Lévy représente le Président François Hollande aux commémorations du massacre de Babi Yar en Ukraine, l’une des pires tragédies de la Shoah par balles : en 2 jours, les 29 et 30 septembre 1941, 34 000 Juifs furent assassinés par les nazis sur ce lieu-dit, un ravin près de Kiev[BHL 19].

En 2016, il se trompe deux fois en prévoyant successivement l'échec du Brexit et la défaite de Donald Trump[93].

Lors de la campagne présidentielle de 2017, après avoir en vain souhaité que François Hollande se représente[70], Bernard Henri-Lévy annonce son soutien à Emmanuel Macron, affirmant qu'en dépit de ses réserves, ce dernier lui apparaît comme « le meilleur moyen d’écarter ceux qui, dans la hargne ou l’amertume, naufragent la République ou ajournent le moment du sursaut »[94].

Le il reçoit le titre de docteur honoris causa de la part de l'université Bar Ilan pour « plus de 40 ans de contribution influente au peuple juif et à sa nation »[95] - [96]. L'université Bar Ilan fait ainsi suite à celles de Tel Aviv et de Jérusalem, qui lui ont donné le titre en 2002 et 2008, respectivement[97] - [98] - [99].

Le 5 novembre 2018, Bernard-Henri Lévy joue seul en scène à New York, en avant-première, lors d’une unique représentation, sa pièce Looking for Europe, un plaidoyer pour la démocratie contre les populismes, selon lui. Le 12 octobre précédent, le Public Theater de New York, où se joue la pièce, a annoncé une vente « sold out » en une heure pour la représentation de Bernard-Henri Lévy[100]. Le 6 novembre 2018, Valeurs actuelles et 20 Minutes affirment que BHL, pour faire la promotion de sa pièce, a tweeté des propos louangeurs qu'il a attribue au journal The New Yorker alors qu'il s'agissait de propos qu'il avait lui-même tenus[101] - [102].

Le 25 janvier 2019, paraît dans Libération, le « Manifeste des patriotes européens » lancé par Lévy. Trente écrivains internationaux, dont plusieurs Prix Nobel, ont répondu à son appel afin de « tirer la sonnette d'alarme sur la montée des dangers qui menacent l'Europe[103] ».

Lévy entreprend une tournée théâtrale, du 6 mars au 22 mai 2019, dans une vingtaine de métropoles européennes (Milan, Barcelone, Amsterdam, Kiev, Prague, Budapest, etc.) pour présenter Looking for Europe. « Looking for Europe a marqué le débat para-électoral de ces dernières semaines », affirme Alexis Lacroix dans L'Express, faisant référence aux élections européennes de 2019[104]. Dans sa pièce, BHL joue le rôle d'un intellectuel qui se prépare à faire un discours sur la paix. Il y défend l'Union européenne, et finit par une tirade où il plaide « l’élection au suffrage universel direct d’un président des États-Unis d’Europe »[105] - [106] - [107]. Durant son périple dans les villes où la pièce s'est jouée, Looking for Europe a donné lieu à des débats entre Lévy et des dirigeants politiques à propos de l'avenir de l’Europe ; notamment à Vienne (Autriche), un débat avec Sebastian Kurz, le chancelier autrichien ; à Athènes avec Alexis Tsipras, le Premier ministre grec ; à Kiev avec Petro Porochenko, le président ukrainien ; à Budapest, avec Viktor Orban, le Premier ministre hongrois[108]. Enfin, le 21 mai 2019 Emmanuel Macron a reçu à l’Élysée Lévy avec des intellectuels signataires du « Manifeste des patriotes européens ». Parmi eux : l’Italien Claudio Magris, l’Espagnol Fernando Savater, l’Allemand Peter Schneider, le Polonais Adam Zagajewski[109].

Selon Acrimed, la pièce bénéficie « d’une couverture médiatique généreuse »[110]. Par exemple, Anna Cabana dans Le Journal du dimanche souligne la qualité artistique de la pièce de Lévy et déclare : « On n’aurait pas dit qu’un jour BHL nous émouvrait. […] On le connaissait étincelant, engagé pour de vrai, le panache généreux. Mais jamais on ne l’avait trouvé touchant[111]. » C'est « une flamboyante campagne contre les populismes », signale Roger-Pol Droit dans Les Échos[112]. « À mi-parcours, tout s’est bien déroulé », selon Sylvain Courage dans L'Obs, « les salles sont remplies de sympathie[113] ». Lorsque la tournée s’achève à Paris, au Théâtre Antoine, le 22 mai, Agathe Godard dans Paris Match constate : « BHL fait un triomphe[114]. » Acrimed estime cependant que le succès de BHL est « mitigé », notant par exemple que deux représentations ont été annulées en Suisse, à Genève et à Lausanne, faute de public[110]. Pascal Boniface, dans son blog sur Mediapart, juge que Looking for Europe suscite rire ou indignation des « critiques prenant leur travail au sérieux » et « indifférence totale du public »[115].

BHL en 2019.

En juin 2020, paraît chez Grasset un essai à propos de la pandémie du coronavirus intitulé Ce virus qui rend fou, dont il est dit que « Bernard-Henri Lévy s'essaie ici, en philosophe, à un bilan d'étape sur cette Première Peur mondiale qui a produit un réel plus invraisemblable que la fiction »[BHL 20].

Le 5 mai 2021, il publie, toujours aux éditions Grasset, Sur la route des hommes sans nom[BHL 21], basé sur ses nombreux reportages en zone de guerre, et défendant l'Internationalisme[116] - [117] - [118].

En septembre 2021, il est débouté de son recours contre le média Blast. L'essayiste réclamait la suppression d'un article selon lequel le Qatar lui aurait versé 9,1 millions d'euros en échange de promouvoir la guerre en Libye. Il fait appel de ce jugement[119] - [120]. En appel, il est à nouveau débouté.

Engagements internationaux

En 1985, il signe une pétition, parue dans le journal Le Monde, qui demandait au Congrès des États-Unis de reconduire l’aide américaine aux Contras[121].

En 1989, Bernard-Henri Lévy s’engage dans la défense de l’écrivain Salman Rushdie, contre qui a été décrétée une fatwa et dont il fait un emblème. En 1999, il publie avec lui Questions de Principe Six.

En 1994, Les guerres et événements tragiques en Algérie, en Bosnie-Herzégovine et au Rwanda lui inspirent l'ouvrage La Pureté dangereuse où il voit le délire de pureté à l’œuvre dans ces diverses situations. Il y définit les caractéristiques de l’intégrisme.

Les Damnés de la guerre est un essai à partir de reportages effectués en Angola, au Sri Lanka, au Burundi, en Colombie, au Soudan parus en France dans Le Monde, en Italie dans le Corriere della Sera et dans El Mundo en Espagne, qui donnent un livre intitulé Réflexions sur la Guerre, le Mal et la fin de l’Histoire, 2001. L'auteur se fait dans cet ouvrage le porte-parole des victimes de guerres oubliées et de leur souffrance.

En 2009, la revue américaine Foreign Policy lui attribue la 31e place des personnages les plus influents au monde, notamment devant Dominique Strauss-Kahn (33e), Esther Duflo (41e) et Jacques Attali (86e)[122].

Le , il soutient activement la position française au sujet de la révolution libyenne, et appuie Nicolas Sarkozy sur la décision d'instaurer une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye[123]. Il se rend à plusieurs reprises en Libye pour soutenir les rebelles face aux forces de Mouammar Kadhafi. À la suite de la prise de Tripoli par les rebelles, en , il déclare que « c'est une victoire, car Sarkozy a réalisé en Libye ce que Mitterrand n'avait pas fait en Bosnie »[124]. Natalie Nougayrède du Monde commenta :

« Pour le philosophe, âgé de 63 ans, l'aventure libyenne est l'accomplissement de toute une vie. Il tient enfin le grand roman de la liberté. Après le calvaire de Sarajevo, après l'annulation de la visite de l'Afghan Massoud à Paris, après la non-ingérence armée au Darfour : la Libye, opération réussie ! BHL, en nouveau Byron romantique, s'est vu en émancipateur d'un peuple. En toute sincérité. BHL, porte-étendard libyen[125]. »

Bernard-Henri Lévy a dit, lors de la Convention nationale du CRIF de l'hiver précédent, qu'il avait agi dans cette affaire en pensant à l'intérêt de l'État d'Israël[126].

Des intellectuels comme Jean-François Kahn condamneront par la suite sévèrement le rôle joué par BHL dans la crise libyenne. Jean-François Kahn affirme notamment que : « BHL nous a entraînés dans la guerre en Libye dont nous payons aujourd'hui les conséquences, notamment au Mali. Nous attendons toujours son autocritique »[127].

Le , soit cinq jours après le crash du Vol 17 Malaysia Airlines, il accuse implicitement Vladimir Poutine d'en être le responsable, apporte son soutien à Petro Porochenko et dénonce la pusillanimité de l'Union européenne vis-à-vis du président russe[128].

Le , Bernard-Henri Lévy se retrouve bloqué plus de quatre heures à l'aéroport de Tunis-Carthage en raison d'une manifestation contre sa venue. Plusieurs dizaines de Tunisiens sont venus l'accueillir à sa descente d'avion aux cris de « BHL Dégage ! » et « Non aux intérêts sionistes en Tunisie. » Les manifestants lui reprochent son intervention en Libye qui aurait semé le chaos dans la région et son soutien inconditionnel à Israël ; ils l'accusent de « haine contre les Arabes et les musulmans »[129] - [130].

En , Bernard-Henri Lévy se rend au Kurdistan irakien, dans la région d’Erbil. Il y rencontre des combattants peshmergas qui s’affrontent aux troupes de Daech. Il défend dans les médias la cause des Kurdes en lutte avec « la barbarie sans pareille des coupeurs de tête de l’EI[BHL 22]. » Il affirme : « Ce sont les Kurdes qui se battent en première ligne contre Daech. » Les seuls, selon lui, qui puissent « concrètement venir en aide aux Chrétiens d’Orient »[BHL 23]. Le , il conduit une délégation de combattants kurdes au palais de l'Élysée, pour y rencontrer le président François Hollande et le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian. Il organise le même jour un rassemblement de soutien aux Kurdes, au cinéma Le Saint-Germain-des-Près[131] - [Note 3].

Plus récemment, il s'est fait critiquer sur ses prises de positions sur la Russie ainsi que la France[132]depuis l'attaque de Poutine en Ukraine le 24 février 2022[133] - [134] - [135] rappelant ses prises de positions lors de la Guerre à Sarajevo en 1992[136] - [137].

Fortune

En 2004, la fortune de Bernard-Henri Lévy s’élève officiellement à 150 millions d'euros[138]. Propriétaire de sept sociétés de gestion de patrimoine, immobilières et financières, sa fortune provient essentiellement de l'héritage de ses parents : au décès de son père André Lévy en 1995, son entreprise la Becob (société d'import-export de bois exotiques) réalise alors 450 millions d’euros de chiffre d’affaires, et Bernard-Henri en est déjà vice-président du conseil de surveillance. Deux ans plus tard, la famille Lévy cède les 76,9% qu’elle détient dans la Becob à Pinault Bois et Matériaux, une filiale du groupe PPR (devenu aujourd’hui Kering), pour 49 millions d'euros, montant versé à la holding familiale « Finadeux » répartie entre les trois enfants d'André Lévy, rapidement absorbée par la nouvelle holding Finaquatre puis une autre baptisée BPL Finances (sigle pour Bernard et Philippe Lévy), qui fait l'objet d'opérations financières complexes[7].

Cette fortune a été complétée au fil des années par des placements boursiers[138], facilités par son intimité avec les grandes fortunes du CAC 40. Ses placements les plus notables comportent notamment Jaber’s Negoce (une société qui exporte sucre, farine ou riz vers l’Afrique), Sanotech (une chaîne de salles de sports à l’enseigne Bodyhit), les Éditions Darré (société d'un styliste proche d'Arielle Dombasle), ou encore le quotidien Libération[7].

En 2001, Bernard-Henri Lévy crée une nouvelle société aux initiales de son père, AL Industries, pour investir dans le rachat de Picard Surgelés aux côtés de divers fonds d'investissements, lui permettant d'empocher une plus-value de 2,3 millions d’euros de dividendes[7]. En 1993, il crée « les Films du lendemain », une société de production cinématographique détenue pour moitié par la famille Levy et Artémis (holding de la famille Pinault), et qui a principalement servi à produire les films de son propriétaire, avant de déposer le bilan en 2012. En 2004, il crée avec Matthieu Tarot (le manager et producteur d’Arielle Dombasle) deux maisons de disques baptisées Tempest Music, destinées à produire les disques de son épouse, et qui seront liquidées quelques années plus tard[7].

Bernard-Henri Lévy est aussi un amateur d'immobilier. Son appartement parisien dans le quartier Saint-Germain est valorisé à 5,4 millions d’euros dans sa déclaration d’ISF pour 2009 ; cependant, lors d’un contrôle, le fisc estime que celui-ci vaut au moins 6,2 millions d’euros, et inflige un redressement fiscal à l'écrivain (l'appartement sera finalement revendu 7,1 millions d'euros en 2010, BHL ayant entre-temps acquis un autre pied à terre dans le quartier, et un second dans le quartier de l'Élysée)[7]. En 1998, BHL rachète à son ami Alain Delon le riad du « palais de la Zahia » pour 2 millions d’euros. Il acquiert ensuite une villa à Saint-Paul-de-Vence en 2002, qu'il revend en 2014 pour 4 millions d’euros. A Tanger, il rachète en 2000 un palais maure de 620 m2, qu'il fait redécorer par Andrée Putman[7].

En 2017, estimant avoir « trop de maisons dans le monde » et insuffisamment de temps à y passer, il se résout à vendre l'une de ses villas à Tanger pour 6 millions d'euros[139] - [140].

Bernard-Henri Lévy est proche de nombreuses autres grandes fortunes françaises, comme Liliane Bettencourt (qui fut présente à son mariage), Jean-Luc Lagardère (dont il prononça l’éloge funèbre), François Pinault (qui racheta l'entreprise familiale), Alain Minc, Jean-Baptiste Descroix-Vernier, Xavier Niel, Pierre Bergé, Françoise Bettencourt, Maurice Levy, Serge Weinberg, François Henrot ou encore Anne Méaux[7].

Écrits

Les philosophes qui ont formé sa réflexion sont : Hegel, Spinoza, Louis Althusser et Emmanuel Levinas. Il rapporte à propos de Hegel l’« éblouissement »[BHL 24] qu’il a éprouvé en découvrant la langue et la pensée hégéliennes en particulier la vision hégélienne de l'histoire. Son professeur à l’École Normale Supérieure, Louis Althusser, l’a amené à apprécier les subtilités de la métaphysique de Spinoza et les liens étroits reliant le théologique au politique. Depuis Le Testament de Dieu, publié en 1979, Bernard-Henri Lévy dit avoir puisé les sources de sa philosophie dans les textes de Franz Rosenzweig et Levinas. Cependant, selon le philosophe Yves Michaud, sa pensée est en fait « tout le contraire de l’ouverture à l’infini et à l’autre de Levinas »[141].

Sa pensée met l'accent sur l'existence du Mal et la lutte entre le Bien et le Mal[142], mais aussi, plus pragmatiquement, sur le combat contre le fanatisme et le totalitarisme, qui s'inscrit dans le cadre de la lutte générale contre le Mal.

Un regard critique sur la condition des intellectuels

Bernard-Henri Lévy s'intéresse au début des années 1980 à la condition des intellectuels, en particulier des intellectuels français, dans son ouvrage Éloge des Intellectuels. Il constate avec crainte (et un petit peu de nostalgie) le risque d'un recul de la culture intellectuelle de haut niveau, face aux genres mineurs, importants mais d'une importance sociale moins cruciale que les travaux des philosophes. Selon lui, les philosophes sont en partie responsables de ce déclin. Il observe avec inquiétude les progrès des « nouvelles stars » de la musique, du sport, du monde de l'entreprise.

Le « monde vrai », terrain d'étude pour la philosophie

Pour Bernard-Henri Lévy, la mission du philosophe est d’intervenir dans les débats contemporains. Le modèle dont il se réclame est celui de Sartre : le philosophe investi dans les événements et les luttes de son temps, pour qui le monde est aussi bien un terrain d'étude que d'intervention pour la philosophie. Il ne pense pas que le rôle de la philosophie soit de donner un sens au monde. Il veut faire de la philosophie « un instrument de la lucidité »[BHL 24]. Il constate que les questions existentielles, telles la vie, la mort, la souffrance, sont insolubles. Il en résulte selon lui que la fonction de la philosophie est d’explorer et non de résoudre ces grands problèmes humains.

Critiques

Critiques d'ordre général

BHL est présenté par certains journalistes et philosophes comme un imposteur intellectuel[143]. Ses détracteurs estiment que sa réussite ne serait due qu'à un réseau de connaissances bien organisé[144]. Pour Pierre Assouline, les réseaux de BHL sont « sa plus belle réussite »[145].

Pascal Boniface est critique vis-à-vis de BHL. Dans un article intitulé « BHL n'est pas seulement ridicule, il est aussi dangereux », il écrit : « Il est de bon ton, dans de nombreux milieux, de se gausser de Bernard-Henri Lévy et d’affecter à son égard, une indifférence ironique. L’affaire Botul dont BHL a le culot de s’estimer victime n’est ni sa première, ni sa dernière escroquerie intellectuelle. La carrière de BHL est faite d’affabulations et de ratés monumentaux, qu’il veuille créer un journal, faire un film, écrire une pièce de théâtre ou un livre. Il y a un écart grandissant entre l’écho médiatique qui lui est donné et la désaffection du public, qui n’est pas dupe[146]. » Dans l'ouvrage Les intellectuels faussaires (éditions JC Gawsewitch, mai 2011) de Pascal Boniface : « En tête de liste, il y a l’influent Bernard-Henri Lévy, alias BHL le « seigneur et maître des faussaires », dont le « moralisme se mue en maccarthysme », redoutable dans l’art d’exercer le « terrorisme intellectuel », alors même que ses fiascos retentissants disqualifieraient sur-le-champ bien moins omnipotent que lui. »

« Il m'est arrivé d'être amusé ou irrité, comme d'autres, par le comportement de BHL, par le mélange des genres savamment entretenu. Correspondant de guerre le lundi en Bosnie, regard sombre. Mariage princier à Saint-Paul-de-Vence, le dimanche, regard glamour. Tribune enflammée sur le Darfour, le mardi, dans Le Monde, et pages people en bonne compagnie, cheveux au vent, le jeudi, dans Paris Match. Tantôt Malraux, tantôt Delon. Et souvent « moi je ». Mais aussi « moi l'Autre ». Il serait malhonnête d'occulter cet engagement, cette main tendue à l'Autre, ce risque physique mis au service de l'Autre. »

Blessures, Paul Amar, 2014

En 1997, le sociologue Pierre Bourdieu interrogé sur la rareté de ses apparitions sur les plateaux de télévision, répond :

« discuter avec Bernard Henri Levy ou avec… bon, je n’en ai aucune envie, je sais d’avance ce qu’il va dire. D’ailleurs ça lui ferait tellement d’honneur, il en tomberait malade si je disais oui à une discussion avec lui. Il m’a supplié cent fois. Ça aussi c’est une des raisons pour lesquelles je refuse de parler avec certaines personnes, c’est que toute leur vie ils diraient « voilà, j’ai parlé avec Bourdieu », « Bourdieu m’a insulté », même, je pense qu’ils s’en vanteraient[147]. »

En 2014, Les Inrockuptibles note : « Si la posture d’intellectuel ultra médiatique et moraliste de BHL a très vite suscité l’animosité, Internet a considérablement amplifié le phénomène en rendant visibles toutes les petites et grandes humiliations qu’a connues le philosophe[148]. »

En juillet 2017, le journal Le Monde diplomatique a mis en ligne à disposition gratuite du public son fonds d'archives consacré à Bernard-Henri Lévy[143]. L'association Acrimed tient également à jour un volumineux dossier critique sur le philosophe[149].

Critiques de l'œuvre

À l'occasion de la sortie de la Barbarie à visage humain, le philosophe Gilles Deleuze portait un jugement négatif sur l'œuvre du jeune écrivain, qui se serait livré à des rapprochements hâtifs, parfois « ignobles »[150]. Plus généralement, à propos des nouveaux philosophes, Deleuze écrit : « Je crois que leur pensée est nulle. Je vois deux raisons possibles à cette nullité. D’abord ils procèdent par gros concepts, aussi gros que des dents creuses, LA loi, LE pouvoir, LE maître, LE monde, LA rébellion, LA foi, etc. Ils peuvent faire ainsi des mélanges grotesques, des dualismes sommaires, la loi et le rebelle, le pouvoir et l’ange. En même temps, plus le contenu de pensée est faible, plus le penseur prend d’importance, plus le sujet d’énonciation se donne de l’importance par rapport aux énoncés vides[150]. »

La prise de liberté avec la vérité et les faits inspire un reproche formulé par exemple par l’historien Pierre Vidal-Naquet[26] et par le philosophe Cornelius Castoriadis à propos de son livre Le Testament de Dieu, publié en 1978. BHL y citait, par exemple, le témoignage aux procès de Nuremberg de Heinrich Himmler, alors que celui-ci s'était suicidé lors de sa capture[26]. Dans un article du Nouvel Observateur daté du 9 juillet 1979, Cornelius Castoriadis, admettant sa perplexité devant le « phénomène BHL », écrivait : « Sous quelles conditions sociologiques et anthropologiques, dans un pays de vieille et grande culture, un « auteur » peut-il se permettre d’écrire n’importe quoi, la « critique » le porter aux nues, le public le suivre docilement et ceux qui dévoilent l’imposture, sans nullement être réduits au silence ou emprisonnés, n’avoir aucun écho effectif ? » Castoriadis ajoutait néanmoins : « Que cette camelote doive passer de mode, c’est certain : elle est, comme tous les produits contemporains, à obsolescence incorporée. »

Le sociologue et philosophe Raymond Aron a consacré dans L'Express un article particulièrement critique envers l'essai L'idéologie française de BHL, paru en 1981[151]. Aron reproche à Lévy d'aborder des questions qui exigent rigueur et subtilité tel l'antisémitisme en France en se livrant à une lecture unilatérale de l'histoire française et à des généralisations manquant d'équilibre et de sens du jugement politique. Ces critiques sont également formulées par Pierre Nora, Emmanuel Le Roy Ladurie, Léon Poliakov, Bertrand Poirot-Delpech et Paul Thibaud[152] - [153] - [154] - [155] - [156]. Dans son étude sur « le syndrome de Vichy », l'historien Henry Rousso évoque L'idéologie française de Bernard-Henry Lévy, auteur « critiqué […] pour son incompétence historique, ses amalgames et syllogismes grossiers », comme « un brûlot maladroit, où le ton inquisitorial et péremptoire ne peut faire oublier que Lévy appartient après tout à cette cohorte des ci-devant marxistes, dont la rupture de ban s'est déroulée dans le même vacarme que leurs noces[157]. »

Le sinologue Simon Leys a critiqué l'ouvrage de Bernard-Henri Lévy Impressions d'Asie en reprochant au texte de n'être qu'un commentaire, constitué de platitudes, des photographies de l'ouvrage, dues à Guy Bouchet, et qui en sont le seul intérêt[158].

Le philosophe Jacques Bouveresse critique des approximations d'une certaine « philosophie française », qui reposerait plus sur des rapprochements hasardeux que sur des raisonnements construits[159].

Selon les auteurs d'une enquête sur BHL, Nicolas Beau et Olivier Toscer, l'épouse de Daniel Pearl reprocherait à BHL à propos de son « romanquête » Qui a tué Daniel Pearl ? un « viol littéraire »[160]. Mme Pearl a déclaré au sujet de Bernard-Henri Lévy qu'il était un homme dont « l'ego détruit l'intelligence »[161].

Le spécialiste du sous-continent indien, journaliste au Guardian et historien William Dalrymple a publié dans The New York Review of Books puis dans Le Monde diplomatique une critique sévère du « romanquête » de BHL sur l'assassinat de Daniel Pearl[162]. Il y accuse notamment Bernard-Henri Lévy de confondre certaines villes, ainsi que de donner une image détestable de l'Islam. Celui-ci a obtenu un droit de réponse, où il répond aux critiques de son contradicteur[BHL 25] ; il souligne notamment avoir donné un point de vue plutôt élogieux sur l'Islam dans le dernier chapitre de son ouvrage. Ce droit de réponse a, à son tour, suscité une réponse de Dalrymple, toujours dans Le Monde diplomatique[163].

Son livre American Vertigo, sous-titré Voyage dans les pas de Tocqueville, reçut un accueil partagé[164] dans les médias français[165] et fut largement moqué par la presse américaine[166], des libraires français[167], Le Monde[168] et Le Monde diplomatique[169]. Un éditorialiste de The Economist parle même « du pire livre jamais écrit sur les États-Unis »[170]. À la suite de cet ouvrage, un procès fictif lui fut intenté dans un théâtre parisien avec la participation de Daniel Mermet[171].

Le , deux jours avant la sortie de son ouvrage De la guerre en philosophie, la journaliste Aude Lancelin révèle sur le site littéraire du Nouvel Observateur que Lévy s’y réfère à un philosophe fictif, Jean-Baptiste Botul (inventé par le journaliste du Canard enchaîné Frédéric Pagès), pour appuyer ses critiques sur Emmanuel Kant. Citant BHL, selon qui Jean-Baptiste Botul aurait définitivement démontré « au lendemain de la seconde guerre mondiale, dans sa série de conférences aux néokantiens du Paraguay, que leur héros était un faux abstrait, un pur esprit de pure apparence », elle écrit notamment « Seul problème, Jean-Baptiste Botul n'a jamais existé. Pas plus que ses conférences dans la pampa, auxquelles BHL se réfère avec l'autorité du cuistre »[65]. Ces révélations sur le manque de sérieux des méthodes de travail du philosophe provoquent une vague de commentaires consternés et ironiques dans la presse. Frédéric Pagès commente : « La Vie sexuelle d'Emmanuel Kant raconte l'histoire farfelue d'une communauté d'Allemands de Königsberg (devenue Kaliningrad) ayant fui au Paraguay pour constituer une colonie strictement régie par la philosophie kantienne. Cela aurait dû l'alerter. Cela pose une question sur sa façon de travailler. » Bernard-Henri Levy reconnaît l'erreur et écrit « Chapeau pour ce Kant inventé mais plus vrai que nature et dont le portrait, qu’il soit donc signé Botul, Pagès ou Tartempion, me semble toujours aussi raccord avec mon idée d’un Kant […] tourmenté par des démons moins conceptuels qu'il y paraît[172] - [BHL 26]. » Cet ouvrage a reçu le 30 juin 2010 le Prix Botul, Bernard-Henri Lévy ayant (bien qu'absent ce jour-là) accepté de faire partie du jury, condition nécessaire pour le recevoir.

Critiques de l'engagement politique

En 1977, Lévy déclare à propos d'une éventuelle arrivée des communistes au pouvoir en France : « je serais le premier écrivain français à faire à mon gouvernement cet affront qui n'a jamais été fait depuis qu'il y a de la littérature en France, qui est de changer de nationalité »[173].

Il écrit à propos de l'argent : « la vertu qu’il a de substituer le commerce à la guerre, la frontière ouverte aux univers fermés ; le temps de la négociation, de la transaction, du compromis, qui succède, grâce à lui, à celui de l’impatience, de la violence, du troc, de la rapine, du tout ou rien, du fanatisme ». Cette phrase peut sembler en contradiction avec celle[174], tenue au Congrès d'Épinay du 13 juin 1971, qui dénonçait : « toutes les puissances de l’argent, l’argent qui corrompt, l’argent qui achète, l’argent qui tue, l’argent qui ruine, et l’argent qui pourrit jusqu’à la conscience des hommes ».

En 1985, Bernard-Henri Lévy, Revel et Glucksmann signent une pétition pour encourager Ronald Reagan à continuer à soutenir les Contras au Nicaragua. Ceux-ci s'illustreront dans des crimes de guerre et ceci débouchera sur un scandale majeur de l'ère Reagan : l'affaire Iran-Contra[175] - [176].

Selon Serge Halimi, BHL représenterait une certaine forme d'oligarchie au sein du Parti socialiste[177].

Appuyé par une citation de Manuel Valls au sujet d'un ouvrage de Bernard-Henri Lévy censé évoquer la réforme du parti socialiste, le rédacteur en chef du Monde diplomatique, Serge Halimi, l'accuse également de n'avoir aucun attrait pour l'aspect social du socialisme[177], pourtant consubstantiel au mouvement, et de préférer Mai 68 au Front populaire. Il avoue lui-même que : « Oui, c’est vrai, je me suis plus intéressé à la misère bosniaque qu’à la misère au coin de la rue. Je suis un peu sourd à la question sociale. Que voulez-vous, on écrit avec son intelligence et son inconscient. »

En 2007, il soutient publiquement la candidature aux élections législatives de l'ancien maire de Grenoble Alain Carignon, après que celui-ci a purgé une peine de plusieurs années de prison ferme pour diverses affaires de corruption, attitude qui suscite de fortes critiques[178].

Son rôle et son soutien dans l'intervention militaire française en Libye, décidé par Nicolas Sarkozy et qui a mené jusqu'à la mort de Kadhafi et à la destitution de son régime politique, a été souvent critiquée et l'est encore, notamment au sujet du chaos qui sévit en Libye depuis, chaos qui a permis l'éclosion de nombreuses cellules islamistes[179] - [180] - [181] - [182].

Fin 2018, lors de la crise des Gilets jaunes, BHL exprime son opposition à ce mouvement dans une série d'articles, en comparant notamment dans un article publié dans Le Point en novembre 2018 ces derniers aux Liguards de 1934[BHL 27] pour finir par conclure que les Gilets jaunes ne sont pas le « bon peuple » mais le « mauvais peuple »[183]. Selon Ivan Rioufol, « si BHL sait défendre un peuple quand il est kurde, il lui promet les poubelles de l'histoire quand il réclame sa place dans son propre pays »[184]. Michel Onfray répond à ces prises de position de BHL par un éditorial intitulé Le message clair de Michel Onfray à BHL paru sur son blog personnel[185].

Critiques de la relation aux médias

Le sociologue Pierre Bourdieu lui a reproché de côtoyer Jean-Luc Lagardère, homme influent du monde des médias et de l’industrie de l’armement[186]. Il lui trouve également une certaine posture de faussaire, de faux intellectuel médiatique, qui lui servirait à associer son image à celle d'académiciens aux recherches émérites[187].

Dans un article pro-géorgien consacré au Conflit russo-géorgien de 2008 publié par le Corriere della Sera, El Mundo, Expressen, The Huffington Post et la Frankfurter Allgemeine Zeitung, Lévy prétendait notamment qu'il s'était rendu à Gori, entre autres allégations démenties par la suite par Rue89[56] - [188].

En , Bernard-Henri Lévy écrit dans Le Point :

« Il faut le dire et le redire : présenter comme un « arc républicain », ou comme une alliance entre « républicains des deux rives », ce nouveau rapprochement rouge-brun qui voit les crânes rasés du Bloc identitaire fricoter, sur le dos des musulmans de France, avec tel ancien du Monde diplo, Bernard Cassen, est un crachat au visage d'une République qui, à Monte Cassino, puis dans les combats pour la libération de Marseille, puis dans la poche de Colmar, en Alsace, face à la division Das Reich, n'a pas eu de plus vaillants défenseurs que les pères et grands-pères de ces hommes et femmes que l'on voudrait, aujourd'hui, clouer au pilori[BHL 28]. »

Bernard-Henri Lévy ayant en l'occurrence confondu Bernard Cassen avec Pierre Cassen, l'ancien directeur général du Diplo dès lors incriminé à tort réplique par une lettre au directeur du Monde :

« On aurait cependant attendu de M. Lévy, qui a très souvent signé dans le quotidien, qu'il respecte les normes minimales de la profession, et tout particulièrement celles inscrites dans la « Charte d'éthique et de déontologie du groupe Le Monde ». Celle-ci stipule notamment que « Les journalistes disposent des moyens nécessaires pour exercer rigoureusement leur métier, collecter et vérifier les informations, indépendamment de toute pression extérieure. Ils s'interdisent toute manipulation et plagiat, ne relaient pas les rumeurs, évitent le sensationnalisme, les approximations et les partis pris. Ils doivent éviter tout lien d'intérêt avec les acteurs des secteurs sur lesquels ils écrivent, et s'engagent à déclarer tout conflit d'intérêts »[189]. »

Toujours en 2010, il fustige Frédéric Taddeï dans un Bloc-Notes du Point pour avoir invité l'humoriste condamné pour antisémitisme[190] Dieudonné, article auquel Taddeï réplique dans un droit de réponse[191].

BHL est aussi régulièrement accusé de se mettre personnellement en avant dans ses reportages, ce qui a été particulièrement relevé dans son film Le Serment de Tobrouk[192]. Il a également fait financer sur des budgets publics plusieurs documentaires sur lui-même, en particulier un documentaire racontant la rénovation de sa villa de Tanger financé par France 5, ainsi qu'un autre sur la tournée de sa pièce Looking for Europe, financé à hauteur de 730 000  entièrement par les chaînes françaises (dont 200 000  d'Arte, dont il préside depuis des décennies le conseil de surveillance)[115].

Critiques du personnage

Bernard-Henri Lévy a été, plus que n'importe quelle autre personnalité publique, victime d'entartages en Belgique et en France (on compte huit « attentats pâtissiers » entre 1985 et 2015)[193]. Lors du premier en 1985, il renversa son agresseur, Noël Godin, pour lui intimer ensuite, alors que celui-ci était maintenu au sol par plusieurs hommes : « Lève-toi ! Lève-toi vite, ou je t'écrase la gueule à coups de talon[194] ! » Cette réaction, filmée, a été largement diffusée et moquée, notamment par Coluche et Pierre Desproges, pour qui elle révèle « la vraie nature des cuistres » ; elle lui a également valu une chanson de Renaud, L'Entarté. Le 10 mai 2017, il est entarté à Belgrade lors de la présentation de son film Peshmerga par des militants du groupe communiste serbe SKOJ[195].

Becob

De 1995 à 1997, BHL prend les rênes de la Becob, société d'importation de bois précieux africain[196], l’affaire familiale qu’il codirigeait de fait depuis plusieurs années et dont Guy Carlier était le directeur financier de la fin des années 1970 jusqu'à 1982[197]. La Becob opérait en Côte d'Ivoire, au Gabon, au Cameroun[198]. En mars 1998, le magazine Entrevue décide d’envoyer une équipe enquêter sur la Becob, mais leur reportage ne sera jamais publié, BHL étant intervenu directement auprès de Jean-Luc Lagardère, propriétaire du journal, pour faire passer le reportage à la trappe.

Dans un de ses spectacles en 2005, Dieudonné attaque Bernard-Henri Lévy : « Ses milliards, il les a gagnés dans le commerce du bois précieux africain. Sur place, les gens n'ont plus de bois, ni de milliards. Il leur a tout volé[199] ! » Bernard-Henri Lévy répond en dénonçant l'antisémitisme de Dieudonné[200] et Dieudonné réagit par une nouvelle provocation[201].

En 1997, la Becob est vendue au groupe Pinault sur la base d'une valorisation d'environ 800 millions de francs[202].

Désinformation en Algérie

Pendant l'automne 1997, sous l'impulsion du général Liamine Zéroual, le régime militaire algérien souhaite redorer son image de marque à la suite d'une série de massacres. Jack Lang et le ministre des affaires étrangères françaises Hubert Védrine soutiennent alors le régime algérien. Hubert Védrine contacte Bernard-Henri Lévy qu'il connaît bien, et le recommande en Algérie pour en donner une meilleure image[203] sous l'égide du journal Le Monde dirigé par ses « amis fidèles » Jean-Marie Colombani, qui s'est distingué pour avoir fait publier des articles de désinformation sur le génocide des Tutsis au Rwanda[204], et par le directeur de rédaction Edwy Plenel[205].

En 1998, il publie en janvier dans le journal Le Monde deux témoignages de voyage sur la guerre civile et le terrorisme qui ravagent l'Algérie[BHL 29] - [206]. Ces deux textes dénoncent et accusent l'islamisme radical et ses militants d'être responsables des massacres perpétrés, mais passent complètement sous silence les exactions commises par le régime algérien[207]. Ils déclenchent de vives polémiques tant en France qu'en Algérie en particulier de la part de François Gèze et Pierre Vidal-Naquet[208] - [209].

Critiques du discours de Nicolas Sarkozy à l'université de Dakar

En , à l'occasion de la sortie de son livre sur le Parti socialiste Ce grand cadavre à la renverse, Bernard-Henri Levy a attaqué vivement Nicolas Sarkozy en fustigeant son « Discours de Dakar » et son rédacteur, le conseiller du président de la République, Henri Guaino : « L'homme africain », disait le texte, « n'est pas assez entré dans l'Histoire. Jamais il ne s'élance vers l'avenir. Dans cet univers où la nature commande tout, il n'y a de place ni pour l'aventure humaine, ni pour l'idée de progrès. » Il dira : « C'est un discours raciste ». « BHL est un petit con prétentieux », lui répliquera le conseiller[210].

Ouvrages critiques

Quelques ouvrages d'analyse critique sont consacrés entièrement à Bernard-Henri Lévy :

  • Le livre Le B.A. BA du BHL, Enquête sur le plus grand intellectuel français, de la journaliste Jade Lindgaard et du producteur Xavier de La Porte soutient l'idée d'une supposée « mythomanie » de Lévy affirmant que contrairement à ses assertions répétées, il n'avait par exemple fait que croiser le commandant Massoud.
  • Nicolas Beau et Olivier Toscer, Une imposture française, Les Arènes, , 213 p. (ISBN 978-2912485953), ouvrage des journalistes, Nicolas Beau et Olivier Toscer consacré à Bernard-Henri Lévy, sorti en librairie le .
  • Daniel Bensaïd, Fragments mécréants: Tome 2, Un nouveau théologien, Bernard Henri-Lévy, Nouvelles Editions Lignes, , 158 p. (ISBN 978-2355260100)

Interprétation des controverses et des ouvrages critiques

Au sujet de ces livres, Josyane Savigneau, dans Le Monde des livres du 1er juillet 2005[211], journal auquel collabore BHL, signe un article à propos du livre de Philippe Boggio, Bernard-Henri Lévy, une vie, où elle remarque une « étrange frénésie » qui aurait pris plusieurs journalistes de vouloir s’en prendre à Bernard-Henri Lévy :

« En 2004, l’édition française a été saisie d’une étrange frénésie à propos de Bernard-Henri Lévy. On annonçait cinq livres sur cet intellectuel « à abattre », comme le titrait un journal »

Josyane Savigneau précise encore ceci :
« Boggio avait d’emblée annoncé son intention de faire « une vraie biographie, à charge et à décharge » et non « un essai approximatif ». Ce n’est guère dans l’air du temps. Aussi son travail, sérieux […], a-t-il moins excité les médias que les deux essais précédents ».
« Tandis que Boggio, qui a écrit une biographie sérieuse, est beaucoup moins cité par les médias »
« Il [Boggio] rappelle les critiques, les stupides comme les prestigieuses, celles de Deleuze, de Vidal-Naquet et d’autres. Mais aussi les soutiens, dont celui de Barthes. »

Condamnations judiciaires

En avril 2013, il est condamné pour avoir diffamé le Bloc identitaire dans un article paru dans Le Point[Note 4]. Dans ses propos, il traçait un lien direct entre ce mouvement politique et Unité radicale, groupe dont Maxime Brunerie, condamné à 10 ans de prison pour tentative d'assassinat sur Jacques Chirac en 2002, était proche. Le tribunal a estimé que ces « raccourcis et amalgames » avaient un « indubitable caractère diffamatoire »[212] - [213].

Pour ce même article, la 17e chambre correctionnelle du TGI de Paris, dans un jugement du 23 avril 2013, a reconnu Bernard-Henri Lévy « complice du délit de diffamation publique envers un particulier ». Elle a estimé que Franz-Olivier Giesbert, qui avait publié le texte diffamatoire, s’était rendu, en qualité de directeur de la publication, « coupable » du même délit de diffamation publique. Les deux prévenus, reconnus « auteur et complice du délit de diffamation publique envers un particulier », sont condamnés chacun à une amende de 1 000 euros « qui, pour Bernard-Henri Lévy dont le casier judiciaire ne porte trace d’aucune condamnation, à la différence de Franz-Olivier Giesbert sera assortie du sursis »[214].

Œuvres

Livres

Films

Bernard-Henri Lévy a toujours nourri un amour contrarié pour le cinéma, avec des participations comme scénariste, réalisateur, acteur ou producteur tout au long de sa vie. Il a fondé et présidé la société de production Les Films du Lendemain[219] (essentiellement dédiée à produire ses propres films et ceux de son épouse), et souvent collaboré avec son épouse la comédienne Arielle Dombasle (dont il produit également les disques). Cependant, le succès n'a jamais été au rendez-vous, et bien au contraire la plupart de ses films ont été de cuisants échecs autant critiques que commerciaux, en particulier son film de fiction Le Jour et la Nuit (1997)[220]. Le polémiste a également dirigé la Commission des Avance sur Recettes du Centre national du cinéma et de l'image animée et figure au conseil d’administration d'un certain nombre de grands groupes médiatiques (notamment président du conseil de surveillance d’Arte France depuis 1993) ; or, ces différentes institutions ont souvent financé les films de BHL, avec des montants très largement supérieurs à la normale en dépit de pertes aussi systématiques que prévisibles, attirant là aussi des critiques pour ce mélange des genres pouvant confiner au conflit d'intérêts[221].

Bernard-Henri Lévy est le seul réalisateur à avoir deux films classés parmi les 10 « pires films de tous les temps » sur le site Allociné[222], et bénéficie de plusieurs pages sur le site spécialisé Nanarland[220].

Théâtre

Dans la fiction

Le personnage de Quentin-Patrick Stern, dans Le Continent de la douceur d'Aurélien Bellanger, est explicitement inspiré par Bernard-Henri Lévy. Les initiales de ce personnage, QPS, évoquent d'ailleurs l'entreprise postale UPS, à la manière dont les initiales BHL évoquent l'entreprise de transport DHL.

Notes et références

Notes

  1. Bernard-Henri Lévy, La Barbarie à visage humain, Grasset, p. 21 : "Si les hommes sont dominés, disent-ils [c'est-à-dire Deleuze, Guattari et Lyotard], ce n’est pas qu’on les manipule mais qu’ils le souhaitent au contraire, – et au cœur de ce souhait, il y a de la jouissance et seulement de la jouissance. Cette jouissance n’est pas un mensonge imposé à ses victimes, mais la pure vérité de leurs pulsions les plus secrètes. […] Et si l’on peut espérer s’en détacher, ce n’est pas à force de vérité, mais de désir toujours, – de désir abstenu, inversé ou parasite. Tout le gauchisme moderne tient à ce schéma. Le schéma même du marxisme, à cette différence près que là où l’un parle de “vérité”, l’autre parle de “libido”." Sur ce sujet, voir à l'article détaillé La Barbarie à visage humain.
  2. Sur ce sujet, lire la citation qui suit immédiatement ce passage, et voir à l'article détaillé Le Testament de Dieu
  3. La délégation comprend notamment : Mustafa Qadir Mustafa, ministre des peshmergas ; Serwan Sabir Mustafa Barzani, commandant du Secteur 6 ; le Major Général Aziz Waysi Izzadin, commandant en chef des unités spéciales ; le brigadier général Bakhtyar Mohammed Sidiq, commandant de la 13e brigade et le brigadier général Salar Ibrahim Saber, chef du Joint Operation Center.
  4. Dans son « bloc-notes de Bernard Henri-Lévy » publié par Le Point le , Bernard-Henri Lévy avait écrit : « ce nouveau rapprochement rouge-brun qui voit les crânes rasés du Bloc identitaire fricoter, sur le dos des musulmans de France, avec tel ancien du Monde diplo, Bernard Cassen, est un crachat au visage [de la] République. » Bernard-Henri Lévy avait confondu Bernard Cassen avec Pierre Cassen, fondateur du site Riposte laïque. BHL plaidant la présence d’une « coquille », le tribunal lui répond en lui reprochant un manque de « sérieux » : « Il convient de considérer que l’évocation de Bernard Cassen, ancien journaliste et directeur général du mensuel Le Monde diplomatique […] au lieu et place de Pierre Cassen relève davantage d’une insuffisance de rigueur et d’une carence de fond, que de la simple « coquille » invoquée en défense. » Et la 17e chambre correctionnelle précise : « Pour l’ensemble de ces motifs, le bénéfice de la bonne foi ne saurait être accordé [à BHL] et, par voie de conséquence, Franz-Olivier Giesbert ne saurait en bénéficier. » Comme le note le tribunal : « L’alliance explicitement imputée à Bernard Cassen avec un groupe politique présenté comme véhiculant une idéologie gravement attentatoire aux valeurs républicaines et comme ayant tenté d’assassiner le chef de l’État le jour de la fête nationale de 2002, constitue un fait précis, dont la vérité est susceptible d’être prouvée, et qui porte atteinte à son honneur et à sa considération. »

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Voir aussi

Ouvrages

  • François Aubral et Xavier Delcourt : Contre la nouvelle philosophie, Paris, Gallimard, 345 p., 14 mai 1977 (ISBN 207035380X).
  • Guy Hocquenghem, Lettre ouverte à ceux qui sont passés du col Mao au Rotary, préface de Serge Halimi, éd. Agone, 1986 / Contre-feux 2003, 15 avril 2014.
  • Dominique Lecourt, Les Piètres penseurs, Paris, Flammarion, 215 p., 14 janvier 1999 (ISBN 2080675435 et 9782080675439).
  • Marc Villemain : Monsieur Lévy, Paris, Plon, 278 p., 1er octobre 2003 (ISBN 2259198716 et 978-2259198714).
  • Jade Lindgaard et Xavier de la Porte, Le B.A. BA du BHL : Enquête sur le plus grand intellectuel français, Paris, La Découverte, 1er octobre 2004 (268 pages). Réédition le 22 septembre 2011, 271 pages (ISBN 2707144789).
  • BHL, Bérénice et Frédéric B., éditions Le Bord de l'eau, 128 p., 2 décembre 2004 (ISBN 2915651-08-6).
  • Philippe Cohen, BHL, une biographie, Paris, Fayard, 460 p., 12 janvier 2005.
  • Philippe Boggio, Bernard-Henri Lévy : une vie, Paris, 560 p., La Table ronde, 5 mai 2005.
  • Nicolas Beau et Olivier Toscer, Une imposture française, Paris, Les Arènes, 212 p., 23 février 2006.
  • Bruno Jeanmart, Richard Labévière, Bernard-Henri Lévy ou la règle du Je, Le Merle moqueur, Le Temps des Cerises, 160 p., 15 novembre 2007 (ISBN 9782841096770).
  • Daniel Bensaïd, Un nouveau théologien : Bernard-Henri Lévy, Paris, Nouvelles Éditions Lignes, 160 p., 18 janvier 2008 (ISBN 978-2-35526-010-0).
  • Mona Chollet, Olivier Cyran, Sébastien Fontenelle, Mathias Reymond, Les Éditocrates, ou comment parler de (presque) tout en racontant (vraiment) n'importe quoi, Paris, La Découverte, 204 p., 11 novembre 2009 (ISBN 9782707158697).
  • Daniel Salvatore Schiffer, Critique de la déraison pure - La faillite intellectuelle des « nouveaux philosophes » et de leurs épigones, Paris, Bourin Éditeur, 354 p., 17 mai 2010 (ISBN 2849411841).

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