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Affaire Siné

L'affaire Siné est une polémique fondée sur une accusation d'antisémitisme à l'encontre du dessinateur et caricaturiste politique français Siné, de son vrai nom Maurice Sinet.

Siné au Salon du livre de Paris, mars 2007

L'affaire dĂ©bute le  avec une chronique[1] de SinĂ© parue dans l'hebdomadaire Charlie Hebdo. Le dessinateur y critique l'arrivisme de Jean Sarkozy, fils du prĂ©sident nouvellement Ă©lu, Nicolas Sarkozy. Il s'y moque particulièrement de la possible conversion au judaĂŻsme de Jean Sarkozy.

Le 8 juillet 2008, lors d'une Ă©mission sur RTL, le journaliste Claude Askolovitch qualifie au micro cette chronique d'« antisĂ©mite dans un journal qui ne l'est pas », engageant ainsi la polĂ©mique. Le directeur de la publication du journal Philippe Val annonce alors au dessinateur son licenciement le .

De nombreux intellectuels français prennent parti dans la controverse, qui mêle plusieurs thèmes dont ceux de l'antisémitisme — et de l'accusation d'antisémitisme — mais aussi les rapports présumés de l'antisémitisme avec l'antisionisme et la critique de l'État d'Israël, et enfin la liberté d'expression, thème particulier pour l'hebdomadaire satirique qu'est Charlie Hebdo, lequel a publié peu de temps auparavant les caricatures de Mahomet du journal danois Jyllands-Posten. Quelques semaines plus tard, Siné fonde Siné Hebdo.

Pour beaucoup de ses soutiens, la situation interne de l'hebdomadaire satirique explique une bonne part de la controverse, qui donne lieu notamment à une pétition de soutien en faveur de Siné ainsi qu'à une tribune à charge rassemblant une vingtaine de signatures dans le journal Le Monde.

L'affaire donne lieu à plusieurs procès :

L'affaire

La déclaration de Siné

Dans une chronique publiée le dans l'hebdomadaire Charlie Hebdo, Siné écrit à propos de Jean Sarkozy :

« Jean Sarkozy, digne fils de son paternel et déjà conseiller général de l'UMP, est sorti presque sous les applaudissements de son procès en correctionnelle pour délit de fuite en scooter. Le Parquet a même demandé sa relaxe ! Il faut dire que le plaignant est arabe ! Ce n'est pas tout : il vient de déclarer vouloir se convertir au judaïsme avant d'épouser sa fiancée, juive, et héritière des fondateurs de Darty. Il fera du chemin dans la vie, ce petit ! »

Ce texte, basé sur une information donnée par Patrick Gaubert, président de la Licra, au journal Libération[7] - [8] ne suscite aucune réaction particulière jusqu'à ce que six jours plus tard, Claude Askolovitch, alerté par l'entourage de Jean Sarkozy, dénonce sur RTL « un article antisémite dans un journal qui ne l’est pas », après quoi Philippe Val condamne le texte de Siné dans son journal.

Siné, après avoir rédigé une lettre d'explications et d'excuses à paraître, se rend compte que Philippe Val voulait publier conjointement un texte qu'il voulait faire signer par toute la rédaction — une partie refusera, dont Michel Polac, et le texte ne sera pas publié —, ce qu'il considère comme « une pétition contre lui ». Il trouve cela « dégueulasse » et refuse donc de publier ses excuses. Dans sa lettre d'excuses non publiée, il explique que c'est la conversion à une religion, quelle qu'elle soit, qu'il condamne, ainsi que « la fascination de la famille Sarkozy pour le fric ». Il déclare aussi comprendre que son billet puisse être mal interprété, reconnaissant qu'il pouvait y avoir ambiguïté et s'excuse en conséquence auprès des lecteurs qui l'auraient compris ainsi[9].

Éviction de Charlie Hebdo

Philippe Val lui annonce alors son licenciement, le [10].

Philippe Val explique la vigueur de sa rĂ©ponse et le renvoi de SinĂ© comme une nĂ©cessitĂ© afin d'Ă©viter un procès qu'aurait pu intenter la famille Darty contre Charlie Hebdo, un collaborateur de Jean Sarkozy lui ayant tĂ©lĂ©phonĂ© pour lui signifier cette intention de procès[11]. L'entourage de Jean Sarkozy assure de son cĂ´tĂ© n'avoir jamais contactĂ© Charlie Hebdo et n'avoir jamais menacĂ© le journal de procès[12]. Un journaliste de Marianne explique que cette affaire est en partie due au mauvais climat qui règne Ă  Charlie Hebdo, Ă©voquant des conflits Ă©ditoriaux entre Philippe Val, Cavanna, Michel Polac et SinĂ© sur le soutien qu'a affichĂ© Philippe Val pour l'avocat du groupe Clearstream, Richard Malka, qui est aussi l'avocat du journal[13]. SinĂ© annonce le  son intention de porter plainte pour diffamation Ă  l'encontre de ceux qui l'ont accusĂ© d'antisĂ©mitisme[14].

SinĂ© affirme avoir eu vent de la rumeur concernant la conversion de Jean Sarkozy par les propos de Patrick Gaubert, prĂ©sident de la LICRA. On peut lire Ă  son propos dans LibĂ©ration du  : « Il remarque qu’aujourd’hui, le fils de Nicolas Sarkozy, Jean, vient de se fiancer avec une juive, hĂ©ritière des fondateurs de Darty, et envisagerait de se convertir au judaĂŻsme pour l’épouser. « Dans cette famille, on se souvient finalement d’oĂą l’on vient », s’amuse-t-il. »[7] De son cĂ´tĂ©, l'hebdomadaire Marianne considère que la rumeur de conversion de Jean Sarkozy au judaĂŻsme est infondĂ©e[15].

Dans une chronique publiée non pas par Charlie Hebdo mais par le Nouvel Observateur, il se présente le poing levé, un « Siné et Mirabeau » annonce qu'il ne partira « que par la force des baïonnettes »[16].

Pour avoir annoncĂ© le licenciement de SinĂ© bien avant qu'il ne reçoive sa lettre de rupture et sans pĂ©riode de prĂ©avis, la sociĂ©tĂ© Ă©ditrice de Charlie Hebdo, les Éditions Rotatives, est condamnĂ©e par le tribunal de grande instance Ă  verser 40 000 euros de dommages et intĂ©rĂŞts Ă  SinĂ© pour rupture abusive de contrat. Le communiquĂ© judiciaire doit ĂŞtre publiĂ© sur un bandeau de 15 centimètres en une de l'hebdo[17]. Charlie Hebdo fait appel, et en , la cour d’appel de Paris confirme la condamnation et augmente le montant des dommages et intĂ©rĂŞts Ă  90 000 euros[6].

Le passé déterré

Radio Carbone 14

En , peu de temps après la fusillade de la rue des Rosiers et dans le contexte de l'intervention de l'armĂ©e israĂ©lienne au Liban de , SinĂ© est invitĂ© par Jean-Yves Lafesse Ă  une discussion sur les ondes de la radio libre Radio Carbone 14[18], au cours de laquelle il dĂ©clare : « Je suis antisĂ©mite depuis qu’IsraĂ«l bombarde. Je suis antisĂ©mite et je n’ai plus peur de l’avouer. Je vais faire dorĂ©navant des croix gammĂ©es sur tous les murs… Rue des Rosiers, contre Rosenberg-Goldenberg, je suis pour… On en a plein le cul. Je veux que chaque Juif vive dans la peur, sauf s’il est pro-palestinien… Qu’ils meurent ! Ils me font chier… Ça fait deux mille ans qu’ils nous font chier… ces enfoirĂ©s… Il faut les euthanasier… Soi-disant les Juifs qui ont un folklore Ă  la con, Ă  la Chagall de merde… Y a qu’une race au monde… Tu sais que ça se reproduit entre eux, les Juifs… C’est quand mĂŞme fou… Ce sont des cons congĂ©nitaux. » Ă€ la suite de ces propos – tenus manifestement en Ă©tat d'Ă©briĂ©tĂ©, et dont SinĂ© ne contestera pas l'exactitude –, la LICRA dĂ©pose plainte pour antisĂ©mitisme. SinĂ© publie une lettre d'excuses, et la LICRA accepte de retirer sa plainte. Mais l'action en justice est maintenue par d'autres parties civiles, et SinĂ© est condamnĂ©, le , pour « provocation Ă  la discrimination, la haine ou la violence raciale Â».

La lettre d'excuses de SinĂ© et la rĂ©ponse de Jouanneau seront amplement citĂ©es lors de la polĂ©mique suscitĂ©e par l'Ă©viction de SinĂ© de Charlie Hebdo. SinĂ© affirmera notamment que la non-publication de sa lettre d'excuses par la LICRA avait causĂ© le dĂ©part de Me Jouanneau de cette organisation. Une version dĂ©mentie par Me Jouanneau dans une rĂ©ponse publiĂ©e le  par LibĂ©ration, oĂą il prĂ©cise qu'il a quittĂ© la LICRA dix ans plus tard et pour des motifs qui n'avaient rien Ă  voir avec l'affaire SinĂ©. L'avocat ajoute, Ă  cette occasion : « J’ai cru Ă  votre sincĂ©ritĂ© du moment, aujourd’hui, je m’interroge... Car le tollĂ© provoquĂ© par votre sortie sur Jean Sarkozy, qui ne semble pas, cette fois, provenir des effluves du whisky consommĂ© en abondance, rĂ©vèle, quoi qu’on en dise, Ă  tout le moins un arrière goĂ»t de ce fameux "antisĂ©mitisme Ă  la française" qui ressurgit malheureusement sous votre plume. Pour reprendre l’expression d’Edwy Plenel qui fait le point sur Mediapart dans son papier intitulĂ© "la VĂ©ritĂ© des faits contre la folie des opinions" il relèverait seulement du "subliminal" et non de "l’explicite". Je ne vous tiens toujours pas pour un "antisĂ©mite" et je doute que l’on puisse vous en convaincre ; mais pourtant, je ne signerai pas la pĂ©tition de soutien qui circule en votre faveur. […] On ne peut sans doute pas vous taxer "d’antisĂ©mitisme" au regard de votre passĂ© et de la place que vous avez occupĂ©e dans la presse de ce pays. Pas plus qu’on ne pouvait le faire des magistrats français qui en 1952 ont pourtant relaxĂ© un journaliste d’Aspects de la France, qui "prĂ©conisait une saine mĂ©fiance envers les juifs, au nom d’un antisĂ©mitisme Ă  la française, qualifiĂ© de "mesurĂ© et raisonnable" simplement, parce qu’il n’était pas Ă©tabli qu’il ait eu l’intention d’exciter ses lecteurs Ă  un sentiment passionnĂ© tel que la haine envers les juifs"[19]. »

Cet épisode sera plus tard repris comme « preuve » dans la polémique opposant partisans de la thèse d'un Siné antisémite et défenseurs de Siné, bien que plusieurs proches du dessinateur aient affirmé qu'il n'y a pas, malgré les propos, d'antisémitisme chez le dessinateur, mais seulement de la provocation[18]. Le dessinateur Charb déclarera notamment : « Si un avion d’Africains s’était écrasé la veille, il aurait dit : "Bien fait pour leur gueule" sur Carbone 14. Son truc, c’est de choquer ou d’être du côté de l’opprimé. Pour Europalestine, je lui avais déconseillé, mais il me disait : "Mais si, ça va faire chier !" »

Texte de Desproges

Dans une chronique humoristique pour l'Ă©mission le Tribunal des flagrants dĂ©lires sur France Inter, Pierre Desproges, dans le rĂ´le du procureur, dĂ©clarait Ă  propos de SinĂ© (dans le rĂ´le de l'accusĂ©)[20] : « ce morne quinquagĂ©naire gorgĂ© de vin rouge et boursouflĂ© d'idĂ©es reçues, prĂ©sente Ă  nos yeux blasĂ©s […] la particularitĂ© singulière, bonjour les plĂ©onasmes, d’être le seul gauchiste d’extrĂŞme droite de France. XĂ©nophobe mĂŞme avec les Ă©trangers, rebonjour, masquant tant bien que mal un antisĂ©mitisme de garçon de bain poujadiste sous le masque ambigu de l’antisionisme pro-palestinien […]. » Selon Delfeil de Ton, Desproges et SinĂ© auraient travaillĂ© ensemble pour l'hebdomadaire Charlie Hebdo et se seraient prĂŞtĂ©s Ă  ce sketch au second degrĂ©. Ces propos ont Ă©tĂ© cependant repris dans la presse[21] sans que la nature parodique de l'Ă©mission soit prĂ©cisĂ©e, laissant entendre que Desproges tenait rĂ©ellement SinĂ© pour antisĂ©mite[22].

Polémique entre intellectuels

Ce dĂ©bat a dĂ©clenchĂ© Ă  travers les mĂ©dias une polĂ©mique entre intellectuels français sur le thème de l'antisĂ©mitisme. Ainsi, Bernard-Henri LĂ©vy analyse l'affaire SinĂ©, sous le titre « De quoi SinĂ© est-il le nom ? » dans le quotidien le Monde du  et la situe dans un contexte politique plus large, affirmant que l'antisarkozysme peut ĂŞtre aujourd'hui un vĂ©hicule autorisant certains Ă  des dĂ©rives antisĂ©mites[23].

Laurent Joffrin, directeur du journal LibĂ©ration et ami de Philippe Val, prend part Ă  cette polĂ©mique en apportant son soutien Ă  Philippe Val dans un article publiĂ© dans les pages Rebonds du quotidien le [24]. Toutefois, si le directeur dĂ©nonce les propos de SinĂ© qu'il juge antisĂ©mites, son article dĂ©clenche de nombreuses rĂ©actions critiques chez les internautes en raison de l'utilisation non fortuite du terme « race » pour dĂ©signer les juifs, Ă  tel point qu'il modifie la version Ă©lectronique de son Ă©ditorial[25]. En outre, cet article colporte plusieurs inexactitudes, dĂ©noncĂ©es comme mensonges par Acrimed, par exemple l'accusation selon laquelle SinĂ© n'aurait pas tentĂ© de dissiper le malentendu[26]. Laurent Joffrin persistera en publiant un nouvel article dans les pages « Rebonds Â», le , sous le titre « SinĂ©, suite… », Ă©galement accusĂ© d'« omissions et insinuations » par Acrimed[27].

La veille, l'historienne Esther Benbassa affirme, dans une tribune intitulĂ©e « SinĂ©, nous aurais-tu tous rendus fous ? Â» : « Ce qu’a Ă©crit SinĂ© n’est pas tout Ă  fait net. Qualifier SinĂ© d’antisĂ©mite l’est aussi peu. On accuse aujourd’hui avec de plus en plus de lĂ©gèretĂ© d’antisĂ©mitisme ceux avec qui on n’est pas d’accord. Surtout lorsqu’il s’agit du conflit israĂ©lo-palestinien. Ă€ force de brandir Ă  tout bout de champ cet Ă©pouvantail, on ne sait plus qui est vraiment antisĂ©mite et qui ne l’est pas. Un brouillage qui au lieu d’éradiquer le mal l’entretient, en occultant les vrais antisĂ©mites. Qui donc est Ă  l’abri ? Qui peut prĂ©tendre aujourd’hui qu’il ne sera pas un jour taxĂ© d’antisĂ©mitisme ? Tout glissement de langage peut charger d’infamie celui qui l’a commis. Est-ce qu’on dira de Laurent Joffrin, directeur de LibĂ©ration, qu’il est antisĂ©mite parce qu’il utilise le mot de "race" en parlant des Juifs dans son article publiĂ© le 25 juillet dans son journal, pour dĂ©fendre Philippe Val[28] ? »

Pétition soutenant Siné

Une pĂ©tition[29] dĂ©clarant « Nous apportons notre soutien inconditionnel Ă  SinĂ© » a Ă©tĂ© signĂ©e par plus de 26 000 internautes[30], parmi lesquels des dessinateurs dont Jacques Tardi, Jihel (auteur de nombreuses cartes postales de soutien), Barbe, Tignous, Diego Aranega, Willem, Jacques Lardie, PĂ©tillon, Pichon, Philippe Geluck, Desclozeaux, des Ă©crivains tels Gilles Perrault, Annie Ernaux, François Maspero, RĂ©gine Deforges et RaphaĂ«l Confiant, des philosophes comme Michel Onfray et Daniel BensaĂŻd, les humoristes Guy Bedos[31] et Christophe AlĂ©vĂŞque, l'Ă©crivain et cinĂ©aste Fernando Arrabal, les rĂ©alisateurs Jean-Luc Godard, Pierre Carles, Lionel Soukaz, des enseignants, des journalistes (Denis Robert, Denis Sieffert), l'acteur GĂ©rard Depardieu, les comĂ©diennes Marina Vlady et Yolande Moreau, le porte-parole de la LCR Alain Krivine, Olivier Besancenot, l'entarteur NoĂ«l Godin[32], le vice-prĂ©sident de l'Union juive française pour la paix Pierre Stambul, le musicien François Hadji-Lazaro, le DAL ou encore Rony Brauman, ex-prĂ©sident de MĂ©decins sans frontières[33].

Tribune du 31 juillet dans le Monde

Une vingtaine de personnalitĂ©s se prononcent en faveur de Philippe Val dans une tribune publiĂ©e dans le Monde du [34], et rappellent un certain nombre de propos du dessinateur, dont ses propos d' (voir ci-avant) et des propos qualifiĂ©s d'homophobes datant du  (« SinĂ© Ă©crivait Ă  propos de la Gay Pride : "Loin d'ĂŞtre un empĂŞcheur d'enculer en rond, je dois avouer que les gousses et les fiottes qui clament Ă  tue-tĂŞte leur fiertĂ© d'en ĂŞtre me hĂ©rissent un peu les poils du cul" »). Parmi les signataires : Alexandre Adler (journaliste et historien) ; Élisabeth Badinter (publicitaire et philosophe) ; Robert Badinter (sĂ©nateur) ; Pascal Bruckner (Ă©crivain et philosophe) ; HĂ©lène Cixous ; Bertrand DelanoĂ« (maire de Paris) ; Jean-Claude Gayssot (vice-prĂ©sident de la rĂ©gion Languedoc-Roussillon) ; Blandine Kriegel (philosophe et prĂ©sidente du Haut Conseil Ă  l'intĂ©gration) ; Claude Lanzmann (cinĂ©aste) ; Daniel Leconte ; Pierre Lescure (directeur du Théâtre Marigny) ; Bernard-Henri LĂ©vy ; Daniel Mesguich (directeur du Conservatoire national supĂ©rieur d'art dramatique) ; Ariane Mnouchkine (metteur en scène) ; Élisabeth Roudinesco (historienne) ; Joann Sfar (dessinateur) ; Dominique Sopo (prĂ©sident de SOS-racisme) ; Fred Vargas (Ă©crivain) ; Dominique Voynet (sĂ©natrice) ; Elie Wiesel (Prix Nobel de la paix).

RĂ©ponses

Le Nouvel Observateur publie un article intitulé « Quand Siné appelait la France à reconnaître son rôle dans la Shoah »[35], rappelant que Siné avait signé en 1992 une pétition demandant à l'État de reconnaître la responsabilité de la France dans la déportation des juifs au cours de l'Occupation.

L'inspecteur du travail Gérard Filoche, dans une tribune intitulée « Ô combien je soutiens mon pote Siné contre les 20 que vous êtes ! »[36], dénonce la courte vue des critiques contre Siné, « qui n’a commis d’autre "crime" récent que de s’en prendre au fils Sarkozy », oubliant les années de courage de Siné. Il décrie avec colère un « autodafé » de l'œuvre de Siné réalisé à partir de citations tronquées. L'historien Maurice Rajsfus publie aussi une tribune soutenant Siné[37], ainsi que l'avocate Gisèle Halimi, ayant participé à la fondation de Charlie Hebdo[38].

Pierre Rimbert, du Monde diplomatique, publie un article intitulé L’« affaire Siné » Antisémitisme : l’échec d’un chantage[39] dans lequel il conclut que l'utilisation de l'accusation d'antisémitisme relève d'une stratégie maintes fois utilisée pour écarter un opposant, un indésirable. Selon cet article, seul « un tribunal de l’Inquisition et ses juges inamovibles (Alain Finkielkraut, Ivan Rioufol, Alexandre Adler, Philippe Val, Bernard-Henri Lévy) » pourraient argumenter dans la sphère publique, tandis qu'y sont mentionnés « leurs dérapages sur, par exemple, la couleur des joueurs de l’équipe de France ou l’assimilation de l’islam au terrorisme. ». Le même article cite « Edgar Morin, Pierre Péan et Philippe Cohen, Daniel Mermet, Hugo Chávez, Pascal Boniface, Jacques Bouveresse, Charles Enderlin, Pierre Bourdieu, José Bové… sans oublier Le Monde diplomatique » qui ont aussi été soupçonnés ou accusés d'antisémitisme selon les mêmes principes par les mêmes. L'article conclut en assurant que « cette fois, l’affaire semble se retourner contre ses instigateurs ».

L'écrivain controversé Marc-Édouard Nabe publie un tract qui revient sur l'affaire, intitulé « Sauver Siné »[40], très critique envers le dessinateur.

Cette affaire donne Ă©galement lieu Ă  une mobilisation très importante sur internet (blogs, rĂ©actions de lecteurs, forums…), dont l'opinion penche majoritairement en faveur de SinĂ©[41]. Fort de ces soutiens, le dessinateur crĂ©era un nouveau journal intitulĂ© SinĂ© Hebdo. Le premier numĂ©ro remporte un grand succès commercial (150 000 exemplaires vendus, plus des retirages[42]).

La LICRA déboutée de sa plainte contre Siné

La LICRA juge les propos de SinĂ© « indignes » et « appelle la plus vive et mĂ©prisante indignation »[43], puis dĂ©pose une plainte contre SinĂ©. Ce dernier est citĂ© Ă  comparaĂ®tre le  devant la 6e chambre correctionnelle (presse) du tribunal de grande instance de Lyon par la Licra pour « incitation Ă  la haine raciale ». Cette citation Ă  comparaĂ®tre vise deux chroniques de SinĂ© dans les Charlie Hebdo du  et du . D'après la Licra « (...) Maurice Sinet a dĂ©libĂ©rĂ©ment incitĂ© ses lecteurs Ă  la haine vis-Ă -vis des musulmans et des juifs »[44]. L'audience sur le fond a Ă©tĂ© fixĂ©e au . Elle se tient finalement les 27 et [45].

SinĂ© a Ă©tĂ© relaxĂ© par le tribunal correctionnel de Lyon le mardi [46]. « Le tribunal considère que [SinĂ©] s'est autorisĂ© Ă  railler sur le mode satirique l'opportunisme et l'arrivisme d'un homme jeune, engagĂ© sur la scène politique et mĂ©diatique. Â» La LICRA a fait appel de cette dĂ©cision et a Ă©tĂ© dĂ©boutĂ©e par la cour d'appel de Lyon, qui juge la citation irrecevable en sa forme le [47]. La Cour de cassation annule cette dĂ©cision (la citation Ă©tait rĂ©gulière, selon la cour), et renvoie l'affaire devant la cour d'appel de Lyon, qui acquitte cette fois SinĂ© sur le fond[48].

Siné débouté de sa plainte en diffamation contre Claude Askolovitch

En , Siné est débouté d'une action en diffamation intentée à Paris contre Claude Askolovitch[5]. Le juge a estimé que les propos poursuivis n'étaient pas diffamatoires et « participaient au débat d'idées, consubstantiel à toute société démocratique ».

Notes et références

  1. « Jean Sarkozy, digne fils de son paternel et déjà conseiller général de l'UMP, est sorti presque sous les applaudissements de son procès en correctionnelle pour délit de fuite en scooter. Le Parquet a même demandé sa relaxe ! Il faut dire que le plaignant est arabe ! Ce n'est pas tout : il vient de déclarer vouloir se convertir au judaïsme avant d'épouser sa fiancée, juive, et héritière des fondateurs de Darty. Il fera du chemin dans la vie, ce petit ! »
  2. Augustin Scalbert, Askolovitch accusé d'avoir diffamé Siné : relaxe requise, Rue89, nouvelobs.com, 22 janvier 2009.
  3. Paul Terra, Siné fait un malaise, le procureur demande la relaxe, Rue89, nouvelobs.com, 28 janvier 2009.
  4. « Affaire Jean Sarkozy : le dessinateur Siné relaxé », sur Le Figaro,
  5. Lynda Zerouk, « Siné débouté de sa demande en diffamation », Libération,‎ (lire en ligne).
  6. «Charlie Hebdo» doit verser 90 000 euros à Siné, Libération avec AFP, 17 décembre 2012
  7. Christophe Ayad et Antoine Guiral, « Sarkozy comme chez lui en Israël », sur liberation.fr, Libération, (consulté le )
  8. Delfeil de Ton, propos recueillis par Sarah Halifa-Legrand, « "La phrase de Siné avait été prononcée par le président de la Licra!" », sur nouvelobs.com, Le Nouvel Observateur, 28 juillet 2008
  9. Charlie hebdo zappe Siné, Marianne, 15 juillet 2008
  10. « Le caricaturiste Siné renvoyé de l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo », AFP, 16 juillet 2008.
  11. « Philippe Val répond aux polémiques », Nouvelobs, 30 juillet 2008
  12. Augustin Scalbert, Siné viré, Charlie Hebdo en deuil, Philippe Val dans la tourmente, Rue89, nouvelobs.com, 17 juillet 2008
  13. Article d'Anna Borrel publié par Marianne le 12 juillet 2008, sauvegarde consultable sur le site d'information Bellaciao.org « Charlie Hebdo : fini de rire ! »
  14. « Renvoyé de "Charlie Hebdo", le dessinateur Siné veut porter plainte », Le Monde, 17 juillet 2008
  15. « Sale Rumeur », Marianne, 26 juillet au 1er aoĂ»t 2008, p. 32.
  16. « La chronique de SinĂ© non publiĂ©e dans Charlie Hebdo cette semaine » (version manuscrite), Nouvel Obs, 23 juillet 2008
  17. Zineb Dryef, Charlie Hebdo condamné dans l'affaire Siné, Val désavoué, Rue89, nouvelobs.com, 9 décembre 2010
  18. Chloé Leprince, « Siné: 79 ans de dérapage plus ou moins contrôlé », sur nouvelobs.com, Rue89. Cette source contient également un extrait vidéo où Siné se justifie au sujet de cette « affaire ».
  19. (fr) Bernard Jouanneau, « Droit de réponse à Siné », sur Libération, Libération, (consulté le )
  20. Extraits du texte de Pierre Desproges.
  21. Marc Weitzmann, LibĂ©ration, 31 juillet 2008
  22. (fr) Delfeil de Ton, « RĂ©vĂ©lations sur SinĂ© et Desproges », sur tempsreel.nouvelobs.com, Le Nouvel Observateur, 6 aoĂ»t 2008
  23. Bernard-Henri LĂ©vy, « De quoi SinĂ© est-il le nom ? », lemonde.fr, 21 juillet 2008.
  24. Laurent Joffrin, « «Charlie Hebdo» : sanctionner l'antisémitisme », sur Libération, Libération, (consulté le )
  25. "Race juive" : Laurent Joffrin corrige son texte sur l'affaire Siné
  26. « Laurent Joffrin et la "race" juive : un mot "mal choisi", dit-il Â», Acrimed, 26 juillet 2008.
  27. « Joffrin, journaliste, juge de SinĂ© : une question "factuelle", dit-il Â», Acrimed, 1er aoĂ»t 2008.
  28. Esther Benbassa, « SinĂ©, nous aurais-tu tous rendus fous ? », Rue89, 27 juillet 2008.
  29. « Une pétition de soutien à Siné », sur L'Obs (consulté le )
  30. La liste des signataires., au 6 aoĂ»t 2008
  31. texte de Guy Bedos adressé à Philippe Val, en soutien à Siné
  32. 1 pĂ©tition ayant recueilli près de 3000 signatures
  33. site de soutien Ă  SinĂ© publiant les 2000 premières signatures
  34. lemonde.fr
  35. http://tempsreel.nouvelobs.com/speciales/medias/20080728.OBS4979/quand_sine_appelait_la_france_a_reconnaitre_son_role_da.html
  36. Ô combien je soutiens mon pote Siné contre les 20 que vous êtes !
  37. Maurice Rajsfus, Affaire SinĂ© : derrière l'antisĂ©mitisme, le non-dit, Rue89, 21 aoĂ»t 2008.
  38. Gisèle Halimi, Gisèle Halimi : le « procès en sorcellerie » fait Ă  SinĂ© par Val, Rue89, 18 juillet 2008.
  39. L’« affaire Siné » Antisémitisme : l’échec d’un chantage
  40. Marc-Édouard Nabe, « Sauver Siné », Tract,‎ (lire en ligne)
  41. Bakchich Info
  42. Affaire Siné Hebdo sur Fait d'images - le blog de françois forcadell - Iconovox
  43. « La Licra juge "indignes" les propos de SinĂ©, licenciĂ© de Charlie Hebdo », AFP, 19 juillet 2008
  44. « SinĂ© citĂ© Ă  comparaĂ®tre le 9 septembre Ă  Lyon pour ses propos controversĂ©s (Licra) », Agence France-Presse, sur lemonde.fr, 13 aoĂ»t 2008.
  45. Compte-rendu de l'audience du 27 janvier sur Rue89 ; compte-rendu de l'audience du 28 janvier sur Rue89.
  46. AFP
  47. http://www.libelyon.fr/info/2009/11/affaire-sin%C3%A9-la-licra-d%C3%A9bout%C3%A9e-en-appel.html
  48. « Troisième victoire du dessinateur Siné contre la Licra ! », communiqué, 5 avril 2012.

Pour en savoir plus

Articles connexes

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