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Tract

Un tract, prospectus, papillon[1], flyer, une feuille volante, un pamphlet au Canada francophone ou manifeste en Suisse francophone, est un texte ou une publicité sur support papier qui est distribué de la main à la main dans les espaces publics, en particulier sur les trottoirs, ou directement déposé dans les boîtes aux lettres par des personnes employées à cette tâche ou agissant par militantisme afin de faire passer des idées, de promouvoir un produit ou d'annoncer un événement artistique, culturel ou politique. Lorsque l'objet est purement commercial, on parle plutôt de prospectus[2].

Distributeur de prospectus Ă  Paris, en France, en 1912.

Le tract a pour but de communiquer un maximum d'informations pertinentes à un maximum de gens présents dans un lieu donné. Le tract peut être « artisanal », dans le cas d'une action directe par exemple, imprimé et rédigé avec les moyens du bord, ou dans le cadre d'une organisation plus importante, imprimé par un professionnel, avec une meilleure qualité, en couleurs et sur un support plus solide.

LĂ©gislation

La création et la distribution d'un tract peuvent être soumises, en fonction du droit national, à diverses obligations, restrictions et mentions légales.

France

Suivant que l'éditeur est un particulier, une entreprise, une association ou un autre organisme, les mentions légales diffèrent. Par exemple, une société doit obligatoirement indiquer son numéro SIREN[3]. L’article 3 de la loi du sur la liberté de la presse précise que les tracts devront porter l’indication du nom et du domicile de l’imprimeur[4]. Une rumeur très répandue laisse croire qu'il s'agit de la société qui réalise l'impression alors que le terme « imprimeur » se comprend par l'éditeur, la personne (morale ou physique) qui met en place le tract.

En vertu de l’article L541-10-1 du code de l’environnement[5], il est obligatoire pour l'Ă©diteur, au choix, d'acquitter une taxe ou d'insĂ©rer sur le tract une mention incitant Ă  la collecte ou Ă  la valorisation des dĂ©chets. Cette obligation se traduit gĂ©nĂ©ralement par la prĂ©sence d'une mention « Ne pas jeter sur la voie publique ». En France, une Ă©cotaxe de 48 euros par tonne de papier[Notes 1] doit ĂŞtre payĂ©e sur les prospectus publicitaires Ă  Ecofolio, organisme chargĂ© du recyclage des dĂ©chets[6]. Cette taxe ne reprĂ©sente cependant que 39 % des dĂ©penses en recyclage, le reste restant Ă  charge des collectivitĂ©s. Il est estimĂ© que chaque foyer français reçoit en moyenne 40 kg de prospectus par an, pour un coĂ»t de 110 millions d'euros selon l'ADEME[6]. D’après l’article 2 alinĂ©a 2 de la loi Toubon no 94-665 du et le dĂ©cret no 95-240 du , toute publicitĂ© Ă©crite, parlĂ©e ou audiovisuelle doit ĂŞtre en langue française[7]. Cette rĂ©glementation s’applique donc aux tracts publicitaires. Cependant, l’utilisation de termes Ă©trangers est permise si ces termes sont traduits en français de façon lisible, audible ou intelligible.

La distribution de tracts peut se faire de différentes manières (distribution dans la rue, à la sortie des bouches de métro, sur des salons, directement dans les commerces, sur les véhicules, etc.) mais doit respecter les arrêtés municipaux en vigueur et les règlements de la commune en la matière. La distribution peut impliquer une autorisation préalable de la mairie[8] - [9].

Contrairement à une idée souvent répandue, les tracts électoraux comportant les couleurs, bleu, blanc, rouge, ne sont pas interdits. Seules les affiches et circulaires le sont[10]. Une jurisprudence du Conseil d'État du indique que « cette interdiction, qui n'est prévue que pour les affiches et circulaires, ne trouve pas à s'appliquer aux tracts »[11].

Histoire

Sous l'Ancien Régime, les informations circulent sous la forme de libelles, pamphlets, placards, canards et affiches. Ces documents se composent souvent de plusieurs pages, d'une dizaine à une cinquantaine[12]. Tout indique que la publicité par tract s'épanouit vraiment à partir des années 1670-1680[13]. En revanche, le tract contemporain gagne en légèreté et le message est délivré sur une page ou deux, quand il ne se réduit pas à un simple slogan imprimé sur le recto d'une feuille volante. Dans un souci d'efficacité et pour créer un « buzz », le support des messages se renouvelle en permanence. Si le tee-shirt et la casquette sont désormais des supports classiques de communication, le message s'inscrit sur des supports de plus en plus originaux à l'exemple de tongs, qui, distribuées et utilisées sur la plage, impriment à chaque pas sur le sable un acronyme de parti politique ou le logotype d'une marque.

Typologie

En politique

Tract ronéoté lors de la grève du Joint français - 7e semaine de grève totale - recto, 1972

Les tracts politiques fournissent une illustration vivante des mouvements d'opinion publique pour l'historien des mentalités pour qui ils constituent des sources primaires importantes. Ils sont très spontanés dans leur contenu et inventifs dans leur forme. En raison de leur mode de production, ils échappent à la censure de l'édition officielle et au dépôt légal, d'où la difficulté des historiens à les retrouver. Mais les historiens restent vigilants quant à leur interprétation, dans la mesure où le tract est toujours publié à des fins de propagande pour influencer le cours des événements[Notes 2] - [14].

Dans le monde de la nuit

Dans le milieu des fĂŞtes techno, des boĂ®tes de nuit et des concerts, le tract est souvent le principal vecteur de communication. Il apparaĂ®t Ă  la fin des annĂ©es 1980 avec les premières soirĂ©es Ă©lectroniques. Il a le plus souvent un format carte postale de 10 Ă— 15 cm. Il est parfois verni, dans certains cas en « vernis sĂ©lectif » ou « vernis sĂ©lectif pailletĂ© ». Certains tracts de soirĂ©es techno deviennent collector et sont revendus sur les sites de vente en ligne.

Tract publicitaire

Le tract publicitaire (de plus en plus souvent désigné par l'anglicisme flyer) est très courant dans le commerce. L’appellation de « tract publicitaire » est un terme générique utilisé pour désigner un feuillet volant imprimé destiné à faire la promotion d’une activité, d’un nouveau produit, d’une offre commerciale, d’une ouverture de magasin et autres. Plus globalement, le tract publicitaire sert à mettre en valeur les qualités d'un produit, d'un appareil ou d'un service à des fins publicitaires.

Les petites entreprises (TPE, PME), les commerçants (restaurants, magasins, centres esthétique, centres de sport, etc.) ou encore les acteurs du monde culturel (salles de concerts, associations, musées, discothèques, etc.) optent souvent pour ce type de communication en raison de sa simplicité.

La conception d’un tract publicitaire doit prendre en compte différentes choses, par exemple :

  • DĂ©terminer la cible ;
  • Attirer l’attention du lecteur ;
  • Ne pas nĂ©gliger le graphisme et la typographie ;
  • Choisir une bonne accroche ;
  • Prioriser des informations ;
  • Choisir le bon format ;
  • Tenir compte des mentions lĂ©gales en particulier et des règles de droit en gĂ©nĂ©ral (droit Ă  l'image, d'auteur concernant les images, photos, logos et typographies utilisĂ©s, etc.).

Collections

  • Institut d'histoire du syndicalisme (Sorbonne)
  • Bibliothèque nationale de France, DĂ©partement Philosophie/Histoire/Sciences de l'Homme
  • Institut pĂ©dagogique national
  • Bibliothèque de documentation internationale contemporaine
  • Magopinaciophilie (tracts de marabouts)

Notes et références

Notes

  1. Depuis le 1er janvier 2013 ; auparavant, 39 euros par tonne.
  2. On trouve en France des collections de tracts politiques Ă  la Bibliothèque nationale de France. Le dĂ©partement philosophie, histoire, sciences de l'homme possède une importante collection de tracts politiques conservĂ©s en recueils : tracts Ă©lectoraux classĂ©s par Ă©lection ou tracts politiques classĂ©s par thème ou par collectivitĂ© auteur (parti politique, organisation syndicale). On distingue notamment dans cette collection les tracts de la guerre d'AlgĂ©rie conservĂ©s sous la cote 4 Lk8 3537 (Tracts, 1-8) et les tracts de mai 1968 - près de 20 000 - conservĂ©s sous la cote 4 Lb61 600 (1968) et qui ont fait l'objet d'une exposition Ă  la BnF Ă  l'occasion du quarantième anniversaire des Ă©vĂ©nements de mai. Le dĂ©partement de la rĂ©serve conserve Ă©galement certains des tracts les plus prĂ©cieux comme ceux de la RĂ©sistance, et pour la guerre d'AlgĂ©rie, ceux du bureau psychologique de la 10e rĂ©gion militaire (RĂ©s. Fol Lk8 3172) et du FLN (RĂ©s. Fol Lk8 3173).

Références

  1. « papillon », Grand Dictionnaire terminologique, Office québécois de la langue française
  2. Paul Finidori, « Comment améliorer la distribution de vos prospectus pour obtenir plus de retours sur investissement? », Site Web,‎ (lire en ligne).
  3. « Mentions à faire porter sur les documents émis par l'entreprise à destination des tiers », sur Agence pour la création d'entreprise.
  4. « Loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse Legifrance », sur legifrance.gouv.fr (consulté le ).
  5. Article L541-10-1 du Code de l'Environnement sur Legifrance
  6. Professeur Canardeau, « Ce gavage est sans pitié », Le Canard enchaîné, no 4810,‎ .
  7. « Les mentions obligatoires sur les flyers et tracts publicitaires » [fr], sur Me Frasson, avocate.
  8. Ville de Brignais, « Exemple d'arrêté municipal » [PDF].
  9. Ville de Noyon, « Exemple d'arrêté municipal » [img].
  10. « Code électoral - Article R27 Legifrance », sur legifrance.gouv.fr (consulté le ).
  11. « Conseil d'État, 6ème et 1ère sous-sections réunies, 10-04-2009, 318264 Legifrance », sur legifrance.gouv.fr, (consulté le ).
  12. Barnoud, Madeleine « Littérature éphémère et sources de l'histoire », BBF, 1996, no 3, p. 26-29.
  13. Presse et publicité en France (XVIIIe et XIXe siècles) sur le site cairn.info
  14. Exposition des tracts de mai 1968 intitulée « Esprits de mai » à la Bibliothèque nationale de France.

Voir aussi

Bibliographie

  • Bernard Aumont, « TĂ©moignage : la chasse aux papillons Ă  Paris en 1935 », Vingtième Siècle : Revue d'histoire, no 11 « Nouveaux enjeux d'une dĂ©cennie : fascismes, antifascismes, 1935-1945 »,‎ , p. 21-40 (lire en ligne).
  • Morin, Marie-RenĂ©e, « La collecte des tracts de par le Service de l'histoire de France » in MĂ©langes Kleindienst, ThĂ©rèse, 1985, p. 217-223.
  • Vouillot, Bernard, « Traitement et collecte des sources de l'histoire de France Ă  la Bibliothèque Nationale » in Revue de la Bibliothèque Nationale, no 49, 1993, p. 8-10.

Articles connexes

Lien externe

  • Tractothèque, site d'archivage de tracts scannĂ©s et de photos d'affiches Ă©lectorales.
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