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GĂ©nocide des Tutsis au Rwanda

Le gĂ©nocide des Tutsi au Rwanda se dĂ©roule du au . Ce gĂ©nocide s'inscrit historiquement dans un projet gĂ©nocidaire latent depuis plusieurs dĂ©cennies, Ă  travers plusieurs phases de massacres de masse[1], et stratĂ©giquement dans le refus du noyau dur de l'État rwandais de rĂ©intĂ©grer les exilĂ©s tutsis, objet de la guerre civile rwandaise de 1990-1993. Cette guerre, dĂ©butĂ©e en 1990, opposait le gouvernement rwandais constituĂ© de Hutus soutenu par la France par l'opĂ©ration NoroĂźt, au Front patriotique rwandais (FPR), accusĂ© par les autoritĂ©s de vouloir imposer, par la prise du pouvoir, le retour des Tutsis exilĂ©s dans leur pays. Les accords d'Arusha, signĂ©s en aoĂ»t 1993, qui prĂ©voyaient cette rĂ©intĂ©gration afin de mettre fin Ă  la guerre, n'Ă©taient encore que partiellement mis en Ɠuvre Ă  cause de la rĂ©sistance du noyau dur du rĂ©gime Habyarimana. L'assassinat du prĂ©sident rwandais le 6 avril 1994 dĂ©clenche le gĂ©nocide des Tutsis par les extrĂ©mistes Hutu. La commission indĂ©pendante d’enquĂȘte sur les actions de l’organisation des Nations unies lors du gĂ©nocide de 1994 au Rwanda estime qu'environ 800 000 Rwandais[2], en majoritĂ© tutsi, ont perdu la vie durant ces trois mois. Ceux qui parmi les Hutus se sont montrĂ©s solidaires des Tutsis ont Ă©tĂ© tuĂ©s comme traĂźtres Ă  la cause hutu. D'une durĂ©e de cent jours, ce fut le gĂ©nocide le plus rapide de l'histoire et celui de plus grande ampleur quant au nombre de morts par jour. Il convient de souligner qu'un gĂ©nocide n'est pas qualifiĂ© comme tel en raison du nombre de morts, mais sur une analyse juridique de critĂšres dĂ©finis Ă  l'Ă©poque par la Convention pour la prĂ©vention et la rĂ©pression du crime de gĂ©nocide du de l'ONU. Cette convention dĂ©finit qu'un gĂ©nocide est « commis dans l'intention de dĂ©truire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel ». De ce fait, l'expression « gĂ©nocide rwandais » ou en anglais « Rwandan genocide », souvent employĂ©e dans les mĂ©dias et les discours, est considĂ©rĂ©e comme trop gĂ©nĂ©raliste et polĂ©mique car elle masque le groupe ciblĂ©, les Tutsis[3].

GĂ©nocide des Tutsi au Rwanda
Image illustrative de l’article GĂ©nocide des Tutsis au Rwanda
Crùnes humains au Centre mémorial du génocide de Nyamata.

Date -
(3 mois et 10 jours)
Lieu Rwanda
Victimes Population tutsi et les hutus modérés
Type GĂ©nocide
Morts 800 000 Ă  1 000 000
Auteurs Rwandais hutu soutenant le Hutu Power, gouvernement intérimaire, FAR, milices Interahamwe et Impuzamugambi
Guerre Guerre civile rwandaise
CoordonnĂ©es 1° 56â€Č 25″ sud, 29° 52â€Č 26″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : Rwanda
(Voir situation sur carte : Rwanda)
GĂ©nocide des Tutsis au Rwanda

La discrimination rwandaise entre Hutus et Tutsis, qualifiée d'ethniste par des spécialistes, qui a atteint un point culminant en 1994, s'est construite dans un processus historique complexe entre la réalité de la population du Rwanda et la façon dont les colonisateurs d'une part et les divers Rwandais d'autre part, l'ont perçue et expliquée. Dans cette histoire du Rwanda se sont surajoutés de façon déterminante les avantages politiques successifs que ces divers acteurs ont cru pouvoir tirer de cette discrimination, de 1894 (date des premiers contacts entre des Européens et le roi issu des Tutsis du Rwanda) à 1962 (date de l'indépendance du Rwanda), puis jusqu'en 1994 (période dominée par des républiques dites hutu).

Racines du génocide

L'attentat du 6 avril 1994 est souvent qualifiĂ© de « dĂ©clencheur du gĂ©nocide ». Il prĂ©cĂšde le dĂ©chaĂźnement de violences extrĂȘmes constatĂ©es Ă  partir de la nuit du au Rwanda.

L'analyse de la période qui précÚde cet attentat est l'objet de nombreuses polémiques. Pour les rescapés tutsis, le génocide a commencé dÚs la premiÚre république Hutu, à partir de l'exil de nombre d'entre eux dans les pays voisins puis des nombreux massacres des Tutsis de l'intérieur entre 1959 et le . Pour les auteurs du génocide de 1994, et parfois pour leurs complices, le terme de génocide serait inapproprié et ces massacres de masse n'auraient été que « des massacres excessifs » selon la formule du colonel Théoneste Bagosora condamné[4] en 2008 pour génocide et crime contre l'humanité par le tribunal pénal international pour le Rwanda[5]. Entre ces deux regards on trouve tout un éventail d'analyses, parfois influencées par la volonté d'échapper aux procédures judiciaires qui concernent des actes juridiquement imprescriptibles, soit comme auteur, soit comme complice.

Les éléments qui induisent la qualification de génocide impliquent un projet génocidaire, la désignation d'un groupe à exterminer, une « entente en vue de commettre le génocide », et donc la mise en exergue de situations, de faits, de déroulements chronologiques, d'interférences et de discours qui se sont produits pendant une période pré-génocidaire et qui paraissent avoir participé à sa conception.

Pour le Tribunal pĂ©nal international pour le Rwanda, la question des racines du gĂ©nocide est marquĂ©e par le fait que le Conseil de sĂ©curitĂ© des Nations unies n'a retenu dans ses statuts, sans argumentation explicite, que la pĂ©riode du au . Ce n'est que dans cette pĂ©riode que le tribunal peut dĂ©terminer les faits qui peuvent ĂȘtre retenus juridiquement contre les auteurs du gĂ©nocide et leurs complices[6].

Origines de la division entre Hutus et Tutsis et premiers massacres

La société traditionnelle rwandaise perçue par le colonisateur se divise en trois groupes selon la profession exercée, mais considérés comme des races d'origines diverses :

  • les Tutsis : Ă©leveurs, parmi lesquels se distinguaient de riches et puissants propriĂ©taires de troupeaux ;
  • les Hutus : agriculteurs, paysans ;
  • les Twa : artisans et ouvriers.

Cette vision de la sociĂ©tĂ© rwandaise fait abstraction de l'existence d'une vingtaine de clans, rĂ©fĂ©rences identitaires plus importantes aux yeux des Rwandais de l'Ă©poque[7]. Ces clans Ă©taient tous composĂ©s de Hutus, de Tutsis et de Twa, sur chacun desquels rĂ©gnait un « petit » Mwami qui pouvait ĂȘtre Hutu ou Tutsi, mais plus frĂ©quemment Tutsi. Le Mwami du Rwanda, engendrĂ© par une dynastie royale Tutsi issue d'un des clans dominants, rĂ©gnait sur cet ensemble clanique.

Le Royaume du Rwanda , gouvernĂ© par le clan Tutsi Nyiginya, est devenu le royaume dominant Ă  partir du milieu du XVIIIe siĂšcle, s'Ă©tendant par un processus de conquĂȘte et d'assimilation, et atteignant son apogĂ©e sous le rĂšgne du roi Kigeli Rwabugiri en 1853–1895[8]. Rwabugiri a Ă©tendu le royaume Ă  l'ouest et au nord, et a lancĂ© des rĂ©formes administratives qui ont provoquĂ© un fossĂ© entre les populations hutu et tutsi. Ceux-ci comprenaient uburetwa, un systĂšme de travail forcĂ© que les Hutus devaient accomplir pour retrouver l'accĂšs aux terres qui leur avaient Ă©tĂ© confisquĂ©es, et ubuhake, en vertu duquel les patrons tutsis cĂ©daient du bĂ©tail Ă  des clients hutus ou tutsis en Ă©change de services Ă©conomiques et personnels[9] - [10].

Les Belges hĂ©ritĂšrent de cette colonie aprĂšs leur victoire sur les troupes de protection de l'Afrique orientale allemande Ă  la fin de la PremiĂšre Guerre mondiale. La SociĂ©tĂ© des Nations confia la tutelle du Ruanda-Urundi Ă  la Belgique. Celle-ci considĂ©rait – avec les pĂšres blancs toujours sur place – la situation hĂ©ritĂ©e de la colonisation allemande comme correspondant Ă  un Ă©tat social multi-sĂ©culaire[11]. Ils imposĂšrent les Tutsis pour exercer l'autoritĂ© sous la tutelle de l'administration coloniale ; mĂȘme dans le nord-ouest du Rwanda oĂč rĂ©gnait une monarchie dominĂ©e par des agriculteurs hutu, plus ou moins soumise Ă  la dynastie royale d'Ă©leveurs tutsis du reste du Rwanda.

Cette vision des colonisateurs favorisa les Tutsis dans l'accÚs aux études[12] et à la gouvernance, tandis que les Hutus et la petite composante des artisans twa furent cantonnés à des activités subalternes. En 1931, un document d'identité ethnique est mis en place par l'administration belge, indiquant le groupe auquel appartient le citoyen : tutsi, hutu ou twa.

À partir des annĂ©es 1950, les missionnaires catholiques et protestants ouvrirent progressivement des Ă©coles pour tous les enfants, comme ils l'avaient fait au Congo belge. Le sĂ©minaire de formation des prĂȘtres s'ouvre dĂšs lors aux Hutus comme aux Tutsis. D'une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, l'Église catholique, dĂ©fendant petit Ă  petit une conception Ă©galitariste, remet en cause l'Ă©quilibre politique qu'elle avait contribuĂ© Ă  forger et se pose en dĂ©fenseur des Hutus[13].

Durant cette pĂ©riode oĂč apparaissent des revendications d'indĂ©pendance exprimĂ©es par les Tutsis, assimilĂ©es Ă  du communisme dans le contexte de la guerre froide, un renversement d'alliance, notamment sous l'impulsion de la DĂ©mocratie chrĂ©tienne belge, s'opĂšre entre les colonisateurs et les Hutus contre les Tutsis, les colonisateurs jugeant plus facile de s'appuyer sur la majoritĂ© hutu pour ses propres intĂ©rĂȘts[13]. L'identitĂ© ethnique, qui se matĂ©rialisera par une carte d'identitĂ© ethnique, et la prĂ©tendue origine extĂ©rieure des Tutsis jouent un rĂŽle essentiel Ă  partir de 1959 pour discriminer les Tutsis et justifier leur Ă©limination du pays. Ce contexte explique l'animositĂ© entre Hutus et Tutsis. L'exil d'une partie des Tutsis vers les pays limitrophes en plusieurs vagues Ă  partir de 1959 et leur dĂ©sir de retour seront la source de la guerre civile qui Ă©clatera en octobre 1990.

Le Manifeste des Bahutu rédigé en 1957 par Grégoire Kayibanda, secrétaire particulier d'André Perraudin, est considéré comme le texte fondateur[14] de la politique ethniste qui marquera les premiÚres décennies du Rwanda indépendant. Les Hutus créent leur propre parti politique en 1959 : le Parmehutu, pour la promotion du peuple hutu. Les Tutsis sont poursuivis, des assassinats et des massacres sporadiques ont lieu, des maisons sont incendiées et les Tutsis fuient par milliers en Ouganda, au Burundi et au Congo-Kinshasa.

Au cours des annĂ©es 1960 plusieurs tentatives peu organisĂ©es de retour armĂ© des exilĂ©s sont repoussĂ©es par le Rwanda et toujours ponctuĂ©es par des massacres de Tutsis restĂ©s au pays. Le premier massacre important des Tutsis au Rwanda a lieu en dĂ©cembre 1963. Entre 8 000 et 12 000 hommes, femmes et enfants sont massacrĂ©s. Le journal Le Monde Ă©voque un gĂ©nocide (Ă©dition du ) et Radio Vatican parle Ă  ce moment-lĂ  du plus « terrible gĂ©nocide jamais perpĂ©trĂ© depuis celui des Juifs ». En 1972 au Burundi voisin, un trĂšs important massacre de masse, mais lĂ  de Hutus burundais par l'armĂ©e burundaise Ă  majoritĂ© tutsi, fait selon les Hutus environ 200 000 morts. Ce massacre impressionna vivement les Hutu rwandais. Le pouvoir du prĂ©sident GrĂ©goire Kayibanda s'affaiblissait et, en 1973, il tente de rĂ©activer l'unitĂ© politique du Rwanda contre la menace tutsi. Les Ă©lĂšves et professeurs tutsis sont exclus des collĂšges rwandais. Des massacres ont lieu dans des Ă©tablissements scolaires. Une nouvelle vague d'exil des Tutsis s'ensuit et JuvĂ©nal Habyarimana prend le pouvoir Ă  la suite d'un coup d'État en .

JuvĂ©nal Habyarimana joue trĂšs habilement la carte de l'apaisement pour sĂ©duire les capitales europĂ©ennes et notamment la France, qui lui fournit un avion et un Ă©quipage dĂšs 1974 et avec laquelle il passe des accords de coopĂ©ration militaire pour la formation de la gendarmerie en 1975. Jusqu'Ă  la fin des annĂ©es 1980, le quota administratif qui limite l'accĂšs des Tutsis aux services administratifs est cependant renforcĂ©, mais certains hommes d'affaires tutsis bĂ©nĂ©ficient d'une certaine libĂ©ralitĂ© dans la mesure oĂč le rĂ©gime a besoin d'eux. Toutefois les assassinats sporadiques de Tutsis restent toujours impunis et cette impunitĂ© devient un passe-droit dans l'esprit de la population.

Autres causes Ă©voquĂ©es : des sociologues et des journalistes avaient insistĂ© sur la grave crise fonciĂšre, due Ă  la surpopulation, Ă  laquelle Ă©taient confrontĂ©s le Rwanda et le Burundi depuis de nombreuses annĂ©es. Cette crise fonciĂšre dans des pays oĂč la majoritĂ© de la population tire sa subsistance des produits de la terre aurait progressivement fait Ă©clater les structures sociales et aurait transformĂ© la rĂ©gion en une poudriĂšre oĂč n'importe quel Ă©vĂ©nement pouvait provoquer une explosion de violence contre le premier bouc Ă©missaire venu. Ces causes, qui ont sans doute jouĂ© leur rĂŽle, sont Ă  relativiser car aujourd'hui le problĂšme foncier est tout aussi aigu et tend Ă  s'accentuer, la population actuelle qui est de 10.5 millions d'habitants (2011) dĂ©passant en nombre celle de 1994.

Période pré-génocidaire

La plupart des auteurs estiment que le gĂ©nocide a pu ĂȘtre commis avec une telle rapiditĂ© parce que dans les annĂ©es prĂ©cĂ©dentes s'Ă©taient mis en place Ă  la fois un conditionnement des esprits et un encadrement serrĂ© du pays[15].

Depuis la révolution rwandaise de 1959, une série de massacres dirigés contre les Tutsis s'était déjà déroulée. Des massacres à caractÚre génocidaire furent dénoncés comme tels en 1993, comme les massacres des Bagogwe exécutés entre 1991 et 1992 durant la guerre civile rwandaise. En 1994, et ce depuis quelques années, une campagne médiatique stigmatisait les Tutsis, en particulier au travers d'une radio, la RTLM, ou radio des Mille Collines, créée le par Félicien Kabuga puis surnommée « radio machette ». Durant l'opération Turquoise, intervention française sous mandat de l'ONU, ayant pour mandat de protéger les populations dans une Zone humanitaire sûre (ZHS) délimitée dans le sud-ouest du Rwanda, la Radio Télévision des Mille Collines s'y transporte et continue d'émettre[16]. Elle cessa d'émettre le à la fin du génocide.

Selon plusieurs historiens, Jean-Pierre ChrĂ©tien[17], GĂ©rard Prunier[18], Claudine Vidal[19], des journalistes comme Colette Braeckman[20], Laure de Vulpian[21], Linda Melvern (en), journaliste d'investigation anglaise, ou le professeur de droit Filip Reyntjens[22], il y avait un projet gĂ©nocidaire datant de plusieurs annĂ©es, et finalement exĂ©cutĂ© par les extrĂ©mistes hutus de l'entourage du prĂ©sident JuvĂ©nal Habyarimana, constituant aussitĂŽt aprĂšs sa mort un gouvernement intĂ©rimaire Ă  l'instigation du colonel ThĂ©oneste Bagosora. Selon cette thĂšse, les « mĂ©dias du gĂ©nocide » tenus par les Hutus extrĂ©mistes furent un Ă©lĂ©ment essentiel de la prĂ©paration et la mise en Ɠuvre du gĂ©nocide. Les rapports de la commission d'enquĂȘte parlementaire belge[23] et de la mission parlementaire française, aux pouvoirs moins Ă©tendus[24], retiennent cette thĂšse, de mĂȘme que ceux de l'ONU et de l'OUA. Le Hutu Power accusa la radio Muhabura du FPR d'avoir tenu le mĂȘme discours de haine, « mĂȘme si celui-ci n'a jamais eu la mĂȘme consonance ethnique que le langage tenu par Radio des Mille Collines », selon le rapport du SĂ©nat belge.

Le sociologue français AndrĂ© Guichaoua, expert auprĂšs du TPIR depuis 1996, aurait pour sa part conclu de ses investigations que le gĂ©nocide n'existait qu'Ă  l'Ă©tat de projet et n'Ă©tait pas planifiĂ©[25] - [26]. Il aurait Ă©tĂ© organisĂ©, notamment Ă  l'Ă©chelon local, mais pas avant l'attentat du . Partisan de la thĂšse du juge Jean-Louis BruguiĂšre, largement mise Ă  mal par les enquĂȘtes de terrain de ses successeurs, les juges Marc TrĂ©vidic et Poux, selon laquelle le FPR serait auteur de l'attentat du , il affirme : « Ceux qui ont mis en Ɠuvre le gĂ©nocide ne l'ont pas fait parce qu'il y a eu un attentat. Les dirigeants du FPR ont pris le risque du gĂ©nocide, sans doute en connaissance de cause. Les extrĂ©mistes hutus ont eu besoin d'une semaine pour concrĂ©tiser leur projet gĂ©nocidaire et en mettre en place les structures »[27].

Des organisations de défense des droits de l'Homme notoires estiment que les théories qui contestent la préparation du génocide relÚvent de la négation de nombreux faits constatés et de nombreux témoignages[28]. Par exemple l'organisation Avocats sans frontiÚres Belgique tient la préparation pour établie, en particulier sur la base des documents produits à l'audition d'Alphonse Higaniro devant la cour d'assises de Bruxelles et du témoignage de François-Xavier Nzanzuwera, procureur de Kigali jusqu'en 1995[29]. Ces documents et témoignages commentés au cours du procÚs avec leurs auteurs parlent de « plan d'extermination », du rÎle de la Radio des Mille Collines et des postes de radio distribués dans la population avant l'attentat, de la consigne de ne pas oublier le poste de radio quand on va sur les barriÚres, etc.

Les documents des archives de la prĂ©sidence de la RĂ©publique française font apparaĂźtre que les autoritĂ©s françaises ont Ă©tĂ© rĂ©guliĂšrement informĂ©es dans les annĂ©es 1990 Ă  1994 des risques de massacres des Tutsis de grande ampleur et de l'intention des chefs d'Ă©tat-major d'exterminer les Tutsis[30]. À partir d', date de l'offensive du FPR contre le gouvernement de Kigali, la situation des Tutsis au Rwanda est devenue plus difficile, et les autoritĂ©s et l'armĂ©e françaises Ă©taient conscientes du risque de gĂ©nocide comme en tĂ©moigne, dans le tĂ©lĂ©gramme du de l'ambassadeur de France au Rwanda, l'analyse du colonel GaliniĂ© selon laquelle le rĂ©tablissement d'un pouvoir tutsi au nord-est du pays entraĂźnerait selon toute vraisemblance « l'Ă©limination physique Ă  l'intĂ©rieur du pays des Tutsis, 500 000 Ă  700 000 personnes, par les Hutus [
][31] ». Le gĂ©nĂ©ral Varret, de l'armĂ©e française, a rapportĂ© aux dĂ©putĂ©s français avoir entendu en 1990 du principal responsable de la gendarmerie rwandaise l'explication suivante Ă  propos des Tutsis : « ils sont trĂšs peu nombreux, nous allons les liquider »[32]. À la suite des accords d'Arusha, un gouvernement de transition est mis en place en 1993, mais la partie la plus extrĂ©miste du pouvoir s'oppose Ă  ces accords. Dans la chronologie des notes et tĂ©lex Ă©changĂ©s entre les autoritĂ©s françaises et ses reprĂ©sentants au Rwanda, on peut relever le tĂ©lĂ©gramme envoyĂ© par l'ambassadeur français le , qui parle des renseignements transmis par un informateur du reprĂ©sentant des Nations unies faisant Ă©tat d'un « plan de dĂ©stabilisation radicale du pays », passant par des troubles provoquĂ©s afin de susciter des rĂ©actions et l'Ă©limination des Tutsis de Kigali, et d'exterminer mille d'entre eux dĂšs la premiĂšre heure[33]. Ce tĂ©lĂ©gramme fait suite au cĂąble chiffrĂ© envoyĂ© par le gĂ©nĂ©ral Dallaire, commandant la MINUAR, au SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l'ONU, le , indiquant que des listes de Tutsis auraient Ă©tĂ© dressĂ©es[34].

La propagande, diffusĂ©e par les journaux ou la radio RTLM, a Ă©tĂ© un Ă©lĂ©ment important de conditionnement des esprits qui a favorisĂ© le gĂ©nocide. Elle s'appuie sur l'hypothĂšse, hĂ©ritĂ©e du colonialisme, d'une diffĂ©rence raciale entre Hutus et Tutsis et enseignĂ©e dans les Ă©coles. Les Tutsis y sont prĂ©sentĂ©s comme des envahisseurs Ă©trangers. Elle assimile les Tutsis de l'intĂ©rieur du Rwanda aux Tutsis de l'extĂ©rieur et Ă  des agents du FPR. Elle Ă©voque une infiltration des Tutsis dans les rouages de l'État ou de l'Ă©conomie. Elle tente d'unifier tous les Hutus, en essayant de convaincre les Hutus du Sud, discriminĂ©s par rapport aux Hutus du Nord qui est la rĂ©gion d'origine du PrĂ©sident, que cette discrimination est due aux Tutsis. Elle fait passer pour des traĂźtres les Hutus qui ne s'opposent pas aux Tutsis ou qui commercent ou se marient avec eux. Elle prĂ©sente l'offensive du FPR d' comme une tentative de restauration de la monarchie et d'un asservissement des Hutus, voire de leur extermination. Elle suggĂšre un complot entre tous les Tutsis de la rĂ©gion (Rwanda, Ouganda, Burundi, ZaĂŻre) dans le but de crĂ©er un État tutsi[35]. La revue Kangura qui porte une part importante de cette propagande commence Ă  paraĂźtre en 1990. En , le numĂ©ro 6 de cette revue publie notamment en page 8 et en français les 10 commandements du Bahutu, dĂ©signant explicitement les Tutsis, en tant que groupe, comme des ennemis[36]. La RTLM commence sa diffusion en 1993. Certains discours politiques appelaient directement au meurtre tel le discours de LĂ©on Mugesera en [37].

Le rapport publié en par l'Organisation de l'unité africaine remarque qu'il est difficile de dater la mise en route d'une préparation du génocide[38].

DiffĂ©rents auteurs et groupes continuent cependant de mettre en doute toute prĂ©paration du gĂ©nocide. Ainsi Serge Desouter, prĂȘtre catholique citĂ© comme tĂ©moin-expert par la dĂ©fense auprĂšs du TPIR, considĂšre quant Ă  lui en 2006 que la question de la planification n'est pas tranchĂ©e et affirme que tous les arguments fournis jusqu'ici pour dĂ©montrer la planification sont mensongers ou erronĂ©s[39].

L'historien Bernard Lugan, lui aussi cité par la défense de plusieurs présumés génocidaires devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) comme témoin-expert, parle en 1997, dans son Histoire du Rwanda, d'une opération « préparée, planifiée et organisée de longue date »[40]. En 2014, il affirme que le génocide était prévisible, mais qu'il n'a en aucun cas été programmé[41].

La justice française a reconnu l'application d’un « plan concertĂ© tendant Ă  la destruction » du groupe ethnique tutsi Ă  travers diffĂ©rents jugements condamnant des gĂ©nocidaires rĂ©fugiĂ©s en France dont les plus rĂ©cents sont les jugements en appel des bourgmestres Ngenzi et Barahira[42].

Situation politique et militaire à la veille du génocide

Le , les rebelles du FPR de Paul Kagame franchissent les frontiĂšres de l'Ouganda et dĂ©clenchent ainsi la guerre civile rwandaise, parvenant Ă  80 km de Kigali. Les Forces armĂ©es rwandaises (FAR) tentent de s'opposer Ă  cette avancĂ©e.

Le , la France met en place l'opĂ©ration militaire NoroĂźt et la Belgique l'opĂ©ration Green Beam afin d'envoyer des troupes et d'Ă©vacuer les ressortissants de chaque pays. Le ZaĂŻre participe Ă©galement avec l'envoi de 3 000 hommes[43]. Cette guerre civile s'accompagne d'exactions faisant de nombreuses victimes dans les deux camps[44].

De 1990 à 1993 les FAR sont formées et réorganisées par l'armée française, pour contrer les attaques du FPR. De leur cÎté les responsables du FPR se sont appuyés sur l'armée ougandaise, dans laquelle certains étaient officiers depuis que le président Yoweri Museveni avait conquis le pouvoir en Ouganda.

En 1991, le président Habyarimana est contraint de renoncer au monopole exercé par son parti. Plusieurs mouvements rivaux entrent en compétition, dont plusieurs créent des organisations de jeunesse aux actions parfois violentes. Tel est le cas des Interahamwe, milice du président Habyarimana. Les crimes commis par cette milice ou par d'autres groupes avant 1994 restent impunis, ce qui contribue au développement d'un sentiment d'impunité dans la période qui précÚde le génocide[45]. Début 1993, la FIDH dénonce dans un rapport[46] les escadrons de la mort en lien avec le président Habyarimana, sa femme et les ultras du régime.

En 1992 et 1993, des négociations, soutenues par la France, sont menées entre le FPR et le gouvernement rwandais afin d'aboutir aux accords d'Arusha, signés en août, et dont on pouvait penser qu'ils contribueraient à apaiser la situation. Mais le parti présidentiel, le MRND, est hostile à ces négociations. En , la rupture du cessez-le-feu par le FPR pendant deux semaines avait contribué à affaiblir les partisans de la négociation. Les Hutus radicaux se regroupent autour de la Radio des Mille Collines, qui appelle à l'élimination des Tutsis, et du mouvement Hutu Power. Cette radicalisation est renforcée en par l'assassinat au Burundi du président Hutu récemment élu Melchior Ndadaye par des militaires tutsis, ce qui déclenche une guerre civile au Burundi, entraßnant un flot de réfugiés aussi bien Hutus que Tutsis au sud du Rwanda. Cependant, une force de maintien de la paix, la MINUAR, est envoyée au Rwanda pour s'assurer de l'application des accords d'Arusha.

Au début de l'année 1994, l'installation du gouvernement transitoire à base élargie (GTBE), prévue par les accords d'Arusha, est reportée semaine aprÚs semaine, malgré plusieurs tentatives d'intronisation. Ce report augmente la méfiance de chaque partie et recule la démobilisation des forces armées. Des machettes sont importées par l'entourage du président Habyarimana, tandis que le FPR renforce son armement[47] et la tension monte à partir de fin . Les attentats à la grenade et les assassinats[48] se multiplient. De nombreuses caches d'armes sont mises en place, et l'intention génocidaire est avérée[49]. Fin , alors qu'une derniÚre tentative d'installation du GTBE échoue, la MINUAR observe que le FPR viole à plusieurs reprises les accords de cessez-le-feu au nord du pays, et que les FAR recrutent des jeunes gens parmi les réfugiés Hutus ayant fui le Burundi.

Déroulement du génocide

Chronologie

: les prĂ©sidents rwandais et burundais, JuvĂ©nal Habyarimana et Cyprien Ntaryamira, meurent, lorsque leur avion, qui s'apprĂȘtait Ă  atterrir Ă  Kigali, est abattu par un missile. Cet attentat, qui n'a pas Ă©tĂ© Ă©lucidĂ© jusqu'Ă  prĂ©sent, est considĂ©rĂ© comme l'Ă©lĂ©ment dĂ©clencheur du gĂ©nocide. Dans la nuit, les troupes du Front patriotique rwandais (FPR) stationnĂ©es prĂšs de la frontiĂšre ougandaise font mouvement vers Kigali[50].

: la premiĂšre ministre Agathe Uwilingiyimana et plusieurs autres personnalitĂ©s politiques hutus modĂ©rĂ©es sont assassinĂ©es, empĂȘchant tout rĂšglement pacifique de la crise, ainsi que dix casques bleus belges de la MINUAR. Des barriĂšres sont dressĂ©es par des milices hutues Ă  Kigali puis dans le reste du pays, et, au vu de leurs cartes d'identitĂ©, les Tutsis sont systĂ©matiquement assassinĂ©s.

: la France et la Belgique Ă©vacuent leurs ressortissants. Dans les jours qui suivent, des centres oĂč se rĂ©fugient les Tutsis (Ă©coles, Ă©glises
) sont attaquĂ©s et leurs occupants massacrĂ©s par des Hutus extrĂ©mistes, appuyĂ©s dans certains endroits par des Ă©lĂ©ments de la garde prĂ©sidentielle.

: le gouvernement belge annonce qu'il retire son contingent de casques bleus de la MINUAR.

: aprĂšs avoir constatĂ© les difficultĂ©s Ă  mettre en place un cessez-le-feu entre le FPR et les FAR et l'Ă©chec probable du processus d'Arusha, le Conseil de sĂ©curitĂ© des Nations unies (oĂč siĂšge le Rwanda depuis le ), aprĂšs avoir hĂ©sitĂ© une semaine entre diverses options (renforcement de la MINUAR, ou bien maintien sous condition, ou bien maintien d'une force rĂ©duite, ou bien retrait total), prend la dĂ©cision de rĂ©duire la MINUAR Ă  un strict minimum. Cette force de maintien de la paix passe de 2 500 Ă  250 hommes et a pour but de servir d'intermĂ©diaire entre les deux parties. Ses possibilitĂ©s de secours humanitaire ou de protection des populations sont extrĂȘmement rĂ©duites[51].

: le Conseil de sĂ©curitĂ© de l'ONU exige un cessez-le-feu entre les FAR et le FPR, mais se limite Ă  des actions diplomatiques et humanitaires. Dans une dĂ©claration de son prĂ©sident, le Conseil de sĂ©curitĂ© dĂ©signe Ă  demi-mot le responsable principal des tueries (« Des attaques contre des civils sans dĂ©fense ont Ă©tĂ© lancĂ©es dans tout le pays, et en particulier dans des zones contrĂŽlĂ©es par des membres ou des partisans des forces armĂ©es du Gouvernement intĂ©rimaire du Rwanda »). Il se refuse cependant Ă  prononcer le mot de gĂ©nocide, mĂȘme s'il rappelle que « l’élimination des membres d’un groupe ethnique avec l’intention de dĂ©truire ce groupe totalement ou partiellement constitue un crime qui tombe sous le coup du droit international », ce qui est quasiment mot Ă  mot les termes de la Convention sur le gĂ©nocide[52]. À cette date, le nombre de victimes civiles est estimĂ©[53] Ă  200 000. Le terme explicite de gĂ©nocide est quant Ă  lui dĂ©jĂ  utilisĂ© depuis plusieurs jours par plusieurs intervenants[54].

: le Conseil de sécurité de l'ONU décrÚte un embargo sur les armes à destination du Rwanda[55]. Cet embargo sera peu respecté, des armes continuant à arriver par Goma pour armer les FAR, et par l'Ouganda pour armer le FPR.

: un rapport du secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral des Nations-Unies au Conseil de sĂ©curitĂ© Ă©value le nombre de victimes entre 250 000 et 500 000. Ce rapport souligne Ă©galement que « les massacres et les tueries avaient Ă©tĂ© systĂ©matiques et qu'il ne faisait guĂšre de doute que les Ă©vĂ©nements en question constituent un gĂ©nocide ». Ses conclusions Ă©noncent que « la rĂ©action tardive de la communautĂ© internationale Ă  la situation tragique que connaĂźt le Rwanda dĂ©montre de maniĂšre Ă©loquente qu'elle est totalement incapable de prendre d'urgence des mesures dĂ©cisives pour faire face aux crises humanitaires Ă©troitement liĂ©es Ă  un conflit armĂ©. AprĂšs avoir rapidement ramenĂ© la prĂ©sence sur le terrain de la MINUAR Ă  son niveau minimum, puisque le mandat initial de celle-ci ne lui permettait pas d'intervenir lorsque les massacres ont commencĂ©, la communautĂ© internationale, prĂšs de deux mois plus tard, semble paralysĂ©e, mĂȘme s'agissant du mandat rĂ©visĂ© Ă©tabli par le Conseil de sĂ©curitĂ©. Nous devons tous reconnaĂźtre, Ă  cet Ă©gard, que nous n'avons pas su agir pour que cesse l'agonie du Rwanda et que, sans mot dire, nous avons ainsi acceptĂ© que des ĂȘtres humains continuent de mourir »[56].

: le Conseil de sĂ©curitĂ© dĂ©nonce les actes de gĂ©nocide[57] commis au Rwanda. Il Ă©tend le mandat de la MINUAR aussi bien dans la durĂ©e (prolongation jusqu'en ), que dans les moyens d'action (dĂ©fense des sites de rĂ©fugiĂ©s). Il appelle les États membres de l'ONU Ă  apporter des ressources pour permettre le renforcement de la MINUAR[58]. Devant l'avancĂ©e du FPR et par crainte de reprĂ©sailles, 1 500 000 Hutus fuient vers l'ouest du pays.

: avec l'autorisation de l'ONU[59], la France lance l'opĂ©ration Turquoise : des soldats français arrivent dans le sud-ouest du Rwanda pour Ă©tablir une zone humanitaire sĂ©curitaire pour les rĂ©fugiĂ©s. Pourtant, les massacres de Tutsis continuent, mĂȘme dans la « zone de sĂ©curitĂ© » contrĂŽlĂ©e par la France.

: prise de contrĂŽle de la capitale par le FPR.

: alors que les FAR sont en dĂ©route, un communiquĂ© de la Maison-Blanche annonce la fermeture de l'ambassade du Rwanda aux États-Unis, l'expulsion de son personnel, l'annonce de consultations auprĂšs des membres du Conseil de sĂ©curitĂ© de l'ONU dans le but de retirer son siĂšge au Rwanda, et le blocage des avoirs financiers du Rwanda aux États-Unis[60].

La date couramment retenue comme fin du gĂ©nocide est le , date oĂč le FPR contrĂŽle l'essentiel du pays. À cette date, 800 000 Tutsis ou Hutus modĂ©rĂ©s ont Ă©tĂ© massacrĂ©s. Un million de Rwandais, fuyant le FPR, ont franchi la frontiĂšre avec le ZaĂŻre[61]. Les forces armĂ©es rwandaises (FAR), les dirigeants et exĂ©cutants hutu fuient Ă©galement au ZaĂŻre dont la frontiĂšre est contrĂŽlĂ©e par l'opĂ©ration Turquoise, qui les laisse passer avec leur armement[62]. Le drame va maintenant toucher cette population, qui a parfois Ă©tĂ© contrainte de participer activement au gĂ©nocide, et dĂ©sormais prise en Ă©tau entre le FPR et les milices responsables du gĂ©nocide, qui prennent la direction des camps de rĂ©fugiĂ©s. Le , le FPR dĂ©clare un cessez-le-feu unilatĂ©ral. Le 19, il met en place un gouvernement d'union nationale pour une pĂ©riode transitoire de cinq ans. Pasteur Bizimungu, un Hutu du FPR, devient alors chef de l'État. Paul Kagame qui commande l'armĂ©e du FPR devient vice-prĂ©sident. Faustin Twagiramungu, qui a survĂ©cu au gĂ©nocide, est nommĂ© Premier ministre, comme le prĂ©voyait les accords d'Arusha[63].

Premiers jours

Des victimes du génocide des Tutsis au Rwanda.

Le , le prĂ©sident du Rwanda JuvĂ©nal Habyarimana est assassinĂ©. Alors qu'il s'apprĂȘtait Ă  atterrir Ă  Kigali, son avion est abattu par un tir de missile et s'Ă©crase. Il n'y a aucun survivant. L'avion transportait aussi le prĂ©sident burundais Cyprien Ntaryamira. Aucune enquĂȘte internationale n'a permis d'identifier les auteurs de cet attentat[64]. Les deux principales hypothĂšses soupçonnent l'une le Hutu Power et l'autre le FPR, avec d'Ă©ventuels soutiens internationaux[65]. En janvier 2012, les rĂ©sultats d'un rapport balistique demandĂ© par le juge Marc TrĂ©vidic, qui succĂšde Ă  Jean-Louis BruguiĂšre dans l'instruction, semblent disculper le FPR[66] - [67], interprĂ©tation journalistique des rĂ©sultats elle-mĂȘme contestĂ©e[68]. Cependant, l'ancien chef des renseignements du FPR, Patrick Karegeya, accuse Paul KagamĂ© d'avoir fait exĂ©cuter l'attentat[69], avant d'ĂȘtre lui-mĂȘme assassinĂ© Ă  Johanesbourg cinq mois plus tard[70].

Pendant la nuit du , l'attentat fut l'élément déclencheur du génocide réalisé par le Hutu Power. Sur les ondes de la Radio des Mille Collines, radio de propagande de l'Akazu, le signal du début du génocide fut, dit-on, la phrase entendue depuis quelques jours : « Abattez les grands arbres »[71].

Les massacres des opposants hutu dans les premiÚres heures, puis de milliers de Tutsis commencent aussitÎt et simultanément dans une grande partie du Rwanda, à l'exception notoire des régions de Gitarama et de Butare dans le sud[72].

Le , plusieurs dirigeants de partis d'opposition et plusieurs responsables gouvernementaux, dont la PremiĂšre ministre Agathe Uwilingiyimana sont assassinĂ©s par la garde prĂ©sidentielle. Il en est de mĂȘme de dix Para-Commando's belges, du 2e bataillon commando intĂ©grĂ© dans les Casques bleus de la force d'interposition de l'ONU, qui avaient pour mission de protĂ©ger Mme Uwilingiyimana[73]. Cet assassinat des Casques bleus belges entraĂźne la dĂ©cision du gouvernement belge de retirer sa participation Ă  l'opĂ©ration, dĂ©cision entĂ©rinĂ©e par l'ONU.

La vacance du pouvoir ainsi crĂ©Ă©e permet au colonel ThĂ©oneste Bagosora, qui se rĂ©vĂšle rapidement ĂȘtre l'homme fort du rĂ©gime aprĂšs la disparition du prĂ©sident JuvĂ©nal Habyarimana, de crĂ©er un gouvernement intĂ©rimaire sous sa houlette.

DĂšs le , la France, par l'opĂ©ration Amaryllis, puis la Belgique, par l'opĂ©ration Silver Back, et l'Italie Ă©vacuent leurs ressortissants et ceux d'autres pays occidentaux. Un convoi de ressortissants amĂ©ricains part dans les heures qui suivent l'attentat vers le Burundi, oĂč les attendent des forces amĂ©ricaines en stationnement.

Cent jours d'extermination

Ossements de victimes du génocide des Tutsis au Rwanda.

Les exĂ©cutions se dĂ©roulent pendant trois mois. Dans un pays administrativement bien structurĂ© malgrĂ© la reprise du conflit avec le FPR, les ordres issus du gouvernement sont relayĂ©s par les prĂ©fets, qui les transmettent Ă  leur tour aux bourgmestres, lesquels organisent des rĂ©unions dans chaque village pour informer la population des consignes donnĂ©es, avec l'appui de gendarmes ou de soldats, ainsi que du clergĂ©. Les ordres sont Ă©galement transmis par la Radio TĂ©lĂ©vision Libre des Mille Collines qui encourage et guide jour aprĂšs jour, heure par heure le gĂ©nocide, dĂ©nonçant les Tutsis encore vivants Ă  tel ou tel endroit. L'enrĂŽlement de la population pour participer aux tueries est favorisĂ© par la coutume de l’umuganda, journĂ©e de travail collectif oĂč la population est rassemblĂ©e, selon une mĂ©thode dĂ©jĂ  employĂ©e dans les massacres de Mutara en 1990 ou du Bugesera en 1992. Mais le « travail » consiste dĂ©sormais Ă  massacrer Ă  travers tout le pays les Tutsis, ainsi que certains Hutus modĂ©rĂ©s rĂ©putĂ©s hostiles Ă  ce projet et considĂ©rĂ©s comme des « traĂźtres ». Ce « travail » est dirigĂ© par les milices interahamwe (issue du Mouvement rĂ©volutionnaire national pour le dĂ©veloppement, le parti prĂ©sidentiel) et Impuzamugambi (issue de la CDR, Coalition pour la dĂ©fense de la RĂ©publique, organisation extrĂ©miste composĂ©e de durs du rĂ©gime Habyarimana), parfois assistĂ©es par les FAR, le reste de la population suivant de grĂ© ou de force[74]. La population utilise essentiellement des machettes, des houes et des gourdins cloutĂ©s, les « outils »[75].

Machettes et gourdins – MĂ©morial de Ntarama.

Des barriĂšres sont montĂ©es sur toutes les routes du Rwanda pour arrĂȘter les fuyards qui sont massacrĂ©s sur place. GĂ©nĂ©ralement les autoritĂ©s locales, parfois sous la pression de hiĂ©rarchies parallĂšles organisĂ©es par les prĂ©fets, prĂ©textent la mise en sĂ©curitĂ© des Tutsis pour les regrouper dans des lieux publics comme les stades, les bĂątiments communaux, les Ă©coles et les Ă©glises. Ensuite des groupes de miliciens achĂšvent les personnes, parfois prĂ©cĂ©dĂ©s par les FAR qui commencent « le travail » avec des armements adaptĂ©s, des grenades notamment. Enfin les maisons de Tutsis sont systĂ©matiquement visitĂ©es par les miliciens pour sortir ceux qui s'y cachent et les massacrer.

Les massacres atteindront des sommets dans l'horreur. L'ampleur du massacre (en trois mois, 1 million de personnes sont tuĂ©es selon les autoritĂ©s rwandaises aprĂšs recensement, 800 000 selon l'ONU[76] et l'OUA), sa cruautĂ© (des femmes enceintes sont Ă©ventrĂ©es pour tuer les fƓtus, la violence sexuelle est frĂ©quemment employĂ©e, des tueries ont lieu au sein de familles mixtes, le sadisme se manifeste dans de nombreux cas) et le nombre d'exĂ©cutants en font un des Ă©vĂ©nements les plus atroces du XXe siĂšcle. À l'inverse, des Tutsis eurent la vie sauve du fait que des Hutus avaient pris le risque de les cacher ou de leur donner de la nourriture[77].

Le , le directeur de l'École supĂ©rieure militaire (ESM), le colonel LĂ©onidas Rusatira, publie avec une dizaine d'officiers des FAR un communiquĂ© dĂ©nonçant les tueries, et proposant un cessez-le-feu avec le FPR ainsi que la reprise du processus d'Arusha. Cette tentative d'appel au calme resta vaine[78] - [79].

À Butare, le seul prĂ©fet tutsi du Rwanda essaye de lutter contre le dĂ©veloppement du gĂ©nocide dans sa rĂ©gion. Il est destituĂ© le . Le gĂ©nocide dans cette province s'Ă©tend aussitĂŽt, encouragĂ© le par le prĂ©sident du Gouvernement intĂ©rimaire, ThĂ©odore Sindikubwabo, qui vient sur place soutenir les autoritĂ©s locales et la population par un appel « au travail »[80].

Dans la rĂ©gion de Kibuye, dans le massif montagneux de Bisesero, lieu rĂ©putĂ© pour leur rĂ©sistance Ă  d'autres pĂ©riodes, des Tutsis se sont regroupĂ©s et ont tentĂ© de rĂ©sister aux autoritĂ©s locales et aux miliciens en se battant avec des armes qu'ils leur prenaient. 65 000 Tutsis y sont enterrĂ©s dans un mĂ©morial. 800 survivants ont Ă©tĂ© dĂ©nombrĂ©s par les soldats de l'opĂ©ration Turquoise[81].

Une exception à Giti, prÚs de Kigali, aucun Tutsi n'a été tué, grùce aux autorités locales[82]. Le bourgmestre de Giti a été félicité par le président Bizimungu aprÚs la victoire du FPR[83].

Le , le bureau politique du Front patriotique rwandais publie un communiquĂ© selon lequel le gĂ©nocide est presque terminĂ©. Il « appelle le Conseil de sĂ©curitĂ© des Nations unies Ă  ne pas autoriser le dĂ©ploiement de la force proposĂ©e, parce que l'intervention des Nations unies Ă  ce stade ne peut plus servir un quelconque but en ce qui concerne l'arrĂȘt des massacres »[84]. Les massacres ne cesseront complĂštement que courant juillet, mais on estime que 80 % des massacres Ă©taient accomplis Ă  la mi-mai. Le mĂ©decin allemand Wolgang Blam qui se trouvait Ă  Kibuye dans une rĂ©gion oĂč les Tutsis Ă©taient trĂšs nombreux (20 % de la population) et oĂč les massacres durĂšrent jusqu'en juillet, tĂ©moigne dans un document qu'Ă  partir du les autoritĂ©s locales ont normalisĂ© la situation en ouvrant les services publics, les banques, les transports, etc. L'essentiel des massacres Ă©tait alors accompli[85].

Photographies de victimes du génocide au Centre du mémorial du génocide à Kigali Gisozi (Rwanda).

Cette observation du Docteur Blam se retrouve Ă  l'Ă©chelon national. Il raconte d'ailleurs que des membres du gouvernement intĂ©rimaire se sont dĂ©placĂ©s le 8 et le Ă  Kibuye pour lancer cette normalisation[86]. À la mi-mai Alison Des Forges signale qu'il y eut dĂ©bat sur la nĂ©cessitĂ© de massacrer les femmes et les enfants Ă©pargnĂ©s jusque-lĂ  dans certaines rĂ©gions et que le dĂ©bat fut tranchĂ© par leur extermination effective[87].

Mais la guerre civile évoluait en faveur du FPR et c'est à ce moment que la France utilisa le terme de génocide sur le plan diplomatique, dans la perspective d'une intervention[54].

La plupart des rescapĂ©s trouveront refuge dans les rĂ©gions du Nord-Est du Rwanda, lĂ  oĂč le FPR avance rapidement au dĂ©but du gĂ©nocide. Quelques rescapĂ©s rĂ©ussiront Ă  se cacher dans des marais ou des zones forestiĂšres. Les autres rescapĂ©s seront sauvĂ©s par des Hutus qui prendront le risque de les cacher, jusqu'Ă  ce que le FPR arrive. La zone protĂ©gĂ©e par l'opĂ©ration Turquoise, Ă  l'ouest du Rwanda sera la derniĂšre zone occupĂ©e par le FPR et celle oĂč les massacres continueront le plus longtemps, les Français ayant comme la MINUAR l'ordre de « rester neutre entre les factions rwandaises ». Les Français sauvĂšrent toutefois 8 000 rescapĂ©s du stade de Nyarushishi au sud-ouest du Rwanda et 800 autres Ă  Bisesero, ainsi que des groupes isolĂ©s au grĂ© des circonstances.

Le génocide constitue en outre un désastre économique avec les destructions de biens (notamment les troupeaux) et les pillages. Dans la volonté d'anéantir jusqu'au souvenir des Tutsis, on détruisit aussi trÚs souvent leurs maisons et leurs jardins, sans chercher à les utiliser autrement qu'en récupérant leurs matériaux.

La capitale, Kigali, est prise le par le FPR. Le gĂ©nocide coĂ»tera la vie Ă  des centaines de milliers de Tutsis et Hutus modĂ©rĂ©s. Les miliciens hutu et les FAR battent en retraite au ZaĂŻre (actuelle RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo). Deux millions de rĂ©fugiĂ©s hutus partent Ă©galement, redoutant les reprĂ©sailles et exactions du FPR. Le , un gouvernement fondĂ© sur les derniers accords d'Arusha, mais dominĂ© par le FPR, prend les rĂȘnes du Rwanda. Le prĂ©sident de la RĂ©publique et le Premier ministre sont des Hutus dits modĂ©rĂ©s. Celui qui a conduit le FPR Ă  la victoire, le gĂ©nĂ©ral-major Paul Kagame, vice-prĂ©sident et ministre de la DĂ©fense, devient l'homme fort du Rwanda.

Au fur et Ă  mesure de son entrĂ©e au Rwanda, le FPR, tout en protĂ©geant les Tutsis rescapĂ©s, s'est Ă©galement livrĂ© Ă  des exactions, des exĂ©cutions sommaires sans jugement et des massacres de reprĂ©sailles. En avril, Ă  Kigali, plusieurs dizaines de responsables politiques ou militaires sont tuĂ©es par le FPR, parfois avec les membres de leur famille. Plusieurs centaines de personnes furent Ă©galement tuĂ©es dans le stade de Byumba. Les crimes commis par les soldats du FPR furent trop rĂ©pĂ©tĂ©s pour que les responsables de ce mouvement puissent l'ignorer. D'une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, ils ne firent rien pour les empĂȘcher. AprĂšs la mise en place du nouveau gouvernement, 32 militaires du FPR ont Ă©tĂ© jugĂ©s par des tribunaux militaires rwandais, dont 14 ont Ă©tĂ© condamnĂ©s pour meurtre Ă  des peines de deux Ă  six ans de prison[88]. Selon un rapport de Robert Gersony, consultant pour le HCR, entre 25 000 et 45 000 personnes ont Ă©tĂ© massacrĂ©es par le FPR entre avril et [89].

Démission de la communauté internationale

Cette démission a été stigmatisée par le Général canadien Roméo Dallaire qui commandait la Mission des Nations unies pour l'assistance au Rwanda (MINUAR), force de l'ONU destinée à soutenir les accords d'Arusha.

Il apparaĂźt que plusieurs États, en gĂ©nĂ©ral Ă  travers l'ONU, dont la France, particuliĂšrement impliquĂ©e au Rwanda, ne semblent pas avoir su ou voulu adapter leurs actions en distinguant bien les massacres gĂ©nocidaires de la guerre civile. IsraĂ«l est mĂȘme accusĂ©e d'avoir continuĂ© de vendre des armes (fusils, balles et grenades) au gouvernement hutu durant le gĂ©nocide[90]. En 2016, la Cour suprĂȘme israĂ©lienne dĂ©cide que les archives des ventes d’armes d’IsraĂ«l au Rwanda pendant le gĂ©nocide de 1994 resteraient scellĂ©es et dissimulĂ©es au public, afin de ne pas nuire Ă  la sĂ©curitĂ© d'IsraĂ«l et Ă  ses relations internationales[91]. Les États-Unis, marquĂ©s par le fiasco somalien rĂ©cent, et l'ensemble du Conseil de sĂ©curitĂ© des Nations unies, auquel participait en 1994 le Rwanda[92], refusĂšrent de qualifier Ă  temps les massacres de gĂ©nocide, ce qui empĂȘcha de faire jouer la Convention pour la prĂ©vention et la rĂ©pression du crime de gĂ©nocide qui obligeait les États signataires Ă  intervenir. On emploie des pĂ©riphrases comme « actes de gĂ©nocide ». Toutes les pressions exercĂ©es sur les belligĂ©rants mirent sur le mĂȘme plan l'arrĂȘt des massacres et l'arrĂȘt des combats entre le FPR et les FAR (Forces armĂ©es rwandaises). L'objectif Ă©tait d'obtenir un cessez-le-feu et d'arrĂȘter les massacres.

Le professeur François Graner obtient en 2020 l'accĂšs aux archives verrouillĂ©es du conseiller de Mitterrand de l'Ă©poque, Bruno Delaye, et montre que la France Ă©tait alertĂ©e dĂšs fĂ©vrier 1993 par les actes d'Ă©puration ethnique, et les rapports de la DGSE et de l'agence de renseignement se sont multipliĂ©s sans rĂ©action de l'État français, alors soutien du prĂ©sident Habyarimana. Ce sont les observateurs français qui auraient insistĂ© pour inclure dans le gouvernement de transition le CDR impliquĂ© au premier plan dans le gĂ©nocide[93]. Le cabinet du ministre des affaires Ă©trangĂšres de l'Ă©poque, Alain JuppĂ©, a Ă©galement Ă©mis un tĂ©lĂ©gramme le 15 juillet 1994 Ă  l'ambassadeur Yannick GĂ©rard pour lui signifier sa volontĂ© de voir les membres du gouvernement gĂ©nocidaire exfiltrĂ©s au ZaĂŻre, en accord avec le vƓu du prĂ©sident François Mitterrand pour qui il n'Ă©tait pas question de "chĂątier les auteurs hutus du gĂ©nocide". L'exfiltration est rĂ©alisĂ©e par le lieutenant-colonel Jacques Hogard, commandant du groupement Sud-Turquoise composĂ© de membres de la LĂ©gion Ă©trangĂšre[94].

Pendant toute la durĂ©e du gĂ©nocide, le gĂ©nĂ©ral RomĂ©o Dallaire est tenu par le DĂ©partement des opĂ©rations de maintien de la paix (DOMP), service du maintien de la Paix de l'ONU, de ne pas laisser la Mission des Nations unies pour l'assistance au Rwanda (MINUAR) intervenir par les armes pour empĂȘcher les massacres et de tenter d'obtenir un cessez-le-feu entre le FPR et les FAR et un arrĂȘt des massacres. Il avait dĂ©jĂ  tentĂ©, sans succĂšs, d'obtenir des Nations unies l'autorisation de procĂ©der Ă  la saisie des caches d'armes en , mais le DOMP, traumatisĂ© par le fait qu'une dĂ©marche analogue en Somalie s'Ă©tait traduite par la mort de plusieurs dizaines de Casques bleus, avait refusĂ© catĂ©goriquement[95]. Devant cette inaction de l'ONU, le gĂ©nĂ©ral Dallaire n'avait aucune marge de manƓuvre pour tenter de protĂ©ger le peuple rwandais. AprĂšs l'assassinat de dix Casques bleus belges et devant le refus du Conseil de sĂ©curitĂ© des Nations unies de renforcer immĂ©diatement la MINUAR, la Belgique dĂ©cida de retirer ses soldats, qui constituaient la colonne vertĂ©brale et la moitiĂ© des effectifs de la mission. Le , le Conseil de sĂ©curitĂ© entĂ©rine la dĂ©cision belge et rĂ©duit les effectifs de la MINUAR Ă  270 observateurs, soit 10 % de ce qu'elle Ă©tait sur le terrain et 5 % de ce qui avait Ă©tĂ© prĂ©vu initialement[96].

Mais Ă  partir de la deuxiĂšme quinzaine de , devant la gravitĂ© de la situation, elle met sur pied la MINUAR 2 qui se rĂ©vĂšle dans l'impossibilitĂ© d'intervenir immĂ©diatement. Devant ce retard, la France obtient des Nations unies l'organisation de l’opĂ©ration Turquoise du au , date prĂ©vue de dĂ©ploiement de la MINUAR 2. Elle obtient ensuite la crĂ©ation, dans le Sud-Ouest du Rwanda, d'une « zone humanitaire sĂ»re » (ZHS), le , aprĂšs quelques accrochages avec le FPR. Cette opĂ©ration française donna lieu Ă  de vives controverses Ă  travers le monde, en raison du soutien passĂ© de la France au gouvernement rwandais.

RÎle des médias dans le génocide

Pendant le gĂ©nocide du Rwanda, les dirigeants n’avaient ni le temps, ni les moyens d’utiliser des outils de propagande complexes. Dans le contexte africain, plus que dans tout autre cas, il est important de s’intĂ©resser aux instruments de propagande utilisĂ©s lors des conflits, car dans les pays en dĂ©veloppement comme le Rwanda les moyens de communication n’étaient pas nombreux. Plusieurs Ă©crits de littĂ©rature suggĂšrent d’ailleurs que la radio a jouĂ© un rĂŽle primordial dans la propagation du message de rĂ©volte menant Ă  la violence sur les populations Tutsis. Il est difficile d’évaluer avec certitude l’impact qu’a eu la radio sur la population lors du conflit rwandais, car en 1994 seulement environ 10% de la population rwandaise Ă©tait propriĂ©taire d’une radio[97]. Sans oublier qu’à ce moment-lĂ , il n’y avait que peu de journaux en circulation et que la tĂ©lĂ©vision n’était accessible que par l’élite[98]. Cependant, cela ne signifie pas que seul 10% de la population avait accĂšs aux informations et aux messages de propagande Ă©mis. En effet au moment oĂč le gĂ©nocide prit place, plusieurs personnes Ă©coutaient frĂ©quemment la radio ensemble. Par ce fait on retrouve un Ă©largissement de l’impact que ce mĂ©dia a pu avoir sur la population mais il est alors presque impossible de connaĂźtre le nombre exact de personnes ayant agi sous l'influence de la radio durant ce conflit. La radio a Ă©tĂ© choisie de maniĂšre stratĂ©gique, elle a un effet mobilisateur sur la population ce qui permet d’atteindre une audience plus grande, et ce, le plus rapidement possible. Un grand nombre d’auteurs ont abordĂ© le rĂŽle de la radio dans le conflit, chacun d’entre eux fournissant ainsi des thĂ©ories et des liens de causalitĂ© entre ce mĂ©dia et les agissements de la population.

Parmi ces auteurs, on retrouve David Yanagizaw (professeur de dĂ©veloppement des marchĂ©s Ă©mergents au dĂ©partement d’économie Ă  l’universitĂ© de Zurich), qui s’est penchĂ© sur l’impact qu’a eu l’une de ces stations de radio sur la population[99]. Il s’agit de la radio tĂ©lĂ©vision libre des Mille Collines, dirigĂ©e par des membres influents de la communautĂ© hutu (l’Akazu). Pour cet auteur, deux hypothĂšses pourraient expliquer comment ce mĂ©dia a pu avoir un tel impact sur la population. La premiĂšre hypothĂšse suggĂšre que la radio a eu un effet persuasif sur les auditeurs. Ceux-ci suivaient les ordres transmis par la radio par crainte de reprĂ©sailles de la part des adhĂ©rents au mouvement. En effet, pour les membres de l’Akazu, chaque individu qui n’était pas avec eux Ă©tait contre eux. Dans son livre (Rwanda : les mĂ©dias du gĂ©nocide, 1995), Jean-Pierre ChrĂ©tien met en avant l’importance de la radio lors du gĂ©nocide de 1994. En effet celle-ci avait pour rĂŽle de donner les ordres et les machettes les exĂ©cutaient par la suite.

La deuxiĂšme hypothĂšse suggĂ©rĂ©e par David Yanagizaw se concentre sur l’impact de la radio dans les populations n’ayant pas accĂšs Ă  ce mĂ©dia. On retrouve alors un effet de contamination des messages dĂ©livrĂ©s par la radio au-delĂ  des rĂ©cepteurs immĂ©diats de cette derniĂšre. La radio tĂ©lĂ©vision libre des Mille Collines utilisait un langage simple et clair afin que toute la population puisse comprendre de façon Ă  en parler autour d’elle[100].

Dans le cas du Rwanda, les membres de l’Akazu, qui Ă©tait responsable de la crĂ©ation du message, optĂšrent pour un message du type haineux pour mener le soulĂšvement et la colĂšre du peuple Hutu. En effet, sur des stations de radio comme la radio tĂ©lĂ©vision libre des Mille Collines on pouvait entendre des discours dĂ©crivant la population Tutsi comme Ă©tant une race Ă  part ou encore une catĂ©gorie d’ĂȘtre humain infĂ©rieur mĂ©ritant ainsi d’ĂȘtre traitĂ© violemment. Le type de message choisi dans ce cas-ci Ă©tait trĂšs important, car pour avoir l’effet dĂ©sirĂ© sur la population, il Ă©tait important de crĂ©er une image presque « animale » des Tutsis permettant ainsi aux Hutus de lĂ©gitimer leurs actes. De plus, durant le gĂ©nocide, la population Ă©tait encouragĂ©e Ă  se soulever sous prĂ©texte que cela Ă©tait pour le bien de la population Hutu. Par exemple aprĂšs le meurtre du prĂ©sident Habyarimana, la radio gratuite Mille Collines transmis un message codĂ© que seuls les Hutus radicaux pouvaient comprendre : « Abattez les grands arbres ».

L’Akazu utilisait Ă©galement un autre type de communication durant le gĂ©nocide rwandais, il s’agissait d’un journal Ă  propos racistes envers les Tutsis (le Kangura). Ces mĂ©dias ont Ă©tĂ© des outils dĂ©terminants dans la « rĂ©ussite » du gĂ©nocide. Les mĂ©dias rwandais n'ont pas Ă©tĂ© les seuls Ă  avoir contribuĂ© Ă  l’aboutissement du gĂ©nocide, les mĂ©dias Ă©trangers ont eu aussi leur impact. Selon le journaliste Allan Thompson, en faisant peu, voire pas du tout, rĂ©fĂ©rence au gĂ©nocide des Tutsis, les mĂ©dias Ă©trangers ont pu inconsciemment faciliter et prolonger celui-ci[101].

Conséquences

Tragédie des camps de réfugiés au Zaïre

Camp de réfugiés dans l'est du Zaïre (aujourd'hui RD Congo).

À la fin du gĂ©nocide, Ă  partir de la deuxiĂšme quinzaine de , une Ă©pidĂ©mie de cholĂ©ra Ă©clate dans les camps de rĂ©fugiĂ©s hutus au ZaĂŻre. Sur le million de rĂ©fugiĂ©s, 48 000 cas de cholĂ©ra se dĂ©clarent et la moitiĂ© des malades en meurent[102]. Cet Ă©pisode, qui a Ă©tĂ© fortement mĂ©diatisĂ©, a souvent Ă©tĂ© confondu avec le gĂ©nocide et l'a mĂȘme en grande partie occultĂ©e. Il a occupĂ© une grande part de l'Ă©nergie des soldats de l'opĂ©ration Turquoise, qui durent creuser des fosses communes pour enterrer les corps.

Parmi ces rĂ©fugiĂ©s figurait un nombre important de responsables du gĂ©nocide. Ceux-ci ont exercĂ© une emprise brutale sur la population des camps, dont certains sont transformĂ©s en base arriĂšre pour la reconquĂȘte du Rwanda via les dĂ©tournements massifs de l'aide, la violence, les recrutements forcĂ©s, la propagande et les menaces contre les candidats au rapatriement[103]. Cette emprise a conduit l'association MĂ©decins sans frontiĂšres, consciente que l'aide humanitaire est dĂ©tournĂ©e et contribue Ă  renforcer le pouvoir des responsables du gĂ©nocide et leur contrĂŽle sur la population des rĂ©fugiĂ©s, Ă  se retirer des camps en .

Les Ă©lĂ©ments des forces gĂ©nocidaires ont ensuite menĂ© au Rwanda des incursions sanguinaires, de 1994 Ă  1996. Ces incursions ont conduit Ă  des interventions du Rwanda au ZaĂŻre, qui s'inscrivent dans la premiĂšre guerre du Congo et la deuxiĂšme guerre du Congo dans laquelle une dizaine de pays africains se sont impliquĂ©s et qui ont coĂ»tĂ© depuis cette date la vie d'au moins 3 Ă  4 millions de Congolais. Cette coalition a renversĂ© le prĂ©sident zaĂŻrois, Mobutu Sese Seko, et portĂ© Laurent-DĂ©sirĂ© Kabila Ă  la tĂȘte de la nouvelle RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo en 1997. En 1996-1997 de nombreux rĂ©fugiĂ©s civils hutu, poursuivis dans les forĂȘts du Congo, ont trouvĂ© la mort, soit d'Ă©puisement, de famine ou d'absence de soins et d'isolement dans la forĂȘt zaĂŻroise, soit massacrĂ©s par les forces alliĂ©es (armĂ©es du Rwanda, l'APR, et de l'Ouganda, et rebelles zaĂŻrois[104]).

Cependant, la majorité des réfugiés hutus ont pu rentrer par vagues successives au Rwanda à partir de 1996. Une partie des FAR rentrée au Rwanda a été réintégrée dans l'APR (Armée patriotique rwandaise), les nouvelles forces gouvernementales rwandaises.

Depuis le gĂ©nocide, les affrontements entre les forces gĂ©nocidaires et le FPR en RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo (ex-ZaĂŻre) constituent encore un des facteurs de l'instabilitĂ© de ce pays. Selon les gouvernements du Rwanda et du Burundi, les extrĂ©mistes hutus restent une menace permanente et justifient des interventions dĂ©stabilisatrices et souvent meurtriĂšres vivement dĂ©noncĂ©es par la RDC. Les Forces dĂ©mocratiques de libĂ©ration du Rwanda (FDLR), qui regroupent une partie des anciennes forces gĂ©nocidaires, ont acceptĂ© d'ĂȘtre dĂ©sarmĂ©es dĂ©but et de rentrer au Rwanda. Ce problĂšme reste encore l'objet de nombreuses opĂ©rations militaires en 2007 sous l'Ă©gide de la Mission de l'Organisation des Nations unies en RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo (MONUC).

Le FPR est accusĂ© par les opposants et dissidents rwandais, par le groupe d'expert de l'ONU chargĂ© d'Ă©tudier cette question[105], l'ancien ministre congolais HonorĂ© Ngbanda Nzambo[106] d'utiliser la prĂ©sence d'anciens gĂ©nocidaires en RDC comme prĂ©texte au pillage de cette rĂ©gion, se mĂȘlant ainsi aux nombreux autres pays limitrophes et entreprises multinationales qui pillent la RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo.

Responsabilité de la France

La responsabilité politique dans le génocide au Rwanda est l'un des points controversés de l'action française au Rwanda. Le rÎle de François Mitterand, président de la République durant la période clé de 1990 à 1994, est particuliÚrement souligné liée à l'opacité des prises de décisions de politiques étrangÚres, sans contrÎle parlementaire et citoyen, autour d'un cercle de conseillers restreints[107].

  • Mandat Mitterand (1981-1995)

Entre 1990 et 1994, le prĂ©sident François Mitterand entretient une relation privilĂ©giĂ©e avec le prĂ©sident hutu JuvĂ©nal Habyarimana selon une note de son Premier ministre Michel Rocard. Il souhaite Ă©galement Ă  travers les relations diplomatiques avec le Rwanda impulser une nouvelle politique africaine. DĂšs 1990, il lance une mission militaire, l'OpĂ©ration NoroĂźt. DĂšs 1992, les signaux d'alarme quant au durcissement d'une partie du rĂ©gime hutu s'accĂ©lĂšrent. ConseillĂ© par son secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral Hubert VĂ©drine, et son chef d'Ă©tat major particulier, le gĂ©nĂ©ral Christian Quesnot, François Mitterand cantonne ses dĂ©cisions autour de ce cercle restreint et assure un soutien actif au prĂ©sident Habyarimana[108]. Lors d'une interview en septembre 1994, il justifie cette proximitĂ© du fait que le PrĂ©sident JuvĂ©nal Habyarimana est membre de l'Organisation de l'UnitĂ© africaine et de l'ONU et qu'il reprĂ©sentait Ă  Kigali une ethnie Ă  80 % majoritaire[109]. Alain JuppĂ©, ministre des Affaires Ă©trangĂšres du prĂ©sident socialiste François Mitterrand entre 1993 et 1995, au sein du gouvernement de cohabitation dirigĂ© par Édouard Balladur fut le premier, en mai 1994, Ă  employer le terme de « gĂ©nocide » pour dĂ©crire l'extermination perpĂ©trĂ©e contre les Tutsis du Rwanda[110]. A la fin du gĂ©nocide, en juillet 1994, le Rwanda est un pays dĂ©vastĂ© tant sur le plan humain et qu'Ă©conomique. Deux mois aprĂšs le dĂ©but des massacres, Mitterrand utilise le mot « gĂ©nocide perpĂ©trĂ© par des Hutu »mais l'attribue non pas Ă  quelque chose de systĂ©mique mais Ă  la « folie qui s'est emparĂ©e d'eux aprĂšs l'assassinat de leur prĂ©sident ». Le mois suivant, il dĂ©clare que « La France n'a aucune responsabilitĂ© dans ce drame »[108].

Lors du sommet franco-africain Ă  Biarritz en novembre 1994, Kigali n’est pas invitĂ©. Lors son discours François Mitterrand Ă©voque « le gĂ©nocide », la retranscription remise Ă  la presse mentionne « des gĂ©nocides ». Cette confusion entre le singulier et le pluriel va empoisonner les relations entre les deux pays, dĂ©jĂ  trĂšs tendues[111]. Selon le journaliste spĂ©cialiste de l’Afrique, Antoine Glaser, les Ă©vĂ©nements de 1994 est le plus grand Ă©chec de François Mitterrand en Afrique en dĂ©clarant « il y a eu un vrai manque de vision, de comprĂ©hension, avec toujours ce mĂ©pris et cette arrogance envers l'Afrique »[112].

Récits des rescapés

Plusieurs rescapés de la diaspora rwandaise ont exprimé dans leurs livres leur douleur et leur traumatisme[113]. Leurs témoignages rappellent ceux de la Shoah au niveau psychologique[114]. Jean Hatzfeld a décrit dans trois livres les conséquences vécues par la population rwandaise. Il décrit la vie des rescapés, puis celle des tueurs et montre à quel point le travail génocidaire était vécu et organisé comme une sorte de service public, doublé de pillages et de répartition des butins. Enfin, il a montré la difficulté de cohabiter à nouveau aprÚs le génocide entre tueurs et rescapés, la façon dont la volonté politique de réconciliation est ressentie par les uns et les autres[113].

Juridictions internationales et nationales face au génocide

Le Rwanda a toujours exprimé le souhait de juger tous les auteurs du génocide. La justice rwandaise étant complÚtement détruite en , le Rwanda a demandé aussitÎt de l'aide à la communauté internationale pour reconstruire l'appareil judiciaire. En réponse l'ONU a créé le Tribunal pénal international pour le Rwanda. Seul le Rwanda a voté contre cette création qui ne correspondait pas à sa demande.

Tribunal pénal international pour le Rwanda

Le , la Résolution 955 (en) du Conseil de sécurité des Nations unies crée le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) pour juger les principaux responsables du génocide.

La Cour pénale internationale est compétente pour tous les crimes commis aprÚs sa création le 1er juillet 2002. Elle n'est donc pas compétente pour juger des crimes commis au Rwanda pendant le génocide.

Le Premier ministre du gouvernement intĂ©rimaire, Jean Kambanda, a plaidĂ© coupable et a Ă©tĂ© condamnĂ© pour gĂ©nocide par le TPIR. Les trois quarts du gouvernement intĂ©rimaires ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s. Plusieurs ministres de ce gouvernement ont Ă©tĂ© reconnus coupables de participation au gĂ©nocide ou sont en cours de jugement, deux autres ont Ă©tĂ© relaxĂ©s[115]. En 2011, certains ex-responsables militaires sont reconnus coupables de gĂ©nocide[116].

Justice nationale

Le Rwanda a dû faire un effort politique considérable pour reconstruire cet appareil judiciaire. Des ONG comme RCN Justice & Démocratie et Avocats sans frontiÚres ont participé à cette reconstruction. Il a fallu former des juristes, faire revenir des juristes installés dans la diaspora, défendre les accusés et les parties civiles, trouver des moyens matériels.

Le trĂšs grand nombre des auteurs du gĂ©nocide, qui Ă©taient loin d'ĂȘtre tous en prison, a posĂ© au Rwanda un problĂšme difficilement surmontable. En 1998, au rythme des procĂšs, il aurait fallu deux cents ans pour juger seulement ceux qui Ă©taient en prison. Une solution a Ă©tĂ© trouvĂ©e en s'appuyant sur les Gacaca, justice villageoise traditionnelle, pour les auteurs secondaires, les principaux auteurs Ă©tant jugĂ©s par la justice nationale rwandaise.

Gacaca

Le , huit mille nouvelles juridictions gacaca (tribunaux populaires chargĂ©s de juger les auteurs prĂ©sumĂ©s du gĂ©nocide rwandais de 1994 — prononcer « gatchatcha ») ont entamĂ© la phase administrative de leur travail. Elles s'ajoutent aux sept cent cinquante gacaca pilotes mises en place depuis 2001 dans certaines rĂ©gions du pays. Les gacaca sont inspirĂ©es des anciennes assemblĂ©es villageoises. Elles ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©es pour juger tous les prĂ©sumĂ©s auteurs du gĂ©nocide Ă  l’exception des planificateurs et des personnes accusĂ©es de viols qui sont jugĂ©s par les tribunaux conventionnels ou par une juridiction de l'ONU. Plusieurs millions de personnes, les simples exĂ©cutants, sont donc concernĂ©s par cette juridiction. Le jeudi 10 mars, les premiers procĂšs ont eu lieu Ă  travers tout le pays. MalgrĂ© l'environnement social dĂ©favorable aux rescapĂ©s du gĂ©nocide, qui demeurent trĂšs minoritaires au sein de la population, les gacaca sont craints par les anciens Interahamwe. Environ 6 000 personnes ont tentĂ© d'Ă©chapper Ă  la justice en fuyant vers le Burundi et ont Ă©tĂ© rapatriĂ©es de force en par les autoritĂ©s rwandaises et burundaises.

Les gacaca ont été critiquées par Amnesty International[117] et Reporters sans frontiÚres[118]. AI et RSF accusent ces tribunaux de ne pas respecter « les critÚres internationaux définissant un procÚs équitable, ni les principes de la non-discrimination », de procéder à des arrestations arbitraires, et de condamner parmi les génocidaires des personnes coupables d'opposition au gouvernement FPR, plutÎt que de génocide.

Tribunaux nationaux

Les tribunaux nationaux, autres que ceux du Rwanda, interviennent dans deux types de situations :

  • des plaintes contre des Rwandais dans d'autres pays que le Rwanda, accusĂ©s de crimes liĂ©s au gĂ©nocide, au titre du principe de la compĂ©tence universelle ;
  • des plaintes contre des citoyens non-rwandais, dans leur propre pays, pour des actes liĂ©s au gĂ©nocide des Tutsis au Rwanda.

ProcÚs de Rwandais dans d'autres pays au titre de la compétence universelle

La « compétence universelle » de certains tribunaux nationaux leur permet d'accepter les poursuites contre certains responsables du génocide.

Un jugement a eu lieu en Suisse, deux autres en Belgique, plusieurs procĂšs ont eu lieu, ou sont en cours, au Canada. Plusieurs jugements sont en cours en France contre un prĂȘtre rwandais, un ancien prĂ©fet et un colonel des FAR selon les lois françaises qui adaptent l'application des prĂ©rogatives du TPIR dans ce pays. La France a Ă©tĂ© condamnĂ©e, Ă  la demande des parties civiles, par la Cour europĂ©enne des droits de l'Homme pour la lenteur de sa procĂ©dure concernant la plainte dĂ©posĂ©e contre le prĂȘtre rwandais.

La justice belge a prononcé quatre condamnations[119].

Plaintes en France contre des militaires français

Des Rwandais ont déposé plainte en France contre des militaires français de l'opération Turquoise.

Trois plaintes ont été déposées pour viol en . Six autres plaintes ont été déposées en pour « complicité de génocide ou crime contre l'humanité » devant le tribunal aux armées de Paris. Ces plaintes visent éventuellement les responsables militaires et civils des soldats directement impliqués.

Le procureur de la République a, tour à tour, refusé d'ouvrir une instruction, puis rejeté quatre plaintes, jugeant celles-ci infondées (). Le juge d'instruction aux armées, s'opposant à cette décision, a déclaré recevables ces 4 plaintes (ordonnance du ). Le parquet a fait alors appel de cette décision. Le , la cour d'appel de Paris confirmait la recevabilité des 4 plaintes litigieuses et le rejetait un nouveau recours du parquet en nullité qui concernait les auditions menées par le juge d'instruction en au Rwanda pour entendre les plaignants.

Ces plaintes ont été initialement déposées au tribunal aux armées de Paris. Depuis, celui-ci a été fermé. Les plaintes ont été transférées au PÎle génocide, à sa création, en .

En , le parquet de Paris requiert un non-lieu dans l’enquĂȘte relative aux massacres de Bisesero : si l'abstention des militaires français pourrait ĂȘtre constitutive de non-assistance Ă  personne en pĂ©ril, ce dĂ©lit est, en toute hypothĂšse, prescrit. A contrario, « aucune aide ou assistance des forces militaires françaises lors de la commission d’exactions, aucune adhĂ©sion de ces derniĂšres au projet criminel poursuivi par les forces gĂ©nocidaires ni aucune abstention d’intervenir face Ă  des crimes constitutifs d’un gĂ©nocide ou de crimes contre l’humanitĂ© en vertu d’un accord antĂ©rieur » n'a Ă©tĂ© Ă©tablie[120].

Poursuites judiciaires contre des Rwandais en France

En 2001, est créé le Collectif des parties civiles pour le Rwanda qui collecte des témoignages et se constitue partie civile contre des suspects réfugiés en France[121].

En 2007, plusieurs Rwandais recherchĂ©s par le Tribunal pĂ©nal international pour le Rwanda (TPIR) sont arrĂȘtĂ©s en France.

Le , Dominique Ntawukuriryayo est arrĂȘtĂ© Ă  Carcassonne, dans l'Aude. Il est condamnĂ© en 2010 Ă  25 ans de prison par le TPIR.

Le premier procĂšs en France portant sur le gĂ©nocide des Tutsis au Rwanda concernait Pascal Simbikangwa, ancien capitaine rwandais considĂ©rĂ© comme l'un des instigateurs du gĂ©nocide. À l'issue du procĂšs devant la cour d'assises de Paris, Pascal Simbikangwa est condamnĂ© le , Ă  une peine de 25 ans de rĂ©clusion pour son rĂŽle dans le gĂ©nocide[122], peine confirmĂ©e en appel deux ans plus tard.

Le , SosthĂšne Munyemana, mĂ©decin exerçant en Lot-et-Garonne est arrĂȘtĂ© et dĂ©fĂ©rĂ© devant le parquet de Bordeaux, en vue d'une extradition. Il est recherchĂ© par la justice rwandaise (et non par le TPIR) pour sa participation au gĂ©nocide en 1994. Il est libĂ©rĂ© et mis sous contrĂŽle judiciaire[123] - [124]

En mars 2014, Charles Twagira, condamnĂ© par contumace au Rwanda en 2009, est arrĂȘtĂ© dans le Calvados. Il est remis en libertĂ© sous contrĂŽle judiciaire en mai 2015[125] - [126].

Le , Claude Muhayimana est arrĂȘtĂ© Ă  Rouen. Il est remis en libertĂ© sous contrĂŽle judiciaire en avril 2015. Son procĂšs, initialement prĂ©vu en septembre 2020[127] - [128] - [129], est reportĂ© en raison de la pandĂ©mie de Covid-19[130] - [131].

En juillet 2016, Ă  l'issue de deux mois de procĂšs, Octavien Ngenzi et Tito Barahira, deux bourgmestres du village de Kabarondo, sont condamnĂ©s par la cour d'assises de Paris Ă  la rĂ©clusion criminelle Ă  perpĂ©tuitĂ© pour « crimes contre l’humanitĂ© » et « gĂ©nocide », et pour « une pratique massive et systĂ©matique d’exĂ©cutions sommaires » en application d’un « plan concertĂ© tendant Ă  la destruction » du groupe ethnique tutsi[132], peines confirmĂ©es en appel en [133].

Le , FĂ©licien Kabuga, un homme d'affaires rwandais nĂ© en 1935 Ă  Muniga, dans la prĂ©fecture de Byumba, accusĂ© de participation au gĂ©nocide des Tutsis au Rwanda, et surnommĂ© « le financier du gĂ©nocide » recherchĂ© par le Tribunal pĂ©nal international pour le Rwanda, est arrĂȘtĂ© Ă  AsniĂšres-sur-Seine (Hauts-de-Seine) sous une fausse identitĂ© et mis Ă  la disposition de la justice[134] - [135]. Il est ensuite transfĂ©rĂ© aux tribunaux internationaux compĂ©tents Ă  la Haye[136].

En , Marcel Hitayezu, un prĂȘtre rwandais installĂ© en Charente-Maritime et naturalisĂ© français, est arrĂȘtĂ©, mis en examen et placĂ© en dĂ©tention provisoire pour gĂ©nocide et complicitĂ© de crimes contre l’humanitĂ© dans le cadre d'une information judiciaire menĂ©e par le PĂŽle crimes contre l'humanitĂ© (TJ de Paris) le visant depuis l'Ă©tĂ© . Il est notamment accusĂ© « d’avoir « privĂ© de vivres et d’eau des Tutsi s’étant rĂ©fugiĂ©s dans son Ă©glise » et d’avoir « fourni des vivres aux miliciens ayant attaquĂ© les Tutsi rĂ©fugiĂ©s » dans sa paroisse de Mubuga », Ă©lĂ©ments qu'il conteste[137].

En , Laurent Bucyibaruta, préfet lors du génocide et installé en France depuis 1997, est mis en examen pour génocide et crimes contre l'humanité. Son procÚs devant la cour d'assises à Paris s'ouvre en [138] - [139]. Le 12 juillet 2022, la cour d'assises de Paris condamne Bucyibaruta à 20 ans de réclusion criminelle pour complicité de génocide et crimes contre l'humanité pour plusieurs massacres de Tutsis[140].

Arrestations de Rwandais en Belgique

Le 3 octobre 2020, le parquet fĂ©dĂ©ral belge et le parquet rwandais ont dĂ©clarĂ© que trois personnes Ă©taient soupçonnĂ©es d'avoir participĂ© au gĂ©nocide rwandais en 1994. Deux ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s le 29 septembre 2020 Ă  Bruxelles et un le 30 septembre 2020 dans la province du Hainaut, dans deux affaires diffĂ©rentes, et tous les trois accusĂ©s de « violations graves du droit humanitaire »[141].

Négation du génocide des Tutsis au Rwanda

Le négationnisme du génocide a trois expressions différentes : la négation pure et simple, la théorie du double génocide et la négation de diverses complicités.

La négation pure et simple considÚre qu'il n'y a eu au Rwanda que de simples massacres de masse, dont la quantité aurait été délibérément grossie par la propagande pro-FPR. Au cours des procÚs devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), plusieurs accusés ont tenté de contester l'existence du génocide des Tutsis dans leur procédure. Le , la chambre d'appel du TPIR rend une décision à la suite de laquelle le génocide est incontestable[142].

La « thĂ©orie du double gĂ©nocide » affirme l'existence d'un contre-gĂ©nocide des Hutus, qui n'a pas Ă©tĂ© constatĂ© par les instances internationales. Elle permettrait de parler de « combats interethniques » afin de renvoyer dos Ă  dos les victimes et les bourreaux. Le terme de gĂ©nocides (au pluriel) a Ă©tĂ© utilisĂ© par plusieurs responsables politiques français[143]. Aucun des quatre grands rapports internationaux (ONU, OUA, SĂ©nat belge et AssemblĂ©e nationale française) n'a parlĂ© de gĂ©nocide des Hutus. Les ONG qui ont fait Ă©galement de volumineuses enquĂȘtes, telles que Human Rights Watch, la FĂ©dĂ©ration internationale des ligues des droits de l'Homme, Amnesty International, African Right, Survie et la commission d'enquĂȘte citoyenne française, combattent l'idĂ©e rĂ©visionniste d'un double gĂ©nocide. Bernard Kouchner, ministre des Affaires Ă©trangĂšres, dĂ©clarait en , dans la revue DĂ©fense nationale et sĂ©curitĂ© collective, dont le comitĂ© d'Ă©tudes est prĂ©sidĂ© par le gĂ©nĂ©ral Christian Quesnot, ancien chef d'État-major particulier de François Mitterrand : « Je ne peux pas cautionner cette vision simpliste et infamante qui fait des Tutsis les responsables de leur propre malheur, pas plus que je ne peux supporter d'entendre certains dĂ©fendre la thĂšse d'un double gĂ©nocide Tutsi et Hutu. »[144]. InitiĂ©e en 2014 par François Hollande mais interrompue peu aprĂšs, l'ouverture totale des archives sur la pĂ©riode 1990-1994 au Rwanda est rĂ©clamĂ©e par les historiens et associations pour faire la lumiĂšre sur le gĂ©nocide des Tutsis[145].

La nĂ©gation des complicitĂ©s concerne les facilitĂ©s politiques, diplomatiques, mĂ©diatiques et militaires, internationales et intĂ©rieures, qui ont pu ĂȘtre octroyĂ©es au rĂ©gime qui a conduit le gĂ©nocide. La nĂ©gation des complicitĂ©s est l'objet de vives controverses en France. Ainsi, Bernard Maingain, avocat belge des officiels rwandais accusĂ©s en 2006 par le juge BruguiĂšre avance en que durant 16 ans celui-ci aurait instruit uniquement Ă  charge du FPR pour Ă©tablir les responsabilitĂ©s dans l'attentat contre l'avion prĂ©sidentiel[146].

Liste de personnalités condamnées

Annexes

Études

  • Jean-François Boudet, Justice française et gĂ©nocide des Tutsis au Rwanda (avec le soutien de Paul Lens et la prĂ©face d’AimĂ© Muyoboke Karimunda), Paris, L’Harmattan, coll. Droits, SociĂ©tĂ©s, Politiques : Afrique des Grands Lacs, 2021, 401 p.
  • Jean-Pierre ChrĂ©tien, L'Afrique des Grands Lacs, Paris, Aubier, 2000, (ISBN 2-7007-2294-9).
  • HĂ©lĂšne Dumas, Le gĂ©nocide au village. Le massacre des Tutsis au Rwanda, Paris, Éd. du Seuil, 2014.
  • HĂ©lĂšne Dumas, Sans ciel ni terre. Paroles orphelines du gĂ©nocide des Tutsis, 1994-2006, La DĂ©couverte, 2020.
  • Florent Piton, Le gĂ©nocide des Tutsis du Rwanda, La DĂ©couverte, 2018, 248 p.[152]
  • GĂ©rard Prunier, Rwanda : le gĂ©nocide, Paris, Dagorno, 1999, (ISBN 2-910019-50-0).
  • François Graner, Guillaume Desgranges et Fabrice Tarrit, L'État français et le gĂ©nocide des Tutsis au Rwanda, Agone, (ISBN 978-2-7489-0393-5 et 2-7489-0393-5, OCLC 1147365462)
  • Commission de recherche sur les archives françaises relatives au Rwanda et au gĂ©nocide des Tutsi, La France, le Rwanda et le gĂ©nocide des Tutsi (1990-1994) : rapport remis au prĂ©sident de la RĂ©publique le 26 mars 2021, Armand Colin, (lire en ligne) (dit « rapport Duclert »).

TĂ©moignages et essais

RĂ©cits

Romans et piÚces de théùtre sur le génocide

Par ordre chronologique

Recueils de poĂšmes

Filmographie

Films documentaires

Entretien

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. Le journal Le Monde du 4 février 1964 titrait sur trois colonnes « L'extermination des Tutsis, le massacres du Ruanda sont la manifestation d'une haine raciale soigneusement entretenue » photo du titre.
  2. PremiĂšre phrase du « Rapport de la commission indĂ©pendante d'enquĂȘte sur les actions de l'organisation des Nations Unies lors du gĂ©nocide de 1994 au Rwanda (cote S/1999/1257) », , p. 3, aprĂšs la lettre d'accompagnement et l'annexe : « Quelque 800 000 personnes ont Ă©tĂ© massacrĂ©es lors du gĂ©nocide de 1994 au Rwanda ».
  3. Les rescapés du génocide contestent vigoureusement cette appellation qui camoufle le groupe visé par ce génocide des Tutsi, dans le contexte de la théorie négationniste du « double génocide ». Ils font notamment valoir que les autres génocides reconnus sont qualifiés par leurs victimes : génocide arménien, génocide des Juifs.
  4. « ICTR-98-41 | Nations Unies Tribunal pénal international pour le Rwanda », sur unictr.irmct.org (consulté le ).
  5. André-Michel Essoungou, « Moi, je ne crois pas au génocide », Libération, .
  6. RafaĂ«lle Maison, Pouvoir et gĂ©nocide dans l'Ɠuvre du Tribunal pĂ©nal international pour le Rwanda, Dalloz, 2017.
  7. S. Minnaert, « Les PĂšres Blancs et la sociĂ©tĂ© rwandaise durant l’époque coloniale allemande (1900-1916). Une rencontre entre cultures et religions » p. 18, in Les Religions au Rwanda, dĂ©fis, convergences et compĂ©titions, Actes du Colloque International du 18-19 septembre 2008 Ă  Butare/Huye, Éditions de l'universitĂ© nationale du Rwanda, septembre 2009, p. 53-101.
  8. (en) Mahmood Mamdani, When Victims Become Killers: Colonialism, Nativism, and the Genocide in Rwanda, Princeton, NJ, Princeton University Press, (ISBN 978-0-691-10280-1, lire en ligne), p. 69
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  11. Certains parlent de castes, mais ce terme n'est pas justifié car selon son nombre de vaches, un Hutu pouvaient devenir Tutsi et réciproquement un Tutsi qui perdait ses vaches devenait Hutu
  12. HWR, FIDH, Aucun témoin ne doit survivre, le génocide au Rwanda, Karthala (1999), p. 48.
  13. Bernard Lugan, Rwanda : le gĂ©nocide, l'Église et la dĂ©mocratie, Ă©d. du Rocher, 2004, 234 p.
  14. 24 mars 1957 Kayibanda, Grégoire - Note sur l'aspect social du problÚme racial indigÚne au Ruanda (Le manifeste des Bahutu) - L'Harmattan.
  15. « GĂ©nocides et autres massacres
 », entretien avec Jacques Semelin, Politique internationale, 2004.
  16. L'ambassadeur Yannick GĂ©rard chargĂ© de reprĂ©senter l'opĂ©ration Turquoise le dĂ©nonce dĂšs le 7 juillet 1994. Voir Jacques Morel, La France au cƓur du gĂ©nocide des Tutsi, p. 940.
  17. Directeur émérite du CNRS, coauteur de Rwanda : Les médias du génocide, Paris, Karthala, 1995, et d'autres ouvrages et articles sur le génocide des Tutsi au Rwanda.
  18. Directeur de recherche au CNRS, auteur de Rwanda : le génocide, Paris, Dagorno, 1999.
  19. Sociologue et directrice Ă©mĂ©rite au CNRS, auteurs de nombreux articles sur le Rwanda, premiĂšre personne auditionnĂ©e par les dĂ©putĂ©s français de la mission d'information parlementaire sur le Rwanda - CitĂ©e comme tĂ©moin de contexte dans le cadre du procĂšs de quatre Rwandais en Belgique en 2001, elle a dĂ©clarĂ© qu'« Il n’y a pas de massacres spontanĂ©s de cette envergure. Il faut des dirigeants, il faut une organisation. » Assises Rwanda 2001. TĂ©moin de contexte : Claudine Vidal, historienne, sociologue.
  20. Colette Braeckman, journaliste belge du journal Le Soir et auteur de Rwanda, histoire d'un génocide, Fayard, 1994.
  21. Journaliste à France Culture et auteur de Rwanda, un génocide oublié ? Un procÚs pour mémoire, Complexe, 2004.
  22. « Selon M. REYNTJENS, le gĂ©nocide n’a pas Ă©tĂ© planifiĂ© ni dĂ©cidĂ© de maniĂšre pragmatique cette nuit lĂ . Depuis plus de quatre ans, une structure et une idĂ©ologie gĂ©nocidaire se mettait progressivement en place. Des Ă©lĂ©ments sont lĂ  pour le prouver : existence de « petits » massacres de Tutsis tĂ©lĂ©guidĂ©s depuis le centre du pouvoir dans les annĂ©es 1990, existence des escadrons de la mort et du RĂ©seau ZĂ©ro chargĂ©s d'assassiner quelques opposants, prĂ©sence de caches d’armes dans les bĂątiments louĂ©s par le MRND, etc. Ce gĂ©nocide visait Ă  Ă©liminer tous les Tutsis en tant que tels et des Hutus en tant qu'opposants politiques. » (p. 2).
  23. Publication.
  24. rapport : Mission d'information sur le Rwanda.
  25. André Guichaoua, Les Politiques du génocide à Butare, éd. de L'Harmattan, 2005.
  26. AndrĂ© Guichaoua, « Le gĂ©nocide des Tutsis n’avait pas Ă©tĂ© prĂ©parĂ© quatre ans Ă  l’avance », sur LeMonde.fr, .
  27. Agence Hirondelle, « L'attentat contre l'avion d’Habyarimana n'est pas la cause du gĂ©nocide » [archive], .
  28. HRW : Alison Des Forges, Aucun témoin ne doit survivre. Le génocide au Rwanda, Human Rights Watch/FIDH, Karthala, 1999.
    Commission d'enquĂȘte Citoyenne (collectif d'associations françaises) - 2004
  29. Assises Rwanda 2001 : Témoin de contexte : François-Xavier Nsanzuwera.
  30. Revue CitĂ©s no 57, GĂ©nocide des Tutsi du Rwanda - un nĂ©gationnisme français ? PUF, article Les rĂ©vĂ©lations circonscrites d'un rapport parlementaire extrait page 27 : « Ces deux expressions d’une mĂȘme intention gĂ©nocidaire, en octobre 1990 dans les deux cas, par les deux chefs d'Ă©tat-major adjoints, Serubuga pour l'armĂ©e et Rwagafilita pour la gendarmerie, auraient pu ĂȘtre mises en perspective par la mission avec le fait qu'ils avaient le mĂȘme chef d'Ă©tat-major : le gĂ©nĂ©ral-major JuvĂ©nal Habyarimana, devenu prĂ©sident de la RĂ©publique par un coup d'État. »
  31. Annexes du rapports parlementaires français page 134 - partie consacrée à l'opération Noroßt.
  32. Des massacres constitutifs d'un génocide - sous-chapitre du rapport des députés français
    - « GĂ©nocide rwandais. Ce que savait l'ÉlysĂ©e », Le Monde, 3 juillet 2007, Extrait : « Au cours des annĂ©es de guerre qui ont prĂ©cĂ©dĂ© le gĂ©nocide, qui a dĂ©butĂ© le 6 avril 1994, l'ÉlysĂ©e a soutenu le rĂ©gime de Kigali, malgrĂ© les signaux prĂ©sageant des massacres Ă  venir. C'est ce que rĂ©vĂšlent plusieurs volumes d'archives officielles transmises au tribunal aux armĂ©es ».
  33. « GĂ©nocide rwandais. Ce que savait l'ÉlysĂ©e », Piotr Smolar, Le Monde, 3 juillet 2007, extrait : « Celui-ci a livrĂ© les dĂ©tails « graves et plausibles » d'un plan de dĂ©stabilisation radicale du pays. Il commencerait par des provocations contre les troupes du FPR Ă  Kigali, pour susciter une riposte. « Les victimes rwandaises que ne manqueraient pas de provoquer ces rĂ©actions seraient alors le prĂ©texte Ă  l’élimination physique des Tutsis de la capitale, explique le diplomate. Selon l'informateur de la Minuar, 1 700 Interhamwe — membres des milices populaire du parti du PrĂ©sident du Rwanda — auraient reçu une formation militaire et des armes pour cela, avec la complicitĂ© du chef d'Ă©tat-major FAR. La localisation prĂ©cise des Ă©lĂ©ments tutsis de la population de Kigali devrait en outre permettre d'Ă©liminer 1 000 d'entre eux dans la premiĂšre heure aprĂšs le dĂ©clenchement des troubles. »
  34. « Rapport de la commission indĂ©pendante d'enquĂȘte sur les actions de l'organisation des Nations Unies lors du gĂ©nocide de 1994 au Rwanda (cote S/1999/1257) », , p. 10-12
  35. HRX, FDIH, Aucun témoin ne doit survivre, Karthala (1999), p. 88-103.
  36. (en) « Kangura No. 6 », sur genocidearchiverwanda.org.rw
  37. HRW, FIDH, Aucun témoin ne doit survivre, Karthala (1999), p. 103-106.
  38. À notre connaissance, il n'existe aucun document, aucun procĂšs-verbal de rĂ©union et aucune autre preuve qui mette le doigt sur le moment prĂ©cis oĂč certains individus, dans le cadre d'un plan directeur, auraient dĂ©cidĂ© d'Ă©liminer les Tutsis [
]. Il est frappant de constater qu'Ă  peu prĂšs tous les experts internationaux deviennent vagues ou imprĂ©cis lorsqu'il s'agit de dĂ©terminer Ă  quel moment l'organisation et la planification systĂ©matiques sont censĂ©es avoir Ă©tĂ© amorcĂ©es. [
] Mais en regardant en arriĂšre et en analysant le dĂ©roulement des Ă©vĂ©nements de 1991 jusqu'en 1992, il devient difficile de ne pas voir Ă©merger une tendance dans ces massacres successifs. Il apparaĂźt que les radicaux et l'armĂ©e ont travaillĂ© ensemble pour essayer diverses techniques d'exĂ©cution. De ces expĂ©riences, leurs chefs ont tirĂ© deux leçons : qu'ils pouvaient massacrer en grand nombre, rapidement et efficacement [
] et, compte tenu des rĂ©actions qu'ils avaient suscitĂ©es jusqu'alors, qu'ils pouvaient le faire impunĂ©ment. Extraits du chapitre 7 du rapport de l'OUA.
  39. « Pas de preuve d'un plan de génocide en 1994 » [archive], .
  40. Histoire du Rwanda, 1997, pages 516 et 517
  41. Rwanda : Un gĂ©nocide en questions, Éditions du Rocher, coll. « Lignes de feu », 2014.
  42. « Deux ex-maires rwandais condamnés en appel à perpétuité pour génocide », sur Le Monde.fr (consulté le ).
  43. Jacques Morel, La France au cƓur du GĂ©nocide des Tutsis, p. 1365.
  44. Serge Desouter et Filip Reyntjens, « Les Violations des droits de l'homme par le FPR/APR. Plaidoyer pour une enquĂȘte approfondie », UniversitĂ© d'Anvers, Working Paper, 1995 ; Abdul Joshua Ruzibiza, op. cit., p. 259 Ă  346 ; et Laurent Nduwayo, op. cit. Lire en ligne.
  45. HRW, FIDH, Aucun témoin ne doit survivre, le génocide au Rwanda, Karthala (1999), p. 9.
  46. Rapport de la Commission internationale : enquĂȘte sur les violations des droits de l'Homme au Rwanda depuis 1990.
  47. HRW, FIDH, Aucun témoin ne doit survivre, le génocide au Rwanda, Karthala (1999), p. 10.
  48. Le 21 février 1994, Félicien Gatabazi, ministre des Travaux publics et secrétaire général du PSD, est assassiné, et le lendemain, Martin Buchnyana, président de la CDR est également tué en représailles. Dans les deux jours qui suivent, une trentaine de personnes sont tuées.
  49. Voir la dĂ©nonciation qui en avait Ă©tĂ© faite Ă  l'ONU Ă  Kigali dans le rapport Brunel de l'ambassade de France le 12 janvier 1994 en ligne : « Ă©liminer 1 000 d'entre eux (les Tutsi) dans la premiĂšre heure du dĂ©clenchement des troubles ».
  50. « RepÚres chronologiques », p. 7 (Annexe de l'étude d'André Guichaoua, Rwanda, de la guerre au génocide, La Découverte, 2010).
  51. Résolution 912 du Conseil de sécurité, s'appuyant sur le rapport 470 du secrétaire général.
  52. Déclaration du président du Conseil de sécurité.
  53. « Rapport de la commission indĂ©pendante d'enquĂȘte sur les actions de l'organisation des Nations Unies lors du gĂ©nocide de 1994 au Rwanda (cote S/1999/1257) », , p. 24
  54. Le terme de gĂ©nocide a Ă©tĂ© utilisĂ© par la presse dĂšs le 11 avril (Jean-Philippe Cetti, Kigali livrĂ© Ă  la fureur des tueurs Hutus, LibĂ©ration), par l'ONG OXFAM le 24 avril (cf. RomĂ©o Dallaire, J'ai serrĂ© la main du diable, Libre Expression (2003), p. 421, qui commence Ă  l'utiliser lui-mĂȘme dans ces rapports Ă  l'ONU dĂšs cette date), par le Pape Jean-Paul II lors de l’audience gĂ©nĂ©rale du 27 avril 1994 en appelant les fidĂšles Ă  une priĂšre fervente pour le Rwanda et en invitant « ceux qui dĂ©tiennent les responsabilitĂ©s Ă  une action gĂ©nĂ©reuse et efficace pour que cesse ce gĂ©nocide » (Osservatore Romano du 3 mai 1994). Il sera Ă©galement utilisĂ© par M. Boutros Boutros-Ghali lors d’un entretien tĂ©lĂ©visĂ© Ă  la tĂ©lĂ©vision amĂ©ricaine le 4 mai et par M. Alain JuppĂ©, le 15 mai 1994, Ă  l'issue de la rĂ©union du Conseil des ministres de l'Union europĂ©enne Ă  Bruxelles, puis, deux jours plus tard Ă  l'AssemblĂ©e Nationale. cf. Rapport des dĂ©putĂ©s français, Des massacres au gĂ©nocide.
  55. résolution 918 du Conseil de sécurité.
  56. « Rapport de la commission indĂ©pendante d'enquĂȘte sur les actions de l'organisation des Nations Unies lors du gĂ©nocide de 1994 au Rwanda (cote S/1999/1257) », , p. 28
  57. L'utilisation des termes « actes de gĂ©nocide » en lieu et place du terme « gĂ©nocide » est dĂ» Ă  un compromis, la Chine s'Ă©tant opposĂ©e Ă  l'utilisation du terme seul. cf « Rapport de la commission indĂ©pendante d'enquĂȘte sur les actions de l'organisation des Nations Unies lors du gĂ©nocide de 1994 au Rwanda (cote S/1999/1257) », , p. 29
  58. Résolution 925 du Conseil de sécurité.
  59. Résolution 929 du Conseil de sécurité.
  60. Roméo Dallaire, J'ai serré la main du diable, Libre Expression (2003), p. 583.
  61. « Rapport de la commission indĂ©pendante d'enquĂȘte sur les actions de l'organisation des Nations Unies lors du gĂ©nocide de 1994 au Rwanda (cote S/1999/1257) », , p. 31
  62. Patrick de Saint-Exupéry, L'inavouable, la France au Rwanda, Les arÚnes (2003), p. 132.
  63. « 100 jours de massacres », sur ici.radio-canada.ca.
  64. Les responsabilités sont étudiées dans le chapitre Attentat du 6 avril 1994 au Rwanda.
  65. L'envoyĂ© spĂ©cial de la commission des droits de l'Homme de l'ONU au Rwanda a affirmĂ© devant les sĂ©nateurs belges que, chargĂ© de cette enquĂȘte en mai 1994, il avait Ă©tĂ© empĂȘchĂ© d'enquĂȘter par l'attitude des militaires rwandais et français et par l'absence de financement spĂ©cifique de la part du Conseil de sĂ©curitĂ©. Le juge anti-terroriste français Jean-Louis BruguiĂšre a menĂ© une enquĂȘte dirigĂ©e contre le FPR, mais n'a fait examiner aucun Ă©lĂ©ment matĂ©riel de l'Ă©pave, qui seule permettrait de savoir par quel moyen cet avion a Ă©tĂ© abattu.
  66. « Rwanda, la preuve d’un gĂ©nocide planifiĂ© », Maria Malagardis, LibĂ©ration, 11 janvier 2012.
  67. « Génocide rwandais : deux versions en question », lemonde.fr, 11 janvier 2012.
  68. « Rwanda : les idiots utiles de Kagame », marianne.net, 28 janvier 2012.
  69. « Patrick Karegeya : «Nous savons d’oĂč les missiles sont partis» », sur rfi.fr, .
  70. http://www.rfi.fr/afrique/20140102-afrique-du-sud-rwanda-patrick-karegeya-assassine-opposition-rwandaise http://www.rfi.fr/afrique/20140102-afrique-du-sud-rwanda-patrick-karegeya-assassine-opposition-rwandaise, 31 décembre 2013.
  71. Cet épisode est évoqué dans le film HÎtel Rwanda. Il repose sur des témoignages. L'équipe de Jean-Pierre Chrétien ne dispose pas des enregistrements des émissions du 1er au 6 avril 1994 dans les sources du livre les Médias du génocide.
  72. Butare était la seule préfecture dont le préfet était un Tutsi.
  73. N'étant munis que d'armes légÚres, ils ne furent pas en état de pouvoir résister. cf Conseil de guerre de Bruxelles 07-04-1994, in journal Le Soir Bruxelles. Ce commando était aussi composé de cinq Casques bleus ghanéens qui furent aussi capturés avec les Belges, mais qui furent relùchés.
  74. Ceux qui participent aux massacres sont récompensés par la prise de possession des terres de leurs victimes, ou par le pillage de leur bien. Ceux qui refusent sont mis à l'amende, harcelés, voire menacés de mort.
  75. HRW, FIDH, Aucun témoin ne doit survivre, Khartala, (1999), p. 13.
  76. Voir « Rapport de la commission indĂ©pendante d'enquĂȘte sur les actions de l'organisation des Nations Unies lors du gĂ©nocide de 1994 au Rwanda (cote S/1999/1257) »,
  77. Le psychologue belge Jacques Roisin a publié un livre en 2017 sur une vingtaine de sauveteurs, Dans la nuit la plus noire se cache l'humanité (Jean-Philippe Rémy, « « Récit des Justes du Rwanda », hommage à ceux qui ont sauvé des Tutsi durant le génocide », Le Monde, ).
  78. Des Forges, Aucun témoin ne doit survivre, Karthala, page 238.
  79. Roméo Dallaire, J'ai serré la main du diable, Libre Expression, 2003, p. 373-374.
  80. Des Forges, Aucun témoin ne doit survivre, Karthala, page 273, 500 et suivantes.
  81. Voir article ÉvĂ©nements de Bisesero.
  82. Léonard Nduwayo, Giti et le génocide rwandais, éd. de L'Harmattan, 2002.
  83. Claudine Vidal, préface à Abdul Joshua Ruzibiza, Rwanda, l'histoire secrÚte, éd. du Panama, 2005, p. 35.
  84. (en) « Document dĂ©classifiĂ© du DĂ©partement d'État amĂ©ricain » [PDF], sur nsarchive2.gwu.edu
  85. Témoignage de Wolfgang Blam publié dans le livre de Jean-Pierre Chrétien, Le défi de l'ethnisme : Rwanda et Burundi, 1990-1996, Paris, Karthala, 1997 page 101 et suivantes.
  86. Wolfgang Blam, Ibid., paragraphe intitulĂ© NormalitĂ© ordonnĂ©e p. 118-120 : « D'abord le Premier ministre et, une semaine plus tard, le lundi 16 mai, aussi le PrĂ©sident du gouvernement de transition, sont venus Ă  Kibuye [
] Le marchĂ© et les magasins « hutu » non pillĂ©s furent rouverts. Une activitĂ© modĂ©rĂ©e de transport [
] reprit son cours. ».
  87. Alison Des Forges, Aucun témoin ne doit survivre, Karthala, page 344 et suivantes.
  88. Intervention de Filip Reyntjens au colloque du club DĂ©mocraties, le 01/04/2014, au SĂ©nat Ă  Paris.
  89. « Rapport de la commission indĂ©pendante d'enquĂȘte sur les actions de l'organisation des Nations Unies lors du gĂ©nocide de 1994 au Rwanda (cote S/1999/1257) », , p. 27
    Prunier Gérard, Rwanda : le génocide, Paris, Dagorno, (1997)
    Des Forges, Aucun témoin ne doit survivre, Karthala, p. 21-23 et p. 817 et suivantes
    Les crimes du FPR
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  92. Liste des membres du Conseil de sécurité en 1994.
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