Accueil🇫🇷Chercher

Jacques Semelin

Jacques Semelin, né le au Plessis-Robinson, est un historien et politologue français. Directeur de recherche émérite au CNRS affecté au Centre d'études et de recherches internationales (CERI)[1], il est spécialiste des génocides et des violences extrêmes, des formes de résistances civiles et de sauvetage, et de la survie des Juifs en France durant la Seconde Guerre mondiale. Depuis 1998, il enseigne à Sciences Po Paris où il a créé un cours pionnier sur les violences de masse.

Jacques Semelin
Portrait de Jacques Semelin
Biographie
Naissance
Le Plessis-Robinson
Nationalité Française
Thématique
Formation

Université Paris Descartes : DESS en psychopathologie

Université Paris-IV Sorbonne : doctorat d'histoire
Titres professeur des universités
professeur à l’Institut d'études politiques de Paris
directeur de recherche au CNRS
Profession Historien, politologue et professeur d'université (d)
Employeur Institut d'Ă©tudes politiques de Paris (depuis ) et Centre national de la recherche scientifique (depuis )
Travaux
  • Sans armes face Ă  Hitler. La RĂ©sistance civile en Europe (1939–1943) (1989)
  • La libertĂ© au bout des ondes. Du coup de Prague Ă  la chute du mur de Berlin (1997)
  • Purifier et dĂ©truire (2005)
  • RĂ©sistance Civile et Totalitarisme (2011)
  • PersĂ©cutions et entraides dans la France occupĂ©e. Comment 75% des Juifs en France ont Ă©chappĂ© Ă  la mort (2013)
  • La survie des Juifs en France, 1940-1944 (2018)
Approche histoire, science politique et psychologie sociale
Processus de résistance civile au sein des dictatures
Analyse des massacres et génocides au XXe siècle

Jeunesse et formation

Il est fils d'un gendarme et d'une mère au foyer et passe son enfance et adolescence en région parisienne[2]. Atteint d'une maladie de la rétine à l'âge de 16 ans, il renonce à faire médecine puis des études pour devenir enseignant, un médecin l'en dissuadant, craignant qu'il soit refusé à l'examen médical de l'Éducation nationale[2]. Il s'oriente alors vers des études de psychologie qu'il dira avoir choisi « Par défaut et peut-être parce que j'avais des problèmes »[2].

Il est ainsi diplômé en psychologie de l'université Paris V puis a soutenu en 1986 un doctorat en histoire à l'université Paris IV. Il a ensuite rejoint l'université Harvard à l'invitation du professeur et politologue américain Gene Sharp, en qualité de post-doctoral fellow (Center For International Affairs).

Il s'engage dans l'action non-violente, ce qu'il racontera dans son livre autobiographique J’arrive où je suis étranger paru en 2007.

Travaux

Ses recherches portent sur les processus de résistance civile au sein des dictatures ainsi que sur l'analyse des massacres et génocides. Ses travaux se fondent sur une approche pluridisciplinaire en histoire, science politique et psychologie sociale, ce dont atteste son parcours universitaire.

De retour en France après son passage à Harvard, il est recruté en 1990 au CNRS en tant que chercheur en science politique.

En 1997, il obtient son habilitation à diriger des recherches (HDR) en science politique sous la direction de Pierre Hassner à Sciences Po. En 2007, il est qualifié comme professeur des universités dans cette même discipline ainsi qu'en histoire des mondes modernes.

Ses premiers travaux de chercheur tentent de comprendre le développement de cas de résistance civile, formes collectives de résistance non armée, au sein de régimes autoritaires, voire totalitaires. Son étude pourrait se résumer ainsi : comment des individus « ordinaires » peuvent-ils résister à mains nues contre des pouvoirs extrêmes ? C’est ainsi qu’il consacre sa thèse de doctorat à l’analyse comparée d’une trentaine d’exemples de résistance civile au sein de l’Europe sous domination nazie[3]. Il présente les résultats de cette recherche dans Sans armes face à Hitler (1989), ouvrage disponible en cinq langues.

Après la chute du mur de Berlin, il engage une recherche similaire pour comprendre le développement de formes semblables de lutte au sein de l’Europe sous régime communiste depuis les débuts de la Guerre froide. Il s’intéresse tout particulièrement à la manière dont les opposants et dissidents vont se servir des médias dans leur combat pour les droits de l’homme. Il publie le résultat de son enquête dans La Liberté au bout des ondes. Du coup de Prague à la chute du mur de Berlin (1997), ouvrage couronné par le prix du Comité d’Histoire de la Radio. Jacques Semelin développe une réflexion plus théorique sur la notion de résistance civile et en 2014, il reçoit aux États-Unis le James Lawson Award pour l’ensemble de ses travaux en ce domaine, remis à l'université Tufts par l’International Center of nonviolent Conflicts (Washington DC).

En parallèle, Jacques Semelin s’est de plus en plus intéressé à la question du génocide, en particulier depuis sa visite à Auschwitz (1985)[4]. Sa rencontre avec Léon Poliakov, pionnier des études sur la Shoah en France, a joué un rôle important dans l'orientation future de ses travaux. Il reprend alors ses réflexions antérieures sur la résistance civile mais pour les appliquer cette fois-ci à la barbarie : comment des individus ordinaires peuvent-ils basculer dans la perpétration d’un crime de masse ? Dès 1998, il crée un cours pionnier à Sciences Po Paris sur les génocides et violences de masse, en étudiant les points de comparaison et de différence entre le génocide des Juifs, des Arméniens, des Rwandais tutsis, des musulmans de Bosnie, du Cambodge... Il organise en 2001 à Sciences Po un colloque international sur les violences extrêmes dont les actes sont publiés en six langues dans la Revue Internationale des Sciences Sociales. Puis il travaille à son maître ouvrage sur les violences de masse : Purifier et détruire, aujourd’hui disponible en huit langues et récompensé par le Prix de l’Association des professeurs de science politique et par le Prix Figaro Sciences Po en 2007. Ce livre propose une analyse comparative de trois cas (Shoah, Rwanda et Bosnie), prenant aussi en compte celui des Arméniens et du Cambodge de Pol Pot.

En 2008, Jacques Semelin a fondé à Sciences Po, avec une équipe de chercheurs, l'Encyclopédie en ligne des Violences de masse[5] sous le parrainage de Simone Veil et de la Rwandaise Esther Mujawayo. En 2010, il a travaillé comme consultant auprès des Nations unies pour la prévention des génocides (Office of political affairs).

Parallèlement à ses travaux sur la violence, Jacques Semelin a engagé des recherches sur les formes d’aide et de sauvetage en situations génocidaires. Il est d'ailleurs l'un des membres fondateurs du lieu de mémoire au Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire), où de nombreux enfants et adultes juifs ont été cachés. En 2006, il a co-dirigé un colloque international sur les pratiques de sauvetages en situation génocidaire à Sciences Po dont les actes ont été publiés sous le titre La résistance aux génocides (2008). Par la suite, il s’est engagé dans un travail spécifique sur la France visant à comprendre comment les trois-quarts des juifs en France ont pu survivre à la Shoah. Le livre qui en a résulté, Persécutions et entraides dans la France occupée (2013), riche de nombreux témoignages de juifs non déportés (français et étrangers), a été récompensé la même année par le Prix Philippe Viannay de la Fondation de la Résistance et par l'Académie française (Prix émeraude). Tenant compte des nombreux débats suscités par cet ouvrage, en particulier avec Robert Paxton[6], Jacques Semelin s'est attelé à une version abrégée, actualisée et retravaillée, publiée en 2018 et préfacé par Serge Klarsfeld, sous le titre La Survie des juifs en France, 1940-1944[7]. Cet ouvrage a été traduit en anglais chez Hurst et Oxford University Press et en allemand chez Wallstein[8].

Jacques Semelin est président de l’Encyclopédie en ligne des violences de masse, membre du comité de rédaction de la revue d'histoire, Vingtième Siècle et du comité international du Journal of Genocide Research. Il est aussi membre de l'International Association of Genocide Scholars (IAGS) ainsi que de l’International Network of Genocide Scholars (INOG).

Formation et carrière

Quasi-cécité

Jacques Semelin a été légalement reconnu comme aveugle en 1985. À 16 ans, il appris qu'il était atteint d'une maladie incurable le conduisant à 35 ans à une quasi-cécité[2]. Il a publié en 2007 un ouvrage, J'arrive où je suis étranger dans lequel il raconte son "voyage" vers la cécité[9]. En 2016, il publie aussi Je veux croire au soleil, récit de son séjour à Montréal en tant que professeur non-voyant, plein d’émotions, de sens de l’humour, à partir d’anecdotes de la vie quotidienne.

Publications

  • Pour sortir de la violence, Éditions de l'Atelier, 1983 (traduit en italien).
  • La Dissuasion civile. Principe de la rĂ©sistance non violente dans la stratĂ©gie française, ISC, 1985 (traduit en serbo-croate).
  • Comprendre la non-violence (avec Jean-Marie Muller), Non-Violence ActualitĂ©, 1985.
  • Les Nouveaux Enjeux de la communication vers l'Est, avec Anne-Chantal Lepeuple, Paris, Fondation pour les Ă©tudes de dĂ©fense nationale, 1989.
  • Sans armes face Ă  Hitler. La RĂ©sistance civile en Europe (1939–1943), Paris, Payot, 1989 (ISBN 2-228-88202-X).
    • RĂ©Ă©dition en 1998 ; troisième Ă©dition, Les Arènes, 2013 (traduit en anglais, allemand, italien, polonais et grec).
  • La Non-violence, avec Christian Mellon, Paris, Presses universitaires de France (Que sais-je ?), 1994 (ISBN 2-13-046638-9).
  • Quand les dictatures se fissurent... RĂ©sistances civiles Ă  l'Est et au Sud (dir.), Paris, Edition DesclĂ©e de Brouwer, 1995 (ISBN 978-2220036038)
  • La LibertĂ© au bout des ondes. Du coup de Prague Ă  la chute du mur de Berlin, Paris, Éditions Belfond, 1997 (ISBN 2-7144-3501-7) ; rĂ©Ă©dition en 2009, Nouveau Monde Ă©dition (traduit en polonais et en anglais).
  • La Non-violence expliquĂ©e Ă  mes filles, Paris, Le Seuil, 2000 (ISBN 2-02-036776-9) (traduit en anglais, arabe, espagnol, italien, portugais, brĂ©silien, catalan, japonais, hĂ©breu, corĂ©en, vietnamien et indonĂ©sien).
  • Purifier et dĂ©truire. Usages politiques des massacres et gĂ©nocides, Paris, Le Seuil, 2005 (ISBN 2-02-047847-1) (traduit en anglais, allemand, italien, espagnol, portugais, brĂ©silien, turc et slovène).
    • Troisième Ă©dition, 2017, Points-Seuil
  • J'arrive oĂą je suis Ă©tranger, Paris, Éditions du Seuil, 2007.
  • La RĂ©sistance aux gĂ©nocides. De la pluralitĂ© des actes de sauvetages, ouvrage collectif dirigĂ© avec Claire Andrieu et Sarah Gensburger, Paris, Presses de Sciences Po, 2008 (ISBN 978-2-7246-1089-5) (traduit en anglais)
  • Jacques Semelin, « Les intellectuels et la violence : en Ă©tudier l'objet, en devenir les acteurs ? », dans Vincent Azoulay et Patrick Boucheron (dir.), Le mot qui tue : Une histoire des violences intellectuelles de l'AntiquitĂ© Ă  nos jours, Champ Vallon,
  • RĂ©sistance civile et Totalitarisme, Bruxelles, AndrĂ© Versaille, 2011 (ISBN 978-2-8749-5127-5)
  • PersĂ©cutions et entraides dans la France occupĂ©e. Comment 75 % des Juifs en France ont Ă©chappĂ© Ă  la mort, Paris, Le Seuil/Les Arènes, 2013 (ISBN 978-2-35204-235-8).
  • ArchĂ©ologie des violences de guerre et des violences de masse, dirigĂ© avec Jean Guilaine, Paris, La dĂ©couverte, 2016 (ISBN 978-2-70719-055-0)
  • Je veux croire au soleil, Paris, Ă©ditions les Arènes, 2016 (ISBN 978-2-35204-511-3).
  • La Survie des Juifs en France (1940-1944), Paris, CNRS Editions, 2018 (ISBN 978-2-271-09027-0) (traduit en anglais et en allemand)
  • Avec Laurent Larcher, Une Ă©nigme française. Pourquoi les trois quarts des Juifs en France n’ont pas Ă©tĂ© dĂ©portĂ©s, Paris, Albin Michel, , 224 p. (ISBN 2226467726 et 978-2226467720).

Prix

  • 2022 : Prix Jules Michelet de l'association des Ecrivains Combattants pour Une Ă©nigme française. Pourquoi les trois-quarts des Juifs en France n'ont pas Ă©tĂ© dĂ©portĂ©s ?, avec Laurent Larcher (Albin Michel, 2022)[10].
  • 2014 : James Lawson Award dĂ©cernĂ© par l'International Center for Non-violent Conflict (Tufts University, USA)[11].
  • 2013 : Prix Philippe Viannay de la Fondation nationale de la rĂ©sistance pour PersĂ©cutions et entraides dans la France occupĂ©e. Comment 75% des juifs en France ont Ă©chappĂ© Ă  la mort (Le Seuil/Les Arènes, 2013)[12].
  • 2013 : Prix Emeraude de l'AcadĂ©mie Française pour PersĂ©cutions et entraides dans la France occupĂ©e. Comment 75% des juifs en France ont Ă©chappĂ© Ă  la mort (Le Seuil/Les Arènes, 2013).
  • 2008 : Prix du Reader's Digest France pour J'arrive oĂą je suis Ă©tranger (Le Seuil, 2007).
  • 2006 : Prix Philippe-Habert (Le Figaro/Sciences Po) pour Purifier et dĂ©truire. Usages politiques des massacres et gĂ©nocides (Le Seuil, 2006)[13].
  • 2006 : Prix de l'Association des professeurs de science politique pour Purifier et dĂ©truire. Usages politiques des massacres et gĂ©nocides (Le Seuil, 2006).
  • 1998 : Prix de l'Histoire de la radio pour La libertĂ© au bout des ondes : du coup de Prague Ă  la chute du mur de Berlin (Éditions Belfont, 1997).

Distinctions

Références

  1. « Chercheur | Sciences Po CERI », sur sciencespo.fr, (consulté le )
  2. "TĂ©moignage: Jacques SĂ©melin, chercheur aveugle" par L'AFP pour Handicap.fr, novembre 2008
  3. Jacques Sémelin, La résistante civile de masse en Europe sous l'occupation nazie (1939-1945) (thèse de doctorat en sociologie sous la direction de Jean-Paul Charnay), (SUDOC 041293622)
  4. « La survie des Juifs en France, 1940-1944 - Jacques Semelin », sur Fondation pour la Mémoire de la Shoah (consulté le )
  5. « Accueil | Sciences Po Violence de masse et Résistance - Réseau de recherche », sur sciencespo.fr (consulté le )
  6. « Histoire/Actualités du vendredi 12/07/13 : Robert Paxton/Jacques Sémelin », sur France Culture (consulté le )
  7. Alice Corbet, Jacques Semelin, LA SURVIE DES JUIFS EN FRANCE, 1940-1944, CNRS éditions, 2018, 376 p., Dans Revue Projet, 2019/4, N° 371, pages 90 à 92
  8. La survie des juifs en France (1940-1944), sciencespo.fr, 6 juillet 2019
  9. "Jacques Sémelin : la résistance au quotidien" par Clara Dupont-Monod, L'Histoire n°323, septembre 2007.
  10. « Les Prix annuels 2022 des Ecrivains Combattants », sur ActuaLitté.com (consulté le )
  11. « Jacques Sémelin | Sciences Po La recherche », sur www.sciencespo.fr, (consulté le )
  12. « Prix Philippe Viannay Défense de la France 2013 », La Lettre de la Fondation de la Résistance, no 75,‎ , p. 7 (lire en ligne [PDF])
  13. « Le prix Philippe-Habert est décerné à Jacques Sémelin et Ronald Hatto », sur LEFIGARO, (consulté le )

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.