Raphaël Glucksmann
Raphaël Glucksmann, né le à Boulogne-Billancourt, est un essayiste et un homme politique français ayant commencé libéral pour se tourner vers la gauche ensuite.
Raphaël Glucksmann | |
Raphaël Glucksmann en 2023. | |
Fonctions | |
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Président de la commission spéciale sur l’ingérence étrangère dans l’ensemble des processus démocratiques de l’Union européenne | |
En fonction depuis le (2 ans, 9 mois et 13 jours) |
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Élection | |
LĂ©gislature | 9e |
Prédécesseur | Fonction créée |
Vice-président de la sous-commission des droits de l'homme du Parlement européen | |
En fonction depuis le (3 ans, 11 mois et 26 jours) |
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Avec | Hannah Neumann |
Élection | |
Président | Marie Arena |
LĂ©gislature | 9e |
Prédécesseur | Barbara Lochbihler |
Député européen | |
En fonction depuis le (4 ans et 4 jours) |
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Élection | 26 mai 2019 |
Circonscription | France |
LĂ©gislature | 9e |
Groupe politique | S&D |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Boulogne-Billancourt (France) |
Nationalité | Française |
Parti politique | AL (2006-2007) PP (depuis 2018) |
Père | André Glucksmann |
Conjoint | Léa Salamé |
Enfants | Alexandre |
Diplômé de | Institut d'études politiques de Paris |
Profession | Essayiste RĂ©alisateur Homme Politique |
Réalisateur de documentaire dans les années 2000, il devient conseiller de Mikheil Saakachvili, président de la Géorgie, de 2009 à 2012. Il devient ensuite essayiste, chroniqueur à France Inter et directeur du Nouveau Magazine Littéraire en 2017.
Après un éphémère passage à Alternative libérale en 2007, il s'oriente vers la gauche et lance en 2018 le mouvement politique Place publique (PP). À la tête d'une liste réunissant Place publique, le Parti socialiste et Nouvelle Donne, il est élu député aux élections européennes de 2019.
Biographie
Famille
Raphaël Glucksmann naît le [1] - [2] à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). Il est le fils du philosophe André Glucksmann et de Françoise Villette.
Vie privée
En 2009, il rencontre Eka Zgouladze, qu'il épouse. Celle-ci est vice-ministre de l'Intérieur de Géorgie (2005-2012) puis, après avoir reçu la nationalité ukrainienne, vice-ministre de l'Intérieur de l'Ukraine (2014-2016)[3] - [4]. Le couple a un enfant, né en 2011[5].
Il devient en 2015 le concubin de la journaliste Léa Salamé, rencontrée la même année lors de l’émission de télévision On n'est pas couché[6]. En 2017, cette dernière donne naissance à un garçon[7].
Formation et débuts dans le journalisme
Ancien élève du lycée Henri-IV, il entre en 1999 à l'Institut d'études politiques de Paris[8].
En , encore étudiant, il fonde avec une dizaine de personnes, et avec l'aide de son père et de ses amis, l'association Études sans frontières (ESF), ce qui permet le à neuf étudiants venus de Tchétchénie d'étudier dans des écoles et universités parisiennes[9].
En 2004, il réalise le documentaire Tuez-les tous ! en collaboration avec David Hazan et Pierre Mézerette qui pointe la responsabilité de la France dans le génocide des Tutsi. Mis en cause, Édouard Balladur et Hubert Védrine produisent des droits de réponse à ce documentaire[10].
Toujours en 2004, il réalise avec David Hazan un documentaire sur la révolution orange en Ukraine[11].
Chroniqueur sur France Info et France Inter
À la rentrée 2017, Raphaël Glucksmann est chroniqueur dans Questions politiques, émission d'Ali Baddou diffusée chaque dimanche sur France Info ou à la radio sur France Inter[12]. Lors d'une émission en mars 2018, il participe avec Natacha Polony à un débat sur le génocide contre les Tutsi au Rwanda en 2014[13]. À l'issue de ses échanges avec Raphaël Glucksmann, celle-ci fut accusée par la suite de contestation de génocide et poursuivie en correctionnelle pour être relaxée en 2022[14]. Le tribunal a conclu que Natacha Polony n’a plus été en mesure de s’expliquer à partir du moment où Raphaël Glucksmann, sur un ton indigné, a relevé l’expression « des salauds face à d’autres salauds », dans laquelle il a vu une référence implicite à la « théorie du double génocide » (en), ce qui, comme en témoigne la suite de leur échange, n’était pas ce que Natacha Polony voulait dire[15]. En novembre 2018, il déclare arrêter l'émission pour se consacrer à son élection politique en fondant le mouvement Place publique[16] - [17].
Le Nouveau Magazine littéraire
De à la fin de l'été 2018, il est directeur de rédaction du Nouveau Magazine littéraire, qui se présente comme une revue de débats de la « gauche hors les murs »[18] - [19] et qui vient d'ouvrir à son capital à 40 % à quatre actionnaires externes, parmi lesquels Bruno Ledoux et Xavier Niel. En , Glucksmann paie ses critiques envers Macron et quitte le Nouveau Magazine Littéraire[20].
Engagement à Alternative libérale
En 2006, il est investi par Alternative libérale (AL) pour être candidat aux élections législatives de 2007 dans la cinquième circonscription de Paris[21] - [22]. Chargé de présenter les projets de politique extérieure du parti, il intervient en , au côté d'Édouard Fillias, à une conférence de presse lors de laquelle il s'exprime comme membre du parti[23] - [21]. En 2019, il nie avoir voulu se présenter aux législatives sous l'étiquette AL, bien qu'il soit présenté comme candidat pour AL au moins jusqu’en et qu'Édouard Fillias puis une enquête de Libération ne contredisent sa version[21] - [23].
Conseiller de Mikheil Saakachvili
En août 2008, à la suite d'une altercation avec le général russe Borissov (en), chef des troupes d'invasion lors de la deuxième guerre d'Ossétie, il décide d'aller en Géorgie pour se mettre au service de Saakachvili qu'il avait déjà rencontré en 2004 à Kiev[24]. À partir de 2009, il devient le conseiller officiel de Saakachvili[24] qu'il considère comme « avant tout un ami ». Il sensibilise Saakachvili à la question de l'intégration européenne de la Géorgie[24] et participe aux discussions avec l’Europe face à la menace du pays en affrontement direct avec la Russie dirigé par Vladimir Poutine[25]. En Géorgie, il « se flatte de servir d’intermédiaire » avec le président français Nicolas Sarkozy et de défendre l'image du pays à l'extérieur, sur fond de souhait d’une adhésion à l'Union européenne, voire à l'OTAN[26] - [27]. Il participe également à l’écriture des discours du chef de l'État[24] - [5].
En 2012, Saakachvili perd la présidentielle face aux pro-russes, soutenus par l’Église Orthodoxe. Marié avec Eka Zguladze, ministre de l’Intérieur du gouvernement, le couple quitte brutalement la Géorgie pour vivre en France[28]. En 2013, ils repartent en Ukraine et participent au mouvement Euromaïdan[25] .
Soutien de Nicolas Sarkozy et François Hollande
Le journaliste Pierre Rimbert indique en 2008 qu'il est un « admirateur » de Nicolas Sarkozy[29] — à qui il a consacré son premier livre[30], écrit avec son père et mal accueilli par la critique, qui y voit « deux monologues parallèles, aussi suffisants l'un que l'autre, dans la pire tradition de l'essayisme poseur »[31].
Selon leur éditeur, Raphaël et André Glucksmann étaient tous deux présents au meeting du du candidat de l'UMP, qui y avait déclaré souhaiter « liquider l'héritage de 68 »[30] - [32]. Raphaël Glucksmann consacre au président Sarkozy son premier livre, rédigé avec son père en 2008[30]. Ils y écrivent notamment : « Notre président a promis d'enterrer Mai. N'est-il pas plutôt son héritier rebelle ? » Ils suivent ainsi la thèse libérale voulant que Mai 68 n'ait été qu'une révolution anti-totalitaire[30].
En 2015, Raphaël Glucksmann estime que le soutien apporté par son père à Nicolas Sarkozy en 2007 était une erreur[33]. Il affirme avoir été « athée en politique à ses débuts », et s'être déplacé vers la gauche « par dépit », Sarkozy ayant selon lui « quitté le champ de l’acceptabilité républicaine »[34].
Lors de la campagne pour l'élection présidentielle de 2017, il déclare ultérieurement avoir soutenu le candidat du Parti socialiste, Benoît Hamon[35], à qui il transmet une note sur des thèmes comme les droits de l'homme pour un discours au palais omnisports de Paris-Bercy[36]. Au second tour du scrutin, Raphaël Glucksmann apporte son soutien à Emmanuel Macron[37]. Après l'élection, il se dit « fier » de la victoire de celui-ci contre Marine Le Pen, tout en regrettant sa « philosophie individualiste »[38]. Après le premier tour des élections législatives qui suivent, il estime que « le Parti socialiste est mort »[39]. Le , il participe à la journée de lancement du Mouvement du 1er juillet — qui deviendra Génération.s —, au côté de Benoît Hamon[40].
Mouvement Place publique
En , il participe à la fondation de Place publique, avec Claire Nouvian, Thomas Porcher, Jo Spiegel et d'autres personnalités du monde associatif et politique[41].
Dès sa fondation, la vocation affichée de Place publique est d'unifier la gauche (sans La France insoumise[42] - [43]) en vue des élections européennes de 2019[44], mais sa proposition est rejetée par Europe Écologie Les Verts et n’aboutit ni avec Génération.s ni avec le Parti communiste français[45] - [46]. Le , la direction du Parti socialiste le soutient à la tête d'une liste d'alliance avec PP et Nouvelle Donne aux européennes[47]. Cette décision suscite des critiques au sein de PP, que décide de quitter Thomas Porcher, dénonçant une « trahison » et l'absence de « vote en interne » sur la question[48] - [49]. Claire Nouvian quitte également le mouvement et expose huit mois après les élections européennes les motifs de son départ lors d'une interview accordée à L'Obs décrivant des « pratiques politiques exécrables » et une incompatibilité de personnalité avec Raphaël Glucksmann[50] - [51] - [52].
Le , il est élu député européen, sa liste étant arrivée en sixième position, avec 6,2 % des suffrages exprimés et six élus[53] - [54]. Le , il est désigné vice-président de la sous-commission des droits de l'homme du Parlement européen sous la présidence de la socialiste belge Marie Arena et siège à la commission des affaires étrangères et celle du commerce international[55] - [56].
Le , Raphaël Glucksmann est élu président de la commission spéciale sur l’ingérence étrangère dans l’ensemble des processus démocratiques de l’Union européenne[57].
Il contribue à une campagne de sensibilisation sur les réseaux sociaux concernant le génocide des Ouïghours, avec Dilnur Reyhan, présidente de l’Institut ouïghour d’Europe[58]. Au début de l’année 2021, comme d'autres députés européens, il est l'objet de sanctions de la part de la Chine (interdiction d'y entrer ou d'y faire des affaires), en raison de son soutien à la minorité persécutée des Ouïghours[59].
Lors de l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022, il défend dans une tribune parue dans Le Monde la position selon laquelle l’Europe doit mettre fin aux importations de gaz et de pétrole russes et fournir davantage d’armes aux forces ukrainiennes[60]. À l'occasion d'une interview de Ségolène Royal sur BFM TV dénonçant « une propagande de guerre par la peur », Raphaël Glucksmann s'indigne et dénonce un « naufrage total » en l'accusant de véhiculer un discours révisionniste que Ségolène Royal démentira par la suite[61] - [62].
Raphaël Glucksmann indique qu'il possède des désaccords « immenses » sur des sujets « plus qu'essentiels » avec LFI, mais fera « tout pour que le maximum de voix solidaires, humanistes et écologistes puissent se faire entendre dès cet été à l’Assemblée », bien qu'il ne « chanter[a] pas “Mélenchon premier ministre” chaque matin »[63].
Positions politiques
En novembre 2021, Glucksmann a conduit un groupe de sept membres du Parlement européen à Taïwan pour envoyer un signal fort en faveur de l'île autonome, malgré une menace de représailles de la Chine[64].
RĂ©sultats Ă©lectoraux
Publications
- Je vous parle de liberté : entretiens de Mikheil Saakachvili, Paris, Hachette Livre, , 207 p. (ISBN 978-2-01-237648-9).
- avec André Glucksmann, Mai 68 expliqué à Nicolas Sarkozy, Paris, Éditions Denoël, , 233 p. (ISBN 978-2-207-26007-4)
- Génération gueule de bois. Manuel de lutte contre les réacs, Paris, Allary Éditions, , 171 p. (ISBN 978-2-37073-040-4)
- Notre France. Dire et aimer ce que nous sommes, Paris, Allary Éditions, , 304 p. (ISBN 9782370730763)
- Les Enfants du vide. De l'impasse individualiste au réveil citoyen, Paris, Allary Éditions, , 211 p. (ISBN 978-2-37073-162-3)
- Lettre à la génération qui va tout changer, Paris, Allary Éditions, , 181 p. (ISBN 978-2-37073-140-1)
- La grande confrontation, Paris, Allary Éditions, , 183 p. (ISBN 978-2-37073-453-2)
Notes et références
- « Glucksmann père et fils : Sarkozy, enfant de mai 68 ? », Lepoint.fr, 7 février 2008.
- « Raphaël Glucksmann : “Il était profondément droit-de-l’hommiste” », liberation.fr, 10 novembre 2015.
- Anne Dastakian, « Géorgie : la "French connection" », Marianne,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- (en) « Former Georgian Official Joins Ukrainian Interior Ministry », sur Radio Free Europe, (consulté le ).
- Piotr Smolar, « Dans la famille Glucksmann, le fils est conseiller de président », Le Monde, 5 octobre 2011.
- La Rédaction, « Malaise sur le plateau de ONPC quand Yann Moix évoque Léa Salamé devant Raphaël Glucksmann », sur HuffPost, (consulté le ).
- Clément Garin, « Léa Salamé a accouché : découvrez le joli prénom de son bébé », sur Télé Star, (consulté le ).
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- « De Grozny à la Sorbonne », par Marion Van Renterghem, dans Le Monde du 31 octobre 2005.
- Pierre PĂ©an, Noires fureurs, blancs menteurs. Rwanda 1990/1994, Fayard/Mille et une nuits, 2005.
- Je vous parle de liberté par Mikheil Saakachvili, Hachette Littératures, octobre 2008.
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- « Natacha Polony, à propos du génocide perpétré contre les Tutsi au Rwanda en 1994 : « Malheureusement, on est typiquement dans le genre de cas où on avait, j’allais dire, des salauds face à d’autres salauds » », sur https://francegenocidetutsi.org/
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- « Un autre Macron est possible », Le Monde diplomatique,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- Mai 68 expliqué à Nicolas Sarkozy, Raphaël et André Glucksmann, Editions Denoël, résumé de l'éditeur en février 2008.
- « Les Murs ont la parole ». Mai 68. Journal mural. Sorbonne, Tchou éditeur, réédité en 2007, cité par Pierre Birnbaum dans Le Monde du 20 mai 2008.
- « Liquider l'héritage de mai 68 » par François d'Orcival dans Le Figaro du le 14 octobre 2007.
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- « Thomas Porcher quitte Place publique », Le Monde du 18 mars 2019.
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- « Royal met en doute les possibles crimes de guerre en Ukraine, Faure s’insurge », sur Le HuffPost, (consulté le )
- Le Point magazine, « Crimes de guerre en Ukraine : Ségolène Royal provoque un tollé, une plainte déposée », sur Le Point, (consulté le )
- « Législatives: malgré des "divergences immenses" avec Mélenchon, Raphaël Glucksmann soutient l'union de la gauche », sur BFMTV (consulté le )
- L'Europe est "aux côtés" de Taïwan, assure une délégation du Parlement européen à Taipei, francetvinfo.fr, 4 novembre 2021
- « Résultats des élections européennes 2019 », sur interieur.gouv.fr (consulté le ).
Voir aussi
Bibliographie
- Henri de Monvallier, Nicolas Rousseau, Les Imposteurs de la philo, Le Passeur, 2019 (ISBN 978-2368906941)
Articles connexes
Liens externes
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- Africultures
- Film-documentaire.fr
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