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Histoire du Burundi

Cet article présente les faits saillants de l'histoire du Burundi, un pays d'Afrique de l'est situé dans la région des Grands Lacs et entouré aujourd'hui par la République démocratique du Congo à l'ouest, le Rwanda au nord et la Tanzanie à l'est et au sud. Sa capitale politique est Gitega, sa capitale économique est Bujumbura.

Guerriers du roi Kasliwami en Urundi, actuellement le Burundi, entre 1906 et 1918.

Le Royaume du Burundi, fondé probablement au XVIIe siècle, est devenu nominalement une composante de l'Afrique orientale allemande en 1890. Après la Première Guerre mondiale, il passe sous la domination de l'Empire colonial belge, au sein de la province du Ruanda-Urundi, elle-même intégrée au Congo belge en 1925. Le Burundi devient indépendant le , sous le régime de la monarchie constitutionnelle.

Le pays connaît ensuite une instabilité politique durable, marquée par des coups d'état, des massacres inter-communautaires, puis une guerre civile à partir de 1993. Celle-ci s'est conclue en 2000 par les accords d'Arusha, ouvrant une période de paix précaire. Depuis 2010, les tensions sont à nouveau particulièrement importantes.

Royaume du Burundi

La connaissance des origines du Burundi repose sur la tradition orale et sur l'archéologie. Selon une des légendes fondatrices, la nation burundaise a été fondée par un homme appelé Cambarantama originaire, selon les versions, tantôt du Rwanda au nord, tantôt du Buha sur les rives du lac Tanganyika, pays du Peuple Ha (en) (bantou).

Les premières traces archéologiques d'un État burundais remontent au XVIe siècle dans l'est de ses frontières actuelles. Il s'est ensuite peu à peu étendu, en compétition avec le Rwanda. Il a connu sa plus grande expansion sous le règne de Ntare IV, qui a dirigé le pays de 1796 à 1850 et a doublé sa superficie.

Le royaume du Burundi est caractérisé par une forte hiérarchie sociale et des échanges économiques d'ordre tributaire. Le roi, (mwami), est à la tête d'une aristocratie princière (ganwa) détenant la majorité des terres, et prélève un tribut sur les récoltes et troupeaux des fermiers qui les exploitent. Au milieu du XVIIIe siècle, la famille royale consolida son autorité sur la terre, la production et la distribution en développant un système de patronage, l'ubugabire, la population recevant la protection royale en échange de sa production.

Afrique orientale allemande

Les premiers explorateurs et missionnaires européens font de brèves incursions dans la région à partir de 1856. Contrairement à son homologue rwandais, qui accepte les propositions allemandes, le roi Mwezi IV Gisabo (1840-1908, au pouvoir de 1852 à sa mort) s'oppose à toute ingérence occidentale, refusant de porter des vêtements européens et interdisant la présence de missionnaires et d'administrateurs. À partir de 1899, les forces allemandes infligent de lourdes pertes aux armées du roi mais sans parvenir à la victoire. Elles soutiennent alors l'un des beaux-fils du roi, Maconco, dans une révolte contre le souverain, ce qui contraint Gisabo à leur faire allégeance pour maîtriser l'insurrection. L'Afrique orientale allemande, établie en 1891, annexe officiellement le Burundi et les petits royaumes adjacents sur les rives orientales du lac Tanganyika le .

Empire colonial belge

En 1916, pendant la Première Guerre mondiale, les troupes belges débarquent dans la région. Au sortir de la guerre, l'Allemagne perd toutes ses colonies et, lors de la conférence de Versailles en 1919, le royaume de Belgique obtient un mandat sur la province du Ruanda-Urundi, constituée des Rwanda et Burundi actuels, mandat renouvelé par la Société des Nations en 1923. Les royaumes bordant la rive orientale du Tanganyika sont, quant à eux, attribués au protectorat du Tanganyika administré par le Royaume-Uni. La Belgique administre le territoire de manière indirecte, en s'appuyant sur l'aristocratie tutsi.

Après la Seconde Guerre mondiale, le Ruanda-Urundi devient un territoire sous tutelle de l'Organisation des Nations unies sous autorité administrative belge. Le , la Belgique accepte de réformer la politique et légalise le multipartisme. Deux partis politiques émergent : l'Union pour le progrès national (UPRONA), un parti multiethnique fondé et dirigé par le prince tutsi et Premier ministre Louis Rwagasore et le Parti chrétien-démocrate, soutenu par la Belgique.

Indépendance

Drapeau de la monarchie (1er juillet 1962 - 28 novembre 1966).

Aux élections législatives du , les Burundais choisissent l'Union pour le progrès national (UPRONA) et son chef de file le prince Louis Rwagasore, qui remporte 58 des 64 sièges de la nouvelle assemblée. L'Union pour la promotion hutue (UPROHUTU, pendant du Parmehutu parvenu au pouvoir au Rwanda par la force deux ans plus tôt), n'obtient aucun rôle dans le nouveau paysage politique burundais. Un mois plus tard, le 13 octobre, le prince Rwagasore est assassiné par Georges Kageorgis, un jeune résident grec qui aurait été engagé par les Belges désireux de se venger de leur défaite et de handicaper le leadership burundais[1]. L'indépendance du pays est proclamée le , date alors choisie pour célébrer la fête nationale, et le roi Mwambutsa IV établit un régime de monarchie constitutionnelle.

1965-1970

Le , le Premier ministre Pierre Ngendandumwe (hutu) est assassiné : dans les milieux hutus, sa mort est attribuée à des Tutsis. Des émeutes éclatent, aussitôt réprimées par le gouvernement. Le 10 mai de la même année, les élections législatives se déroulent sous la bannière ethnique, notamment sous l’impulsion du Parti du peuple (PP).

La monarchie refuse de reconnaître les victoires des candidats hutus. En réaction, le , un groupe de militaires hutus assassinent plusieurs de leurs collègues tutsis et tentent de renverser le roi, sans succès. Des politiciens et intellectuels hutus sont assassinés en représailles. Le , le roi est déposé par son fils, Ntare V, renversé à son tour par son Premier ministre Michel Micombero le 28 novembre. Ce dernier abolit la monarchie et proclame la république. Un régime militaire émerge de facto et des émeutes éclatent ponctuellement jusqu'au début des années 1970. Micombero s'appuie sur un groupe d'origine hima, un sous-groupe tutsi du sud du pays. Comme en 1965, des rumeurs de coup d'Etat hutu en 1969 provoquent l'arrestation et l'exécution de nombreuses figures politiques et militaires hutues.

Massacres de 1972

Jusqu'en 1972 la jeune armĂ©e burundaise est composĂ©e de Hutus et de Tutsis, depuis l'homme de troupe jusqu'aux officiers supĂ©rieurs. Le , des groupes hutus sous la houlette de l'organisation UBU, Umugambwe w'Abakozi b'Uburundi ou Parti des Travailleurs du Burundi, tentent de prendre le pouvoir tout en Ă©liminant les Tutsis. AussitĂ´t l'insurrection dĂ©clenchĂ©e, l'ex-roi Ntare V est assassinĂ©, ce qui met fin Ă  toute possibilitĂ© de retour Ă  la monarchie, puisque Ntare Ndizeye Ă©tait le dernier mâle de la dynastie Ganwa et donc le seul prĂ©tendant lĂ©gitime au trĂ´ne. Les insurgĂ©s sont rĂ©primĂ©s avec une grande fĂ©rocitĂ©, au prix du massacre d'environ 100 000 personnes. Certaines organisations suggèrent que le nombre de victimes aurait atteint 200 000 voire 300 000, mais selon la seule Ă©tude dĂ©mographique viable qui ait Ă©tĂ© faite sur le nombre de victimes de cette tragĂ©die, en appliquant l'estimation la plus maximaliste, on atteindrait un maximum de 93 600 morts[2].

L'organisation et la planification des massacres de Tutsis étant l'œuvre d'officiers et sous-officiers de l'armée, une épuration aveugle est faite dans les rangs de ceux-ci après les massacres qui durent deux semaines. Les partis politiques hutus souhaiteraient que cet événement soit qualifié officiellement de génocide. Cependant, les organisations des rescapés tutsis de 1972 considèrent que cette thèse du « double génocide » tendrait à banaliser le plan d'extermination initial visant les Tutsis, et rappellent que l'organisation UBU revendiquait avoir appelé les Hutus à massacrer les Tutsis jusqu'aux fœtus[3].

RĂ©gime de 1976

Le régime Micombero tombe le . Le nouveau chef de l’État, le colonel Jean-Baptiste Bagaza amorce une politique économique de grande envergure, espérant de cette façon passer par la satisfaction des besoins de la population et l’instauration d’une justice sociale pour réduire ces tensions. Mais c’est sous son régime que naissent les mouvements de libération des Hutus : Palipehutu, UBU, Tabara, Bampere. Ces organisations créent de vives tensions dans le pays. Au cours de cette même période surtout après 1985 le torchon brûle entre l’État et l’Eglise catholique notamment.

La 3e république est proclamée dans cette conjoncture : le major Pierre Buyoya remplace Jean-Baptiste Bagaza à la tête de l’État le . Une année après, le , éclate la « crise de Ntega et Marangara ». Des initiatives diverses sont prises en vue de promouvoir l’unité nationale : accueil et réinstallation des réfugiés, gouvernement de l’unité nationale, charte de l’unité nationale.

Malgré ces actions posées en vue de résoudre le problème de l’unité nationale, une explosion de violence a lieu à nouveau, à Bujumbura et dans le Nord-Ouest en octobre 1991, sans s'étendre toutefois sur d’autres territoires.

Constitution de 1992 et guerre civile de 1993

Après les massacres de 1988 (20 000 morts), pour Ă©viter d'autres bains de sang, le prĂ©sident Pierre Buyoya, dĂ©cide de lancer le pays dans une transition politique. Une constitution est rĂ©digĂ©e par une commission chargĂ©e d'instaurer une dĂ©mocratie multipartite au Burundi. Elle est validĂ©e par la population en 1992, malgrĂ© de nombreuses hĂ©sitations de Pierre Buyoya.

En 1992, l'UPRONA perd son statut de parti unique et des élections présidentielles et législatives sont organisées respectivement le 1er juin et le . Elles sont toutes les deux remportées par le Front pour la démocratie du Burundi (FRODEBU).

Le candidat du FRODEBU, le Hutu Melchior Ndadaye remporte la présidentielle. Le 26, les législatives confirment cette tendance : le FRODEBU devient majoritaire à l'assemblée. Le 10 juillet, Pierre Buyoya passe le témoin au nouveau président Melchior Ndadaye. La Tutsie Sylvie Kinigi est nommée première ministre, afin de bâtir une réconciliation entre les deux composantes hutue et tutsie.

Les Tutsis, qui avaient la mainmise sur l'appareil d'État depuis longtemps (au moins depuis l'indépendance) alors qu'ils ne représentent que 15 % de la population, prennent peur du pouvoir que gagnent, de manière légale, les Hutus, d'autant plus qu'après avoir été considérés comme des êtres inférieurs, certains Hutus veulent une revanche. De plus certains Tutsis considèrent le pouvoir comme un de leurs attributs et refusent que de simples Hutus puissent gouverner.

Le , des militaires exécutent le président Melchior Ndadaye et six de ses ministres, dont le président de l'assemblée nationale, Pontien Karibwami, le vice-président de l'assemblée Gilles Bimazubute, le ministre de l'Intérieur Juvénal Ndayikeza et le directeur de la documentation nationale Richard Ndikumwami.

L'intérim à la tête du pays est assurée par Sylvie Kinigi, premier ministre du président assassiné Ndadaye, du au .


Au dĂ©but, des milliers de civils tutsis sont massacrĂ©s par leurs voisins hutus. Puis l'armĂ©e rĂ©agit très violemment, comme en 1972, et engage une rĂ©pression très dure et massacre des Hutus. De 50 000 Ă  100 000 personnes (Ă  majoritĂ© Tutsies) sont tuĂ©es, certaines sources parlant de 200 000 Ă  300 000 victimes[4]. Une Commission internationale d'enquĂŞte envoyĂ©e par l’ONU au Burundi conclut dans son Rapport S/1996/682 qu'il y a eu des actes de gĂ©nocide contre les Tutsis. Plusieurs organisations et partis politiques souhaitent que ce gĂ©nocide soit qualifiĂ© officiellement comme dans le rapport et qu'un tribunal pĂ©nal international soit mis sur pied pour juger les auteurs.

Avec l'assassinat du PrĂ©sident Ndadaye, des milliers de citoyens burundais ont fui vers le Rwanda, l'ex-ZaĂŻre et la Tanzanie. Le , alors que Bujumbura vit au rythme des massacres, Cyprien Ntaryamira du FRODEBU est Ă©lu prĂ©sident pour calmer la situation. La première ministre Sylvie Kinigi reste en poste jusqu'Ă  la nomination le 11 fĂ©vrier d'un uproniste, Anatole Kanyenkiko, pour diriger un gouvernement d'Union nationale. Le pays est un champ de dĂ©solation : 800 000 exilĂ©s et 180 000 dĂ©placĂ©s Ă  l'intĂ©rieur du pays.

Le , l'avion qui ramène le président Ntaryamira et son homologue rwandais Juvénal Habyarimana est détruit par un missile à Kigali. L'attentat déclenche le génocide rwandais, qui contribue à déstabiliser encore le Burundi. Sylvestre Ntibantunganya est nommé président intermédiaire le . Le major Buyoya reprend le pouvoir par un coup d'État le .

Accord de paix d'Arusha

Le est signé à Arusha, en Tanzanie, sous l'égide de Nelson Mandela un accord de paix. L'Afrique du Sud envoie 700 militaires pour veiller à la mise en place de l'accord et assurer la sécurité des membres de l'opposition de retour d'exil. Le , une assemblée nationale de transition est nommée et son président est Jean Minani, président du Frodebu. L'accord d'Arusha entre en vigueur le et prévoit, en attendant des élections législatives et municipales pour 2003 et présidentielles pour 2004, une période de transition de 3 ans avec pour les 18 premiers mois, le major Buyoya à la présidence et Domitien Ndayizeye du Frodebu au poste de vice-président avant que les rôles ne soient échangés. L'alternance prévue est respectée par Pierre Buyoya qui cède le pouvoir au bout de dix-huit mois. Les différents portefeuilles du gouvernement sont partagés entre Uprona et Frodebu. Le , le Sénat de transition élit l'uproniste Libère Bararunyeretse à sa présidence.

Malgré les critiques du comité de suivi des accords d'Arusha à l'encontre du gouvernement, en particulier en ce qui concerne la modification de la composition ethnique de l'armée et de l'administration, c'est-à-dire un rééquilibrage ethnique de ces deux institutions, l'exécutif Hutu-Tutsi fonctionne.

Cependant, le , les forces hutu des CNDD-FDD (Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces de défense de la démocratie), en coalition avec le PALIPEHUTU-FNL (Parti pour la libération du peuple hutu-Forces de libération nationale) attaquent Bujumbura. 40 000 habitants fuient la capitale. Un accord de paix (protocole de Pretoria) est néanmoins signé le entre le président Ndayizeye et le chef des CNDD-FDD. La principale branche de la rébellion (CNDD-FDD) entre au gouvernement, au sein duquel elle détient quatre ministères et dispose également de postes de haut rang dans les autres institutions, conformément à l'accord d'Arusha.

Le CNDD-FDD, dirigé par Pierre Nkurunziza, s'impose dès lors comme l'un des principaux acteurs politiques, en obtenant la majorité absolue aux élections communales du (1 781 sièges sur les 3 225 à pourvoir) avec 62,9 % des voix, contre 20,5 % pour le FRODEBU et seulement 5,3 % pour l'Uprona. Le CNDD-FDD, majoritairement hutu, dispose désormais de la majorité absolue dans 11 des 17 provinces du pays. Une victoire sans appel qui annonce la recomposition du paysage politique après douze années de guerre civile et met un terme au long tête-à-tête entre l'UPRONA et le FRODEBU. Mais le vote rappelle aussi que certains rebelles (PALIPEHUTU-FNL) n'ont pas encore déposé les armes (le jour du scrutin, 6 communes ont été la cible de violences). Ces opérations d'intimidation révèlent que la trêve conclue le à Dar es Salaam avec les forces du PALIPEHUTU-FNL reste fragile.

Le CNDD-FDD remporte également les élections législatives du et les sénatoriales du 29 juillet. Nkurunziza est donc élu président le 19 août et investi le .

Crises politiques des années 2010

Après cinq années, l'érosion du pouvoir conduit à un certain agacement au sein des autres groupes Hutus. Lorsque le Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces de défense de la démocratie (CNDD-FDD) de Pierre Nkurunziza obtient une majorité des 2/3 aux élections communales du , les partis Hutus signataires des accords d'Arusha dénoncent immédiatement des fraudes massives. L'ONU et l'Union européenne, qui supervisent le scrutin, assurent ne pas avoir observé de graves irrégularités.

Peu après, une émeute éclate dans un faubourg de Bujumbura : les manifestants ont découvert une urne remplie de bulletins non-décachetés dans un quartier acquis aux Hutus anti-Nkurunziza ; il y a plusieurs blessés. Le 2 juin, des dirigeants de l'opposition Hutu sont arrêtés, tandis que Ban Ki-moon arrive au Burundi pour appeler à la poursuite du processus électoral. Il ne rencontre que le président, ce qui est vécu par les opposants comme une trahison de la communauté internationale.

Le lendemain, les partis Hutu d'opposition (FNL, etc.) décident le boycott total de l'élection présidentielle du 28 juin. Le 5 juin, l'ancien président Domitien Ndayizeye décide de rejoindre la contestation. Le 7 juin, le gouvernement interdit toute campagne pour l'abstention, ce qui radicalise la divergence.

L'opposition burundaise refuse de participer à l'élection présidentielle du 28 juin 2010 et dénonce des fraudes lors des élections municipales de mai (le CNDD-FDD a remporté les municipales avec 64 % des voix et le déroulement de l'élection est jugé correct en regard des standards internationaux par les observateurs de l'Union européenne[5] - [6]). La campagne est émaillée d'incidents, plusieurs membres de l'opposition sont arrêtés[7]. Pierre Nkurunziza a été réélu président en 2010 avec plus de 91 % des voix, étant le seul candidat de l'élection[8]. Les candidats de l’opposition s’étaient retirés pour protester contre les irrégularités du scrutin.

En 2015, Pierre Nkurunziza décide de briguer un troisième mandat à la présidence de la République et s'impose en avril comme le candidat du pouvoir pour l'élection présidentielle du 26 juin 2015. Cette décision est contraire à la constitution du Burundi, promulguée en mars 2005. Sa candidature est néanmoins validée par une décision controversée de la Cour constitutionnelle[9].

Le 13 mai 2015, Pierre Nkurunziza, en déplacement, est victime d'une tentative de coup d'État de la part du général Godefroid Niyombare[10] - [11]. Le 15 mai, après de violents combats dans le centre-ville de Bujumbura, les putschistes annoncent leur reddition et le pouvoir indique le retour imminent du président Nkurunziza[12]. Les jours qui suivent voient une répression sanglante de l'opposition de la part du président. Cette répression fait des centaines morts et provoque des départs massifs : des centaines de milliers de burandais se réfugient à l'extérieur du pays [13]. Après plusieurs reports, l'élection présidentielle, jugée illégale et truquée par tous les observateurs de la politique burundaise, se tient finalement le 21 juillet. Le 24 juillet, la commission électorale nationale indépendante proclame Nkurunziza vainqueur avec 69,41 % des suffrages[14].

La situation économique continue à se dégrader. Début 2020, le général Évariste Ndayishimiye est désigné comme candidat pour l’élection présidentielle du 20 mai 2020 par le parti au pouvoir, pour succéder à Pierre Nkurunziza[15]. Son discours d'investiture reflète alors la tournure chrétienne évangélique prise par le parti depuis la crise de 2015. Étant donné la répression exercée à l'encontre de l'opposition, Ndayishimiye apparait comme le grand favori du scrutin. Il remporte l'élection présidentielle avec 68,72 % des voix. Le principal candidat de l'opposition, Agathon Rwasa, président du Conseil national pour la liberté (CNL), réunit 24,19 % des voix[16].

Notes et références

  1. Assassinat du "Lumumba burundais" : des documents accablants sur le rĂ´le de la Belgique, www.levif.be, article du 9 janvier 2013.
  2. Evariste Ngayimpenda, Histoire du conflit politico-ethnique burundais. les premières marches du calvaire 1960-1973, Bujumbura, Éditions de la Renaissance, 2007, p. 501
  3. Marc Manirakiza, Burundi: de la révolution au régionalisme, Le Mat de Misaine, 1990, p. 121-122
  4. National Geographic France, août 2008
  5. (en) Friday's Election in Precarious Burundi, FiveThirtyEight, 21 juillet 2010.
  6. (en) Burundi's ruling party wins district elections, Reuters, 28 mai 2010
  7. Élection présidentielle sous haute tension ce lundi au Burundi, Radio France internationale, 28 juin 2010.
  8. AFP, « Burundi : Pierre Nkurunziza, unique candidat, réélu président », Le Point,‎ (lire en ligne)
  9. « Burundi : le risque de contagion régionale existe », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  10. « Putsh au Burundi: le général estime que la candidature de Nkurunziza s'est faite "au mépris" des Burundais », La Libre Belgique,‎ (lire en ligne)
  11. Trésor Kibangula, « À Dar es-Salaam, les chefs d’État de l’Afrique de l’Est condamnent le coup d’État au Burundi », Jeune Afrique,‎ (lire en ligne)
  12. « Burundi : le chef des putschistes annonce leur reddition », Le Figaro,‎ (lire en ligne)
  13. Mélanie Gouby, « Au Burundi, le régime resserre sa poigne », Le Figaro,‎ (lire en ligne)
  14. « Burundi : Nkurunziza déclaré vainqueur à la présidentielle », Euronews,‎ (lire en ligne)
  15. « Burundi : Évariste Ndayishimiye désigné candidat à la présidentielle par le CNDD-FDD », Jeune Afrique,‎ (lire en ligne)
  16. « Évariste Ndayishimiye élu président du Burundi (officiel) », RFI,

Annexes

Article connexe

Bibliographie

  • Jean-Pierre ChrĂ©tien, L'Afrique des grands lacs : deux mille ans d'histoire, Flammarion, Paris, 2001, 411 p. (ISBN 2-08-080060-4)
  • (en) Ellen K. Eggers, Historical dictionary of Burundi, Scarecrow Press, Lanham, Md., 2006 (3e Ă©d.), 207 p. (ISBN 0-8108-5302-7)
  • Aude Laroque, Historiographie et enjeux de mĂ©moires au Burundi, UniversitĂ© PanthĂ©on-Sorbonne, Paris, 2013 (thèse d'Histoire)
  • Pierre Benetti, « Au Burundi, les racines de la colère », Le Monde diplomatique, .
  • GĂ©rard Prunier, « Cocktail meurtrier en Afrique centrale », Le Monde diplomatique, , p. 8-9.

Liens externes

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