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SĂ©dition

La sédition est synonyme d'incitation à l'émeute, à la révolte et au soulÚvement contre la puissance établie. Dans nombre de pays anglo-saxons, il s'agit d'une qualification juridique faisant référence à des écrits, discours ou organisations qui sont considérés par la justice comme incitant à l'insurrection contre l'ordre établi.

Graffiti anti-confinement Ă  Milan en 2020.

Histoire

L'acception juridique moderne de la sĂ©dition dans les pays anglo-saxons remonte Ă  l'Ăšre Ă©lisabĂ©thaine (vers 1590). Elle est alors dĂ©finie comme un acte incitant par le verbe ou les Ă©crits Ă  une dĂ©saffection envers l'État ou l'autoritĂ© constituĂ©e. Alors que le crime de trahison vise avant tout les classes privilĂ©giĂ©es comme les opposants ecclĂ©siastiques, prĂȘtres et JĂ©suites ainsi que certains roturiers, celui de sĂ©dition vise surtout les intellectuels.

Australie

Les lois contre la sédition en Australie furent amendées par l'Australian Anti-Terrorism Act (« loi anti-terroriste australienne ») du qui en redéfinissait le sens et augmentait les peines encourues.

À la fin 2006, le gouvernement Howard proposa mĂȘme d'amender l'Australian criminal law de 1914, en introduisant des lois, susceptibles de conduire en prison pour une durĂ©e de sept ans, les artistes et Ă©crivains dont les Ɠuvres seraient considĂ©rĂ©es comme sĂ©ditieuses ou inspirant la sĂ©dition de maniĂšre dĂ©libĂ©rĂ©e ou accidentelle[1]. Les opposants firent remarquer que ces lois pourraient ĂȘtre utilisĂ©es contre des opposants lĂ©gitimes Ă  la politique gouvernementale.

Canada

Lors de la Seconde Guerre mondiale, le maire de MontrĂ©al, Camillien Houde, fit campagne contre la conscription au Canada. Le , Houde invita publiquement les hommes du QuĂ©bec Ă  ignorer le National Registration Act. Trois jours plus tard, il fut arrĂȘtĂ© par la gendarmerie royale du Canada pour sĂ©dition. AprĂšs avoir Ă©tĂ© reconnu coupable, il fut internĂ© dans des camps Ă  Petawawa et Ă  Gagetown jusqu'en 1944[2].

Lors de la Révolution tranquille, l'ouvrage de Pierre ValliÚres, NÚgres blancs d'Amérique, est saisi par la police le 31 octobre 1969, puisque considéré par le régime canadien comme un libelle séditieux, en vertu de l'article 59 (2) du code criminel canadien[3]. Le procÚs n'aura cependant jamais lieu et les poursuites sont abandonnées en 1973[4].

France

Le capitaine chef militaire de « l'ßle à morue », située à Saint-Pierre-et-Miquelon, décida de protéger un marin condamné à mort en 1889, estimant qu'il voulait se racheter, qu'il rendait de petits services aux habitants, et notamment à sa femme, laquelle voulut le protéger et le réhabiliter.

Elle estimait alors qu'aucun homme ne peut ĂȘtre fonciĂšrement mĂ©chant, et qu'il mĂ©ritait une seconde chance.

Le capitaine fut finalement jugé en cour martiale et fusillé pour sédition.

Un film réalisé par Patrice Leconte (2000) relate cette histoire : La Veuve de Saint-Pierre.

Espagne

Au terme du référendum de 2017 sur l'indépendance de la Catalogne, et de la proclamation d'indépendance qui en a suivi, les membres du gouvernement de Catalogne, la présidente du Parlement de Catalogne et le chef des Mossos d'Esquadra (la police régionale) ont, notamment, été condamnés pour sédition et malversation[5].

Inde

En Janvier 2012, le dessinateur Aseem Trivedi fut arrĂȘtĂ© pour sĂ©dition aprĂšs avoir publiĂ© des dessins critiquant la corruption dans son pays. Les dessins dĂ©tournant l’emblĂšme indien et le Parlement furent jugĂ©s anti-Inde par un avocat local qui porta plainte. L'arrestation de Aseem Trivedi fut trĂšs mal jugĂ©e par la population, reprochant aux autoritĂ©s de brimer la libertĂ© d'expression[6].

Afrique-du-Sud

Nelson Mandela fut condamné à perpétuité le 12 Juin 1964 pour avoir défendu la population noire du racisme et de l'apartheid.

Notes et références

  1. (en) Satire used to counter new sedition laws in Lateline, Australian Broadcasting Corporation, consulté le 16 novembre 2008
  2. Louis-Martin Tard, Camillien Houde : le Cyrano de Montréal Montréal, Québec : XYZ éditeur, 1999. Chapitres 8 et 9. (ISBN 978-2-89261-263-9)
  3. Code criminel du Canada, partie II (suite): https://laws.justice.gc.ca/fra/lois/C-46/page-10.html
  4. Pierre Hébert, Kenneth Landry et Yves Lever, Dictionnaire de la censure au Québec : littérature et cinéma, Les Editions Fides, , 715 p. (ISBN 978-2-7621-2636-5, lire en ligne), p. 82 ; 676 ; 475-477.
  5. Anthony Berthelier, « Catalogne : Les responsables séparatistes poursuivis pour sédition restent en liberté », sur huffingtonpost.fr,
  6. (en) « India cartoonist Aseem Trivedi's arrest sparks outrage », sur bbc.com,

Bibliographie

  • (en) Stefania Tutino, Law and conscience : Catholicism in early modern England, 1570-1625, Aldershot, England ; Burlington, VT : Ashgate, 2007. (ISBN 978-0-7546-5771-2)
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