Paul Kagame
Paul Kagame (/pÉl ka.ga.me/[N 3], en anglais : /pÉËl kÉ.ËÉĄÉË.meÉȘ/[N 4]), nĂ© le Ă Ruhango (province du Sud, Rwanda), est un homme d'Ătat rwandais, prĂ©sident de la RĂ©publique depuis le , aprĂšs avoir Ă©tĂ© vice-prĂ©sident et ministre de la DĂ©fense de 1994 Ă 2000. Il est Ă©galement prĂ©sident de l'Union africaine de 2018 Ă 2019.
Paul Kagame | |
Paul Kagamé en 2014. | |
Fonctions | |
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Président de la république du Rwanda[N 1] | |
En fonction depuis le [N 2] (23 ans, 3 mois et 8 jours) |
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Ălection | (par le Parlement) |
Réélection | 25 août 2003 (au suffrage universel) 9 août 2010 4 août 2017 |
Premier ministre | Bernard Makuza Pierre Habumuremyi Anastase Murekezi Ădouard Ngirente |
Prédécesseur | Pasteur Bizimungu |
Président de l'Union africaine | |
â (1 an et 13 jours) |
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Prédécesseur | Alpha Condé |
Successeur | Abdel Fattah al-Sissi |
Vice-président de la République rwandaise | |
â (5 ans, 9 mois et 3 jours) |
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Président | Pasteur Bizimungu |
Prédécesseur | Fonction créée |
Successeur | Fonction abrogée |
Ministre de la DĂ©fense | |
â (5 ans, 9 mois et 3 jours) |
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Président | Pasteur Bizimungu |
Prédécesseur | Augustin Bizimana |
Successeur | Emmanuel Habyarimana |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Ruhango, Province du Sud (Ruanda-Urundi)[1] - [2] |
Nationalité | rwandaise |
Parti politique | Front patriotique rwandais |
Conjoint | Jeannette Nyiramongi |
DiplÎmé de | Université Makerere |
Religion | Catholicisme romain |
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Présidents de la République du Rwanda Présidents de l'Union africaine |
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Membre du groupe tutsi, il est commandant dans le Front patriotique rwandais, le groupe armé rebelle qui remporte la guerre civile rwandaise et met fin au génocide des Tutsi en 1994. Par la suite, il devient vice-président et ministre de la Défense, sous la présidence de Pasteur Bizimungu. à son poste, il soutient une invasion rebelle du Zaïre en 1996, menant au renversement du président zaïrois Mobutu Sese Seko en 1997. Il soutient également plusieurs groupes rebelles dans la deuxiÚme guerre du Congo, de 1998 à 2003, contre le nouveau gouvernement congolais de Laurent-Désiré Kabila puis de son fils Joseph Kabila. AprÚs la démission de Pasteur Bizimungu en 2000, il est élu président du Rwanda, réélu en 2003, 2010 et 2017. Il est crédité d'avoir apporté la croissance économique et la stabilité au pays à la suite du génocide ainsi que d'avoir réduit la corruption dans le pays. Cependant, il est considéré par plusieurs observateurs comme étant un dictateur[3] - [4] - [5] - [6].
Situation personnelle
Origines et enfance
Issu d'une famille tutsi[7], Paul Kagame naßt le sur la colline de Nyarutovu, dans la commune de Tambwe, province du Sud (ancienne préfecture de Gitarama), prÚs du centre de Ruhango. Il est le fils de Deogratius Rutagambwa (de la famille des Bega) et d'Asteria Bisinda (de la branche Hebera du clan royal des Nyiginya comme la reine Rosalie Gicanda)[8] - [9] - [10].
En 1961, à l'ùge de quatre ans, il quitte avec sa famille le pays en raison des persécutions contre les Tutsis, commencées avec la révolution rwandaise[9] - [11]. La famille s'installe à Gahunge, dans le district de Toro, en Ouganda.
Formation et jeunesse
Paul Kagame aurait fait ses Ă©tudes secondaires successivement Ă la Ntare School de Mbarara, puis Ă la Old School de Kampala de 1972 Ă 1976.
Ă l'Ăąge de 22 ans, en 1979, il rejoint les maquisards venus de Tanzanie sous la direction du futur prĂ©sident ougandais, Yoweri Museveni, dans un mouvement de rĂ©sistance au rĂ©gime d'Idi Amin Dada, qui devint la NRA, National Resistance Army, soutenue politiquement, Ă©conomiquement et militairement par les Ătats-Unis. Plusieurs rĂ©fugiĂ©s rwandais font aussi partie du noyau de cette rĂ©bellion qui renverse ensuite, en 1985, le prĂ©sident Milton Obote, puis en 1986 le prĂ©sident Tito Okello. AprĂšs le coup d'Ătat de la NRA en 1986, Yoweri Museveni devient prĂ©sident de la RĂ©publique de l'Ouganda et plusieurs de ses compagnons d'armes rwandais deviennent officiers dans l'armĂ©e ougandaise. Paul Kagame est gradĂ© major et obtient un poste important de directeur adjoint des services de renseignement militaire de l'armĂ©e ougandaise.
AprĂšs son mariage, Kagame est envoyĂ©, en , aux Ătats-Unis pour un stage de commandement militaire (Command Staff) Ă Fort Leavenworth au Kansas[11].
Vie privée et familiale
En 1988, il épouse à Kampala Jeannette Nyiramongi, dont la famille était réfugiée au Burundi. Ils sont parents de quatre enfants[11].
Guerre civile et entrée sur la scÚne internationale
PremiĂšre phase de la guerre civile
Venant d'Ouganda, le , le Front patriotique rwandais (FPR), formé dans les années 1980 par des exilés rwandais arrivés depuis 1959 et dirigé par Fred Rwigema, entre au Rwanda par la force, aprÚs des négociations sans succÚs pour leur retour au pays, déclenchant ainsi la guerre civile rwandaise. DÚs le , Fred Rwigema est tué pendant les combats[N 5]. La mort de ce dirigeant emblématique est cachée plusieurs jours aux combattants du FPR. Le président ougandais, Yoweri Museveni, parrain du FPR, dont plusieurs responsables se sont illustrés comme officiers dans les rangs de son armée, impose son chef des renseignements militaires, Paul Kagame, vieil ami de Fred Rwigema, pour résoudre cette crise circonstancielle du FPR. Paul Kagame entre sur la scÚne internationale en prenant les commandes du FPR qu'il avait créé avec Fred Rwigema.
De 1991 Ă 1993, alternant dĂ©faites et victoires militaires, Paul Kagame nĂ©gocie parallĂšlement les accords d'Arusha avec le prĂ©sident JuvĂ©nal Habyarimana, poussĂ© Ă la discussion par l'ONU afin de mettre un terme Ă la guerre civile. Il nĂ©gocie par l'intermĂ©diaire de Pasteur Bizimungu qui deviendra prĂ©sident de la RĂ©publique pendant la premiĂšre partie de la pĂ©riode de transition, aprĂšs le gĂ©nocide. Avant la pĂ©riode de ces nĂ©gociations et lors d'un sĂ©jour Ă Paris du 17 au , Paul Kagame est arrĂȘtĂ© par les services français une douzaine d'heures, pour terrorisme, juste aprĂšs avoir Ă©tĂ© reçu par Jean-Christophe Mitterrand et Paul Dijoud conseillers du gouvernement français pour les Affaires africaines auprĂšs de l'ĂlysĂ©e. Paul Dijoud justifie cette arrestation : « Les accompagnateurs du major Kagame, qui circulaient avec des valises de billets, sâĂ©taient fait repĂ©rer par la police et ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s, sans que le Quai dâOrsay en ait Ă©tĂ© averti, puis libĂ©rĂ©s le soir aprĂšs lâintervention du ministre des Affaires Ă©trangĂšres »[12]. De son cĂŽtĂ© Paul Kagame affirme que Paul Dijoud l'avertit que s'il n'arrĂȘtait pas les combats, tous les siens seraient massacrĂ©s[13].
DeuxiÚme phase de la guerre civile durant le génocide contre les Tutsi
En 1994, a lieu un attentat contre le président Juvénal Habyarimana, prélude du génocide des Tutsis du Rwanda[11]. Il mÚne dÚs lors les troupes du FPR à la victoire militaire contre les Forces armées rwandaises et le gouvernement génocidaire malgré des troupes inférieures en nombre (15 000 hommes contre 50 000) et des moyens militaires moins importants. L'embargo sur les armes adopté par le conseil de sécurité de l'ONU embarrassait peu les forces gouvernementales, car des réseaux clandestins les approvisionnaient via Goma, au Congo, mais elles mobilisaient beaucoup de leur énergie dans la conduite du génocide des Tutsi qui fit environ 10 000 morts par jour pendant cent jours et extermina environ 90 % des Tutsi de l'intérieur du Rwanda. Il a aussi été mentionné des « massacres de civils... et exécutions sommaires par les forces du FPR, apparemment commises à titre de représailles »[14], mais sans commune mesure avec le génocide[N 6].
Par la suite, Paul Kagame a Ă©tĂ© accusĂ© d'avoir commanditĂ© l'assassinat du prĂ©sident JuvĂ©nal Habyarimana, notamment par la France et par les anciens collaborateurs de Kagame comme Ruzibiza, Patrick Karegeya[15], le juge antiterroriste français Jean-Louis BruguiĂšre, et par des officiers dissidents du FPR, tel Faustin Kayumba[16]. Cette thĂšse est remise en question en par l'enquĂȘte des experts nommĂ©s par le successeur du juge BruguiĂšre, mĂȘme si l'expertise elle-mĂȘme est discutĂ©e[17].
Dirigeant du Rwanda
Vice-président de la République et ministre de la Défense
à la suite de sa victoire militaire, le FPR établit un gouvernement d'unité nationale, sur la base des accords d'Arusha, mais excluant les partis qui soutenaient les forces génocidaires : la CDR et le MRND. Pasteur Bizimungu devient président de la République le , Faustin Twagiramungu devient Premier ministre et Paul Kagame, souvent appelé l'« homme fort du Rwanda »[18] - [19], devient vice-président et ministre de la Défense. Ce trinÎme est perçu comme symbole de la réconciliation entre Hutu et Tutsi. Cependant, Paul Kagame est considéré comme le dirigeant de facto du pays[19] et détient en réalité le pouvoir[20].
Paul Kagame est ensuite l'artisan de la « reconstruction » du Rwanda, complĂštement dĂ©truit et vidĂ© par le gĂ©nocide. Il chasse les dirigeants « hutu » ayant organisĂ© et conduit le gĂ©nocide des Tutsi, et contribue Ă la mise en place d'un rĂ©gime oĂč les femmes ont une place parfois majoritaire, comme au Parlement. Ses opposants qualifient ce rĂ©gime de « tutsi », alors mĂȘme que la rĂ©fĂ©rence politique « Hutu - Tutsi » est anticonstitutionnelle depuis l'adoption de la constitution de 2003[21] (la majoritĂ© des ministres et des dĂ©putĂ©s avaient, dans l'ancienne rĂ©publique exclusivement « hutu », une carte d'identitĂ© « hutu »). En fait, depuis une dizaine d'annĂ©es, tous les Premiers ministres qui se sont succĂ©dĂ© sont « hutu » d'origine ainsi que la majoritĂ© du haut Ă©tat-major.
Il est aussi l'un des principaux artisans du renversement de son homologue du Zaïre (l'actuelle République démocratique du Congo) en 1997, le président Mobutu Sese Seko, dont le pays est 90 fois plus grand que le Rwanda. à la suite du génocide des Tutsi au Rwanda et de la déliquescence du régime de Mobutu, faits majeurs ayant entraßné les Grands lacs dans le chaos, il est l'un des principaux acteurs de la premiÚre (1996-1997), deuxiÚme guerre du Congo (1998-2002), du massacre de 200 000 civils hutus qui s'étaient réfugiés au Congo en 1996 et du pillage des minerais de l'est de ce pays depuis. D'aprÚs le journaliste Pierre Péan dans Carnages, l'occupation rwandaise de l'est du Congo-Kinshasa depuis 1996 a entraßné des guerres qui ont fait 3 à 6 millions de morts. Des proches de ses officiers racontent qu'au départ les Rwandais, alliés avec l'Ouganda et l'AFDL de Laurent-Désiré Kabila, n'avaient pas l'intention de renverser Mobutu Sese Seko, mais que la faible résistance qu'ils auraient rencontrée au Zaïre les aurait alors décidés d'aller jusqu'à Kinshasa en 1997.
Président de la République
AprĂšs la dĂ©mission de Pasteur Bizimungu le , Paul Kagame lui succĂšde le lendemain comme prĂ©sident par intĂ©rim en tant que vice-prĂ©sident, avant d'ĂȘtre Ă©lu prĂ©sident de la RĂ©publique par le Parlement, le suivant[22]. Il prĂȘte serment le [23]. Ă la suite de l'instauration d'une nouvelle constitution par rĂ©fĂ©rendum, il est Ă©lu au suffrage universel direct le (95 % des voix).
Beaucoup d'observateurs accordent à Paul Kagame le mérite d'avoir apporté la stabilité et la croissance économique de ce pays dévasté. L'efficacité de la lutte contre la corruption au Rwanda, y compris contre des proches de Paul Kagame, est reconnue au niveau international. En revanche, des ONG, telles que HRW et Amnesty International, critiquent avec insistance ce qu'elles considÚrent comme des manquements au respect des droits de l'homme, notamment en ce qui concerne la liberté de la presse et le climat des périodes électorales. Ses opposants considÚrent son régime comme une autocratie répressive favorisant la minorité tutsie au prix d'assassinats encore inexpliqués.
Le , à la suite de l'élection présidentielle, Kagame est réélu président du Rwanda avec 93 % des voix[24].
Il présente le développement économique, la mise au travail intensif des Rwandais, la lutte contre la corruption et l'exigence de « bonne gouvernance » comme des axes majeurs de sa politique[N 7].
En , Kagame fait voter une modification constitutionnelle qui lui permet de se présenter à l'élection présidentielle de 2017. Fin , Kagame annonce qu'il sera effectivement candidat à l'élection présidentielle de 2017[25] - [26]. Cette décision permet théoriquement à Paul Kagame de rester au pouvoir jusqu'en 2034, et ce alors que de graves entorses à la démocratie sont constatées au Rwanda[27].
Israël noue des relations commerciales avec plusieurs pays africains dont le Rwanda. En 2017, Kagame se félicite qu'Israël « continue à accroßtre ses engagements en Afrique »[28].
Il est réélu pour un troisiÚme mandat le 5 août 2017[29] (98,8 % des voix)[30].
Le , il est désigné président de l'Union africaine[31]. Kagame est président de l'UA jusqu'au . Il est ensuite désigné président de la Communauté d'Afrique de l'Est le [32].
En juin 2022, des tensions s'accroissent Ă nouveau entre la RDC et le Rwanda. Le prĂ©sident congolais FĂ©lix Tshisekedi dĂ©clare que la RDC fait face à « une agression de la part du Rwanda, agissant sous couvert du M23 »[33]. Paul Kagame rejette ces accusations en dĂ©clarant : « Porter ces accusations, c'est simplement fuir ses responsabilitĂ©s de prĂ©sident de ce pays »[33]. Lors dâun sommet de la CommunautĂ© dâAfrique de lâEst, un accord est actĂ© pour un dĂ©ploiement dâune force rĂ©gionale afin de stabiliser lâest de la RDC[34]. Lors d'une rencontre avec le prĂ©sident congolais FĂ©lix Tshisekedi, le 6 juillet, il assure Ă nouveau que « personne n'est intĂ©ressĂ© par un conflit »[35].
En juillet 2022, Paul Kagame annonce son intention de se représenter à l'élection présidentielle de 2024[36].
Controverses sur son régime et le respect des droits de l'homme
Critiques et accusations de ses opposants
Lors de la campagne en RDC contre les forces gĂ©nocidaires (miliciens Interahamwe et anciennes Forces armĂ©es rwandaises) et les civils hutu qui s'y Ă©taient rĂ©fugiĂ©s fuyant les atrocitĂ©s du FPR, les troupes de l'armĂ©e patriotique rwandaise sont accusĂ©es de s'ĂȘtre livrĂ©es Ă des massacres de civils[37] - [38]. En 1996-1997, Kagame est accusĂ© d'ingĂ©rence dans les affaires internes du ZaĂŻre du marĂ©chal Mobutu et d'en violer la souverainetĂ© nationale. Cette ingĂ©rence dĂ©bouche sur la premiĂšre guerre du Congo et la chute de Mobutu[39]. Selon ses opposants, le sentiment de culpabilitĂ© de la communautĂ© internationale vis-Ă -vis du gĂ©nocide de 1994, qui a causĂ© 800 000 morts selon l'ONU, n'y est probablement pas Ă©tranger. Le gouvernement de Kagame est accusĂ© d'utiliser le prĂ©texte de l'argument sĂ©curitaire afin de piller les ressources naturelles de l'est du Congo, rĂ©gion oĂč vivent les Banyamulenge, Congolais rwandophones, immigrĂ©s au Congo en 1896[40].
En , un rapport de l'ONU accuse le Rwanda de soutenir la milice tutsi de Laurent Nkunda en RDC[41].
L'ancien président de la République Pasteur Bizimungu a été emprisonné pour quinze ans, six mois avant l'élection présidentielle de 2003, par la justice rwandaise. Il est gracié trois ans plus tard par Kagame. On déplore la disparition de plusieurs opposants et des assassinats[42]. D'autres ont été maltraités pendant la campagne électorale.
Ă l'approche de l'Ă©lection prĂ©sidentielle du , plusieurs opposants de Paul Kagame sont assassinĂ©s[43]. Un certain nombre d'associations, dont Reporters sans frontiĂšres, ont demandĂ© de faire pression sur le Rwanda pour qu'il n'y ait plus d'assassinat politique[44]. Condamnant notamment le meurtre du journaliste Jean-LĂ©onard Rugambage, assassinĂ© alors qu'il enquĂȘtait sur une tentative de meurtre contre Faustin Kayumba Nyamwasa, autre opposant Ă Paul Kagame, Reporters sans frontiĂšres rappelle qu'il classe le Rwanda à « la 157e place, sur 175 pays, du classement mondial 2009 de la libertĂ© de la presse », et dĂ©nonce « le climat de terreur, lâescalade de la rĂ©pression contre les voix indĂ©pendantes et la dĂ©rive totalitaire au Rwanda » sous Kagame[45]. Au nombre des opposants tuĂ©s, figure AndrĂ© Kagwa Rwisereka, ancien membre du FPR, chef d'un parti d'opposition au FPR de M. Kagame, retrouvĂ© presque dĂ©capitĂ©, une machette Ă cĂŽtĂ© de son corps[46].
Le prĂ©sident du gouvernement espagnol, JosĂ© Luis RodrĂguez Zapatero, a refusĂ© de recevoir Paul Kagame le Ă la suite de manifestations d'ONG protestant contre sa venue alors que certains proches de M. Kagame font l'objet de mandats d'arrĂȘt pour gĂ©nocide dĂ©posĂ©s par un juge espagnol[47]. Ces mandats sont levĂ©s par le Tribunal suprĂȘme espagnol le [48].
Le , l'ancien responsable des services de renseignement rwandais, entrĂ© en dissidence au milieu des annĂ©es 2000, Patrick Karegeya, est retrouvĂ© mort dans sa chambre d'hĂŽtel, Ă Johannesburg. Le gĂ©nĂ©ral Kayumba Nyamwasa, ancien chef dâĂ©tat-major de lâarmĂ©e rwandaise lui aussi en exil, dĂ©nonce un assassinat politique[49].
Le 13 fĂ©vrier 2020, Kizito Mihigo, chanteur et dĂ©fenseur de la rĂ©conciliation, est arrĂȘtĂ© et emprisonnĂ© alors qu'il tentait de fuir pays. RetrouvĂ© mort dans sa cellule dans des circonstances douteuses, la police annonce un suicide. Alors que la justice rwandaise confirme les faits, des associations humanitaires comme Human Rights Watch suspectent un assassinat politique et rĂ©clament une enquĂȘte indĂ©pendante, ce que le gouvernement a refusĂ©[50] - [51].
Affaires juridiques contre Paul Kagame
EnquĂȘte en France
Une enquĂȘte est ouverte en France concernant l'attentat contre le prĂ©sident JuvĂ©nal Habyarimana en . En 1998, les familles des trois membres d'Ă©quipage français de l'avion prĂ©sidentiel abattu ont portĂ© plainte pour « assassinats en relation avec une entreprise terroriste »[52].
Le , le parquet de Paris donne son accord au juge d'instruction Jean-Louis BruguiĂšre pour qu'il dĂ©livre des mandats d'arrĂȘts internationaux contre neuf proches du prĂ©sident rwandais Paul Kagame, dont James Kabarebe, chef d'Ătat-Major gĂ©nĂ©ral des Forces rwandaises de dĂ©fense, Charles Kayonga, chef d'Ă©tat-major de l'armĂ©e de terre[53] et Rose Kabuye. NĂ©anmoins, le juge d'instruction est dans l'incapacitĂ© d'engager de poursuites contre Paul Kagame en raison de l'immunitĂ© accordĂ©e en France aux chefs d'Ătat en exercice, sauf Ă demander Ă l'ONU de saisir le Tribunal pĂ©nal international pour le Rwanda (TPIR) en Tanzanie pour engager contre celui-ci une procĂ©dure judiciaire. L'enquĂȘte de BruguiĂšre, censĂ©e conforter cette accusation, est partiellement remise en cause par deux enquĂȘtes balistiques : celle d'experts du Royaume-Uni pour le compte du Rwanda et celle d'experts français nommĂ©s par le successeur du juge BruguiĂšre, le juge Marc TrĂ©vidic. Ces conclusions sont elles-mĂȘmes discutĂ©es.
les juges d'instruction Nathalie Poux et Marc Trévidic ont décidé de mettre fin à l'instruction concernant l'attentat de l'avion Falcon survenu le [54].
Début , selon l'Agence France-Presse[55], les juges d'instruction Jean-Marc Herbaut et Nathalie Poux ont pris la décision d'envoyer une nouvelle commission rogatoire internationale à l'Afrique du Sud pour faire entendre Faustin Kayumba, ex-général rwandais[56].
EnquĂȘte en Espagne
Un peu plus dâun an aprĂšs lâenquĂȘte du juge antiterroriste français Jean-Louis BruguiĂšre accusant Kagame dâavoir commanditĂ© lâattentat du [N 8], et s'appuyant sur des Ă©lĂ©ments de cette enquĂȘte, la justice espagnole met en cause le chef de lâĂtat rwandais et son entourage. Notamment, lâenquĂȘte espagnole dĂ©signe Kagame et le FPR comme responsables de lâattentat du .
LâAudience nationale, la principale instance judiciaire espagnole, a annoncĂ© des poursuites contre 40 militaires rwandais, dont 11 gĂ©nĂ©raux, pour « gĂ©nocide, crimes contre lâhumanitĂ© et terrorisme » commis aprĂšs le gĂ©nocide des Tutsi en RDC contre des ressortissants espagnols. Saisi en 2005 de lâassassinat, entre 1994 et 2002, de neuf Espagnols, six religieux et trois humanitaires, le juge Fernando Andreu, qui a instruit en vertu du principe de « compĂ©tence universelle », se livre Ă un rĂ©quisitoire de la mĂ©thode de prise de pouvoir puis de son exercice par le Front patriotique rwandais (FPR) de Kagame. Le prĂ©sident Kagame, dont la responsabilitĂ© serait dĂ©signĂ©e sans ambiguĂŻtĂ©, est Ă©pargnĂ©, pour lâinstant, en raison de son statut de chef d'Ătat en exercice.
Le juge accuse le mouvement rebelle tutsi dâavoir commis, entre 1990 et 1994, des attentats contre les politiques et intellectuels hutus, afin de « provoquer la terreur et tester la rĂ©action de la population civile », qui se livrait en reprĂ©sailles Ă des massacres de Tutsis. S'exprimant au sujet de l'enquĂȘte espagnole, Paul Kagame dĂ©clare : « Imaginez l'arrogance que cela implique - comment un juge espagnol siĂšge dans une ville ou village en Espagne et voit qu'il est de son devoir de mettre en accusation la direction entiĂšre d'une nation »[57].
Le , le Tribunal suprĂȘme espagnol ordonne la levĂ©e des mandats d'arrĂȘt (abandon des poursuites) visant ces 40 militaires rwandais[48].
Distinctions et hommages
En , il est dĂ©corĂ© de l'Al-Wissam Al-Mohammadi â ordre de la SouverainetĂ©[58] â de classe exceptionnelle (grand cordon) par le roi du Maroc Mohammed VI[59].
En 2023, l'échangeur de Kagbelen en Guinée est nommé d'aprÚs lui[60].
Notes et références
Notes
- Depuis l'approbation de la nouvelle Constitution le 26 mai 2003, la forme longue du Rwanda n'est plus RĂ©publique rwandaise mais RĂ©publique du Rwanda.
- Par intérim du 24 mars au 22 avril 2000.
- Prononciation en français standard retranscrite phonémiquement selon la norme API.
- Prononciation en anglais standard retranscrite phonémiquement selon la norme API.
- La cause de sa mort est l'objet de nombreuses versions. Selon certains il aurait été tué par des concurrents au sein du FPR, pour d'autres il aurait été tué par les Forces armées rwandaises. Paul Barril, dans une interview accordée aux auteurs du film Tuez-les tous !, affirme qu'il a été tué par des Français à partir d'un hélicoptÚre
- Voir Abdul Joshua Ruzibiza (Rwanda, l'histoire secrÚte, éditions du Panama, 2005) qui impute à l'APR d'immenses massacres, y compris de Tutsi, et des éliminations de témoins; cependant il est critiqué et mis en cause.
- Voir Le Rwanda depuis les élections de 2003, Le Rwanda, meilleur élÚve du continent (Jeune Afrique, 3 juillet 2012), Banque africaine de développement, Banque mondiale.
- Considéré comme signal déclencheur du génocide d'un million de Tutsis et opposants hutus.
Références
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- Rapport de la commission d'enquĂȘte indĂ©pendante sur les actions de l'ONU lors du gĂ©nocide de 1994 au Rwanda, p.27.
Voir aussi Prunier Gérard, Rwanda : le génocide, Paris, Dagorno, (1997)
Des Forges, Aucun tĂ©moin ne doit survivre, Karthala, p. 21-23 et p. 817 et suivantes - Le juge TrĂ©vidic va devoir faire vite sâil veut rencontrer des tĂ©moins « en vie » de lâassassinat du prĂ©sident Habyarimana, Bernard Lugan, 2 janvier 2014 ; sur l'auteur voir Qui est B. Lugan ?
- Selon le gĂ©nĂ©ral Nyamwasa, Paul KagamĂ© aurait ordonnĂ© lâassassinat du prĂ©sident Habyarimana, Bernard Lugan, 25 juin 2012
- RWANDA : Mise au point de B. Lugan sur le rapport des juges Trévidic et Poux : L'implication du FPR mise à nu, france-rwanda.info, 18 janvier 2012
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Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
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- François Misser, Vers un nouveau Rwanda ? : entretiens avec Paul Kagamé, Karthala, Paris, 1995, 168 p. (ISBN 2-86537-598-6).
- François Soudan. L'Homme de Fer. Conversations avec Paul Kagamé, Président du Rwanda. Idées du Monde 2015. (ISBN 978-2-36942-044-6).
- Philippe Lardinois, Paul Kagame, un de Gaulle africain, Ă©ditions Le Bord de l'eau, 2017, 138 p. (ISBN 978-2-35687-552-5).
Liens externes
- Ressource relative Ă la vie publique :
- (en) C-SPAN
- Ressource relative Ă l'audiovisuel :
- (en) IMDb
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- (en) Site de la présidence de la République