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Pasteur Bizimungu

Pasteur Bizimungu, né en 1950 à Gisenyi, est un homme politique rwandais, président de la République rwandaise du au .

Pasteur Bizimungu
Illustration.
Pasteur Bizimungu en 1998.
Fonctions
Président de la République rwandaise
–
(5 ans, 8 mois et 4 jours)
Vice-président Paul Kagame
Premier ministre Faustin Twagiramungu
Pierre-CĂ©lestin Rwigema
Bernard Makuza
Prédécesseur Théodore Sindikubwabo (intérim)
Juvénal Habyarimana
Successeur Paul Kagame
Biographie
Date de naissance (72-73 ans)
Lieu de naissance Gisenyi, Ruanda-Urundi
Nationalité rwandaise
Parti politique FPR (1990-2000)
Parti démocratique pour le renouveau (depuis 2001)
Conjoint Serafina Bizimungu
Enfants 3
Diplômé de Université de Strasbourg

Pasteur Bizimungu
Présidents de la République rwandaise

Situation personnelle

Il est né dans la préfecture de Gisenyi dans une famille hutue. Pasteur Bizimungu a suivi des études d'économie à l'université de Strasbourg en France.

Jusqu'en 1990, Bizimungu a soutenu le régime de parti unique du MRND créé par Juvénal Habyarimana. Vers la mi-1990, il est révolté par l'évolution politique et les projets d'assassinat de l'Akazu à laquelle il participe. Son oncle Stanislas Mayuya, colonel des Forces armées rwandaises (FAR), aurait été pressenti par Habyarimana pour lui succéder, ce que la belle-famille du président refusait. Cet oncle de Pasteur Bizimungu fut assassiné en prison après avoir été arrêté. Pasteur Bizimungu quitte alors secrètement le Rwanda avec son ami Valens Kajeguhakwa, catégorisé comme tutsi[1]. Ils rejoignent ensemble le Front patriotique rwandais, un groupe exilé rebelle qui était principalement tutsi et combattant le régime hutu pendant la guerre civile débutée en 1990.

Après la mort du dictateur Habyarimana en avril 1994 et le commencement du Génocide des Tutsis de 1994, le FPR relance la guerre civile rwandaise arrêtée en 1993 et se lance dans la conquête du pays. En , il obtient le contrôle du pays, met en déroute le gouvernement intérimaire génocidaire, les Forces armées rwandaises et les milices interahamwe, mettant fin au génocide.

Présidence de la République rwandaise (1994-2000)

À la suite de sa victoire militaire, le FPR établit un gouvernement d'unité nationale, sur la base des accords d'Arusha, mais excluant les partis qui soutenaient les forces génocidaires : la CDR et le MRND. Pasteur Bizimungu devient président de la République le , Faustin Twagiramungu devient Premier ministre et Paul Kagame, souvent appelé l'« homme fort du Rwanda », devient vice-président et ministre de la Défence. Ce trinôme est perçu comme symbole de la réconciliation entre Hutu et Tutsi.

Reconstruction et reconciliation nationale du Rwanda

Sous la présidence de Pasteur Bizimungu, le gouvernement du Rwanda eut la lourde tâche de jeter les bases de la reconstruction d'un pays laminé par le génocide des Tutsi et la guerre civile. Ce qui n'avait pas été détruit fut déplacé au Zaïre par le gouvernement génocidaire[2].

Le problème le plus difficile Ă  rĂ©soudre pour Pasteur Bizimungu fut la rĂ©conciliation nationale. Les nombreuses personnes accusĂ©es de gĂ©nocide remplissaient les prisons. 130 000 personnes furent derrière les barreaux, et un grand nombre d'autres suspects vivaient libres en toute impunitĂ©. Les rescapĂ©s se sentaient d'autant plus menacĂ©s qu'ils Ă©taient encore plus minoritaires Ă  cause du gĂ©nocide, malgrĂ© la protection affichĂ©e des nouvelles autoritĂ©s. La reconstruction de la justice Ă©tait indispensable, mais comment juger un si grand nombre de personnes ? On envisagea de faire revivre les gacaca, justice traditionnelle du Rwanda en les adaptant Ă  la situation particulière de l’après gĂ©nocide. Par la suite les gacaca jugèrent environ un million neuf cent mille dossiers de gĂ©nocide qui impliquèrent plusieurs centaines de milliers de personnes accusĂ©es de gĂ©nocide.

De nombreuses personnes étaient sans logement. À la suite de nombreux viols, arme du génocide établie par le Tribunal international pour le Rwanda, le sida se développa. La population présentait de nombreuses et profondes séquelles du génocide.

Dans ce contexte particulièrement difficile, Pasteur Bizimungu put maintenir son autorité de 1994 à 2000 et avoir la confiance du FPR bien qu'il fût très impliqué dans l'ancien régime jusqu’en 1990.

Menace d'une reconquête du pays par les forces génocidaires réfugiées au Zaïre

Un autre dĂ©fi pour Pasteur Bizimungu vint des camps de rĂ©fugiĂ©s au ZaĂŻre. Ă€ partir de les forces gĂ©nocidaires et une partie de la population s'Ă©tait rĂ©fugiĂ©e au ZaĂŻre par crainte d'ĂŞtre poursuivi et jugĂ©s au Rwanda pour gĂ©nocide, voire exĂ©cutĂ©e sommairement par les nouvelles autoritĂ©s comme l'affirmait le gouvernement gĂ©nocidaire. Les camps du HCR furent installĂ©s Ă  la frontière entre le ZaĂŻre et le Rwanda contrairement aux lois internationales qui imposaient que ces camps soient situĂ©s Ă  50 km de la frontière. Dans ces camps le gouvernement gĂ©nocidaire et ses milices reconstituèrent leur pouvoir avec l'intention de prendre leur revanche après leur dĂ©faite militaire. Cette mainmise du pouvoir gĂ©nocidaire dans les camps fut dĂ©noncĂ©e entre autres par MĂ©decins sans frontières qui estima ne plus pouvoir continuer sa mission dans un but humanitaire[3]. Ă€ l'intĂ©rieur du Rwanda une poche de rĂ©sistance de gĂ©nocidaires se constitua Ă  Kibeho. La mission des Nations unies, la Minuar, Ă©tait toujours prĂ©sente au Rwanda. Elle resta jusqu'en 1996.

En 1995 à Kibeho, les autorités rwandaises conduisirent une répression qui aboutit à un massacre de quelques centaines à plusieurs milliers de personnes selon les versions. Sur cette colline rwandaise était concentré un noyau de génocidaires avec leurs familles au milieu de déplacés pris en otage. De nombreux raids sanglants d'infiltrés des ex-forces génocidaires venant du Zaïre se développèrent dans l'est du Rwanda pour tenter de reconquérir le pouvoir. Après plusieurs appels et avertissements envoyés à la communauté internationale, les autorités rwandaises décidèrent d'attaquer les forces génocidaires dans les camps du HCR, déclenchant la première guerre du Congo. Ces attaques eurent pour effet de faire revenir au Rwanda des centaines de milliers de réfugiés en 1996, mais leurs conséquences dramatiques furent analysées dans le rapport du Projet mapping de l'ONU publié en [4], parmi d'autres faits de guerre et massacres analysés sur la période 1993-2003 au Zaïre/RDC.

DĂ©mission

Quatre ans plus tard, un dĂ©saccord politique entre Pasteur Bizimungu et Paul Kagame se manifesta. Plusieurs Ă©lĂ©ments semblent avoir contribuĂ© Ă  ce dĂ©saccord. On Ă©voque la politique concernant les camps de rĂ©fugiĂ©s et les poches de rĂ©sistance des forces gĂ©nocidaires au sein du Rwanda entre 1995 et 1996, la dĂ©mission du Premier ministre, etc. Mais Pasteur Bizimungu dĂ©missionna « pour raisons personnelles Â» le , et le vice-prĂ©sident Paul Kagame lui succèda comme prĂ©sident de la RĂ©publique par intĂ©rim[5].

Après la présidence

En , Bizimungu fonde un mouvement d'opposition, le Parti démocratique pour le renouveau (PDR), appelé « Ubuyanja » en kinyarwanda. La Constitution provisoire ne reconnaissait que les partis existants à la fin du génocide et imposait une autorisation gouvernementale pour la création de nouveaux partis. Ce parti fut donc immédiatement interdit par le gouvernement, qui l'accusa d'être un parti hutu radical. Le , il accuse Bizimungu de mettre en danger la sécurité de l'État. En 2004, Bizimungu est condamné à une peine d'emprisonnement de 15 ans coupable « d'association de malfaiteurs, de détournement de fonds publics et d'incitation à la désobeïssance civile ». Bizimungu avait déclaré que sa condamnation, était motivée par des considérations politiques[6]. Le , la BBC annonce que Bizimungu est libéré le jour même par grâce présidentielle[6]. Depuis sa libération Pasteur Bizimungu vit à Kigali mais n'a plus d'activité politique publique.

Notes et références

  1. Valens Kajeguhakwa - Rwanda de la terre de paix à la terre de sang et après ? - éditions Remi Perrin - 2001
  2. DES FORGES Alison, Aucun témoin ne doit survivre. Le génocide au Rwanda, Human Rights Watch/FIDH, Karthala, 1999
  3. « En novembre 1994, consciente que l'aide humanitaire est détournée et contribue à renforcer le pouvoir des responsables du génocide et leur contrôle sur la population des réfugiés, MSF décide de se retirer des camps »Dossier MSF Rwanda, 20 ans après
  4. RDC: Projet « Mapping » concernant les violations des droits de l’homme 1993-2003 - Site du haut commissariat aux droits de l’homme de l'ONU
  5. Crise politique au Rwanda- l’Humanité du 29 mars 2000
    Pasteur Bizimungu le président du Rwanda a démissionné - Libération du 24 mars 2000
  6. L'ancien président rwandais Pasteur Bizimungu a été libéré, lemonde.fr, 6 avril 2007

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Aimable Twagilimana, « Pasteur Bizimungu Â», in Historical dictionary of Rwanda, Scarecrow Press, Lanham, Maryland, USA, 2007, p. 19-20 (ISBN 978-0-8108-5313-3)

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