Poche de Colmar
La poche de Colmar (Alsace) est l'emplacement d'une bataille de trois semaines pendant la Seconde Guerre mondiale qui opposa la PremiĂšre armĂ©e française et le XXIe corps U.S. Ă la XIXe armĂ©e de l'occupant allemand durant la bataille d'Alsace. Les combats eurent lieu du au dans des conditions extrĂȘmement difficiles liĂ©es Ă l'hiver particuliĂšrement rigoureux cette annĂ©e-lĂ et au terrain qui n'offrait pratiquement aucune couverture naturelle aux AlliĂ©s.
Date | 20 janvier - 9 février 1945 |
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Lieu | Alsace |
Issue | Victoire des Alliés |
ArmĂ©e française de la LibĂ©ration Ătats-Unis | Reich allemand |
Jacob Devers Frank W. Milburn Jean de Lattre de Tassigny Ămile BĂ©thouart Joseph de Goislard de Monsabert | Heinrich Himmler Siegfried Rasp Erich Abraham Max Grimmeiss |
420 000 hommes France: 5 divisions d'infanterie 3 divisions blindĂ©es Ătats-Unis: 3 divisions d'infanterie 1 division blindĂ©e | 72 000 hommes 7 divisions d'infanterie 1 division de montagne 1 brigade de Panzer |
Français : 13 390 Américains : 8 000 | 22 000 à 38 500 |
Batailles
- Campagnes du Danemark et de NorvĂšge
- Bataille de France
- Bataille de Belgique
- Bataille des Pays-Bas
- Bataille d'Angleterre
- Blitz
- Opération Myrmidon
- Opération Ambassador
- Raid de Dieppe
- Sabordage de la flotte française à Toulon
- Bataille aérienne de Berlin
- Bataille de Normandie
- DĂ©barquement de Provence
- Libération de la France
- Campagne de la ligne Siegfried
- Bataille du Benelux
- Poche de Breskens
- Bataille de BruyĂšres
- Bataille des Ardennes
- Bataille de Saint-Vith
- SiĂšge de Bastogne
- Opération Bodenplatte
- Opération Nordwind
- Campagne de Lorraine
- Poche de Colmar
- Campagne d'Allemagne
- Raid de Granville
- Libération d'Arnhem
- Bataille de Groningue
- Insurrection géorgienne du Texel
- Bataille de Slivice
- Capitulation allemande
Campagnes d'Afrique, du Moyen-Orient et de Méditerranée
CoordonnĂ©es | 48° 05âČ nord, 7° 22âČ est |
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Formation de la poche
Une poche de 65 km de long sur 50 km de large fut formĂ©e en sur la rive occidentale du Rhin lorsque la dĂ©fense allemande dans les Vosges s'effondra Ă la suite de l'offensive du 6e groupe d'armĂ©es amĂ©ricain. La 1re armĂ©e française du gĂ©nĂ©ral de Lattre de Tassigny, arrivant de Belfort, au sud, parvint Ă libĂ©rer Mulhouse le et Ă atteindre le Rhin Ă proximitĂ© de BĂąle. De mĂȘme, la 2e division blindĂ©e française perça le front dans les Vosges du nord et libĂ©ra Strasbourg le . Les forces allemandes encore prĂ©sentes en Alsace mĂ©ridionale se retrouvĂšrent donc dans une poche semi-circulaire centrĂ©e sur la ville de Colmar.
Cette poche ne fut pas rĂ©duite rapidement en raison des difficultĂ©s logistiques croissantes que connurent les AlliĂ©s aprĂšs leur dĂ©ferlement sur la France qui les Ă©loignait de plus en plus des cĂŽtes et de leurs ports de ravitaillement. On peut rajouter que l'Alsace, qui avait Ă©tĂ© annexĂ©e par l'Allemagne quatre ans plus tĂŽt, fut dĂ©fendue plus ardemment que d'autres rĂ©gions par des Allemands choisis pour leur endoctrinement total au nazisme. Ă cette fin, ces derniers avaient spĂ©cialement formĂ© le groupe d'armĂ©es "Oberrhein" (Rhin supĂ©rieur) placĂ© sous le commandement direct du ReichsfĂŒhrer SS Heinrich Himmler. Ce groupe d'armĂ©es avait Ă sa charge la dĂ©fense de ce secteur qui allait du Bienwald au nord jusqu'Ă la frontiĂšre suisse au sud. Le ravitaillement des forces allemandes qui se trouvaient dans cette poche se faisait grĂące aux ponts sur le Rhin encore intacts prĂšs de ChalampĂ© et Neuf-Brisach.
Redéploiement allié
En , les Allemands lancÚrent l'opération Nordwind dans le nord de l'Alsace en direction de Strasbourg. Pour appuyer cette action, les troupes allemandes de la 198e division d'infanterie et de la 106e Panzer-Brigade Feldherrnhalle attaquÚrent vers le nord, en direction de la capitale alsacienne, depuis la poche de Colmar du 7 au . Les troupes françaises furent chargées par le général de Gaulle de tenir le sud de Strasbourg (les Américains ayant retiré leurs troupes du secteur), elles y parvinrent au prix de lourdes pertes et en particulier grùce à l'héroïque résistance du 24e bataillon de marche (BM24) de la 1re division française libre (bataillon anéanti le car à court de munitions) dans la ville d'Obenheim. AprÚs l'échec de l'opération Nordwind, le 6e groupe d'armées allié reçut l'ordre de réduire la poche de Colmar. Cette action faisait alors partie du plan global défini par le général Eisenhower qui prévoyait que toutes les forces alliées traversent le Rhin pour atteindre l'Allemagne. Et comme la majeure partie des troupes alliées entourant la poche de Colmar étaient françaises, cette mission fut assignée à la PremiÚre armée française.
La 3e division d'infanterie U.S. s'était retirée dans les Vosges à la mi-décembre pour relever la 36e division d'infanterie U.S. et était ainsi déjà en place pour soutenir la réduction de la poche de Colmar. Réalisant que les Français auraient besoin du soutien de troupes américaines additionnelles pour la bataille qui allait commencer, le général Jacob Devers, commandant du 6e groupe d'armées U.S., arrangea le transfert d'une division américaine depuis une autre partie du front. La 28e division d'infanterie U.S. fut donc transférée depuis les Ardennes et prit position le long du flanc droit de la 3e division d'infanterie U.S. Avec la 28e division positionnée dans la vallée de Kaysersberg, la 3e division pourrait alors se concentrer pour attaquer les deux divisions allemandes qui lui faisaient face, la 708e Volksgrenadier Division et la 189e division d'infanterie. En plus, une division blindée U.S., la 10e, avait été détachée pour soutenir l'offensive, mais à la suite de l'évolution des événements, ce fut finalement la 12e division blindée U.S. qui participa à la bataille.
Météo et terrain
L'hiver 1944-1945 fut inhabituellement froid pour l'Europe du Nord-Ouest. Dans son Histoire de la PremiĂšre ArmĂ©e française, le gĂ©nĂ©ral de Lattre a dĂ©crit le temps en Alsace en tant que « sibĂ©rien », avec des tempĂ©ratures pouvant atteindre â20 °C, des vents forts et une couche de neige de prĂšs d'un mĂštre d'Ă©paisseur.
La plaine alsacienne est extrĂȘmement plate et n'offre pratiquement aucune couverture Ă un attaquant, hormis quelques forĂȘts occasionnelles. La plaine est Ă©galement un colossal bassin versant pour le Rhin et est par consĂ©quent coupĂ©e par beaucoup de riviĂšres et de canaux de drainage avec des berges amĂ©nagĂ©es, les rendant difficilement franchissables Ă guĂ© par des vĂ©hicules. D'autre part, la plaine est parsemĂ©e de petits villages composĂ©s de maisons solides dont la construction sur plusieurs Ă©tages offre aux troupes les dĂ©fendant une bonne vue du champ de bataille. Lorsque les troupes alliĂ©es attaquĂšrent, elles furent donc gĂȘnĂ©es par un temps trĂšs froid et fortement exposĂ©es aux feux dĂ©fensifs des Allemands bien retranchĂ©s dans les villages.
Plan d'attaque
Le général de Lattre prévoyait une attaque en tenaille, faite d'une poussée au sud par le 1er corps d'armée français, suivie d'une attaque au nord par le 2e corps d'armée deux jours plus tard. L'objectif n'était pas uniquement de reprendre le terrain mais d'encercler les Allemands : les deux corps d'armée devaient se rejoindre en un point situé prÚs de la rive du Rhin. Pour surprendre l'ennemi, l'attaque principale au nord eut lieu dans un secteur proche de Colmar (et non au niveau du saillant créé quelques jours plus tÎt en direction de Strasbourg). Pour conserver une bonne vitesse de progression, l'idée était de contourner Colmar et de ne surtout pas chercher à investir la ville directement[1].
Attaque du 1er corps d'armée français (I)
Le 1er corps d'armĂ©e français du gĂ©nĂ©ral BĂ©thouart passa Ă l'attaque le . La 2e division d'infanterie marocaine et la 4e division marocaine de montagne (DMM) avaient pour objectif initial de prendre Ensisheim. La 9e division d'infanterie coloniale conduisit des attaques secondaires sur le flanc droit du corps, au nord de Mulhouse. Ces unitĂ©s furent appuyĂ©es par des chars de la 1re division blindĂ©e française. Attaquant durant une tempĂȘte de neige, le 1er corps d'armĂ©e français rĂ©ussit d'abord Ă surprendre le LXIIIe corps d'armĂ©e du gĂ©nĂ©ral Erich Abraham et Ă libĂ©rer cinq villages dĂšs le premier jour : Lutterbach, Pfastatt, Bourtzwiller, Illzach et Kingersheim. Mais lorsque l'offensive française commença Ă ĂȘtre ralentie par la tombĂ©e de la nuit, les Allemands contre-attaquĂšrent. Le mauvais temps et le terrain difficile, couplĂ©s Ă une dĂ©fense allemande farouche, stoppĂšrent finalement l'avance du 1er corps d'armĂ©e français et limitĂšrent sĂ©vĂšrement son succĂšs.
L'attaque française conduisit tout de mĂȘme les Allemands Ă dĂ©placer leurs rĂ©serves (la 106e Panzer-Brigade Feldherrnhalle, le 654e bataillon antichar lourd et la 2e division de montagne) vers le sud. Mais ce succĂšs limitĂ© ne fut pas sans coĂ»t significatif : une brigade de la 1re division blindĂ©e française, le Combat command 1 (CC1), perdit trente-six blindĂ©s moyens (sur un total d'environ cinquante) qui sautĂšrent sur des mines. Dans d'autres unitĂ©s blindĂ©es les pertes furent semblables.
à la différence de la majeure partie du terrain de la plaine alsacienne, le terrain sur lequel opérait le 1er corps d'armée français comprenait des régions boisées et des secteurs urbains, ce qui entraßna une progression lente le premier jour de l'attaque. Ainsi la 4e D.M.M. ne réussit qu'à progresser d'environ 3 km vers le nord-est en direction de Cernay. Sur le flanc droit de la 4e division, la 2e division d'infanterie marocaine remporta un plus grand succÚs, poussant presque 6 km vers le nord-est en direction de Wittelsheim. Sur le flanc droit et au départ de Mulhouse, la 9e division d'infanterie coloniale progressa également de 5 à 6 km dans les banlieues et les bois au nord de la ville, avec le CC1 prenant Richwiller et le 6e régiment d'infanterie coloniale libérant Wittenheim. Le , une contre-attaque blindée allemande de la 106e Panzer Brigade Feldherrnhalle prÚs de Richwiller fut repoussée par les troupes coloniales françaises commandées par Doyen, les Allemands perdant 15 chars et chasseurs de chars. Globalement, les gains de terrain du 1er corps d'armée français étaient plus importants dans la partie occidentale (flanc droit) de son secteur du front, mais les Allemands réussirent en grande partie à interrompre l'avance française entre le 20 et le . Durant cette période, les Français durent se battre dans les cités miniÚres du bassin potassique, au milieu de terrils, de puits de mines et d'usines piégées qui offraient une bonne protection aux occupants allemands. La violence des combats était telle que le , le CC2 ne disposait plus que de 16 chars Sherman sur un total de 53.
Attaque du 2e corps d'armée français
Le 2e corps d'armée français du général de Monsabert lança son offensive les 22 et avec la 3e division d'infanterie américaine et la 1re division française libre. Le sud de la 3e division était défendu par la 28e division d'infanterie U.S., tandis que la 2e division blindée française restait en réserve.
Attaque de la 3e division d'infanterie U.S. (I)
La 3e division d'infanterie américaine du général O'Daniel lança son offensive en direction du sud-est le , traversant l'Ill, contournant la ville de Colmar par le nord et ouvrant une brÚche pour les chars de la 5e division blindée française en direction du pont ferroviaire de Vogelgrun, utilisé par les Allemands pour ravitailler leurs troupes se trouvant encore en Alsace. Le 30e régiment d'infanterie se dirigea vers le sud-est, traversa l'Ill au nord de la ferme La Maison Rouge, puis avança vers le sud et captura le pont de La Maison Rouge au petit matin du . Le 30e régiment d'infanterie traversa ensuite le bois de Riedwihr en direction des villages de Riedwihr, Wickerschwihr et de Holtzwihr. Le pont de La Maison Rouge s'avéra finalement trop faible pour supporter le poids des chars américains, le pont s'étant effondré lorsqu'un blindé tenta de le traverser. De ce fait, le 30e régiment d'infanterie ne pouvait compter que sur un minimum de moyens de défense anti-char (constitué de bazookas et de trois canons anti-char de 57 mm) lorsqu'il subit tard dans l'aprÚs-midi une contre-attaque de l'infanterie allemande de la 708e Volksgrenadier Division soutenue par des chasseurs de chars du 780e bataillon de canons d'assaut. Sans protection naturelle et ne pouvant pas creuser de tranchées à cause du gel, le 30e régiment d'infanterie fut contraint de se replier et de se reformer sur la rive ouest de l'Ill. Sa réorganisation prit trois jours pendant lesquels il ne fut pas en mesure de poursuivre le combat.
Le , le 15e rĂ©giment d'infanterie U.S. poursuivit l'action du 30e rĂ©giment d'infanterie et reprit le pont de La Maison Rouge. Une contre-attaque allemande, soutenue par des blindĂ©s, enfonça les lignes d'une compagnie de ce rĂ©giment, mais ne parvint pas Ă atteindre le pont dĂ©fendu par les AmĂ©ricains. Plus tard dans la journĂ©e, des troupes du gĂ©nie U.S. Ă©difiĂšrent un pont sur l'Ill au nord de La Maison Rouge et un bataillon du 15e rĂ©giment d'infanterie, appuyĂ© par des blindĂ©s, attaqua en direction du sud pour finalement sĂ©curiser cette tĂȘte de pont. Durant les deux jours suivants, le 15e rĂ©giment d'infanterie poussa au sud vers les villages de Riedwihr et Holtzwihr puis entra dans la forĂȘt de Riedwihr. Les contre-attaques allemandes Ă©taient frĂ©quentes, mais les AmĂ©ricains parvinrent Ă leur tenir tĂȘte grĂące au soutien de leurs blindĂ©s.
Le , au sud du bois de Riedwihr, des unitĂ©s d'infanterie et de blindĂ©s allemandes dĂ©boulĂšrent depuis Riedwihr pour contre-attaquer la compagnie B du 15e rĂ©giment d'infanterie. Le lieutenant Audie Murphy ordonna alors Ă ses hommes de se replier dans les bois, tandis que lui-mĂȘme grimpa sur un char M10 destroyer en feu et engagea les Allemands avec la mitrailleuse lourde du blindĂ© tout en rĂ©clamant un tir de barrage d'artillerie sur sa propre position. Incapables de dĂ©terminer d'oĂč Murphy leur tirait dessus, les assaillants allemands furent dĂ©semparĂ©s avant de se faire attaquer par des chasseurs-bombardiers amĂ©ricains qui profitĂšrent d'une trouĂ©e dans les nuages au-dessus du champ de bataille. Les Allemands furent contraints de se replier sur Holtzwihr et le lieutenant Murphy fut dĂ©corĂ© avec la Medal of Honor pour son acte hĂ©roĂŻque. Riedwihr tomba aux mains du 15e rĂ©giment d'infanterie le et Holtzwihr fut conquis par le 30e rĂ©giment d'infanterie le jour suivant. Wickerschwihr sort Ă moitiĂ© dĂ©truit des combats, le [2]. Cette derniĂšre unitĂ© poursuivit en direction du sud, atteignant le canal de Colmar le .
La libĂ©ration de Jebsheim devenait nĂ©cessaire pour protĂ©ger le flanc nord de la 3e division. Le gĂ©nĂ©ral O'Daniel chargea le 254e rĂ©giment d'infanterie de cette mission. Du 26 au , des Allemands du 136e rĂ©giment de GerbirgsjĂ€ger (chasseurs de montagne) dĂ©fendirent Jebsheim qui fut finalement prise le 28 et par le 254e rĂ©giment d'infanterie U.S., des chars français du Combat command 6 (5e D.B.) et un bataillon du 1er rĂ©giment de chasseurs parachutistes français. Le 254e rĂ©giment d'infanterie poussa ensuite vers l'est, en direction du canal du RhĂŽne au Rhin. Pendant ce temps, le 7e rĂ©giment d'infanterie U.S. s'est dĂ©placĂ© vers l'avant et fut dĂ©ployĂ©, en mĂȘme temps que le 15e rĂ©giment d'infanterie et la 5e division blindĂ©e française, pour se diriger vers la ville fortifiĂ©e de Neuf-Brisach, distante de 8 km des unitĂ©s avancĂ©es de la 3e DIUS.
Attaque de la premiÚre division française libre
Sur le flanc gauche, au nord de la 3e D.I.U.S., la 1re division de marche d'infanterie (anciennement 1re division française libre) du gĂ©nĂ©ral Garbay attaqua vers l'est le avec le Rhin comme objectif. Face Ă quatre bataillons de la 708e Volksgrenadier Division, soutenus par des blindĂ©s chasseurs de chars et de l'artillerie, la division française combattit dans des conditions semblables Ă celles que connurent les AmĂ©ricains plus au sud. Les Allemands avaient mis en place une dĂ©fense en profondeur, en mettant Ă profit leurs positions dans les villages et les forĂȘts d'oĂč ils dominaient le terrain dĂ©couvert que devaient traverser les assaillants. Les Allemands avaient de plus minĂ© le terrain afin de ralentir et de canaliser l'avance des attaquants. Deux bataillons de la 708e Volksgrenadier Division contre-attaquĂšrent les unitĂ©s françaises avancĂ©es situĂ©es sur l'Ill le mais ils furent repoussĂ©s. DĂ©sireux d'attirer l'infanterie et les blindĂ©s allemands dans la forĂȘt d'Elsenheim, le gĂ©nĂ©ral Garbay ordonna Ă la 1re brigade d'avancer le long de la route entre Illhaeusern et Elsenheim. Du 26 au , la 1re brigade concentra ses efforts pour ouvrir cet itinĂ©raire et nettoyer l'obstacle que constituait la forĂȘt d'Elsenheim, avec une attaque principale dans les bois rĂ©alisĂ©e le par le 3e bataillon lĂ©gion Ă©trangĂšre.
Le village de Grussenheim fut libéré au prix de lourdes pertes le , grùce au soutien de chars de la 2e division blindée française. Afin de disperser la résistance allemande, les Français poussÚrent en avant, prenant Elsenheim et Marckolsheim le et atteignant la frontiÚre du Rhin le jour suivant. Durant les opérations dans la poche de Colmar, la 1re division française libre eut à déplorer 220 tués, 1 240 blessés, 96 disparus.
Attaque du XXIe corps américain
Notant la progression difficile des unités alliées qui avaient subi la forte résistance allemande dans la poche de Colmar, le général de Lattre demanda des renforts au 6e groupe d'armées U.S. Donnant son accord, le général Devers plaça le XXIe corps U.S. du général Milburn sous les ordres de la 1re armée française. Ce corps américain prit position entre les deux corps d'armée français le et assuma le commandement des 3e et 28e divisions d'infanterie U.S. Deux autres divisions américaines, la 75e division d'infanterie et la 12e division blindée, furent également assignées au XXIe corps ainsi que trois unités françaises, la 5e division blindée, le 1er régiment de chasseurs parachutistes, et le 1er Bataillon de choc (commando). Le XXIe corps ainsi constitué reçut alors la mission de prendre la ville de Colmar et de se diriger vers le pont de Neuf-Brisach.
Pour sa part, le haut commandement allemand interpréta mal les objectifs alliés, pensant que l'assaut allié était une offensive générale sur tout le front pour essayer de percer à n'importe quel endroit. Hitler avait donné son accord pour effectuer un retrait partiel dans le nord (le saillant d'Erstein) dans la nuit du 28 au mais interdit un retrait général au-delà du Rhin. Des avant-postes allemands dans les Vosges furent retirés, mais dans la confusion générale de la retraite et des pressions du champ de bataille, beaucoup d'unités se mélangÚrent à d'autres. Cela n'affecta pas l'effectif disponible pour combattre, mais diminua sensiblement la cohésion défensive des unités allemandes. Le , le Heeresgruppe Oberrhein fut dissous et les unités se trouvant dans la poche de Colmar furent placées sous le commandement du Heeresgruppe G (groupe d'armées G) sous les ordres du général SS Paul Hausser.
Attaque de la 3e division d'infanterie U.S. (II)
Pendant ce temps, la 3e division d'infanterie U.S. continua sa manĆuvre en direction du sud et de l'est. Dans la soirĂ©e du , l'artillerie divisionnaire ouvrit le feu pendant trois heures avec ses canons de 105 mm et de 155 mm pour prĂ©parer l'assaut des 7e et 15e rĂ©giments d'infanterie vers le canal de Colmar, au sud, que l'infanterie traversa effectivement entre 21 heures et minuit. AprĂšs avoir sĂ©curisĂ© les points de passage, les unitĂ©s du gĂ©nie commencĂšrent la construction de trois ponts Bailey au-dessus du canal pour permettre aux vĂ©hicules blindĂ©s de le franchir. Le jour suivant, les Combat commands blindĂ©s français CC4 et CC5 (tous les deux appartenant Ă la 5e D.B.) traversĂšrent le canal, le CC4 appuyant le 7e rĂ©giment d'infanterie U.S. et le CC5 appuyant le 15e rĂ©giment d'infanterie U.S. Peu de temps aprĂšs, le 15e rĂ©giment d'infanterie et le CC5 prirent Urschenheim au cours d'une vive action, alors que le 7e rĂ©giment d'infanterie s'Ă©tait positionnĂ© devant Horbourg. Le mĂȘme jour, le 254e rĂ©giment d'infanterie U.S. progressa vers l'est en direction d'Artzenheim avec l'appui du Combat command CC6 français, mais les Allemands utilisĂšrent l'appui d'artillerie et des Jagdpanthers camouflĂ©s pour parer l'assaut, dĂ©truisant six chars et quatre halftracks français. Artzenheim fut finalement libĂ©rĂ©e par le 2e corps d'armĂ©e français le .
Combattant dans la zone de la 3e division, le 1er rĂ©giment de chasseurs parachutistes français attaqua et libĂ©ra Widensolen au petit matin du 31 janvier. Vers 17 heures, des patrouilles de la 3e division U.S. atteignirent le canal du RhĂŽne au Rhin Ă environ 8 km au sud-est des points de passage dĂ©jĂ Ă©tablis sur le canal de Colmar. Le mĂȘme jour, le CC6 français fut retirĂ© du front aprĂšs avoir subi de lourdes pertes et ne comptant plus que 13 blindĂ©s opĂ©rationnels dans son bataillon de chars et 30 hommes dans sa compagnie de fusiliers de la lĂ©gion Ă©trangĂšre. Il fut remplacĂ© par un Combat command de la 2e division blindĂ©e française. Le , les 15e et 30e rĂ©giments d'infanterie se redĂ©ployĂšrent au sud, le long du canal du RhĂŽne au Rhin, atteignant le secteur situĂ© juste au nord de Neuf-Brisach. Du 2 au , le 7e rĂ©giment d'infanterie U.S. se dĂ©plaça au sud, le long du mĂȘme canal, passant par Artzenheim et prenant Biesheim aprĂšs avoir livrĂ© une bataille amĂšre durant toute une journĂ©e. Le , prĂšs de Biesheim, le Technician 5 Forrest E. Peden de la 3e division d'artillerie U.S. traversa les violents tirs allemands pour aller chercher de l'aide afin de dĂ©gager une unitĂ© encerclĂ©e. Retournant dans un char lĂ©ger, Peden trouva la mort lorsque son blindĂ© fut frappĂ© de plein fouet et dĂ©truit. Pour son hĂ©roĂŻsme, le soldat Peden fut dĂ©corĂ© Ă titre posthume de la Medal of Honor.
AprÚs un jour passé à consolider ses positions fraßchement conquises, la 3e division se déplaça encore vers le sud le , prenant Vogelgrun le jour suivant. La ville fortifiée de Neuf-Brisach fut rapidement libérée le par le 30e régiment d'infanterie U.S. grùce à l'aide de deux enfants français et d'un autre civil qui montrÚrent aux Américains les passages non défendus dans la cité. Mais les Allemands, qui avaient auparavant évacué le restant de leurs hommes et de leur équipement, avaient détruit non loin de là le pont enjambant le Rhin à Breisach, incitant les Alliés à pénétrer sur le territoire allemand. La libération de Neuf-Brisach marqua la fin des opérations dans la poche de Colmar pour la 3e division d'infanterie U.S.
Attaque de la 75e division d'infanterie U.S.
La 75e division d'infanterie U.S. rejoignit le front le et elle prit position entre les 3e et 28e divisions d'infanterie U.S. Attaquant le , le 289e régiment d'infanterie U.S. nettoya Horbourg et le 290e régiment d'infanterie U.S. progressa sur Andolsheim, occupant la ville le à 14 heures.
Le mĂȘme jour, la 75e division d'infanterie effectua des attaques de diversion pour couvrir l'avancĂ©e alliĂ©e sur la ville de Colmar situĂ©e juste Ă l'ouest de son secteur. Le , la 75e division d'infanterie nettoya une forĂȘt et le jour suivant elle consolida ses nouvelles positions. Se dĂ©plaçant encore le , la division dĂ©borda Appenwihr, Hettenschlag et Wolfgantzen. Le , la 75e division d'infanterie atteignit le canal du RhĂŽne au Rhin au sud de Neuf-Brisach. Cette action fut la derniĂšre de cette division dans la poche de Colmar.
Attaque de la 28e division d'infanterie U.S.
Ayant été maintenue en réserve jusqu'à ce moment de la bataille, la 28e division d'infanterie U.S. du général Cota était maintenant liée au combat command CC4 français et reçut pour mission de prendre la ville de Colmar.
Le , progressant en compagnie du 109e régiment d'infanterie U.S., les fantassins franchirent un fossé antichar au nord de la ville, tandis que les blindés français cherchaient un point de passage pour franchir l'obstacle. Cela accompli, les chars français entrÚrent dans Colmar, atteignant la place Rapp à 11 heures 30. Du 2 au , le 109e régiment d'infanterie U.S., le CC4 français, le 1er régiment de parachutistes et les commandos nettoyÚrent la ville des Allemands. Dans un acte symbolique, le 152e régiment d'infanterie français regagna Colmar, sa garnison d'avant-guerre. Le , poussant au sud, le 112e régiment d'infanterie U.S. entra à Turckheim et nettoya Ingersheim située à l'ouest de Colmar. D'autres unités de la 28e division d'infanterie U.S. rejoignirent les Français qui bloquaient les voies de retraite des Allemands en provenance des Vosges. Le , la 28e division se déplaça à l'est du canal du RhÎne au Rhin, sur le flanc du sud du XXIe corps U.S., terminant par cet acte sa participation à cette bataille.
Attaque de la 12e division blindée U.S.
Le , la 12e division blindĂ©e U.S. fit mouvement vers le sud, longeant les lignes de la 28e division d'infanterie U.S., avec pour objectif de faire la jonction avec le 1er corps d'armĂ©e français et de couper ainsi la poche de Colmar en deux. Le combat command B (CCB) tenait une tĂȘte de pont prĂšs de Sundhoffen et le CCR avança sur la route entre Colmar et Rouffach. Le jour suivant, le CCA captura Hattstatt, mais le CCR fut stoppĂ© par des dĂ©fenseurs allemands. Le , le CCA entra Ă Rouffach et fit la jonction avec la 4e division marocaine de montagne du 1er corps d'armĂ©e français, quelque 17 jours aprĂšs le dĂ©but de l'assaut des Français. Plus tard, la 12e division blindĂ©e U.S. prĂȘta main-forte Ă la 28e division d'infanterie pour bloquer la retraite allemande en provenance des Vosges.
Attaque du 1er corps d'armée français (II)
Début février, le 1er corps d'armée français procéda au nettoyage des ßlots de résistance allemands dispersés au sud de la Thur, entre Cernay et Ensisheim qui étaient toujours aux mains des Allemands. Cette action ne fut pas achevée avant le . Le , enfin, le 1er corps d'armée parvint à percer vers le nord, traversa la Thur, et, ne rencontrant qu'une faible résistance allemande, la 4e division marocaine de montagne (D.M.M.) parvint, aprÚs avoir libéré Cernay et la chaßne des villages qui flanque le pied des Vosges (Uffholtz, Wattwiller, Hartmannswiller, Wuenheim, Berrwiller, Soultz, Guebwiller...), jusqu'à la périphérie sud de Rouffach.
Le lendemain, la 4e D.M.M. rĂ©alisa la jonction avec la 12e division blindĂ©e amĂ©ricaine Ă Rouffach et la 9e division d'infanterie coloniale attaqua Ensisheim, l'objectif initial du corps d'armĂ©e. Hirtzfelden fut prise par la 2e division d'infanterie marocaine le et la 9e division coloniale acheva d'accomplir la libĂ©ration d'Ensisheim avant de se positionner Ă l'est, dans la forĂȘt de la Hardt. Le 7 fĂ©vrier, la 9e D.I.C. et la 1re division blindĂ©e atteignirent le canal du RhĂŽne au Rhin Ă l'est d'Ensisheim. Les spahis et le 151e rĂ©giment d'infanterie nettoyĂšrent la Harth le , tandis que la 1re division blindĂ©e avançait vers le sud, en direction de la tĂȘte de pont allemande de ChalampĂ©, tout en effectuant plus au nord la jonction avec des Ă©lĂ©ments de la 2e division blindĂ©e française, prĂšs de Fessenheim.
Durant toute cette période, les forces allemandes positionnées sur la rive occidentale du Rhin étaient soumises au feu intensif de l'artillerie et des chasseurs-bombardiers américains et français. Finalement, le , le 1er corps d'armée élimina l'arriÚre-garde allemande à Chalampé et, n'ayant plus de forces majeures à l'ouest du Rhin dans cette région, les Allemands dynamitÚrent, non loin de là , le pont enjambant le fleuve. Cette action marqua la fin des opérations alliées dans la poche de Colmar.
Ăpilogue
ConformĂ©ment aux directives du gĂ©nĂ©ral Eisenhower, la poche de Colmar avait Ă©tĂ© rĂ©duite et le 6e groupe d'armĂ©es amĂ©ricain occupa alors des positions sur le Rhin depuis la frontiĂšre suisse jusqu'au nord de la rĂ©gion de Strasbourg. La 19e armĂ©e allemande, bien quâincomplĂštement dĂ©truite, perdit la plupart de ses combattants expĂ©rimentĂ©s (seule la 708e Volksgrenadier Division ne subit presque pas de pertes) et fut forcĂ©e de se reformer dans le pays de Bade en recrutant parmi le personnel inexpĂ©rimentĂ© du Volkssturm pour remplacer ses pertes subies dans la plaine d'Alsace. Les Allemands laissĂšrent Ă©galement derriĂšre eux 55 vĂ©hicules blindĂ©s et 66 piĂšces d'artillerie.
L'élimination de la poche de Colmar permit au 6e groupe d'armées U.S. de se concentrer sur son assaut pour franchir la ligne Siegfried et envahir l'Allemagne, une opération qui débuta en mars 1945. En Alsace du nord, en revanche, le front était toujours figé depuis l'échec allemand de l'opération Nordwind et cette région ne sera finalement entiÚrement libérée par l'opération Undertone que le .
L'Alsace avait alors changé de mains pour la quatriÚme fois en 75 ans entre la France et l'Allemagne.
AprĂšs la bataille, les Français accordĂšrent Ă la 3e division d'infanterie U.S. le droit de porter la Croix de Guerre, et le prĂ©sident des Ătats-Unis lui octroya la Distinguished Unit Citation. La France distingua Ă©galement le 109e rĂ©giment d'infanterie U.S. (28e Division) avec la Croix de Guerre.
Aujourd'hui, de nombreuses rues en Alsace sont nommées d'aprÚs les commandants et les unités alliés qui ont combattu au cours de cette bataille et les grands cimetiÚres militaires français et américains, mais aussi allemands, toujours visibles en Alsace, témoignent aujourd'hui encore de la sauvagerie du combat qui eut lieu durant le terrible hiver 1944-1945 dans cette région de l'est de la France.
Forces en présence
Unités allemandes au 20 janvier 1945
19. Armee (General der Infanterie Siegfried Rasp)
- 2. Gebirgs-Division
- 106e Panzer-Brigade Feldherrnhalle
- LXIV. Armeekorps (Generalleutnant Max Grimmeiss)
- LXIII. Armeekorps (Generalleutnant Erich Abraham)
Unités alliées au 20 janvier 1945
1re Armée Française (Général d'armée Jean de Lattre de Tassigny)
- 10e division d'infanterie
- 1er Corps d'ArmĂ©e (GĂ©nĂ©ral de corps d'armĂ©e Ămile BĂ©thouart)
- 2e Corps d'Armée (Général de corps d'armée Joseph de Goislard de Monsabert)
Bilan des pertes
Les pertes de la 1re armée française sont estimées par le maréchal de Lattre de Tassigny à 2 137 tués (1 595 Français et 542 Américains) et 11 253 blessés (8 583 Français et 2 670 Américains). Les 2 137 tués se répartissent comme suit[3] :
- 9e division d'infanterie coloniale : 400
- 1re division de marche d'infanterie : 214
- 2e division d'infanterie marocaine : 190
- 4e division marocaine de montagne : 173
- 3e division d'infanterie algérienne (4e RTT) : 51
- 10e division d'infanterie : 32
- 1re division blindée : 116
- 2e division blindée : 133
- 5e division blindée : 105
- Unités non endivisionnées : 181
- 3rd U.S. Infantry Division : 317
- 28th U.S. Infantry Division : 225
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Colmar Pocket » (voir la liste des auteurs).
- Daniel Feldmann et CĂ©dric Mas 2016, p. 99.
- « Programme - Wickerschwihr. Le 27 janvier 1945 : libérés ! », sur www.lalsace.fr (consulté le )
- Jean de Lattre de Tassigny 1949, p. 457.
Voir aussi
Articles connexes
Film
- Winter War (de David Aboucaya, 2017) décrit les combats pour la libération du village Alsacien de Jebsheim
Bibliographie
- Boussard, Leon. « La 1re D.F.L. ». Bobigny: L'Imprimerie de Bobigny (Seine), 1946.
- Chambe, René. « Le 2e corps attaque... Campagne d'Alsace 1944-1945 ». Flammarion, 1948.
- Clarke, Jeffrey J., et Smith, Robert Ross. « United States Army in World War II. Riviera to the Rhine ». Washington: Government Printing Office, 1993.
- Daniel Feldmann et CĂ©dric Mas, La Campagne du Rhin, Paris, Ăconomica, , 352 p. (ISBN 978-2-7178-6880-7 et 2-7178-6880-1)
- Gaujac, Paul. « L'Armée de la Victoire » (Volume IV). Paris: Charles-Lavauzelle, 1986.
- Geoffrey Koenig, L'armée tiendra jusqu'au dernier : L'armée allemande dans la poche de Colmar (novembre 1944 - février 1945), Paris, L'Harmattan, coll. « Historiques », , 264 p. (ISBN 978-2-34320-541-0)
- Jean de Lattre de Tassigny, Histoire de la 1re Armée française : Rhin et Danube, Paris, Presses de la cité, , 671 p. (ISBN 978-2-36942-038-5)
- Weigley, Russell F. « Eisenhower's Lieutenants ». Bloomington: Indiana University Press, 1981.
- Williams, Mary H. (compiler). « United States Army in World War II. Chronology. 1941 - 1945 ». Washington: Government Printing Office, 1994.
- EugĂšne Riedweg, « 1939-1945 Mulhouse Ville OccupĂ©e », Les Ăditions de l'Orfraie, 1981.
- ?, « Avec la 4e Division Marocaine de Montagne », Braun & Cie, 1945.
- Jenny, Gabriel, « La LibĂ©ration de Colmar vue par un enfant de chĆur », roman autobiograhique, salde.fr, 2015.