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M10 Wolverine

Le chasseurs de chars M10, connu également accompagné de son surnom M10 Wolverine » (le nom officiel américain du M10 était « affût automoteur M10 - 3 pouces »), est un chasseur de chars américain construit à partir de 1942 utilisé pendant la Seconde Guerre mondiale.

3-inch Gun Motor Carriage M10
Wolverine
Image illustrative de l’article M10 Wolverine
M10 exposé au musée des blindés de Fort Knox
(Drapeau du Kentucky Kentucky - Drapeau des États-Unis États-Unis )
Caractéristiques de service
Type Chasseur de chars
Service 1942–1949
Utilisateurs Drapeau des États-Unis États-Unis
Conflits Seconde Guerre mondiale
Production
Année de conception 1942
Constructeur Fisher Tank Division (en) (General Motors)
Ford Motor Company
Production 1942–1943
UnitĂ©s produites 6 406 exemplaires
(+ 300 châssis)
Variantes M10A1 Wolverine
M10 Achilles
Caractéristiques générales
Équipage 5 (Chef de char, pilote, copilote, tireur, chargeur)
Longueur 6,83 m (avec canon)
5,97 m (sans canon)
Largeur 3,05 m
Hauteur 2,57 m
Masse au combat 29,6 t
Blindage (Ă©paisseur/inclinaison)
Type Plaques en acier moulées & laminées soudées
Frontal (caisse) 38–51 mm / 0–56 °
Latéral (caisse) 19–25 mm / 0–38 °
Dessus (caisse) 10–19 mm / 90°
Plancher (caisse) 13 mm / 90°
Frontal (tourelle) 57,2 mm /45°
LatĂ©ral (tourelle) 25 mm / 15°
Arrière (tourelle) 25 mm / 0°
Haut (tourelle) 0–19 mm /90°
Armement
Armement principal Un Canon M7 (en) de 76,2 mm (54 obus)
Armement secondaire Une mitrailleuse Browning M2HB de 12,7 mm (1 300 coups)
Mobilité
Moteur General Motors 6046 Twin 6-71 V-12 Ă  refroidissement liquide
Puissance 375 ch (276 kW) Ă  2 100 tr/min
Transmission Boîte cinq vitesses avant et une vitesse arrière
Suspension Ressorts verticaux hélicoloïdaux
Vitesse sur route 51 km/h
Puissance massique 12,7 ch/t
RĂ©servoir 625 L
Autonomie 320 km

Pour pallier l'infériorité des Sherman face aux blindés ennemis et suivant les théories de l'état-major en vigueur durant la guerre, les Américains dotèrent leurs unités d'un véhicule spécialisé dans la lutte antichar, à l'instar des chasseurs de chars allemands. Les théoriciens de l'armée blindée américaine voyaient dans le Sherman un char d'appui, qui n'avait donc pas vocation à aller affronter les chars adverses.

Le M10 Wolverine (en français : glouton ou carcajou), (nom anglais d'un mammifère de la taille d'un petit ours) était mécaniquement très proche du Sherman et son train de roulement était le même. Sa superstructure et sa tourelle lui étaient à l'inverse spécifiques.

Le canon de 76,2 mm valait largement celui du Panzer IV, mais se rĂ©vĂ©la trop faible contre le blindage des chars allemands plus lourds. LivrĂ© aux Britanniques et adaptĂ©s par eux, le M10 prit le nom d'Achilles. Ce char est parfois surnommĂ© Wolverine par l'armĂ©e britannique.

Genèse

En 1940, la défaite de l'armée française inquiéta l'état-major américain. Ce dernier était bien conscient que, tôt ou tard, les États-Unis devraient entrer en guerre et affronter les Panzerdivisionen du Troisième Reich. Pour la philosophie de l'emploi des chars, les théoriciens américains distinguaient deux catégories de véhicules :

  • Les chars, qui avaient pour mission d'appuyer l'infanterie avec leur canon, en utilisant des obus explosifs ;
  • Les chasseurs de chars (ou Tank Destroyers en anglais), qui Ă©taient destinĂ©s Ă  affronter les blindĂ©s ennemis grâce Ă  leur puissante pièce antichar.

De ce fait, une grande panoplie de matériel antichar est développée. En 1941, personne n'a encore tranché entre des canons tractés ou des automoteurs mais, au fil du temps, l'idée d'un engin automobile supplante la pièce tractée, grâce à sa meilleure manœuvrabilité.

Afin de mettre au point une telle machine, trois canons sont envisagĂ©s dès le dĂ©part. Le premier est le canon antichar de 37 mm, existant dĂ©jĂ  en tractĂ©. Son faible gabarit lui permet d'ĂŞtre installĂ© sur l'arrière d'une Jeep, lui confĂ©rant une très bonne mobilitĂ©. Cependant le châssis de la Jeep s'avère trop faible pour pouvoir supporter le poids et surtout le recul de l'arme. Les AmĂ©ricains dĂ©cident alors de le transposer sur un vĂ©hicule de plus grande taille, plus prĂ©cisĂ©ment sur le châssis d'un Dodge 4 Ă— 4, ce qui donne le WC 55 Gun Motor Carriage M6. Cette fois, le châssis est apte Ă  encaisser le recul du 37 mm. On lui reproche nĂ©anmoins son manque de mobilitĂ© sur terrain meuble comparĂ© Ă  un vĂ©hicule entièrement chenillĂ©, la faible protection offerte par le bouclier du canon, et enfin la faiblesse du canon de 37 mm face aux blindages des chars adverses. L'engin sera toutefois produit et engagĂ© sur le sol tunisien, de fin 1942 Ă  dĂ©but 1943.

M3 GMC de l'armée anglaise en Italie, 1945

Par la suite, le canon de campagne de 75 mm, une variante locale du cĂ©lèbre "75" français modèle 1897, est retenu. Alors en cours de remplacement par le canon de 105 mm M2, cette pièce est disponible en grandes quantitĂ©s dans les stocks. Grâce Ă  l'expĂ©rience acquise avec les faibles performances des châssis de camions modifiĂ©s, c'est la plate-forme du M3 Half-Tracks qui servira de support au canon de 75 mm. Le nouveau vĂ©hicule prend la dĂ©nomination de M3 GMC (Gun Motor Carriage) et est engagĂ© dans les Philippines en 1941, Ă  raison de quinze exemplaires, et en Afrique du Nord face aux troupes de Rommel. MĂŞme si cette conversion demeure assez rĂ©ussie, elle pèche par son faible blindage et marque le pas face aux panzers. De plus, son habitacle ouvert met en pĂ©ril l'Ă©quipage et les servants de la pièce de 75 mm, qui ne sont pas Ă  l'abri des Ă©clats d'obus ni des grenades.

En automne 1940, un candidat supplĂ©mentaire vient s'aligner : il s'agit du canon antiaĂ©rien de 76,2 mm Ă  haute vitesse initiale (dĂ©signĂ© 3 inch Gun M5 dans la nomenclature amĂ©ricaine). Il s'avère que ce canon est bien plus performant que les deux prĂ©cĂ©dents, mais qu'il n'existe qu'en version antiaĂ©rienne. Par consĂ©quent, son poids important et son volume le rendent impropre au combat antichar. La conversion en pièce tractĂ©e prend beaucoup de temps et le premier prototype est livrĂ© en . Les essais effectuĂ©s en ne donnent guère satisfaction pour la balistique et le canon est retravaillĂ© par les ingĂ©nieurs, qui parviennent enfin Ă  le rendre convenable en mai de la mĂŞme annĂ©e. Un premier prototype est construit sur base de tracteur chenillĂ© M2 : le M5 in. GMC. MalgrĂ© une puissance de feu enfin Ă  la hauteur des espĂ©rances, les autres facteurs tels que la mobilitĂ© ou la protection sont perfectibles, de mĂŞme que la fiabilitĂ©. Par exemple, les munitions et les rĂ©servoirs d'essence Ă©taient positionnĂ©s devant le bouclier du canon !

Ă€ la suite de l'Attaque de Pearl Harbor, le , et Ă  la dĂ©claration de guerre par l'Allemagne hitlĂ©rienne cinq jours plus tard, les AmĂ©ricains commandent en urgence 1 580 exemplaires du M5. Heureusement pour les futurs Ă©quipages, la commande est annulĂ©e car, lors des tests de qualification en , le vĂ©hicule finit par s'autodĂ©truire. Après la mise aux oubliettes du M5 GMC, d'autres prototypes sont testĂ©s Ă  l'instar du T24 sur châssis de M3, ou encore le T40 Ă©quipĂ© d'un 76,2 mm Modèle 1918. RebaptisĂ© M9, cet automoteur sera commandĂ© puis abandonnĂ© Ă  cause du faible nombre de Modèles 1918 disponibles.

Le soulagement vient enfin avec l'arrivĂ©e en fĂ©vrier 1942 des premiers M4 Sherman. Reprenant un projet de TD (Tank Destroyer) Ă  tourelle datant de , la Fisher Body Division construit le prototype T1, qui s'avère perclus de dĂ©fauts : trop lourd, trop haut, faible mobilitĂ©, tourelle inadaptĂ©e au canon M7 de 3 pouces. Un deuxième prototype, le T35, est construit sur base de Sherman M4A2. Le haut de caisse est modifiĂ© afin d'accueillir une tourelle Ă  ciel ouvert Ă  surfaces inclinĂ©es, augmentant sa protection. Celle-ci est d'ailleurs jugĂ©e trop faible, et le T35 voit ses flancs adopter lui aussi le principe des dièdres inclinĂ©s. Devenu T35E1, il subit une batterie de tests en avril/. Le , le T35E1 est renommĂ© in. Gun GMC M10 et est validĂ© par la mĂŞme occasion.

Production et modifications

M10 destroyer du 8e RCA, Illhaeusern, visible là où il a été touché.

-D' Ă  , la Fisher Body Division assemble 4 993 M10 dotĂ©s de moteurs diesel Gray Marine Motor Company[1].
-D' Ă  , Ford assemble 1 038 M10A1
-D'octobre Ă  , la Fisher Body Division assemble 375 exemplaires du M10A1, plus 300 châssis nus pour conversion en M36 Jackson en .
Au total, 4 993 exemplaires du M10 ont Ă©tĂ© fabriquĂ©s d' Ă  , contre 1 713 M10A1 produits d' Ă  , soit 6 706 M10 toutes versions confondues.

Le M10 est vite reconnu comme étant supérieur aux projets concurrents ou passés par la Palmer Board, une commission réunissant des experts sous l'égide du brigadier général Williston B. Palmer, dont le but est de gérer les foisonnements d'idées et de prototypes et de trancher dans les études menées. La commission regrette cependant que le M10 ne soit guère meilleur qu'un M4 Sherman sur le plan de la protection et de l'armement.

Équipage d'un M 10 Destroyer (Wolverine) au repos à côté de leur char lors de la libération du village d'Hyon (Hainaut - Belgique) 2 - 3 septembre 1944.

Des commandes ayant Ă©tĂ© passĂ©es Ă  la firme Ford, produisant des Sherman M4A3, le M10 reprend le châssis de ce dernier, ainsi que le moteur pour devenir le M10A1. Plus lĂ©ger que le M10 de base, il ne possède qu'un seul bloc moteur essence au lieu de deux blocs diesels couplĂ©s auparavant. Les grilles du capot moteur sont dĂ©sormais plus larges, la plaque avec le double pot d'Ă©chappement est remplacĂ©e par une petite porte avec deux sorties coudĂ©es d'Ă©chappement. La version M10A1 ne sera pas dĂ©ployĂ©e au front et servira de base pour le futur M36 Ă©quipĂ© d'un canon de 90 mm.

TD M10 au musée des blindés de Saumur

Tout au long de sa production, le M10 recevra des modifications. La rotation de la tourelle se fait mĂ©caniquement, c'est-Ă -dire Ă  l'aide d'une manivelle. Le poids du canon et des tourillons dĂ©sĂ©quilibrent le vĂ©hicule, et la tourelle devient difficile Ă  tourner Ă  la force des bras lorsque le blindĂ© Ă©volue sur une pente ou un dĂ©vers. Elle a aussi tendance Ă  tourner toute seule vers le bas lorsque le vĂ©hicule est inclinĂ©, et seul un système de blocage amĂ©liorĂ© rĂ©soudra ce dĂ©faut. La mitrailleuse de 12,7 mm est installĂ©e Ă  l'arrière de la tourelle ouverte, ce qui est censĂ© faire contre-poids au canon de 3 pouces. Cette solution n'Ă©tant pas suffisante, les crampons de chenilles sont Ă  leur tour installĂ©s vers la poupe du TD, ce qui ne s'avère pas plus satisfaisant. Un vrai contrepoids est alors greffĂ© Ă  l'arrière de la tourelle, avec pour consĂ©quence l'alourdissement global du vĂ©hicule.

Dans un premier temps, des gueuses parallĂ©lĂ©pipĂ©diques pesant une tonne, en fer, fonte ou plomb, sont installĂ©es sur les modèles dĂ©jĂ  construits. Pour les vĂ©hicules Ă  produire, un contre-poids de forme triangulaire de 1 600 kilogrammes est automatiquement installĂ© Ă  partir de . Fin mars de la mĂŞme annĂ©e, un modèle profilĂ© et plus lourd de 1 100 kg fait son apparition et n'est adoptĂ© qu'en juin.

Le 17pdr SP Achilles

M10 Achilles
Image illustrative de l’article M10 Wolverine
SP Achilles au musée de Yad la-Shiryon (Drapeau d’Israël Israël)
Caractéristiques générales
Équipage 5 personnes
Longueur 7,27 m
Largeur 3,05 m
Hauteur 2,90 m
Masse au combat 29,6 tonnes
Blindage (Ă©paisseur/inclinaison)
Blindage 57 mm
Armement
Armement principal 1 canon de 17 livres Mark V (50 coups)
Armement secondaire 1 mitrailleuse de .50 M2HB (450 coups)
Mobilité
Puissance ch ( kW)
Vitesse sur route 40 km/h
Puissance massique 13.5 ch/tonne
Autonomie 322 km (sur route)
Premier blindé entré dans La Roche-en-Ardenne en décembre 1944.

La version britannique, le SP Achilles (17pdr SP Achilles (en)), est aisée à distinguer grâce au frein de bouche du canon de 17 livres.

Comme pour le Sherman, la genèse de l'Achilles remonte à la loi Lend-Lease grâce à laquelle les Britanniques reçurent un nombre important de Tank Destroyers M10 (chasseur de chars M10 Wolverine).

Et comme pour le Sherman, ils remarquèrent vite la puissance limitĂ©e du canon de 76,2 mm amĂ©ricain. En effet, ce canon Ă©tait peu ou prou l'Ă©gal du canon d'un panzer IV, dĂ©rivĂ© du PaK 40, et par consĂ©quent n'Ă©tait pas assez puissant pour contrer les chars allemands les plus lourds comme le Tigre, le Tigre II et le Panther.

Les Britanniques puisèrent donc dans leurs stocks le fameux canon de 17 livres dont la rĂ©putation n'Ă©tait plus Ă  faire, surtout associĂ© Ă  la munition spĂ©ciale APDS (en). Certains historiens affirment que ce canon Ă©tait le plus redoutable du champ de bataille[2], mĂŞme comparĂ© au terrible canon de 88 mm. Cependant le 17 pounders marque le pas face Ă  la version antichar du "acht-acht" (surnom du 88 mm), le 88 PaK 43 L71 installĂ© entre autres sur le Königstiger. Elle est, elle aussi, considĂ©rĂ©e comme la meilleure pièce antichar du conflit par certains historiens.

Ce canon fut toutefois lĂ©gèrement modifiĂ© en raccourcissant la culasse pour gagner de la place dans la tourelle. La tourelle fut aussi modifiĂ©e car le nouveau canon Ă©tait plus lourd mais aussi plus fin que le 76,2 mm amĂ©ricain.

Au combat, les Achilles se montrèrent vite assez efficaces contre les panzers, et les Allemands en firent une cible prioritaire sur le champ de bataille, comme ce fut le cas pour le Firefly. Les engins perdus furent quelquefois remplacés par des TD M10 ordinaires, au grand dam des équipages.

L'appellation Achilles IC ou IIC vient du châssis M10 ou M10A1.

Utilisateurs

M10 Tank Destroyer à Taïwan, Comté de Hsinchu
M10 Tank Destroyer au musée Fyns Militærhistoriske, Odense, Danemark

Notes et références

  1. https://www.rbfm-leclerc.com/M10.html
  2. (en) Jason Rahman, « The 17-Pounder », Avalanche Press, (consulté le )
  3. « Historique », sur RBFM (consulté le ).

Annexes

Bibliographie

  • Bob Carruthers, Panzers at War 1943-1945, Coda Books Ltd, 2011 (Captures de M10)
  • Chris Henry, British Anti-Tank Artillery, 1939-45, Osprey Publishing, 2004, p. 23-24
  • Mark Henry, The US Army in World War II (3): Northwest Europe, Osprey Publishing, , p. 24
  • Spencer Tucker, Tanks: An Illustrated History of Their Impact, ABC-CLIO, 2004 - 379 pages p. 123
  • Steven J. Zaloga, M10 and M36 Tank Destroyers 1942-53, Osprey Publishing, 2002, 48 pages

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Liens externes

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