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Bataille des Philippines (1941-1942)

La bataille des Philippines résulte de l'invasion du Commonwealth des Philippines par l'empire du Japon en 1941-42 et de la défense de l'archipel par les troupes philippines et américaines. Cette bataille s'est traduite par une victoire japonaise mais la résistance des troupes philippino-américaines, surtout dans la péninsule de Bataan, a permis de retarder les attaques et occupations japonaises d'autres secteurs de l'Extrême-Orient et de faciliter la contre-attaque alliée dans le Sud-Ouest Pacifique de la fin 1942.

Bataille des Philippines (1941-1942)
Informations générales
Date Du au
Lieu Philippines
Issue Victoire japonaise, occupation des Philippines
Commandants
Douglas MacArthur
Jonathan Wainwright
Manuel L. Quezon
Paulino T. Santos
Basilio J. Valdes
Vicente Lim
Alfredo M. Santos
Mateo Capinpin
Masaharu Honma
Susumu Morioka


Kineo Kitajima


Kameichiro Nagano
Forces en présence
79 500 hommes75 000 hommes
Pertes
40 000 tués
20 000 blessĂ©s
75 000 prisonniers
10 000 tués
22 000 blessés ou malades

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CoordonnĂ©es 15° nord, 121° est

Contexte

À partir de l'été 1941, à la suite de la tension croissante entre l'empire du Japon et plusieurs autres puissances dont les États-Unis, le Royaume-Uni et les Pays-Bas, plusieurs pays du Sud-Est asiatique et du Pacifique s'attendaient à la guerre. La prise des Philippines représentait pour les Japonais un enjeu crucial : du fait de sa position géographique, l'archipel pouvait fournir au Japon un appui pour effectuer la conquête des Indes orientales néerlandaises et de leurs puits de pétrole. De plus, le contrôle des Philippines permettait au Japon de protéger son territoire en se prémunissant contre les attaques via le sud-est asiatique.

DĂ©fense

La défense des Philippines était assurée par 10 divisions de l'armée philippine sous le commandement du général américain Douglas MacArthur commandant la United States Army Forces in the Far East. Ce dernier avait pris sa retraite de chef d'état-major de l'armée américaine en 1937 et accepté le commandement de l'armée philippine. Le gouvernement philippin souhaitait qu'il réforme cette armée composée initialement de réservistes manquant d'équipements, d'entraînement et d'organisation.

L'armĂ©e de terre amĂ©ricaine avait sur l'archipel une garnison forte de 22 500 hommes, connue sous le nom de Philippine Departement et sous le commandement du major general George Grunert (en). La principale force de cette garnison Ă©tait la division philippine, qui comprenait un grand nombre de Philippins dans des unitĂ©s de Scouts philippins. La garnison avait Ă©tĂ© augmentĂ©e par 8 500 hommes de la garde nationale venue des États-Unis dont les deux seules unitĂ©s blindĂ©es, les 192e et 194e bataillons de chars, Ă©taient Ă©quipĂ©es de chars lĂ©gers M3 Stuart.

La Far East Air Force (FEAF) de l'US Army Air Forces, sous le commandement du major général Lewis H. Brereton, était la plus grande formation aérienne américaine en dehors des États-Unis. Elle comprenait 107 avions de chasse P-40 et 35 bombardiers B-17 Flying Fortress.

MacArthur avait organisĂ© les dĂ©fenseurs en quatre commandements. La force de Luçon Nord sous les ordres du major gĂ©nĂ©ral Jonathan Mayhew Wainwright IV, dĂ©fendait les sites les plus propices Ă  une attaque amphibie ennemie et les plaines centrales. Cela comprenait la pĂ©ninsule de Bataan, la position de repli, adjacente Ă  la baie de Manille. SĂ©parĂ©e par un Ă©troit bras de mer de Bataan se trouvait Fort Mills sur l'Ă®le de Corregidor, qui abritait les 59e et 60e rĂ©giments anti-aĂ©riens, des batteries fixes de dĂ©fense cĂ´tière, et le 91e rĂ©giment et quelques forces de Scouts philippins. Les forces de Wainwright incluaient les 11e, 21e et 31e divisions d'infanterie de l'armĂ©e philippine, le 26e rĂ©giment de cavalerie amĂ©ricain, un bataillon du 45e rĂ©giment d'infanterie amĂ©ricain, deux batteries de canons de 144 mm et une batterie de 75 mm de canon de montagne. La 71e division d'infanterie philippine servait de rĂ©serve et ne pouvait ĂŞtre engagĂ©e que sur ordre de MacArthur.

La force de Luçon Sud, sous les ordres du brigadier général George M. Parker Jr. contrôlait une zone à l'est et au sud de Manille. Parker avait les 41e et 51e divisions d'infanterie de l'Armée philippine et deux batteries du 86e régiment américain d'artillerie de champ de bataille.

La force de Visayan–Mindanao sous les ordres du brigadier général William F. Sharp (en) comprenait les 61e, 81e et 101e divisions d'infanterie.

Une force de réserve, sous le commandement de MacArthur était composée de la division philippine, la Far East Air Force et des unités d'état-major de l'armée philippine et du Philippine Department, stationnées juste au nord de Manille. Quatre régiments américains d'artillerie gardaient l'entrée de la baie de Manille, dont l'île de Corregidor.

Erreur stratégique de la Far East Air Force

Après l'attaque de Pearl Harbor le ( aux Philippines, qui est de l'autre côté de la ligne de changement de date), Brereton pressa ses supérieurs de lancer un bombardement aérien sur Formose, alors territoire japonais à partir de laquelle une attaque pouvait provenir mais il ne fut pas suivi, ce qui se révélera une erreur fatale. Quand les pilotes japonais de la 11e flotte aérienne attaquèrent la base aérienne de Clark Field, neuf heures plus tard, les deux escadrons de B17 étaient alignés sur le champ d'aviation et de nombreux aviateurs américains se préparaient juste à décoller. La première vague des 27 bombardiers japonais réussit son attaque surprise et détruisit au sol la plupart des bombardiers lourds américains. Une seconde vague de frappe aérienne suivit tandis que les Zero mitraillaient le terrain. Seuls trois P-40 réussirent à décoller. Une attaque similaire sur l'aérodrome d'Iba au nord-ouest de Luçon fut également victorieuse : tous les escadrons sauf deux furent détruits. La Far East Air Force perdit une grosse moitié de ses avions le premier jour de la guerre, et fut presque entièrement détruite les jours suivants.

Invasion

La 14e armĂ©e japonaise commandĂ©e par le gĂ©nĂ©ral Masaharu Homma commença son invasion en dĂ©barquant sur l'Ă®le de Batan (Ă  ne pas confondre avec Bataan), au large de la cĂ´te nord de Luçon le . D'autres dĂ©barquements suivront les deux jours suivants, sur l'Ă®le Camiguin et Ă  Vigan City, sur Aparri, Gonzagua dans le nord de Luçon. Deux B-17 amĂ©ricains attaquèrent les navires japonais dĂ©chargeant au large de Gonzague. D'autres B-17 accompagnĂ©s de chasseurs attaquèrent les dĂ©barquements japonais Ă  Vigan. Dans la dernière action coordonnĂ©e de la Far East Air Force, les avions amĂ©ricains endommagèrent deux bateaux de transport japonais, le croiseur Naka et le destroyer Murasame et coulèrent un dragueur de mines[1]. TĂ´t dans la matinĂ©e du , les Japonais dĂ©barquèrent 2 500 hommes de la 16e division Ă  Legazpi au sud de Luçon, Ă  240 km des plus proches forces amĂ©ricaines et philippines. L'attaque sur Mindanao suivit le . Cependant l'amiral Thomas C. Hart retira la plupart de la flotte asiatique amĂ©ricaine des eaux des Philippines, après les frappes aĂ©riennes japonaises qui avaient infligĂ© de lourds dommages aux installations navales amĂ©ricaines de Cavite le . Seuls les sous-marins y furent maintenus pour contester la supĂ©rioritĂ© navale japonaise.

Gros titres d'un journal anglophone du lors de la conquête des Philippines par le général Masaharu Homma. L'expansionnisme du Japon paraît irrésistible.

L'attaque principale dĂ©buta tĂ´t dans la matinĂ©e du quand les 43 110 hommes de la 14e armĂ©e du gĂ©nĂ©ral Homma entrèrent dans le golfe de Lingayen Ă  Luçon. La 48e division et des Ă©lĂ©ments de la 16e division de l'armĂ©e impĂ©riale, appuyĂ©s par l'artillerie et par 80 Ă  100 tanks, dĂ©barquèrent Ă  trois endroits de la cĂ´te orientale du golfe. Quelques B-17 venus d'Australie, ainsi que des sous-marins amĂ©ricains, attaquèrent la flotte d'invasion mais sans grand effet. Les 11e et 71e divisions de l'ArmĂ©e philippine du gĂ©nĂ©ral Wainwright, pauvrement entraĂ®nĂ©es et Ă©quipĂ©es ne purent ni repousser les dĂ©barquements, ni fixer l'ennemi sur les plages. Les unitĂ©s restantes des 48e et 16e divisions dĂ©barquèrent plus au sud dans le golfe. Le 26e de cavalerie avança Ă  leur rencontre, il combattit durement Ă  Rosario mais après avoir subi de lourdes pertes et sans espoir de renforts suffisants, il fut forcĂ© de se retirer. Ă€ la nuit tombante, le , les Japonais avaient avancĂ© de 16 km Ă  l'intĂ©rieur de l'Ă®le. Le jour suivant, 7 000 hommes de la 16e division japonaise dĂ©barquèrent en trois endroits le long des cĂ´tes de la baie de Lamon. Au sud de Luçon, ils trouvèrent les forces du gĂ©nĂ©ral Parker dispersĂ©es et incapables d'offrir une rĂ©sistance sĂ©rieuse. Ils consolidèrent immĂ©diatement leurs positions et commencèrent Ă  faire route vers Manille oĂą ils allaient faire la jonction avec les forces avançant vers le sud en direction de la capitale pour la victoire finale.

La plupart des forces alliées se rendirent ou furent submergées. La division philippine américaine alla au front pour couvrir le retrait des troupes vers Bataan et résister à l'avance japonaise dans la région de baie de Subic. Le , MacArthur informa ses commandants qu'il réactivait un vieux plan de bataille pour ne défendre que Bataan et Corregidor ; les états majors et le gouvernement philippin s'y réfugièrent. Cependant des forces substantielles restèrent dans d'autres zones pour encore plusieurs mois.

Le , la 31e division d'infanterie des Philippines (en) se déplaça à proximité de la passe du Zigzag afin de protéger les flancs des troupes qui se retiraient de la partie sud de Luçon, pendant que la division U.S. Philippine établissait sa position à Bataan.

Bataille de Bataan

Du 7 au , les Japonais s'occupèrent des repérages et de la préparation de l'attaque sur les positions sur la ville d'Abucay. Les forces américaines et philippines repoussèrent des attaques nocturnes sur Abucay. Le , la division américaine des philippines tenta sans succès une contre-attaque.

Les généraux Wainwright (à gauche) et MacArthur.

Pendant plusieurs semaines, les Japonais, échaudés par de lourdes pertes, effectuèrent des attaques limitées. Du fait de la position difficile des forces alliées en Asie, le président Franklin D. Roosevelt ordonna à MacArthur de quitter Corregidor pour l'Australie, et d'y assumer le poste de Commandant suprême des forces alliées dans la zone du sud-ouest pacifique. Le , Wainwright prit la tête des forces Alliées aux Philippines.

Le , une nouvelle vague d'attaques japonaises s'abattit sur les Alliés, déjà très affaiblis par la malnutrition, les maladies, et les batailles. La reddition générale eut lieu le . Le 45e régiment d'infanterie américaine, qui n'avait pas réussi sa retraite vers Corregidor, se rendit le lendemain.

Bataille de Corregidor

Corregidor Ă©tait un poste d'artillerie de l'armĂ©e amĂ©ricaine, comptant des batteries anti-aĂ©riennes. Le 59e rĂ©giment Ă©tait postĂ© sur les hauteurs de Corregidor et put repousser les attaques aĂ©riennes japonaises, en abattant de nombreux avions. Les batteries de canon les plus anciennes furent cependant dĂ©truites par les bombardiers japonais. Corregidor Ă©tait dĂ©fendu par 11 000 soldats. Certains avaient pu rejoindre Corregidor via la pĂ©ninsule de Baatan, oĂą ils avaient rĂ©chappĂ© Ă  l'attaque japonaise.

En , le président philippin Manuel L. Quezon, le général MacArthur et le reste du personnel diplomatique et militaire échappèrent aux bombardements de Manille et s'abritèrent dans le tunnel de Malinta à Corregidor. En , des sous-marins américains arrivèrent au nord de Corregidor, apportant des ordres et des armes, et évacuant des officiels américains et philippins. Un certain nombre de ceux qui ne purent prendre place dans les sous-marins furent ensuite faits prisonniers par les Japonais. Les soldats américains et philippins défendirent la petite forteresse jusqu'à épuisement de leur matériel. Le , à la faveur de la nuit et sur ordre exprès du président Roosevelt, le général MacArthur et quelques personnes (dont sa femme) s'enfuient à bord de patrouilleurs de la marine (PT boats) en direction de Mindanao, d'où ils gagnèrent l'Australie à bord de bombardiers B-17.

Le , les Japonais commencèrent leur assaut final sur Corregidor. Dans la nuit du 5 au , les Japonais entamèrent leur débarquement. Malgré une forte résistance, les Japonais surent établir une tête de pont, où arrivèrent bientôt des chars et de l'artillerie, qui repoussèrent les défenseurs vers Malinta Hill.

Le , Wainwright demanda à Homma ses conditions pour la capitulation. Homma demanda la reddition de toutes les forces alliées aux Philippines. Wainwright a souhaité gagner du temps en expliquant qu'il ne commandait que Corregidor et non pas toutes les troupes alliées des Philippines, et ne pouvait signer pour les autres commandants d'autres parties du pays. Malgré tout, souhaitant épargner la vie des personnes réfugiées à Corregidor, il accepta et, le 8, ordonna à Sharp de se rendre avec les forces de Mindanao. Sharp obéit, mais un certain nombre de soldats entrèrent alors en guérilla pour continuer le combat (sous les ordres de Wendell Fertig (en) à Mindanao, notamment).

Après-coup

Après sa victoire, l'empire du Japon allait intégrer les Philippines au sein de la Sphère de coprospérité de la grande Asie orientale et autoriser en 1943 la création de la république des Philippines. Dans les faits, l'archipel demeura sous une occupation militaire caractérisée par un régime de terreur et de multiples exactions à l'encontre de la population civile et des prisonniers de guerre. La résistance s'organisa via la guérilla fidèle au gouvernement national et encadrée par des militaires américains s'ajouta la rébellion communiste de la Hukbalahap, force armée du Parti communiste philippin (en), ainsi que celle des Moros.

Les forces alliées lancèrent à l'automne 1944 la reconquête de l'archipel, qui débuta avec la bataille de Leyte.

Articles connexes

Notes et références

  1. (en) Bob Hackett and Sander Kingsepp, « HIJMS NAKA: Tabular Record of Movement », (consulté le )
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