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Attaque de Yokosuka

L'attaque de Yokosuka est un raid aérien mené par l'US Navy le contre l'arsenal naval de Yokosuka pendant les dernières semaines de la guerre du Pacifique.

Attaque de Yokosuka
Vue en noir et blanc de navires militaires en pleine mer.
Le cuirassé Nagato en 1945.
Informations générales
Date
Lieu Yokosuka, Japon
Issue Victoire des Alliés
Pertes
14 avions
18 pilotes
1 destroyer
1 sous-marin
2 escorteurs
1 cuirassé endommagé
43 avions détruits
77 avions endommagés

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CoordonnĂ©es 35° 17′ 36″ nord, 139° 40′ 17″ est
Géolocalisation sur la carte : préfecture de Kanagawa
(Voir situation sur carte : préfecture de Kanagawa)
Attaque de Yokosuka
GĂ©olocalisation sur la carte : Japon
(Voir situation sur carte : Japon)
Attaque de Yokosuka

En , la troisième flotte des États-Unis dirigée par l'amiral William F. Halsey mène une série de raids aériens et de bombardements navals contre des cibles au Japon. Alors que la plupart des navires de guerre japonais sont ancrés près de la base navale de Kure et dans la mer intérieure de Seto, le cuirassé japonais Nagato et plusieurs navires de guerre plus petits sont parqués à l'arsenal naval de Yokosuka dans la baie de Tokyo.

Le Nagato est la principale cible du raid, mais les positions anti-aériennes et d’autres navires de guerre situés à l'arsenal naval de Yokosuka sont également visés par l’attaque. D'autres avions de l'US Navy et de la Royal Navy frappent aussi des aérodromes de la région de Tokyo. Alors que le Nagato n'est que légèrement endommagé, l'aviation américaine coule un destroyer, un sous-marin et deux navires d'escorte ; elle endommage cinq petits vaisseaux. Les pilotes alliés détruisent également plusieurs locomotives et quarante-trois avions japonais. La défense antiaérienne japonaise abat douze avions américains et deux britanniques.

Après l'attaque de Yokosuka, les attaques de la flotte alliée se portent contre le corps principal de la marine impériale à Kure, puis la troisième flotte et des éléments de la Royal Navy poursuivent leurs frappes contre des cibles au Japon jusqu'à la fin des combats le .

Prélude

En juillet 1945, la troisième flotte amĂ©ricaine dirigĂ©e par l'amiral William F. Halsey, mène une sĂ©rie de raids aĂ©riens et de bombardements navals contre des cibles au Japon. Ces attaques sont exĂ©cutĂ©es par la Task Force 38 (TF 38), la force de frappe de la troisième flotte commandĂ©e par le vice-amiral John S. McCain, Sr. Elle est composĂ©e de neuf porte-avions, de six porte-avions lĂ©gers et de leurs navires de soutien[1] - [2] et elle embarque un millier d’avions[3]. Le , les avions de la TF 38 frappent des aĂ©rodromes autour de Tokyo et dĂ©truisent 340 avions japonais au sol et deux dans les airs[4]. Peu d’avions japonais ont rĂ©pliquĂ© Ă  cette attaque, car ils sont rĂ©servĂ©s pour monter des attaques suicides Ă  grande Ă©chelle contre la flotte alliĂ©e lors de l'invasion attendue du pays plus tard en 1945[5]. Après cette attaque, la troisième flotte mène des raids sur Hokkaido et au nord de Honshu les 14 et . Elle coule un grand nombre de navires et dĂ©truit 25 avions au sol[6]. Les navires de guerre amĂ©ricains naviguent alors au sud et le , ils sont rejoints par la principale force d’attaque de la British Pacific Fleet, la Task Force 37 (TF 37) qui comprend trois porte-avions et leurs escortes[7].

Photographie aérienne en noir et blanc d'un port maritime.
Une partie de l'arsenal naval de Yokosuka photographié lors du raid de Doolittle en avril 1942.

En , les grands navires de la Marine impériale japonaise restants ne peuvent plus prendre la mer en raison de la pénurie de carburant et du danger d'attaque des avions et sous-marins alliés[8]. Alors que la plupart de ces navires de guerre sont ancrés près de la base navale de Kure et dans la mer intérieure de Seto, le Nagato et plusieurs navires de guerre plus petits sont parqués à l'arsenal naval de Yokosuka dans la baie de Tokyo[9]. À ce moment, le cuirassé est amarré face au quai nord-ouest et recouvert d'un camouflage destiné à le rendre moins repérable par les avions de reconnaissance. L'ensemble de l'armement secondaire du Nagato et environ la moitié de ses canons antiaériens ont été démontés et installés sur les collines à proximité afin de fournir une protection à la base navale. Les chaudières du cuirassé ne sont pas allumées ; il reçoit de la vapeur et de l’électricité du chasseur de sous-marin Fukugawa Maru no 7 et d'une chaudière auxiliaire située à quai. Le destroyer Ushio est également amarré à proximité afin de protéger le cuirassé avec ses canons anti-aériens de 25 mm[9].

La présence du Nagato  à Yokosuka est révélée aux Alliés par des photographies prises lors du raid sur la région de Tokyo le [9]. Le , Halsey et le vice-amiral Bernard Rawlings, le commandant de TF 37, se réunissent pour planifier les raids sur la région de Tokyo. Halsey est déterminé à couler les restes de la Marine impériale japonaise, et place particulièrement l'accent sur l'attaque du Nagato, navire amiral de l’amiral Isoroku Yamamoto lors de l’attaque de Pearl Harbor en [10] - [11]. En raison de la position du cuirassé au sein d'un port bien défendu, les planificateurs de la troisième flotte évaluent que les aéronefs qui tenteraient le vol rectiligne en palier, nécessaire pour lancer des torpilles, subiraient de lourdes pertes. Ils décident alors d'utiliser des bombardiers en piqué[9]. Mais comme le côté terre de la base navale est montagneux, l’approche pour des bombardiers en piqué demeure limitée[11].

L'attaque

Photographie aérienne en noir et blanc d'un port maritime.
Une photo de reconnaissance de l’arsenal de Yokosuka prise le par l’US Navy. Le Nagato est situé en haut à gauche de la photo.

Le , les flottes américaine et britannique tentent de frapper l'arsenal de Yokosuka et d'autres cibles dans la région de Tokyo. Alors que les deux premières vagues d'avions ont décollé, l'attaque est perturbée par une épaisse couche nuageuse sur la région et les autres attaques sont annulées. Des aérodromes situés au nord de la région de Tokyo sont tout de même frappés, mais peu de dégâts sont recensés[12] - [13]. Bien que la base navale de Yokosuka n'a pas été attaquée, elle est survolée par un chasseur américain, qui met en alerte les défenses antiaériennes[9]. Dans la nuit du 17 au , les navires de guerre américains et britanniques bombardent la ville d'Hitachi[14].

Le lendemain, la flotte alliée navigue au sud à la recherche de conditions climatiques mieux adaptées à la conduite des opérations de vol. Elles s’améliorent au cours de la matinée, et à 11 h 30 les frappes aériennes commencent. Les avions britanniques de la TF 37 sont envoyés contre les aérodromes de la région de Tokyo. La taille de cette attaque est considérablement réduite par rapport à ce qui était initialement prévu. En effet, le système de carburant du HMS Victorious s'est retrouvé contaminé avec de l'eau et le porte-avions n'a pu lancer que six Chance Vought F4U Corsair[15]. L'effort principal de la TF 38 est, lui, dirigé contre l’arsenal naval de Yokosuka, et le Nagato est désigné comme principale cible du raid. Un plus petit nombre d'avions américains sont également dépêchés pour bombarder les terrains d'aviation japonais[15] - [16].

L'attaque sur Yokosuka commence Ă  environ 15 h 30 le [9]. La première vague d'avions amĂ©ricains frappe les batteries anti-aĂ©riennes autour de la base navale et rĂ©ussit Ă  les neutraliser. Par la suite, les avions du VF-88 attaquent le Nagato avec des bombes[17]. Une bombe Ă  fragmentation de 500 livres touche le pont du cuirassĂ© et tue son commandant, le contre-amiral Otsuka Miki ainsi que le commandant en second et au moins neuf autres hommes[9]. Une autre bombe de 500 livres frappe le Nagato et explose près du mess, tuant environ 22 marins et dĂ©truisant quatre canons de 25 mm. Le seul autre coup direct sur le navire est effectuĂ© par un obus de 5 pouces ou une roquette qui n'a pas explosĂ©. En outre, 60 bombes ont explosĂ© dans le port, près du Nagato, causant des dommages Ă  sa double coque et entrainant une fuite de 2 000 tonnes d'eau dans le navire. Au moment oĂą l'attaque se conclut Ă  16 h 10, 35 des 967 officiers et hommes du cuirassĂ© ont Ă©tĂ© tuĂ©s. L'ensemble des dommages au navire a ensuite Ă©tĂ© Ă©valuĂ© comme Ă©tant lĂ©gers[9].

L’aviation américaine a également attaqué plusieurs autres navires amarrés à Yokosuka. Le destroyer inachevé de classe Matsu, le Yaezakura, s’est brisé en deux et a coulé après avoir été bombardé. Le sous-marin I-372 a été détruit par une autre bombe, mais son équipage était à terre et n'a pas subi de pertes[9] - [17]. Deux navires d'escorte et un torpilleur ont également été coulés[17]. En plus de ces pertes, cinq autres navires, y compris le destroyer obsolète Yakaze et deux navires-écoles, le cuirassé Fuji et le croiseur Kasuga, ont également été endommagés[9] - [17]. En dépit de leur proximité avec le Nagato, le Fukugawa Maru no 7 et l’Ushio n’ont pas été endommagés[9]. Les frappes de l'aviation britannique et américaine contre les aérodromes ont détruit 43 aéronefs japonais et endommagé 77 autres. Les pilotes de ces avions ont également confirmé la destruction de plusieurs locomotives de chemin de fer[16]. Les pertes alliées lors de l'attaque du se montent à 12 avions de l'US Navy et deux avions de la Royal Navy, ainsi que la perte de 18 pilotes[15] - [16]. Les alliés ont été déçus de ne pas réussir à couler le Nagato, alors que le cuirassé était la principale cible du raid[16].

Conséquences

Vue en noir et blanc de l'avant d'une barque avec 4 soldats. En arrière-plan un navire naufragé.
Le personnel de la Royal Australian Navy inspectant au cours de un sous-marin et un navire naufragé à Yokosuka à la suite de l'attaque du .

Après l’attaque de Yokosuka, le , la flotte alliée s’éloigne du Japon afin d'être ravitaillée. Ses prochaines attaques se portent contre le corps principal de la marine impériale à Kure sur la mer intérieure, les 24, 25 et 28 juillet[18]. Ces raids permettent de couler trois cuirassés, un porte-avions et plusieurs autres navires de guerre, mais coûtent aux Alliés 133 avions et 102 pilotes[19]. La troisième flotte et des éléments de la Royal Navy continuent leurs frappes contre des cibles au Japon jusqu'à la fin des combats le [20].

Après l'attaque,  l’équipage du Nagato retire les victimes du navire et mène des réparations limitées. L’inondation de certains des ballasts donne l’impression trompeuse que le navire a été coulé. Pendant les premières heures du , on ordonne au Nagato de prendre la mer afin d'intercepter une force alliée. Cependant, le rapport concernant les navires alliés est erroné et cette sortie est annulée avant la fin des préparatifs ; le navire ne quitte finalement pas le port. Le le navire est remis à l'US Navy. Il sert de navire cible pour les deux tests atomiques effectués sur l'atoll de Bikini les 1er et lors de l'opération Crossroads ; il est coulé au cours de la nuit du 29 au [9].

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Attack on Yokosuka » (voir la liste des auteurs).
  1. Morison 2002, p. 310.
  2. Tillman 2010, p. 199.
  3. Frank 1999, p. 157.
  4. Royal Navy 1995, p. 218.
  5. Tillman 2010, p. 201.
  6. Morison 2002, p. 311–314.
  7. Royal Navy 1995, p. 219–220.
  8. Tillman 2010, p. 208.
  9. Tully 2003.
  10. Hoyt 1982, p. 48.
  11. Tillman 2010, p. 210.
  12. Hoyt 1982, p. 54.
  13. Royal Navy 1995, p. 220.
  14. Morison 2002, p. 314–316.
  15. Royal Navy 1995, p. 221.
  16. Hoyt 1982, p. 55.
  17. Morison 2002, p. 316.
  18. Royal Navy 1995, p. 221–222.
  19. Halsey et Bryan 1947, p. 265.
  20. Morison 2002, p. 331–335.

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (en) Richard B. Frank, Downfall : The End of the Imperial Japanese Empire, New York, Penguin Books, , 484 p. (ISBN 978-0-679-41424-7). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article.
  • (en) William F. Halsey et J. Bryan, Admiral Halsey's Story, Londres, Whittlesey House, , 310 p. (OCLC 747307493, ASIN B0056B3DCU). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article.
  • (en) Edwin P. Hoyt, Closing the Circle : War in the Pacific: 1945, New York, Van Nostrand Reinhold Company, , 240 p. (ISBN 978-0-442-24751-5). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article.
  • (en) Samuel Eliot Morison, Victory in the Pacific, Champaign, University of Illinois, (1re Ă©d. 1960), 464 p. (ISBN 978-0-252-07065-5, prĂ©sentation en ligne). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article.
  • (en) Royal Navy, War with Japan, vol. VI : Advance to Japan, Londres, HMSO, , 316 p. (ISBN 978-0-11-772821-9). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article.
  • (fr) Ronald H. Spector, La guerre du Pacifique : 1941-1945, New York, Albin Michel, coll. « Essais Doc. », , 502 p. (ISBN 978-2-226-02844-0).
  • (en) Barrett Tillman, Whirlwind : The Air War Against Japan 1942–1945, New York, Simon & Schuster, , 336 p. (ISBN 978-1-4165-8440-7). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article.
  • (en) A.P. Tully, « Nagato's Last Year : July 1945 – July 1946 », Combinedfleet.com, (consultĂ© le ). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article. Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article

Voir aussi

Articles connexes

Lien externe

  • (en) « Collapse of Japan's sea power », The Sydney Morning Herald,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
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