Accueil🇫🇷Chercher

Bombardements de Tokyo

Les bombardements de Tokyo sont une opĂ©ration militaire amĂ©ricaine d'envergure sur la capitale japonaise qui eut lieu en fĂ©vrier, mars et mai 1945. Le nombre de morts s'est Ă©levĂ© Ă  plus de 100 000 personnes, notamment Ă  la suite du bombardement du 10 mars 1945[1]. L'utilisation intensive de bombes incendiaires de nuit sur des bâtiments (et notamment des habitations) construits en bois qui ne disposaient pas de caves oĂą se rĂ©fugier explique le nombre important de victimes. Les bombardements furent plus meurtriers que l'explosion atomique de Nagasaki cinq mois plus tard.

Bombardements de Tokyo
Description de cette image, également commentée ci-après
Tokyo embrasée par les bombes incendiaires des B-29, le 26 mai 1945.
Informations générales
Date 1944 - 1945
Lieu Tokyo, Japon
Issue Victoire américaine
Forces en présence
325 bombardiers638 batteries antiaériennes
90 avions de chasse
8000 pompiers civils
Pertes
43 bombardiers abattus80 000 à 130 000 civils tués
1 000 000 de sans abris
267 171 bâtiments détruits

Guerre du Pacifique

CoordonnĂ©es 35° 41′ nord, 139° 46′ est
Civils morts dans la nuit du 9 et 10 mars 1945.
Carte de l'armée américaine de 1947 montrant l'étendue des bombardements.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, le bombardement stratégique des cibles sans valeur militaire directe est devenu une politique commune, notamment au Japon. En tant que capitale économique et politique de l'empire du Japon, Tokyo était une cible évidente d'un assaut sur « la base du tissu économique et social du pays » dans le cadre des bombardements stratégiques sur le Japon. La ville fut donc visée par de multiples vagues de bombardements de l'aviation des États-Unis, dont les plus ravageurs eurent lieu de février à juin 1945, peu avant la capitulation du Japon. Selon l'historien Kenneth P. Werrell, le bombardement est « l'un des raids aériens les plus meurtriers de tous les temps, surpassant Dresde, Hambourg et Nagasaki, d’une échelle comparable à Hiroshima, et certainement l’un des plus destructeurs ».

Premier raid

Le premier raid sur Tokyo, dit le raid de Doolittle, eut lieu le , où seize bombardiers B-25 Mitchell lancés du porte-avions USS Hornet attaquèrent Yokohama et Tokyo avec pour objectif de se replier sur des terrains d'aviation en zone libre de la République de Chine, alors envahie par le Japon. Lancées prématurément, ces incursions furent des « piqûres d'épingle » militaires mais elles constituèrent une victoire significative pour la propagande et incitèrent l'état-major japonais à lancer la bataille de Midway.

Multiplication des raids

Ă€ mesure que les troupes amĂ©ricaines se rapprochaient des cĂ´tes japonaises, les US Army Air Forces purent multiplier les raids et en augmenter l'intensitĂ©, d'autant plus que les nouveaux B-29 avaient un rayon d'action de 1 500 milles. Ces derniers ont de ce fait lâchĂ© 90 % des 147 000 tonnes de bombes reçues par le Japon.

Au dĂ©but de l'annĂ©e 1944, les escadrilles de B-29 dĂ©collaient d'Inde ou de Chine, puis, Ă  partir d'octobre 1944, des Ă®les Mariannes (dont Tinian, d'oĂą partit l'Enola Gay lors de sa mission sur Hiroshima). Le premier raid de B-29 sur le territoire du Japon eut lieu le 15 juin. Le 24 novembre 1944 eut lieu le premier raid venant de l'est en direction de Tokyo, comprenant 88 bombardiers. Seulement 10 % des bombes, larguĂ©es Ă  30 000 pieds (10 000 mètres) d'altitude, atteignirent leur objectif.

La quantitĂ© de bombardements augmenta après l'arrivĂ©e de Curtis LeMay Ă  la tĂŞte du 21e Bomber Command situĂ© sur les Ă®les Mariannes en janvier 1945. Les raids de B-29 eurent dĂ©sormais lieu de nuit, Ă  une altitude de 7 000 pieds (2 300 mètres) sur les principales agglomĂ©rations : Tokyo, Nagoya, ĹŚsaka, et Kobe. En dĂ©pit du succès limitĂ© des bombes incendiaires, LeMay Ă©tait dĂ©terminĂ© Ă  employer de telles bombes contre les villes japonaises vulnĂ©rables. Les attaques sur des cibles stratĂ©giques continuèrent de jour, Ă  un rythme moins Ă©levĂ©.

Le premier raid avec des bombes incendiaires au napalm eut lieu sur Kobe le et son succès encouragea l'Air Force à continuer dans cette direction. La défense antiaérienne japonaise n'ayant presque plus les moyens de riposter, les bombardiers furent allégés de leur blindage et de leurs armes pour pouvoir transporter des bombes de plus en plus lourdes. Le premier raid de ce type sur la capitale eut lieu la nuit du 23 au 24 février avec 174 B-29.

Le raid qui eut lieu la nuit du 9 au 10 mars fut le plus meurtrier des bombardements de la Seconde Guerre mondiale[2] - [3], dépassant en nombre de victimes les bombardements des villes allemandes de Hambourg en juillet 1943 ou de Dresde du 13 au 15 février 1945, qui ont servi de « terrains d'essais » des bombardements incendiaires sur Tokyo.

Cette nuit-lĂ , 334 B-29 larguèrent 1 700 tonnes de bombes, dĂ©truisant environ 30 km² et causant plus de 100 000 morts dans la tempĂŞte de feu qui en rĂ©sulta.

Il y eut un troisième raid nocturne contre Tokyo le . 520 B-29 larguèrent 3646 tonnes de bombes incendiaires.

Un dernier bombardement nocturne, dans la nuit du 25 au 26 mai, sur Tokyo, menĂ© par 502 B-29 qui larguent 3 252 tonnes de bombes incendiaires et dĂ©truisent 44 km2 de la superficie urbaine, principalement au centre. Ont Ă©tĂ© visĂ©s de nombreux ministères et une grande partie du palais impĂ©rial. Les pertes US sont de 26 appareils dĂ©truits et 100 endommagĂ©s.

Après ce raid, le commandant du XX Bomber Command, puis du XXII Bomber Command de l'USAF, le général Curtis LeMay estime que 50,8 % de la surface urbaine de la capitale et de ses faubourgs ont été rasés. La ville est, dès lors, rayée des objectifs militaires de l'USAF.

L'emploi de bombes incendiaires n'Ă©tait pas exclusif Ă  l'encontre de Tokyo, car des raids avec des bombes explosives avaient lieu rĂ©gulièrement. Après la capture de l'Ă®le d'Okinawa, les États-Unis y placèrent une division aĂ©rienne, ce qui permit d'augmenter la quantitĂ© de bombardements de 13 800 tonnes en mars Ă  42 700 tonnes en juillet avec un objectif de 115 000 tonnes mensuelles.

Conséquences

Cette campagne de bombardements détruisit une grande partie de la vieille ville de Tokyo (51 % environ), alors principalement construite en bois, du fait du grand incendie qui en résulta. Le général Curtis LeMay, chargé de l'opération pour les États-Unis, déclare que les Japonais devaient être « brûlés, bouillis et cuits à mort »[4].

Notes et références

  1. Rival 1995, p. 166-167.
  2. (en) A&E, « Mar 9, 1945: Firebombing of Tokyo », A&E Television Networks, LLC., 1996-2013 (consulté le ).
  3. (en) Tony Long, « March 9, 1945: Burning the Heart Out of the Enemy », Wired,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. « La nuit où les Tokyoïtes ont été « bouillis et cuits à mort » », Libération.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Bibliographie

Voir aussi

Articles connexes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.