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Libération de la Belgique et des Pays-Bas

La libération de la Belgique et des Pays-Bas est un épisode important de la Seconde Guerre mondiale de reconquête du territoire européen par les Armées alliées qui s'étend de septembre 1944 à mai 1945.

Bataille du Benelux
Description de cette image, également commentée ci-après
Civils néerlandais sur une Jeep de la British Army, lors de la libération de Nimègue.
Informations générales
Date Septembre 1944 - mai 1945
Lieu Belgique, Pays-Bas, Luxembourg
Issue Victoire des Alliés

Seconde Guerre mondiale

Batailles

Front d'Europe de l'Ouest


Front d’Europe de l’Est


Campagnes d'Afrique, du Moyen-Orient et de Méditerranée


Bataille de l’Atlantique


Guerre du Pacifique


Guerre sino-japonaise


Théâtre américain

Septembre 1944

La bataille de Normandie s'est achevée le dans la poche de Falaise par la déroute des armées allemandes, les Alliés ont également débarqué en Provence le et remontent rapidement vers le Nord de la France. Les armées allemandes refluent en désordre vers le Rhin. Les Alliés, lancés à leur poursuite dans un mouvement de ruée gigantesque, foncent vers les frontières du Reich. Le , des éléments de la 9e division d'infanterie du VIIe corps de la 1re armée américaine entrent en Belgique, par le hameau de Cendron[1], près de Chimay. C'est près de là que les premiers soldats américains tombent lors des combats qui les opposent aux allemands de la 2e Panzerdivision, entre Macon et Monceau-Imbrechies. Les Britanniques libèrent Bruxelles le 3 septembre accompagnés des Belges de la Brigade Piron, et Anvers le jour suivant, avec l'aide de la Résistance belge (la Witte Brigade ou «brigade blanche ») qui a neutralisé les dispositions allemandes prises en vue de détruire les installations portuaires. Les Américains sont à Liège, tandis qu'au sud, la 7e armée américaine et la 1re armée française, venant de Provence font leur jonction avec les troupes débarquées en Normandie.

Seuls, quelques ports du Nord de la France et de la Belgique sont encore aux mains des Allemands. Leurs garnisons ont reçu d'Hitler l'ordre de rĂ©sister coĂ»te que coĂ»te, afin de gĂŞner l'arrivĂ©e des renforts alliĂ©s dont les lignes de ravitaillement s'allongent dĂ©mesurĂ©ment sur plus de 400 km, depuis les plages de Normandie. Au cours du mois de septembre, les Canadiens s'emparent d'Ostende, du Havre, de Boulogne, de Calais, et atteignent l’estuaire de l'Escaut. Le Nord de la France et la Belgique sont libĂ©rĂ©s et l'Angleterre est ainsi dĂ©livrĂ©e des terribles attaques de V1 lancĂ©es Ă  partir des bases allemandes du Pas-de-Calais. Pendant ce temps-lĂ , les nations libĂ©rĂ©es reconstituent leurs armĂ©es. En Alsace, les volontaires des forces françaises de l'intĂ©rieur renforcent Ă  la nouvelle armĂ©e française qui entre dans Strasbourg. En Belgique, la 1re brigade motorisĂ©e belge libère Maaseik et une partie de la province du Limbourg.

Libération de Bruxelles par les Britanniques, 4 septembre 1944.
Des soldats britanniques donnent du chocolat à des civils néerlandais lors de leur passage dans les villages.

Le , le marĂ©chal britannique Montgomery lance ce qu'il espère ĂŞtre la percĂ©e dĂ©finitive vers l'est avec trois puissantes opĂ©rations aĂ©roportĂ©es sur les Pays-Bas. Ă€ Nimègue, les parachutistes amĂ©ricains s'emparent du pont et se maintiennent sur la Meuse oĂą ils sont rejoints par les hommes de la 2e armĂ©e britannique. Mais, Ă  Arnhem, au-delĂ  du Rhin, c'est l'Ă©chec. Après 8 jours de rĂ©sistance hĂ©roĂŻque, les 2 500 survivants de l'opĂ©ration sont contraints de se replier dans des conditions dramatiques. Des critiques s'Ă©lèvent contre le marĂ©chal Montgomery qui avait limitĂ© l'effectif des troupes amĂ©ricaines participant Ă  l'opĂ©ration, parce que, prĂ©tend-on, il voulait rĂ©server Ă  la Grande-Bretagne la gloire de la percĂ©e dĂ©cisive vers la Ruhr. De mĂŞme, l'appui des RĂ©sistants belges et nĂ©erlandais a Ă©tĂ© jugĂ© nĂ©gligeable par le marĂ©chal anglais qui manifestait ainsi la mĂ©fiance qu'il Ă©prouvait pour les combattants de l'intĂ©rieur, considĂ©rĂ©s par lui comme des amateurs peu fiables noyautĂ©s par les communistes.

Bataille pour libérer l'Escaut

Le Haut Commandement alliĂ© (SHAEF) doit alors admettre que l'Allemagne, encore puissante et rĂ©solue Ă  rĂ©sister jusqu'au dernier homme, ne s'effondrera pas avant l'hiver. Dès lors, pour assurer l'acheminement des renforts et du ravitaillement nĂ©cessaires Ă  l'offensive alliĂ©e dont les voies d'approvisionnement s'Ă©tirent sur plus de 400 km depuis les plages de dĂ©barquement, il devient impĂ©ratif de rendre le Port d'Anvers accessible aux navires de transport, dans les plus brefs dĂ©lais.

La ville est situĂ©e Ă  80 km de la mer du Nord, au fond de l'estuaire de l'Escaut, dont les rives sont tenues par de fortes concentrations d’artillerie allemande protĂ©gĂ©es par une puissante infanterie. Il faut la libĂ©rer et sauver les installations portuaires afin de permettre l'accès des navires alliĂ©s amenant troupes et matĂ©riel sur le front nord. La rĂ©sistance belge se charge de neutraliser les sabotages allemands prĂ©vus pour dĂ©truire le port (piĂ©geage des grues et destruction de locomotives de manĹ“uvre, obstruction de l'Escaut). C'est la Witte Brigade (brigade blanche), groupant des rĂ©sistants flamands sous la direction d'officiers belges rescapĂ©s de la reddition de 1940, qui sauve le port en neutralisant les sabotages. Des officiers belges en civil, aventurĂ©s au milieu des combats de la Wehrmacht en retraite, accueillent les Ă©lĂ©ments avancĂ©s de la 1re armĂ©e canadienne commandĂ©e par le lieutenant-gĂ©nĂ©ral Simonds et guident les chars au milieu du dĂ©dale de la ville et des installations portuaires.

Mais il reste Ă  se dĂ©barrasser des forces allemandes qui, sur les rives nord et sud, s'apprĂŞtent Ă  canonner les convois alliĂ©s qui tenteraient d'entrer dans l'estuaire de l'Escaut. Celui-ci est bordĂ©, au nord, par la presqu'Ă®le de Beveland et l'Ă®le de Walcheren, au sud, par la rĂ©gion de Breskens occupĂ©e par 64 000 Allemands bien Ă©quipĂ©s et prĂ©parĂ©s aux tactiques particulières du combat entre la terre et la mer. En effet, outre le combat contre des convois maritimes accompagnĂ©s d'une protection de navires de guerre, il va falloir aux Allemands combattre contre un dĂ©barquement. C'est le que le Black Watch s'Ă©lance Ă  l'assaut de la presqu'Ă®le de Beveland et attaque en terrain dĂ©couvert. Le combat est effroyable, le rĂ©giment perd en une seule journĂ©e nombre de ses hommes et tous ses commandants de compagnie. Le Royal Hamilton Light Infantry parvient Ă  s'emparer de l'entrĂ©e de la presqu'Ă®le qu'il dĂ©fend avec succès contre de puissantes contre-attaques allemandes, pendant que la 4e division blindĂ©e canadienne nettoie l'arrière-pays. Durant trois semaines de combats acharnĂ©s, la 4e brigade du Special Service poursuit sa progression, et occupe la presqu'Ă®le avec l'appui de la 52e division britannique lors de la dernière phase de la bataille.

Poche de Breskens

Au sud du front, en Belgique, la 3e division canadienne a pour mission de nettoyer la poche de Breskens. Les Allemands y sont retranchés derrière les rives du canal Léopold qui constitue un obstacle redoutable à la progression des troupes canadiennes. Le 6 octobre, le Canadian Scottish et le Regina Rifles Regiment franchissent le canal et établissent deux têtes de pont que les Allemands tentent de réduire par de nombreuses contre-attaques. Le lendemain, le Royal Winnipeg Rifles arrive en renfort. Au nord de la poche, le Highland Light Infantry et le North Nova Scotia, traversent l’anse de Braakman et constituent une troisième tête de pont. Trois semaines de combats farouches, sont nécessaires pour colmater la poche.

Beveland et Walcheren

Au nord, aux Pays-Bas, la presqu'Ă®le de Zuid-Beveland est reliĂ©e Ă  l'Ă®le de Walcheren par une Ă©troite chaussĂ©e, longue de 10 000 mètres. Le Calgary Highlanders force le passage et Ă©tablit une tĂŞte de pont dans l'Ă®le, mais il est contre-attaquĂ© si violemment qu'il doit se replier. Le lendemain, le RĂ©giment de Maisonneuve rĂ©tablit la tĂŞte de pont sous un feu implacable, mais ne peut progresser au-delĂ . La 152e brigade britannique vient le relever.

Walcheren est bombardée.

La Royal Air Force, avec des bombardements répétés, parvient à ouvrir une brèche dans les digues par où s'engouffrent les eaux de la mer du Nord, inondant une partie des défenses ennemies. La 2e division canadienne peut ainsi intervenir avec ses véhicules amphibies, tandis qu’un commando et une brigade d’infanterie britanniques débarquent à Westkapelle et à Flessingue. Le 8 novembre, l'île de Walcheren est libérée. Les rives de l'Escaut sont nettoyées et, le , le premier convoi de ravitaillement allié pénètre dans le port d'Anvers.

DĂ©cembre 1944

Hitler lance une offensive désespérée sur le massif des Ardennes. Les troupes américaines sont prises au piège à Bastogne où elles résistent héroïquement, sans soutien aérien, car la météo exécrable interdit les sorties de l'aviation alliée. L'offensive allemande, faute de moyens matériels et d'essence pour ses blindés, s'essouffle rapidement, mais elle a stoppé l'avance des troupes américaines. En effet, celles-ci ne reprennent l'offensive qu'à la fin de l'hiver.

FĂ©vrier 1945

Les armées soviétiques ont atteint la frontière allemande (→Front de l'Est, Offensive Vistule-Oder).

À l'ouest, Américains, Britanniques, Canadiens, Polonais et Français déclenchent une vaste offensive sur l'ensemble du front, des Pays-Bas à l'Alsace.

Bataille pour le Rhin

Ă€ partir de sa base de Nimègue, l'offensive canadienne va s'insĂ©rer entre la Meuse et le Rhin pour attaquer la ligne Siegfried, rĂ©putĂ©e invincible[2]. Les moyens engagĂ©s sont considĂ©rables : mille canons, mille chasseurs, mille bombardiers lourds. Le gĂ©nĂ©ral Crerar a sous ses ordres près de 400 000 hommes… Canadiens, Anglais, Écossais et Belges. Ă€ gauche du dispositif, près du Rhin, les routes sont impraticables, recouvertes par 1 mètre d'eau.

Le 8 fĂ©vrier l'attaque commence (→OpĂ©ration Grenade) par un tir de barrage d'une puissance inouĂŻe. Les divisions d'infanterie canadiennes se mettent en marche simultanĂ©ment sur un front de 10 km.

La 3e division canadienne progresse sur un terrain marécageux, détrempé par les inondations. Seuls l'infanterie et les véhicules légers peuvent s'aventurer dans cette mer de boue. La ligne de défense allemande est enfoncée et les hommes de la 3e division pénètrent dans la forêt de Reichswald. Après cinq jours de combats acharnés, la forêt est nettoyée et la ligne Siegfried est enfoncée.

Le 1er mars, les 2e et 3e divisions canadiennes attaquent en direction de la dernière ligne de dĂ©fense allemande qui couvre les massifs forestiers de Hochwald et de Balbergerwald. Les Allemands dĂ©fendent âprement ce territoire vital pour eux, ils parviennent Ă  stabiliser leur ligne de dĂ©fense et Ă  conserver la maĂ®trise des ponts sur le Rhin. L'Essex Scottish, malgrĂ© de lourdes pertes, s'empare de ses objectifs dans la forĂŞt de Hochwald. Durant la nuit, le rĂ©giment de la Chaudière se lance Ă  l'assaut de la forĂŞt de Balberger, mais il est repoussĂ© par une contre-attaque Ă©crasante d'artillerie et de mortiers. Il attaque Ă  nouveau et, dans la journĂ©e suivante, rĂ©ussit Ă  enlever la position. Le Queen's Own Rifles et le North Shore achèvent le nettoyage de la forĂŞt. Le , la bataille de la RhĂ©nanie est terminĂ©e. La 1re armĂ©e allemande a retirĂ© le plus gros de ses divisions, dĂ©cimĂ©es, mais en bon ordre, de l'autre cĂ´tĂ© du Rhin. L'offensive a coĂ»tĂ© la vie de 15 000 hommes dont 5 000 de la 1re armĂ©e canadienne.

Offensive générale alliée

Canadiens dans le village de Rijssen-Holten, en avril 1945.

Les 23 et est lancée une offensive générale. Les troupes alliées franchissent le Rhin (opération Plunder et Varsity). Les unités de parachutistes anglais, canadiens et américains, larguées sur les arrières de l'ennemi, neutralisent les positions allemandes et font jonction avec l'infanterie. L'Allemagne, qui ne dispose plus de réserves suffisantes en hommes et en matériel et dont les défenses naturelles sont anéanties, s'effondre chaque jour davantage, malgré la résistance acharnée de certaines de ses unités qui poursuivront jusqu'à la dernière heure le combat.

Libération du nord des Pays-Bas et attaque sur le nord de l'Allemagne

Soldats britanniques libérant Valkenswaard durant l'opération Market Garden (septembre 1944).

Au cours des dernières semaines de cette guerre atroce, les troupes canadiennes devront encore libérer le nord des Pays-Bas, s'emparer de la zone côtière allemande jusqu'à la Weser, enfin libérer l'ouest des Pays-Bas. Les hommes du général Simonds foncent suivant trois axes vers le nord des Pays-Bas où ils se heurtent à des poches de résistance très opiniâtres et délogent les parachutistes allemands des villes où ils se sont retranchés. La 4e division blindée fonce vers les ports de Wilhelmshaven et de Wesermünde en Allemagne du Nord. À la mi-avril, les 2e et 3e divisions canadiennes atteignent les rives néerlandaises de la mer du Nord après avoir libéré villes et villages où elles sont accueillies par une population en liesse.

Sur le front ouest, les hommes du 1er Corps canadien, qui ont fait mouvement depuis l'Italie jusqu'au Rhin, libèrent Arnhem après de furieux combats de maison en maison. Ils progressent vers l'ouest des Pays-Bas encore occupĂ© par 120 000 Allemands et qui compte les villes les plus importantes du pays. La population est affaiblie par les privations et par les reprĂ©sailles que lui impose depuis le dĂ©but de la guerre le Commissaire du Reich pour les Pays-Bas, le nazi Seyss-Inquart. Le Gouvernement des Pays-Bas, en exil Ă  Londres, insiste auprès du Haut-Commandement alliĂ© pour que la population nĂ©erlandaise, qui a atteint l'extrĂŞme limite de la souffrance, soit secourue. Une trĂŞve est conclue. Les bombardiers alliĂ©s parachutent des tonnes de nourriture et de produits de première nĂ©cessitĂ© qui sont acheminĂ©s en arrière des lignes ennemies pour ĂŞtre distribuĂ©s Ă  la population. Le , les AmĂ©ricains font leur jonction sur l'Elbe avec les SoviĂ©tiques (Elbe Day) et les Britanniques s'emparent de BrĂŞme.

Les Canadiens, après avoir libéré les Pays-Bas, font mouvement vers le nord de l'Allemagne où ils liquident les derniers nids de résistance. Le , Hitler se suicide dans son bunker de la Chancellerie du Reich. Une semaine de combats encore, violents et impitoyables, et toute résistance cessera.

Generaladmiral von Friedeburg et Montgomery signent la Kapitulationserklärung

Le , le lieutenant-général Foulkes commandant du 1er corps canadien, impose la reddition aux troupes allemandes de l'Ouest des Pays-Bas tandis que celles de l'Allemagne du Nord se rendent au maréchal Bernard Montgomery[3].

Voir aussi

Sources

  • Jacques Teyssier, documentariste, Les Canadiens et la LibĂ©ration de l'Europe. 1939-1945 : la Guerre de la boue, (texte rĂ©digĂ© sous la supervision de M. Serge Bernier Dr Histoire - Directeur Histoire et patrimoine - Ministère de la DĂ©fense nationale - Ottawa)

Cinéma

Articles connexes

Notes et références

  1. courrier du colonel H.C. Larter, Historical Division, 17/11/1948
  2. Chapter VIII: Operation Grenade
  3. trois armées allemandes qui étaient à l'Allemagne du Nord-ouest à ce temps capitulaient de cette façon. Ils signent la capitulation au matin (8:00) du 4 mai sur le Timeloberg près de Wendisch Evern. Source: Mémoires de Montgomery, p. 380
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