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Pont Bailey

Le pont Bailey est un pont prĂ©fabriquĂ© portatif, conçu initialement pour un usage militaire et permettant une portĂ©e maximale de 60 m. Il n'exige ni outillage spĂ©cial ni Ă©quipement lourd pour sa construction, ses Ă©lĂ©ments sont assez petits pour ĂŞtre transportĂ©s par camion et le pont est assez solide pour autoriser le passage des chars. On le considère comme un modèle de gĂ©nie militaire.

Pont Bailey
Pont Bailey, sur la Meurthe à Saint-Dié des Vosges, construit vers 1970.

Histoire

Donald Bailey (1901-1985) Ă©tait ingĂ©nieur civil Ă  l'Experimental Bridging Establishment[1], structure d'ingĂ©nierie militaire rattachĂ©e au War Office (ministère de l'ArmĂ©e britannique) mais aussi passionnĂ© de modèles rĂ©duits de ponts. S'appuyant sur les travaux de certains prĂ©dĂ©cesseurs, dont ceux de Charles Inglis et du Major Giffard Martel sur l'usage de panneaux dĂ©montables[1], il prĂ©sente le un prototype de son pont : son modèle de dĂ©monstration, d'une longueur de 21 m, est dĂ©ployĂ© en 36 minutes. La production en sĂ©rie dĂ©bute en juillet et les premiers exemplaires peuvent ĂŞtre livrĂ©s dès [1].

Le premier pont fut mis en service par les Royal Engineers en en Tunisie durant la campagne militaire d'Afrique du Nord (Seconde Guerre mondiale)[2].

L'armĂ©e britannique en installa 2 500 en Italie et 1 500 en Europe du Nord[1]. SĂ©duite, l'US Army dĂ©veloppe sous licence sa propre version, appelĂ©e M2, qui prĂ©sentera pourtant quelque difficultĂ©s de compatibilitĂ© avec le modèle d'origine en raison d'une taille plus large du tablier[1].

Véhicules du 59e régiment d'artillerie royal traversant un pont Bailey à Dreierwalde, le 6-8 avril 1945.

Lors de leur repli des pays occupés, les Allemands et les Italiens ayant fait sauter de nombreux ponts pour retarder la progression des Alliés, les ponts Bailey ont alors été d'une grande utilité et certains sont restés longtemps en place avant la reconstruction en dur. Le premier pont Bailey sur le sol français a été construit les 8 et , sur le canal de Caen à la mer, à hauteur du château de Bénouville, près de Pegasus Bridge.

Durant toute la Seconde Guerre mondiale, près d'un demi-million de tonnes d'éléments de pont seront produits[1]. Le général Eisenhower considérait le pont Bailey comme une des trois armes révolutionnaires du conflit avec le radar et le bombardier lourd[3]. Donald Bailey sera anobli pour cette invention. Après guerre le pont Bailey équipe toutes les armées occidentales. Les armées britanniques et américaines ne le remplaceront qu'en 2001 par le modèle Mabey-Johnson[1].

Élément de pont Bailey au Mémorial Pegasus à Ranville.

Utilisation par la France après 1945

Après la guerre le pont Bailey a été largement déployé en France par le génie militaire à la suite de catastrophes naturelles ou technologiques[4] - [5]. Fin 2020, un pont Bailey est par exemple construit dans la vallée de la Roya, à la suite des destructions de ponts dues à la Tempête Alex[6] - [7].

Par ailleurs il a été déployé hors de France dans le cadre d’interventions françaises. Ainsi six ponts Bailey sont mis en place par l'armée française en septembre 2006 après la destruction de la plupart des ponts au sud de Beyrouth par l'armée israélienne, pendant la guerre contre le Hezbollah[8].

Ă€ partir de 2010, l'armĂ©e française dispose de 35 de ces ponts, 20 gĂ©rĂ©s par le Centre national des ponts de secours du ministère de l’Écologie et 15 par les unitĂ©s du gĂ©nie militaire[9].

En 2013, l'armée française installe un pont de ce type à Tassiga, au sud de Gao au Mali, en remplacement d'un pont détruit par les djihadistes au cours de l'intervention militaire au Mali[10].

En 2015, un pont Bailey est construit à Bangui (Centrafrique), inauguré par la présidente Catherine Samba-Panza[11].

Le Centre national des ponts de secours gère un stock d'une centaine de ponts Bailey à des fins de sécurité civile tandis que des entreprises privées sont dorénavant en mesure d’en fournir et de les déployer[12].

Conception

Pont de Tilff surmonté d'un pont Bailey provisoire.
DĂ©tail du pont Bailey de Pont-Farcy (Calvados).

Le cahier des charges exigeait la confection d'un pont polyvalent, modulable en portĂ©e (jusqu'Ă  60 m sans appui) et en charge (jusqu'Ă  70 tonnes). Le montage devait en ĂŞtre facile et rapide, sans utilisation de moyen mĂ©canique, l'ensemble devant pouvoir ĂŞtre dĂ©montable et transportable Ă  bord de camions militaires standards[1].

Le pont Bailey s'inspire du pont-route métallique français, mais en poussant le principe du démontage en un Meccano dont les pièces les plus lourdes peuvent être portées à bras :

  • les panneaux constituant les poutres principales, de 202 kg, portĂ©s par 4 hommes
  • les pièces de pont de 272 kg portĂ©es par 6 hommes.

L'avantage principal est de pouvoir - par le jeu du nombre des poutres porteuses latĂ©rales - faire varier de manière considĂ©rable la force portante en fonction des charges Ă  faire passer et de l'Ă©cartement des appuis. Chaque type de pont est dĂ©signĂ© par une appellation double, utilisant les mots "simple", "double" et "triple". Le premier indique le nombre de poutrelles Ă©lĂ©mentaires juxtaposĂ©es pour chacune des deux poutres porteuses ; le second, le nombre de panneaux, en hauteur, de chaque poutrelle. On obtient ainsi sept types de ponts fonctionnels : S-S, D-S, T-S, D-D, T-D, D-T et T-T. Le pont est assemblĂ© sur la rive, deux fois plus long que nĂ©cessaire pour ne pas basculer, puis poussĂ© sur rails vers son emplacement prĂ©vu. Le trop construit est dĂ©montĂ© après coup. Deux heures suffisent Ă  40 sapeurs pour installer un ouvrage basique de 24 mètres de long.

Notes et références

  1. Nicolas Aubin 2015 op. cit.
  2. (en) « UK Military Bridging – World War II (Africa and Northwest Europe) », sur ThinkDefence.co.uk, .
  3. Gordon L. Rottman, World War II River Assault Tactics, Osprey, 2013, p. 39.
  4. « https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/hautes-pyrenees/inondations-un-pont-provisoire-mis-en-place-par-l-armee-pour-desenclaver-cauterets-282771.html », sur France 3 Occitanie, (consulté le ).
  5. « Les Tourangeaux privés du pont Wilson pendant quatre ans (6/6) », sur La nouvelle république, (consulté le ).
  6. Thibaut Lefèvre, « Les troupes du génie militaire ne reviendront pas dans la Roya », sur France Inter, (consulté le ).
  7. « Les ponts de secours, "une vraie bouffée d'oxygène" pour les vallées sinistrées par la tempête Alex », sur Nice Matin, (consulté le ).
  8. Pierre France, « La Légion sur le pont au Liban », sur La Dépêche, (consulté le ).
  9. Philippe Chapleau, « Méconnu, le Centre national des ponts de secours stocke et gère les ponts Bailey », sur Ouest-France, (consulté le ).
  10. Opération Serval : reconstruction d'un pont à Tassiga. Site du Ministère français de la Défense..
  11. « Construction d'un pont Bailey à Bangui », sur YouTube, chaîne de l'armée française, (consulté le ).
  12. « 25 ans d'expérience dans la location de ponts Bailey », sur pontbaileytoustravaux.com (consulté le ).

Annexes

Bibliographie

  • Nicolas Aubin, « Le Bailey, un pont de gĂ©nie », Guerres & Histoire, no 28,‎ , p. 70-73 (ISSN 2115-967X).Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Sous la direction d'Antoine Picon, L'art de l'ingĂ©nieur constructeur, entrepreneur, inventeur, p. 71, Centre Georges Pompidou/Ă©ditions Le Moniteur, Paris, 1997 (ISBN 978-2-85850-911-9).
  • Gordon L. Rottman, World War II River Assault Tactics, Osprey, 2013 .

Articles connexes

Liens externes

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