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Gao (Mali)

Gao est une ville et une commune du Mali, chef-lieu du cercle et de la région de Gao, située sur le fleuve Niger. Elle a été, de 2012 au , capitale autoproclamée du territoire sécessionniste de l'Azawad.

Gao
Gao (Mali)
L'assemblée régionale à Gao.
Administration
Pays Drapeau du Mali Mali
Région Gao
Cercle Gao
Maire Boubacar Dacka (RPM)
Démographie
Population 124 689 hab. (2021)
Densité 20 111 hab./km2
Population précédent recensement 52 201 hab. (1998)
Taux de croissance annuel moyen 3.9 %
Géographie
Coordonnées 16° 16′ 00″ nord, 0° 03′ 00″ ouest
Altitude 226 m
Superficie 620 ha = 6,2 km2
Localisation
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Gao
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Gao

    Histoire

    Fondation

    Gao est une ville du Mali fondée au VIIe siècle au temps de l'empire de Gao. Elle doit sa prospérité à sa situation de carrefour fluvial et caravanier. La « route des chars » qui part au Ve siècle avant l'ère commune du Fezzan (Libye actuelle) au fleuve Niger s'achève dans les environs de l'actuelle Gao[1]. Le site est donc, dès l'Antiquité, en situation de carrefour entre le Sahel et les régions du centre saharien. Les poids utilisés pour les pesées marchandes les plus anciens qui sont retrouvés à Gao ne correspondent ni au système des poids et mesures d'Andalousie ni à ceux de la Tunisie médiévale, contrairement à ceux retrouvés sur les autres sites archéologiques des villes caravanières. Il est probable que Gao fut donc d'abord un centre commercial régional, en lien avec les mines de cuivre de l'Aïr, plutôt qu'avec les grands oasis marchands de l'aire berbero-musulmane[2].

    Période des empires

    Au Xe siècle, la ville devient la capitale politique des Songhaï qui ont fondé l'empire de Gao, en lieu et place de Koukia, située plus en aval du fleuve, mais qui restera jusqu'au XVIe siècle la capitale spirituelle et religieuse des différentes constructions politiques songhaï (d'abord royaume de Gao, ensuite empire songhaï des Sy et des Askias). Gao, excentrée par rapport aux grands axes du commerce caravanier transsaharien, garde un héritage animiste antéislamique plus fort que ses consœurs Djenné, Oualata et Tombouctou.

    L'empire du Mali a ensuite conquis Gao en 1325, tout en laissant s'appliquer les lois songhaï. Gao est ensuite (1464) devenue le centre d'un empire, l'empire songhaï, sous l'action de Sonni Ali Ber. La ville de Gao est une capitale prospère de 70 000 personnes. L'invasion marocaine de 1591 a largement détruit la ville, qui est restée de taille relativement moyenne jusqu'à la période de colonisation française aux XIXe siècle et XXe siècle.

    Gao fut, jusqu'au XVIe siècle et la destruction de l'empire songhaï (1591), un important centre commercial, car elle est située sur la route des caravanes qui assuraient le commerce transafricain sur le fleuve Niger, voie de communication majeure de l'Afrique occidentale. Une miniature jadis exposée au Musée des arts africains et océaniens montre l'activité d'un ancien marché de cette ville.

    Son affaiblissement politique lors de la mise en place du Pachalik de Tombouctou entraîne également le repli commercial sur l'aire régionale. Gao reste un carrefour privilégié entre le monde saharien et le Sahel, elle garde son statut de ville caravanière majeure sur l'axe ouest-est, jouant en particulier un rôle de transmission de l'Islam à destination des cités haoussa (Nord Nigeria actuel)[3].

    Époque moderne (XVIe siècle-XXe siècle)

    La ville de Gao amorça son déclin lorsque les grands navires européens se mirent à contourner l'Afrique, rendant non compétitives économiquement les caravanes qui la traversaient. Mais elle garde, à l'instar de Tombouctou ou Samarcande, qui ont décliné pour la même raison, une place dans l'imaginaire collectif.

    Gao est parcourue par la Mission Hourst en 1896 et conquise par l'armée coloniale française en [4].

    Alors que le Soudan français est une colonie française, Gao devient par la loi française du [5], une commune de moyen exercice, dirigée par un maire, fonctionnaire nommé par le chef de territoire, assisté d’un conseil municipal élu par un collège unique[6]. La loi du donne un statut commun à toutes les communes créées avant l’indépendance du Mali en 1960. Un conseil municipal élu désigne en son sein le maire et un ou plusieurs adjoints[6].

    Conflits sahariens du XXIe siècle

    Lors de l'insurrection de 2012, la ville tombe sous le contrôle du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) le . Le , par un communiqué publié sur son site, le MNLA y déclare proclamer « irrévocablement l’État indépendant de l’Azawad »[7]. Le MNLA est bientôt supplanté par des mouvements islamistes plus radicaux, comme Ansar Dine, et surtout le MUJAO qui contrôlent la ville et y instaurent la charia. À la suite de l'engagement militaire de la France en janvier 2013 dans le cadre de l'opération Serval, l'armée française, appuyée par celle du Mali, reprend le contrôle de la zone de l'aéroport de Gao et du pont de Wabaria, le [8] puis plus tard dans la journée de l'ensemble de la ville[9] après quelques combats contre des unités résiduelles, entrainant entre une quinzaine et vingt-cinq morts dans les rangs djihadistes[10]. La libération de la ville par les troupes franco-maliennes est accueillie avec enthousiasme par la population, le maire Sadou Diallo est restauré dans ses fonctions le jour même en regagnant la ville[9], et rapidement des troupes en provenance du Tchad et du Niger prennent position pour assurer le contrôle de Gao alors que l'armée française continue son avancée vers le nord du pays[10].

    Dans les jours qui suivent la reprise de la ville par le gouvernement de Bamako, plusieurs attaques et attentats suicides menés par le MUJAO frappent Gao et nécessitent l'intervention de l'armée malienne et de l'aviation française détruisant de nombreuses infrastructures (marché, lignes électriques)[11]. Durant les mois qui suivent, les troupes nigériennes sont chargées par la MINUSMA, avec des éléments français, de sécuriser la ville[12].

    Administration et politique

    Année Maire élu Parti politique
    2004 Alassane Ali Touré RPM
    2009 Sadou Harouna Diallo[13] Indépendant
    2016 Boubacar Dacka[14] RPM

    Jumelage et coopération

    Gao est jumelée avec Thionville en France. Par ailleurs, une opération de coopération décentralisée dans le domaine de l'assainissement et des déchets est menée par le centre international de l'Eau de Nancy (NanciEau) en partenariat avec l'Association internationale des maires francophones (AIMF).

    Démographie

    Le territoire de la commune de Gao est restreint et entièrement urbanisé et l'aire urbaine déborde au sud avec la banlieue de Bagoundé située sur la commune de Gounzoureye. La densité de la population, au recensement de 2009, atteint ainsi 13 928 habitants/km2 avec 86 353 habitants pour 6,2 km2. La croissance démographique de la ville est très soutenue et atteint, entre 1998 et 2009, 4,7%[15].

    Évolution démographique
    1976 1987 1998 2009
    30 71455 26652 20186 353
    (Sources : [16] - [17] - [18] - [19])

    Économie

    La ville de Gao possède un aéroport international[20] ouvert une grande partie de l'année. Elle reste une voie de communication importante sur le fleuve Niger où transitent hommes et marchandises.

    Le tourisme prend de plus en plus d'importance et constitue une source importante de revenus. La ville possède en effet un patrimoine notable, notamment avec le tombeau des Askias inscrit au patrimoine de l'UNESCO depuis . La dune rose, nommée ainsi en raison des lumières du coucher du soleil, le long du fleuve Niger est située aux portes du désert, et constitue également une attraction pour les visiteurs qui descendent le fleuve.

    Depuis le , le pont de Wabaria enjambe le Niger, remplaçant ainsi le bac[21]. Il contribue à l'essor de Gao, le pont le plus proche en aval se trouvant à Niamey au Niger (500 km environ), et ceux en amont à Markala (barrage-pont de Sansanding) (900 km environ) puis Bamako (1 100 km environ).

    Gao est relié à Koulikoro par la Compagnie malienne de navigation, pendant la saison des hautes eaux du Niger, soit de quatre à cinq mois par an.

    Culture et patrimoine

    La mosquée Kankou Moussa est construite au XIVe siècle à Gao par l'architecte Abou Ishaq es-Sahéli. En 2004, l'UNESCO reconnaît le tombeau des Askia comme un des sites du patrimoine mondial. Grâce à ce classement, le tombeau des Askia est maintenant protégé et la ville de Gao reçoit depuis une aide financière pour développer son projet relatif au site.

    La 7e édition du Festival des arts et cultures songhay s’est tenu du 9 au à Gao[22].

    Religion

    La région de Gao est principalement de confession sunnite malékite.

    Sports

    La ville de Gao est dotée d'un stade nommé stade Kassé Keïta ; il a été rénové pour la coupe d'Afrique des nations de football 2002.

    Personnalités liées à la ville

    Notes et références

    1. Lhote (Henri), « La route des chars de guerre libyens Tripoli-Gao », Archeologia, no 9, , pages 28 à 36
    2. Bernard Nantet, L'invention du désert. Archéologie au Sahara, Paris, Payot, coll. « Voyageurs Payot », , 382 p. (ISBN 2-228-89192-4)
    3. Catherine Coquery-Vidrovitch, Histoire des villes d'Afrique noire. Des origines à la colonisation, Paris, Albin Michel, coll. « L'évolution de l'Humanité - Bibliothèque de Synthèse historique », , 412 pages (ISBN 2-226-06330-7), chap. IV. (« Villes de l'Islam »), p. 128
    4. C. Grémont, « Comment les Touaregs ont perdu le fleuve : éclairage sur les pratiques et les représentations foncières dans le cercle de Gao (Mali)], 19e-20e siècles », dans Marie-Christine Cormier Salem, D. Juhé-Beaulaton, Jean Boutrais et B. Roussel (éds.), Patrimoines naturels au Sud : territoires, identités et stratégies locales, Paris, IRD et MNHN, coll. « Colloques et Séminaires / Patrimoines Naturels au Sud : Territoires, Identités et Stratégies Locales : Séminaire, Paris (FRA), 2004 », (ISBN 2-7099-1560-X, lire en ligne), p. 237-290
    5. Loi N° 55-1489 du 18 novembre 1955 relative à la réorganisation municipale en Afrique Occidentale Française, en Afrique Équatoriale Française, au Togo, au Cameroun et à Madagascar
    6. Kô Samaké et Modibo Keïta, « Recherche sur l’Historique de la Décentralisation au Mali : de la Période Coloniale à la 3ème République », sur Penser pour agir.org,
    7. « Déclaration d'indépendance de l'État indépendant de l'Azawad », sur mnla.mov (consulté le )
    8. « Mali : l'armée française s'empare de l'aéroport de Gao », Le Point, (lire en ligne).
    9. « Mali: les troupes françaises et maliennes ont repris la ville de Gao », Libération, (lire en ligne).
    10. (en) « With Fighters Gone, Malians Welcome Normal Days », The New York Times, (lire en ligne).
    11. Mali : les combats ont dévasté le marché central de Gao par David Baché dans Le Figaro du 27 février 2013.
    12. Trois minutes pour comprendre les enjeux de l'élection au Mali dans Libération du 26 juillet 2013.
    13. « Ramata Diarra, Commune urbaine de Gao Sadou Diallo, transfuge de l’Adéma, élu maire », Les Échos, (lire en ligne)
    14. « Malijet Boubacar Dacka nouveau maire de Gao Bamako Mali », sur malijet.com (consulté le )
    15. (de) « Mali - Kreise und Gemeinden », sur City Population, (consulté le )
    16. (de) « Mali », sur City Population, (consulté le )
    17. « Recensement général de la population et de l'habitat - Population Urbaine (Résultats Provisoires) - 1987 » [PDF], (consulté le ), p. 13
    18. « Recensement général de la population et de l'habitat - 1987 », (consulté le ), p. 317
    19. République de Mali: Institut National de la Statistique, « Résultats Provisoires RGPH 2009 (Région de Gao) » [archive du ]
    20. « GAO / Korogoussou (GAGO) » (consulté le )
    21. « Le pont de Gao, « un rêve devenu réalité » », sur rfi.fr,
    22. « Festival des arts et cultures Songhay : Un facteur d’épanouissement de la région de Gao », Les Échos,

    Annexes

    Bibliographie

    • Abiola Félix Iroko, Gao, des origines à 1591, Université Panthéon-Sorbonne, Paris, 1973, 385 p. (thèse de 3e cycle d'Histoire)
    • Éric Milet (et al.), « Gao », in Mali, Olizane, Genève, 2007, p. 243-256
    • Anne Ouallet, Gao, indicateur urbain de la crise sahélienne, Université de Rouen, 1993 (thèse de Géographie)

    Articles connexes

    Liens externes

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