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Opération Serval

L’opération Serval est une opération militaire menée au Mali par l'Armée française. Lancée en et menée dans le cadre de l'intervention militaire au Mali, elle s'achève en lorsque les forces engagées dans le pays intègrent un dispositif régional : l'opération Barkhane.

Opération Serval

Pendant la guerre du Mali

Description de cette image, également commentée ci-après
Logo de l'opération Serval.
Localisation Drapeau du Mali Mali
Planifiée par Drapeau de la France France
Cible Ansar Dine Ansar Dine
Shabab MUJAO
Shabab AQMI
Date -
(1 an, 6 mois et 21 jours)
Participants

Amiral Édouard Guillaud
(chef d'état-major des armées)
Général de brigade Grégoire de Saint-Quentin
(commandant en chef de l'opération)
Général de division Marc Foucaud (commandant en chef à partir du 11 août 2013)
Général de brigade Bernard Barrera
(commandant des opérations terrestres)
Général de brigade Laurent Kolodziej (commandant des opérations terrestres à partir du 8 mai 2013)
Colonel Laurent Rateau
(commandant de la composante aérienne)

Armée de l'air française

Marine nationale (Aviation navale)

Armée de terre

COS

DGSE

Direction du Renseignement militaire

Gendarmerie nationale[1] - [2]

Issue Reconquête du nord du Mali avec l'armée malienne et les forces de la MISMA
Remplacée par l'opération Barkhane
Pertes 9 morts[3]
300 blessés

L'opération a pour objectif de soutenir les troupes maliennes cherchant à repousser une offensive des groupes armés islamistes qui ont pris le contrôle de l'Azawad, la partie nord du pays. Les buts de cette intervention tels qu'exprimés par le président français, François Hollande, le sont d'arrêter l'avancée en direction de Bamako des forces djihadistes, sécuriser la capitale du Mali et permettre au pays de recouvrer son intégrité territoriale.

Contexte

Depuis le , un conflit armé oppose dans le nord du Mali l'armée malienne aux rebelles touaregs du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) et au mouvement salafiste Ansar Dine, alliés à d'autres mouvements islamistes[4].

Le MNLA revendique l'autodétermination et l'indépendance de l'Azawad qui correspond aux trois régions maliennes de Kidal, Tombouctou et Gao[5]. Le gouvernement malien refuse ces revendications, défendant l'intégrité du territoire malien[6]. Le mouvement Ansar Dine de l'ancien combattant touareg Iyad ag Ghali défend, lui, l'instauration d'une république islamique avec l'application de la charia[7].

Le , François Hollande, président français reçoit le président nigérien, Mahamadou Issoufou, à l'Élysée pour discuter d'une intervention française et de la protection des exploitations française des mines d'uranium, au Niger, à la frontière avec le Mali[8] - [9].

Forces engagées

Forces spéciales

Pucelle de la brigade Serval. Basé sur celui de la 3e brigade mécanisée avec sa devise : Un seul but, la victoire auquel a été rajouté la carte du Mali et les insignes d'armes ayant participé aux opérations au Mali en 2013.
Les hélicoptères Gazelle du 4e RHFS sont les premiers aéronefs français à cibler les colonnes Djihadistes.
Troupes françaises à Bamako dans le cadre de l'opération Serval en 2013.

Les premières troupes françaises à intervenir sont celles des forces spéciales du COS prépositionnées au Sahel dans le cadre du dispositif Sabre qui se déploient dans le secteur de l'aéroport de Mopti-Sévaré[10].

Ensuite, les forces spéciales continuent d'assurer des missions de reconnaissance et d'appui de l'armée malienne[11]. On estime, selon certaines sources (les détails des opérations spéciales sont classifiés secret défense), que plus de deux cents commandos, appartenant aux trois armées, sont impliqués dans l'opération Serval, ce qui représenterait l'une des plus grosses opérations jamais menées par le COS[12].

Les forces spéciales des trois armées sont déployées dans l'Adrar des Ifoghas afin de mener des missions de renseignement humain et vraisemblablement de guidage de frappes aériennes[13].

Forces terrestres françaises

Ordre de bataille initial des forces de l'armée de terre française engagés dans l’opération Serval.
Débarquement de soldats français à l'aéroport international de Bamako-Sénou depuis un C-17 américain le 23 janvier 2012.
Des véhicules français transportés au Mali à bord d'un avion C-17 américain, le 31 janvier 2013.

À partir de la nuit du 10 au , des éléments des forces spéciales sont engagées dans la région de Mopti puis sont rapidement renforcées par la projection à Bamako par avions C-130 Hercules et C-160 Transall de deux cents militaires du 21e RIMa prélevés sur le dispositif Épervier, basé au Tchad[14] ainsi que d’un peloton de légionnaires du 1er REC d’Orange[15].

En métropole, les légionnaires du 2e REP qui sont d'alerte Guépard sont mis en alerte le . Ils forment un groupement parachutiste avec l'état-major, la 2e compagnie (quaternaire) renforcée d'une section anti-char (SAC), un groupe de commandos-parachutistes; deux compagnies (tertiaires) du 1er RCP elles-mêmes renforcées d'une section chacune du 17e RGP. Le REP quitte Calvi quelques jours plus tard pour la Côte d'Ivoire afin de préparer le saut sur Tombouctou. La 3e Cie du 2e REP, déjà projetée à Bangui en , est mise en alerte à son retour sur Libreville (Gabon) et rejoindra le régiment dans les Ifoghas pour la deuxième phase de l'opération.

La montée en puissance des effectifs de l'armée de terre se poursuit avec le déploiement d'une compagnie du 2e RIMa, stationné à Auvours, qui rejoint Bamako au cours du week-end du 12 au [15]. Parallèlement, un renforcement des moyens aéromobiles de l'ALAT est décidé avec l'acheminement à partir du d'hélicoptères d'attaque Tigre HAP, offrant des capacités de protection supérieures aux Gazelle mises en œuvre par le COS[15]. Les moyens terrestres se voient également renforcés par l’acheminement en partie assuré par des avions C-17 Globemaster III mis à disposition par la Royal Air Force d'engins de type véhicule de l'avant blindé (VAB) et de chars légers de type ERC-90 Sagaie et AMX-10 RC, en provenance du Tchad et de France[15].

Une soixantaine de véhicules blindés prélevés sur le dispositif Licorne déployé en Côte d'Ivoire est acheminée à l'aéroport de Bamako par voie terrestre dans la nuit du 14 au afin de renforcer les moyens français luttant contre les forces djihadistes. Ces engins, notamment des blindés légers de type ERC-90 Sagaie, VBL et VAB, sont dans un premier temps cantonnés dans la capitale malienne avant d'être engagés dans les combats qui opposent l'armée malienne, appuyée par des soldats des forces spéciales et l'aviation française, aux islamistes armés[16]. Les renforts humains associés se composent d'un sous-groupement tactique interarmées (SGTIA) de deux cents militaires armé par les 3e RPIMa, 1er RHP et 17e RGP, détachés en Côte d'Ivoire[17].

L’ensemble de ces effectifs supplĂ©mentaires est commandĂ© par un Ă©tat-major tactique mis en Ĺ“uvre par le 21e RIMa du colonel Paul Gèze[17]. Au total, au soir du , les effectifs des forces terrestres françaises engagĂ©es au Mali s’élèvent Ă  huit cents hommes[17]. Ces effectifs au sol sont portĂ©s Ă  1 400 hommes le [18] puis 1 800 hommes le , selon le ministère de la DĂ©fense[19], faisant de l'opĂ©ration Serval la première opĂ©ration extĂ©rieure de l'armĂ©e française du point de vue des effectifs engagĂ©s, devant son engagement en Afghanistan[20].

Le commandement des forces terrestres, dirigé par le général Bertrand Clément-Bollée, organise le déploiement des forces dans le cadre de ses missions qui sont la préparation opérationnelle des forces, le suivi de leurs capacités et le soutien organique de leur engagement opérationnel[21].

Forces aériennes françaises

Un Mirage 2000D de l'escadron de chasse 3/3 Ardennes ravitaillé par un KC-135 américain au-dessus du Mali, le . Ce couple d'aéronefs est employé pour les premières frappes de l'armée de l'air au Mali.
Un drone MALE Harfang à Bagram, en 2009. L'armée de l'air déploie à Niamey deux Harfang pour des missions de renseignement, de désignation d'objectifs et de visualisation des combats.
Rafale B 113-HO de l'Escadron 2/92 "Aquitaine" de l'armée de l’air française à la sortie d'un ravitaillement en vol lors d'une opération au Mali le 17 mars 2013.

Dès le début de l'opération, l'armée de l'air place en alerte ses moyens aériens basés à l'aéroport international de N'Djaména dans le cadre du dispositif Épervier et décide de les renforcer.

Ces moyens comprennent des aéronefs, du personnel de soutien, notamment, leurs mécaniciens, ainsi que des forces spéciales, en particulier, le Commando parachutiste de l'air n°10 et le Commando parachutiste de l'air n° 20[22].

Appareils de combat

Trois Mirage 2000D et un C-135FR du GRV Bretagne qui devaient rentrer en France restent sur place, s'ajoutant au dispositif identique qui venait les relever[20]. Ce sont donc, en plus des deux Mirage F1 CR, six Mirage 2000D, trois C-135FR, un C-130 Hercules et un C-160 Transall qui arment le groupement air de la force Épervier dès le 12 janvier.

Le dĂ©tachement Rafale Ă  N'DjamĂ©na compte, Ă  partir du , six appareils, dont deux biplaces qui effectuent des missions d'interdiction aĂ©rienne, d'appui aĂ©rien rapprochĂ© mais aussi de reconnaissance, Ă  l'aide de la nacelle Reco NG[23]. Ce dernier est armĂ© par une quinzaine d'Ă©quipages en provenance des escadrons de chasse 1/91 Gascogne, 1/7 Provence et 2/30 Normandie-Niemen, constituĂ©s chacun d'un pilote et d'un navigateur officier systèmes d'armes (NOSA), qui effectuent une moyenne de quatre sorties par jour[23]. Sur les 100 militaires que compte le dĂ©tachement Rafale, 80 techniciens mettant en Ĺ“uvre un lot technique de 90 tonnes assurent le maintien en condition opĂ©rationnelle des aĂ©ronefs[23].

Le , les deux Mirage F1 CR de l'escadron de reconnaissance 2/33 Savoie basés à Ndjamena sont transférés à l’aéroport international de Bamako-Sénou[24]. Ils sont rejoints le par trois Mirage 2000D et leur groupe de soutien, également en provenance de Ndjamena[25]. Dans un souci de ménagement des avions ravitailleurs français et afin de maximiser l'allonge des aéronefs, les six Mirage 2000D mobilisés opèrent tous de Bamako depuis début février 2013[26]. Ce sont ensuite deux C-135FR qui viennent renforcer le détachement aérien à Bamako dans le but de faciliter le soutien des opérations aériennes[27].

L'Armée de l'air engage, à compter du , le plot CSAR de l'opération Serval. Il est composé de 2 Puma de l'escadron d'hélicoptères 01.067 Pyrénées. Par cette présence, l'Armée de l'air assure la sécurité des équipages survolant le territoire hostile. Également intégrés au GAM de l'Armée de terre, les équipages du « Pyrénées » interviendront au plus près des zones de combats pour extraire les blessés français et africains.

À partir du , l'armée de l'air déploie à Niamey, la capitale du Niger, deux drones MALE Harfang mis en œuvre par l'escadron de reconnaissance 1/33 Belfort[28] afin d'apporter un soutien en matière de renseignement d'origine image (ROIM). Réalisant sa première mission opérationnelle au-dessus du Mali dès le [29], et effectuant aussi des missions de désignation d'objectifs, l'Harfang bat, au cours de son engagement sur le théâtre malien, son record d'endurance, réalisant un vol de 26 h 10[30].

L'armée de l'air stationne au Sénégal un AWACS Boeing E-3F Sentry de la base aérienne 702 Avord. Cet avion radar est déployé au-dessus du Mali afin de coordonner les opérations aériennes françaises, notamment lors des opérations aéroterrestres aboutissant au parachutage du 2e REP sur Tombouctou[31] - [32].

Le 16 avril 2013, 6 aéronefs quittent le théâtre des opérations. Trois Mirage 2000D, deux Rafale et un C-135FR quittent le Mali pour rejoindre leurs bases aériennes en France. Les trois Mirage 2000D, stationnés à Bamako, ont rejoint la base de Nancy-Ochey. Les deux Rafale, stationnés à N’Djamena, ont rejoint la base de Saint-Dizier. Enfin, le C-135FR a rejoint la base d'Istres[33].

Il ne reste, dès lors, plus que neuf avions de combat déployés en soutien à l'opération Serval : trois Mirage 2000D à Bamako et six Rafale B/C à N'Djamena[34]. Au 20 juillet 2013, l'aviation française a largué un total de 280 bombes[35].

Le 7 novembre 2013, les six Rafale B/C sont toujours déployés à N'Djamena et les trois Mirage 2000D sont toujours à Bamako. Deux ravitailleurs sont présents sur zone, un à Bamako et l'autre à N'Djamena. Enfin, les avions de transport tactique sont au nombre de 6 sur la zone : deux Transall à Bamako, un CN235 médicalisé à Gao, un deuxième à Libreville et un troisième à N'Djamena, où se trouve également un Hercules[36].

Commandos parachutistes de l'air

Outre les aéronefs, au bénéfice des forces spéciales ou conventionnelles, l'armée de l'air déploie sur le territoire malien une centaine d'éléments de ses trois unités de commandos parachutistes de l'air[37], soit 20 % de leur effectif total[38]. Le CPA 20 est opérationnel dès le , puis rejoint par les CPA 10 et 30, remplissant un large spectre de missions parmi lesquelles le guidage d'appui aérien rapproché, voire la saisie de plateformes aéroportuaires[38].

Forces aériennes d'autres États

Le tableau suivant liste les appareils d'États autres que la France ayant contribué à l'opération Serval entre et [39] :

DestinationAppareilÉtatNombre
TransportC-17 Globemaster IIIDrapeau des États-Unis États-UnisPlusieurs pour 30 rotations
Drapeau du Canada Canada2
Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni2
C-160 TransallDrapeau de l'Allemagne Allemagne2
C-130 HerculesDrapeau de la Belgique Belgique2
C-130J Super HerculesDrapeau du Danemark Danemark1
Ravitaillement en volKC-135 StratotankerDrapeau des États-Unis États-Unis3
KC-767Drapeau de l'Italie Italie1
KC-10 ExtenderDrapeau des Pays-Bas Pays-Bas1
A310 MRTTDrapeau de l'Allemagne Allemagne1
Évacuation médicaleAgusta A.109Drapeau de la Belgique Belgique1
Renseignement, surveillance, reconnaissanceMQ-1 PredatorDrapeau des États-Unis États-UnisPlusieurs
RQ-4 Global HawkDrapeau des États-Unis États-Unis1
Sentinel R1Drapeau du Canada Canada1

Marine nationale

Le BPC Dixmude, ici à Toulon le 14 juillet 2011, est le premier bâtiment de la Marine nationale engagé dans l'opération Serval.

Les avions de patrouille maritime Atlantique 2, de l'aviation navale, sont utilisés pour les missions d’observation et de renseignement[40].

Le 18 janvier, le nombre d'Atlantique 2 stationnĂ©s Ă  Dakar est portĂ© Ă  cinq, au lieu d'un en condition normale[41]. L’Atlantique 2, est en fait la clĂ© de voĂ»te de l’opĂ©ration Serval. Ces « sentinelles du ciel peuvent opĂ©rer durant 14 heures, un avantage considĂ©rable pour « durer » et offrir une permanence sur zone. Ils disposent en outre d’importants moyens de dĂ©tection : radar, système de dĂ©tection Ă©lectro-optique permettant d’obtenir des images de jour comme de nuit, moyens d’écoute, transmission de donnĂ©es… Sans oublier des postes d’observation amĂ©nagĂ©s dans la carlingue, d’oĂą des guetteurs peuvent observer le terrain survolĂ©. Les avions de PATMAR disposent Ă©galement d’un atout essentiel. Ils disposent d’un vĂ©ritable Ă©quipage, constituĂ© d’une vingtaine de marins, dont des spĂ©cialistes de la dĂ©tection. D’oĂą leur surnom de « frĂ©gates volantes » puisqu’à l’instar d’un bâtiment, cet Ă©quipage offre une capacitĂ© de rĂ©flexion, d’analyse et de comprĂ©hension de l’environnement, qu’il peut partager avec l’état-major et les autres moyens engagĂ©s. Une valeur ajoutĂ©e que ne peut par exemple pas offrir un drone aĂ©rien. »[42].

Pouvant emporter quatre bombes guidĂ©es laser GBU-12 de 250 kg, guidĂ©es depuis le sol ou Ă  l'aide du pod de dĂ©signation d'un avion de chasse, les ATL2 participent Ă©galement aux frappes aĂ©riennes conduites au nord-Mali par l'armĂ©e de l'air[43].

Le , escortĂ© par l'aviso Lieutenant de vaisseau Le HĂ©naff[44], le bâtiment de projection et de commandement Dixmude quitte le port militaire de Toulon avec 1 820 tonnes de matĂ©riel militaire[45] dont 50 tonnes de munitions et environ 140 vĂ©hicules de tout type tels que des VBCI, des chars AMX-10 RC ou des Renault GBC 180, ferroutĂ©s depuis le nĹ“ud logistique du 4e RMAT de Miramas[46] - [47]. Le BPC arrive au port de Dakar le et y dĂ©barque son fret dont des dizaines de vĂ©hicules ainsi qu'un second GTIA, armĂ© par le 92e RI et le 1er RIMa[48]. La colonne de matĂ©riels quitte Dakar le et atteint Bamako trois jours plus tard, après un long pĂ©riple routier via Kayes, avant de poursuivre le vers Gao[49].

Le bâtiment civil MN Eider affrĂ©tĂ© pour l'opĂ©ration quitte Toulon le 28 janvier avec l'ensemble des matĂ©riels de la 1re brigade logistique, soit 2 700 tonnes de chargement, dont environ 250 vĂ©hicules. Il transporte de nombreux camions et quelques blindĂ©s de combat (VAB, VBCI) destinĂ©s Ă  complĂ©ter les unitĂ©s dĂ©jĂ  projetĂ©es, ainsi que des dizaines de VBL, de PVP et de Peugeot P4[50]. Il arrive Ă  Dakar le [51]. Par ailleurs, entre le 18 et le , ce bâtiment effectue une deuxième rotation vers Dakar pour y dĂ©livrer du fret Ă  destination des forces dĂ©ployĂ©es dans l’opĂ©ration Serval[27] ou il est escortĂ© par le PM L'Her.

Déroulement de l'opération

Chute de Konna et appel du président malien (du 1er au 10 janvier 2013)

Carte de l'extension maximale (courant ) des territoires contrôlés par les rebelles touaregs et les islamistes (contour rose).

Le 1er janvier, de source proche du médiateur burkinabé, une délégation d'Ansar Dine aurait remis une « plateforme politique » au président burkinabé à Ouagadougou[52]. Celle-ci réclamerait que le Mali choisisse entre laïcité et intégrité du territoire[53].

Le , Iyad ag Ghali fait savoir à l'agence mauritanienne privée Sahara Médias qu'il retire l'offre de cessation des hostilités faite le à Alger, au lendemain de la résolution 2085 du Conseil de sécurité des Nations unies du [52].

Le , bien que notant qu'Ansar Dine « [remet] un peu en cause le principe de la cessation des hostilités », le ministre burkinabé des affaires étrangères Djibrill Bassolé maintient une réunion prévue pour le entre Ansar Dine, MNLA et émissaires maliens[53].

Le , plusieurs convois de pick-ups fortement armĂ©s s’avancent jusqu'Ă  BorĂ©, Ă  25 km des positions maliennes[54], après l'installation quelques jours auparavant d'une base arrière des djihadistes Ă  Bambara MaoudĂ©[55]. L'armĂ©e malienne procède Ă  des « tirs de sommation » dans la nuit du 7 au , puis progresse entre Konna et Douentza. L'ennemi recule[56].

Les djihadistes attaquent Konna le à 8 heures 30[57]. C'est la première fois depuis neuf mois qu'ils reprennent le combat contre l'armée malienne[57]. D'intenses combats ont lieu jusque vers 16 heures, après quoi l'armée malienne en difficulté se replie vers Sévaré[57]. Un porte-parole du ministère français des affaires étrangères réagit le en demandant le « déploiement rapide d'une force africaine au Mali ainsi que de la mission européenne de formation et de conseil », et en renouvelant un « appel à une fin immédiate de la progression des groupes armés rebelles vers le Sud du Mali »[58].

Le même jour, le conseil de sécurité de l'ONU réuni en urgence à la demande de la France communique sa « profonde inquiétude relative aux mouvements militaires et aux attaques de terroristes islamistes signalés dans le nord du Mali, en particulier la prise de la ville de Konna » et l'ambassadrice des États-Unis auprès de l'ONU Susan Rice indique que les autorités maliennes ont fait parvenir au conseil de sécurité de l'ONU une demande d'aide militaire consistant pour l'essentiel en une demande adressée à la France[59]. L'ambassadeur français auprès de l'ONU, Gérard Araud, précise qu'il s'agit d'une lettre du président malien Dioncounda Traoré adressée à Ban Ki-moon qui l'a communiquée au conseil de sécurité, et que la France fera connaître sa réponse le lendemain[60].

Le même jour, un reporter du magazine allemand Der Spiegel assiste à des atterrissages d'avions Transall français à l'aéroport de Sévaré[61].

DĂ©cision d'intervention de la France (11 janvier 2013)

Le à 10 h 30[62], lors de ses vœux au corps diplomatique, François Hollande indique que la France répondra présente, aux côtés de ses partenaires africains, à la demande des autorités maliennes, dans le cadre des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, et se déclare « prêt à aider l'arrêt de l’offensive des terroristes » si elle devait se poursuivre[63]. Avant le déclenchement de l'opération, François Hollande a consulté par téléphone des chefs d'État africains, dont le président sud-africain Jacob Zuma, alors que ceux-ci ne l'avaient pas été lors de l'intervention de 2011 en Libye[64].

Vers 11 h[65], le président français après avoir réuni un conseil de défense[66], donne l'ordre aux armées françaises d'engager les combats en appui de l'armée malienne dans le cadre de l'opération Serval, qui « durera le temps nécessaire »[67] - [68].

À 11 h 45 un témoin indique à RFI avoir assisté à un échange de tirs entre deux hélicoptères et des djihadistes à Konna[62]. Exigeant une enquête sur la mort de cinq civils, Amnesty International s'appuiera, le 1er février, sur des témoignages de militaires et d'un ministre maliens pour affirmer que « les bombardements ont effectivement eu lieu dans la matinée du vendredi », ce que démentira le porte-parole de l'état-major français : « il n'y a pas eu d'intervention française dans la matinée du sur Konna »[69].

Vers 16 h, soit cinq heures après l'ordre d'engagement donné par le président de la République[70], plusieurs hélicoptères d'attaque Gazelle du 4e RHFS équipés de canon M621 de calibre 20 mm ou de missiles HOT, entrent en action et attaquent les colonnes de rebelles se dirigeant vers Konna, détruisant quatre véhicules et entraînant leur repli. Durant cette offensive, le lieutenant Damien Boiteux, pilote d'une des Gazelle engagées, est mortellement touché à l’aine par une balle d'arme légère qui sectionne son artère fémorale[71].

Ă€ 17 h François Hollande prononce une allocution tĂ©lĂ©visĂ©e dans laquelle il indique que l'armĂ©e française a engagĂ© le combat aux cĂ´tĂ©s des forces maliennes[62]. L'opĂ©ration a officiellement pour but de mettre un coup d’arrĂŞt brutal Ă  l’avancĂ©e des groupes jihadistes vers le sud du Mali et d’assurer la sĂ©curitĂ© des quelque 5 000 ressortissants français prĂ©sents dans le pays.

Le 15 janvier, lors d'une visite aux Émirats arabes unis, initialement à dominante économique, François Hollande a indiqué les « trois buts » de l'opération : stopper l'avancée en direction de Bamako des forces djihadistes, « sécuriser Bamako, où nous avons plusieurs milliers de ressortissants » et « permettre au Mali de recouvrer son intégrité territoriale » en appuyant la mission confiée aux forces de la Cédéao, tout en soulignant que la France n'a pas vocation à rester au Mali[72].

Frappes aériennes des 12 et 13 janvier 2013

Dans la nuit du 11 au , quatre Mirage 2000D du groupement air du dispositif Épervier effectuent des frappes dans le nord du pays à l'aide de bombes guidées laser GBU-12[20]. Pour effectuer ces missions, les patrouilles de chasseurs sont appuyées par deux ravitailleurs C-135.

Le , le ministère de la Défense annonce qu'une opération de bombardement des forces d'AQMI à proximité de Gao a été réalisée le même jour par 3 Rafale B et 1 Rafale C partis de la base de Saint-Dizier[73]. La mission ayant été préparée avant que l'Algérie n'autorise le survol de son territoire, les avions ont survolé l'Espagne et le Maroc[74]. Au cours d'une mission en vol de 9 h 35[23], trois Rafale ont largué 18 bombes guidées GBU-12, le quatrième conservant ses bombes AASM[75]. Selon Jean-Yves Le Drian, les objectifs ciblés étaient des camps d’entraînement, des dépôts logistiques et des infrastructures servant de bases arrière aux groupes terroristes. Ces objectifs ont été mis hors d'usage par l'aviation française[76]. À l’issue de ces frappes, accompagnés par deux C-135FR, les quatre Rafale ont rejoint la base aérienne de N'Djamena pour renforcer les moyens engagés dans l’opération Serval[77].

Le , le ministre de la Défense français, Jean-Yves Le Drian, annonce lors d'une conférence de presse que l'armée de l'air a mené des frappes aériennes sur plusieurs objectifs qui ont permis de détruire des véhicules, ainsi qu’un poste de commandement et des moyens terroristes abrités dans des hangars de la région de Konna[78]. Il révèle également que des moyens de l'aviation de chasse de métropole, en particulier des Rafale, sont placés en alerte[78]. Les attaques initiales ont été guidées par un patrouilleur maritime Atlantique 2, venu du Sénégal, ainsi que par des moyens satellites[79].

Le même jour, François Hollande déclare à l'issue d'un conseil restreint de défense réuni au palais de l'Élysée qu'un « coup d’arrêt a été porté et de lourdes pertes ont été infligées à nos adversaires » tout en soulignant que la mission des forces armées françaises n'est « pas achevée » et que celle-ci se poursuivra conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies[80].

Le , le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, déclare que la progression des groupes islamistes vers le sud est stoppée et que la France a commencé à « s'occuper des bases arrière des terroristes »[81]. De son côté, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, annonce que des raids aériens français sont conduits en permanence dans le nord du pays et assure que l'engagement français dans le cadre de l'opération Serval a empêché les islamistes de s'emparer de la capitale malienne[81].

Également le , le porte-parole du MUJAO, Omar Ould Hamaha, dit le « barbu rouge », dĂ©clare dans un entretien tĂ©lĂ©phonique avec un journaliste de la radio Europe 1[82] - [83] - [84] - [85] - [86] : « Les Mirage ont bombardĂ© Gao. Ils Ă©taient Ă  13 000 mètres d'altitude. Qu'ils descendent sur le terrain si c'est des hommes ! On les reçoit Ă  bras ouverts. La France a ouvert, pour tous les Français, les portes de l'enfer. Elle est tombĂ©e dans un piège beaucoup plus dangereux que l'Afghanistan, l'Irak ou la Somalie. Et ce n'est que le commencement ! »

Pour d'autres précisions sur les frappes aériennes des 12 et , voir le paragraphe « Armée de l'air » ci-dessous.

ContrĂ´le de la ligne Diabaly-Konna (du 14 au 21 janvier 2013)

De nouvelles incertitudes se font jour les 14 et , tandis que la France renforce son dispositif.

À l'ouest, le , une force djihadiste d'environ 400 hommes, touaregs mais aussi arabes et noirs francophones et anglophones, répartis dans 47 véhicules divisés en deux colonnes, s'empare de Diabaly après des combats avec l'armée malienne qui y possède un camp militaire de 400 hommes[87]. Arrivés vers six heures du matin, les djihadistes mettent un blindé malien hors de combat, et tandis qu'un groupe écrase l'une des trois positions maliennes constituées aux abords de la ville après que les renseignements français eurent signalé l'arrivée de l'ennemi, un autre groupe pénètre au centre de la ville où se trouve le camp militaire[87]. Les Maliens sont mis en déroute en moins de trois heures[87]. Commandés par Ousmane Haïdara, ancien capitaine de l'armée malienne qui a commandé la garnison de Diabaly de 2007 à 2009, les djihadistes connaissaient parfaitement le terrain[87]. Cette action suscite en réplique des frappes aériennes françaises la nuit suivante[88]. Selon des sources maliennes, le lendemain en fin d'après-midi, des militaires français et maliens quittent Niono et se dirigent vers Diabaly par voie terrestre[89].

Le , des troupes françaises quittent l'aĂ©roport de Bamako dans une trentaine de vĂ©hicules blindĂ©s, se dirigeant vers le centre du pays[90]. Leur mission est de protĂ©ger le pont-barrage de Markala sur le fleuve Niger, Ă  une trentaine de kilomètres au nord-est de SĂ©gou, et d’en empĂŞcher l’accès aux combattants islamistes, lesquels se trouvent Ă  80 km de lĂ [91].

Ă€ l'est, alors que l'armĂ©e malienne avait assurĂ© le contrĂ´ler « totalement » Konna[92], Jean-Yves Le Drian dĂ©clare en confĂ©rence de presse dans la soirĂ©e du : « la ville de Konna n'a pas encore Ă©tĂ© reprise par les forces armĂ©es maliennes »[93]. Il annonce une augmentation progressive, de 750 Ă  2 500, du nombre de militaires français engagĂ©s sur le théâtre malien[72].

Dans la soirée du , des habitants de Gao rapportent que les télécommunications y ont été coupées[94].

Le , l'armée malienne publie un communiqué indiquant : « nous avons repris le contrôle total de la localité de Konna, après avoir fait subir de lourdes pertes à l'ennemi »[95], ce qui est confirmé par le ministère français de la Défense le [96].

Le , 830 soldats nigérians, nigériens, togolais et béninois ont rejoint Bamako pour former les contingents de la mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (MISMA).

Le , tandis que le maire de Diabaly parle d'« opérations de ratissage » en cours dans sa ville contre les islamistes, le ministère français de la Défense se contente d'affirmer à 18 heures 30, qu'« il n'y a aucun combat à Diabaly à cette heure »[97].

Le , les forces françaises et maliennes entament un dĂ©ploiement vers les villes de Niono (270 km au nord-est de Bamako et 60 km au sud de Diabaly) et SĂ©varĂ© (ville aĂ©roportuaire Ă  630 km au nord-est de Bamako, au sud de Konna)[98].

Le 21 janvier, le ministère français de la Défense déclare que les villes de Diabaly et Douentza ont été reprises par l'armée malienne[99].

SĂ©curisation de la boucle du Niger (du 22 au 28 janvier 2013)

Le , un camp d'AQMI est bombardé par l'aviation française à Tombouctou[100]. Le 24, d'autres positions sont bombardées à Ansongo[101].

Selon une source sécuritaire malienne, au cours de la nuit du 26 au 27 janvier, l'armée de l'air française aurait mené une campagne de frappes aériennes dans la région de Kidal et ciblé plusieurs objectifs identifiés dont un camp militaire ainsi que la maison du fondateur du groupe islamiste Ansar Dine, Iyad ag Ghali[102], qui tenterait depuis de négocier son asile avec la Mauritanie[103]. Cependant, cette information est réfutée par une source militaire française qui indique le même jour que « la maison d'Iyad Ag Ghaly est toujours debout. Il n'y a pas eu de frappes dans la région de Kidal »[104].

Les opĂ©rations terrestres qui permettent aux forces françaises et maliennes de reprendre le contrĂ´le de l'aĂ©roport de Gao, puis de la ville entière et d'effectuer une avancĂ©e vers Tombouctou Ă  partir du , sont prĂ©cĂ©dĂ©es par une importante phase de frappes aĂ©riennes sur des objectifs autour de Gao et Tombouctou[105]. Près d’une trentaine de bombes sont larguĂ©es par les chasseurs de l'armĂ©e de l'air sur des cibles terroristes au cours des nuits du 24 au [105]. Au total, près de 30 sorties aĂ©riennes sont effectuĂ©es pendant cette pĂ©riode[105]. Deux Rafale supplĂ©mentaires sont dĂ©ployĂ©s le et immĂ©diatement engagĂ©s pour ces frappes, portant Ă  12 le nombre d'avions de chasse dĂ©ployĂ©s pour les opĂ©rations aĂ©riennes[105].

Prise de Gao (25 janvier 2013)

Dans la nuit du 24 au 25, un pont routier est dynamité par les islamistes à Tassiga pour faire obstacle à la progression vers Gao des troupes africaines regroupées au Niger[106]. L'armée de l'air française poursuit ses raids aériens, jeudi , sur des objectifs dans le secteur d'Ansongo, à proximité du fleuve Niger[107]. Le vendredi , Français et Maliens reprennent Hombori[106] et 160 militaires burkinabés prennent la relève des Français à Markala[108].

L'opération aéroterrestre du qui permet aux militaires franco-africains de reprendre simultanément l'aéroport de Gao ainsi que le pont de Wabaria est marquée par l'implication décisive des forces spéciales du COS, confirmée par l'état-major français[109]. Chargé de sécuriser les zones de l'aéroport et du pont autour de Gao, un détachement de commandos est infiltré par voie aérienne et terrestre, sous appui aérien rapproché[109]. Des combats opposent immédiatement les forces spéciales aux rebelles jihadistes, en particulier à proximité du pont stratégique de Wabaria[109], au cours desquels 15 terroristes sont tués[110]. Plus tard dans la nuit, 10 autres individus à bord d'un 4x4 sont neutralisés par des tirs d'appui aérien menés par un hélicoptère d'attaque Tigre HAP[110]. Un détachement du Commando parachutiste de l'air n° 10, spécialisé dans la saisie de plateformes aéroportuaires, sécurise ensuite l'emprise de l'aéroport après y avoir effectué une reconnaissance et débarrassé la piste des obstacles qui la recouvraient pour y permettre l'atterrissage des avions de transport tactique de l'escadron de transport 3/61 Poitou débarquant hommes et matériels des troupes franco-africaines[109].

Le , sur le fuseau ouest du front, le groupement tactique interarmes français (GTIA) composĂ© de plus de 600 Ă©lĂ©ments du 21e RIMa et du 2e RIMa entame avec l'appui d’unitĂ©s maliennes et du groupement aĂ©romobile (GAM) une progression vers Tombouctou, via LĂ©rĂ©[111]. L'objectif est de sĂ©curiser LĂ©rĂ©, près de la frontière mauritanienne, et de reconquĂ©rir Tombouctou, fief d'Al-Qaida au Maghreb islamique[111]. La progression est cependant rendue difficile par l’état des pistes mais le dĂ©tachement engagĂ© dans cette reconnaissance ne rencontre pas de rĂ©sistance[105].

Le mĂŞme jour, le ministère de la DĂ©fense français annonce qu'une opĂ©ration aĂ©roterrestre conduite par les forces spĂ©ciales françaises et appuyĂ©e par les forces aĂ©riennes a permis de prendre le contrĂ´le de la zone de l'aĂ©roport de Gao ainsi que du pont de Wabaria, situĂ© sur le fleuve Niger[105]. Il indique Ă©galement que plusieurs Ă©lĂ©ments terroristes qui ont pris Ă  partie les forces françaises au cours de l'opĂ©ration ont Ă©tĂ© dĂ©truits[105]. Le dispositif sur la zone de Gao, jusqu'alors sous contrĂ´le des terroristes du MUJAO, est renforcĂ© avec l’engagement par voie terrestre de 350 militaires maliens et d’une unitĂ© du GTIA menĂ© par le 21e RIMa ainsi que par l’aĂ©roportage par avion de transport de plusieurs vĂ©hicules et d'unitĂ©s tchadiennes et nigĂ©riennes[105]. Le colonel Thierry Burkhard, porte-parole de l'Ă©tat-major des armĂ©es françaises, indique le 27 janvier que « la prise de contrĂ´le de Gao, qui compte 50 000 Ă  60 000 habitants, par les soldats maliens, tchadiens et nigĂ©riens est en cours »[112]. Le , un hĂ©licoptère Tigre français engage le combat contre un groupe de djihadistes dans la rĂ©gion de Gao, causant la mort de dix d'entre eux et dĂ©truisant plusieurs de leurs pick-up[113], ce qui porte Ă  25 le nombre de djihadistes tuĂ©s lors de la reprise de Gao[114].

Dans la nuit du 30 au , un véhicule de l'armée malienne saute sur une mine entre Hombori et Gossi, quatre soldats maliens sont tués et cinq autres blessés[115]. Le , un bataillon malien et un bataillon nigérien rejoignent Gao[116]. Le , quatre civils meurent dans l'explosion de leur véhicule causée par une mine sur la route entre Douentza et Gao[117].

Prise de Tombouctou (27 janvier 2013)

Dans la nuit du 27 au 28 janvier, les 600 militaires[118] du GTIA 21e RIMa ou encore « la plus grande partie de la force Serval, entre 700 et 800 hommes » suivant l'estimation d'un capitaine[119], prennent le contrĂ´le de l'aĂ©roport international de Tombouctou ainsi que des accès de la ville[120]. Partis de Niono le [118], ils ont effectuĂ© le trajet de 900 kilomètres de Diabaly Ă  Tombouctou en cinq jours, surmontant 80 ensablements, dont une sĂ©rie de 27 ensablements ayant paralysĂ© la progression pendant 12 heures[119].

Ils sont prĂ©cĂ©dĂ©s par le parachutage sur Tombouctou de 250 lĂ©gionnaires du 2e REP (formĂ© d'un petit Ă©tat-major sous les ordres du chef de corps, de la 2e Compagnie, renforcĂ©e par une section de la 1re Compagnie, d'une partie de la CEA (SAC) et du groupement commando parachutiste de la 11e Brigade Parachutiste (un dĂ©tachement de l'EM GCP et deux Ă©quipes : 2e REP et 17e RGP) appuyĂ©e par plusieurs patrouilles de chasse, des hĂ©licoptères du groupe aĂ©romobile de l'ALAT et des moyens de surveillance (ATL2, Harfang)[118]. Le , le porte-parole de l'Ă©tat-major des armĂ©es annonce que les forces françaises et africaines contrĂ´lent dĂ©sormais la « boucle du Niger » entre les deux chefs-lieux de rĂ©gions Tombouctou et Gao[120], et indique que les troupes maliennes sont chargĂ©es de mener la reprise de Tombouctou[121]. La reprise de Tombouctou a pu se faire sans « aucun coup de feu, aucune goutte de sang, mĂŞme pas de rĂ©sistance passive avec des pièges » a indiquĂ© le commandant en chef de l'opĂ©ration, le colonel FrĂ©dĂ©ric Gout[122]. Durant cette opĂ©ration, un djihadiste a Ă©tĂ© capturĂ© Ă  LĂ©rĂ© et un engin explosif a Ă©tĂ© dĂ©samorcĂ© dans la zone de l'aĂ©roport de Tombouctou[123]. Le matĂ©riel pris aux djihadistes se rĂ©sume Ă  fort peu de choses dont un vĂ©hicule de transport de troupes BTR-60[123]. Un dĂ©pĂ´t contenant plusieurs tonnes de vivres et de carburant est dĂ©couvert Ă  50 km au nord de Tombouctou dans la semaine du [124].

Entre le et le , parallèlement à la prise des villes par les troupes au sol, l'aviation française effectue 970 sorties aériennes dont 200 faites par des avions de combat et plus de 170 frappes sont effectuées[125].

Prise de Kidal (30 janvier 2013)

Dans la nuit du 29 au , les forces spéciales françaises prennent possession de l'aérodrome de Kidal, situé au sud-est de la ville, à la suite d'un raid héliporté et d'un poser d'assaut effectué avec un avion de transport[126]. La saisie de la plate-forme de Kidal est confirmée dans la journée du par Jean-Yves Le Drian, qui annonce que les opérations y sont fortement contraintes à cause d'une tempête de sable[126]. Le même jour, l'aéroport international de Tombouctou est rouvert à la circulation aérienne après remise en condition des infrastructures de piste par les sapeurs du 17e RGP, parachutés la veille[127]. Le ministère français de la Défense annonce également que l'aviation française procède depuis plusieurs jours à des frappes aériennes « assez importantes » dans la région d'Aguel'hoc, située dans l'Adrar des Ifoghas, à une centaine de kilomètres au nord de Kidal[128]. Réalisées par des avions de chasse et des hélicoptères d'attaque, ces frappes permettent le traitement de 25 objectifs[129]. « Les objectifs visés étaient des centres de commandement, des dépôts logistiques, des centres d'entraînement », selon le porte-parole de l'état-major, le colonel Thierry Burkhard[128]. Ces opérations représentent plus de 135 sorties aériennes dont près d’une trentaine assurées par l'aviation de chasse[129].

Le , de source militaire malienne, une unitĂ© de reconnaissance malienne aurait rejoint les Ă©lĂ©ments français qui ont pris possession de l'aĂ©roport de Kidal deux jours plus tĂ´t[128]. le mĂŞme jour, les effectifs français engagĂ©s dans le cadre de l'opĂ©ration Serval atteignent un nouveau maximum avec 4 600 soldats mobilisĂ©s, dont 3 500 sur le territoire malien[130]. 4 000 soldats français sont prĂ©sents sur le sol malien, cinq jours plus tard, le [129].

Le , les forces tchadiennes parviennent à Kidal où elles participent à la sécurisation de la ville, le général tchadien Mahamat Idriss Déby Itno indiquant : « on n'a pas eu de problèmes avec les gens du MNLA, avec qui on a une très bonne relation d'ailleurs »[131].

Visite du président François Hollande

Le , le président Français François Hollande est accueilli en héros à Tombouctou, 22 jours après le début de l'opération Serval, puis prononce ensuite un discours[132] place de l'indépendance à Bamako, aux côtés du président du Mali Dioncounda Traoré. Il y affirme sa détermination à éradiquer le terrorisme au Mali, qui bien que chassé vers le Nord "n'a pas encore été vaincu". De plus, il appelle le peuple malien à établir une démocratie solide lors des prochaines élections prévues en juillet.

Opérations de sécurisation de la région de Kidal (du 1er au 7 février 2013)

Le , deux commandants islamistes sont arrêtés par des combattants du MNLA près de la frontière algérienne ; il s'agit de Mohamed Moussa Ag Mohamed, numéro trois d'Ansar Dine et ancien responsable de la police islamique de Tombouctou, et de Oumeïni Ould Baba Akhmed, du MUJAO. Les prisonniers sont ramenés à Kidal[133] - [134].

Les forces militaires occupant Kidal depuis le 30 janvier comprennent, outre les forces spĂ©ciales françaises, deux sections du 1er RCP ainsi que 1 800 soldats tchadiens, soit la quasi-totalitĂ© du contingent fourni par N'Djamena[49].

Selon le journal tchadien N'djamena-Matin, 24 soldats tchadiens ont été tués et 11 autres blessés le , à la suite d'une embuscade tendue par les jihadistes lors d'une patrouille au nord de Kidal. L'information n'a été ni confirmée ni démentie par les autorités maliennes ou tchadiennes. Le gouvernement tchadien n'a cependant fait mention que de 11 hommes blessés lors d'un accident de la circulation[135] - [136] - [137].

Au nord, des soldats français et tchadiens, partis de Kidal, entrent à Aguel'hoc le soir du [138].

Prise de Tessalit (8 février 2013)

Une nouvelle opĂ©ration aĂ©roterrestre visant Ă  s'emparer de la rĂ©gion de Tessalit est menĂ©e par les forces françaises dans la nuit du 7 au [139]. Des Ă©lĂ©ments français des forces spĂ©ciales sont parachutĂ©s dans un premier temps sur l’aĂ©roport de Tessalit afin de sĂ©curiser la piste, permettant le poser d’assaut d'un avion de transport qui dĂ©barque les premiers Ă©lĂ©ments chargĂ©s de sĂ©curiser l’aĂ©rodrome[139]. Ceux-ci sont rejoints par une cinquantaine de soldats du 1er RCP, initialement basĂ©s Ă  Kidal, et acheminĂ©s par l’escadron de transport des forces spĂ©ciales afin de renforcer ce dispositif et de permettre aux forces spĂ©ciales de lancer des patrouilles en vue de s’assurer du contrĂ´le de la ville[139]. Parallèlement, le SGTIA blindĂ© du 1er RIMa rĂ©alise un raid blindĂ© de plus de 500 kilomètres Ă  partir de Gao afin de rejoindre dans la matinĂ©e du les Ă©lĂ©ments français dĂ©ployĂ©s dans la zone de Tessalit[139]. Le dispositif est ensuite complĂ©tĂ© par les Ă©lĂ©ments des forces armĂ©es tchadiennes, partis de Kidal dans la journĂ©e du [139]. Cette opĂ©ration est exĂ©cutĂ©e avec l’appui d’hĂ©licoptères et d’appareils de l’armĂ©e de l’air qui ont rĂ©alisĂ© pour cette seule nuit plus d’une trentaine de sorties dont une douzaine consacrĂ©e aux frappes afin de sĂ©curiser la zone[139].

Le lendemain, le , 10 sapeurs parachutistes du 17e RGP sont parachutĂ©s sur l'aĂ©roport de Tessalit avec près de 14 tonnes de matĂ©riel de rĂ©habilitation et de vivres[140]. MenĂ©e dans l'objectif de rĂ©habiliter la piste entravĂ©e par plusieurs buttes de terre, cette nouvelle opĂ©ration aĂ©roportĂ©e est rĂ©alisĂ©e par deux Transall et un Hercules de l'armĂ©e de l'air en provenance d'Abidjan[140]. Le , la piste en latĂ©rite est remise en Ă©tat sur toute sa longueur, permettant l'atterrissage des avions de transport militaires[141].

Combats dans la région de Gao (février-mars 2013)

Début février, les affrontements se poursuivent dans la région de Gao entre les troupes franco-maliennes et des groupes de combattants du MUJAO.

Le , les forces nigériennes de la MISMA quittent la ville de Ménaka afin d'aller renforcer les troupes maliennes et françaises à Gao. Cependant une quarantaine de combattants du MNLA profitent de leur départ pour prendre le contrôle de la ville[142]. Le même jour, des islamistes effectuent des tirs de roquettes sur des positions militaires françaises et maliennes[143]. Le lendemain, quatre civils maliens sont tués par l'explosion d'une mine entre Gao et Douentza[144] - [145].

Le 9, quatre véhicules ennemis avec à leur bord des hommes lourdement armés sont identifiés par une patrouille de Mirage 2000D dans le Gourma, entre Gao et Tombouctou[141]. En étroite coordination aérienne avec les Mirage 2000D, deux hélicoptères Tigre HAP, accompagnés d’un hélicoptère Puma du groupement aéromobile (GAM) basé à Gao, sont engagés et détruisent deux des véhicules[141].

Dans la nuit du 9 au , un nouveau kamikaze se fait exploser à un poste de contrôle à l'entrée nord de Gao, sans faire de victimes. Quelques heures plus tard, un commando du MUJAO pénètre jusqu'au centre de la ville et engage le combat avec la garnison malienne[146]. Ces attaques ont été rapidement contrôlées par les forces armées maliennes, appuyées par les forces françaises, fournissant un soutien terrestre et aérien[141]. Le ministère français de la Défense annonce que les forces maliennes et de la MISMA reprennent le contrôle de la ville le [141].

Le , les forces maliennes du colonel Ag Gamou et les troupes françaises prennent le contrôle de la ville de Ménaka sans livrer de combats avec le MNLA qui abandonne la ville. Trois rebelles sont cependant arrêtés[147]. Le MNLA accuse la France d'avoir tendu un guet-apens à Abdoul Karim ag Matafa, un membre du conseil transitoire de l'État de l'Azawad, et trois autres combattants rebelles et menace d'user de représailles avant de se rétracter quelques heures plus tard[148].

Le , des troupes françaises, nigériennes, et maliennes reprennent le contrôle de la ville de Bourem[149], des patrouilles sont organisées pour réduire les poches de résistance des groupes islamistes dispersés dans la région[150]. Le , les troupes franco-africaines effectuent une reconnaissance sur les rives du Niger et dans les villages jouxtant l’axe Bourem-Gao[151]. Cette opération de reconnaissance permet la découverte de 3 m3 de médicaments volés par les groupes terroristes à l’hôpital de Gao, de plusieurs caches d’armes et la capture de trois BM-21 Grad, d’un obusier 122 mm M1938 et la destruction de plusieurs munitions[151].

En fin de matinée du , une quarantaine de combattants du MUJAO réussissent une nouvelle incursion dans le centre de Gao[152] - [151]. Ils prennent d'assaut l’îlot administratif de la mairie et du palais de justice et s'y retranchent au cours d'échanges de tirs avec l'armée malienne[151]. Une force de réaction rapide française composée d'éléments au sol et de deux hélicoptères Gazelle intervient en appui des troupes maliennes, permettant la destruction d'une quinzaine de terroristes[151]. Un élément du génie français intervient également afin de neutraliser des charges explosives[151]. Parallèlement, un point de contrôle aux sorties nord de Gao défendu par des soldats nigériens est harcelé sporadiquement par des groupes terroristes ; deux d’entre sont tués[151].

Le ministère de la Défense français annonce le retour au calme de la situation à Gao en fin d'après-midi et fait état, outre de quatre militaires maliens blessés, de deux soldats français « très légèrement blessés » au cours des combats[151].

Le 1er mars, soutenus par les Français, les soldats maliens dĂ©barquent sur l'Ă®le de Kadji, près de Gao car la population, pratiquante d'un islam wahhabite, est accusĂ©e par des habitants de Gao de soutenir le MUJAO. Les Maliens prennent l'Ă®le sans se voir opposer de rĂ©sistance, une cinquantaine de suspects sont arrĂŞtĂ©s. Le lendemain, les forces maliennes et françaises attaquent et dĂ©truisent un base du MUJAO Ă  Iminenas, situĂ©e Ă  60 kilomètres de Gao. 52 jihadistes sont tuĂ©s selon l'armĂ©e malienne[153].

Le , les forces maliennes et françaises gagnent la rĂ©gion de Tin Keraten, situĂ©e Ă  100 kilomètres Ă  l'est de Gao et au nord-est d'Imenas. ArrivĂ© près de Tin Keraten, les Maliens sont attaquĂ©s par un groupe de jihadistes. Les Français arrivent alors en renfort avec des troupes au sol appuyĂ©es par des hĂ©licoptères Tigre et Gazelle, ainsi que des avions de chasse[154].

Quatre soldats maliens sont blessés lors du combat et un soldat français, le brigadier-chef Wilfried Pingaud, du 68e RAA est mortellement touché[154]. Les militaires maliens sont évacués vers l’antenne chirurgicale avancée de Gao par les Agusta A.109 belges, tandis que le Français est médicalisé dans un Puma MEDEVAC, il meurt des suites de ses blessures quelques heures après[155].

Bataille du Tigharghâr (février-mars 2013)

Le , les armĂ©es française et malienne lancent l'opĂ©ration Panthère IV contre les jihadistes retranchĂ©s dans l'Adrar des Ifoghas. Cette opĂ©ration, impliquant 2 000 soldats français et tchadiens[156], vise notamment Ă  dĂ©sorganiser les groupes terroristes et Ă  dĂ©manteler les sanctuaires dans lesquels ils sont retranchĂ©s[157]. Elle doit ĂŞtre la « dernière phase » de l'intervention française au Mali selon le prĂ©sident français François Hollande. L'Adrar des Ifoghas constituerait le dernier rĂ©duit des djihadistes du secteur[158] - [159]. Un important contingent des forces armĂ©es du Tchad participe aux opĂ©rations terrestres aux cĂ´tĂ©s des forces françaises.

Les premiers combats, engageant 150 lĂ©gionnaires et soldats maliens, ont lieu Ă  une cinquantaine de kilomètres de Tessalit[160]. Au cours de cette action, des Ă©lĂ©ments français constituĂ©s d’une section de commandos parachutistes, renforcĂ©e d’un contrĂ´leur aĂ©rien avancĂ© et d’une patrouille blindĂ©e en mission de reconnaissance, sont pris Ă  partie par des groupes terroristes[157]. ImmĂ©diatement, les Ă©lĂ©ments pris Ă  partie sont appuyĂ©s par un renfort au sol et par la patrouille blindĂ©e qui riposte avec les canons de 105 mm des AMX-10 RC[157]. Un lĂ©gionnaire, GCP du 2e REP, le sergent-chef Harold Vormezeele, trouve la mort pendant les combats[157]. SimultanĂ©ment, une patrouille de deux Mirage 2000D, en mission d’appui au profit des troupes au sol dans la zone, intervient et dĂ©truit deux nids de mitrailleuses lourdes[157]. Les Ă©changes de tirs se poursuivent pendant plusieurs heures et permettent de fixer une partie des Ă©lĂ©ments terroristes[157]. Une patrouille de Tigre HAP du 5 RHC permettra aux commandos parachutistes de dĂ©truire les djihadistes et de se replier.

Selon le ministère de la Défense, ce volet de l'opération Panthère IV aboutit à la destruction de deux importants dépôts de munitions par des frappes aériennes et permet de « localiser des éléments terroristes dans leur sanctuaire, de les poursuivre et de neutraliser plus d’une vingtaine d’entre eux »[157].

Après 48 heures d'infiltration à pied dans un massif jugé par l'adversaire "impénétrables par des Blancs", les légionnaires du 2e REP (désormais renforcés par la 3e Cie) passent à l'offensive appuyés par une compagnie du RCP. Le , en début d’après-midi, un nouvel engagement avec les éléments français dans le cadre de l'opération Panthère permet la neutralisation d’une dizaine de terroristes grâce à l’engagement combiné des troupes au sol et des hélicoptères Tigre HAP du groupement aéromobile de la force Serval[151].

Le même jour, des combats ont lieu dans l'Adrar des Ifoghas faisant officiellement 23 tués et 66 blessés dans les rangs des forces armées tchadiennes[161] dont Abdel Aziz Hassane Adam, le commandant des forces spéciales tchadiennes au Mali et 93 morts dans les rangs adverses[162]. Les légionnaires ratissent systématiquement la zone, combattant à la grenade dans les grottes, prenant successivement d'assaut les positions fortifiées et les lignes de crêtes tenues par l'ennemi. Cette « action offensive très déterminée », selon le ministère de la Défense, reçoit le soutien des avions de chasse français qui se relayent pendant plus de 24 heures afin d’appuyer l’avancée des troupes au sol[27].

Entre le 21 et le , les opérations aériennes se poursuivent, notamment dans la région de Tessalit avec près d’une centaine de sorties dont une quarantaine consacrée aux frappes aériennes permettant la destruction d’une dizaine de dépôts logistiques et d’une dizaine de véhicules[27]. Parallèlement, l’engagement combiné des forces françaises, maliennes et tchadiennes au sol permet de détruire trois véhicules et de neutraliser une vingtaine de terroristes[27].

Le matin du jeudi , l'état-major des armées françaises déclare que les combats des jours précédents ont fait environ 130 morts chez les islamistes. Dont 90 tués par les Tchadiens et 40 par les Français. Ces derniers lors d'un raid aérien contre une colonne de six pick-up au cours duquel Abdelhamid Abou Zeïd aurait été tué[163]. Selon le journal français Le Monde, la mort d'Abou Zeid est confirmée par une source fiable proche des opérations militaires en cours dans le nord du Mali. 43 combattants de sa katiba auraient été tués avec lui[164].

Le samedi 2 mars, un soldat français, le caporal Cédric Charenton, du 1er régiment de chasseurs parachutistes est tué au combat[165]. Une quinzaine d'islamistes sont tués lors de ce combat selon les forces françaises[166].

Dans la vallĂ©e d’Amettetai, le GTIA 3 et le GTIA TAP poursuivent les opĂ©rations de fouilles dans le sanctuaire terroriste[167]. Les soldats français y dĂ©couvrent plus d’un millier de roquettes et de grenades, plus de 60 000 munitions en tout genre, près de 1 500 obus de tout type et une vingtaine d’armements lourds (canon 122D30, BM-21…)[167]. Le , Jean-Yves Le Drian se rend dans la vallĂ©e d’Amettetai, Ă  Gao ainsi qu’à Bamako afin d’apporter son soutien aux soldats français dĂ©ployĂ©s dans l’opĂ©ration Serval[167].

Parallèlement, une opération est conduite le même jour dans le nord-est du massif des Ifoghas[168]. Engageant un escadron blindé d'AMX-10 RC appuyé par des avions de chasse, elle vise à déstabiliser les sanctuaires terroristes qui auraient pu s’implanter plus au nord-est vers la frontière algérienne par une action de reconnaissance offensive jusqu’aux localités de Boughessa et Tinzaouten. Au cours de cette mission de reconnaissance, un AMX-10 RC est endommagé par une mine ancienne abandonnée, sans faire de blessés parmi les militaires[168].

Le , au cours d'une reconnaissance offensive au sud de la vallée de l'Amettetaï, un AMX-10 RC saute sur un engin explosif[169]. Alexandre Van Dooren, un caporal du 1er RIMa est tué dans l'explosion et trois de ses camarades sont blessés, dont deux sérieusement[169].

Ré-articulation du dispositif Serval et création de la MINUSMA

Dès , le ministre des Affaires étrangères français, Laurent Fabius, déclare dans une interview au quotidien Metro que le nombre de soldats français au Mali devrait commencer à diminuer « à partir de mars, si tout se passe comme prévu »[170]. La porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem a précisé à l'issue de la réunion du Conseil des ministres que « Pour ce qui est du Mali, le président de la République a confirmé ce matin que si tout se passe comme prévu, à partir du mois de mars, les troupes déployées devraient diminuer »[171].

Le , le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, déclare lors d'une visite au Mali que le retrait des forces françaises déployées au Mali dans le cadre de l'opération Serval s'étalera sur plusieurs mois à partir d'avril[172] - [173].

La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) est créée le par la résolution 2100 du Conseil de sécurité des Nations unies. Elle doit prendre le relais de la Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (MISMA) à partir du .

Conséquemment, et afin de faciliter le déploiement sur le terrain de la MISMA, puis de la MINUSMA, le dispositif de la brigade Serval est réorganisé en un unique groupement tactique interarmes (GTIA)[174]. À la suite de la baisse d'intensité des combats au Mali, le GTIA TAP regroupant les troupes aéroportées est le premier à être désengagé dès le mois d'avril[175]. Il est ensuite suivi par le désengagement du GTIA 2, remplacé par un unique groupement tactique interarmes, baptisé GTIA « Désert »[174]. Depuis le , seul le GTIA « Désert », et un groupement aéromobile (GAM) arment la brigade Serval[174].

Le ministre de la Défense français détaille le futur dispositif français au Mali. Un millier de soldats français seront maintenus sur place en 2014[176]. 150 hommes seront affectés auprès de l’état-major ou des unités de la MINUSMA ; 150 autres seront intégrés à la mission de formation de l'Union européenne au Mali[176]. 700 militaires constitueront une force de réaction rapide pour s’assurer que les groupes terroristes ne se reconstituent pas et afin d'assurer un soutien opérationnel à la force de stabilisation qui pourrait avoir besoin d’une force d’intervention[176] - [177].

Opération Netero (juin-juillet 2013)

Du au , plus de 600 militaires de la force Serval ont participé à l’opération Netero dans la région Est de Gao. Durant les deux semaines de l’opération, la force Serval a déployé trois compagnies du GTIA « Désert », appuyées par les hélicoptères du groupement aéromobile (GAM), des éléments génie de fouille opérationnelle, des moyens de renseignements (DRAC, drone Harfang, un avion de patrouille maritime Atlantique 2) et des patrouilles de Mirage 2000D. Les militaires de la force Serval ont conduit cette opération de façon conjointe avec environ 200 militaires nigériens appartenant au bataillon de la MINUSMA stationné à Ménaka et 80 gendarmes maliens.

Opération Centaure (août 2013)

Le , la force Serval a achevĂ© l’opĂ©ration Centaure, dĂ©butĂ©e le . Conduite avec près de 800 militaires français, une centaine de vĂ©hicules, les hĂ©licoptères du GAM et l’appui des Rafale en provenance du Tchad, Centaure avait pour but de dissuader toute tentative de dĂ©stabilisation du processus Ă©lectoral dans le Nord du Pays entre Kidal, Tessalit et Aguelhok. PlacĂ©e en soutien de la Mission des Nations unies au Mali (MINUSMA), elle-mĂŞme en appui des forces armĂ©es maliennes, la force Serval a effectuĂ© des patrouilles dans les villes, fouillĂ© des habitations, des camps et des grottes rĂ©putĂ©es ou susceptibles d’être ou d’abriter des caches d’armes. Près de 4 000 cartouches de tous calibres, des obus de mortiers, des roquettes, de l’explosif et du matĂ©riel de guerre ont ainsi pu ĂŞtre saisies. Parallèlement, la force Serval a participĂ© Ă  l’organisation logistique des deux tours de scrutins en soutenant l’installation des bureaux de vote (appui au transport du matĂ©riel Ă©lectoral) et en assurant la sĂ©curisation des bureaux de vote (vĂ©rification de non-pollution par moyen cynotechnique). Les Ă©lections se sont dĂ©roulĂ©es sans entrave.

Au cours du mois d', les opérations aériennes se sont poursuivies avec une soixantaine de sorties dont la moitié consacrées aux opérations de reconnaissance ou d’appui au sol. Une dizaine de sorties ont été consacrées aux missions de ravitaillement, une dizaine d’autres ont été consacrées à des missions de renseignement et une dizaine consacrées à des missions de transport. Au sol, la force Serval poursuit les opérations autour de la boucle du Niger et dans le Nord du pays.

Le , la force Serval a déployé un système radar GIRAFFE sur la plateforme opérationnelle désert de Gao. Le rétablissement sécuritaire de la zone ayant entraîné un accroissement de l’activité aérienne civile (ONU) et militaire dans la zone, ce système va permettre d’élargir les capacités actuelles de surveillance de l’espace aérien et accroître la coordination des vols de l’ensemble des moyens aéronautiques de la force.

Concernant le soutien au développement, la brigade Serval a distribué du matériel informatique aux radios communautaires de Gao. Ces équipements informatiques serviront à la production de programmes culturels et d’information. Elle a par ailleurs livré un cinquième puits dans un hameau en périphérie de la ville, qui était l’un des plus mal desservi en eau potable.

Environ 3 200 militaires français sont prĂ©sents Ă  cette date sur le sol malien et poursuivent leurs missions de sĂ©curisation visant Ă  affaiblir durablement les groupes terroristes ainsi qu’à poursuivre le transfert progressif de la zone aux contingents relevant de la MINUSMA.

Opération Dragon (août 2013)

L’opĂ©ration Dragon dĂ©bute le . Conduite entre Gao et Aguelhok, cette opĂ©ration a engagĂ© 400 militaires de la force Serval, principalement rĂ©partis entre un sous-groupement tactique interarmes (SGTIA) Infanterie, un SGTIA blindĂ© et leurs soutiens ; environ 150 militaires nigĂ©riens et sĂ©nĂ©galais de la MINUSMA ainsi que des gendarmes maliens. L’opĂ©ration visait Ă  sĂ©curiser l’axe Tessalit-Gao, en vue du passage d’un important convoi logistique vers Gao, ainsi qu’à poursuivre le travail de contrĂ´le de zones et d'exploitation de renseignements. Le SGTIA Infanterie a fouillĂ© plusieurs objectifs et dĂ©couvert dès le 1er septembre, de l’armement, des munitions et divers matĂ©riels.

Opération Constrictor (septembre 2013)

Le , les militaires de la force Serval sont engagés dans l’opération Constrictor au Nord de Gao. Leur objectif, au travers du contrôle de l'axe reliant les villes de Gao et de Bourem est de poursuivre l’affaiblissement du potentiel logistique des groupes terroristes. Deux SGTIA, composés d’une centaine de militaires chacun, se sont relayés au cours de l’opération. Un SGTIA sur VBCI a été engagé dans un premier temps, suivi par un SGTIA sur VAB. Ils ont bénéficié chacun d’un appui génie et renseignement et ont été accompagnés par des gendarmes maliens.

Les 22 et , le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, s’est rendu au Mali, afin de rencontrer les militaires de la brigade Serval basés à Gao, puis le détachement de la Mission de formation de l'Union européenne au Mali, basé à l'école militaire interarmes, à Koulikoro. Répondant à une invitation des autorités maliennes lancée à l’occasion de la fête nationale du Mali, le ministre de la défense a profité de sa présence dans le pays pour aller plus longuement à la rencontre des autorités des forces armées maliennes et de la MINUSMA.

Combat de Douaya (octobre 2013)

Le , un affrontement oppose les Français et les islamistes selon le colonel Gilles Jaron, porte-parole de l’état-major des forces armées françaises. Ce jour-là, les Français sont informés que des jihadistes ont gagné le marché Douaya transportés par plusieurs pick-ups. Un hélicoptère est envoyé sur place mais les jihadistes prennent la fuite lorsqu'ils l'aperçoivent. Un des véhicules est cependant relocalisé plus tard dans la journée. L'hélicoptère effectue un tir de sommation mais les islamistes descendent du pick-up et ouvrent le feu. Les Français engagent alors les forces spéciales au sol. L'affrontement dure quatre heures, tous les jihadistes se font tuer jusqu'au dernier. Selon l'armée française, une dizaine sont « neutralisés », c'est-à-dire tués[178] - [179].

Opération Hydre (octobre-novembre 2013)

Du au , la France mène une opération militaire conduite conjointement avec les militaires des forces armées maliennes et de la MINUSMA[180]. Baptisée Hydre, cette opération mobilise plusieurs centaines de soldats et se déroule au nord et au sud de la boucle du Niger[180]. Selon l'état-major français, son objectif est de « maintenir la pression sur les éventuels mouvements terroristes, afin d’éviter leur résurgence »[180]. L’opération Hydre ne se traduit par aucun affrontement direct, les terroristes évitant systématiquement le contact et fuyant à l’approche des forces. Un important site logistique des groupes terroristes est néanmoins mis au jour au nord-est de Tombouctou, avec une organisation minutieuse ne laissant aucun doute sur sa fonction. Cette opération démontre également la capacité des forces armées maliennes et des forces de la MINUSMA à durer sur le terrain, dans des actions complémentaires, en agissant avec le soutien de la population.

Opérations ponctuelles (fin 2013)

Les opérations aériennes se poursuivent avec environ, sur 90 sorties, une cinquantaine effectuée par les avions de chasse, une trentaine de sorties consacrées aux missions de transport et une dizaine aux missions de ravitaillement et de renseignement.

Le , vers 23h, une tentative d’infiltration terroriste est dĂ©celĂ©e par les militaires français du dĂ©tachement de liaison et d’appui (DLA) en appui du bataillon nigĂ©rien de la MINUSMA, stationnĂ© dans un camp de la MINUSMA Ă  MĂ©naka, Ă  l’Est de Gao. Après avoir Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©, un suicide bomber a explosĂ© Ă  plus de 300 mètres au Sud-Ouest de l’entrĂ©e du camp alors que les autres individus qui constituaient le groupe se sont enfuis Ă  la suite de la mise en Ĺ“uvre d’artifices Ă©clairants par le DLA. Le bataillon nigĂ©rien a dĂ©ployĂ© deux pick-ups en surveillance du camp, tandis que le DLA restait en appui dans la zone. Cet incident n’a fait aucune victime en dehors du suicide bomber.

Depuis le 1er décembre, le GTIA Korrigan poursuit ses patrouilles dans la région de Gao à la fois à l’est et à l’ouest du fleuve Niger, ainsi que dans la région de Kidal.

Le , la force Serval a inauguré le marché de Gadeye dans le cœur historique de Gao. Placée sous la responsabilité des spécialistes des actions civilo-militaires du groupement Korrigan, la rénovation du marché annonce un retour à la vie normale et devrait favoriser la reprise des échanges commerciaux et les bonnes relations entre habitants.

Du 1er au , Monsieur Bied-Charreton, directeur administratif et financier (DAF) du ministère de la Défense, a rendu visite aux différents détachements français engagés au Mali. Il a rencontré les militaires de la force Serval à Bamako et Gao ainsi que ceux de la mission EUTM à Koulikoro. À Bamako, il s’est entretenu avec le général de division Foucaud commandant la force Serval et avec le commandant de la mission EUTM, le général de brigade Guibert. À Gao, après un passage au marché de Gadaye, il a visité deux projets de reconstruction en cours auxquels contribue la force Serval, les rénovations du palais de justice et de l’institut de formation des maîtres (IFM).

Les 28 et , une opĂ©ration, qui a associĂ© le bataillon tchadien de la MINUSMA et son dĂ©tachement de liaison et d’appui (DLA) de la force Serval, a Ă©tĂ© menĂ©e dans la rĂ©gion de TimĂ©trine, Ă  environ 150 km au sud-ouest de Tessalit. Grâce Ă  un renseignement d’opportunitĂ©, les soldats tchadiens et français ont dĂ©couvert deux objectifs et ont dĂ©truit 5,7 tonnes de nitrate d’ammonium ainsi qu’une quarantaine de grenades. Cet engrais chimique, assez rare dans un pays du Sahel, atteste du dĂ©mantèlement d’une vĂ©ritable filière d’explosifs. Cette opĂ©ration a permis de dĂ©couvrir la deuxième quantitĂ© d’explosifs la plus importante depuis le lancement de l’opĂ©ration Serval. Le , les Ă©lĂ©ments gĂ©nie du DLA ont procĂ©dĂ© Ă  la destruction des deux caches et ont ainsi portĂ© un coup dĂ©terminant aux ressources des groupes terroristes.

Diminution des effectifs de la force Serval en 2014

Environ 2500 militaires français et 6300 hommes de la MINUSMA sont présents sur le sol malien en . La formation des forces maliennes et le redéploiement des soldats restants retarde la fin de l'opération[181]. Toutefois, le président français, François Hollande annonce le que les effectifs militaires français au Mali vont être réduits à 1600 hommes d'ici à la mi-février et déclineront jusqu'à mille, ce qui sera le niveau nécessaire pour faire face à toute menace qui pourrait resurgir, estimant que "l'essentiel de la mission a été accompli" et qu'elle est "en train de s'achever"[182].

Opération anti-terroriste dans les Ifoghas (mars 2014)

Dans la nuit du mardi 4 au mercredi , les forces françaises ont conduit une opération combinée qui a permis de neutraliser un groupe d’une dizaine de terroristes dans l’Adrar des Ifoghas. La force Serval a engagé une action combinée impliquant un drone Reaper, des Mirage 2000D ainsi que des hélicoptères de type Tigre. Elle a conduit à la neutralisation de ce groupe.

D'après RFI, le chef djihadiste Omar Ould Hamaha figurerait parmi les morts[183].

Le , Abou Dardar, un chef djihadiste du MUJAO se rend aux Français qui le remettent aux autorités maliennes[184]. Le , le ministre français Jean-Yves Le Drian annonce qu'environ 40 djihadistes ont été tués lors des différents combats livrés les semaines précédentes, il déclare : « La guerre de libération du Mali est finie, elle a été gagnée »[185].

Libération d'otages (avril 2014)

Le , cinq otages maliens du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), retenus au nord de Tombouctou depuis le , ont été libérés par les soldats français[186]. À cette occasion, une cérémonie s’est déroulée au Gouvernorat de Gao en présence de l’ambassadeur de France, du GBI Benoît Houssay, général adjoint opérations de la force Serval, du ministre de la Défense, du ministre de l’Intérieur et de la Sécurité et du ministre de l’action humanitaire. Le ministre de la Défense malien a souligné le professionnalisme avec lequel les otages ont été libérés et les efforts coordonnés et entrepris par l’ensemble des forces Serval, MINUSMA et FAMA pour ramener paix et quiétude au Mali[187].

Reprise des affrontements au nord du Mali (mai 2014)

Le , alors que la sécurisation d’une action d’aide médicale à la population est menée au dispensaire de Tessalit, un détachement de soldats féminins de Serval arrive à Tessalit dans le cadre d’une prise de contact avec les femmes touarègues, incluant un certain nombre de femmes responsables d’associations. Cette action vise à créer un contact privilégié avec une représentation féminine de la société touarègue[188]. Durant la nuit du 6 au 7 mai, un légionnaire français est tué par un engin explosif improvisé lors d'une opération près de Tessalit[189].

L’ensemble des opĂ©rations logistiques liĂ©es Ă  la prĂ©paration de la bascule, fin , du poste de commandement de Bamako vers Ndjamena se poursuivent. La France souhaite, en effet, rĂ©organiser son dispositif pour avoir une conception rĂ©gionale du contre-terrorisme. 3 000 militaires français sont prĂ©vus dans cette zone dont 1 000 au Mali[190]. Cependant, Ă  la suite de la reprise des affrontements au nord du Mali, le ministre français de la dĂ©fense, Jean-Yves Le Drian, dĂ©cide de reporter sine die la visite qu'il avait prĂ©vue d'effectuer Ă  Bamako, puis Ă  N'Djamena pour annoncer la nouvelle Ă©tape de l'engagement français au Sahel[191].

Fin de l'opération Serval

Le , Jean-Yves Le Drian annonce que l'opération Serval a rempli sa mission et est de fait terminée, et qu'une nouvelle mission, l'opération Barkhane, est destinée à la remplacer, pour lutter contre le terrorisme dans l'ensemble du Sahel[192]. Le 14 juillet en fin d'après-midi, un pick-up piégé conduit par un kamikaze attaque une patrouille blindée française près d'Almoustarat, entre Bourem et Anéfis. Sept soldats français sont blessés dans l'explosion, dont un mortellement et deux autres grièvement[193] - [194].

Bilan humain

En , 9 soldats français sont morts au combat[195].

: lieutenant Damien Boiteux, 41 ans, du 4e régiment d'hélicoptères des forces spéciales (RHFS) basé à Pau (Pyrénées-atlantiques), est mortellement blessé alors qu'il se trouve aux commandes de son hélicoptère dans la région de Sévaré (nord du Mali).

: sergent-chef Harold Vormezeele, 33 ans, légionnaire du 2e régiment étranger de parachutistes (REP) de Calvi (Corse), est tué lors d'un accrochage dans le massif de l'Adrar des Ifoghas, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Tessalit (nord-est).

: caporal Cédric Charenton, 26 ans, du 1er régiment de chasseurs parachutistes (RCP) de Pamiers (Ariège) est tué en montant à l'assaut d'une position ennemie avec sa section dans l'Adrar des Ifoghas.

: Wilfried Pingaud, 37 ans, brigadier-chef du 68e régiment d'artillerie d'Afrique (RAA) de La Valbonne (Ain) est tué lors d'une mission de reconnaissance à 100 kilomètres de Gao, dans l'Est.

: caporal Alexandre Van Dooren, 24 ans, du premier régiment d'infanterie de marine (RIMa) d'Angoulême, saute sur un engin explosif alors qu'il se trouve à bord d'un AMX10, véhicule de combat blindé à six roues, lors d'une opération dans le massif des Ifoghas.

: caporal-chef Stéphane Duval, 32 ans, du 1er régiment de parachutistes d'infanterie de marine (RPIMa) de Bayonne -unité des forces spéciales - est tué dans l'extrême nord du Mali lorsque le véhicule léger dans lequel il circule saute sur un engin explosif.

: brigadier-chef Marc Martin-Vallet, 28 ans, du 515e régiment du train, camp de la Braconne (Charente), déployé au Mali depuis deux mois, est tué dans l'accident de son véhicule de transport logistique sur une piste près de Douentza, dans le centre.

: caporal-chef Thomas Guillebault du CPA 20[196]

: sergent Marcel Kalafut, 25 ans, du 2e régiment étranger de parachutistes de Calvi, est tué en opération peu avant minuit lors d'une mission de sécurisation des portes du massif du Tigharghar (Nord-Est). Son véhicule a sauté sur un engin explosif à une vingtaine de kilomètres à l'est de Tessalit.

: adjudant-chef Dejvid Nikolic, 45 ans, né en Serbie et naturalisé français, un sous-officier aguerri qui appartenait au 1er régiment étranger du génie (1er REG) de Laudun-l'Ardoise (Gard), est tué dans la région d'Al Moustarat (nord) pendant "une opération de reconnaissance".

Bilan logistique et des prises de guerre

La logistique dĂ©ployĂ©e au Mali, pays sans accès Ă  la mer a Ă©tĂ© importante. En septembre 2013, deux fois plus de matĂ©riels ont Ă©tĂ© transportĂ©s par voie aĂ©rienne stratĂ©gique que par voie maritime soit 18 500 tonnes en 480 rotations contre 9 170 tonnes et 500 personnels ont Ă©tĂ© acheminĂ©s par mer et passant par le SĂ©nĂ©gal[197].

De janvier Ă  septembre 2013, les mouvements aĂ©riens intra-théâtre ont acheminĂ© 3 500 tonnes de fret et 15 600 personnels en plus de 1 600 missions, dont 30 % rĂ©alisĂ©es par des moyens alliĂ©s[197]. Les vĂ©hicules de l’arme du Train ont parcouru plus de 3 millions de kilomètres [197]. En tout, plus de 17 millions de litres de carburant aviation et 3 millions de litres d’essence et de gazole ont Ă©tĂ© consommĂ©s[197].

Au , les troupes françaises ont saisi au niveau armement 100 fusils, 150 mitrailleuses, 30 lance-roquettes, 20 mortiers, 20 canons et 3 missiles sol-air SA-7[197]. Elles ont saisi Ă©galement 220 tonnes de munitions. 30 tonnes ont Ă©tĂ© reversĂ©es aux forces armĂ©es maliennes, dont 1 300 grenades, 1 000 roquettes, 7 700 obus, dont 500 de mortiers, 20 bombes et 200 mines et engins explosifs improvisĂ©s[197]. Plus de 12 tonnes de nitrate d’ammonium, produit qui permet de rĂ©aliser des bombes artisanales, 9 000 litres de gazole et d’essence et 200 « moyens de communication » sont Ă©galement pris sur l'ennemi[197].

Budget de l'opération Serval

Le surcoût de l’opération Serval pour le budget de la défense français s’élève, après dix jours, à 30 millions d’euros, montant qui est passé à 50 millions vers la fin du mois de janvier pour atteindre, au , 70 millions d'euros[198].

Il se répartit à cette date de la façon suivante[198] :

  • 50 millions pour l’acheminement stratĂ©gique, poste qui comprend la location d’avions ;
  • 5 Ă  10 millions pour le carburant des aĂ©ronefs ;
  • 5 millions environ pour les munitions tirĂ©es ;
  • 5 millions d’indemnitĂ©s opĂ©rationnelles versĂ©es aux militaires en raison de leur participation Ă  l’opĂ©ration Serval ;
  • 3 millions pour le fonctionnement courant comme l’alimentation et les frais de tĂ©lĂ©communication.

Fin , le budget est estimé par l'Assemblée nationale française à 100 millions d'euros[199].

Dans un rapport parlementaire d'information consacré à l'opération Serval déposé le 18 juillet 2013, les députés Christophe Guilloteau et Philippe Nauche évaluent les surcoûts engendrés par les opérations au Mali à 250 millions d'euros à la fin du mois de [200]. Ces surcoûts devraient dépasser les 400 millions d'euros à la fin de l'année 2013 selon le chef d'état-major des armées français, l'amiral Edouard Guillaud[201].

Fin 2013, la cour des comptes Ă©value le coĂ»t total de l'opĂ©ration Ă  647 millions d'euros[202].

Soutien logistique

Soutien militaire engagé

La Royal Air Force et l'Aviation royale du Canada mettent à disposition des avions de transport McDonnell Douglas C-17 Globemaster III pour une partie de l'acheminement du matériel français. L'image ci-dessus présente un avion britannique à la base de Lakenheath en 2010.
C-17 américain et canadien à la base d'Istres le 21 janvier 2013
L'Espagne a mis la base aérienne de Saragosse à la disposition de la France et de l'OTAN pour l'opération Serval[203], mais les avions utilisent aussi l'aéroport civil de Saragosse, notamment pour faire le plein en carburant[204] - [205]. Ici un Antonov 124 de la Volga-Dnepr Airlines affrété par la France, à Saragosse le 29 janvier.

Depuis le début de l'opération Serval, plusieurs pays proposent leur soutien militaire à l'intervention :

  • Drapeau de la Belgique Belgique : la Belgique met Ă  disposition deux avions de transport C-130 Hercules et deux hĂ©licoptères Agusta A.109BA pour missions d'Ă©vacuation mĂ©dicale hors des zones de combat[209] - [210]. Ces aĂ©ronefs sont intĂ©grĂ©s au dispositif français et passent sous son commandement le , date Ă  laquelle les C-130 belges effectuent leurs premières rotations entre la France et Bamako[211]. Ces missions emploieront environ 80 militaires belges[209] dont 70 doivent ĂŞtre transportĂ©s en CĂ´te d'Ivoire par Airbus A330 militaire[210]. Le ministre des Affaires Ă©trangères affirme vouloir « jouer un rĂ´le logistique et de formation »[210].
  • Drapeau du Canada Canada : le Canada met Ă  disposition un C-17 d'abord pour une durĂ©e d'une semaine Ă  partir du [212], puis prolonge la mission jusqu'au [213].
  • Drapeau du Danemark Danemark : le Danemark annonce la mise Ă  disposition d'un avion de transport en soutien Ă  l'opĂ©ration militaire française. Un C-130J danois est Ă  la Base aĂ©rienne 105 Évreux-Fauville le [214]. Le jeudi , cet appareil a quittĂ© la base d'Évreux pour la Corse, puis s'est envolĂ© le lendemain pour le SĂ©nĂ©gal.
  • Drapeau de l'Espagne Espagne : selon le ministre de la dĂ©fense, Pedro MorenĂ©s, l'Espagne fournira 40 Ă  50 instructeurs militaires, dans le cadre de la mission de formation de l'Union europĂ©enne au Mali, comme prĂ©vu initialement avant le dĂ©clenchement de Serval[216]. Par ailleurs l'Espagne a acceptĂ© l'ouverture de son espace aĂ©rien[216] et met Ă  disposition un C-130 Hercules, chargĂ© de maintenir un pont aĂ©rien entre Dakar et Bamako, capitale du Mali, pour le transport de troupes et de matĂ©riel de la MISMA[217]. L'appareil a quittĂ© la base aĂ©rienne de Saragosse le avec 30 hommes, dĂ©butant ainsi la « mission Marfil » conçue pour durer trois mois[218].
  • Drapeau des États-Unis États-Unis : par la voix du secrĂ©taire Ă  la DĂ©fense Leon Panetta, les États-Unis se dĂ©clarent le prĂŞts Ă  fournir Ă  la France un « appui logistique » et une aide en matière de renseignement, et pourraient prĂŞter des drones de surveillance[219]. Le , l'Ă©tat de rupture des relations diplomatiques entre Bamako et Washington Ă  la suite du coup d'Ă©tat du 22 mars 2012 est mentionnĂ© par des responsables du Pentagone comme faisant obstacle Ă  une participation militaire immĂ©diate des États-Unis[220]. Le , le prĂ©sident de la commission des affaires Ă©trangères de la chambre des reprĂ©sentants des États-Unis, Ed Royce, se dĂ©clare favorable Ă  une aide dans le domaine de la logistique et du renseignement[221]. Le , les États-Unis acceptent d'effectuer jusqu'Ă  30 rotations d'avions de transport, Ă  charge alors pour la France d'en payer le coĂ»t Ă  hauteur d'environ 20 millions de dollars[222] puis finalement, devant les protestations, Ă  titre gracieux[223]. L'aide en avions de ravitaillement en vol et en avions de surveillance demandĂ©e par la France reste en suspens[222]. Le , un porte-parole du United States Africa Command dĂ©clare que des C-17 amĂ©ricains ont commencĂ© Ă  convoyer du matĂ©riel d'Istres Ă  Bamako[224]. Le 26 janvier, le drone d'observation Global Hawk patrouille au-dessus du Mali[225]. Le , les États-Unis dĂ©clarent qu'ils acceptent de fournir les moyens de ravitaillement en vol que la France a demandĂ©s[226]. Selon une source militaire amĂ©ricaine, il s'agit de trois KC-135 de la base aĂ©rienne de MorĂłn[226]. Un premier avion ravitailleur amĂ©ricain participe aux opĂ©rations de soutien des opĂ©rations aĂ©roportĂ©es le [48]. Le porte-parole du dĂ©partement de la DĂ©fense des États-Unis, le commandant Rob Firman indique, qu'Ă  la date du , les C-17 de l'US Air Force ont accompli 30 vols pour transporter quelque 610 hommes et 760 tonnes d'Ă©quipement et de provisions[227]. En outre, il annonce que les tankers amĂ©ricains ont effectuĂ© neuf missions de ravitaillement et transportĂ© 180 000 litres de carburant au profit de l'aviation française depuis le [227].
  • Drapeau des Pays-Bas Pays-Bas : le 17 janvier, les Pays-Bas dĂ©clarent qu'ils offrent dĂ©jĂ  un soutien logistique via l'European Air Transport Command et qu'ils envisagent de fournir des avions pour des transports en France ou en Afrique[228]. Les Pays-Bas prĂ©voient la mise Ă  disposition d'un DC-10 et d'un KDC-10[208].
  • Drapeau de la Russie Russie : en sus du soutien diplomatique Ă  l'opĂ©ration, la France loue des avions Antonov An-124 avec leurs personnels aux compagnies civiles russes Volga-Dnepr Airlines et 224e brigade volante notamment pour convoyer des hĂ©licoptères Cougar[230]. Une source diplomatique russe anonyme rattache cette action au cadre onusien de la MISMA et envisage de fournir au Mali des instructeurs militaires[231].

Soutien militaire annoncé

  • Drapeau de l’Union europĂ©enne Union europĂ©enne : chargĂ©e de la mise en place Ă  partir de dĂ©but de la Mission de formation de l'Union europĂ©enne au Mali (EUTM Mali) qui a pour objet l'entraĂ®nement des troupes maliennes[233].
  • Drapeau de la Norvège Norvège : le ministre des affaires Ă©trangères Espen Barth Eide dĂ©clare le que son pays participera d'au moins une des trois manières suivantes : « Le financement de la force d'intervention africaine, une participation au dialogue national au Mali ou une contribution Ă  une mission europĂ©enne. »[234].

Soutien militaire envisagé

  • Drapeau de la Mauritanie Mauritanie : initialement non volontaire pour participer Ă  la force africaine, la Mauritanie pourrait participer Ă  Serval Ă  la demande de Bamako, a indiquĂ© le prĂ©sident mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz après avoir rencontrĂ© François Hollande Ă  Abou Dabi[235].
  • MNLA : les touaregs du MNLA se sont dits prĂŞts Ă  aider l’armĂ©e française Ă  lutter contre les djihadistes[236].
  • Drapeau de l'Italie Italie : le ministre des affaires Ă©trangères Giulio Terzi di Sant'Agata dĂ©clare le que l'Italie est prĂŞte Ă  fournir un soutien logistique aux opĂ©rations militaires[237]. Le , il est prĂ©cisĂ© qu'il s'agit de deux avions C130 Hercules et 24 soldats pour l’opĂ©ration EUTM Mali, cet engagement devant ĂŞtre soumis pour approbation au Parlement de la RĂ©publique italienne[228]. Le , l'Italie annonce que faute d'accord politique entre les diffĂ©rents partis, le pays renonce Ă  envoyer ses avions de transport tactique, et ne peut donc pas participer au soutien militaire de l'opĂ©ration Serval[238].
  • Drapeau de la Pologne Pologne : en voyage officiel Ă  Paris le , le prĂ©sident du Conseil des ministres polonais, Donald Tusk, dĂ©clare soutenir l'intervention militaire française « depuis le dĂ©but » et annonce qu'une dĂ©cision devrait ĂŞtre prise pour assurer un « soutien organisationnel et logistique » aux opĂ©rations en cours au Mali, notamment Ă  l'opĂ©ration Serval[239].

RĂ©actions

Soutien diplomatique

Dans l'ensemble, la majorité des États africains ainsi que les États occidentaux soutiennent l'intervention de la France[240].

  • ONU : le SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral des Nations unies, Ban Ki-moon espère que la dĂ©cision d'intervention du gouvernement français s'inscrira « en accord avec l'esprit » de la rĂ©solution 2085 du Conseil de sĂ©curitĂ© des Nations unies adoptĂ©e en [241]. Le , il rĂ©affirme son soutien Ă  l'opĂ©ration Serval en saluant la « dĂ©cision courageuse de dĂ©ployer des troupes au Mali Ă  la suite de l’avancĂ©e prĂ©occupante de groupes extrĂ©mistes vers le sud du pays », tout en exprimant son inquiĂ©tude quant aux consĂ©quences de l'opĂ©ration sur les civils et les droits de l'homme[242] ;
  • Drapeau de l'Union africaine Union africaine : le prĂ©sident de l'Union africaine, Thomas Boni Yayi, s'est fĂ©licitĂ© de la dĂ©cision de la France d'intervenir militairement au Mali pour repousser les groupes armĂ©s islamistes et soutenir les troupes maliennes ;
  • Drapeau de l’Union europĂ©enne Union europĂ©enne : le prĂ©sident du Conseil europĂ©en, Herman Van Rompuy, soutient l'opĂ©ration au titre qu'« il est urgent de stopper les terroristes et d'assister le gouvernement du Mali Ă  retrouver le plein contrĂ´le de son territoire »[243]. Le , les ministres des Affaires Ă©trangères de l'UE prĂ©voit de consacrer 50 millions d'euros pour supporter la force d'intervention africaine et de renforcer l'aide au dĂ©veloppement Ă  Bamako. Les conditions de cette assistance seront discutĂ©es Ă  la rĂ©union des donateurs de la Misma organisĂ©e le Ă  Addis Abeba en marge d'un sommet de l'Union africaine[244] ;
  • L'OTAN salue « l'action très rapide de la France pour repousser l'offensive des organisations terroristes »[245] ;
  • Dès le vendredi , l'engagement français reçoit le soutien diplomatique des États-Unis, du Royaume-Uni et de l'Allemagne ;
  • Drapeau de l'AlgĂ©rie AlgĂ©rie : le ministère des Affaires Ă©trangères algĂ©rien exprime son soutien « sans Ă©quivoque » Ă  un appui des troupes françaises auprès des autoritĂ©s de transition maliennes[245] et dĂ©cide d'autoriser le survol de son territoire aux aĂ©ronefs militaires français[246] ;
  • Drapeau de la Russie Russie : le vice-ministre des Affaires Ă©trangères russe dĂ©clare le qu'il considère l'opĂ©ration « lĂ©gitime »[247].
  • Drapeau du Japon Japon : le ministère japonais des Affaires Ă©trangères dĂ©clare le que « le Japon se rĂ©jouit de l'engagement des forces françaises »[248]. Le , le ministre des affaires Ă©trangères Fumio Kishida dĂ©bloque 125 millions de dollars supplĂ©mentaires d'aide publique au dĂ©veloppement pour les pays du Sahel et indique qu'il s'agit de « conforter le programme Misma indirectement »[249].
  • Drapeau du Maroc Maroc : après un entretien tĂ©lĂ©phonique le entre le roi Mohammed VI et François Hollande, le cabinet royal publie le communiquĂ© : « deux chefs d’État se sont concertĂ©s sur la situation au Mali en particulier Ă  la suite des derniers dĂ©veloppements enregistrĂ©s dans ce pays »[250]. François Hollande a annoncĂ© que le Maroc a autorisĂ© le survol de son territoire par les avions français[251]. Le pays exprime officiellement le , par la voix de son ministre de l'IntĂ©rieur, Mohand Laenser, l'appui « sans rĂ©serve » du Maroc Ă  l'intervention française au Mali, tout en ajoutant que « nous considĂ©rons que l'intervention française est opportune, pertinente, car elle vise Ă  dĂ©fendre l'intĂ©gritĂ© territoriale du Mali »[252].
  • L'assemblĂ©e parlementaire du Conseil de l'Europe demande aux nations amĂ©ricaines, europĂ©ennes et africaines qu'elles « renforcent leur engagement et leur solidaritĂ© Ă  l’égard des forces maliennes et françaises sur le terrain » et soutient les actions au Mali de la CPI et du HCR[253].

Autres réactions diplomatiques

  • Drapeau de l'Égypte Égypte : Après que son ministère des Affaires Ă©trangères ait rĂ©clamĂ© « une solution pacifique au conflit » et dĂ©clarĂ© la mosquĂ©e Al-Azhar compĂ©tente pour « Ă©radiquer la rhĂ©torique islamique extrĂŞme »[254], le prĂ©sident Ă©gyptien Mohamed Morsi a dĂ©noncĂ© l'intervention militaire française[258] - [259] ;
  • Drapeau de la Tunisie Tunisie : le ministre des Affaires Ă©trangères, Rafik Abdessalem, a marquĂ© son opposition Ă  l'opĂ©ration : « d'une façon gĂ©nĂ©rale, nous sommes contre une intervention Ă©trangère dans tous les cas de figures »[260]. Mais après une rencontre le avec l'ambassadeur de France, il dit : « nous savons que l’intervention française a Ă©tĂ© engagĂ©e Ă  la suite de la demande du pouvoir Ă  Bamako, au Mali. Il y a de rĂ©els dangers sĂ©curitaires au Mali qui ne menacent pas seulement ce pays frère, mais Ă©galement les pays de la rĂ©gion, parmi lesquels la Tunisie », ce que Businessnews.com.tn interprète comme un « changement de cap »[261] et tunisienumerique.com comme un « revirement »[262].
  • Drapeau de la RĂ©publique populaire de Chine Chine : le porte-parole du ministère des Affaires Ă©trangères affirme le que la Chine « dĂ©fend toujours les efforts rĂ©alisĂ©s par le gouvernement malien pour sauvegarder sa souverainetĂ© et son intĂ©gritĂ© territoriale » et demande la mise en place « aussi vite que possible » de la force internationale prĂ©vue par la dernière rĂ©solution de l'ONU[263] ;
  • Drapeau de la Libye Libye : soucieux des rĂ©percussions sĂ©curitaires en Libye, le ministre des Affaires Ă©trangères, Mohammed Abdulaziz, demande le la mise en place d'une « diplomatie prĂ©ventive », et envisage l'envoi Ă  terme d'une force de maintien de la paix de l'ONU au Mali après le dĂ©part des Français[265].
  • Drapeau de la Turquie Turquie : avant le dĂ©clenchement de Serval, le , le Premier ministre, Recep Tayyip ErdoÄźan, avait dĂ©clarĂ© durant une visite au Niger que si la voie diplomatique n'est pas possible, « une intervention [militaire] ne pourrait ĂŞtre considĂ©rĂ©e que comme un remède de dernière solution »[266]. Le , après avoir dit que la Turquie « respecte l'intĂ©gritĂ© territoriale et la stabilitĂ© politique du Mali », le porte-parole du ministère des affaires Ă©trangères Selcuk Unal rĂ©pond Ă  une question sur l'opĂ©ration française en disant que « la Turquie ne prĂ©fère pas les actions et les opĂ©rations unilatĂ©rales »[267]. Un communiquĂ© du ministère des affaires Ă©trangères du rĂ©clame « la mise en Ĺ“uvre rapide de la RĂ©solution 2085 du Conseil de sĂ©curitĂ© des Nations unies », soutient les rĂ©solutions de l'OUA et de la CĂ©dĂ©ao sur le Mali et fait part de la concertation le mĂŞme jour entre le ministre des affaires Ă©trangères Ahmet DavutoÄźlu et le secrĂ©taire de l'Organisation de la coopĂ©ration islamique Ekmeleddin Ä°hsanoÄźlu[268].
  • Drapeau des Émirats arabes unis Émirats arabes unis : Ă©voquant une aide humanitaire, le ministre des Affaires Ă©trangères, Anwar Mohammed Gargash, dĂ©clare le : « nous sommes en consultations Ă©troites avec les pays voisins du Mali et les organisations internationales pour rallier les efforts fournissant de l'aide aux citoyens maliens »[269].

RĂ©actions politiques au Mali

En , un porte-parole de l'ex-junte déclarait « Nous ne voulons pas de soldats de la Cédéao sur notre sol », tout en accueillant favorablement l'envoi de formateurs et d'appui logistique notamment aérien[270], puis en , il est rapporté qu'Amadou Sanogo a déclaré à la télévision publique ne pas être « opposé » au déploiement d'une force internationale dans le nord du Mali[271].

Le , en réaction à l'opération Serval, Amadou Sanogo déclare que la France a joué « un rôle capital » aux côtés de l'armée malienne[272].

Dans un communiqué, le MNLA parle d'exactions de l'armée malienne sur les populations de l'Azawad et critique l'« incapacité » de la France à y faire face[273].

À Kidal, le , un dirigeant d'Ansar Dine, Alghabass Ag Intallah déclare quitter ce mouvement pour fonder un nouveau mouvement nommé « Mouvement islamique de l'Azawad », et réclame un cessez-le-feu et la poursuite des pourparlers entamés avec les diplomaties algérienne et burkinabé, en vue d'une « large autonomie » de l'Azawad[274].

L'État d'urgence instauré le est prorogé de trois mois par l'assemblée nationale le [275].

À Kidal, le , des manifestants, principalement des femmes, réclament « une solution négociée avec le MNLA »[276].

L'Assemblée nationale adopte le à l'unanimité une « feuille de route » prévoyant que les élections seront organisées après le recouvrement total de l'intégrité territoriale du Mali, et que les opérations de vote utiliseront la biométrie[277]. Le président par intérim indique le même jour en marge d'une réunion de l'OUA à Addis-Abeba qu'il espère organiser les élections avant le [277].

Fin 2013, un sondage de la chaîne Al Jazeera indiquait que 96 % des habitants de Bamako soutenaient l'intervention française[278].

RĂ©actions politiques en France

La France déclenche l'opération Serval le 11 janvier 2013 alors que le président François Hollande avait affirmé trois mois jour pour jour auparavant, le , qu'« on peut donner un appui matériel, on peut former, mais la France n'interviendra pas ». Il ajoutait lors d'un entretien donné à des journalistes de France 24, RFI et TV5 Monde qu'« il n’y aura[it] pas d’hommes au sol, pas de troupes françaises engagées »[279].

Ce renversement politique reçoit un soutien quasi unanime de la classe politique et de l'opinion française. En contraste, il convient de noter les prises de position réservées de Dominique de Villepin et Valéry Giscard d'Estaing à droite et de Noël Mamère[280] (EELV) et Jean-Luc Mélenchon[281] (PG) à gauche ainsi que l'opposition d'Olivier Besancenot (NPA) à l'extrême gauche[282].

Dominique de Villepin estime qu'« aucune des conditions de la réussite n'est réunie »[283]. Valéry Giscard d'Estaing, tout en approuvant l'arrêt de l'avancée vers Bamako des forces djihadistes, met en garde contre des frappes aériennes qui toucheraient les populations civiles et contre ce qu'il appelle « une évolution (…) de type néo-colonialiste »[284]. Le 16 janvier, Alain Juppé émet des doutes sur la pertinence d'une opération au sol[285]. La direction du NPA (Olivier Besancenot, Philippe Poutou et Christine Poupin) publie, le dans Libération, une tribune dans laquelle ils font part de leur opposition totale à la guerre[286].

Pour renforcer la surveillance du territoire face aux menaces terroristes, le plan Vigipirate, déjà au stade rouge de par le passé, est « renforcé »[287].

D'après des sondages, environ 55 % des Français déclarent soutenir l'intervention au Mali en [288]. Mais, ils ne sont plus que 45 % en mars[289].

Le Premier ministre informe le Parlement le 16 janvier 2013 du déroulement des opérations. Jean-Yves Le Drian annonce sur RTL qu'au , l'opération Serval a coûté « plus de 100 millions d'euros »[290].

En , Nicolas Sarkozy conteste sévèrement l'intervention (« Que fait-on là-bas ? Sinon soutenir des putschistes et tenter de contrôler un territoire trois fois grand comme la France avec 4 000 hommes ? La règle, c'est qu'on ne va jamais dans un pays qui n'a pas de gouvernement. »)[291]. Quelques jours plus tard, François Hollande répond en saluant le succès de l'opération (« L'histoire retiendra que cette opération, qui a été faite au nom de la communauté internationale, avec le soutien de l'Europe, est une étape très importante dans la lutte contre le terrorisme »)[291].

Finalement, en 2014, l'opération Serval apparait comme un succès militaire (adversaires repoussés, Mali stabilisé), mais couteuse et sans bénéfice politique pour le président[292] - [293]. Elle représente néanmoins « un infléchissement brutal vers une posture « guerrière » du pouvoir » ; Sacha Mandel, conseiller en communication de Jean-Yves Le Drian et responsable des éléments de langage de l'opération Serval, confie ainsi au Monde avoir refusé de « passer par des expressions imbitables ou du technolangage comme en Afghanistan » pour privilégier le terme de « guerre » : « ça situait le niveau d'enjeu et ça prévenait qu'on allait avoir des morts. […] La vraie innovation, c'est qu'on a utilisé le mot "guerre" pour la première fois en France depuis la guerre d'Algérie. C'est la guerre décomplexée »[294].

Autres réactions

En Algérie, la presse critique l'intervention militaire et accuse la France de « colonialisme »[295].

Reporters sans frontières dénonce, le , l'impossibilité pour les journalistes de mener à bien leur travail sur le terrain : « En période de conflit, c’est aux journalistes et à leurs médias, et non aux militaires, de déterminer les risques qu’ils sont prêts à prendre dans la collecte de l’information »[296].

Fin de l'opération

En 2014, il est décidé de remplacer les opérations Épervier et Serval par l’opération Barkhane, qui est officiellement lancée le 1er août en appui aux pays partenaires de la bande sahélo-saharienne, avec la mission de lutter contre les groupes jihadistes et d’empêcher la constitution de sanctuaires terroristes dont le quartier-général est établi à N’Djamena[297].

Bibliographie

  • Bernard Barrera, OpĂ©ration Serval : Notes de guerre, Mali 2013, Éditions du Seuil, (ISBN 978-2-02-124129-7, BNF 44326878).
  • Collectif (prĂ©f. Philippe Chapleau), Serval - LibĂ©rer Gao, Kidal et Tombouctou, ECPAD, 2022, 320 p.
  • Thomas Flichy, OpĂ©ration Serval au Mali : l'intervention française dĂ©cryptĂ©e, Lavauzelle, , 123 p. (ISBN 2-7025-1567-3 et 978-2-7025-1567-9).
  • Olivier Hanne (dir.) (prĂ©f. Jean-Paul Laborde), Mali, une paix Ă  gagner ! Analyses et tĂ©moignages sur l'opĂ©ration Serval, Paris, Lavauzelle, (prĂ©sentation en ligne).
  • Jean-Christophe Notin, La Guerre de la France au Mali, Tallandier, 2014, 656 p.
  • Michel Galy, La guerre au Mali : Comprendre la crise au Sahel et au Sahara. Enjeux et zones d'ombre, Éditions La DĂ©couverte, (ISBN 9782707176851).
  • Survie, La France en guerre au Mali : Enjeux et zones d'ombre, Ă©ditions Tribord, (ISBN 9782930390376).

Articles connexes

Notes et références

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