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GĂ©rard Araud

Gérard Araud, né le à Marseille, est un ancien diplomate français, élevé à la dignité d'ambassadeur de France.

De Ă  , il est ambassadeur de France aux États-Unis, aprĂšs avoir Ă©tĂ© reprĂ©sentant permanent de la France auprĂšs des Nations unies Ă  New York. Il avait Ă©tĂ© auparavant directeur gĂ©nĂ©ral des affaires politiques et de sĂ©curitĂ© au ministĂšre des Affaires Ă©trangĂšres.

Le , il fait valoir ses droits Ă  pension et quitte ses fonctions. En 2021, il est Ă©pinglĂ© par la Haute AutoritĂ© pour la transparence de la vie publique pour avoir rejoint, sans autorisation, le secteur privĂ©, en travaillant pour l'entreprise israĂ©lienne de sĂ©curitĂ© informatique NSO Group – conceptrice du logiciel espion Pegasus –, ainsi que pour les sociĂ©tĂ©s Kering et Albright Stonebridge Group[1].

Biographie

Origines et formation

GĂ©rard Araud naĂźt dans une famille de la petite bourgeoisie marseillaise[2]. Il est orientĂ© par son pĂšre vers les sciences dures. Il est Ă©lĂšve en classes prĂ©paratoires scientifiques au lycĂ©e Thiers[3], puis intĂšgre l'École polytechnique (X1973). Il choisit comme Ă©cole d'application l'École nationale de la statistique et de l'administration Ă©conomique (ENSAE).

Voulant « Ă©chapper Ă  un destin de chercheur ou d'ingĂ©nieur »[3], il Ă©tudie Ă  l'Institut d'Ă©tudes politiques de Paris, section Service public, dont il sort diplĂŽmĂ© en 1978[4]. Il intĂšgre ensuite l'École nationale d'administration (promotion Henri-François-d'Aguesseau, 1982).

CarriĂšre

À la sortie de l'ENA, il choisit la carriĂšre diplomatique plutĂŽt que la direction du Budget[5]. Premier secrĂ©taire d'ambassade Ă  Tel Aviv (1982-1984), il est ensuite affectĂ© trois ans, Ă  Paris, au Centre d'analyse et de prĂ©vision du ministĂšre des Affaires Ă©trangĂšres, oĂč il traite des questions du Moyen-Orient. Conseiller Ă  l'ambassade de France Ă  Washington de 1987 Ă  1991, il y est Ă©galement chargĂ© du Moyen-Orient. Sous-directeur des affaires communautaires au ministĂšre des Affaires Ă©trangĂšres entre 1991 et 1993, il devient conseiller diplomatique au cabinet de François LĂ©otard, ministre d'État, ministre de la DĂ©fense, de 1993 Ă  1995.

Il rejoint Ă  Bruxelles la dĂ©lĂ©gation de la France auprĂšs du Conseil de l'Atlantique nord en 1995 comme reprĂ©sentant permanent adjoint et devient en 2000 directeur des Affaires stratĂ©giques, de sĂ©curitĂ© et du dĂ©sarmement du ministĂšre des Affaires Ă©trangĂšres. Il est ambassadeur de France en IsraĂ«l de 2003 Ă  2006. À ce poste, il se forge la conviction, selon Le Figaro, que la France doit rĂ©intĂ©grer le commandement militaire de l'OTAN, en rupture avec la doctrine gaulliste[6].

En , Gérard Araud est nommé directeur général des affaires politiques et de sécurité, secrétaire général adjoint du ministÚre des Affaires étrangÚres. Dans ces fonctions, il est notamment le négociateur pour la France sur le dossier nucléaire iranien. Le , il est nommé, par décret en Conseil des ministres[7], représentant permanent de la France au Conseil de sécurité et chef de la mission permanente de la France auprÚs des Nations unies à New York. Il remet ses lettres de créance à Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations unies, le [8].

Sa mission auprĂšs de l'Organisation des Nations unies est marquĂ©e par la nĂ©gociation et le vote de plusieurs rĂ©solutions du Conseil de sĂ©curitĂ© marquantes, en particulier sur l'Iran (rĂ©solution 1929), la Libye (rĂ©solutions 1970 et 1973 ouvrant la voie aux bombardements en Libye)[9]. Cette derniĂšre rĂ©solution permettra l'intervention militaire de 2011 en Libye et aura pour consĂ©quence la destruction de l'État libyen dont le pouvoir local est assurĂ© de facto par des tribus rĂ©gionales[10], les succĂšs de l'islamisme dans la rĂ©gion et la dĂ©stabilisation de l'ensemble de la zone sahĂ©lo-saharienne[11] entraĂźnant notamment le coup d'État militaire de 2012 au Mali[12].

Il est alors dĂ©crit selon Le Figaro comme « le tenant au Quai d'Orsay d'un « nĂ©o-conservatisme » Ă  la française, inspirĂ© par les positions de ce courant politique amĂ©ricain influent au dĂ©but du mandat de George W. Bush. Â»[6]. Pour Slate, GĂ©rard Araud est « l'un des diplomates les plus va-t-en-guerre de Paris Â»[13]. En 2011, il explique ainsi que le rĂ©gime syrien n'a plus d'avenir, soutenant que Bachar al-Assad « doit partir... parce qu'il ne peut plus ĂȘtre partie d'une solution Â»[14].

Il joue également un rÎle marquant dans les résolutions concernant la Syrie (résolution 2118), la CÎte d'Ivoire (résolution 1975), le Mali (résolutions 2056 et 2071) et la République centrafricaine (résolution 2127) notamment. Il assure au nom de la France la présidence mensuelle du Conseil de sécurité en , , et .

Le 5 janvier 2012, par décret pris en Conseil des ministres, il est élevé à la dignité d'« ambassadeur de France ».

Le , il est nommĂ© par dĂ©cret du prĂ©sident de la RĂ©publique[15] ambassadeur auprĂšs des États-Unis d'AmĂ©rique.

En , il commente l'Ă©lection de Donald Trump Ă  la prĂ©sidence des États-Unis par deux tweets : « AprĂšs le Brexit et cette Ă©lection, tout est dĂ©sormais possible. Un monde s’effondre devant nos yeux. Un vertige » et « C’est la fin d’une Ă©poque, celle du nĂ©olibĂ©ralisme. Reste Ă  savoir ce qui lui succĂ©dera »[16]. Ces mots choquent aux États-Unis comme en France et il est alors la cible de nombreuses critiques lui reprochant de manquer au devoir de rĂ©serve auquel il est soumis[17]. La chaĂźne Fox News reprend aussitĂŽt le tweet pour le dĂ©noncer[18]. Pour The Daily Mirror, les remarques de l'ambassadeur sont « d'autant plus Ă©tonnantes Â» que celui-ci devra travailler avec Trump et son Ă©quipe, une fois celui-ci investi prĂ©sident[19]. GĂ©rard Araud s'explique dans L'Opinion[20] et Politico[21]. La prĂ©sidente du Front national Marine Le Pen ayant exigĂ© son rappel, le ministre Jean-Yves Le Drian ne veut pas cĂ©der Ă  cette pression et le maintient finalement Ă  son poste[22].

En , il prend position contre Marine Le Pen, à la suite de Thierry Dana, ambassadeur à Tokyo[23]. Il devient le conseiller diplomatique d'Emmanuel Macron pendant sa campagne présidentielle de 2017 et, à ce titre, l'un des trente proches les plus influents du candidat selon Les Décodeurs du Monde[24].

Lors de son dĂ©part Ă  la retraite, alors qu'il est ambassadeur aux États-Unis, il qualifie IsraĂ«l « d'État d'apartheid »[25].

AprĂšs son dĂ©part Ă  la retraite en , il devient conseiller de l’entreprise israĂ©lienne de sĂ©curitĂ© informatique NSO Group[26], Ă©ditrice du logiciel espion Pegasus et rejoint Ă©galement la sociĂ©tĂ© de communication Richard Attias & Associates, dĂ©tenue pour moitiĂ© par un fonds souverain saoudien[27]. L'ancien ambassadeur fait l’objet, en 2021, « d’importantes vĂ©rifications » de la part de la Haute AutoritĂ© pour la transparence de la vie publique, et d’un signalement pour « intelligence avec une puissance Ă©trangĂšre » auprĂšs de la procureure de Paris[28] - [29]. Pour ses activitĂ©s avec NSO Group, il subit une retenue de 5 000 euros sur sa retraite de haut fonctionnaire en tant que ministre plĂ©nipotentiaire hors classe ayant fait valoir ses droits Ă  la retraite[30].

Barack Obama signant devant GĂ©rard Araud le registre de condolĂ©ances Ă  l'ambassade de France aux États-Unis Ă  la suite des attentats de janvier 2015 en France.

Vie privée

Il est en couple avec le photographe Pascal Blondeau depuis 1995[31].

Publications

  • Passeport diplomatique : quarante ans au Quai d'Orsay, Paris, Éditions Grasset, 2019, 384 p.
  • Henry Kissinger : le diplomate du siĂšcle, Tallandier, 2021, 336 p.
  • Histoires diplomatiques : Leçons d'hier pour le monde d'aujourd'hui, Paris, Éditions Grasset, 2022, 320 p.
  • Nous Ă©tions seuls : une histoire diplomatique de la France 1919-1939, Tallandier, 2023, 336 p.

Distinctions

Notes et références

  1. « L’ancien ambassadeur de France Ă  Washington Ă©pinglĂ© pour sa collaboration avec NSO Group », lemonde.fr,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  2. biographie de GĂ©rard Araud sur le site de l'ambassade de France aux États-Unis.
  3. Pierre Laszlo, « La force du vrai en diplomatie », La Jaune et la Rouge, no 726,‎ (lire en ligne).
  4. « Sciences Po Alumni », sur sciences-po.asso.fr (consulté le ).
  5. GĂ©rard Araud, Passeport diplomatique : trente-sept ans au Quai d'Orsay, (ISBN 978-2-246-82111-3 et 2-246-82111-8, OCLC 1131680792, lire en ligne).
  6. Caroline Bruneau et Alain Barluet, « Syrie : le coup de sang de l'ambassadeur de France », lefigaro.fr, 13 décembre 2011.
  7. Décret du 15 juillet 2009 portant nomination d'un représentant permanent de la France au Conseil de sécurité et chef de la mission permanente française prÚs les Nations unies à New York - M. Araud (Gérard), JORF no 162 du 16 juillet 2009, texte no 59, NOR MAEA0910512D.
  8. « Le nouveau représentant permanent de la France auprÚs des Nations unies présente ses lettres de créance », communiqué du Département de l'information de l'Organisation des Nations unies, 10 septembre 2009.
  9. GĂ©rard Araud, l'homme de la guerre en Libye, lejdd.fr, 5 juin 2011
  10. « L’éclatement de la Libye : un scĂ©nario annoncĂ© », Bernard Lugan, Afrique rĂ©elle, 7 mars 2012.
  11. Mali : quel rĂŽle pour la France?, Arnaud Focraud, Le JDD.fr, 4 avril 2012.
  12. « Chaos malien Le bilan désastreux de la géopolitique française », Rosa Moussaoui et Hassane Zerrouky, L'Humanité.fr, 11 avril 2012.
  13. Colum Lynch, Gérard « Araud, le nouvel ambassadeur de France aux Etats-Unis, verra-t-il son légendaire franc-parler dompté par Washington? », slate.fr, 17 septembre 2014.
  14. « Bachar al-Assad doit partir ! », leparisien.fr, 17 décembre 2011.
  15. « DĂ©cret du 23 juillet 2014 portant nomination d'un ambassadeur extraordinaire et plĂ©nipotentiaire de la RĂ©publique française auprĂšs des États-Unis d'AmĂ©rique - M. ARAUD (GĂ©rard) », sur legifrance.gouv.fr.
  16. « Victoire de Trump: Tollé aprÚs deux tweets de l'ambassadeur français aux Etats-Unis », www.20minutes.fr, 9 novembre 2016.
  17. « Election amĂ©ricaine : le tweet exagĂ©rĂ© d’un ambassadeur de France aux Etats-Unis dĂ©goĂ»tĂ© », lemonde.fr, 9 novembre 2016.
  18. « Désemparé par le résultat de l'élection américaine, Gérard Araud, l'ambassadeur français aux Etats-Unis se fait incendier sur Twitter », huffingtonpost.fr, 9 novembre 2016.
  19. (en) « French ambassador to the US says the "world is collapsing" as Donald Trump looks set to become President », mirror.co.uk, 9 novembre 2016.
  20. « GĂ©rard Araud : «J’ai eu tort mais je ne me suis pas trompé» », L'Opinion,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  21. « ‘Europeans Can’t Think of Building a Future Without the Americans’ », POLITICO Magazine,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  22. Damien Augias et Nonfiction, « Le Quai d'Orsay comme si vous y étiez », Slate, 11 avril 2020.
  23. « Un ambassadeur de France refusera de "servir" Le Pen si elle est élue », Le Point, 8 mars 2017.
  24. Agathe Dahyot, CĂ©dric Pietralunga, JĂ©rĂ©mie Baruch et Maxime Vaudano, « Qui sont les trente proches d’Emmanuel Macron qui comptent au sein d’En marche ! ? », sur lemonde.fr, (consultĂ© le ).
  25. « L'ambassadeur de France aux États-Unis qualifie IsraĂ«l "d'État d'apartheid" », sur BFMTV (consultĂ© le )
  26. « L’ancien diplomate GĂ©rard Araud travaille dĂ©sormais pour l’IsraĂ©lien NSO Group », sur The Times of Israel, .
  27. « Pantouflage diplomatique », sur Le Monde Diplomatique, .
  28. Vanessa Ratignier et Emmanuel LĂ©vy, « "Intelligence avec une puissance Ă©trangĂšre" : l'ex-ambassadeur GĂ©rard Araud visĂ© par un signalement », marianne.net, 4 octobre 2021.
  29. Sarah Brethes et Antton Rouget, « L’ex-ambassadeur star GĂ©rard Araud rattrapĂ© par la Haute AutoritĂ© pour la transparence », sur Mediapart, (consultĂ© le ).
  30. « Le Quai d'Orsay sanctionne Gérard Araud pour ses activités non déclarées », sur La Lettre A, (consulté le )
  31. http://www.lavierose.fr/2014/11/13/gerard-araud-ambassadeur-france-washington-gay-vogue/
  32. Décret du 31 décembre 2013 portant promotion et nomination
  33. DĂ©cret du 9 avril 2004 portant promotion et nomination
  34. Décret du 5 janvier 2012 élevant à la dignité d'ambassadeur de France un ministre plénipotentiaire - M. Araud (Gérard), JORF du 6 janvier 2012, texte no 48, NOR MAEA1135033D

Voir aussi

Bibliographie

  • Gaspard Dhellemmes, « L'homme qui a dit no Â», Vanity Fair n°73, , p. 82-87.

Articles connexes

Liens externes

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