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Pléiades (satellite)

Pléiades est un couple de deux satellites optiques d'observation de la Terre. Les satellites Pléiades 1A et Pléiades 1B opèrent en véritable constellation sur la même orbite, à 180° l’un de l’autre. Parfaitement identiques, ils fournissent des produits optiques en très haute résolution dans un temps record, avec une capacité de revisite quotidienne. Les produits Pléiades sont distribués par Airbus DS Geo (anciennement Spot Image), filiale d'Airbus Defence and Space.

Description de l'image Pléiades (satellite).jpg.
Données générales
Organisation Drapeau de la France CNES
Constructeur Drapeau de la France EADS Astrium Satellites
Domaine Imagerie spatiale civile et militaire
Nombre d'exemplaires 2
Constellation Oui
Statut Opérationnels
Autres noms

Identifiants COSPAR :
2011-076F (Pléiades-1A)

2012-068A (Pléiades-1B)
Lancement

(Pléiades-1A)

(Pléiades-1B)
Lanceur Drapeau de la Russie Soyouz depuis le Drapeau de la France Centre spatial guyanais
Durée de vie 5 ans
Site Site dédié du CNES
Caractéristiques techniques
Masse au lancement 980 kg
TĂ©lescope
Type Korsch
Diamètre 650 mm[1]
Longueur d'onde Visible, proche infrarouge

Le projet Pléiades

En matière d’observation de la Terre, l’évolution des enjeux civils et militaires europĂ©ens plaide aujourd’hui en faveur de l’accès Ă  plusieurs niveaux de rĂ©solution d’image. Les images obtenues par le système optique Spot 5 prĂ©sentent l’avantage de balayer un champ gĂ©ographique large (60 km), avec une rĂ©solution infĂ©rieure Ă  m. L'objectif du programme PlĂ©iades quant Ă  lui, est de fournir une nouvelle gĂ©nĂ©ration d'images mieux rĂ©solues (dĂ©tection d'objets infĂ©rieurs Ă  1 mètre) sur des superficies plus rĂ©duites allant d’une cinquantaine Ă  plusieurs centaines de kilomètres carrĂ©s[2] - [3].

Ainsi, la complémentarité des systèmes SPOT et Pléiades permet aux utilisateurs civils (cartographes, volcanologues, géophysiciens, hydrologues, urbanistes etc.) et militaires d’accéder à une gamme d’images plus riche, et mieux adaptée à la variété de leurs besoins.

D’autre part, au travers d’une coopération franco-italienne, le système optique Pléiades a été développé sous l’égide du CNES en parallèle du système radar COSMO-SkyMed, sous la responsabilité de l’agence spatiale italienne. Les utilisateurs accèdent ainsi à un choix encore plus riche d’images : optique et radar, haute et moyenne résolution, couverture géographique plus ou moins vaste etc.

Système Pléiades

  • initiateur : CNES (maĂ®tre d'Ĺ“uvre de l'ensemble du système PlĂ©iades)
  • origine : Programme ORFEO (Optical and Radar Federated Earth Observation) de coopĂ©ration spatiale franco-italienne, rĂ©gi par l'accord de Turin
  • statut : premier satellite lancĂ© en
  • opĂ©rateur civil : Airbus DS Geo (anciennement Spot Image)
  • participants : Agences spatiales française, suĂ©doise, belge, espagnole et autrichienne, les ministères des dĂ©fenses française, espagnole et italienne
  • objectifs : Couvrir l’ensemble des besoins europĂ©ens civils et militaires dans la catĂ©gorie de la rĂ©solution submĂ©trique.
  • d’une masse d’une tonne, ils Ă©voluent en orbite hĂ©liosynchrone Ă  694 km d’altitude avec une capacitĂ© d’acquisition utile pouvant atteindre 600 images par jour. Ces satellites, construits autour d’un tĂ©lescope central, sont dotĂ©s de capacitĂ©s de manĹ“uvre exceptionnelles du fait de la position de leur centre de gravitĂ© et de l'utilisation d'actionneurs gyroscopiques (CMG).

Mission

Pour répondre aux besoins de cartographie fine, notamment en zone urbaine et en complément de la photographie aérienne, Pléiades doit offrir de fortes capacités d'acquisition stéréoscopique instantanées et la capacité de couvrir des zones étendues. Pour des applications telles que la sylviculture, la géologie et l'environnement marin, Pléiades doit, de par ses caractéristiques spectrales et ses possibilités de caractérisation tridimensionnelle des surfaces, compléter les informations fournies par d'autres capteurs, tels que ceux de Spot-5, en fournissant des informations mieux résolues spatialement[4].

Domaines d’application

Le système Pléiades est conçu pour répondre aux applications de télédétection en Très Haute Résolution (THR), par exemple :

  • amĂ©nagement : dĂ©tection et identification d’élĂ©ments infĂ©rieurs Ă  m2 : vĂ©hicules, mobiliers urbains, rĂ©seaux de voirie, buisson isolĂ©s.
  • agriculture : gestion des espaces et de la production agricole, repĂ©rage de zones de maladies des cultures
  • urbanisme et dĂ©mographie : localisation de constructions individuelles
  • dĂ©fense : recueil de renseignements dĂ©rivĂ©s des images et planification tactique
  • sĂ©curitĂ© civile : prĂ©vention, assistance durant les crises et Ă©valuation post-crise notamment en cas de sĂ©isme
  • hydrologie : topographie et Ă©tudes des pentes des bassins versants
  • forĂŞts : dĂ©forestation illĂ©gales et gestion de la production sylvicole
  • mer et littoral : reconnaissance de navires et pollutions
  • gĂ©nie civil : tracĂ©s routiers, ferrĂ©s et olĂ©oducs.

RĂ©alisation des satellites

Le contrat final est signĂ© en pour un montant de 314 M€[5]. Le programme Ă©tant civil et militaire, le financement est en partie assurĂ© par le ministère de la DĂ©fense qui le finance Ă  hauteur de 165 M€, transfĂ©rĂ© au CNES via le Budget civil de recherche et de dĂ©veloppement. Il s'agit alors de deux satellites de 1 tonne, capables d'une rĂ©solution de 70 cm (GSD: Ground Sampling Distance; Distance entre pixels), en mode panchromatique et 2,8 m en mode multibande. Ils fourniront des produits rĂ©Ă©chantillonnĂ©s Ă  50 cm (noir et blanc) et m (bandes couleurs).

Ce programme prévoit d'exploiter conjointement les satellites Pléiades (optique) et COSMO-Skymed (radar), dont les quatre satellites ont été lancés entre 2007 et 2010. Chaque pays a droit, pour des utilisateurs civils et militaires, à un accès au système de son partenaire.

Maîtrise d'œuvre du segment spatial

EADS Astrium Satellites assure la maîtrise d'œuvre dans son usine de Toulouse.

Le satellite, pesant finalement 980 kg, est d'une très grande agilitĂ©. Grâce Ă  trois senseurs stellaires de Sodern, un central avec quatre gyroscopes Ă  fibre optique (FOG) d'iXblue et Astrium, quatre actionneurs gyroscopiques Ă  contrĂ´le de moment (CMG) et un rĂ©cepteur Doris du CNES, les images sont localisĂ©es Ă  mieux que quelques mètres et la capacitĂ© de basculement est de 60° en moins de 25 secondes. Ces actionneurs gyroscopiques sont une première en Europe. Les gyroscopes Ă  fibre optique de PlĂ©iades sont Ă©galement une première en Europe et se trouvent Ă©galement sur les satellites Aeolus et Coms.

Le programme est mené en coopération avec la Suède (3 %), la Belgique (4 %), l'Espagne (3 %) et l'Autriche (0,4 %).

La Suède fournit le calculateur de bord (Saab Ericsson), l'Autriche apporte la carte d'interface du calculateur, la Belgique fournit la structure du bus (Sonaca) et le boîtier de distribution (Etca) quant à l'Espagne, elle est présente au travers d'EADS Casa, de Thales Alenia Space-Espagne, de Rymsa (antenne bande S) et de Sener (mécanisme d'obturateur). En outre, les batteries Li-lon proviennent de chez ABSL (Royaume-Uni), le magnétomètre et le magnéto-coupleur d'IAI (Israël), etc.

Le satellite a une durĂ©e de vie nominale de cinq ans et une puissance Ă  bord de 1,5 kW, fournie par trois panneaux solaires fixes, le satellite basculant rapidement vers le Soleil pour les recharger dès sa sortie d'Ă©clipse, ou avant de rentrer de nouveau en Ă©clipse, pendant une dizaine de minutes. La mĂ©moire embarquĂ©e a Ă©tĂ© portĂ©e Ă  600 Gbits et la retransmission au sol Ă  450 Mbits/s.

Instrumentation

C'est Alcatel Space (devenu maintenant Thales Alenia Space) qui réalise les instruments de Pléiades, dans l'établissement de Cannes :

  • le premier modèle est livrĂ© en Ă  EADS Astrium pour son intĂ©gration sur la plate-forme, l'ensemble devant ĂŞtre livrĂ© Ă  Kourou quinze mois plus tard[5].
  • l'instrument de PlĂ©iades-1B est livrĂ© en chez Astrium pour un lancement devant intervenir quelques mois après celui de PlĂ©iades-1A[6].

L'instrument, pesant 200 kg, comprend de nombreuses innovations[1] :

  • la structure est en carbone-carbone,
  • les miroirs de Thales SESO en Zerodur[7],
  • le miroir primaire a un diamètre de 0,650 m
  • le plan focal de Sodern,
  • l'Ă©lectronique vidĂ©o hautement intĂ©grĂ©e, les barrettes CCD d'e2v (Royaume-Uni) comprend cinq barrettes de 6 000 points chacune, soit 30 000 points par ligne. De plus, ces CCD sont du type TDI (Time Delay Integration) amincis.
  • la rĂ©solution est 0,7 m en mode panchromatique et 2,8 m en mode multibande.
  • un dispositif original de refocalisation thermique, avec une prĂ©cision en tempĂ©rature de l'ordre du dixième de degrĂ©.
Caractéristiques du radiomètre Pléiades[8] - [4]
Mode Canal Bande spectrale
Multibande 0 430–550 nm (bleu)
1 490–610 nm (vert)
2 600–720 nm (rouge)
3 750–950 nm (proche infrarouge)
Panchromatique P 480–830 nm (noir & blanc)

RĂ©sultats

Les caractéristiques des produits après traitements sont[8] :

Échantillonnage des produits PAN 50 cm (acquisition Ă  70 cm rĂ©Ă©chantillonnĂ©e Ă  50 cm), CombinĂ©e: 50 cm PAN (acquisition Ă  70 cm rĂ©Ă©chantillonnĂ©e Ă  50 cm) & m MS
Trace au sol 20 km largeur
MosaĂŻque en simple passage jusque 100 km Ă— 100 km

Segment sol

Le segment sol comprend :

Spot Image utilise les stations de Kiruna et de Toulouse, la défense française celle du centre militaire d'observation par satellites (CMOS) situé sur la base aérienne 110 de Creil, l'Italie dispose de la station de Pratica di Mare et l'Espagne a celle de Torrejón de Ardoz près de Madrid (distincte de celle de l'Union européenne).

Lancements

Évolution de l'altitude moyenne des satellites Pléiades, autour de 698 km.

Pléiades-1A est lancé du Centre spatial guyanais, par un lanceur Soyouz, le [9]. Pléiades-1B est lancé avec succès depuis le Centre spatial guyanais, par un lanceur Soyouz, à 02h02 UTC[10].

Les successeurs : la constellation Pléiades Néo

La constellation de satellites d'observation de la Terre Pléiades Neo doit prendre la suite des satellites Pléiades. Annoncée en 2016, elle est développée par l'industriel sur fonds propre contrairement à la génération précédente et représente un investissement évalué à 600 millions €. Elle découle d'une étude conceptuelle ARCTOS réalisée par Airbus. Alors que la série des Pléiades fournit des images avec une résolution spatiale de 70 centimètres, celle-ci est abaissée à 30 centimètres pour les nouveaux engins afin d'offrir une prestation équivalente à celle des satellites concurrents WorldView. La constellation, qui comprend 4 satellites, permet une fréquence de visite bi-quotidienne des sites à photographier alors que les Pléiades ne permettait qu'une visite quotidienne[11] - [12].

Exportation

Émirats arabes unis

Le , Les Émirats arabes unis (EAU) signent un contrat de plus de 700 millions d'euros pour deux satellites militaires d'observation Falcon Eye basés sur Pléiades, avec Jean-Loïc Galle, PDG de Thales Alenia Space et François Auque, PDG d'Astrium, en présence de Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense française[13].

En , Airbus Space Systems et Thales Alenia Space signent enfin le contrat, ayant réglé les problèmes dus aux clauses, notamment celles portant sur les composants américains (réglementation ITAR)[14].

Maroc

Le Maroc a signé en 2013 avec Airbus Space Systems et Thales Alenia Space, lors de la visite du président Hollande au Maroc, un contrat portant sur la vente de deux satellites espion de type Pléiades pour la somme de 500 millions d'euros, lancements compris[15]. Le satellite A a été lancé le tandis que le satellite B fut lancé lors de la mission VV13 menée par ArianeSpace le [16].

Notes et références

  1. « L'instrument haute résolution », sur CNES,
  2. « Nouvelle génération d’images d’optiques de la Terre : le CNES réceptionne le premier satellite Pléiades », sur presse.cnes.fr, (consulté le )
  3. « Lorient, 1ère image de Pléiades 1B », sur cnes.fr, (consulté le )
  4. « Principales caractéristiques de la mission sur le site du CNES », sur pleiades.cnes.fr, (consulté le )
  5. Christian Lardier, « Le satellite Pléiades-1 sort de ses difficulté », Air et Cosmos, no 2133,‎ , p. 60-61 (ISSN 1240-3113)
  6. Jean-Pierre Largillet, « Thales Alenia Space livre "l'œil de lynx" du satellite d'observation Pléiade », sur WebTimesMedia,
  7. « Thales Alenia Space va livrer à Astrium l’instrument optique à très haute résolution pour Pléiades », 9 juillet 2008, communiqué de presse sur www.thalesgroup.com
  8. « Produits », sur pleiades.cnes.fr, (consulté le )
  9. « Lancement réussi des satellites Pléiades et Elisa », sur CNES,
  10. « Lancement Soyouz-ST-A VS04 / Pléiades-1B - 2 décembre 2012 », sur Forum de la Conquête spatiale,
  11. Stefan Barensky, « Airbus mise sur Pléiades Neo pour l’observation », sur Aerospatium,
  12. x, « Pleiades NEO, the Airbus Very High Resolution constellation », sur blog Satellite Observation, 2016-2017
  13. Véronique Guillermard, « Satellites d'observation : «La France a la meilleure technologie» », sur Le Figaro,
  14. Michel Cabirol, « Les Émirats arabes unis achètent deux satellites espions à Airbus et Thales », sur La Tribune,
  15. Michel Cabirol, « Armement : la France a vendu deux satellites espions au Maroc en 2013 », sur La Tribune, (consulté le )
  16. ArianeSpace, « ArianeSpace met en orbite le satellite Mohammed VI - B », sur ArianeSpace.com,

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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