Djenné
Djenné est une ville et une commune du Mali, chef-lieu du cercle de Djenné située dans la région de Mopti, à 574 km par la route de la capitale Bamako située à l'ouest. Djenné est à la charniÚre entre le monde nomade et le monde sédentaire. Elle est située à 130 km de Mopti, et à 500 km par voie fluviale de la ville caravaniÚre de Tombouctou à laquelle elle est liée commercialement.
Djenné | |
Marché et Grande mosquée, Djenné | |
Administration | |
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Pays | Mali |
RĂ©gion | Mopti |
Cercle | Djenné |
Maire | Alphamoye Samassé (RPM élu 2019 |
DĂ©mographie | |
Population | 26 267 hab. (2009) |
Densité | 97 hab./km2 |
Population précédent recensement | 19 558 hab. (1998) |
Taux de croissance annuel moyen | 2.7 % |
GĂ©ographie | |
CoordonnĂ©es | 13° 54âČ 21âł nord, 4° 33âČ 17âł ouest |
Altitude | 307 m |
Superficie | 27 100 ha = 271 km2 |
Localisation | |
Son nom signifie « génie des eaux » en langue bozo.
GĂ©ographie
DjennĂ© est construite sur une Ăźle de 88 hectares, entre deux bras du Bani, affluent du Niger. Elle est situĂ©e au bout d'une digue de 23 km qui s'achĂšve sur les bords du Bani. Pour rejoindre la route principale qui relie Bamako Ă Mopti, il est nĂ©cessaire dâemprunter un bac.
Djenné connaßt un climat de type sahélien. Les précipitations annuelles sont en moyennes de 400 et 600 mm.
- Traversée du Bani prÚs de Djenné (2007).
- Digue à l'entrée de la ville de Djenné.
La ville de Djenné compte 14 196 habitants en 2005 contre 10 275 en 1976[1]. Différentes ethnies sont présentes à Djenné : Sonrhaï, Peuls, Bambaras, Sarakolés, Bozos, Dogons et Mossi.
Villes anciennes de Djenné *
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Djenné | |
CoordonnĂ©es | 13° 54âČ 21âł nord, 4° 33âČ 17âł ouest |
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Pays | Mali |
Type | Culturel |
CritĂšres | (iii)(iv) |
NumĂ©ro dâidentification |
116 |
Zone géographique | Afrique ** |
AnnĂ©e dâinscription | 1988 (12e session) |
Classement en péril | 2016 |
* Descriptif officiel UNESCO ** Classification UNESCO |
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Histoire
La région est occupée au moins à partir du IIIe siÚcle av. J.-C., comme en témoignent les nombreux sites archéologiques (65 recensés) dans un rayon de 5 km autour de la ville actuelle. Les plus importants sont Kaniana, Tonomba et Djenné-Djenno, découverte par des américains archéologues (M. et Mme Mac Intosch) en 1980, et considérée comme la ville ancienne de Djenné.
L'historien John Iliffe (Les Africains, Histoire d'un continent) cite DjennĂ© comme ville Ă©conomique au croisement des routes commerciales menant Ă la savane du nord et Ă la forĂȘt du sud Ă la fin au IIIe siĂšcle, donc bien avant l'islamisation de la rĂ©gion. D'aprĂšs les fouilles des sites archĂ©ologiques, les habitants travaillaient le minerai de fer, et avaient construit des habitations en torchis. Les cimetiĂšres Ă©taient nombreux, et l'Ă©tude de ces tombes montre une organisation sociale peu hiĂ©rarchisĂ©e.
La ville de DjennĂ© a Ă©tĂ© construite Ă proximitĂ© de DjennĂ©-Djenno Ă la fin du IXe siĂšcle par des Bozos. Une lĂ©gende raconte quâune jeune fille nommĂ©e Tapama Kayantao, devenue Tapama Djenepo, "la martyre de DjĂ©nnĂ©", fut enfermĂ©e vivante dans un tombeau du mur dâenceinte de la ville, Ă la porte de Kanafa, oĂč la tombe existe toujours, patrimoine mondial de l'humanitĂ©, gĂ©rĂ© par l'UNESCO, afin de protĂ©ger la citĂ© et en assurer la prospĂ©ritĂ© (le gĂ©nie des eaux qui donne son nom Ă la citĂ© ferait s'Ă©crouler les maisons de banco et le sacrifice de la demoiselle aurait permis d'Ă©riger la ville).
En 1280, le roi Koi Komboro se convertit Ă lâislam et fait construire Ă DjennĂ© sa prestigieuse mosquĂ©e. Au XIIIe siĂšcle, la ville est intĂ©grĂ©e Ă lâempire du Mali.
En 1443, elle est conquise par les Touaregs (bien que DjennĂ© semble n'avoir pas connu de domination touareg) puis par l'Empire songhaĂŻ en 1470. En 1591, le sultan saadien du Maroc Ahmed el-Mansour sâempare de DjennĂ©. En 1670, DjennĂ© appartient au Royaume bambara de SĂ©gou.
DjennĂ© est conquise par SĂ©kou Amadou (Empire peul du Macina) en 1819, puis par lâEmpire toucouleur dâOumar Tall en 1862 avant dâĂȘtre prise par les troupes de Louis Archinard en 1893[2] lors de la pĂ©nĂ©tration coloniale française et intĂ©grĂ©e au Soudan français.
Louis-Gustave Binger donne une longue description de la ville dans son récit Du Niger au golfe de Guinée (Hachette, 1892, p. 384-386).
La ville a Ă©tĂ© au cours de son histoire au cĆur de lâexpansion de l'islam en Afrique noire : Islam en Afrique.
DjennĂ© a toujours Ă©tĂ© un carrefour pour le commerce transsaharien. Les marchandises en provenance du nord, notamment les bijoux et le sel gemme, sâĂ©changeaient contre les produits du sud, les noix de cola, lâor et lâivoire. De nos jours encore, le marchĂ© qui se tient chaque lundi est le plus important de la rĂ©gion.
La grande mosquée
Vers 1280, Koi Komboro, roi de DjennĂ©, se convertit Ă lâislam. Il dĂ©truit son palais et y fait construire Ă la place une grande mosquĂ©e.
En 1819, DjennĂ© est annexĂ©e Ă lâEmpire peul du Macina de SĂ©kou Amadou qui fait dĂ©truire la mosquĂ©e pour en construire une nouvelle. En 1906, le gouverneur colonial français William Ponty accepte, Ă la demande du marabout Almamy Sonfo, de reconstruire Ă lâidentique lâancienne mosquĂ©e du roi Koi Komboro. Les travaux, commencĂ©s en octobre 1906, seront terminĂ©s le .
La grande mosquĂ©e peut accueillir environ 1 000 fidĂšles. Elle mesure 75 mĂštres de cĂŽtĂ© et 20 mĂštres de hauteur. Son toit est soutenu par 100 piliers. EntiĂšrement rĂ©alisĂ©e en banco, la mosquĂ©e bĂ©nĂ©ficie chaque annĂ©e dâun crĂ©pissage auquel participent tous les habitants de la ville. C'est le plus grand Ă©difice du monde entiĂšrement construit en banco.
La mosquée est typique de l'architecture soudanaise, qui inspire les maçons bozos, ceux-ci puisent dans les lignes de ce monument l'esprit des nouvelles mosquées.
Architecture
Lâarchitecture spĂ©cifique de la ville de DjennĂ© a permis lâinscription en 1988 de cette ville sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO.
Les bĂątiments sont construits en banco. Des morceaux de bois, les « terrons », traversent les murs. Les maçons appelĂ©s barey sont les maĂźtres incontestĂ©s de lâarchitecture de DjennĂ©.
Le chercheur et architecte Abdoulaye Touré (différent du joueur de foot ball) explique que des éléments en façades représentent les différents éléments de la famille : pÚre, mÚre et enfants. Ainsi le nombre de pointes correspond au nombre d'enfants.
Les maisons, qui comprennent généralement un étage, peuvent avoir une façade toucouleur (avec un auvent) ou marocaine.
Aujourdâhui, malgrĂ© la protection imposĂ©e par lâinscription sur la liste du patrimoine mondial, des constructions modernes en ciment dĂ©naturent la vieille ville.
La ville de DjennĂ© se caractĂ©rise par son architecture soudanaise. La rĂ©gion est dĂ©pourvue de matĂ©riaux de construction tels que le bois et la pierre. Les habitants se sont donc naturellement tournĂ©s vers la construction en banco, câest-Ă -dire en brique de terre crue (il nây a pas assez de bois non plus pour alimenter un four Ă briques). Les maisons et autres monuments sont donc construits en briques de terre crue cylindriques, soutenues par des poutres en bois, les terrons, perpendiculaires Ă la façade. Il faut faire la diffĂ©rence entre deux systĂšmes de construction en terre crue: le systĂšme en djennĂ©-ferey et le systĂšme en toubabou-ferey.
La construction en djennĂ©-ferey est le moyen de construction traditionnel ; il consiste Ă superposer des boules de terre crue encore mouillĂ©es, servant Ă la fois de brique et de liant. La mosquĂ©e dâorigine Ă©tait construite selon cette mĂ©thode.
Le toubabou-ferey consiste à fabriquer des briques en terre crue séchée (adobe) qui seront liées entre elles par de la terre crue mouillée (boue). Le toubabou-ferey a été introduit au Mali par les occidentaux à la suite du classement de Djenné au patrimoine mondial. Il sert à reconstruire Djenné plus rapidement selon des plans de la ville datant de 1830.
Pour la fabrication des briques, on mélange de la boue avec de la balle de riz ou de la paille. On laisse ensuite fermenter pendant un mois.
La terre devient ainsi dure, Ă©paisse et rĂ©sistante Ă la pluie. Enfin, on façonne les briques que lâon laisse sĂ©cher au soleil pour pouvoir ensuite construire ce que lâon veut.
On enduit ensuite les façades de boue qui protÚgera les maisons de la chaleur. Cela forme un crépi qui sera renouvelé chaque année. Pour finir, la façade principale est généralement décorée de symboles, de colonnes et de petites ouvertures.
Les rues du vieux centre bordent dâimmenses « carrĂ©s » dans lesquels plusieurs familles habitent. Il nây a souvent quâune seule porte dâentrĂ©e principale, donnant sur la cour centrale dans laquelle chacun peut se trouver. Les toits terrasses privĂ©s sont jointifs mais dĂ©limitĂ©s les uns par rapport aux autres. PrĂšs de 2000 maisons traditionnelles ont Ă©tĂ© sauvegardĂ©es. Les bĂątiments suivent deux styles : le style soudanais et le style nĂ©o-soudanais. La base reste la mĂȘme (un cube Ă toit terrasse plate, une façade comportant une porte dâentrĂ©e et une fenĂȘtre) mais lâextĂ©rieur change. On distingue deux types de façades, les façades de type traditionnel (soudanais, ici Toucouleur) et de type marocain (nĂ©o-soudanais). Abdoulaye TourĂ©, architecte et docteur en gĂ©ographie et amĂ©nagement de la Sorbonne a travaillĂ© durant 15 ans sur le style architectural de DjennĂ©. Il dĂ©crit la façade de base comme suit : « La façade est massive Ă la base, svelte et lĂ©gĂšre au sommet. Elle Ă©merge du mur dĂ©nudĂ© comme un bas-relief qui, par une ingĂ©nieuse combinaison de pilastres verticaux et d'appliques transversales, donne Ă la construction un air de virilitĂ©, de puissance Ă©nigmatique ». Ă DjennĂ©, les façades sont tout un art, rĂ©servĂ© aux Bari, les maçons locaux. Quel que soit son genre, elle est symĂ©trique et Ă©laborĂ©e soigneusement, riche en significations. Certains pensent que lâarchitecture de DjennĂ© est due Ă un homme, architecte dâAndalousie musulmane du XIVe siĂšcle, Es-Saheli. Cette thĂšse est cependant trĂšs discutĂ©e car lâarchitecture djennenkĂ© semble antĂ©rieure Ă sa venue et comporte trĂšs peu de marques dâinfluences venues dâAfrique du nord. On parle dâarchitecture marocaine parce que, quand les premiers explorateurs occidentaux sont arrivĂ©s au XIXe siĂšcle, ils ont constatĂ© que les Marocains implantĂ©s lĂ vivaient majoritairement dans un genre de maison particulier mais elles ne sont en rien typiquement marocaines (pas de coupole, dâarc, de chapiteauâŠ).
La photo ci-contre nous montre une façade toucouleur. Elle comporte un auvent surplombant la porte dâentrĂ©e, soutenu par deux colonnes montant jusquâau toit. La façade elle-mĂȘme est encadrĂ©e par deux immenses colonnes qui dĂ©limitent la maison et en fait un espace vraiment individuel vu de la rue. Elles sont protĂ©gĂ©es des orages par des pots en argile retournĂ©s posĂ©s Ă leur sommet. Les colonnes soutenant lâauvent Elles sont le cadre des dĂ©corations rĂ©parties sur trois niveaux. Le premier niveau est dĂ©limitĂ© par le linteau de lâauvent, qui servira dâappui par la suite pour refaire le crĂ©pi. Le deuxiĂšme niveau est celui des fenĂȘtres (au moins une). Le troisiĂšme est ornĂ© de pointes qui sont en fait des symboles : elles reprĂ©sentent les enfants de la famille (une pointe pour chaque enfant). Le dernier Ă©tage est Ă©galement trouĂ© de petites ouvertures de 20 cm sur 40 donnant sur la terrasse. Au rez-de-chaussĂ©e, on trouve gĂ©nĂ©ralement un banc dâargile enchĂąssĂ© dans le mur de chaque cĂŽtĂ© de la porte dâentrĂ©e.
Les maisons marocaines ne disposent pas dâauvent, elles, comme on peut le voir sur cette photo Ă droite. Elles comptent davantage dâouvertures que les prĂ©cĂ©dentes, plus larges Ă©galement, bouchĂ©es par des jalousies. On retrouve les colonnes qui encadrent la maison et celle qui entourent la porte, sans linteau cette fois. Il nây a pas de banc non plus. La façade semble plus lisse que la façade toucouleur.
La ville compte deux autres points dâintĂ©rĂȘts : le marchĂ©, adossĂ© Ă la mosquĂ©e tous les lundis et le port. Le marchĂ© tout dâabord draine la population de tous les petits villages du cercle de DjennĂ©, câest une vĂ©ritable attraction. On y trouve tout, de la calebasse aux tissus en passant par les chĂšvres, le sel gmme et les sacs de mil venus de toute la rĂ©gion sur des pirogues pleines Ă couler, marchandises plus ou moins lointaines vendues par des peuples hĂ©tĂ©roclites. Eleveurs, pĂȘcheurs, agriculteurs, artisans, Peuls, Touaregs et dâautres encore se retrouvent lĂ pour Ă©changer leurs provisions dans un joyeux brouhaha.
Les ports sont aussi trĂšs importants. La ville en compte 17, le plus connu Ă©tant celui de Bambana oĂč les pirogues venant de Tombouctou faisaient escale. De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, le port est Ă©galement un lieu nĂ©vralgique, la pĂȘche Ă©tant lâune des principales activitĂ©s de la population djennenkĂ© et la majeure partie des transports se fait par voie fluviale depuis toujours. Câest donc un lieu de vie, de rencontre et de passage trĂšs important pour tous.
DĂ©mographie
La densité de la population communale au recensement de 2009 atteint 97 habitants/km2 avec 26 267 habitants pour 271 km2[3].
Ăconomie
Le tourisme reprĂ©sente une part importante dans lâĂ©conomie de DjennĂ©. En 2005, 15 000 touristes ont sĂ©journĂ© dans la ville de DjennĂ©. La recette du tourisme est Ă©valuĂ©e Ă 450 000 000 francs CFA en 2005. Dans le cercle de DjennĂ©, on recense huit Ă©tablissements de tourisme agrĂ©Ă©s, tous types confondus, totalisant 256 lits disponibles et gĂ©nĂ©rant 57 emplois directs. Le dĂ©veloppement du tourisme pose des problĂšmes en matiĂšre de protection du patrimoine culturel et lâenvironnement. Une rĂ©flexion sur le tourisme durable est en cours[7].
Pour lâUNESCO, un rapport rĂ©digĂ© en 1998 a permis dâidentifier plusieurs menaces : le dĂ©labrement des maisons, les problĂšmes dâassainissement et les mutations socioculturelles. Ă la suite de celui-ci, le Centre du patrimoine mondial en fĂ©vrier 2005 a fait le point sur les actions de conservation lancĂ©es par lâĂtat depuis 1998. Le rapport de mission indique la pertinence et les « rĂ©sultats positifs » des travaux effectuĂ©s dans le cadre du Programme de rĂ©habilitation de lâarchitecture en terre de la ville, ce qui fait de DjennĂ© « une des rares villes du patrimoine mondial avec une unitĂ© urbaine et architecturale entiĂšrement en terre ». Le rapport signale Ă©galement « lâexistence dâune pression de dĂ©veloppement urbain de plus en plus intense », gĂ©nĂ©ratrice de conflits, ce qui a amenĂ© le MinistĂšre de la Culture du Mali Ă souhaiter la libĂ©ration de « nouvelles zones dâamĂ©nagement », notamment « du cĂŽtĂ© est de la ville oĂč, dâaprĂšs les Ă©tudes, les sites archĂ©ologiques seraient complĂštement lavĂ©s par les allusions ».
En 1995 une Ă©tude a Ă©galement Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e par les chefs de la mission culturelle de DjennĂ© (dont nous parlerons plus bas plus en dĂ©tail) Ă propos de lâimpact du tourisme sur les sites culturels du Mali, financĂ©e par lâUNESCO.
En 1996, un atelier de formation des gestionnaires de sites de lâAfrique de lâouest a Ă©galement Ă©tĂ© mis en place par lâUNESCO pour permettre aux populations locales de prendre en pain leurs hĂ©ritages et de sensibiliser les populations en les responsabilisant et les formant. Dans la mĂȘme veine le projet ToguĂ© fut mis en place par un partenariat entre lâInstitut des Sciences Humaines (ISH) du Mali et lâInstitut de Bio-archĂ©ologie (BAI) de Groningue aux Pays-Bas. Ce projet, allant de 1989 Ă 1994 avait pour objet de prospecter les sites archĂ©ologiques du delta intĂ©rieur du Niger. Il eut pour effet une large sensibilisation des populations envers les sites archĂ©ologiques rĂ©pertoriĂ©s et le danger que les pillages reprĂ©sentent pour ceux-ci.
En 1998, les Pays-Bas financÚrent un systÚme de surveillance des sites archéologiques de Djenné par des agents bénévoles locaux. Malheureusement, des conflits éclatÚrent entre les surveillants munis de vélos et les populations locales, habituées à avoir un certain usage des lieux.
Enfin de 1996 Ă 1997 un projet de sauvegarde et dâamĂ©nagement fut mis en place par le World Monument Fund aboutissant entre autres, Ă la publication dâune brochure pour lâinformation des visiteurs et lâinstallation dâun panneau de prĂ©sentation du site pouvant prĂ©sager l'installation future dâun musĂ©e.
Les pays Ă©trangers eux aussi sont donc intervenus sur le territoire de DjennĂ© pour sa mise en valeur. Il y eut dâautres actions plus concrĂštes pour la population locale comme le programme de rĂ©habilitation de lâarchitecture en terre de DjennĂ©, lancĂ© en 1996 dans le cadre de la coopĂ©ration bilatĂ©rale entre le Mali et les PaysâBas. Ce programme a permis diffĂ©rents actions telles que la restauration de 98 maisons toucouleur et marocaine grĂące Ă la formation des maçons locaux Ă la technique traditionnelle du banco ou encore lâinstallation dâun systĂšme pilote pour le traitement des eaux usĂ©es, ayant permis de rĂ©duire trĂšs significativement la stagnation des eaux mĂ©nagĂšres. Une Ă©valuation technique de ce systĂšme, rĂ©alisĂ©e en 2003, par la facultĂ© « ÊșCivil Engineering and GeosciencesÊș » de Delft (PaysâBas) nâa pas constatĂ© de perte de la compacitĂ© du sol ni de remontĂ©e des eaux usĂ©es infiltrĂ©es, câest donc une rĂ©ussite. Enfin, les affronts de la modernitĂ© ont Ă©tĂ© limitĂ©s par lâutilisation de terre pour construire une route autour de la ville et le choix de poteaux en teck pour supporter les fils Ă©lectriques et tĂ©lĂ©phoniques.
Le Mali fait partie des Ătats africains ayant mis en place une lĂ©gislation et une rĂ©glementation importante pour la gestion de son patrimoine culturel. Divers lois et textes ont ainsi Ă©tĂ© adoptĂ©s :
- la loi du , relative Ă la protection et Ă la promotion du patrimoine culturel national ;
- le décret du , instituant une Commission Nationale de sauvegarde du patrimoine culturel ;
- le décret portant sur la réglementation des fouilles archéologiques ;
- la loi du , relative à la profession de négociant en biens culturels ;
- le dĂ©cret du relatif Ă la rĂ©glementation de la prospection, de la commercialisation et de lâexportation des biens culturels ;
- lâarrĂȘtĂ© interministĂ©riel du rĂ©glementant la profession de nĂ©gociant de biens culturels, de la prospection, la commercialisation et lâexportation des biens culturels ;
- lâarrĂȘtĂ© du abrogeant et remplaçant lâarrĂȘtĂ© du pour la crĂ©ation et le mode de fonctionnement des commissions rĂ©gionales et locales de sauvegarde du patrimoine culturel ;
- la dĂ©cision du inscrivant des biens culturels Ă lâInventaire ;
- lâordonnance du donnant lâapprobation de la Convention internationale UNESCO concernant lâimportation et le transfert de propriĂ©tĂ© illicites des biens culturels ;
- le décret du classant les villes anciennes de Tombouctou et Djenné ;
- lâordonnance du crĂ©ant les missions culturelles de Bandiagara, de DjennĂ© et de Tombouctou ;
- le dĂ©cret du fixant lâorganisation et les modalitĂ©s de fonctionnement des missions culturelles de Bandiagara, DjennĂ© et Tombouctou.
Parmi ces instruments juridiques et administratifs, lâordonnance du crĂ©e une mission culturelle, câestâĂ âdire un service rattachĂ© Ă la Direction Nationale du Patrimoine Culturel (DNPC) pour une durĂ©e de cinq ans. Ainsi, « les missions culturelles ont pour mission dâassurer la mise en Ćuvre de la politique nationale en matiĂšre de prĂ©servation et de mise en valeur du patrimoine culturel dans leur site respectif, classĂ© patrimoine national du Mali et patrimoine mondial de lâorganisation des Nations Unies pour lâEducation, la Science et la Culture (UNESCO). Ă cet effet, elles sont chargĂ©es de :
- inventorier les biens culturels mobiliers et immobiliers présents sur le site ;
- Ă©laborer et mettre en Ćuvre un plan de conservation, de restauration et de promotion du site ;
- assurer la participation des structures communautaires et des associations culturelles Ă la gestion du site ;
- exploiter et diffuser les sources écrites et orales de histoire locale ».
La mise en place dâune structure de gestion, la mission culturelle de DjennĂ© (coordonnĂ©e par un chef de mission), clarifie son statut et sa mission. Elle a ainsi pu effectuer divers travaux :
- les travaux de restauration/rĂ©habilitation de lâarchitecture traditionnelle ayant permis de « sauver des centaines de maisons de la ruine et de jeter les jalons dâune dĂ©marche de la restauration, de lâentretien et de la valorisation de la ville. Ils ont le mĂ©rite de privilĂ©gier lâapproche participative et le respect des traditions et des savoirs et savoir-faire endogĂšnes ». Les travaux ont consistĂ© en des reconstructions totales ou partielles, des restaurations, des crĂ©pissages de façades et de murs intĂ©rieurs, des relevĂ©s ayant permis dâĂ©tablir des plans pour certaines maisons ;
- la restauration de plusieurs monuments historiques tels que le tombeau des saints Nabo, la tombe de Tapama DjennĂ©po et la tombe de MaĂŻmouna Soumbounou. Les travaux ont consistĂ© essentiellement en des crĂ©pissages de façades, Ă la reprise et Ă lâimplantation de panneaux signalĂ©tiques ;
- lâorganisation de brigades villageoises pour la surveillance des sites archĂ©ologiques menacĂ©s par le pillage systĂ©matique de leurs vestiges. La mission culturelle a aussi recrutĂ© un gardien pour surveiller le site de DjennĂ©âDjĂ©no et dâHambarketolo pendant la journĂ©e ;
- lâinitiation dâun projet spĂ©cifique de conservation physique du site DjennĂ© DjĂ©no, financĂ© par la Fondation amĂ©ricaine World Monument Fund. Ce projet a permis de rĂ©aliser un dispositif de lutte contre lâĂ©rosion (cordons pierreux et ceinture verte de 3 000 ligneux), des fouilles de sauvetage et la publication dâune brochure sur le site ;
- des actions de sensibilisation des populations Ă la sauvegarde de Ă©lĂ©ments constitutifs de lâidentitĂ© culturelle de la ville de DjennĂ©, Ă savoir lâarchitecture en terre et les sites archĂ©ologiques. Dans ce cadre, la mission culturelle a entrepris de vĂ©hiculer des messages de sensibilisation auprĂšs des populations. Elle a aussi rĂ©ussi Ă Ă©tablir des partenariats avec diffĂ©rents acteurs du dĂ©veloppement local, comme lâassociation DjennĂ© Patrimoine, la corporation de maçons, lâassociation des guides⊠Ces groupes, une fois mobilisĂ©s autour des objectifs de conservation, sont susceptibles de jouer un rĂŽle essentiel de relais dans la diffusion des messages et le respect des normes Ă©tablies. Des confĂ©rences dĂ©bats ont Ă©tĂ© aussi initiĂ©es.
La mission culturelle est une structure administrative importante qui a su mener de nombreuses actions Ă leur terme. Cependant, la ville de DjennĂ© elle-mĂȘme est elle aussi largement impliquĂ©e, en particulier depuis la dĂ©centralisation du pouvoir au Mali ayant permis aux djennenkĂ© dâĂ©lire une administration communale. Le gouvernement du Mali a donc dĂ» agir en mettant en place des travaux dâamĂ©nagement et dâassainissement et des dispositifs dâordre lĂ©gislatif et administratif pour faire rĂ©gner la paix sociale, en insistant surtout sur lâaction de la Mission culturelle qui est lâinstrument administratif mis en place pour gĂ©rer le bien.
Malheureusement, toutes ces actions ne suffisent pas et peuvent sembler trop Ă©phĂ©mĂšres. Prenons par exemple le cordon dâarbre plantĂ© autour du site DjĂ©no pour limiter lâĂ©rosion Ă©olienne : il est aujourdâhui pratiquement disparu Ă cause des coupes anarchiques et des pĂąturages incontrĂŽlĂ©s. Certains endroits sont aujourdâhui de vĂ©ritables dĂ©potoirs et les Ă©gouts Ă ciel ouverts bouchĂ©s par les dĂ©chets. MalgrĂ© la sensibilisation mainte fois recommencĂ©e de la population les pillages continuent, mĂȘme sâils se font de plus en plus rares. Il sâensuit une impression gĂ©nĂ©rale de faible gĂ©rance, les anciennes maisons subissant inexorablement les injures du temps et se dĂ©gradant davantage dâune saison Ă lâautre. Ce mouvement semble inexorable malgrĂ© le dispositif juridique et administratif assez imposant mis en place par lâĂtat. Visiblement, la mission culturelle de DjennĂ© doit ĂȘtre renforcĂ©e dans ses moyens matĂ©riels et professionnels de conservation et de gestion des sites archĂ©ologiques mis sous sa responsabilitĂ©.
MalgrĂ© les travaux rĂ©alisĂ©s par les archĂ©ologues pour extirper les informations essentielles sur les sites Ă©tudiĂ©s, le visiteur non averti qui frĂ©quente ces sites aujourdâhui « reste sur sa faim ». Cette insatisfaction a Ă©tĂ© confirmĂ©e par les touristes rencontrĂ©s dans la ville. MalgrĂ© leur exceptionnelle richesse, les sites archĂ©ologiques de DjennĂ© souffrent de diffĂ©rents maux :
- absence dâĂ©quipement pour lâinterprĂ©tation et la lisibilitĂ© des vestiges (brochure guide, panneau dâinformation, signalĂ©tique, dispositif dâinterprĂ©tation). Seul DjennĂ©âDjĂ©no dispose dâun panneau introductif dont les inscriptions ont commencĂ© Ă ĂȘtre dĂ©fraĂźchies. Si de tels Ă©quipements Ă©taient rĂ©alisĂ©s, ils faciliteraient lâorganisation des visites non accompagnĂ©es et une meilleure comprĂ©hension des sites ;
- absence dâĂ©quipement de visibilitĂ© des sites, notamment les panneaux dâorientation dans la ville et sur les sites parfois organisĂ©es en plusieurs zones comme Ă DjennĂ©âDjĂ©no ;
- absence de politique rigoureuse de gestion des visiteurs : scolaires, touristes, autoritĂ©s locales, leaders dâopinion etc. La mission conjointe a remarquĂ© avec surprise que certaines autoritĂ©s locales ne sont pas sensibilisĂ©es Ă la protection des sites classĂ©s, dont la dĂ©finition reste trĂšs vague dans leur esprit. Il est donc important de mener des actions ciblĂ©es Ă lâattention de ces dĂ©cideurs notamment par rapport aux ressources qui ont Ă©rigĂ© DjennĂ© au rang de patrimoine mondial ;
- absence de conception dâun programme dâactivitĂ©s gĂ©nĂ©ratrices de revenus pour consolider les revenus actuels de la mission culturelle et des autres acteurs du dĂ©veloppement du patrimoine local, afin de mieux assurer la lisibilitĂ©, la visibilitĂ©, en un mot le dĂ©veloppement des sites archĂ©ologiques.
Selon diverses enquĂȘtes, la paupĂ©risation des habitants de DjennĂ© affecte notablement la bonne conservation du patrimoine.
Les habitants de DjennĂ© vivent essentiellement du secteur primaire (culture et pisciculture) et sont donc particuliĂšrement dĂ©pendants des alĂ©as du climat notamment les inondations. Les sĂ©cheresses ont appauvri sĂ©rieusement la population ; elles ont aussi dĂ©clenchĂ© lâexode des populations vers dâautres aires plus propices (Mopti notamment), avec comme consĂ©quence regrettable lâabandon de certaines maisons du tissu urbain de DjennĂ©.
Avec la paupĂ©risation, les travaux dâentretien reprĂ©sentent un investissement encore plus considĂ©rable, ce qui pousse les habitants Ă chercher des solutions techniques durables, au dĂ©triment de la structure mĂȘme du bĂątiment (enduits de ciment).
En parallĂšle, afin dâamĂ©liorer le rendement agricole, et en particulier celui du riz, les habitants de DjennĂ© se sont dotĂ©s de dĂ©cortiqueuses, qui rĂ©duisent le son de riz en poudre. Malheureusement, le crĂ©pi exĂ©cutĂ© avec cette poudre est de moins bonne qualitĂ© que celui entier, que les femmes mettaient de cĂŽtĂ© chaque annĂ©e, aprĂšs la rĂ©colte. Le son de riz entier est devenu donc de plus en plus rare et donc plus coĂ»teux. Cette amĂ©lioration technique sur le plan agricole affecte la pratique traditionnelle de crĂ©pissage.
Le , le conseil communal de DjennĂ© a dĂ©cidĂ© conformĂ©ment aux les textes sur la dĂ©centralisation de crĂ©er une taxe touristique de 1 000 FCFA par personne, qui sera payĂ©e Ă lâentrĂ©e de la ville contre remise dâun ticket imprimĂ©, frappĂ© de lâimage de la mosquĂ©e de DjennĂ©. Les sommes ainsi dĂ©gagĂ©es pourraient permettre dâenrichir la ville et de faire des travaux dâassainissement.
Le site de DjennĂ© accueillant environ 40 000 visiteurs par an, plusieurs jeunes Ă la recherche dâemploi se tournent vers le guidage touristique ou la vente de produits artisanaux. Cependant, des amĂ©liorations pourraient ĂȘtre faites dans la gestion des bĂ©nĂ©fices issus des activitĂ©s touristiques.
En effet, il existe, au sein de la population, un manque de comprĂ©hension des bĂ©nĂ©fices rĂ©els du tourisme sur leur vie quotidienne, ainsi quâune mauvaise perception des contraintes liĂ©es Ă un tourisme non maĂźtrisĂ© Ă DjennĂ©. De plus, La gestion et les affectations des fonds issus des droits dâentrĂ©e payĂ©s par les touristes Ă lâentrĂ©e de la ville, ne sont pas suffisamment clarifiĂ©es, et le manque dâorganisation gĂȘne la coordination des activitĂ©s entre les tours opĂ©rateurs et les guides professionnels locaux.
MalgrĂ© lâexistence dâune association des guides de DjennĂ©, les agences de voyages arrivant avec des groupes de touristes continuent de conduire les visites sur le site. Dâautre part, il y a un foisonnement de guides amateurs exerçant une activitĂ© quasi frauduleuse et donnant aux touristes une information non Ă©laborĂ©e (voire fantaisiste) sur le bien. Cette tendance crĂ©e, malheureusement, une certaine mĂ©fiance chez un grand nombre de touristes.
ParallĂšlement, certains touristes expriment peu de respect pour lâexpression des cultures locales. Cette attitude dĂ©solante ne facilite pas lâindispensable communication interculturelle induite par tout voyage un tant soit peu culturel, notamment sur un site classĂ© sur la liste du patrimoine mondial.
Si une rĂ©flexion approfondie devrait ĂȘtre lancĂ©e sur la question du tourisme et la mise en valeur du bien, il est important que cette rĂ©flexion prenne en compte lâactuel besoin prioritaire des DjennenkĂ© : vivre pleinement et bĂ©nĂ©ficier (y compris financiĂšrement) de la conservation de leur patrimoine.
En effet, la dĂ©sorganisation du tourisme peut avoir de graves consĂ©quences, surtout pour la population. Elle doit ĂȘtre Ă©duquĂ©e pour apprendre Ă prendre conscience de sa force (elle possĂšde une histoire et une ville qui intĂ©resse) et surtout elle doit apprendre Ă se faire respecter des touristes en se professionnalisant dans le secteur touristique pour pouvoir dĂ©gager les meilleurs revenus possibles. Elle pourrait ainsi prĂ©tendre Ă un meilleur niveau de vie. En attendant, le manque dâorganisation est criant et lourd de consĂ©quences. Il se traduit par :
- le manque de collaboration formelle entre les agences de voyages dâune part, les guides professionnels locaux et la Mission culturelle dâautre part ;
- la mauvaise apprĂ©hension par la population des bĂ©nĂ©fices quâelle tire de lâactivitĂ© touristique mais Ă©galement des effets nĂ©gatifs de ladite activitĂ© ;
- le grand nombre de guides amateurs développant une activité dite « informelle » par les guides formés et réguliÚrement recensés au bureau des guides de Djenné ;
- les pillages de sites archéologiques ;
- le fait que certains touristes ne respectent pas les us et coutumes de la population locale.
Pour y remĂ©dier, la mission recommande dâĂ©tablir un cadre de collaboration entre les opĂ©rateurs nationaux/internationaux du tourisme et les acteurs locaux, de sensibiliser et informer les touristes, pour les inciter Ă adopter un comportement compatible avec les sites et les cultures locales et enfin de prendre en compte les six principes de la Charte Internationale du tourisme culturel comme base Ă©thique et opĂ©rationnelle devant guider les actions de mise en valeur.
Ces six principes sont les suivants :
- « offrir des opportunitĂ©s sĂ©rieuses aux membres des communautĂ©s dâaccueil et aux visiteurs pour expĂ©rimenter et comprendre le patrimoine et la culture locale » ;
- gérer le patrimoine de Djenné de « maniÚre durable au profit des générations actuelles et futures » ;
- entreprendre la mise en valeur des ensembles patrimoniaux dans le sens dâassurer aux visiteurs une « expĂ©rience enrichissante et agrĂ©able » ;
- assurer la participation effective des djennenkĂ©s Ă la conception et Ă la mise en Ćuvre des programmes de mise en valeur touristique ;
- assurer une rĂ©partition Ă©quitable des revenus de lâactivitĂ© touristique qui doit bĂ©nĂ©ficier Ă©galement aux populations locales ;
- intégrer le souci de protection et de promotion du bien dans sa triple composante archéologique, écologique et urbaine dans les programmes de promotion touristiques à élaborer.
Le ont Ă©tĂ© adoptĂ©s deux projets de lois proposĂ©s par le ministre de lâAgriculture. Ils ont Ă©tĂ© Ă©laborĂ©s en AzerbaĂŻdjan en juin 2010 par les reprĂ©sentants du gouvernement malien et la Banque Islamique de DĂ©veloppement (BID). La Banque Africaine de DĂ©veloppement (BAD) devra Ă©galement largement participer. 14,5 milliards de francs CFA ont Ă©tĂ© ainsi accordĂ©s pour financer le projet de dĂ©veloppement agricole de DjennĂ©. Ils serviront Ă mettre en place des amĂ©nagements hydro-agricoles, des infrastructures et la mise en place dâun marchĂ© rĂ©glementĂ© pour pouvoir vendre les produits ainsi dĂ©gagĂ©s Ă prix fixe. Plus prĂ©cisĂ©ment, la BID sâengage Ă financer la construction du barrage de Talo (le deuxiĂšme plus grand barrage hydro-agricole du Mali)et lâamĂ©nagement de ses alentours (voies dâaccĂšs, diguesâŠ). ParallĂšlement, 16 030 ha seront amĂ©nagĂ©s pour lâagriculture irriguĂ©e (riz) Ă DjennĂ©, ainsi que 4 290 ha de bourgoutiĂšre rĂ©servĂ©s Ă lâĂ©levage. 490 ha seront consacrĂ©s Ă la crĂ©ation de bassins piscicoles.
La rĂ©partition des terres se fera donc toujours selon lâusage vernaculaire, en fonction de lâactivitĂ© de chacun. On ne tend donc pas vers lâuniformisation des activitĂ©s, mais au contraire vers lâentretien et la pĂ©rennisation des habitudes sĂ©culaires.
Ces diffĂ©rents amĂ©nagements vont permettre dâĂ©loigner le spectre des grandes sĂ©cheresses et des famines des annĂ©es 1973 et 1984. La production de riz va augmenter considĂ©rablement par exemple. Le niveau de vie des habitants va donc pouvoir sâamĂ©liorer, la croissance pouvant ĂȘtre solidifiĂ©e par la mise en place dâinfrastructures suffisantes (routes par exemple) qui permettent dâatteindre un degrĂ© de modernitĂ© nĂ©cessaire Ă un dĂ©veloppement intĂ©ressant.
Il est prĂ©cisĂ© dans le projet une donnĂ©e qui semble importante pour assurer son bon fonctionnement : lâimplication et la prise dâavis des populations locales et des agriculteurs plus particuliĂšrement. En effet, on a pu constater par ailleurs que des tentatives de dĂ©veloppement venues de lâextĂ©rieur ont Ă©chouĂ©, marquĂ©es par des lois modernes, citadines, Ă©trangĂšres Ă celles des populations locales. Cependant, lâinquiĂ©tude monte chez les paysans djennenkĂ© : si le barrage Ă©tait mis en place tel quel, le Bani serait complĂštement assĂ©chĂ© durant la saison sĂšche Ă DjennĂ© et la crue se verrait retardĂ©e de 10-20 jours. Ils demandent donc que le barrage soit fait de telle sorte quâune retenue soit crĂ©Ă©e, permettant dâassurer la prĂ©sence du cours dâeau tout au long de lâannĂ©e (cela a dĂ©jĂ Ă©tĂ© fait ailleurs, au barrage de SĂ©linguĂ©).
Pour finir, le barrage gĂ©nĂšrera 12 milliards de francs CFA par an de revenus agricoles et non agricoles, ce qui est le gage dâun rĂ©el dĂ©veloppement de la rĂ©gion et de sa population. Il permettra de crĂ©er de nombreux emplois, de sĂ©curiser la gestion des ressources en eau, le dĂ©senclavement de la rĂ©gion, la lutte contre les maladies et la rĂ©duction de lâexode rural qui est un mal largement rĂ©pandu en Afrique de lâOuest. Ce barrage permettra aussi de retrouver le rĂ©gime deltaĂŻque du fleuve Bani dâavant les grandes sĂ©cheresses. La culture du riz sera donc de nouveau possible sur les berges du Bani prĂšs de DjennĂ©. Il faudra 6 ans (dĂ©lai prĂ©vu) pour mettre en place tous ces amĂ©nagements.
On peut tout de mĂȘme dĂ©jĂ constater quelques retombĂ©es : le prĂ©sident de la RĂ©publique du Mali Amadou Toumani TourĂ© sâest dĂ©placĂ© Ă DjennĂ© et un Ă©clairage public de 11 kilomĂštres a Ă©tĂ© inaugurĂ© Ă cette occasion dans la ville. Cela aura Ă©tĂ© facilitĂ© par lâinauguration rĂ©cente de la nouvelle centrale thermique au fioul lourd construite non loin de DjennĂ© (pas encore en service), Ă Kayes. Un lycĂ©e, un centre de santĂ© et des logements sociaux sont les prochains chantiers prĂ©vus.
Administration
La commune de Djenné, comprend la ville de Djenné et les villages de Ballé, Diabolo, Gomnikouboye, Kamaraga, Kéra, Niala, Velingara, Souala, Syn et Yentéla. Djenné est jumelée avec la ville française de Vitré (Ille-et-Vilaine) depuis 1987.
Le cercle de Djenné comprend les communes de Dandougou Fakala, Dérary, Djenné, Fakala, Femaye, Kewa, Madiama, Nema Badenya Kafo, Niansanarie, Ouro-Ali, Pondori et Togué Mourari.
Politique
Année | Maire élu | Parti politique |
---|---|---|
élections communales Cissé | RPM | |
1999 | Bamoye Sory Traoré | Adema-Pasj |
2016 décédé en 2019 | Balasiné Yarro | Rassemblement pour le Mali |
2019 | Alphamoye Samassé | Rassemblement pour le Mali |
Notes et références
- CommuniquĂ© du Conseil des ministres du 3 mai 2006 citĂ© par LâEssor du 4 mai 2006.
- Louis Archinard, Le Soudan en 1893, Havre, , 55 p. (lire en ligne), p. 22-41
- (de) « Mali - Kreise und Gemeinden », sur City Population, (consulté le )
- (de) « Mali », sur City Population, (consulté le )
- « Recensement général de la population et de l'habitat - Population Urbaine (Résultats Provisoires) - 1987 » [PDF], (consulté le ), p. 11
- « Recensement général de la population et de l'habitat - 1987 », (consulté le ), p. 244-245
- Youssouf Doumbia, tourisme Ă DjennĂ© : choyer la poule aux Ćufs dâor, L'Essor,
Voir aussi
Bibliographie
- « DjennĂ© dâhier Ă demain » sous la direction de Joseph Brunet-Jailly, Bamako : Ăditions Donniya, 1999.
- « Une citĂ© soudanaise : DjennĂ©, mĂ©tropole du delta central du Niger » de Charles Monteil, Paris : Ăditions anthopos et Institut International Africain, 1971.
- « Investigation socio-Ă©conomique de la ville de DjennĂ© et ses environs » par lâInstitut des sciences humaines de Bamako, 1985
- « Djenné, une ville millénaire au Mali » de R.M.A. Bedaux et J.D. Van Der Waals, 1994
- « DjennĂ©, chef dâĆuvre architectural » de Pierre Maas et Geert Mommersteeg, 1992
- Magazines publiĂ©s par lâUNESCO « le Patrimoine Mondial »
- "Dans la cité des marabouts" Geert Mommersteeg, Grandvaux (ISBN 978-2-909550-63-3)
- "Djenné ferey, la terre habitée", Albakaye Ousmane Kounta, photographies Marli Shamir, Grandvaux (ISBN 978-2-909550-52-7)
Liens externes
- DjennĂ© sur le site de lâOrganisation des villes du patrimoine mondial (OVPM)
- Protection du patrimoine culturel : lâarchitecture de DjennĂ©, une richesse qui se meurt
- Site de lâassociation DjennĂ©-Patrimoine
- Site de mémoire d'Afrique, section Djenné
- Site de DjennĂ© sur le site dâAluka
- Site de l'association ACROTERRE