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Imposture

Une imposture est l'action délibérée de se faire passer pour ce qu'on n'est pas (quand on est un imposteur), ou de faire passer une chose pour ce qu'elle n'est pas (supercherie, mystification, escroquerie, voire canular). La nature d'une chose ou l'identité d'une personne se révèle en définitive différente de ce qu'elle laissait paraître ou croire. C'est une forme de tromperie.

Étymologie, polysémie, problématique

Ce mot provient du latin imponere : « abuser quelqu'un »[1], et ne donne pas naissance, en français, tout comme le mot « supercherie », à un verbe : on dit en revanche, « abuser », « mystifier », « tromper », « escroquer », etc., suivant les contextes.

Il existe de nombreuses formes d'impostures. Ce mot a une connotation négative, voire insultante, surtout en sa forme adjectivale, « imposteur ». Dans l'ordre du discours, on « dénonce » une imposture (et/ou l'imposteur, auteur de la tromperie), ce qui revient à en démonter les mécanismes, à lever le voile.

Son utilisation en tant que mode de manipulation peut être anodine et limitée, mais obéit aussi dans certains cas à des desseins d'escroquerie ou de propagande.

L'imposture soulève de nombreuses problématiques : sociologique (la « comédie humaine »), psychologique (crise identitaire, sentiment d'imposture), philosophique, politique, etc.

Elle caractérise de façon quasi anthropologique la plupart des faits ou actions humaines : les simulacres mis en place (masques, phénomènes illusifs, discours invérifiables, etc.) participent d'un jeu continuel, celui de la représentation, un jeu organisé et parfois inconscient, qui oppose ou confond vérité et mensonge, profane et sacré (voir les analyses de René Girard et Jean Baudrillard (Simulacres et Simulation)[2]). Ainsi, dans les années 1980, les nouveaux romanciers ont publié des autobiographies qui, tout en autorisant une lecture référentielle de leurs œuvres, constituent des « impostures de la conscience et des dissimulations de l'inconscient »[3].

D'autres penseurs comme Guy Debord, constatant que puisque « tout ce qui était directement vécu s'est éloigné dans la représentation », à l'heure de la « société du spectacle généralisé », il convient désormais de rassembler les « conditions du vrai »[4]. La vision « postmoderne » du monde actuel renverrait donc notre système à une vaste imposture, vision en définitive assez proche de celle des gnostiques aux premiers siècles de notre ère, par exemple.

Mais l'imposture, en tant que discours construit ou scénario prémédité, peut aussi être vue comme un mensonge parfois nécessaire, voire indispensable, lorsqu'elle permet de maintenir la cohésion sociale d'un groupe, ou simplement la survie d'un individu en tant qu'acteur social.

Certains psychologues (par exemple, Donald Winnicott) suggèrent la nécessité de « l'invention de soi » : se constituer en tant qu'individu relève d'une conviction progressive à géométrie variable, d'une fictionalisation du Moi, tant que le regard des autres valide ou accrédite nos actes. L'imposteur n'existe que parce que les autres ferment les yeux, se taisent ou en jouent.

Typologie

Imposture et histoire

Le cas des « prétendants » : au cours des époques passées, de nombreux individus sont apparus sur la scène publique, prétendant être une personnalité connue et que l'on pensait décédée. Il y eut ainsi de nombreux Louis XVII à l'issue de la Révolution française, mais aussi de faux Dimitri à la mort du tsar Ivan IV dit le Terrible, sans parler des nombreuses prétendues « princesses Anastasia ».

Le cas des « substitutions » : de nombreuses personnalités ayant marqué l'Histoire sont entourées d'un halo de mystères quant à leur parcours biographique, plus précisément au moment où leur notoriété s'affirme ou à l'instant de leur mort. Citons l'homme au « Masque de fer » (un héritier de Louis XIII, écarté par Mazarin ?), ou plus près de nous, Paul McCartney. Cette ambiguïté repose sur des lacunes documentaires, des rumeurs ou légendes, des coïncidences, des faits troublants ou des témoignages contradictoires, et bien souvent le résultat d'imposture (récits fabriqués). La question de l'identité de Jeanne d'Arc, dont bien des détails de la vie restent nécessairement obscurs (par exemple, son entretien avec Charles VII de France), pose problème pour certains historiens. Les conditions particulières de son exécution (visage voilé, corps placé en hauteur et à distance de la foule) suggèrent entre autres qu'elle ne serait pas montée sur le bûcher mais remplacée par une autre victime[5].

On appelle parfois « imposture historique », tel événement ou période enseignés par l'Histoire (récit officiel) et qui s'avère après un temps donné, de recherche ou de témoignage validé, ou suivant les circonstances, totalement ou en partie fausse. Les exemples de manipulations de faits et documents historiques sont nombreux et parfois contemporains (situation politique de type dictatorial ou simplement autoritaire).

Imposture et autorité

Des Ă©crivains comme Maurras ou Bernanos[6] ont fait remarquer que l'imposture est souvent utilisĂ©e pour masquer ce qui apparaĂ®trait sinon comme une illĂ©gitimitĂ©, surtout dans un cadre politique. L'exemple qu'ils donnaient Ă©tait celui du sacre de NapolĂ©on, dont la pompe Ă©tait censĂ©e faire oublier les origines modestes de l'Empereur. Au XXe siècle, le Shah d'Iran organisera les prestigieuses fĂŞtes de PersĂ©polis cĂ©lĂ©brant « 2 500 ans de monarchie ininterrompue » alors que sa propre dynastie se limite Ă  deux gĂ©nĂ©rations. Le conte de Perrault, Le Chat bottĂ©, enseigne aux enfants qu'un titre imaginaire (ici, celui de marquis de Carabas) peut s'avĂ©rer utile mĂŞme quand rien ne le fonde. La pièce de Jules Romains, Knock, reprendra cette idĂ©e, tandis que celle de Molière, Le Tartuffe, dĂ©montrait dĂ©jĂ  que « l'habit ne fait pas le moine ».

Imposture et droit

Dans tous les systèmes juridiques et depuis l'Antiquité, certaines formes d'impostures, commerciales ou d'identité notamment sont interdites. En France, un amendement introduit dans la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte adoptée en 2015 fait juridiquement considérer l'obsolescence programmée des produits comme une tromperie (application non-rétroactive)[7].

Imposture et techniques de communication

L'imposture est parfois liée à l'utilisation biaisée de certaines méthodes de communication. Le développement rapide d'Internet, des réseaux sociaux et des techniques actuelles de télécommunication mobiles (smartphones, tablettes tactiles) en ce domaine est ambivalent, comme l'était déjà la langue d'Ésope, il multiplie les possibilités de créer et diffuser des impostures, (internet, anonymat, pseudonyme et identité supposée), mais aussi celles de les détecter et de les dénoncer. Ainsi, Internet permet de créer le hoax ou canular informatique qui possède une valeur véridictoire parfois supérieure au canular strictement oral (« c'est écrit, c'est donc que c'est vrai »).

L'apparition de la télévision, et d'une manière générale à chaque fois qu'une technologie de communication surgit, a produit une série de mises en garde (voir 1984 de G. Orwell) et un sentiment de défiance tant du côté du pouvoir que du public, la télévision pouvant devenir le lieu d'imposture relevant de la manipulation.

Les techniques publicitaires : bien qu'ils souscrivent à une forme de déontologie, les publicitaires accordent à leurs discours un statut véridictoire dans la forme, la question du fond (ce produit fait-il des miracles ou non ? rend-il heureux ou non ?) tend, elle, à relever parfois de l'imposture, voire du mensonge assumé.

Imposture et mise en scène

Plus généralement, le théâtre, et plus précisément la scène, est le lieu d'une représentation parfaitement codée pour un public : ce dernier se laisse mystifier par les artifices (comme le maquillage, les costumes, les décors tournants, les éclairages, etc.) et la dramaturgie (situations, mort simulée, scène d'amour ou de colère, etc.). Pirandello fut l'un des premiers à repenser la scène théâtrale par delà les frontières scène/publics, créant ainsi une illusion de confusion entre « le jeu » et « la vie réelle », faisant même croire à une forme d'improvisation.

En revanche, des compagnies professionnelles d'improvisation théâtrale[8] se sont spécialisées dans la mise en scène d'impostures. Lors d'un repas dans un restaurant, vous pouvez très bien être servi par de faux-serveurs. « L'impro-sture » permet alors de surprendre et de tester les réactions des convives dans des situations souvent rocambolesques.

L'imposture a donc ici à voir avec le canular ou la blague, dûment préparé : si la fameuse Caméra invisible inventée à la fin des années 1950 considère la rue en tant que scène comique destinée à la télévision comme plus tard les impostures de Jean-Yves Lafesse (qui se sert aussi du téléphone, de l'annuaire et de la radiophonie), c'est pour produire un résultat comique : la confusion de la personne dupée, les mécanismes pour la tromper (scénario et improvisation).

Ces mécanismes étaient déjà largement connus et utilisés aux temps des foires et des marchés, et ce depuis le Moyen Âge où se formaient de multiples scènes occupées, outre par les comédiens, par les bonimenteurs, les charlatans, les montreurs d'ombres chinoises, les dompteurs, les illusionnistes, et plus tard dans le cadre des fantasmagories et des autres artifices illusionnistes : une partie du public savait distinguer le faux du vrai, une autre servait de « gogo », une autre enfin était complice avec le producteur du spectacle.

Duperie et recherche scientifique

Dans le milieu de la recherche scientifique, il existe différentes pratiques :

  • l'escroquerie, comme l'invention des crânes de cristal, l'Homme de Piltdown, etc.
  • la duperie : certains chercheurs prĂ©tendent valider l'usage en psychologie. Par exemple : les participants Ă  une Ă©tude ne sont pas informĂ©s du thème traitĂ© car il est jugĂ© trop sensible pour conserver l'authenticitĂ© (par exemple, Ă©tude sur le stress). Or, l'Ă©thique et la dĂ©ontologie exigent que les « cobayes » soient informĂ©s par la suite de la vĂ©ritable nature de la recherche ou de l'expĂ©rience. La mĂ©thode du double aveugle est prĂ©conisĂ©e.
  • le canular — en tant que tel — c'est-Ă -dire une farce visant Ă  leurrer momentanĂ©ment et Ă  dĂ©clencher le rire, mais souvent avec celles-lĂ  sont mĂŞlĂ©es de vĂ©ritables tromperies visant Ă  permettre Ă  son ou ses auteurs d'en tirer gloire ou fortune, voire les deux[9].
  • la falsification de rĂ©sultats : statistiques dĂ©tournĂ©es ou arrangĂ©es, tĂ©moignages Ă©cartĂ©s, faux diplĂ´mes ou certificats, pour produire des conclusions orientĂ©es ou attendues (dans le cadre de lobbying et d'enjeux financiers et industriels par exemple).
  • Le jargon scientifique : emploi irraisonnĂ© et injustifiĂ© du vocabulaire technique d'une discipline dans un autre contexte ou en interdisciplinaritĂ©[10].

Il existe en cas de conflit ou de risque de conflit, et ce dans la plupart des secteurs de la recherche scientifiques, des comités d'éthique indépendants composés d'experts qui garantissent la probité des résultats.

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Imposture sur l'identité ou l'âge d'une personne

Ces impostures sont variées :

Vol ou « emprunt » de l’identité d’une personne

  • usurpation d'identitĂ©, par exemple pour une dĂ©claration administrative ; ce phĂ©nomène dĂ©linquant est basĂ© sur le vol et l'utilisation de vrais documents (carte d'identitĂ©, chĂ©quier...) ou d'identifiants permettant l'accès Ă  des systèmes bancaires ou administratifs en ligne. Rien qu'en France, on estime que 213 000 personnes en sont victimes chanque annĂ©e[11]. Ces usurpations permettant de se livrer Ă  diverses fraudes (sĂ©curitĂ© sociale, assurance chĂ´mage...), le coĂ»t pour les États se chiffre en milliards d'euros.
  • agriculteur se faisant passer pour son père, de mĂŞme prĂ©nom, au dĂ©cès de ce dernier, pour Ă©viter les droits et autres problèmes de succession ;
  • emprunt de l’identitĂ© d’une personne dĂ©cĂ©dĂ©e dans des circonstances troublĂ©es (guerre, camp de prisonniers, destruction d'archives de l'Ă©tat civil, migration, etc.)

Falsification de l'âge

  • Sous-dĂ©claration volontaire de l’âge,
    • pour « se rajeunir », cas cĂ©lèbres de JosĂ©phine de Beauharnais (qui se rajeunit de 5 ans), de Frida Kahlo (qui se rajeunit de 3 ans) ou de Karl Lagerfeld dont on a la quasi-certitude qu'il est nĂ© en 1933 mais qui crĂ©e volontairement le doute sur son annĂ©e de naissance (il Ă©voque 1935 ou 1938) et laisse fĂŞter son 70e anniversaire en 2008, annĂ©e de ses 75 ans ;
    • dans le monde sportif, pour faire accepter des sportifs dans une catĂ©gorie donnĂ©e (par exemple, très forts soupçons sur l'âge des plusieurs gymnastes chinoises dans les semaines prĂ©cĂ©dant les Jeux olympiques de PĂ©kin en 2008 ; certaines, notamment la double mĂ©daille d'or He Kexin, auraient eu moins des seize ans minimum exigĂ©s pour participer aux Jeux) ; des pratiques de falsification de l'âge de jeunes joueurs de football africains sont Ă©galement Ă©voquĂ©es[12]).
  • Sur-dĂ©claration volontaire de l’âge, par exemple pour permettre Ă  une personne trop jeune d'ĂŞtre enrĂ´lĂ©e dans l'armĂ©e ou Ă  une personne pas assez âgĂ©e d'Ă©viter la conscription ou la mobilisation. En 2018, des ONG italiennes ont accusĂ© la police française d'avoir falsifiĂ© les âges de jeunes migrants pour faire de mineurs des majeurs et ainsi pouvoir les refouler vers l'Italie[13].
  • Évitement de certaines combinaisons de chiffres par superstition dans certaines cultures ou par commoditĂ©, par exemple :
    • PrĂ©fĂ©rence pour les âges se terminant par 0 ou 5 – par exemple quand la personne qui ignore son âge donne un nombre « arrondi » ou quand l’âge est dĂ©clarĂ© par un membre de la famille.
    • PrĂ©fĂ©rence pour les nombres d’annĂ©es paires plutĂ´t qu’impaires ;
    • PrĂ©fĂ©rence pour les nombres d’annĂ©es se terminant par certains chiffres (par exemple, 0, 2, 5 et 8).
    • Évitement de certains âges peu propices – par exemple, ceux se terminant par le chiffre 4.
  • ExagĂ©ration de l’âge chez les personnes âgĂ©es dans certaines populations. Dans certaines cultures, cette exagĂ©ration est presque systĂ©matique chez les personnes illettrĂ©es. On trouve aussi des cas d’exagĂ©ration de l’âge chez certains adolescents. Des jeunes ayant falsifiĂ© leur âge (pour avoir accès Ă  un emploi, pour servir sous les drapeaux, etc.) peuvent conserver leur « nouvel âge » toute leur vie.

Au cinéma et à la télévision

L'imposture sert de thème à de nombreux films et séries

Citons par exemple :

  • Un hĂ©ros très discret (1996), un homme se fait passer pour un hĂ©ros de la RĂ©sistance française.
  • ArrĂŞte-moi si tu peux (2002), d'après une histoire vraie, celle de Frank Abagnale Junior.
  • Imposture (2005), l'histoire d'un professeur qui s’approprie le manuscrit d'une de ses Ă©lèves.
  • Tromperie, titre quĂ©bĂ©cois du film Manipulation (2008), un homme emprunte l'identitĂ© d'un autre après un Ă©change accidentel de portable.
  • Mad Men (sĂ©rie), oĂą le publicitaire Don Draper a usurpĂ©, au cours de son service militaire, l'identitĂ© de son supĂ©rieur, mort au combat. Il vit depuis lors sous le patronyme de ce dernier.
  • Banshee (sĂ©rie), ou un homme tout juste sorti de prison prends l'identitĂ© du tout nouveau sherrif d'une petite ville.
  • Imposteur est un court mĂ©trage d'Elie Chapuis en 2013
Faux films ou metteurs en scène

Il s'agit là de supercheries. Il ne faut pas confondre avec le « mockumentary » (parodie de documentaire) par exemple Borat. Pour citer un cas français de metteur en scène qui n'a jamais existé : Maurice Burnan dont une filmographie est publiée par la revue Positif en 1960 à la suite d'une remarque d'André Bazin en 1947 (in La Revue du cinéma), laquelle publiera même des photogrammes présentés comme tirés de ses prétendus films, créant ainsi un mythe[14].

Imposture en littérature

Dans le domaine de la production de textes (sous différentes formes) principalement la fiction et l'essai[15].

Il faut distinguer :

  • la supercherie : par exemple une fiction jouant avec les codes de l'essai, les mystifications (qui constitue bien souvent une blague ou une façon de duper un groupe), l'auteur inventĂ© par plusieurs Ă©crivains, la fiction bidonnĂ©e par collage avec emprunts de textes Ă©crits par d'autres dans le cadre d'un canular, fiction sous pseudonyme, etc.[16] ;
  • le plagiat pur et simple, assimilĂ© au vol d'une Ĺ“uvre protĂ©gĂ©e par la propriĂ©tĂ© intellectuelle ;
  • et l'imposture proprement dite, qui, si elle n'est parfois pas rĂ©primĂ©e par la loi, porte atteinte sur le plan moral, aux usages littĂ©raires, au contrat tacite qui lie un auteur Ă  son public.

Supercherie et imposture se dénoncent. La première tient plus du jeu littéraire, de la blague ; la deuxième prend une dimension souvent scandaleuse et péjorative, comme le font Le Talmud démasqué, une fausse enquête lituanienne de 1892, fréquemment diffusée au long du XXe siècle[17] - [18], ou visant le même sujet d'opprobre, Les Protocoles des Sages de Sion, inventés par la police secrète russe en 1903 et devenus un best-seller à l'échelle internationale, ouvrages demeurant populaires à ce jour dans les milieux antisémites et également dans ceux qui ne veulent pas l'être ou le paraître[19] - [20].

Une supercherie qui ne saurait cesser de l'être peut se voir qualifier a fortiori d'imposture : la supercherie est le processus, la construction littéraire et intellectuelle qui mène au résultat, un texte, bien souvent une œuvre de création à part entière. L'imposture, sans nier la part créative qui la sous-tend, met en jeu la tromperie à des fins pécuniaires et/ou idéologico-politiques aux conséquences parfois dramatiques d'un point de vue social et économique, qui déborde largement le domaine littéraire. Parmi les impostures et supercheries littéraires célèbres, on peut citer Vie et mort d'Émile Ajar, alias Romain Gary, La vie sexuelle de Kant de Botul, l’œuvre de Judith Forest, auteure supposée (en réalité William Henne, Xavier Löwenthal et Thomas Boivin) ou encore Frantico.

Enfin, il faut distinguer l'imposture (l'acte vicié, le fait constaté), du sentiment d'imposture : très ténu, ce sentiment affecte toute personne en proie au doute quant à ses fonctions (son statut), son rôle, son humanité même. De très nombreux personnages de fictions se caractérisent par un « sentiment d'imposture », comme le scribe Bartleby d'Herman Melville, Joseph K. dans Le Procès de Kafka ou l'avocat dans La Chute d'Albert Camus, par exemple[21]. Ce sentiment s'apparente au syndrome de l'imposteur.

Imposture dans les bandes-dessinées et manga

  • Dans le manga Naruto, le personnage d'Obito Uchiwa (qui est prĂ©tendu mort) se fait passer pour Madara Uchiwa pendant une grande partie de l'histoire.

Faux témoignages

  • En Allemagne
  • Aux États-Unis
    • Le livre Mille morceaux fut prĂ©sentĂ© comme tĂ©moignage autobiographique d'un toxicomane mais ce rĂ©vĂ©la ĂŞtre une fiction signĂ©e James Frey après que 3 millions d'exemplaires furent vendus.
    • Le rĂ©cit autobiographique de J.T. LeRoy, jeune prostituĂ© travesti, paru en 2000 s'est avĂ©rĂ© une Ĺ“uvre de fiction Ă©crite Ă  plusieurs mains. J.T. LeRoy (un pseudonyme) n'est mĂŞme pas l'auteur d'une seule ligne du livre et l'histoire est une invention[22].
    • Le rĂ©cit autobiographique de Misha Defonseca, Survivre avec les Loups, une petite fille juive qui traverse l'Europe Ă  la recherche de ses parents dĂ©portĂ©s et est recueillie par des loups s'avèrera ĂŞtre une fiction. Le livre a pourtant connu un large succès en Europe et a fait l'objet d'une adaptation cinĂ©matographique. Le mensonge aura durĂ© 11 ans.
  • Australie
    • En 1993, Helen Demidenko publiera un tĂ©moignage sur deux frères ukrainiens enrĂ´lĂ©s dans les SS, qui se seraient rĂ©fugiĂ©s en Australie. Le rĂ©cit est plusieurs fois primĂ© puis une enquĂŞte rĂ©vèle que tout a Ă©tĂ© inventĂ©.
  • France
  • Suisse

SĂ©lection d'ouvrages

  • Philippe Di Folco, Plagiats et impostures littĂ©raires d'hier et d'aujourd'hui, Éditions Écriture / L'Archipel, 2022, (ISBN 978-2359053593).
  • Gilles Harpoutian, La Petite histoire des grandes impostures scientifiques, Paris, Éditions du ChĂŞne, 2016 (ISBN 2812314206)
  • Philippe Di Folco, Petit traitĂ© de l'imposture, Paris, Larousse, coll. Philosopher, 2011.
  • Jacques FinnĂ©, Des mystifications littĂ©raires, Paris, JosĂ© Corti, coll. Les Essais, 2010.
  • Aleksandra Kroh, Petit traitĂ© de l'imposture scientifique, Paris, Belin, coll. Pour la Science, 2009.
  • AndrĂ©e Bauduin, Psychanalyse de l'imposture, Paris, PUF, coll. Le fil rouge, 2007.
  • Philippe Di Folco, Les Grandes Impostures littĂ©raires, Écriture, 2006.
  • Belinda Cannone, Le Sentiment d'imposture, Paris, Calmann-LĂ©vy, 2005.
  • François de Closets et Bruno Lussato, L'Imposture informatique, Paris, Fayard, 2001.
  • Michel de Pracontal, L'Imposture scientifique en dix leçons, Paris, La DĂ©couverte, coll. « Sciences et sociĂ©tĂ© », , 335 p. (ISBN 2-7071-3293-4, OCLC 46676918)
  • Actes du colloque, organisĂ© sous l'Ă©gide de La Libre PensĂ©e, sous la direction de Jacques Dubessy et de Guillaume Lecointre, le 29/12/2000 : Collectif, Intrusions spiritualistes et impostures intellectuelles en sciences, Paris, Éditions Syllepse, coll. « MatĂ©riologiques », , 399 p. (ISBN 978-2-913165-67-0). PrĂ©face de Jacques Bouveresse.
  • Jacques Bouveresse, Prodiges et vertiges de l'analogie. De l'abus des belles-lettres dans la pensĂ©e, Raisons d'Agir, 1999.
  • Impostures intellectuelles, de Jean Bricmont et Alan Sokal, critique de la philosophie postmoderne des sciences Ă  travers sa rhĂ©torique (1997)
  • [Humour] Jean-Yves Lafesse, Petit prĂ©cis de l'imposture, Paris, J'ai Lu, 1996.
  • [PolĂ©mique] L'Effroyable Imposture, livre polĂ©mique sur les attentats du 11 septembre 2001
  • Karol Beffa, Parler, Composer, Jouer. Sept leçons sur la musique, Paris, Seuil, 2017, chapitre "Musique et imposture".
  • Jean Baudrillard, Simulacres et simulation, Paris, GalilĂ©e, 1981

Voir aussi

Bibliographie

  • Gilles Lecuppre, L'imposture politique au Moyen Ă‚ge : la seconde vie des rois, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Le nĹ“ud gordien », , 405 p..

Vidéographie

Articles connexes

Notes et références

  1. Informations lexicographiques et étymologiques de « imposture » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  2. Baudrillard J. Simulacres et simulation, Paris, Galilée, 1981
  3. Laurent Demanze, cité par Anne-Marie Monluçon, Agathe Salha, Brigitte Ferrato-Combe, Fictions biographiques: XIXe – XXIe siècles, Actes du Colloque "Fictions biographiques, XIXe – XXIe siècles" organisé à l'Université Stendhal-Grenoble III du 11 au 14 mai 2004, Toulouse : Presses universitaires du Mirail, 2007, p. 12
  4. cf. La Société du spectacle (livre), 1967, 1-2
  5. Marcel Gay, grand reporter à L'Est républicain et P. Gélinet, 2000 ans d'histoire sur France Inter, jeudi 13 septembre 2007
  6. Bernanos G., L'Imposture, Paris, Plon, 1927 (rééd., Le Castor Astral, 2010).
  7. Vie publique (2015) Panorama des lois ; Loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte, mis en ligne 18-08-2015
  8. Par exemple la TIR Pro Ă  Rennes
  9. Cédric Villani, Karol Beffa, « Les coulisses de la création de Cédric Villani, Karol Beffa - Editions Flammarion », sur editions.flammarion.com (consulté le )
  10. Michel Kerszberg, Colloque : Intrusions spiritualistes et impostures intellectuelles en sciences, Anne Dambricourt, ou le jargon scientifique comme outil de propagande, Paris, Syllepse, coll. « Matériologiques », , 399 p., p. 299 à 308.
  11. Leclair, Agnés Usurpation d'identité : les Français inquiets, Le Figaro, 6 octobre 2011.
  12. « Les grandes tricheries du sport ; Astuce no 17 : mentir sur son âge », sur le site de l'Internaute (consulté le )
  13. « Des policiers français accusés d'avoir falsifié l'âge de migrants mineurs pour les refouler », sur Le Point.fr, (consulté le )
  14. Lire J.-F. Jandillou, Supercheries littéraires. La vie et l’œuvre des auteurs supposés., Genève, Droz, 2001, p. 323 et suiv.
  15. Pour une bibliographie sur les impostures et mystifications littéraires, voir Biblioweb
  16. cf. J.F. Jandillou, Supercheries littéraires, op. cit., p. IX et suiv.
  17. Pierre-André Taguieff, Judéophobie des Modernes (La) : Des Lumières au Jihad mondial, Odile Jacob, , 683 p. (ISBN 978-2-7381-1736-6, lire en ligne), p. 614.
  18. (en) Darius Staliunas, Enemies for a day : Antisemitism and Anti-Jewish violence in Lithuania under the Tsars, Budapest/New York, Central European University Press, (ISBN 978-963-386-072-4, lire en ligne), p. 65 & ss..
  19. (en) Michael Pershan, « The Talmud Responds to Alice Walker », sur Tablet Magazine, .
  20. « Un texte antisémite de 1892 est publié sur le site catholique « PONTIFEX » », sur www.upjf.org, .
  21. cf. Belinda Cannone, Le Sentiment d'imposture, 2005
  22. site de Radio Canada
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