Octave Mirbeau
Octave Mirbeau, né le à TréviÚres (Calvados) et mort le à Paris 8e, était un écrivain, critique d'art et journaliste français. Il connut une célébrité européenne et de grands succÚs populaires, tout en étant également apprécié et reconnu par les avant-gardes littéraires et artistiques[1].
photographie de Charles Gerschel.
Nom de naissance | Octave Henri Marie Mirbeau |
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Naissance |
TréviÚres (Calvados, France) |
DĂ©cĂšs |
8e arrondissement de Paris |
Activité principale | |
Distinctions |
Membre de l'Académie Goncourt |
Langue dâĂ©criture | Français |
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Mouvement | Impressionnisme, expressionnisme |
Genres |
Ćuvres principales
- Le Jardin des supplices (1899)
- Le Journal d'une femme de chambre (1900)
- Les affaires sont les affaires (1903)
Compléments
- Pierre Michel et Jean-François Nivet, Octave Mirbeau, l'imprĂ©cateur au cĆur fidĂšle, Librairie SĂ©guier, 1990
- Cahiers Octave Mirbeau
Journaliste influent et fort bien rĂ©munĂ©rĂ©, critique dâart dĂ©fenseur des avant-gardes, pamphlĂ©taire redoutĂ©, Octave Mirbeau Ă©tait aussi un romancier novateur, qui a contribuĂ© Ă l'Ă©volution du genre romanesque, et un dramaturge, Ă la fois classique et moderne, qui a triomphĂ© sur toutes les grandes scĂšnes du monde. Mais, aprĂšs sa mort, il traverse pendant un demi-siĂšcle une pĂ©riode de purgatoire. Il est visiblement trop dĂ©rangeant pour la classe dirigeante, tant sur le plan littĂ©raire et esthĂ©tique que sur le plan politique et social.
Inclassable sur un plan littéraire, il fait fi des étiquettes, des théories et des écoles, et il étend à tous les genres littéraires sa contestation radicale des institutions culturelles. Il est aussi politiquement incorrect, farouchement individualiste et libertaire. Il incarne ainsi une figure d'intellectuel critique, potentiellement subversif et « irrécupérable » selon l'expression utilisée par Jean-Paul Sartre dans sa piÚce de théùtre Les Mains sales (1948).
Guy de Maupassant lui a dédié sa nouvelle Aux champs (1882).
Biographie
Jeunesse
Petit-fils de notaires normands, Octave Mirbeau est le fils de Ladislas-François Mirbeau (1815-1900, officier de santĂ©) de RĂ©malard, dans le Perche et d'EugĂ©nie-Augustine Dubosq (1825-1870), fille de notaire trĂ©viĂ©rois[2]. AprĂšs une scolaritĂ© primaire chez les SĆurs de l'Ăducation ChrĂ©tienne de RĂ©malard, le jeune Octave Mirbeau fait des Ă©tudes mĂ©diocres au collĂšge des jĂ©suites Saint-François-Xavier de Vannes[3], d'oĂč il est chassĂ© en 1863 dans des conditions plus que suspectes, qu'il Ă©voquera en 1890 dans son roman SĂ©bastien Roch[4].
AprĂšs son baccalaurĂ©at, il se demande s'il va s'orienter vers la mĂ©decine ou le droit. Il s'inscrit Ă la FacultĂ© de Droit de Paris le 14 novembre 1866 mais suit les cours en dilettante et n'achĂšve pas ses Ă©tudes. Il rentre Ă RĂ©malard, oĂč il travaille chez le notaire du village. MobilisĂ©, il subit la guerre de 1870 dans l'armĂ©e de la Loire, et l'expĂ©rience traumatisante de la dĂ©bĂącle lui inspirera plusieurs contes et des chapitres dĂ©mystificateurs du Calvaire et de SĂ©bastien Roch[5].
Pendant toutes ses années d'enfance, dont il a conservé des souvenirs de morne tristesse et d'ennui, son seul confident est son ami Alfred Bansard des Bois, à qui il adresse des lettres qui constituent à la fois un défouloir et un apprentissage littéraire[6].
En 1872, il « monte » Ă Paris et fait ses dĂ©buts journalistiques dans le quotidien de lâAppel au peuple, nouveau nom du parti bonapartiste, L'Ordre de Paris, dirigĂ© par un client et voisin de son pĂšre, l'ancien dĂ©putĂ© de l'Orne Henri-Joseph DuguĂ© de La Fauconnerie, qui lui a offert l'occasion de fuir le destin notarial oĂč il se sentait enfermĂ© comme dans un cercueil. Il devient le secrĂ©taire particulier de DuguĂ© et se trouve donc, Ă ce titre, chargĂ© dâĂ©crire tout ce qui s'Ă©crit chez lui, notamment les brochures de propagande bonapartiste : Ă©pisode douloureux, dont il se souviendra amĂšrement dans son roman inachevĂ©, publiĂ© aprĂšs sa mort, Un gentilhomme.
Entrée en journalisme
Pendant une douzaine dâannĂ©es, Octave Mirbeau va donc faire « le domestique », en tant que secrĂ©taire particulier, et « le trottoir », comme il lâĂ©crit des journalistes en gĂ©nĂ©ral, en tant que collaborateur Ă gages de divers organes de presse : selon lui, en effet, « un journaliste se vend Ă qui le paie[7] ».
Ses chroniques ont paru successivement dans L'Ordre de Paris, organe officiel de lâAppel au Peuple, bonapartiste, jusquâen 1877, puis dans L'AriĂ©geois, au service du baron Gaston de Verbigier de Saint-Paul, dĂ©putĂ© de lâAriĂšge, en 1877-1878, puis dans Le Gaulois, devenu monarchiste sous la direction d'Arthur Meyer (1880-1882).
En 1883, pendant trois mois, il dirige et rédige presque seul un biquotidien d'informations rapides, Paris-Midi Paris-Minuit. Puis, pendant six mois, il devient le rédacteur en chef pour le compte du banquier Edmond Joubert, vice-président de la Banque de Paris et des Pays-Bas des Grimaces, hebdomadaire attrape-tout, anti-opportuniste et antisémite (sur ce point, il a fait son auto-critique dÚs le 14 janvier 1885 dans La France).
Il entend y faire grimacer les puissants, dĂ©masquer leurs turpitudes et dĂ©voiler les scandales de la pseudo-RĂ©publique, oĂč, selon lui, une bande de « joyeux escarpes » crochĂštent impunĂ©ment les caisses de lâĂtat. Paul Hervieu, qui, ainsi quâAlfred Capus, collabore aux Grimaces sous le pseudonyme de Liris, devient son ami et son confident.
Au dĂ©but des annĂ©es 1880, Mirbeau fait aussi « le nĂšgre »[8] et ainsi produit une dizaine de volumes, publiĂ©s sous au moins deux pseudonymes (Alain Bauquenne et Forsan). Cela lui permet, non seulement de gagner convenablement sa vie, Ă une Ă©poque oĂč il entretient une maĂźtresse dispendieuse, mais aussi et surtout de faire ses gammes et ses preuves, en attendant de pouvoir voler de ses propres ailes, signer sa copie et la vendre avantageusement[9]. En 1882, sous le pseudonyme de GardĂ©niac, il fait Ă©galement paraĂźtre dans Le Gaulois une sĂ©rie de Petits poĂšmes parisiens, oĂč il cite pour la premiĂšre fois un poĂšme souvent attribuĂ© Ă Rimbaud, « Poison perdu »[10].
Grand tournant
En 1884, pour se remettre et se « purger » dâune passion dĂ©vastatrice pour une femme galante, Judith Vinmer[11] â expĂ©rience qui lui inspirera son premier roman officiel, Le Calvaire â, Mirbeau fait retraite pendant sept mois Ă Audierne, dans le FinistĂšre, et se ressource au contact des marins et paysans bretons.
Câest le grand tournant de 1884-1885 : de retour dans la presse parisienne, il commence, tardivement et difficilement, Ă Ă©crire pour son propre compte et entame sa rĂ©demption par le verbe[12] : ce nâest pas un hasard si la suite projetĂ©e du Calvaire, jamais Ă©crite, devait prĂ©cisĂ©ment s'intituler La RĂ©demption.
DĂšs lors, il met sa plume au service de ses valeurs Ă©thiques et esthĂ©tiques et engage les grands combats Ă©thiques, politiques, artistiques et littĂ©raires qui donneront de lui lâimage durable dâun justicier et d'un imprĂ©cateur. Câest Ă la fin de 1884 que commence sa longue amitiĂ© pour les deux « grands dieux de [son] cĆur », Claude Monet et Auguste Rodin[13].
Consécration
EntrĂ© en littĂ©rature, Mirbeau poursuit dĂ©sormais une double carriĂšre de journaliste et dâĂ©crivain. Chroniqueur, conteur et critique dâart influent, redoutĂ© et de mieux en mieux rĂ©munĂ©rĂ©, il collabore, successivement ou parallĂšlement, Ă La France, au Gaulois, au Matin, Ă Gil Blas, au Figaro, Ă L'Ăcho de Paris, puis, pendant dix ans, Ă partir de lâautomne 1892, au Journal, oĂč il touche 350 francs par article (environ 1 400 euros), ce qui est tout Ă fait considĂ©rable pour lâĂ©poque.
Outre ses chroniques, il y fait paraĂźtre de nombreux contes, dont il ne publie en volume quâune petite partie : Lettres de ma chaumiĂšre (1885) â dont lâexergue est significatif de son engagement Ă©thique : « Ne hais personne, pas mĂȘme le mĂ©chant. Plains-le, car il ne connaĂźtra jamais la seule jouissance qui console de vivre : faire le bien » â et Contes de la chaumiĂšre (1894). La plupart de ces contes ne seront publiĂ©s quâaprĂšs sa mort, en plusieurs volumes, et seront recueillis en 1990 dans ses Contes cruels (rĂ©Ă©ditions en 2000 et 2009).
ParallĂšlement, il entame sur le tard et sous son propre nom, une carriĂšre de romancier. Le Calvaire, qui paraĂźt en novembre 1886, lui vaut un succĂšs de scandale, notamment Ă cause du deuxiĂšme chapitre dĂ©mystificateur sur la dĂ©bĂącle de lâarmĂ©e de la Loire pendant la guerre de 1870 qui fait hurler les nationalistes et que Juliette Adam a refusĂ© de publier dans la Nouvelle revue (ce roman inspirera certains Ă©crivains comme Paul Bourget). Puis est publiĂ© L'AbbĂ© Jules (avril 1888), roman dostoĂŻevskien dont le hĂ©ros, Jules Dervelle, est un prĂȘtre rĂ©voltĂ©, dĂ©chirĂ© par ses contradictions et fauteur de scandales. SĂ©bastien Roch (mars 1890) porte sur un sujet tabou, le viol dâadolescents par des prĂȘtres, ce qui lui vaut une vĂ©ritable conspiration du silence. Ces Ćuvres novatrices, en rupture avec les conventions du naturalisme, sont vivement apprĂ©ciĂ©es des connaisseurs et de lâavant-garde littĂ©raire, mais sont nĂ©gligĂ©es par une critique conformiste, effrayĂ©e par leurs audaces[14].
Câest au cours de cette pĂ©riode quâil entame une vie de couple avec Alice Regnault, une ancienne actrice de thĂ©Ăątre, quâil Ă©pouse, honteusement et en catimini, Ă Londres, le 25 mai 1887, aprĂšs deux ans et demi de vie commune. Mais Mirbeau ne se fait aucune illusion sur ses chances de jouir du bonheur conjugal, comme en tĂ©moigne une nouvelle au titre amĂšrement ironique, publiĂ©e au lendemain de son mariage, « Vers le bonheur ». « LâabĂźme » qui, selon lui, sĂ©pare Ă tout jamais les deux sexes, les condamne irrĂ©mĂ©diablement Ă de douloureux malentendus, Ă lâincomprĂ©hension et Ă la solitude. Cette expĂ©rience le poussera, vingt ans plus tard, Ă interprĂ©ter Ă sa façon les relations entre Balzac et Ăvelyne Hanska dans La Mort de Balzac (1907), sous-chapitres de La 628-E8, oĂč il ne cherchera pas Ă Ă©tablir une impossible « vĂ©ritĂ© » historique et qui lui servira avant tout dâexutoire pour exhaler son amertume et ses frustrations.
Crise
Pendant les sept annĂ©es qui suivent (1887-1894), Mirbeau traverse une interminable crise morale, oĂč le sentiment de son impuissance Ă se renouveler[15], sa remise en cause des formes littĂ©raires, notamment du genre romanesque, jugĂ© par trop vulgaire, et son pessimisme existentiel, qui confine au nihilisme, sont aggravĂ©s par une douloureuse crise conjugale qui perdure â et dont tĂ©moigne une longue nouvelle, MĂ©moire pour un avocat (1894). Câest au cours de cette pĂ©riode difficile quâil s'engage dans le combat anarchiste[16] et quâil dĂ©couvre Vincent van Gogh, Paul Gauguin et Camille Claudel, dont il proclame Ă trois reprises le « gĂ©nie ». Il publie Ă©galement son roman Dans le ciel en feuilleton dans L'Ăcho de Paris (mais non en volume), et il rĂ©dige sa premiĂšre grande piĂšce, Les Mauvais bergers, tragĂ©die prolĂ©tarienne profondĂ©ment pessimiste, qui sera crĂ©Ă©e en dĂ©cembre 1897 par les deux plus grandes « stars » de la scĂšne de lâĂ©poque, Sarah Bernhardt et Lucien Guitry.
Triomphe
Au tournant du siĂšcle, aprĂšs l'Affaire Dreyfus, dans laquelle il s'engage passionnĂ©ment (il sera mĂȘme blessĂ©), Mirbeau remporte de grands succĂšs de ventes et de scandales avec Le Jardin des supplices (juin 1899) et Le Journal d'une femme de chambre (juillet 1900), et, Ă degrĂ© moindre, avec Les Vingt et un Jours d'un neurasthĂ©nique (aoĂ»t 1901) ; puis il connaĂźt un triomphe mondial au thĂ©Ăątre avec Les affaires sont les affaires (1903), puis avec Le Foyer (1908), deux comĂ©dies de mĆurs au vitriol quâil parvient, non sans mal, Ă faire reprĂ©senter Ă la ComĂ©die-Française, au terme de deux longues batailles. La 628-E8 connaĂźt Ă©galement un succĂšs de scandale en novembre 1907, Ă cause, surtout, des sous-chapitres sur La Mort de Balzac. Ses Ćuvres sont alors traduites en de nombreuses langues, et sa rĂ©putation et son audience ne font que croĂźtre dans toute lâEurope, tout particuliĂšrement en Russie, oĂč, bien avant la France, paraissent deux Ă©ditions de ses Ćuvres complĂštes entre 1908 et 1912.
PersonnalitĂ© de premier plan, craint autant qu'admirĂ©, Ă la fois marginal â par ses orientations esthĂ©tiques et par ses prises de position politiques radicales â, et au cĆur du systĂšme culturel dominant quâil contribue Ă dynamiter de lâintĂ©rieur, il est reconnu par ses pairs comme un maĂźtre : ainsi LĂ©on TolstoĂŻ voit-il en lui « le plus grand Ă©crivain français contemporain, et celui qui reprĂ©sente le mieux le gĂ©nie sĂ©culaire de la France[17] » ; StĂ©phane MallarmĂ© Ă©crit-il quâil « sauvegarde certainement lâhonneur de la presse en faisant que toujours y ait Ă©tĂ© parlĂ©, ne fĂ»t-ce quâune fois, par lui, avec quel feu, de chaque Ćuvre dâexception[18] » ; Georges Rodenbach voit-il en lui « Le Don Juan de lâIdĂ©al[19] » et Remy de Gourmont « le chef des Justes par qui sera sauvĂ©e la presse maudite[20] », cependant quâĂmile Zola salue, chez lâauteur du Journal dâune femme de chambre, « Le justicier qui a donnĂ© son cĆur aux misĂ©rables et aux souffrants de ce monde[21] ».
Demeures
AprÚs son mariage avec Alice Regnault, Mirbeau préfÚre quitter Paris et s'installe en Bretagne, à Kérisper, prÚs d'Auray. Il a aussi passé plusieurs hivers sur la CÎte d'Azur : ainsi, son roman Sébastien Roch fut commencé à Menton en novembre 1888.
Puis, du 3 aoĂ»t 1889 Ă fĂ©vrier 1893, il a habitĂ© Les Damps, prĂšs de Pont-de-l'Arche, dans lâEure, oĂč Camille Pissarro a laissĂ© quatre toiles de son jardin. Mais, se sentant trop Ă©loignĂ© de Paris, il dĂ©mĂ©nage Ă CarriĂšres-sous-Poissy (Yvelines), oĂč il fait de son jardin une source dâĂ©merveillement pour ses visiteurs. Devenu riche, il sâinstalle au 3, boulevard Delessert Ă Paris, prĂšs du TrocadĂ©ro, puis se partage un temps entre son luxueux appartement de lâavenue du Bois (actuelle avenue Foch), oĂč il emmĂ©nage en novembre 1901, et le « chĂąteau » de Cormeilles-en-Vexin, achetĂ© en 1904 par sa femme Alice.
En 1909, il se fait construire la villa de « Cheverchemont » Ă Triel-sur-Seine, oĂč il Ă©crit ses derniers livres, avant de revenir Ă Paris pour se rapprocher de son mĂ©decin, le professeur Albert Robin.
Dans toutes ses demeures, Mirbeau a cultivĂ© passionnĂ©ment son jardin, rivalisant avec Claude Monet, a reçu abondamment ses nombreux amis â notamment Paul Hervieu, son ancien complice des Grimaces, les peintres Claude Monet et Camille Pissarro, le sculpteur Auguste Rodin, et le journaliste Jules Huret â et il a collectionnĂ© amoureusement les Ćuvres dâart des artistes novateurs quâil a contribuĂ© Ă promouvoir[22].
Crépuscule
Les derniĂšres annĂ©es de la vie dâOctave Mirbeau sont dĂ©solantes : presque constamment malade, Ă partir de 1908, il est dĂ©sormais incapable dâĂ©crire : câest son jeune ami et successeur LĂ©on Werth qui doit achever Dingo, qui paraĂźt en juin 1913.
La terrifiante boucherie de la PremiĂšre Guerre mondiale achĂšve de dĂ©sespĂ©rer un homme qui, malgrĂ© un pessimisme confinant souvent au nihilisme, nâa pourtant jamais cessĂ© de parier sur la raison de lâhomme ni de miser sur lâamitiĂ© franco-allemande pour garantir la paix en Europe (voir notamment La 628-E8, 1907).
Il meurt le jour de son 69e anniversaire au no 1 de la rue Beaujon, dans le 8e arrondissement de Paris. Il repose au cimetiĂšre de Passy[23] (2e division), Ă vingt mĂštres de Debussy (14e division).
Un jardin Octave-Mirbeau est inauguré dans le 16e arrondissement de Paris en 2016[24]. De nombreuses rues l'honorent en France.
Ćuvre
Combats politiques
Sur le plan politique, Mirbeau sâest ralliĂ© officiellement Ă l'anarchisme en 1890. Mais, bien avant cette date, il Ă©tait dĂ©jĂ rĂ©voltĂ© et rĂ©fractaire Ă toutes les idĂ©ologies aliĂ©nantes, radicalement libertaire, farouchement individualiste, irrĂ©ductiblement pacifiste, rĂ©solument athĂ©e depuis son adolescence[25], anticlĂ©rical, antireligieux[26] et antimilitariste[27].
Il sâest battu avec constance contre toutes les forces dâoppression, dâexploitation et dâaliĂ©nation : la famille et lâĂ©cole « Ă©ducastratrices », l'Ăglise catholique et les croyances religieuses (tout juste bonnes, selon lui, pour les pensionnaires de lâasile de Charenton), lâarmĂ©e, les « Ăąmes de guerre »[28] et le bellicisme, la presse vĂ©nale et anesthĂ©siante, le capitalisme industriel et financier, qui permet aux gangsters et prĂ©dateurs des affaires de se partager les richesses du monde, les conquĂȘtes coloniales, qui transforment des continents entiers en jardins des supplices, et le systĂšme politique bourgeois, qui se prĂ©tend abusivement rĂ©publicain, alors quâil ne fait quâassurer la mainmise d'une minoritĂ© sur tout le pays, avec la bĂ©nĂ©diction des Ă©lecteurs moutonniers, « plus bĂȘtes que les bĂȘtes » : aussi appelle-t-il ses lecteurs Ă faire la grĂšve des Ă©lecteurs : « Surtout, souviens-toi que lâhomme qui sollicite tes suffrages est, de ce fait, un malhonnĂȘte homme, parce quâen Ă©change de la situation et de la fortune oĂč tu le pousses, il te promet un tas de choses merveilleuses quâil ne te donnera pas et quâil nâest dâailleurs pas en son pouvoir de te donner. [...] Les moutons vont Ă lâabattoir. Ils ne disent rien, et ils nâespĂšrent rien. Mais du moins ils ne votent pas pour le boucher qui les tuera et pour le bourgeois qui les mangera. Plus bĂȘte que les bĂȘtes, plus moutonnier que les moutons, lâĂ©lecteur nomme son boucher et choisit son bourgeois. Il a fait des RĂ©volutions pour conquĂ©rir ce droit. »[29]
PamphlĂ©taire efficace et dâautant plus redoutĂ©, Mirbeau met en Ćuvre une ironie dĂ©mystificatrice, un humour noir dĂ©rangeant, voire pervers[30], et une rhĂ©torique de l'absurde, dans l'espoir dâobliger certains de ses lecteurs Ă rĂ©agir et Ă se poser des questions, mĂȘme sâil ne se fait guĂšre dâillusions sur la majoritĂ© de son lectorat. Il recourt volontiers Ă lâinterview imaginaire des puissants de ce monde, afin de mieux dĂ©voiler leur mĂ©diocritĂ© et leurs turpitudes. Une anthologie de ses articles a paru sous le titre de Combats politiques[31].
Combats Ă©thiques
Ardent dreyfusard, il sâengage avec passion dans le combat pour les valeurs cardinales du dreyfusisme, la VĂ©ritĂ© et la Justice (1898-1899). Il rĂ©dige le texte de la pĂ©tition des intellectuels, qui paraĂźt le 16 janvier 1898 ; il collabore Ă L'Aurore dâaoĂ»t 1898 Ă juin 1899 ; il participe Ă de multiples rĂ©unions publiques Ă Paris et en province, au risque, parfois, de se faire tabasser par les nationalistes et antisĂ©mites, comme Ă Toulouse, en dĂ©cembre 1898, et Ă Rouen, en fĂ©vrier 1899 ; et, le 8 aoĂ»t 1898, il paye de sa poche la grosse amende dâun montant de 7 555,25 francs (avec les frais du procĂšs), Ă laquelle a Ă©tĂ© condamnĂ© Ămile Zola pour son J'Accuse, paru le 13 janvier dans L'Aurore[32]. En aoĂ»t 1898 Ă©galement, dans L'Aurore, il tente de mobiliser les deux groupes sociaux dont lâunion est la condition du succĂšs : dâune part, les intellectuels, qui « ont un grand devoir... celui de dĂ©fendre le patrimoine dâidĂ©es, de science, de dĂ©couvertes glorieuses, de beautĂ©, dont ils ont enrichi le pays, dont ils ont la garde et dont ils savent pourtant bien ce quâil en reste quand les hordes barbares ont passĂ© quelque part !... »[33] ; dâautre part, les prolĂ©taires, qui se sentent peu concernĂ©s par le sort dâun officier appartenant Ă la classe dominante : « L'injustice qui frappe un ĂȘtre vivant â fĂ»t-il ton ennemi â te frappe du mĂȘme coup. Par elle, l'HumanitĂ© est lĂ©sĂ©e en vous deux. Tu dois en poursuivre la rĂ©paration, sans relĂąche, lâimposer par ta volontĂ©, et, si on te la refuse, lâarracher par la force, au besoin. »[34]
Mirbeau incarne l'intellectuel Ă qui « rien de ce qui est humain nâest Ă©tranger » (selon la citation du poĂšte latin TĂ©rence). Conscient de sa responsabilitĂ© de journaliste Ă©coutĂ© et dâĂ©crivain prestigieux, il mĂšne avant tout un combat Ă©thique et, s'il s'engage dans les affaires de la citĂ©, câest en toute indĂ©pendance Ă lâĂ©gard des partis, en qui il n'a aucune confiance, et tout simplement parce quâil ne peut supporter lâidĂ©e dâĂȘtre complice, par son silence, comme tant dâautres par leur passivitĂ©, de tous les crimes qui sont perpĂ©trĂ©s Ă travers le monde : « Je nâai pas pris mon parti de la mĂ©chancetĂ© et de la laideur des hommes. Jâenrage de les voir persister dans leurs erreurs monstrueuses, de se complaire Ă leurs cruautĂ©s raffinĂ©es... Et je le dis », confie-t-il en 1910, alors que son Ă©tat de santĂ© le condamne Ă une semi-retraite[35]. Son devoir est avant tout dâĂȘtre lucide et de nous forcer Ă voir, en nous inquiĂ©tant, ce que, aveugles volontaires, nous prĂ©fĂ©rons gĂ©nĂ©ralement Ă©viter de regarder en face, histoire de prĂ©server notre confort moral[36]. Telle est donc la mission humaniste de la littĂ©rature : « Aujourdâhui lâaction doit se rĂ©fugier dans le livre. Câest dans le livre seul que, dĂ©gagĂ©e des contingences malsaines et multiples qui lâannihilent et lâĂ©touffent, elle peut trouver le terrain propre Ă la germination des idĂ©es quâelle sĂšme. [âŠ] Les idĂ©es demeurent et pullulent : semĂ©es, elles germent ; germĂ©es, elles fleurissent. Et lâhumanitĂ© vient les cueillir, ces fleurs, pour en faire les gerbes de joie de son futur affranchissement. »[37]
Combats esthétiques
ParallĂšlement, en tant que critique dâart influent et dotĂ© dâune espĂšce de prescience, il pourfend lâart acadĂ©mique des Ădouard Detaille, Jean-Louis-Ernest Meissonier, Alexandre Cabanel et William Bouguereau, il tourne en ridicule le systĂšme des Salons, ces « bazars Ă treize sous », ces « grandes foires aux mĂ©diocritĂ©s grouillantes et dĂ©corĂ©es »[38], et il bataille pour les grands artistes novateurs, longtemps moquĂ©s et mĂ©connus[39], parce que les sociĂ©tĂ©s, selon lui, ne sauraient tolĂ©rer le gĂ©nie : « Tout l'effort des collectivitĂ©s tend Ă faire disparaĂźtre de lâhumanitĂ© l'homme de gĂ©nie, parce quâelles ne permettent pas quâun homme puisse dĂ©passer de la tĂȘte un autre homme, et quâelles ont dĂ©cidĂ© que toute supĂ©rioritĂ©, dans nâimporte quel ordre, est, sinon un crime, du moins une monstruositĂ©, quelque chose dâabsolument anti-social, un ferment dâanarchie. Honte et mort Ă celui dont la taille est trop haute ! »[40]
Mirbeau se fait donc le chantre attitrĂ© dâAuguste Rodin, de Claude Monet et de Camille Pissarro ; il est lâadmirateur de Paul CĂ©zanne, dâEdgar Degas et dâAuguste Renoir, le dĂ©fenseur dâEugĂšne CarriĂšre, de Paul Gauguin â qui, grĂące Ă ses articles Ă©logieux, en fĂ©vrier 1891, peut payer son voyage Ă Tahiti â, de FĂ©lix Vallotton, dâĂdouard Vuillard et de Pierre Bonnard, le dĂ©couvreur de Maxime Maufra, de Constantin Meunier, de Vincent van Gogh, de Camille Claudel, dont il proclame Ă trois reprises le « gĂ©nie », dâAristide Maillol et de Maurice Utrillo. Ses articles sur l'art ont Ă©tĂ© recueillis dans les deux gros volumes de ses Combats esthĂ©tiques, parus Ă la Librairie SĂ©guier en 1993.
Ardent défenseur et collectionneur de l'art de son temps
« [...] comme il sut choisir toujours les piÚces les plus franches, les plus aiguës, les plus révélatrices, nul ensemble réuni par aucun amateur n'a encore offert une image aussi caractéristique de l'effort contemporain. » (préface anonyme du catalogue de la vente de sa collection).
Afin de pouvoir transformer la villa de Triel-sur-Seine en un lieu de villĂ©giature pour les littĂ©rateurs et artistes « maltraitĂ©s par le sort », sa veuve dut vendre cette importante collection de Tableaux, aquarelles, pastels et dessins, par Paul CĂ©zanne (13 Ćuvres, dont deux autoportraits), Bonnard, Cross, Daumier, Paul Gauguin, Vincent van Gogh (2 Ćuvres, dont Le PĂšre Tanguy, 1887), Claude Monet, Berthe Morisot, Camille Pissarro, Renoir, Rodin (23 dessins), K.-X. Roussel, Seurat, Signac, Utrillo, FĂ©lix Vallotton (M. ThadĂ©e Natanson, 1897), Valtat, Vuillard, et des sculptures par Camille Claudel (un plĂątre), Aristide Maillol (10 plĂątres, terres cuites, bois et bronzes) et Rodin (11 plĂątres, marbres et bronzes, dont le buste de Victor Hugo et celui de l'Ă©crivain, qui peut ĂȘtre celui reproduit plus bas), fut mise aux enchĂšres publiques, le 24 fĂ©vrier 1919, Ă la galerie Durand-Ruel, 16, rue Laffitte, Ă Paris.
Si aucune de ses toiles de l'écrivain, peintre-amateur au talent reconnu par Monet, n'y figura, la note-préface du catalogue est illustrée de ses Hortensias et de La mer à Menton-Garavan, réalisés lors d'un de ses séjours à Menton.
Combats littéraires
Il mĂšne aussi le bon combat pour des Ă©crivains Ă©galement novateurs : il lance notamment Maurice Maeterlinck en aoĂ»t 1890, par un article retentissant du Figaro[41], et Marguerite Audoux en 1910[42] ; il dĂ©fend et promeut Remy de Gourmont, Marcel Schwob, LĂ©on Bloy et Jules Renard, quâil fait Ă©lire Ă lâAcadĂ©mie Goncourt en 1907, en menaçant de dĂ©missionner[43] ; il vient en aide Ă Alfred Jarry et Ă Paul LĂ©autaud ; il admire inconditionnellement LĂ©on TolstoĂŻ et DostoĂŻevski, qui lui ont rĂ©vĂ©lĂ© les limites de lâart latin, fait de clartĂ© et de mesure ; il prend Ă deux reprises la dĂ©fense dâOscar Wilde condamnĂ© aux travaux forcĂ©s[44] ; et il contribue Ă la rĂ©ception en France de Knut Hamsun[45] et dâIbsen.
NommĂ© membre de lâAcadĂ©mie Goncourt par la volontĂ© testamentaire dâEdmond de Goncourt, quâil a plusieurs fois dĂ©fendu dans la presse, Mirbeau fait entendre sa voix et se bat avec ferveur, Ă partir de 1903, pour de jeunes Ă©crivains originaux quâil contribue Ă promouvoir, mĂȘme sâils nâobtiennent pas le prix Goncourt : Paul LĂ©autaud, Charles-Louis Philippe, Ămile Guillaumin, Valery Larbaud, Marguerite Audoux, Neel Doff, Charles Vildrac et LĂ©on Werth[46].
Ses chroniques sur la littĂ©rature et le journalisme ont Ă©tĂ© recueillies en 2006 dans ses Combats littĂ©raires, LâĂge dâHomme, Lausanne.
Mirbeau romancier
« Beaucoup de pose. C'est le monsieur qui a trouvĂ© un ton et qui s'y maintient. On sent qu'il parlerait de la mĂȘme façon d'un saladier de fraises et de l'assassinat de toute une famille (...) mais une fameuse plume. Et puis, du sang, du nerf, de la gĂ©nĂ©rositĂ©. »
â Georges Clemenceau Ă Jean Martet (M. Clemenceau peint par lui-mĂȘme, 1929).
Du prĂȘte-plume au roman autobiographique
Mirbeau sâest dâabord avancĂ© masquĂ© et a publiĂ©, sous au moins deux pseudonymes, pour plusieurs commanditaires, une dizaine de romans Ă©crits comme nĂšgre (notamment L'ĂcuyĂšre[47], La MarĂ©chale[48], La Belle Madame Le Vassart[49], Dans la vieille rue[50] et La Duchesse Ghislaine[51]). Il y fait brillamment ses gammes, varie les modĂšles dont il sâinspire et inscrit ses rĂ©cits dans le cadre de romans-tragĂ©dies, oĂč le fatum prend la forme du dĂ©terminisme psychologique et socioculturel. Et, dĂ©jĂ , il trace un tableau au vitriol de ce « loup dĂ©vorant » quâest « le monde », et de la « bonne sociĂ©tĂ© » quâil abomine et dont il connaĂźt les dessous peu ragoĂ»tants pour lâavoir frĂ©quentĂ©e pendant une douzaine dâannĂ©es.
Il fait, dans le genre romanesque, des dĂ©buts officiels fracassants, sous son propre nom, avec un roman qui, publiĂ© chez Ollendorff, obtient un succĂšs de scandale, Le Calvaire (1886). Il s'y libĂšre par lâĂ©criture des traumatismes de sa destructrice passion pour Judith Vinmer, rebaptisĂ©e Juliette Roux, et maĂźtresse du narrateur et antihĂ©ros Jean MintiĂ©. De surcroĂźt, dans le chapitre II, non publiĂ© par Juliette Adam, il dresse un tableau impitoyable de lâarmĂ©e française pendant la guerre de 1870, quâil a vĂ©cue, comme « moblot » (mobile), dans lâarmĂ©e de la Loire.
En 1888, il publie, chez Ollendorff, L'AbbĂ© Jules, premier roman dostoĂŻevskien et prĂ©-freudien de notre littĂ©rature, vivement admirĂ© par LĂ©on TolstoĂŻ, Georges Rodenbach, Guy de Maupassant et ThĂ©odore de Banville, oĂč, dans le cadre percheron de son enfance, apparaissent deux personnages fascinants : l'abbĂ© Jules et le pĂšre Pamphile. Dans un troisiĂšme roman autobiographique, SĂ©bastien Roch (1890), il Ă©vacue un autre traumatisme : celui de son sĂ©jour chez les jĂ©suites de Vannes â « un enfer », Ă©crivait-il en 1862 Ă son confident Alfred Bansard[52] â et des violences sexuelles quâil pourrait bien y avoir subies, Ă lâinstar du personnage Ă©ponyme. Il transgresse ainsi un tabou qui a durĂ© encore plus dâun siĂšcle : le viol dâadolescents par des prĂȘtres[53].
Crise du roman
Il traverse alors une grave crise existentielle et littĂ©raire, au cours de laquelle il remet radicalement en cause le genre romanesque. Il publie nĂ©anmoins en feuilleton un extraordinaire roman, trĂšs noir, expressionniste et prĂ©-existentialiste avant la lettre, sur la souffrance de l'humaine condition et la tragĂ©die de lâartiste, Dans le ciel. Il y met en scĂšne un peintre, Lucien directement inspirĂ© de Van Gogh, dont, Ă lâinsu de sa pingre Ă©pouse, il vient dâacheter au pĂšre Tanguy, pour 600 francs, deux toiles (qui, revendues en 1987, seront alors les plus chĂšres au monde : Les Iris et Les TournesolsâŠ)
Au lendemain de lâaffaire Dreyfus, son pessimisme est encore renforcĂ©, et il publie deux romans fin-de-siĂšcle qui en tĂ©moignent. JugĂ©s « scandaleux » par les tartuffes et les « bien-pensants » de tout poil, ils nâen connaissent pas moins un Ă©norme succĂšs Ă travers le monde (ils sont traduits dans plus d'une trentaine de langues et sont constamment rĂ©Ă©ditĂ©s dans tous les pays[54]) : d'abord, Le Jardin des supplices (1899), oĂč la distanciation gĂ©ographique et lâexotisme facilitent sa dĂ©nonciation, par le truchement de la fictive Clara, dâune prĂ©tendue civilisation reposant sur la culture du meurtre[55] ; ensuite, le Journal d'une femme de chambre (1900), oĂč, Ă travers le regard dâune soubrette lucide, CĂ©lestine, il sâemploie Ă dĂ©masquer les « honnĂȘtes gens », pires Ă ses yeux que les « canailles »[56]. Il y met dĂ©jĂ Ă mal le genre romanesque, en pratiquant la technique du collage, et en transgressant les codes de la vraisemblance, de la crĂ©dibilitĂ© romanesque et des hypocrites biensĂ©ances. Les 21 jours d'un neurasthĂ©nique (1901) systĂ©matise le recours au collage et nous donne une vision grinçante des hommes et de la sociĂ©tĂ©, Ă travers le regard dâun neurasthĂ©nique qui projette son mal-ĂȘtre sur un univers et une sociĂ©tĂ© bourgeoise prise de folie, oĂč rien ne rime Ă rien et oĂč tout marche Ă rebours de la justice et du bon sens, comme l'illustre notamment la mĂ©saventure de Jean Guenille.
Mise Ă mort du roman
Octave Mirbeau achĂšve de mettre Ă mort le vieux roman prĂ©tendument rĂ©aliste dans ses deux derniĂšres Ćuvres narratives : La 628-E8 (1907), amputĂ©e in extremis de La Mort de Balzac, qui se prĂ©sente comme un rĂ©cit de voyage en automobile Ă travers la Belgique, les Pays-Bas et lâAllemagne ; et Dingo (1913), achevĂ© par LĂ©on Werth (Mirbeau, malade, nâĂ©tait plus capable dâĂ©crire). Les hĂ©ros de ces deux rĂ©cits ne sont autres que sa propre automobile (la fameuse Charron immatriculĂ©e 628-E8) et son propre chien tendrement aimĂ©, Dingo, effectivement mort Ă Veneux-Nadon en octobre 1901. Mirbeau renonce aux subterfuges des personnages romanesques et se met lui-mĂȘme en scĂšne en tant quâĂ©crivain, inaugurant ainsi une forme dâautofiction avant la lettre. Il renonce Ă toute trame romanesque et Ă toute composition, et obĂ©it seulement Ă sa fantaisie.
Enfin, sans le moindre souci de rĂ©alisme, il multiplie les caricatures, les effets de grossissement et les « hĂ©naurmitĂ©s » pour mieux nous ouvrir les yeux. Câest ainsi quâon peut comprendre le chapitre de La 628-E8 sur La Mort de Balzac, qui a fait scandale, et oĂč certains critiques, notamment Marcel Bouteron[57], ont voulu voir une vulgaire calomnie Ă lâencontre de Mme Hanska, alors quâil ne sâagit, pour le romancier, que dâexprimer sa propre gynĂ©cophobie et dâexorciser ses propres frustrations[58].
Par-dessus le roman codifié du XIXe siÚcle à prétentions réalistes, Mirbeau renoue avec la totale liberté des romanciers du passé, de Rabelais à Sterne, de CervantÚs à Diderot, et il annonce ceux du vingtiÚme siÚcle[59].
Une tragédie prolétarienne
Au thĂ©Ăątre, Mirbeau a fait ses dĂ©buts avec une tragĂ©die prolĂ©tarienne, Les Mauvais bergers, sur un sujet proche de celui du Germinal dâĂmile Zola : lâĂ©closion dâune grĂšve ouvriĂšre et son Ă©crasement dans le sang. Elle a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e au thĂ©Ăątre de la Renaissance, le 15 dĂ©cembre 1897, par deux monstres sacrĂ©s de la scĂšne, Sarah Bernhardt, qui incarne la jeune pasionaria Madeleine, et Lucien Guitry, qui interprĂšte l'anarchiste Jean Roule. Mirbeau y proclame notamment le droit Ă la beautĂ© pour tous[60]. Mais le pessimisme domine, confinant mĂȘme au nihilisme : au dĂ©nouement, ne subsiste aucun espoir de germinations futures. Mirbeau jugera sa piĂšce beaucoup trop dĂ©clamatoire et songera mĂȘme Ă lâeffacer de la liste de ses Ćuvres. Mais des groupes anarchistes la traduiront et la reprĂ©senteront Ă travers lâEurope.
Deux grandes comédies
En 1903, il connaĂźt un triomphe mondial, notamment en Allemagne et en Russie, avec une grande comĂ©die classique de mĆurs et de caractĂšres dans la tradition de MoliĂšre, quâil a fait reprĂ©senter Ă la ComĂ©die-Française au terme dâune longue bataille, marquĂ©e par la suppression du comitĂ© de lecture, en octobre 1901 : Les affaires sont les affaires, crĂ©Ă©e le 20 avril 1903. Câest lĂ quâapparaĂźt le personnage dâIsidore Lechat, archĂ©type du brasseur dâaffaires moderne, produit dâun monde nouveau : il fait argent de tout, intervient sur tous les terrains, caresse de vastes projets et Ă©tend sans scrupules ses tentacules sur le monde. Mais la rĂ©volte de sa fille Germaine et la mort accidentelle de son fils rĂ©vĂšlent ses failles et les limites de sa puissance.
En 1908, au terme dâune nouvelle bataille judiciaire et mĂ©diatique, quâil remporte de haute lutte contre Jules Claretie, l'administrateur de la Maison de MoliĂšre, il fait de nouveau reprĂ©senter Ă la ComĂ©die-Française une piĂšce Ă scandale, cosignĂ©e par son ami ThadĂ©e Natanson, Le Foyer. Ă travers le cas du Foyer gĂ©rĂ© par le baron J. G. Courtin, il y pourfend une nouvelle fois la prĂ©tendue charitĂ©, qui nâest quâun juteux business[61], et transgresse un nouveau tabou : lâexploitation Ă©conomique et sexuelle dâadolescentes dans un foyer prĂ©tendument « charitable », avec la complicitĂ© du gouvernement rĂ©publicain, qui prĂ©fĂšre Ă©touffer le scandale[62].
Farces et moralités
Mirbeau a aussi fait jouer six petites piĂšces en un acte, recueillies sous le titre de Farces et moralitĂ©s (1904) : tout en se situant dans la continuitĂ© des moralitĂ©s mĂ©diĂ©vales Ă intentions pĂ©dagogiques et moralisatrices, il anticipe le thĂ©Ăątre de Bertolt Brecht, de Marcel AymĂ©, de Harold Pinter et dâEugĂšne Ionesco[63] Il y subvertit les normes sociales, il dĂ©mystifie la loi et il porte la contestation au niveau du langage, qui contribue notamment Ă assurer la domination de la bourgeoisie (il tourne notamment en dĂ©rision le discours des politiciens et le langage de lâamour[64]).
Contradictions
Octave Mirbeau Ă©tait un homme, un Ă©crivain et un intellectuel engagĂ© pĂ©tri de contradictions[65], qui lui ont valu bien des critiques, mais qui sont constitutives de son humanitĂ© en mĂȘme temps que le produit de la diversitĂ© de ses exigences.
Sensibilité et détachement
DotĂ© dâune extrĂȘme sensibilitĂ©, qui lui vaut dâĂ©prouver dâintenses satisfactions dâordre esthĂ©tique, par exemple, il est du mĂȘme coup exposĂ© de plein fouet aux souffrances et dĂ©ceptions en tous genres que rĂ©serve la vie. Aussi passe-t-il par des pĂ©riodes contemplatives, devant des parterres de fleurs ou des Ćuvres dâart oĂč il trouve un refuge loin du monde des hommes et aspire-t-il Ă une philosophie du dĂ©tachement, qui rappelle l'ataraxie des sages stoĂŻciens et oĂč certains commentateurs ont voulu voir une forme d'Ă©lan mystique[66], ce qui lâamĂšne aussi Ă sâintĂ©resser au Nirvana des bouddhistes (ce nâest Ă©videmment pas un hasard sâil signe du pseudonyme de Nirvana les sept premiĂšres Lettres de l'Inde de 1885). Mais, Ă lâinstar de lâabbĂ© Jules, du roman homonyme, il est fort en peine de juguler les Ă©lans de son cĆur.
DĂ©sespoir et engagement
Mirbeau a toujours fait preuve dâune luciditĂ© impitoyable, et radicalement matĂ©rialiste, et il nâa cessĂ© de dĂ©noncer tous les opiums du peuple et toutes les illusions qui interdisent aux hommes de « regarder MĂ©duse en face » et de se voir tels quâils sont, dans toute leur horreur[67].
Et pourtant ce dĂ©sespĂ©rĂ© nâa jamais cessĂ© dâespĂ©rer et de lutter pour se rapprocher de lâidĂ©al entrevu, comme si les hommes Ă©taient amendables, comme si lâorganisation sociale pouvait ĂȘtre rĂ©ellement amĂ©liorĂ©e. Le pessimisme radical de sa raison est toujours contrebalancĂ© par lâoptimisme de sa volontĂ©.
Idéalisme et réalisme
Farouchement libertaire, et fonciĂšrement hostile Ă toutes les formes de pouvoir, Mirbeau a toujours refusĂ© la forme et ne sâest ralliĂ© Ă aucun groupe anarchiste. Mais lâaffaire Dreyfus lui a fait comprendre la nĂ©cessitĂ© de faire des compromis et de passer des alliances, fĂ»t-ce avec des politiciens bourgeois naguĂšre vilipendĂ©s et des socialistes honnis, pour avoir quelques chances de remporter des victoires, fussent-elles provisoires. Dâautre part, son anarchisme est problĂ©matique, puisque lâabsence dâĂtat et la totale libertĂ© laissĂ©e aux individus ne pourraient quâassurer le triomphe des prĂ©dateurs sans scrupules, tels quâIsidore Lechat, dans Les affaires sont les affaires. Aussi a-t-il fini par faire un bout de route avec JaurĂšs et par accepter de collaborer Ă LâHumanitĂ© Ă ses dĂ©buts, dans l'espoir de « rĂ©duire l'Ătat Ă son minimum de malfaisance »[68].
Un écrivain réfractaire à la littérature
Enfin, Mirbeau est un Ă©crivain paradoxal, qui a Ă©crit Ă©normĂ©ment, tout en se prĂ©tendant frappĂ© dâimpuissance, et qui a contestĂ© le principe mĂȘme de la littĂ©rature, faite de mots et vĂ©hicule de mensonges[69], en mĂȘme temps que tous les genres littĂ©raires. Journaliste, il nâa cessĂ© de vilipender la presse vĂ©nale, accusĂ©e de dĂ©sinformation, de crĂ©tinisation des masses, voire de chantage[70]. Critique dâart, il sâest toujours moquĂ© des professionnels de la critique, ratĂ©s misonĂ©istes, aussi inutiles que des ramasseurs de crottin de chevaux de bois, et il a martelĂ© quâune Ćuvre dâart ne sâexplique pas, mais doit sâadmirer en silence. Romancier, il a dĂ©noncĂ© la vulgaritĂ© et les conventions dâun genre qui avait fait son temps. Dramaturge, il a proclamĂ© la mort du thĂ©Ăątre. Et pourtant, professionnel de la plume et intellectuel engagĂ©, il nâa cessĂ© dâĂ©crire pour clamer sa colĂšre ou ses enthousiasmes.
Postérité
Mirbeau nâa jamais Ă©tĂ© oubliĂ© et nâa jamais cessĂ© dâĂȘtre publiĂ©, mais on lâa souvent mal lu, Ă travers de trompeuses grilles de lecture (par exemple, nombre de critiques et dâhistoriens de la littĂ©rature lâont embrigadĂ© bien malgrĂ© lui parmi les naturalistes), ou bien on a voulu voir dans plusieurs de ses romans des Ćuvres Ă©rotiques, comme en tĂ©moignent nombre de couvertures de ses innombrables traductions. On a aussi eu fĂącheusement tendance Ă rĂ©duire son immense production aux trois titres les plus emblĂ©matiques de son Ćuvre littĂ©raire.
Politiquement incorrect, socialement irrĂ©cupĂ©rable et littĂ©rairement inclassable, il a traversĂ©, aprĂšs sa mort, une longue pĂ©riode dâincomprĂ©hension de la part des auteurs de manuels et dâhistoires littĂ©raires ; et le faux « Testament politique », rĂ©digĂ© par Gustave HervĂ© et publiĂ© cinq jours aprĂšs sa mort par sa veuve abusive, Alice Regnault, a contribuĂ© Ă brouiller durablement son image[71].
Depuis vingt ans, grĂące au dĂ©veloppement des Ă©tudes mirbelliennes (parution de sa biographie, nombreuses dĂ©couvertes de textes insoupçonnĂ©s, publication de trĂšs nombreux inĂ©dits, fondation de la SociĂ©tĂ© Octave Mirbeau, crĂ©ation des Cahiers Octave Mirbeau, organisation de nombreux colloques internationaux et interdisciplinaires (sept entre 1991 et 2007), constitution dâun Fonds Octave Mirbeau Ă la BibliothĂšque Universitaire dâAngers, ouverture de deux sites web consacrĂ©s Ă Mirbeau, mise en ligne de la plus grande partie de ses Ă©crits), on le dĂ©couvre sous un jour nouveau, on le lit sans idĂ©es prĂ©conçues ni Ă©tiquettes rĂ©ductrices, on publie la totalitĂ© de son Ćuvre, dont des pans entiers Ă©taient mĂ©connus ou ignorĂ©s, voire totalement insoupçonnĂ©s (ses romans Ă©crits comme nĂšgre, par exemple), et on commence tardivement Ă prendre la mesure de son tempĂ©rament dâexception, de son originalitĂ© dâĂ©crivain et du rĂŽle Ă©minent quâil a jouĂ© sur la scĂšne politique, littĂ©raire et artistique de la Belle Ăpoque, ainsi que dans lâĂ©volution des genres littĂ©raires.
De la Société Octave Mirbeau aux Amis d'Octave Mirbeau
En novembre 1993 a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e la SociĂ©tĂ© Octave Mirbeau[72], prĂ©sidĂ©e par Pierre Michel, qui a son siĂšge Ă Angers. Elle publie tous les ans les Cahiers Octave Mirbeau. Elle a constituĂ© un Fonds Mirbeau Ă la BibliothĂšque Universitaire d'Angers[73], organisĂ© trois colloques internationaux, crĂ©Ă© un site Internet et un portail Internet multilingue, coĂ©ditĂ© plusieurs volumes de textes et Ćuvres de Mirbeau, notamment son Ćuvre romanesque et sa Correspondance gĂ©nĂ©rale, et Ă©ditĂ© ou mis en ligne elle-mĂȘme plusieurs Ă©tudes sur Mirbeau. Elle a Ă©galement mis en ligne, Ă l'automne 2010, un Dictionnaire Octave Mirbeau[74], qui est paru en volume chez L'Ăge d'Homme, en coĂ©dition avec la SociĂ©tĂ© Octave Mirbeau, en fĂ©vrier 2011[75]. Un bilan des activitĂ©s de la SociĂ©tĂ© Octave Mirbeau a Ă©tĂ© tirĂ© par son prĂ©sident, Ă l'occasion du vingtiĂšme anniversaire de sa crĂ©ation[76].
La SociĂ©tĂ© Octave Mirbeau a commencĂ© Ă prĂ©parer la commĂ©moration internationale du centiĂšme anniversaire de la mort de Mirbeau, en 2017. Elle devrait donner lieu, en France et Ă l'Ă©tranger, Ă toutes sortes d'initiatives les plus diverses[77]. Ă cette fin, elle a contactĂ© de nombreuses institutions et collectivitĂ©s ; elle a constituĂ© et mis en ligne un dossier prĂ©sentant l'Ă©crivain et la SociĂ©tĂ© Mirbeau[78] ; elle a obtenu le haut patronage de l'AcadĂ©mie Goncourt, celui de l'AcadĂ©mie des sciences et celui de lâAcadĂ©mie Royale de Langue et de LittĂ©rature Françaises de Belgique, ainsi que le soutien du MinistĂšre de la Culture et de CommĂ©morations nationales ; et elle a appelĂ© de nombreuses personnalitĂ©s, de l'universitĂ©, de la littĂ©rature, du thĂ©Ăątre et des beaux-arts, originaires de trente pays diffĂ©rents, Ă apporter leur parrainage[79].
LâannĂ©e Mirbeau a compris cinq ou six colloques universitaires, en France et Ă lâĂ©tranger, de nombreuses publications et traductions nouvelles, quantitĂ© de reprĂ©sentations thĂ©Ăątrales (crĂ©ations ou reprises), plusieurs films, des lectures et des confĂ©rences, des expositions, etc.[80]. Malheureusement, le MusĂ©e dâOrsay, oĂč sont pourtant exposĂ©es les Ćuvres des grands crĂ©ateurs chantĂ©s et imposĂ©s par Octave Mirbeau, et notamment celles du legs Caillebotte, acceptĂ©es par lâĂtat grĂące Ă un dĂ©cisif article de Mirbeau dans Le Journal [81], ne participera pas Ă l'hommage international rendu au grand critique dâart[82].
En avril 2019, Ă la suite dâune grave crise interne, Pierre Michel quitte la SociĂ©tĂ© Octave Mirbeau quâil a fondĂ©e un quart de siĂšcle plus tĂŽt[83] et fonde lâassociation internationale des Amis dâOctave Mirbeau, qui entend poursuivre la mission de lâancienne SociĂ©tĂ© Mirbeau[84]. Elle publie une nouvelle revue annuelle, internationale et somptueusement illustrĂ©e, Octave Mirbeau â Ătudes et actualitĂ©s, dont les deux premiers numĂ©ros ont paru en mars 2020 et mars 2021[85].
Prix Octave Mirbeau
Il existe deux « Prix Octave Mirbeau » :
- L'un est un prix scientifique, de biologie vĂ©gĂ©tale, dĂ©cernĂ© tous les quatre ans par l'AcadĂ©mie des Sciences, lĂ©gataire des archives de Mirbeau par sa veuve Alice Regnault ; son montant est de 1 500 âŹ[86].
- Lâautre est un prix littĂ©raire crĂ©Ă© en 2004 et dĂ©cernĂ© chaque annĂ©e par la commune de TrĂ©viĂšres, ville natale de lâĂ©crivain ; il rĂ©compense un roman dĂ©signĂ© parmi des ouvrages proposĂ©s par des auteurs participant au festival et traitant peu ou prou de la Normandie[87].
Ćuvres
Romans
- Le Calvaire, Ollendorff (1886) ; réédition en 1901, avec illustrations de Jeanniot
- L'Abbé Jules, Ollendorff (1888)
- SĂ©bastien Roch, Charpentier (1890)
- Dans le ciel (1892-1893, en feuilleton dans L'Ăcho de Paris, premiĂšre Ă©dition en volume en 1989, Ă L'Ăchoppe)
- Le Jardin des supplices, Fasquelle (1899); en 1902, édition de luxe illustrée par Auguste Rodin ; en 1927 édiiton illustrée d'eaux-fortes de Raphaël Freda, ed. Javal et Bourdeaux, lire en ligne sur Gallica
- Le Journal d'une femme de chambre, Fasquelle (1900)
- Les 21 Jours d'un neurasthénique, Fasquelle (1901)
- La 628-E8, Fasquelle (1907) ; illustrations de Pierre Bonnard
- Dingo, Fasquelle (1913) ; réédition en 1924, avec illustrations de Pierre Bonnard
- Un gentilhomme, Flammarion (1920)
- Les MĂ©moires de mon ami, Flammarion (1920)
- Ćuvre romanesque, Buchet/Chastel - SociĂ©tĂ© Octave Mirbeau, 3 volumes, 4 000 pages, dont 800 pages dâappareil critique (2000-2001). Pierre Michel y a rĂ©alisĂ© lâĂ©dition critique de lâensemble des romans dâOctave Mirbeau. Cinq romans Ă©crits comme nĂšgre y sont reproduits en annexe : LâĂcuyĂšre, La MarĂ©chale, La Belle Madame Le Vassart, Dans la vieille rue et La Duchesse Ghislaine.
Théùtre
- Les Mauvais Bergers, Charpentier-Fasquelle (1898), piĂšce en cinq actes
- L'ĂpidĂ©mie, Fasquelle (1898), piĂšce en un acte
- Vieux ménages, Fasquelle (1901), comédie en un acte
- Le Portefeuille, Fasquelle (1903), comédie en un acte
- Les Affaires sont les affaires, Fasquelle (1903), comédie en trois actes
- Farces et Moralités, Fasquelle (1904), recueil de six piÚces en un acte
- Le Foyer, Fasquelle (1908), comédie en trois actes en collaboration avec Thadée Natanson
- Théùtre complet, Eurédit (2003), 4 volumes
- Les Dialogues tristes, Eurédit (2006)
RĂ©cits, contes et nouvelles
- Lettres de ma chaumiĂšre, Laurent (1885)
- Cocher de maßtre (1889 ; réédition en 1990, à l'écart ; mise en ligne en 2008)
- Contes de la chaumiÚre, Charpentier (1894) avec deux eaux-fortes de Jean-François Raffaëlli
- MĂ©moire pour un avocat (1894 en feuilleton dans Le Journal ; mise en ligne par les Ăditions du Boucher ; rĂ©Ă©dition par Flammarion en 2012).
- Dans lâantichambre (Histoire dâune Minute) (1905). IllustrĂ© par Edgar Chahine. Librairie de la Collection des Dix. A. Romagnol, Ăditeur. Collection de l'AcadĂ©mie des Goncourt
- La Vache tachetée, Flammarion (1918 ; nouvelle édition en mars 2020 Vache tachetée et concombre fugitif à L'Arbre Vengeur)
- Un homme sensible, Flammarion (1919)
- La Pipe de cidre, Flammarion (1919)
- Les Souvenirs d'un pauvre diable, Flammarion (1921)
- Le Petit Gardeur de vaches, Flammarion (1922)
- La Mort de Balzac L'Ăchoppe (1989, avec une postface de Pierre Michel et Jean-François Nivet ; nouvelles Ă©ditions en 1999, chez Arte Ăditions - Ăditions du FĂ©lin, avec la mĂȘme postface ; en 2011, aux Ăditions Sillage ; et en 2012, aux Ăditions de l'Herne, avec un avant-propos de François L'Yvonnet)
- Contes cruels, Librairie SĂ©guier, 2 volumes (1990 ; rĂ©Ă©dition chez le mĂȘme Ă©diteur Ă l'identique, mais en un seul volume, en 2000). Recueil de 150 contes
- Contes drĂŽles, SĂ©guier (1995). Recueil de 21 contes
- Amours cocasses et Noces parisiennes, Librairie Nizet (1995). Deux recueils parus sous le pseudonyme d'Alain Bauquenne en 1885 et 1883
- Bruxelles, Magellan (2011)
- Scrupules, suivi d'Une perquisition en 1894, D'Ores et DĂ©jĂ , avril 2018, 40 p.
Textes de critique
- MaĂźtres modernes. La salon de 1885, Baschet, 1885
- André Wilder, Fondation Bernheim, 1904
- Chez l'Illustre Ă©crivain, Flammarion (1919)
- Des artistes, Flammarion, 2 volumes (1922-1924)
- Gens de théùtre, Flammarion (1924)
- Les Ăcrivains, Flammarion, 2 volumes (1925-1926)
- Notes sur lâart, L'Ăchoppe (1989)
- Sur la statue de Zola, L'Ăchoppe (1989)
- Combats esthétiques, Séguier, 2 volumes (1993)
- PremiÚres chroniques esthétiques, Presses de l'Université d'Angers - Société Octave Mirbeau (1996)
- Chroniques musicales, SĂ©guier-Archimbaud (2001)
- Combats littĂ©raires, L'Ăge dâHomme (2006)
Textes politiques et sociaux
- La GrĂšve des Ă©lecteurs (1902).
- Les Grimaces et quelques autres chroniques, Flammarion (1928)
- Combats politiques, SĂ©guier (1990)
- Combats pour lâenfant, Ivan Davy (1990)
- L'Affaire Dreyfus, SĂ©guier (1991)
- Lettres de l'Inde, L'Ăchoppe (1991)
- Paris dĂ©shabillĂ©, L'Ăchoppe (1991)
- Petits poĂšmes parisiens, Ă l'Ă©cart (1994)
- LâAmour de la femme vĂ©nale, Indigo-CĂŽtĂ© femmes (1994)
- Chroniques du Diable, Presses Universitaires de Besançon (1995)
- Chroniques ariégeoises, L'Agasse (1998)
- Dreyfusard !, André Versaille, Bruxelles (2009)
- Interpellations, Le Passager clandestin (2011)
- BeautĂ© des fleurs, pourriture et loi du meurtre, Ăditions Plume de Carotte, Toulouse (juin 2017)
- Ăcrits de âL'HumanitĂ©â 1904-1910, Ăditions d'Ores et dĂ©jĂ (octobre 2017)
Correspondance
- Correspondance avec Auguste Rodin, Le LĂ©rot (1988)
- Lettres Ă Alfred Bansard des Bois, 1862-1874, Le Limon (1989)
- Correspondance avec Claude Monet, Le LĂ©rot (1990)
- Correspondance avec Camille Pissarro, Le LĂ©rot (1990)
- Correspondance avec Jean-François Raffaëlli, Le Lérot (1993)
- Correspondance avec Jean Grave, Au Fourneau (1994)
- Correspondance avec Jules Huret, Le LĂ©rot (2009)
- Correspondance gĂ©nĂ©rale, 3 volumes parus, Ă©d. LâĂge dâHomme, (2003-2009), rĂ©alisĂ©e par Pierre Michel.
Ćuvres dâOctave Mirbeau en ligne
- Site des éditions du Boucher. Les 15 romans de Mirbeau - y compris cinq romans « nÚgres » - sont en accÚs libre et gratuit ; ils sont préfacés par Pierre Michel et accompagnés de documents en annexe.
- Groupe Mirbeau de Scribd. On peut notamment y accĂ©der Ă prĂšs de mille articles et Ćuvres complĂštes de Mirbeau, notamment des quantitĂ©s d'articles inĂ©dits en volume, ainsi qu'Ă plus de deux cents articles sur Mirbeau en une trentaine de langues.
- Site de la BibliothĂšque Municipale de Lisieux Vingt contes de Mirbeau sont consultables en ligne.
- Lettres de ma chaumiĂšre
- MĂ©moire pour un avocat.
- La Pipe de cidre.
- Chez lâIllustre Ă©crivain.
- Les Mauvais bergers.
- Les affaires sont les affaires.
- Farces et moralités.
- Les Ăcrivains.
- La GrĂšve des Ălecteurs (1888)
Notes et références
- « Les affaires sont les affaires ; tirade du gros René Mirbeau, Octave », sur BibliothÚques spécialisées de la Ville de Paris (consulté le )
- Pierre Michel et Jean-François Nivet, Octave Mirbeau, l'imprĂ©cateur au cĆur fidĂšle : biographie, Librairie SĂ©guier, , p. 22.
- Pierre Michel, Les combats d'Octave Mirbeau, Presses Universitaires du Franche-Comté, , p. 329.
- Le jeune Mirbeau a Ă©tĂ© expulsĂ© du collĂšge Ă quelques semaines seulement Ă deux mois la fin de lâannĂ©e scolaire et sous prĂ©texte de mauvaises notes. Dans SĂ©bastien Roch, le hĂ©ros Ă©ponyme est sĂ©duit et violĂ© par son maĂźtre dâĂ©tudes, le pĂšre de Kern, qui le fait ensuite chasser, par peur dâĂȘtre dĂ©noncĂ©, sous prĂ©texte de relations « contre nature » avec son camarade Bolorec, d'oĂč la question posĂ©e par ses biographes : ne serait-il pas arrivĂ© le mĂȘme traumatisme Ă Mirbeau, dont le maĂźtre dâĂ©tudes Ă©tait le pĂšre Stanislas du Lac, qui fera par la suite une belle carriĂšre de prĂ©dicateur et qu'il retrouvera, dans le camp adverse, pendant l'affaire Dreyfus ? Sur cet Ă©pisode, voir Pierre Michel et Jean-François Nivet, Octave Mirbeau, lâimprĂ©cateur au cĆur fidĂšle, SĂ©guier, 1990, p. 42-46 ; et l'article de Pierre Michel, « Octave Mirbeau et Stanislas du Lac », dans les Cahiers Octave Mirbeau, no 5, 1998, p. 129-145.
- Pierre Michel et Jean-François Nivet, Octave Mirbeau, l'imprĂ©cateur au cĆur fidĂšle : biographie, Librairie SĂ©guier, , p. 75.
- Voir ses Lettres Ă Alfred Bansard, publiĂ©es par Pierre Michel, Ăditions du Limon, 1989. Elles ont ensuite Ă©tĂ© recueillies dans le premier volume de sa Correspondance gĂ©nĂ©rale, L'Ăge d'Homme, 1903.
- Dans Les Grimaces du 29 septembre 1883.
- Sur cette expérience amÚre, voir en particulier un de ses tout premiers contes, « Un raté », Paris-Journal, 19 juin 1882.
- Cinq de ces volumes ont Ă©tĂ© publiĂ©s en annexe de l'Ćuvre romanesque de Mirbeau, chez Buchet/Chastel, 200-2001, et sont aussi accessibles sur Internet, sur le « site des Ăditions du Boucher »(Archive.org âą Wikiwix âą Archive.is âą Google âą Que faire ?), dĂ©cembre 2003. Voir aussi Pierre Michel, « Quelques rĂ©flexions sur la nĂ©gritude », Cahiers Octave Mirbeau, no 12, 2005, p. 4-34, et Octave Mirbeau et la nĂ©gritude.
- Mirbeau cite Ă©galement un vers inĂ©dit de Rimbaud dĂšs 1883 dans « La SĆur de charitĂ© » et un autre vers de Rimbaud, totalement inconnu par ailleurs, dans une chronique du 23 fĂ©vrier 1885, « Les Enfants pauvres ». Voir l'article d'Arnaud Wajdzik, Ouest-France, 13 mars 2009.
- Et non Vimmer, comme on l'a cru longtemps sur la base des échos de la presse spécialisée dépouillée par Owen Morgan, pour son article Judith Vimmer / Juliette Roux », Cahiers Octave Mirbeau, n° 17, 2010, pp. 173-175. Judith Vinmer est née le 3 mars 1858 à Saint-Quentin, comme l'atteste son acte de naissance aux Archives départementales de l'Aisne (n° 169, à cette date).
- Il continue néanmoins à faire le nÚgre pendant plus d'un an encore, et fait notamment paraßtre en 1885, dans Le Gaulois, de pseudo-Lettres de l'Inde, rédigées pour le compte d'un politicien opportuniste, François Deloncle, envoyé en mission en Inde par Jules Ferry
- Voir Correspondance avec Rodin, Le Lérot, 1988, Correspondance avec Monet, Le Lérot, 1990, Combats esthétiques, 2 vol., Séguier, 1993, et Correspondance générale.
- Sur lâaccueil de ces trois romans, souvent qualifiĂ©s dâautobiographiques, voir Pierre Michel et Jean-François Nivet, Octave Mirbeau, l'imprĂ©cateur au cĆur fidĂšle, SĂ©guier, 1990, p. 287-301, 350-355 et 406-409.
- C'est aprĂšs avoir dĂ©couvert Maurice Maeterlinck qu'il fait paraĂźtre, dans L'Ăcho de Paris, une sĂ©rie de Dialogues tristes, qui se ressentent de l'influence du poĂšte belge.
- Voir Pierre Michel, «L'itinĂ©raire politique dâOctave Mirbeau, Europe, mars 1899, p. 96-109, et Octave Mirbeau, Combats politiques, Librairie SĂ©guier, 1990.
- CitĂ© par EugĂšne SĂ©menoff, dans le Mercure de France de septembre 1903. TolstoĂŻ admire tout particuliĂšrement Le Journal d'une femme de chambre et Les affaires sont les affaires, dont Mirbeau lui a envoyĂ© un exemplaire de luxe ornĂ© dâun envoi admiratif.
- StĂ©phane MallarmĂ©, Ćuvres complĂštes, PlĂ©iade, p. 329, et Correspondance, Gallimard, t. IV, p. 127.
- Georges Rodenbach, « M. Octave Mirbeau », Le Figaro, 14 dĂ©cembre 1897 (article insĂ©rĂ© dans LâĂlite, Fasquelle, 1899).
- Lettre de Remy de Gourmont à Octave Mirbeau du 18 mai 1891, Imprimerie gourmontienne n° 1, 2000.
- Ămile Zola, Correspondance, C.N.R.S., t. X, p. 169.
- Voir « Les demeures dâOctave Mirbeau ».
- Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, Les Ăditions de minuit, septiĂšme Ă©dition, 1963, t. 2 (« L-Z »), « Rue des RĂ©servoirs », p. 336-337.
- « Jardin Octave-Mirbeau », sur paris.fr (consulté le ).
- « Si Dieu existait, comme le croit vraiment cet Ă©trange animal dâEdison qui sâimagine lâavoir dĂ©couvert dans le pĂŽle nĂ©gatif, pourquoi les hommes auraient-ils dâinutiles et inallaitables mamelles ? », « ? », L'Ăcho de Paris, 25 aoĂ»t 1890.
- « Je nâai quâune haine au cĆur, mais elle est profonde et vivace : la haine de lâĂ©ducation religieuse. [âŠ] Est-ce que, sous prĂ©texte de libertĂ©, on permet aux gens de jeter du poison dans les sources ? » (« RĂ©ponse Ă une enquĂȘte sur l'Ă©ducation », La Revue blanche, 1er juin 1902 : Combats pour lâenfant, Ivan Davy, 1990, p. 165)
- « L'apologie â non pas mĂȘme de la Force, qui peut avoir sa beautĂ© â, mais de toutes les violences criminelles, voilĂ de quoi se compose uniquement lâĂ©ducation militaire⊠[âŠ] La caserne ne fabrique pas que des assassins ; elle fabrique â ce qui est pire, peut-ĂȘtre, au point de vue social â des dĂ©classĂ©s. Au sortir de la caserne, les jeunes soldats, en qui lâon sâest acharnĂ© Ă dĂ©truire toutes les facultĂ©s normales, tous les sentiments moyens, ne savent plus que faire, ne veulent plus rien faire, ne peuvent plus rien faire. Câest quâen rĂ©alitĂ© ils sont maintenant inaptes Ă la vie civile⊠» (PrĂ©face Ă Un an de caserne, LâAurore, 9 juillet 1901 ; Combats littĂ©raires, LâĂge d'Homme, 2006, p. 524-5.)
- « Ămes de guerre » est le titre de deux de ses articles parus dans l'HumanitĂ© en 1904.
- Son article, intitulĂ© « La GrĂšve des Ă©lecteurs », a paru dans Le Figaro le 28 novembre 1888 et a Ă©tĂ© diffusĂ© par les groupes anarchistes Ă des centaines de milliers dâexemplaires Ă travers lâEurope (souvent avec PrĂ©lude, paru le 14 juillet 1889) ; il est accessible en plusieurs langues sur Internet et sur Wikisource
- MaziÚres Frédéric, Le concept d'humour pervers chez Sade. Une analyse psychobiographique, Paris, L'Harmattan, (ISBN 978-2-343-11184-1), pp. 319-328 (conclusion)
- Librairie SĂ©guier, 1990.
- Voir la lettre de Mirbeau à Ernest Vaughan, directeur de L'Aurore, datée du 8 août 1898, in Cahiers Octave Mirbeau, no 16, 2009, p. 213-214.
- « Trop tard ! », LâAurore, 2 aoĂ»t 1898.
- « Ă un prolĂ©taire », LâAurore, 8 aoĂ»t 1898.
- Interview de Mirbeau par Louis Nazzi, ComĆdia, 25 fĂ©vrier 1910.
- Voir Pierre Michel, LuciditĂ©, dĂ©sespoir et Ă©criture, Presses de lâUniversitĂ© dâAngers - SociĂ©tĂ© Octave Mirbeau, 2001
- « Clemenceau », Le Journal, 11 mars 1895.
- « Notes sur lâart - Ăva GonzalĂšs », La France, 17 janvier 1885 (recueilli dans ses Combats esthĂ©tiques, SĂ©guier, 1993, tome I, p. 104).
- Voir notamment son premier article sur « Claude Monet », dans La France du 21 novembre 1884 : « Que pensera-t-on de nous, plus tard, quand on se dira que tous ceux qui furent de grands artistes et qui porteront, dans la postĂ©ritĂ©, la gloire de ce demi-siĂšcle, ont Ă©tĂ© insultĂ©s, vilipendĂ©s, pis encore, plaisantĂ©s ?... Les Ćuvres dâart, qui font naĂźtre lâĂ©motion et le recueillement au fond des Ăąmes naĂŻves, ne nous inspirent Ă nous, nation spirituelle, que des calembours, et nous passons devant ces Ćuvres, ne leur laissant de notre passage quâune sottise lancĂ©e sur un jet de salive. »
- « Au conseil municipal », Le Journal, 12 juillet 1899 (Combats esthétiques, t. II, p. 228).
- « Maurice Maeterlinck », Le Figaro, 24 août 1890.
- Voir la préface de Mirbeau à Marie-Claire, Fasquelle, 1910 (Combats littéraitres, p. 596-598).
- Voir Pierre Michel, « Octave Mirbeau et Jules Renard », dans Jules Renard, un homme de lettres, vol. 2, septembre 2001, p. 37-41
- Voir l'article de Pierre Michel, « Octave Mirbeau et Oscar Wilde ».
- Voir « Knut Hamsun », Le Journal, 19 mars 1895.
- Voir Pierre Michel, Octave Mirbeau et LĂ©on Werth, 2006.
- L'ĂcuyĂšre, Le Boucher, (lire en ligne)
- La Maréchale, Le Boucher, (lire en ligne)
- La Belle Madame Le Vassart, Le Boucher, (lire en ligne)
- Dans la vieille rue, Le Boucher, (lire en ligne)
- La Duchesse Ghislaine, Le Boucher, (lire en ligne)
- Voir sa Correspondance gĂ©nĂ©rale, LâĂge dâHomme, 2003, t. I, p. 45.
- Voir Octave Mirbeau, Correspondance gĂ©nĂ©rale, LâĂge dâHomme, 2003, t. I, p. 45-47, et Pierre Michel et Jean-François Nivet, Octave Mirbeau, lâimprĂ©cateur au cĆur fidĂšle, p. 33-46.
- En 2012, il sâavĂšre que des Ćuvres de Mirbeau ont Ă©tĂ© publiĂ©es dans trente-cinq pays diffĂ©rents et traduites dans trente-sept langues, y compris le kotava⊠Pour plus de dĂ©tails, voir Pierre Michel, Bibliographie d'Octave Mirbeau, SociĂ©tĂ© Octave Mirbeau.
- « Le meurtre est la base mĂȘme de nos institutions sociales, par consĂ©quent la nĂ©cessitĂ© la plus impĂ©rieuse de la vie civilisĂ©e... Sâil n'y avait plus de meurtre, il n'y aurait plus de gouvernements dâaucune sorte, par ce fait admirable que le crime en gĂ©nĂ©ral, le meurtre en particulier sont, non seulement leur excuse, mais leur unique raison dâĂȘtre... » (Frontispice du Jardin des supplices, Ăditions du Boucher, 2003, p. 40).
- « Si infĂąmes que soient les canailles, ils ne le sont jamais autant que les honnĂȘtes gens », Le Journal dâune femme de chambre, chapitre IX (Ăditions du Boucher, 2003, p. 184).
- Voir Marcel Bouteron, « Apologie pour Mme Hanska », La Revue des deux mondes, 15 décembre 1924.
- Voir la prĂ©face de Pierre Michel Ă La 628-E8, p. 27-28 : « Aux yeux de Mirbeau, peu importe que lâanecdote soit controuvĂ©e, pour peu quâelle permette de mettre en lumiĂšre des vĂ©ritĂ©s qui lui sont chĂšres et que lâon tient trop souvent sous le boisseau des prĂ©jugĂ©s et du politiquement correct. En lâoccurrence, il sâagit de la guerre des sexes et de lâabĂźme dâincomprĂ©hension qui les sĂ©pare (les Balzac reviennent dâUkraine âmariĂ©s et ennemisâ pour sâĂȘtre dupĂ©s lâun lâautre) ; [...] et de la parentĂ© Ă©troite qui lie le sexe et la mort, lâamour et la destruction, lâinstinct gĂ©nĂ©sique et la pourriture, et qui a dĂ©jĂ Ă©tĂ© illustrĂ©e dans Le Jardin des supplices et Le Journal d'une femme de chambre. On pourrait ajouter encore que, Ă travers Mme Hanska, il rĂšgle certainement ses comptes, une nouvelle fois avec son incomprĂ©hensive Ă©pouse, lâex-thĂ©Ăątreuse Alice Regnault, comme sâil subodorait par anticipation les plus ignominieuses trahisons de sa mĂ©moire quâelle ne manquera pas de multiplier, au lendemain de sa mort. »
- Voir Pierre Michel, « Octave Mirbeau romancier », notamment p. 25 et p. 33.
- « Si pauvre quâil soit, un homme ne vit pas que de pain. Il a droit, comme les riches, Ă la beautĂ© », Les Mauvais bergers, acte III, scĂšne 5 (EurĂ©dit, 2003, p. 99.)
- DĂšs lâautomne 1884, Mirbeau a menĂ© campagne contre la âcharitĂ©â dans les colonnes de La France et du Gaulois, Ă©crivant notamment : « La charitĂ© est devenue lâexploiteuse des misĂšres, les saltimbanques battent la grosse caisse sur la peau des victimes » (« Les FĂȘtes de charitĂ© », Le Gaulois, 6 octobre 1884).
- Voir lâĂ©dition critique du Foyer dans le tome III du ThĂ©Ăątre complet de Mirbeau, EurĂ©dit, 2003.
- Voir Pierre Michel, « Octave Mirbeau, EugĂšne Ionesco et le thĂ©Ăątre de lâabsurde », Cahiers Octave Mirbeau, no 13, 2006, p. 159-170.
- Voir lâĂ©dition critique des Farces et moralitĂ©s dans le tome IV du ThĂ©Ăątre complet de Mirbeau, EurĂ©dit, 2003, et Pierre Michel, « Les Farces et moralitĂ©s », dans les Actes du colloque Octave Mirbeau dâAngers, Presses de lâUniversitĂ© dâAngers, 1992, p. 379-392.
- Voir Pierre Michel, « Octave Mirbeau : les contradictions d'un écrivain anarchiste ».
- Voir l'article de Fabienne Massiani « Les Ă©tats mystiques dans l'Ćuvre d'Octave Mirbeau », paru dans les Cahiers Octave Mirbeau, n° 16, mars 2009, pp. 34-38.
- Voir Pierre Michel, Lucidité, désespoir et écriture, Société Octave Mirbeau, 2001.
- Voir « Les Littérateurs et l'Anarchie », Le Gaulois, 25 février 1894
- C'est ainsi qu'il Ă©crit Ă Claude Monet, en juillet 1890 : « La littĂ©rature m'embĂȘte au-delĂ de tout. J'arrive Ă cette conviction qu'il n'y a rien de plus vide, rien de plus bĂȘte, rien de plus parfaitement abject que la littĂ©rature » (Correspondance gĂ©nĂ©rale, tome II, p. 262).
- Voir « Le Chantage », Les Grimaces, 29 septembre 1883.
- Ce faux testament a Ă©tĂ© publiĂ© en annexe de ses Combats politiques, ainsi que le texte de LĂ©on Werth dĂ©montrant quâil sâagit dâun faux.
- Site officiel de la Société Octave Mirbeau
- Voir le catalogue du Fonds Mirbeau.
- Yannick Lemarié et Pierre Michel, « Dictionnaire Octave Mirbeau : présentation générale », sur mirbeau.asso.fr, (consulté le )
- Voir la présentation du Dictionnaire sur le site de l'éditeur
- Voir « Vingt ans déjà ! ».
- Voir les activités qui étaient envisagées en décembre 2013.
- Voir le dossier CommĂ©moration du centiĂšme anniversaire de la mort dâOctave Mirbeau.
- Voir le Comité international de parrainage à la date du 9 juillet 2016.
- Voir le calendrier provisoire des festivités mirbelliennes
- Octave Mirbeau, « Le Legs Caillebotte et l'Ătat », Le Journal, 24 dĂ©cembre 1894.
- « Octave Mirbeau n'ira pas au Musée d'Orsay.
- « Pourquoi je quitte la Société Octave Mirbeau ».
- Voir l'introduction de Pierre Michel au premier numéro de la nouvelle revue.
- Voir, sur Fabula, la Table des matiÚres du n° 1 et celle du n° 2.
- . Voir le site du CIRS et le site de lâAcadĂ©mie des Sciences.
- Voir la liste des lauréats sur le site des prix littéraires ou sur le site de TréviÚres.
Voir aussi
Livres
- Reginald Carr, Anarchism in France - The Case of Octave Mirbeau, Manchester, 1977, 190 pages (en anglais)
- Pierre Michel et Jean-François Nivet, Octave Mirbeau, l'imprĂ©cateur au cĆur fidĂšle, biographie, Librairie SĂ©guier, Paris, 1990, 1020 pages.
- Claude Herzfeld, La Figure de MĂ©duse dans lâĆuvre dâOctave Mirbeau, Librairie Nizet, Paris, 1992, 107 pages.
- Pierre Michel (sous la direction de), Octave Mirbeau, Actes du colloque dâAngers, Presses Universitaires dâAngers, 1992, 500 pages.
- Pierre Michel (sous la direction de) : Colloque Octave Mirbeau, Ăditions du Demi-Cercle, Paris, 1994, 132 pages grand format.
- Pierre Michel, Les Combats dâOctave Mirbeau, Annales littĂ©raires de l'UniversitĂ© de Besançon, 1995, 387 pages.
- Christopher Lloyd, Mirbeauâs fictions, Durham University Press, 1996, 114 pages (en anglais).
- Laurence Tartreau-Zeller, Octave Mirbeau, une critique du cĆur, Presses du Septentrion, 1999, 759 pages.
- Pierre Michel, LuciditĂ©, dĂ©sespoir et Ă©criture, Presses de lâuniversitĂ© dâAngers â SociĂ©tĂ© Octave Mirbeau, 2001, 87 pages.
- Claude Herzfeld, Le Monde imaginaire dâOctave Mirbeau, SociĂ©tĂ© Octave Mirbeau, Angers, 2001, 99 pages.
- Samuel Lair, Mirbeau et le mythe de la nature, Presses Universitaires de Rennes, 2004, 361 pages.
- Pierre Michel (sous la direction de), Un moderne : Octave Mirbeau, Eurédit, Cazaubon, 2004, 294 pages.
- Max Coiffait, Le Perche vu par Mirbeau et rĂ©ciproquement, LâĂtrave, 2006, 224 pages.
- Robert Ziegler, The Nothing Machine : The Fiction of Octave Mirbeau, Rodopi, Amsterdam â New York, septembre 2007, 250 pages (en anglais).
- Kinda Mubaideen et Lolo, Un aller simple pour l'Octavie, Société Octave Mirbeau, Angers, septembre 2007, 62 pages.
- Pierre Michel, Octave Mirbeau, Les Acharnistes, 2007, 32 pages (réédition Société Octave Mirbeau, 2014).
- GĂ©rard Poulouin et Laure Himy (sous la direction de), Octave Mirbeau, passions et anathĂšmes, Actes du colloque de Cerisy, Presses universitaires de Caen, janvier 2008.
- Samuel Lair, Octave Mirbeau l'iconoclaste, L'Harmattan, 2008, 334 pages.
- Claude Herzfeld, Octave Mirbeau â Aspects de la vie et de lâĆuvre, LâHarmattan, 2008, 346 pages.
- ĂlĂ©onore Reverzy et Guy Ducrey (sous la direction de), L'Europe en automobile. Octave Mirbeau Ă©crivain voyageur, Presses Universitaires de Strasbourg, 2009, 320 pages.
- Yannick LemariĂ© et Pierre Michel (sous la direction de), Dictionnaire Octave Mirbeau, Lausanne, L'Ăge d'Homme, fĂ©vrier 2011, 1 200 pages.
- Dominique Bussillet, Mirbeau, Zola et les Impressionnistes, Ăditions Cahiers du Temps, Cabourg, mars 2013, 111 pages.
- Anita StaroĆ, L'Art romanesque d'Octave Mirbeau. ThĂšmes et techniques, Wydawnictwo Uniwersytetu ĆĂłdzkiego, ĆĂłdĆș 2013, 298 pages.
- Robert Ziegler, Octave Mirbeau's Fictions of the Transcendental, University of Delaware Press, 2015, 213 pages (en anglais).
- Dominique Bussillet, Octave Mirbeau â La force de la vie, Ăditions Cahiers du Temps, Cabourg, juillet 2016, 160 pages.
- Elena Fornero-Sandrone, Mirbeau et AdĂšs â Une amitiĂ© littĂ©raire Ă Triel, Triel, mĂ©moire et histoire, mars 2017, 34 pages.
- Alain (Georges) Leduc, Octave Mirbeau, le gentleman-vitrioleur, Les Ăditions libertaires, avril 2017, 240 pages.
- Gilles Candar, Octave Mirbeau, un compagnonnage jaurĂ©sien, Ăditions d'Ores et dĂ©jĂ , octobre 2017.
- Meamar Tirenifi, Octave Mirbeau, une Ă©criture novatrice, Ăditions Universitaires EuropĂ©ennes, fĂ©vrier 2018, 51 pages.
- Samuel Lair (sous la direction de), Octave Mirbeau et la Bretagne, Actes du colloque de Morlaix, L'Harmattan, février 2018, 231 pages.
- Pierre Michel et Lola BermĂșdez (sous la direction de), Octave Mirbeau en toutes langues, SociĂ©tĂ© Octave Mirbeau, 2018, 232 pages.
- Pierre Michel, Octave Mirbeau in italiano, Société Octave Mirbeau, 111 pages.
- Ida Merello (sous la direction de), Octave Mirbeau : une conscience au tournant du siÚcle, Studi francesi, n° 185, été 2018.
- Marie-Bernard Bat, Pierre Glaudes et Ămilie Sermadiras, Les Paradoxes d'Octave Mirbeau, Classiques Garnier, dĂ©cembre 2018, 335 pages.
- Claude Barouh, Octave Mirbeau â Les annĂ©es Cheverchemont, Triel, MĂ©moire et histoire, mars 2019, 68 pages grand format.
Revues
- Les Cahiers d'aujourd'hui, numéro spécial Octave Mirbeau, no 9, 1922, 78 pages.
- Cahiers naturalistes, numéro spécial Octave Mirbeau, sous la direction de Pierre Michel et Jean-François Nivet, 1990, 100 pages.
- L'Orne littéraire, numéro spécial Octave Mirbeau, sous la direction de Pierre Michel, 1992, 105 pages.
- Comment devenir un homme, Cahiers du Nouveau Théùtre d'Angers, no 34, Angers, octobre 1995, 48 pages.
- Europe, numéro Octave Mirbeau, sous la direction de Pierre Michel, mars 1999, 100 pages.
- Autour de VallÚs, numéro spécial VallÚs - Mirbeau, journalisme et littérature, sous la direction de Marie-Françoise Melmoux-Montaubin, 2001, 317 pages.
- Octave Mirbeau, romancier, dramaturge et critique, n° spécial de Littératures, no 64, sous la direction de Pierre Glaudes, Presses Universitaires du Mirail, avril 2012, 262 pages.
- Ămile Zola, Octave Mirbeau and Naturalism, Excavatio, AIZEN, n° XXX, 2018 (comporte la premiĂšre partie des Actes du colloque Mirbeau-Zola de Debrecen, Hongrie, juin 2017, sous la direction d'Anna Gural-Migdal).
- Octave Mirbeau : une conscience au tournant du siÚcle, Studi francesi, n° 185, été 2018 (sous la direction d'ida Merello).
- Octave Mirbeau, enfant terrible de la Belle Ăpoque, in Lendemains â Ătudes comparĂ©es sur la France, revue franco-allemande, Narr Francke Attempto Verlag, n° 170-171, fĂ©vrier 2019, pp. 240â352.
- Cahiers Octave Mirbeau, 1994-2019, 26 numéros parus, environ 9 600 pages.
- Octave Mirbeau-Ătudes et actualites, n° 1, mars 2020, 450 pages et n° 2, mars 2021, 480 pages (Ă commander aux Amis d'Octave Mirbeau, 10 bis rue AndrĂ© Gautier, 49000 - Angers).
ThĂšses
- Elise Fontvieille Gorrez, LâaliĂ©nation dans les romans dâOctave Mirbeau (1886-1913), thĂšse en LittĂ©rature, UniversitĂ© Rennes 2, 2018 [lire en ligne]
Conférence
- Jean-Baptiste Baronian, Octave Mirbeau vient à Bruxelles, conférence du dont le texte est lisible sur le net.
Citations
Outre les citations accessibles sur Wikiquote, on peut se reporter au choix de citations figurant sur le site de la Société Octave Mirbeau et sur son portail.
Articles connexes
Liens externes
- Vidéo
- Livre audio
- Le fonds Octave Mirbeau de la bibliothĂšque universitaire d'Angers
- L'ĂphĂ©mĂ©ride anarchiste : notice biographique.
- Dictionnaire biographique, mouvement ouvrier, mouvement social : notice biographique.
- Sur Octave Mirbeau
- Premier site de la SociĂ©tĂ© Octave Mirbeau. Le site prĂ©sente des pages en vingt-deux langues et donne accĂšs Ă plus de 1 300 articles sur Mirbeau, en trente langues, ainsi quâaux prĂ©faces des romans et des piĂšces de thĂ©Ăątre de Mirbeau par Pierre Michel.
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- Dictionnaire Octave Mirbeau (753 notices, plus 900 entrées de personnel romanesque).
- Blog de Pierre Michel⊠et dâOctave Mirbeau. On y trouve notamment plus de 300 couvertures d'Ćuvres de Mirbeau en 22 langues.
- Site de Pierre Michel Site de Pierre Michel], biographe et Ă©diteur dâOctave Mirbeau. Quelque 300 Ă©tudes, articles et prĂ©faces y sont consultables en ligne.
- Catalogue du Fonds Octave Mirbeau Ă la BibliothĂšque Universitaire d'Angers.
- Pierre Michel, Bibliographie dâOctave Mirbeau, SociĂ©tĂ© Octave Mirbeau, 2017, 914 pages.
- Pierre Michel, Bibliographie dâOctave Mirbeau, Les Amis d'Octave Mirbeau, 2020, 1079 pages.
- Pierre Michel, Les Articles d'Octave Mirbeau, Société Octave Mirbeau, 2009, 240 pages.
- Pierre Michel, Octave Mirbeau et le roman, Ăditions du Boucher, 2005, 276 pages.
- Pierre Michel, Albert Camus et Octave Mirbeau, Société Octave Mirbeau, 2005, 68 pages.
- Pierre Michel, Jean-Paul Sartre et Octave Mirbeau, Société Octave Mirbeau, 2005, 67 pages.
- Pierre Michel, Octave Mirbeau, Henri Barbusse et l'enfer, Société Octave Mirbeau, 2006, 55 pages.
- Arnaud Vareille, Octave Mirbeau et la médecine, Société Octave Mirbeau, 2013, 50 pages.
- Justin Moisan, Quand lâĂ©dition devient terroriste : solidaritĂ© intellectuelle chez Jean Grave et Octave Mirbeau Ă la fin du XIXe siĂšcle en France, MĂ©moires du livre, Volume 3, numĂ©ro 1, automne 2011, texte intĂ©gral.
- Pierre Michel, Octave Mirbeau : les contradictions d'un écrivain anarchiste, in Littérature et anarchie, Presses universitaires du Mirail, Toulouse, 1998, lire en ligne.
Notices et ressources
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Ressources relatives aux beaux-arts :
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