AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Scénario

Le scĂ©nario (de l'italien : scenario /ʃeˈnaːrjo/[note 1]) est un document Ă©crit par un ou plusieurs scĂ©naristes qui expose de maniĂšre dĂ©taillĂ©e les Ă©vĂšnements et les situations d'une Ɠuvre audiovisuelle, qu'elle soit un long mĂ©trage de cinĂ©ma, un tĂ©lĂ©film, un Ă©pisode de sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e, un documentaire, un court mĂ©trage, un clip, une publicitĂ©, un film d'animation ou mĂȘme certains types de jeux vidĂ©o et permet sa mise en production et sa rĂ©alisation. Il peut ĂȘtre original ou ĂȘtre l'adaptation d'une piĂšce culturelle dĂ©jĂ  existante (un roman, une nouvelle, une piĂšce de thĂ©Ăątre). Il arrive aussi que « scĂ©nario » soit employĂ© dans un sens Ă©largi ; on dĂ©signe par exemple par « scĂ©nario de roman » les dossiers de prĂ©paration « oĂč la fiction est d’abord racontĂ©e sous une forme programmatique »[1].

Un exemplaire du scénario du Parrain II, écrit par Francis Ford Coppola et Mario Puzo.

Origine du terme

Le terme vient de l'italien scenario qui veut dire à l'origine « décor théùtral »[2], mais aussi « canevas de mise en scÚne », et était utilisé d'abord par la Commedia dell'arte. Le mot « scénario » est prononcé pour la premiÚre fois en France en 1907 par Georges MéliÚs[3].

Aujourd'hui passé dans la langue française, il prend un accent aigu et a pour pluriel scénarios[4](et non scenari, scénari ou scenarii)[note 2].

Il peut Ă©galement ĂȘtre appelĂ© continuitĂ© dialoguĂ©e.

Le screenplay ou script sont les noms anglais du scénario pour un film ou une piÚce de théùtre[5].

Histoire

Au temps des premiers films muets, les rĂ©alisateurs n'utilisaient pas de scĂ©narios. En premier lieu parce que la durĂ©e des films ne permettait pas de dĂ©velopper des histoires complexes et aussi parce que du point de vue des rĂ©alisateurs de l'Ă©poque, le cinĂ©ma avait pour « but de photographier la rĂ©alitĂ© et d'en restituer le mouvement »[6]. L'un des premiers films utilisant un scĂ©nario est Les Victimes de l'alcoolisme de Ferdinand Zecca qui Ă©tait une adaptation de L'Assommoir d'Émile Zola.

Caractéristiques

Le scĂ©nario sert de support aux personnes participant Ă  la production d'une Ɠuvre audiovisuelle : rĂ©alisateur, acteurs, Ă©quipe technique, etc.

Y sont décrit :

  • l'action ;
  • les personnages ;
  • les dĂ©cors ;
  • les dialogues ;
  • les accessoires ;
  • l'enchainement des plans.

IntĂ©rĂȘt

Le scĂ©nario est un exposĂ© dĂ©taillĂ© des Ă©vĂšnements et des situations du film. Il permet lors du tournage de dĂ©finir quels sont les plans qui doivent ĂȘtre tournĂ©s, quelles rĂ©pliques doivent ĂȘtre dites, etc. Il est Ă©galement utilisĂ© en post-production par les monteurs pour connaĂźtre quel enchaĂźnement de plans ils doivent respecter.

Dans la fabrication d'un film, le scénario est un outil écrit lors de l'étape finale du développement du projet. Cette étape suit le travail sur des pitches, synopsis, séquenciers, traitements et précÚde la mise en production du projet (qui comprendra la pré-production, la réalisation et la post-production).

Par rapport à l'écriture théùtrale dont elle se rapproche, l'écriture scénaristique fait une part plus importante à l'image, aux descriptions (appelées aussi didascalies) et une part en général moins importante au dialogue.

Les divers manuscrits

ScĂ©nario de la Belle et la BĂȘte de Jean Cocteau datant de 1945-1946. Maison de Jean Cocteau Ă  Milly-la-ForĂȘt[7].

Depuis l'invention du cinéma, une quinzaine de types de documents ont vu le jour, s'adaptant chaque fois aux besoins techniques et aux innovations (extérieurs, cinéma parlant, effets spéciaux) et artistiques d'une époque (plan-séquence, improvisation, chorégraphie, montage-séquence, etc.). Les formes de documents actuelles, notamment dans la mise en forme typographique, ont été fixées dans les années 1950, et sont tenues de façon scrupuleuse dans les milieux anglophones du cinéma et dans certaines formes contraignantes (dessins animés, films à truquages numériques), mais sont en général moins respectées en Europe. L'important demeure que le scénario soit compréhensible pour chaque intervenant du film.

Une fois accepté et mis en production, le scénario devient le document de référence pour les différents corps de métier impliqués dans l'élaboration du film.

L’étape aprĂšs le scĂ©nario est le « dĂ©pouillement » de la continuitĂ© dialoguĂ©e par le rĂ©alisateur, et traditionnellement le premier assistant, des informations de mise en scĂšne, de costumes, d’éclairage, de dĂ©cor, d'accessoires, d’effets spĂ©ciaux ou de lieu, pour rĂ©diger le dĂ©coupage technique dĂ©crivant le film plan par plan, numĂ©rotĂ©s pour l’occasion, avec les indications de position, de focale et de mouvements de camĂ©ra. Ce dernier document ne permet plus d’avoir une vision d’ensemble du film voulu car les plans ne sont pas nĂ©cessairement tournĂ©s dans l’ordre narratif.

L'écriture scénaristique

L'Ă©criture scĂ©naristique est un procĂ©dĂ© d'Ă©criture spĂ©cifique, qui se diffĂ©rencie de la littĂ©rature en raison des contraintes et des conventions qu’elle intĂšgre (voir infra) et en premier lieu parce qu’elle est factuelle. Tudor Eliad a dĂ©fini le scĂ©nario comme « une histoire racontĂ©e en images »[8]. En effet, l’écriture scĂ©naristique ne dĂ©crit que des images et des sons. Elle est nĂ©cessaire pour l'intercomprĂ©hension des diffĂ©rents intervenants de la production du film ayant chacun des besoins d'informations spĂ©cifiques Ă  leurs fonctions.

Par exemple : l'Ă©quipe de dĂ©coration guettera les indications de lieux ("INT" ou "EXT"), le nom des dĂ©cors et leurs descriptions, tandis que l'Ă©quipe des lumiĂšres cherchera les indications relatives Ă  l'heure de la journĂ©e oĂč est censĂ©e se produire l'action par les indications "NUIT", "JOUR" ou "SOIR", la saison et la mĂ©tĂ©o. Les Ă©quipes de dĂ©coration, les ensembliers, l'Ă©quipe HMC (costumiers, maquillage et coiffure) l'Ă©quipe accessoiriste puisent les informations nĂ©cessaires Ă  leur corps de mĂ©tier dans les didascalies.

Les didascalies

Les didascalies sont la description de l'action, des personnages et du décor. Cette dénomination, a remplacé « les parties narrativo-descriptives du scénario, autrement dites colonne « action » dans l'ancien format, ou encore directives scéniques dans le vocabulaire de théùtre »[9].

Elles dĂ©crivent toujours au prĂ©sent des faits visuels et sonores et plus marginalement certains effets de montage, comme les flashback, les changements d'Ă©clairage s'ils ne coulent pas de source, et certains effets spĂ©ciaux comme les transitions en fondu, le passage au noir et blanc ou le ralenti. Mais elles ne peuvent en aucun cas contenir des Ă©lĂ©ments immatĂ©riels comme la pensĂ©e des personnages ou un aspect invisible de leur condition (le fait d'ĂȘtre orphelin par exemple). Par ailleurs, une description complĂšte d'une scĂšne est par essence impossible, fastidieuse Ă  la lecture, et peut compromettre la quantification temporelle d'une page pour une minute de film.

Le réalisateur indien Arnab Jan Deka commentant son scénario au chanteur Bhupen Hazarika (1986).

Il n'est plus nécessaire de décrire un intérieur de maison de façon exhaustive, mais de suggérer son style en quelques mots (« un salon bourgeois d'avant-guerre », par exemple) et de s'attarder seulement sur les meubles, ou accessoires qui auront une importance dans la narration.

Sons et dialogues

Le scĂ©nario dĂ©crit aussi les sons (ou leur absence) que ce soit les bruits, les dialogues, ou la musique intradiĂ©gĂ©tique utiles Ă  la narration. En principe, le scĂ©nariste ne s’occupe pas d’indiquer la musique d’accompagnement (musique extradiĂ©gĂ©tique) ou les gimmicks. Comme pour l’image, ne sont Ă©crits que les sons nĂ©cessaires Ă  l’histoire. Si une sĂ©quence se passe en extĂ©rieur dans une ville, il n’est pas utile de dĂ©crire les bruits de la rue sauf s’il y a une spĂ©cificitĂ© nĂ©cessaire au rĂ©cit.

Le dialogue, qui fait l’objet d’une mise en forme particuliĂšre sur le document (voir infra), se voit Ă©ventuellement adjoint d’une didascalie d’intentionnalitĂ© qui permet d’indiquer Ă  qui s’adresse le personnage, de quelle façon ou quelle Ă©motion il fait transparaitre. S’il crie, le scĂ©nariste peut mettre en majuscules sa rĂ©plique.

En cas de voix hors champ, le rédacteur spécifie entre parenthÚses à cÎté du nom du personnage parlant, le mot « hors-champ », « off » ou « voix off ».

Poser une ambiance

« L’écriture n’est pas une description plate. Elle doit rendre l’atmosphĂšre, le rythme du film, mais avec le plus d’économie possible et en vue du tournage uniquement[10]. » Cette citation d'Olivier Assayas qui fut scĂ©nariste d'AndrĂ© TĂ©chinĂ© avant de devenir rĂ©alisateur, illustre les besoins plus littĂ©raires, humoristiques, psychologiques ou poĂ©tiques de l'Ă©criture, pour soutenir la description et constituer une Ă©vocation. Il est possible alors d’écrire des Ă©lĂ©ments non-visuels et non-sonores, d'ordre subjectif (avec parcimonie toutefois), pour crĂ©er une atmosphĂšre prĂ©cise :

Exemples de descriptions de personnages

« TRAVIS BICKLE, 26 ans, maigre, dur, le solitaire endurci. En surface, il semble beau, mĂȘme attirant ; il a un regard calme et stable et un sourire dĂ©sarmant qui clignote de nulle part, Ă©clairant tout son visage. Mais derriĂšre ce sourire, autour de ses yeux sombres, sur ses joues dĂ©charnĂ©es, on peut voir des taches inquiĂ©tantes causĂ©es par une vie de peurs internes, de vide et la solitude. Il semble s'ĂȘtre Ă©loignĂ© d'un pays oĂč il fait toujours froid, un pays oĂč les habitants parlent rarement. La tĂȘte bouge, l'expression change, mais les yeux restent toujours fixes, sans cligner des yeux, perçant l'espace vide. Travis dĂ©rive maintenant dans la nuit de New York, une ombre sombre parmi des ombres plus sombres. Pas remarquĂ©, pas de raison d'ĂȘtre remarquĂ©, Travis fait un avec son environnement. Il porte un jean cavalier, des bottes de cowboy, une chemise western Ă  carreaux et une veste militaire beige usĂ©e avec un texte brodĂ© : « King Kong Company 1968-70 ». »(en) Paul Schrader, « Taxi Driver » (consultĂ© le )

— Paul Schrader, scĂ©nario de Taxi Driver

« Spike apparaßt. Un gars à l'air inhabituel. Il a des cheveux inhabituels, des poils au visage inhabituels et un accent gallois inhabituel. TrÚs blanc, comme si sa chair n'avait jamais vu le soleil. Il porte seulement des shorts. »(en) « Notting Hill (1999) movie script - Screenplays for You », sur sfy.ru (consulté le ).

— Richard Curtis, scĂ©nario de Coup de foudre Ă  Notting Hill

Descriptions de décors

« Un ciel gris anthracite. Le bruit étouffé des voitures et des camions qui passent sur la route nationale. Une voie ferrée, un passage à niveau et une petite gare désaffectée. Une maison en pierre aménagée en relais routier : au rez-de-chaussée la salle du restaurant et au-dessus l'appartement des propriétaires. »« ScÚnes de Crimes » [PDF] (consulté le )

— Yann Brion, Olivier DouyĂšre et FrĂ©dĂ©ric Schoendoerffer, scĂ©nario de ScĂšnes de crimes

Le style sec des phrases nominales participent Ă  l'ambiance de la scĂšne.

« L'Ă©norme horloge de grand-pĂšre s'appuie pensivement contre le mur, et le poĂȘle Ă  bois en fer se dĂ©tourne dans un apitoiement rouillĂ©, tandis qu'un canapĂ© encombrant dans le style lourd art nouveau s'Ă©tire dans la lumiĂšre flottante et diffuse
 Des monstres de meubles curieusement formĂ©s dorment sous des draps de protection blancs, comme des animaux prĂ©historiques enneigĂ©s morts il y a longtemps. »Ingmar Bergman (trad. du suĂ©dois), Cris et Chuchotements, Paris, La Nouvelle Revue française - Gallimard, coll. « Hors SĂ©rie LittĂ©rature », , 208 p. (ISBN 2-07-028739-4), p. 28

— Ingmar Bergman, scĂ©nario de Cris et Chuchotements

Bergman transgresse clairement les rÚgles d'écriture de scénario, avec ces comparaisons poétiques et ces anthropomorphismes. Tout comme Antonioni, il s'appuie exagérément sur l'évocation pour poser l'atmosphÚre, ce qui en fait son style personnel[11]. S'il s'est permis de rédiger ainsi ce scénario, c'est qu'il est aussi le réalisateur de ce film et donc seul arbitre en cas d'interprétation équivoque.

Structure

Un scénario reprend généralement l'héritage théùtral avec une structure en trois actes, à savoir :

  1. scĂšne d'exposition ;
  2. action (à la suite d'un incident déclencheur) ;
  3. conclusion (de l'action).

Il y a beaucoup de façons de les nommer, on peut rencontrer exposition, développement, dénouement. Yves Lavandier cite les protase, épitase, catastrophe d'Aristote, les ouverture, développement, finale de Zeami, les naissance du conflit, choc et paroxysme, conciliation de Hegel[12]. Syd Field les nomme installation, confrontation, résolution.

Certains scénarios éludent la scÚne d'exposition pour rentrer dans le vif de l'action dÚs les premiÚres images, comme la Guerre des étoiles (épisode IV, 1977). Les informations sur le monde d'avant le déclenchement de l'action, sont données à posteriori.

Syd Field, Robert McKee, William C. Martell et d'autres théorisateurs américains du scénario figent une structure en trois actes et avec un timing précis pour chaque acte.

À partir des annĂ©es 1990, le Guide du scĂ©nariste de Christopher Vogler devient une rĂ©fĂ©rence pour l'Ă©criture de scĂ©nario, et l'on retrouve les douze Ă©tapes du Voyage du hĂ©ros du mythologue Joseph Campbell dans la structure de la plupart des productions amĂ©ricaines, comme celles de Disney ou celles de George Lucas, qui a notamment reconnu s'en inspirer pour concevoir l'intrigue des films de Star Wars[13] - [14].

D'autres formes et interprétations de structure sont possibles et pour certains nécessaires[15] comme le schéma quinaire de Paul Larivaille en cinq « actes », qui comprend :

  1. Situation initiale : le décor est planté, le lieu et les personnages introduits et décrits
  2. Complication : perturbation de la situation initiale
  3. Action : moyens utilisés par les personnages pour résoudre la perturbation
  4. Résolution : conséquence de l'action
  5. Situation finale : résultante de la résolution, équilibre final

Contrairement au théùtre, la fin d'un « acte » ne correspond pas nécessairement à un changement de décor, de personnages ou d'époque, mais à une progression significative dans la narration.

Le cinéma expérimental explore d'autres structures ou l'absence de structure.

Personnages

Les personnages sont avant tout des crĂ©ations scĂ©naristiques, avant d'ĂȘtre campĂ©s par les acteurs.

Le premier est bien sĂ»r le protagoniste, le personnage dont on raconte l'histoire et qui Ă©volue le plus. Il est gĂ©nĂ©ralement un hĂ©ros ou une hĂ©roĂŻne, peut ĂȘtre un hĂ©ros dĂ©faillant, un antihĂ©ros, et demeure en principe le « personnage principal » qui est celui qu'on voit le plus Ă  l'Ă©cran.

L'antagoniste (typiquement l'ennemi) est celui ou celle qui s'oppose au protagoniste. Quand l'ennemi est un phénomÚne, comme une catastrophe ou une guerre, on parle d'antagonisme.

L'adjuvant est le type de personnage qui aide le héros ou l'héroïne.

Avec le destinateur, celui qui Ă©met la quĂȘte que devra accomplir le hĂ©ros, on obtient la structure du schĂ©ma actantiel de Greimas. Pour ce dernier les rĂŽles peuvent changer de position dans la structure en fonction de l'intrigue : ainsi un adjuvant peut devenir hĂ©ros ou ennemi par exemple.

Caractérisation

Les personnages dans un scénario sont plus ou moins caractérisés, c'est-à-dire que l'auteur leur attribuent des éléments psychologiques, physiques, une culture sociale et un passé de façon plus ou moins détaillée. La caractérisation est un moteur pour les intrigues et les « failles » d'un personnage facilitent l'identification qu'en auront les spectateurs.

Archétypes

Les archĂ©types sont des Ă©lĂ©ments culturels inconscients communs Ă  tous les rĂ©cits. Quel qu’en soit le genre, ils structurent la narration. Ils ont leur fonction dans le mouvement psychique et, depuis l’AntiquitĂ©, sont reprĂ©sentĂ©s sous forme humaine ou sont dĂ©ifiĂ©s dans la mythologie. Le scĂ©nariste en use et peut aussi mĂ©langer les codes. Ainsi on surprend le spectateur avec un mentor sous les traits d’un enfant, le hĂ©ros sous les traits d’un handicapĂ©, etc.

  • Le hĂ©ros, jeune guerrier naĂŻf qui dĂ©couvre le monde. C’est dans une narration le personnage qui se transforme le plus.
  • Le mentor, vieil homme sage qui donne des objets magiques (armes) une bĂ©nĂ©diction ou des conseils au hĂ©ros.
  • Le mĂ©chant, incarnation du danger absolu ou du mal qui s’intĂ©resse pour de sombres desseins au hĂ©ros. C’est originellement un fauve (loup, tigre
) ou un monstre (ogre).
  • L’élixir, rĂ©compense, parfois une femme Ă  Ă©pouser Ă  la fin du rĂ©cit, ou alors un remĂšde, la vie sauve, de l’or, de la gloire, de la connaissance, une mĂ©daille, un microfilm, etc. C'est bien souvent le MacGuffin, le prĂ©texte Ă  l'aventure.
  • Le « trickster », tricheur, farceur, mauvais esprit pas rĂ©ellement dangereux, qui provoque des accidents, mettant en danger le hĂ©ros ou le tirant inattendument d’affaire. Il prend la forme d’animaux, de personnages maladroits, de trait de caractĂšre irrĂ©pressible, de « malchance » rĂ©currente. C’est souvent le hĂ©ros de la respiration (scĂšne calme aprĂšs une action intense). Il reprĂ©sente l’intuition ou l’instinct.
  • Le gardien, cerbĂšre, sentinelle, second couteau qui donne du fil Ă  retordre au hĂ©ros quand il veut rentrer dans le domaine du mĂ©chant et que celui-ci peut vaincre par la ruse.
  • Les passages :
    • de la premiĂšre frontiĂšre. Le hĂ©ros quitte la zone gĂ©ographique, ethnique, Ă©motionnelle, intellectuelle, sentimentale connue de lui. Il lui faut comprendre les nouvelles lois. Il se dĂ©couvre des amis et des ennemis.
    • de la seconde frontiĂšre. Celle-ci est protĂ©gĂ©e par un gardien ; la ruse est nĂ©cessaire ici. C’est souvent ici que se passe le point de non-retour.
  • L'Ă©preuve ultime, la confrontation finale avec le mĂ©chant clĂŽt l'aventure. Avec sa seule valeur personnelle, par exemple guerriĂšre, le hĂ©ros affronte le mĂ©chant. L'Ă©preuve ultime ne voit pas forcĂ©ment la victoire du hĂ©ros, mais il ne peut ĂȘtre totalement vaincu. Son exemple, sa mĂ©moire, la rĂ©alisation de sa quĂȘte lui survit, s'il pĂ©rit dans cette phase de la narration. Toutefois, la victoire est bien souvent l'aboutissement de la quĂȘte.

Adaptations

L'adaptation cinĂ©matographique d'un roman ou d'une nouvelle, consiste Ă  convertir ces contenus littĂ©raires en scĂ©nario. C'est un travail particulier car la libertĂ© d'Ă©criture que prodigue la littĂ©rature aux auteurs comme la narration psychologique, poĂ©tique doit ĂȘtre restituĂ© en son et en image. C'est pourquoi une rĂ©Ă©criture et une rĂ©interprĂ©tation drastique du rythme, de contrainte de temps, de la structure et de l'action sont souvent nĂ©cessaires. Souvent les lecteurs ne reconnaissent que peu l'Ɠuvre originale aprĂšs l'adaptation.

En 2017, 21 % des scĂ©narios aidĂ©s par le CNC sont des adaptations d'Ɠuvres littĂ©raires[16].

Rémunération

Le ou les scĂ©naristes, ainsi que les Ă©ventuels dialoguistes, font partie des auteurs des films, avec le ou les rĂ©alisateurs, et l'auteur de la bande musicale originale. Selon la loi française, ils touchent leur part de droits d'auteur, versĂ©s par l'une des trois sociĂ©tĂ©s de rĂ©partition (SociĂ©tĂ© des auteurs, compositeurs et Ă©diteurs de musique, pour les clips ou la publicitĂ©, SociĂ©tĂ© civile des auteurs multimĂ©dia pour les documentaires, SociĂ©tĂ© des auteurs et compositeurs dramatiques pour les fictions). Selon le droit du copyright amĂ©ricain et ses variantes, seul le contrat passĂ© avec la sociĂ©tĂ© qui assure la production du film permet aux divers scĂ©naristes de toucher des royalties provenant de l'exploitation de l'Ɠuvre, et ce droit permet mĂȘme au producteur d'acquĂ©rir le scĂ©nario : sa sociĂ©tĂ© sera alors propriĂ©taire des futures royalties, moyennant un rachat forfaitaire Ă  la signature du contrat avec le ou les scĂ©naristes impliquĂ©s majoritairement dans la crĂ©ation du scĂ©nario.

Présentation et mise en forme

Le scénario se présente traditionnellement sur une feuille A4, rédigé au recto seulement et se distingue de toute autre forme d'écriture par le fait que, par convention, une page représente en moyenne une minute de film.

Exemple d'un scénario, montrant dialogues et actions.

Les conventions sur la mise en forme du document, quoique permissives en Europe, respectent un standard :

  • la page de garde doit afficher le titre du projet en gros au milieu suivi du nom et des coordonnĂ©s du ou des scĂ©naristes), du nom du rĂ©alisateur, s’il est dĂ©jĂ  choisi, et parfois du genre cinĂ©matographique auquel il se rapporte,
  • la police d'Ă©criture doit ĂȘtre du Times New Roman ou du Courrier New,
  • la taille de la police doit ĂȘtre de 12 Ă  14 points,
  • l'interlignage standard (simple), par dĂ©faut sur les logiciels de traitement de texte,
  • les titres des sĂ©quences doivent ĂȘtre Ă©crits en majuscule,
  • les titres des sĂ©quences doivent commencer par les indications de spacialisation "EXT" ou "INT" (dĂ©cor en extĂ©rieur ou en intĂ©rieur), puis du lieu de tournage,
  • si nĂ©cessaires Ă  la comprĂ©hension de la scĂšne, les titres de sĂ©quences doivent comporter les indications de temps relatif et de lumiĂšre : "JOUR", "SOIR" ou "NUIT",
  • la numĂ©rotation des sĂ©quences, ainsi que le rappel du numĂ©ro de sĂ©quence en cours en haut de la page, si elle a commencĂ© sur la page prĂ©cĂ©dente fait partie de la convention, mĂȘme si pour les courts-mĂ©trages ce n'est pas toujours nĂ©cessaire,
  • la description de la scĂšne ou didascalie doit contenir l'essentiel et mentionner les points importants tels que les accessoires indispensables Ă  la sĂ©quence,
  • le nom des personnages qui participent aux dialogues d'une scĂšne doivent ĂȘtre Ă©crits en majuscule, et centrĂ©s,
  • le bloc des dialogues doit ĂȘtre en retrait Ă  gauche et Ă  droite d'au moins cm,
  • les mots que les personnages crient ou mettent en valeur doivent ĂȘtre en majuscule,
  • les indications scĂ©niques relatives Ă  la rĂ©plique de dialogue (ton, geste, attitude) se situent sous le nom du personnage entre parenthĂšses et en italique,
  • le numĂ©ro des pages, en gĂ©nĂ©ral en haut vers le bord, est indispensable.

D'autres informations peuvent faciliter la lecture et la compréhension du projet fini :

  • les indications de transition d'une scĂšne Ă  l'autre ("fondu", "fondu au noir", "fondu au blanc", "cut"),
  • le type de sĂ©quence (flashback ou analepse, flashforward ou prolepse, rĂȘve, montage-sĂ©quence, sĂ©quence musicale, etc.),
  • les indications sonores inhabituelles (hors dialogues).

Cette forme de prĂ©sentation permet d'estimer la durĂ©e de l'Ɠuvre Ă  raison d'une page pour environ une minute de film fini.

Les scĂ©narios destinĂ©s Ă  Hollywood, sont Ă  imprimer sur du papier letter (8Âœ x 11 pouces, soit 27,94 Ă— 21,59 cm), gĂ©nĂ©ralement avec une triple perforation, ce qui implique une reliure Ă  spirale ou Ă  vis. Les marges supĂ©rieures et infĂ©rieures sont fixĂ©es entre 0,5 et 1 pouce. La marge gauche est dĂ©finie Ă  1,2 - 1,6 pouce et la marge de droite est fixĂ©e entre 0,5 et 1 pouce[17].

Aide logicielle à l'écriture de scénario

Il existe des solutions logicielles pour rédiger une continuité dialoguée sur son ordinateur tout en respectant les conventions : de la simple feuille de styles et du fichier de paramÚtres à adjoindre aux traitements de texte, aux logiciels propriétaires (généralement payants) voire à des serveurs de travail collaboratif utilisant un navigateur web comme Celtx.

Aide institutionnelle au scénario

En France, le CNC attribue chaque année des aides financiÚres ou des prestations de relecture et réécriture, sur décisions de commissions, à des scénaristes qui ont postulé[18].

Bibliographie

Ouvrages

  • Écrire l'animation, recueil de discours et d'informations pratiques sur le scĂ©nario du film d'animation, Paris, Afca, , 112 p. (ISBN 2-9515984-0-8).
  • L'art du scĂ©nario, Paris, Klincksieck - Archimbaud, coll. « CinĂ©-dĂ©bats », , 231 p. (ISBN 978-2-252-03827-7).
  • Marie-France Briselance, Leçons de scĂ©nario - Les 36 situations dramatiques, Paris, Nouveau Monde Ă©ditions, , 362 p. (ISBN 2-84736-180-4).
  • Olivier Cotte, Écrire pour le cinĂ©ma et la tĂ©lĂ©vision : structure du scĂ©nario, outils et nouvelles techniques d'Ă©criture crĂ©ative, Paris, Éditions Dunod, , 224 p. (ISBN 978-2-10-070371-5).
  • Olivier Cotte, Adapter un livre pour le cinĂ©ma et la tĂ©lĂ©vision : de l’Ɠuvre originale au scĂ©nario, Paris, Armand Colin, , 224 p. (ISBN 978-2-200-62725-6).
  • Syd Field (trad. de l'anglais), ScĂ©nario : les bases de l'Ă©criture scĂ©naristique, Paris/Paris, Dixit, , 272 p. (ISBN 978-2-84481-121-9).
  • Syd Field (trad. de l'anglais), Comment identifier et rĂ©soudre les problĂšmes d'un scĂ©nario, Paris/Trappes, Dixit, , 288 p. (ISBN 978-2-84481-113-4).
  • Le CinĂ©ma d’animation, rĂ©sidence, d’écriture Ă  Fontevraud, Ă©ditions 303, , 128 p. (ISBN 978-2-917895-16-0 et 2-917895-16-0).
  • Yves Lavandier, La Dramaturgie, Les Impressions nouvelles, (1re Ă©d. 1994), 703 p. (ISBN 978-2-87449-658-5).
  • Yves Lavandier, Construire un rĂ©cit, Bruxelles, Les Impressions Nouvelles, (1re Ă©d. 2011), 383 p. (ISBN 978-2-87449-699-8).
  • Yves Lavandier, Évaluer un scĂ©nario, Le Clown & l'Enfant, (1re Ă©d. 2011) (ISBN 978-2-910606-15-2).
  • Dominique Parent-Altier, Approche du scĂ©nario, Armand Colin, coll. « 128 cinĂ©ma », (ISBN 2200276524).
  • Philippe Perret et Robin Barataud (prĂ©f. Yves Lavandier), Savoir rĂ©diger et prĂ©senter son scĂ©nario, Encre de siagne, , 128 p. (ISBN 2-9513520-0-X).
  • Tudor Eliad, Comment Ă©crire et vendre son scĂ©nario, Pans, Éditions Henri Veyner, 1980.

Articles

  • Jacques Neefs, « La projection du scĂ©nario », Études françaises, vol. 28, no 1,‎ , p. 67-81 (lire en ligne).
  • Esther Pelletier (dir.), « Le ScĂ©nario [dossier] », CinĂ©mas, vol. 2, no 1,‎ , p. 4-152 (lire en ligne)
  • Jacqueline Viswanathan, « Action. Les passages narrativo-descriptifs du scĂ©nario », CinĂ©mas : revue d'Ă©tudes cinĂ©matographiques, vol. 2, no 1,‎ , p. 7-26 (lire en ligne [PDF], consultĂ© le ).
  • Jacqueline Viswanathan, « Une histoire racontĂ©e en images ? », Études françaises, vol. 22, no 3,‎ , p. 71-81 (lire en ligne).

Notes

  1. En italien, le pluriel de scenario est scenari et non scenarii : lo scenario / gli scenari : voir (it) « scenario », sur Dizionario di Italiano ; (it) « scenario », sur La Repubblica : dizionari.
  2. Quand un mot d'origine Ă©trangĂšre est intĂ©grĂ© Ă  la langue française, il cesse d'ĂȘtre soumis aux rĂšgles grammaticales de son pays d'origine pour ĂȘtre soumis aux rĂšgles grammaticales françaises [rapport du Conseil supĂ©rieur de la langue française publiĂ© dans les documents administratifs du Journal officiel du 6 dĂ©cembre 1990].

Références

  1. Jacques Neefs, « La projection du scĂ©nario », Études françaises, vol. 28, no 1,‎ , p. 70 (lire en ligne)
  2. (it) « Scenario », sur Treccani.
  3. Bernard TrémÚge, Livre du scénario (présentation en ligne, lire en ligne), p. 50.
  4. « scénario », sur Wiktionnaire.
  5. « scénario », dans Wiktionnaire, (lire en ligne)
  6. Michel Grisolia et Jean-Loup Passek, ENCYCLOPEDIE FRANCAISE, vol. 17, Paris, Larousse, (ISBN 2-03-151747-3), p. 10868
  7. « Maison de Jean Cocteau - Office de Tourisme de Milly-la-ForĂȘt, VallĂ©e de l’École, VallĂ©e de l’Essonne » (consultĂ© le )
  8. Tudor Eliad, Comment Ă©crire et vendre son scĂ©nario, citĂ© par Jacqueline Viswanathan, « Une histoire racontĂ©e en images ? », Études françaises, volume 22, numĂ©ro 3, hiver 1986, p. 71 (lire en ligne).
  9. Viswanathan 1991, p. 8.
  10. « Dossier. ScĂ©nario, scĂ©naristes », Positif, no 363,‎ .
  11. Viswanathan 1991, p. 16.
  12. Lavandier 2019, p. 155.
  13. (en-US) « Mythic Discovery: Revisiting the Meeting between George Lucas and Joseph Campbell », sur StarWars.com, (consulté le )
  14. Hidalgo, Wallace et Windham 2012, p. 41.
  15. « Pourquoi la structure en 3 actes tue votre scénario », sur mille-sabords.net (consulté le )
  16. « Les scénarios de films français : quelques statistiques », sur Lecteurs Anonymes, (consulté le ).
  17. « Comment écrire un scénario de film », sur fr.wikihow.com (consulté le )
  18. « Scénario », sur cnc.fr (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Autres documents relatifs Ă  la production d'un film

Prix de scénario
Festival de scénario

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.