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Ingmar Bergman

Ingmar Bergman [ˈÉȘƋːmar ˈbĂŠrjman][1] est un metteur en scĂšne, scĂ©nariste et rĂ©alisateur suĂ©dois, nĂ© le Ă  Uppsala et mort le sur l'Ăźle de FĂ„rö.

Ingmar Bergman
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Sur le tournage des Fraises sauvages (film sorti en 1957).
Nom de naissance Ernst Ingmar Bergman
Naissance
Uppsala (SuĂšde)
Nationalité Drapeau de la SuÚde Suédois
DĂ©cĂšs
Île de FĂ„rö (SuĂšde)
Profession Réalisateur, scénariste et metteur en scÚne
Films notables Le SeptiĂšme Sceau
Persona
Les Fraises sauvages
Fanny et Alexandre
Cris et Chuchotements
Site internet http://www.ingmarbergman.se/

Il s'est imposĂ© comme l'un des plus grands rĂ©alisateurs de l'histoire du cinĂ©ma en proposant une Ɠuvre s'attachant Ă  des thĂšmes mĂ©taphysiques (Le SeptiĂšme Sceau), Ă  l'introspection psychologique (Les Fraises sauvages, Persona) ou familiale (Cris et Chuchotements, Fanny et Alexandre) et Ă  l'analyse des comportements du couple (ScĂšnes de la vie conjugale).

Récompensé plusieurs fois, il remporte notamment au cours de sa carriÚre l'Ours d'or à Berlin, un Lion d'or pour sa carriÚre à Venise, le prix du jury et le prix de la mise en scÚne à Cannes, et à trois reprises l'Oscar du meilleur film en langue étrangÚre. Il est également l'unique cinéaste distingué d'une « Palme des Palmes », remise lors du Festival de Cannes 1997.

Biographie

Enfance

Erik Bergman, pĂšre d'Ingmar Bergman

Ernst Ingmar Bergman naĂźt en 1918. Il est le fils cadet d'une famille de trois enfants : il a un frĂšre aĂźnĂ©, Dag, et une sƓur plus jeune, Margareta, qui vient au monde quatre ans plus tard. Le jeune Ingmar Bergman vit une enfance tourmentĂ©e ; ses relations avec sa mĂšre et son frĂšre sont contrariĂ©es par les manipulations et les chantages affectifs[2]. Le pĂšre est un pasteur luthĂ©rien ambitieux. Le presbytĂšre oĂč vit la famille est ouvert Ă  tous les paroissiens et se doit d'ĂȘtre modĂšle. Sans doute cĂ©dant Ă  cette pression sociale, le pĂšre soumet sa famille Ă  une discipline extrĂȘmement rigide. Les enfants sont Ă©levĂ©s dans la traque obsessionnelle du pĂ©chĂ© et du repentir. Les punitions corporelles sont courantes et ritualisĂ©es[3] - [4]. Le traumatisme de cette Ă©ducation rigide affleure dans certaines de ses Ɠuvres[5] - [6].

Il passe le meilleur de son enfance chez sa grand-mĂšre Ă  Uppsala qui l'emmĂšne au cinĂ©ma, Ingmar Bergman se dĂ©couvre une passion prĂ©coce pour cet art. Lors d'un NoĂ«l, une riche parente offre aux enfants un appareil de projection. La bobine se tourne Ă  la main et permet de voir un petit film en boucle. Ce cinĂ©matographe agit comme la madeleine de Proust pour le futur rĂ©alisateur[7] — il baptisera plus tard sa sociĂ©tĂ© de production « Cinematograph ». Lorsqu'il a 12 ans, son pĂšre obtient qu'il puisse visiter les studios cinĂ©matographiques suĂ©dois de RĂ„sunda, en banlieue de Stockholm. C'est, pour lui, comme « entrer au paradis »[8].

Quant au thĂ©Ăątre, dans lequel il va aussi faire carriĂšre, il s'y rend rĂ©guliĂšrement dĂšs son jeune Ăąge. Ingmar Bergman a l’occasion de l’observer en coulisse grĂące Ă  un musicien qui joue derriĂšre la scĂšne pour une reprĂ©sentation du Songe d’August Strindberg, un de ses auteurs prĂ©fĂ©rĂ©s[9], et qu’il mettra lui-mĂȘme en scĂšne Ă  plusieurs reprises. Ses lectures s'ouvrent aussi Ă  DostoĂŻevski, Balzac, Flaubert, Nietzsche


Dans le cadre d’un programme d’échange, il part en Allemagne, dans la rĂ©gion de Thuringe, en . Le pays est dirigĂ© par le national-socialisme, sa famille d’accueil l'emmĂšne Ă©couter un discours de Hitler dans un stade de Weimar. Le jeune homme est fascinĂ© par le discours du FĂŒhrer. À son retour en SuĂšde, son milieu essentiellement germanophile s'est imprĂ©gnĂ© de l’idĂ©ologie nazie, son frĂšre faisant partie des fondateurs et des membres actifs du parti national-socialiste suĂ©dois[10]. Le traumatisme de la dĂ©couverte des camps de concentration nazis le conduira par la suite Ă  prendre ses distances avec la politique. Et Ingmar Bergman Ă©vitera dans son Ɠuvre les messages politiques[11].

L'école théùtrale

Le jeune Ingmar Bergman.

Ingmar Bergman s'inscrit en 1937 en histoire et littĂ©rature Ă  l'universitĂ© de Stockholm, il y suit les cours de Martin Lamm, un professeur rĂ©putĂ©, spĂ©cialiste de Strindberg et d’Emanuel Swedenborg. Ses Ă©tudes, cependant, sont contrariĂ©es par un emploi du temps chargĂ©, presque entiĂšrement consacrĂ© au thĂ©Ăątre. Il participe en effet au programme thĂ©Ăątral d’une maison des jeunes, le MĂ€ster OlofsgĂ„rden, oĂč il met en scĂšne des piĂšces de Strindberg, Shakespeare, Suttone Vane et Doris Rönnqvist. On lui offre Ă©pisodiquement la possibilitĂ© de travailler avec des professionnels au sein du Studio dramatique. Un temps acteur, il finit par dĂ©finitivement se tourner vers la mise en scĂšne. Il assure aussi la direction de plusieurs piĂšces donnĂ©es au thĂ©Ăątre des Ă©tudiants dont Le PĂ©lican de Strindberg. Il noue Ă  cette occasion une relation amoureuse avec une jeune actrice Ă©rudite. Cette liaison parvient Ă  la connaissance de ses parents, qui rĂ©prouvent la vie tumultueuse de leur fils. À la suite d’une explication violente, Ingmar Bergman quitte dĂ©finitivement le foyer familial et s’installe avec sa maĂźtresse. Cette relation tourne court lorsqu’Ingmar Bergman se voit proposer une tournĂ©e en province qui le conduit par la mĂȘme occasion Ă  prĂ©cipiter la fin de ses Ă©tudes.

Au printemps 1939, dans la nĂ©cessitĂ© de trouver un emploi, il tente sans succĂšs de se faire embaucher au ThĂ©Ăątre dramatique royal de Stockholm, et doit se contenter d'un poste d’assistant Ă  la mise en scĂšne pour l’opĂ©ra royal de Stockholm, oĂč il est occasionnellement souffleur. Il y fait ses armes, notamment aux cĂŽtĂ©s de Ragnar HyltĂ©n-Cavallius, Ă  la fois cinĂ©aste et metteur en scĂšne reconnu. La Seconde Guerre mondiale Ă©clate quand Ingmar Bergman doit accomplir son service national, mais il est aussitĂŽt dĂ©mobilisĂ© Ă  cause d'un ulcĂšre[12]. En repos chez sa grand-mĂšre en DalĂ©carlie, province du Centre de la SuĂšde, il Ă©crit une douzaine de piĂšces de thĂ©Ăątre et un opĂ©ra. Il met en scĂšne l’une d’elles, La Mort de Polichinelle, largement inspirĂ©e de piĂšces de Strindberg. À la fin de la reprĂ©sentation, il est approchĂ© par Carl Anders Dymling, directeur de la Svensk Filmindustri, et Stina Bergman, directrice du service des scĂ©narios, qui lui proposent un emploi pour Ă©crire et revoir les scĂ©narios produits par la sociĂ©tĂ©.

Premiers pas Ă  la Svensk Filmindustri

IntĂ©grĂ© dans une Ă©quipe de six scĂ©naristes, il est parfois envoyĂ© sur des tournages pour corriger des dialogues. Les mĂ©thodes d’écriture sont empruntĂ©es aux mĂ©thodes amĂ©ricaines alors en vogue, Ingmar Bergman leur prĂ©fĂšre pourtant celles des films français de l’époque, de Jean Renoir, de Marcel CarnĂ©, ou de Julien Duvivier[13]. Il fait la connaissance de Gustaf Molander Ă  qui il fait lire un scĂ©nario inspirĂ© de ses annĂ©es d’études. Celui-ci en recommande l'adaptation Ă  la production qui en confie la rĂ©alisation Ă  Alf Sjöberg. Ingmar Bergman insiste pour assister au tournage et obtient un poste de script-boy. Impatient et ambitieux, il tente Ă  plusieurs reprises de s’immiscer dans le travail du rĂ©alisateur. En vain. Le jeune scĂ©nariste est remis Ă  sa place. Tourments (Hets) sort en 1944. Le film est suffisamment remarquĂ© pour faire partie de la sĂ©lection de la Mostra de Venise.

Ingmar Bergman sur le tournage de Crise, son premier film, sorti en 1946.

Dans le mĂȘme temps, la commune de Helsingborg cherche Ă  sauver son thĂ©Ăątre municipal et propose sa direction Ă  Ingmar Bergman. Le thĂ©Ăątre est en piteux Ă©tat, mais il accepte. Il est alors mariĂ© Ă  une jeune danseuse et chorĂ©graphe, Else Fischer, qui a accouchĂ© d’une enfant Ă  la fin de l’annĂ©e 1943. Le bĂ©bĂ© et sa mĂšre sont atteints de la tuberculose et Ingmar Bergman enchaĂźne mises en scĂšne et scĂ©narios pour faire face aux frais d’hospitalisation. En 1945, la Svensk Filmindustri lui commande l’adaptation et la rĂ©alisation d’une piĂšce de thĂ©Ăątre. Ingmar Bergman est enthousiaste, mais il pĂšche par orgueil et son manque d'expĂ©rience est encore trop grand. Le tournage a lieu en Ă©tĂ© dans des conditions catastrophiques. Il se brouille avec le chef opĂ©rateur, davantage portĂ© sur le documentaire, et peine Ă  maĂźtriser ses troupes. Le mauvais temps gĂąche les extĂ©rieurs, le laboratoire gĂąche les pellicules, et la production du film souffre d’un accident du travail lors d’une prise en studio. Tout au long de cette Ă©preuve, Bergman reçoit les conseils du cinĂ©aste Victor Sjöström et ceux de son monteur expĂ©rimentĂ©, Oscar Rosander, qui l’aide Ă  remettre le film sur pied – il collaborera par la suite Ă  tous les films d’Ingmar Bergman jusqu’au Visage. Crise (Kris), premier film rĂ©alisĂ© par Ingmar Bergman, sort en 1946.

Ingmar Bergman poursuit son travail au thĂ©Ăątre municipal de Helsingborg et continue Ă  Ă©crire des scĂ©narios pour la Svensk Filmindustri. Il monte l’une de ses piĂšces, Rachel et l’ouvreuse de cinĂ©ma, adaptĂ©e plus tard pour L'Attente des femmes. Sa femme, qui devait initialement occuper un poste de chorĂ©graphe au sein du thĂ©Ăątre, doit ĂȘtre remplacĂ©e en raison de sa maladie. Elle lui recommande une amie : Ellen Lundström avec laquelle il noue une liaison qui conduit les Ă©poux Ă  divorcer. À l’automne 1946, le jeune couple dĂ©mĂ©nage pour Göteborg oĂč Ingmar Bergman obtient un poste de metteur en scĂšne au thĂ©Ăątre municipal dont le directeur Torsten HammarĂ©n devient son mentor et lui enseigne des techniques de mise en scĂšne pour une piĂšce d’Albert Camus, Caligula, avec le comĂ©dien Anders Ek.

AprĂšs l’échec de Crise, la Svensk Filmindustri hĂ©site Ă  renouveler l’expĂ©rience de la rĂ©alisation avec Ingmar Bergman. C’est donc avec le producteur Lorens Marmstedt, qu’il dirige ses trois films suivants : Il pleut sur notre amour (Det regnar pĂ„ vĂ„r kĂ€rlek, 1946), L'Éternel Mirage (Skepp till India land, 1947) et Musique dans les tĂ©nĂšbres (Musik i mörker, 1948). Ces premiers films sont empreints de l’influence du cinĂ©ma français des annĂ©es 1930 et notamment de Marcel CarnĂ©[14]. Il s’en dĂ©gage une violente rĂ©volte contre la religion et la famille[15]. À l’exception de Musique dans les tĂ©nĂšbres, ses films sont rejetĂ©s par la critique qui les trouve subversifs et immatures[16]. Il Ă©crit encore le scĂ©nario de La Femme sans visage (Kvinna utan ansikte, 1947), pour Gustaf Molander et entame une activitĂ© de metteur en scĂšne Ă  la radio avec un texte original, La Ville (1951), inspirĂ© d’une virĂ©e dans Berlin, lors de son sĂ©jour en Allemagne[17].

Maturité

L'entrée tant convoitée de Filmstaden, les studios de la Svensk Filmindustri à RÄsunda, en banlieue de Stockholm. Ingmar Bergman y a tourné la plupart de ses films.

Dans le cadre d’un nouveau contrat avec la Svensk Filmindustri, Ingmar Bergman part en 1949 Ă  Cagnes-sur-Mer avec le comĂ©dien Birger Malmsten pour y Ă©crire un scĂ©nario. Le rĂ©alisateur est parvenu Ă  rĂ©intĂ©grer le giron de la cĂ©lĂšbre sociĂ©tĂ©. Il a pour la premiĂšre fois signĂ© la rĂ©alisation ainsi que le scĂ©nario du film La Prison (FĂ€ngelse, 1949) et gagne en assurance[18]. Son activitĂ© artistique est dĂ©bordante, alternant mises en scĂšne thĂ©Ăątrales et cinĂ©matographiques ainsi que des allers-retours constants entre Stockholm et Göteborg, aux dĂ©pens de son couple avec Ellen Lundström qui bat de l’aile. Le sĂ©jour dans la ville de la CĂŽte d'Azur est solitaire ; Birger Malmsten est absorbĂ© par une relation sentimentale. Ingmar Bergman Ă©crit seul son scĂ©nario. Vers la joie (Till glĂ€dje, 1950) est tournĂ© durant l’étĂ©. Au cours du tournage, il reçoit la visite d'une journaliste d’une revue cinĂ©matographique, Gun Hagberg. ImmĂ©diatement sĂ©duit, le rĂ©alisateur, sitĂŽt le film achevĂ©, s’envole avec elle Ă  Paris, et rompt avec son Ă©pouse. À son retour, il s’installe avec sa nouvelle maĂźtresse Ă  Stockholm. La vie du couple connaĂźt des hauts et des bas. Les enfants du prĂ©cĂ©dent mariage de Gun Hagberg les rejoignent Ă  la fin de l’annĂ©e 1950 tandis qu’un autre naĂźt de leur union. Ingmar Bergman doit ainsi entretenir trois familles. Or, les engagements manquent.

Durant l’étĂ© 1950, l’industrie cinĂ©matographique suĂ©doise s'est mise en grĂšve pour obtenir de meilleures conditions de travail. Le mouvement s’éternise, Ingmar Bergman traverse alors de graves difficultĂ©s financiĂšres et doit solliciter un important prĂȘt Ă  la Svensk Filmindustri qui consent en Ă©change d’une exclusivitĂ© sur plusieurs scĂ©narios et des honoraires Ă  la baisse. Il accepte de rĂ©aliser des films publicitaires et une Ɠuvre de commande, Une telle chose ne se produirait pas ici. Ce n’est qu’au printemps 1951 que la grĂšve cesse. Le rĂ©alisateur enchaĂźne alors deux tournages, celui de L'Attente des femmes (Kvinnors vĂ€ntan, 1952) avec des extĂ©rieurs Ă  Paris, et celui d'Un Ă©tĂ© avec Monika (Sommaren med Monika, 1953) dans l’archipel de Stockholm. Le premier rĂŽle de ce dernier film est confiĂ© Ă  Harriet Andersson, une jeune danseuse de revue. Le tournage se prolonge Ă  cause d’ennuis techniques et Ingmar Bergman tombe sous le charme de l’actrice. La liaison ne dure pas, mais suffit Ă  briser son mĂ©nage. Il doit quitter le foyer familial et redevient cĂ©libataire.

Bergman donnant ses instructions sur la scÚne du théùtre de Malmö (1958).

Au thĂ©Ăątre, Ingmar Bergman, nommĂ© directeur artistique du thĂ©Ăątre municipal de Malmö en 1952, assure plusieurs mises en scĂšne, certaines pour le rĂ©pertoire classique (Peer Gynt, Le Misanthrope), des opĂ©rettes (La Veuve joyeuse) ainsi que deux de ses propres piĂšces : Peinture sur bois et Meurtre Ă  BajĂ€rna. Il poursuit aussi ses adaptations radiophoniques avec des piĂšces de Strindberg et les Noces de sang de Federico GarcĂ­a Lorca (1952). Le travail thĂ©Ăątral de l’auteur se double d’une intense activitĂ© cinĂ©matographique. Il tourne successivement La Nuit des forains (Gycklarnas afton, 1953), Une leçon d'amour (En Lektion i kĂ€rlek, 1954) et RĂȘve de femmes (Kvinnodröm). À l’automne 1955, aprĂšs le tournage de Sourires d'une nuit d'Ă©tĂ© (Sommarnattens leende, 1955), victime du surmenage et d’un ulcĂšre qui le fait souffrir depuis de nombreuses annĂ©es, il est hospitalisĂ©.

Avec La Prison, la maturation du cinĂ©ma de Bergman est, Ă  la veille de la rĂ©alisation du SeptiĂšme Sceau, dĂ©jĂ  accomplie[19] - [15]. L’influence du cinĂ©ma français d’avant-guerre s’est estompĂ©e au profit d’un style plus personnel. Ville portuaire (Hamnstad, 1948) ou Monika, sont encore influencĂ©s par le cinĂ©ma italien nĂ©orĂ©aliste[20] - [21], mais son style personnel s’affirme. On trouve dans les films qu’il dirige entre 1948 et 1955 nombre de caractĂ©ristiques de l’empreinte personnelle du rĂ©alisateur : interrogations mĂ©taphysiques sur la vie et la mort (La Prison), Ă©rotisme prĂ©gnant (Monika, L’Attente des femmes, La Nuit des forains), dĂ©sillusion conjugale (L’Attente des femmes, Une leçon d’amour, Sourires d’une nuit d’étĂ©), le spectacle (La Prison, Vers la joie, La Nuit des forains)[22]
 Sa vision de la fĂ©minitĂ© notamment Ă©tonne. Son langage cinĂ©matographique se positionne davantage du cĂŽtĂ© de la femme ; c’est au travers de leur regard que l’attitude des hommes est brocardĂ©e : les personnages fĂ©minins sont nuancĂ©s quand les personnages masculins sont au contraire typĂ©s[23].

Reconnaissance

Bergman et Sven Nykvist lors du tournage de À travers le miroir.

Sourires d’une nuit d’étĂ© sĂ©lectionnĂ© au Festival de Cannes en 1956 assied la rĂ©putation d’Ingmar Bergman au-delĂ  des frontiĂšres suĂ©doises. Le film, rĂ©alisĂ© dans la douleur, crĂ©e la surprise[24] et obtient d'ailleurs un « prix de l'humour poĂ©tique ». Et l’annĂ©e suivante, Le SeptiĂšme Sceau fait sensation. Ce film, plus grave, adaptĂ© de l’une de ses piĂšces en un seul acte, Peinture sur bois, est une allĂ©gorie de la mort et du jugement dernier. L’accueil critique est enthousiaste. Pour Les Fraises sauvages[25], l'Ours d'or du meilleur film au Festival de Berlin lui est attribuĂ©.

La reconnaissance d’Ingmar Bergman a plusieurs consĂ©quences. La critique suĂ©doise, jusque-lĂ  trĂšs rĂ©servĂ©e, s'est adoucie[26]. Les studios suĂ©dois lui laissent les coudĂ©es franches et une pleine libertĂ© de crĂ©ation. Le rĂ©alisateur reçoit aussi des sollicitations de plusieurs pays pour venir tourner des films. NĂ©anmoins, il prĂ©fĂ©rera continuer Ă  tourner en SuĂšde. Ingmar Bergman a dĂ©sormais pris l’habitude d’alterner le thĂ©Ăątre, dans le courant de l’annĂ©e, et le cinĂ©ma, pendant l’étĂ©. Il aime s’entourer de sa propre Ă©quipe et redoute le sort de certains de ses compatriotes, tels Victor Sjöström ou Mauritz Stiller qui, expatriĂ©s aux États-Unis, tombĂšrent en dĂ©suĂ©tude[27].

Bergman avec Ingrid Thulin durant le tournage du Silence, sorti en 1963.

En aoĂ»t 1958, dans les studios suĂ©dois de RĂ„sunda, Ingmar Bergman tourne son vingtiĂšme film, Le Visage (Ansiktet, 1958) dans lequel il explore Ă  nouveau le monde de la reprĂ©sentation. En dĂ©pit du talent qui lui est dĂ©sormais reconnu[28] - [29], les films suivants, La Source (JungfrukĂ€llan, 1960) et L'ƒil du diable (DjĂ€vulens öga, 1960) sont peu apprĂ©ciĂ©s par la critique[30]. Il faut attendre À travers le miroir (SĂ„som i en spegel, 1961), pour que le cinĂ©aste regagne ses lauriers[31] - [32] - [33]. Le film a des rĂ©sonances mĂ©taphysiques, cherchant l'existence de Dieu par le truchement de la folie de son personnage principal, Karin, interprĂ©tĂ© par Harriet Andersson[34]. Il est aussi initialement annoncĂ© par Ingmar Bergman comme le premier opus d'un triptyque de « films de chambre », complĂ©tĂ© par ses deux films suivants : Les Communiants (NattvardsgĂ€sterna, 1962) et Le Silence (Tystnaden, 1963)[35]. Mais le cinĂ©aste revient plus tard sur cette intention de constituer une trilogie. À travers le miroir marque selon lui la fin d'un cycle et Les Communiants, une rupture[36]. Ce dernier film, trĂšs inspirĂ© de la figure de son pĂšre[36], rĂšgle ses comptes avec Dieu au travers d’un pasteur qui perd la foi ; l’existence de Dieu se trouve brusquement Ă©branlĂ©e et le monde apparaĂźt aux yeux du personnage dans toute sa cruditĂ©[37]. Le Silence ne contient aucun thĂšme religieux, contrairement aux deux prĂ©cĂ©dents films. Il traite de la relation trouble qu’entretiennent deux sƓurs sur fond d’état de siĂšge dans un pays inconnu. Si, par ailleurs, le film choque une partie de l’opinion Ă  cause de scĂšnes explicites[38], il reçoit les Ă©loges de la critique et fait figure de chef-d’Ɠuvre[39].

Ingmar Bergman retrouve alors une bonne situation financiĂšre. Il Ă©pouse une pianiste professionnelle, KĂ€bi Laretei, dont il a un enfant, et s’installe Ă  Djursholm. Couronnement de sa carriĂšre thĂ©Ăątrale, il est nommĂ© directeur du ThĂ©Ăątre dramatique royal de Stockholm en , et entre dans ces nouvelles fonctions en juillet. Il y met en scĂšne Qui a peur de Virginia Woolf ? d’Edward Albee. La premiĂšre de la piĂšce coĂŻncide d’ailleurs avec la sortie du Silence et, Ă  cause de sa thĂ©matique sulfureuse, participe Ă  son tour Ă  la polĂ©mique provoquĂ©e par le film[40]. Suivent La LĂ©gende de Hjalmar Bergman, Trois couteaux de Wei Ă©crite par le poĂšte suĂ©dois Harry Martinson et Hedda Gabler, piĂšce du cĂ©lĂšbre dramaturge Henrik Ibsen, avec l’actrice Gertrud Fridh. Il dirige encore le Dom Juan de MoliĂšre dont une captation tĂ©lĂ©visuelle sera faite pour une chaĂźne pĂ©dagogique. D'une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, le travail thĂ©Ăątral qu'il accomplit Ă  cette Ă©poque ne satisfait pas Ingmar Bergman qui s'estime beaucoup trop accaparĂ© par ses fonctions de directeur[41]. Ses mises en scĂšne ont toutefois meilleur succĂšs que son premier long mĂ©trage en couleur, Toutes ses femmes (För att inte tala om alla dessa kvinnor, 1964), qui s'avĂšre un Ă©chec cuisant. Le film, qui se veut une comĂ©die lĂ©gĂšre, déçoit[42] - [43]. Il est, de l’aveu mĂȘme d’Ingmar Bergman, un ratage complet[44].

Persona, dualité et couple

Bergman tombe sous le charme de l'ßle de FÄrö. Il y bùtit une maison et y tourne plusieurs de ses films dont Persona. L'ßle sera aussi le sujet de deux documentaires qu'il lui consacre à dix ans d'intervalle, intitulés tous deux Mon ßle Faro (FÄrö-dokument), en 1969 puis en 1979.

Le tournage de Persona, l’un des films les plus importants de la filmographie de Bergman[45], dĂ©marre en sur l’üle de FĂ„rö. DĂ©couverte lors du tournage d’À travers le miroir, l’üle est devenue l’endroit de prĂ©dilection du cinĂ©aste. Il y fait d’ailleurs bĂątir une maison qui sera sa retraite jusqu’à sa mort. Initialement, l’auteur avait l’ambition de rĂ©pondre Ă  une commande de la Svensk Filmindustri en dirigeant un film Ă  gros budget intitulĂ© Les Cannibales ayant pour sujet des artistes mangeurs d’hommes[46] - [47]. Mais il tombe sĂ©rieusement malade et, contraint de revoir ses ambitions Ă  la baisse, s’attaque Ă  un scĂ©nario plus simple comprenant seulement deux personnages. Le script s’inspire de la ressemblance entre les actrices Bibi Andersson et Liv Ullmann[48] - [49] – cette derniĂšre est Ă  cette Ă©poque une Ă©toile montante de la scĂšne norvĂ©gienne. La premiĂšre incarne une infirmiĂšre ; elle veille sur la seconde, une comĂ©dienne de thĂ©Ăątre qui s’est murĂ©e dans un mutisme soudain. Les deux femmes se retrouvent dans une maison isolĂ©e. Cette confrontation amĂšne l’une et l’autre Ă  Ă©prouver leur identitĂ©.

« Persona » est le terme latin pour « masque », celui portĂ© par les comĂ©diens dans les tragĂ©dies antiques. Le film joue sur une dualitĂ© de l’individu, Ă©cartelĂ© entre son moi en reprĂ©sentation dans la sociĂ©tĂ©, et son moi intime et authentique[50]. Le schĂ©ma intellectuel rappelle les concepts de Carl Gustav Jung qui prĂ©cisĂ©ment utilise la notion de persona pour l’opposer Ă  l’ñme ou psychĂ©[51] - [52]. L’Ɠuvre explore aussi le silence, l’incommunicabilitĂ© et, prĂ©cisĂ©ment, dĂ©fend l’idĂ©e d’une nĂ©cessaire communication entre les individus. Le film bouleverse la critique par sa richesse et la sobriĂ©tĂ© de son traitement. Elle salue le travail abouti du rĂ©alisateur[50] - [53].

Persona sort en 1966. Fait exceptionnel dans la carriĂšre d’Ingmar Bergman, il faut attendre deux ans la sortie d’un nouveau long mĂ©trage du rĂ©alisateur. Dans l’intervalle, il participe Ă  un film Ă  sketches, Stimulantia, dans lequel il rend hommage Ă  son fils, Daniel. Son activitĂ©, au cours de ces deux ans, est surtout vouĂ©e Ă  la direction de son thĂ©Ăątre, Ă  la tĂȘte duquel il essuie le feu nourri de la critique suĂ©doise[54]. Le mouvement de mai 1968 en SuĂšde rejette Ingmar Bergman comme une figure du passĂ©. Il se retrouve marginalisĂ© dans le milieu culturel et chassĂ© du Conservatoire suĂ©dois d’art dramatique oĂč il enseigne[55] - [56]. Il monte des reprĂ©sentations thĂ©Ăątrales Ă  l’étranger : Six personnages en quĂȘte d'auteur Ă  Oslo en 1967 et Hedda Gabler Ă  Londres en 1968. L’emprise de son travail pĂšse sur sa vie privĂ©e, son mariage s’érode peu Ă  peu jusqu’à la rupture ; le cinĂ©aste entretient par ailleurs une liaison avec Liv Ullmann depuis le tournage de Persona. AprĂšs seulement trois ans et demi Ă  la direction du ThĂ©Ăątre national de Stockholm, il finit par quitter ses fonctions.

L'Heure du loup (Vargtimmen, 1968) est, dans la lignĂ©e de Persona, un film intimiste centrĂ© sur deux personnages, une femme et un homme, isolĂ©s sur une Ăźle. L’axe est plus particuliĂšrement portĂ© sur le personnage masculin, l’artiste, dont le rĂ©alisateur nous montre les fantasmagories et les turpitudes. À cette fin, il recourt Ă  des sĂ©quences oniriques plastiquement fortes et habitĂ©es[57] - [58] - [59]. Les deux films suivants, La Honte (Skammen) et Une passion (En Passion, 1969), sont interprĂ©tĂ©s par les mĂȘmes acteurs, Liv Ullmann et Max von Sydow. Au travers de l’odyssĂ©e de deux artistes dans un monde en guerre – qui n’est pas sans Ă©voquer celui qu’il a connu pendant la Seconde Guerre mondiale –, La Honte dĂ©nonce l’indiffĂ©rence et l’absence d’implication des individus dans ces Ă©vĂšnements qui bouleversent l'humanitĂ©[60]. Une passion se recentre sur le couple, la vie conjugale et ses dĂ©chirements, thĂšme qu’il reprend aussi dans Le Lien (Beröringen, 1970), une coproduction internationale en langue anglaise. Il tourne encore Le Rite (Riten, 1969), un moyen mĂ©trage destinĂ© Ă  la tĂ©lĂ©vision, et Ă©crit le scĂ©nario du tĂ©lĂ©film Le Mensonge, qui sera l’objet de pas moins de trois adaptations pour le petit Ă©cran – par le rĂ©alisateur suĂ©dois Jan Molander (en) (Reservatet, 1970), le Britannique Alan Bridges (The Lie, Ă©pisode de la sĂ©rie Play for Today, 1970) et l’AmĂ©ricain Alex Segal (The Lie, 1973).

De mĂȘme que les films, au thĂ©Ăątre, la mise en scĂšne qu’il Ă©labore du Songe de Strindberg obtient un certain retentissement qui emmĂšne la troupe dans une tournĂ©e europĂ©enne. 1970 marque aussi le dĂ©cĂšs du pĂšre d’Ingmar Bergman et celui de son ex-Ă©pouse Gun Hagberg. Sa liaison avec Liv Ullmann dont est nĂ©e une fille, Linn, se dĂ©tĂ©riore et prend fin.

Cris et Chuchotements, l’apothĂ©ose

Le chùteau Taxinge-NÀsby est le décor de Cris et chuchotements. Aujourd'hui, devenu attraction touristique, il se trouvait au moment du tournage dans un état de délabrement avancé.

« Chers amis, nous allons faire un film ensemble. Comme il va ĂȘtre diffĂ©rent de tout ce que nous avons fait jusqu’à prĂ©sent, le scĂ©nario que voici est aussi d’un genre inhabituel. »[61]. C’est en ces termes que courant 1971, Ingmar Bergman s’adresse Ă  chacun des interprĂštes de son prochain film, Cris et Chuchotements. La lettre qui fait office de scĂ©nario dĂ©crit des impressions, des personnages et des indications scĂ©niques. Le texte insiste sur la couleur rouge comme couleur dominante et sur la lumiĂšre naturelle qui sera la seule employĂ©e. Pour les besoins du futur tournage, le cinĂ©aste et son chef-opĂ©rateur habituel, Sven Nykvist, se sont rendus trois semaines en repĂ©rage dans le manoir prĂšs de Mariefred qui sera le dĂ©cor du film, pour Ă©tudier la façon dont la lumiĂšre pĂ©nĂštre dans les piĂšces[62]. Le tournage a lieu en septembre 1971 et dure huit semaines. Les financements sont modestes. L'auteur obtient de Sven Nykvist et des interprĂštes qu’ils mettent leur salaire en participation. Pour complĂ©ter le budget, l'Institut SuĂ©dois du Film lui accorde une subvention, ce qui dĂ©clenche une polĂ©mique ; la lĂ©gitimitĂ© d’Ingmar Bergman Ă  recevoir des fonds est contestĂ©e, compte tenu de sa notoriĂ©tĂ© et de sa stature internationale[63] - [64]. Pour autant, la production se dĂ©roule dans de bonnes conditions et parvient Ă  son terme. En revanche, en dĂ©pit de son succĂšs par la suite, le film a beaucoup de mal Ă  trouver un distributeur. C'est grĂące Ă  Roger Corman, producteur rĂ©putĂ© de sĂ©ries B, que le film d'Ingmar Bergman trouve une salle Ă  New York pour sa premiĂšre mondiale le [65]. Ce n'est qu'en mars 1973 qu'il est enfin projetĂ© devant le public suĂ©dois.

L'action se dĂ©roule dans le huis clos du manoir familial, oĂč AgnĂšs n'en finit plus d'agoniser dans des souffrances atroces. Ses deux sƓurs et leur bonne sont Ă  son chevet, impuissantes. La tension exacerbe les passions et rĂ©vĂšle les relations ambiguĂ«s qu'elles entretiennent entre elles. L'une, Karin, est enfermĂ©e dans un enfer nĂ©vrotique, refusant le contact, rĂ©pugnant Ă  toute forme d’abandon. L'autre, Maria, est volontiers manipulatrice, jouant et se jouant des rĂšgles sociales. Toutes deux se trouvent dans l’incapacitĂ© de faire face Ă  la souffrance de leur sƓur quand la servante, Anna, au fond plus intuitive, sait accompagner les derniers instants d'AgnĂšs avec le plus d'humanitĂ©. À cet Ă©gard, le plan demeurĂ© cĂ©lĂšbre, qualifiĂ© de « pietĂ  », rĂ©unissant AgnĂšs et la bonne, est le point culminant du film. Ingmar Bergman explore l'arbitraire de la souffrance, de la mort et ce qu'elles projettent sur autrui : terreur, rejet, compassion
[66] - [67] Cris et Chuchotements est accueilli comme une Ɠuvre sublime et dĂ©routante[67] - [68]. Elle constitue sans doute le point d’orgue de la carriĂšre du rĂ©alisateur[69] - [70].

Ingmar Bergman n'attend pas l'achĂšvement de la post-production de Cris et Chuchotements dont le traitement de la couleur en laboratoire s'Ă©ternise, pour s'attaquer Ă  un nouveau projet ambitieux : ScĂšnes de la vie conjugale[71], une sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e de six Ă©pisodes de 50 minutes qui raconte en huis-clos la longue et sĂ»re Ă©rosion d’un couple incarnĂ© par Liv Ullmann et Erland Josephson. L’Ɠuvre rencontre un succĂšs important. Trois millions de tĂ©lĂ©spectateurs suivent les derniers Ă©pisodes[72], soit plus du tiers de la population suĂ©doise de l'Ă©poque. Elle devient un phĂ©nomĂšne de sociĂ©tĂ©, le feuilleton trouve des Ă©chos inattendus dans l’opinion publique ; la presse relaye, au travers d’enquĂȘtes, l’inquiĂ©tude des couples modernes. Le crĂ©ateur de la sĂ©rie Dallas prĂ©tendra mĂȘme s’en ĂȘtre inspirĂ©[72]. Ingmar Bergman en fera un nouveau montage de deux heures et demie pour le cinĂ©ma. Il rĂ©alise ensuite deux mises en scĂšnes pour la tĂ©lĂ©vision : une adaptation du Misanthrope (Misantropen, 1974) de MoliĂšre et une autre de La FlĂ»te enchantĂ©e (Trollflöjten, 1975) de Mozart.

Exil

Ingmar Bergman a Ă©pousĂ© Ingrid von Rosen en novembre 1971 – elle reste sa femme jusqu’à sa mort en 1995. Il fait un sĂ©jour avec elle Ă  Los Angeles pour diriger un sĂ©minaire sur le cinĂ©ma. Il y rencontre des cinĂ©astes comme William Wyler et Billy Wilder[73]. Il y fait Ă©galement la connaissance du producteur Dino de Laurentiis dont la sociĂ©tĂ© coproduit Face Ă  face (Ansikte mot ansikte, 1976) qu'Ingmar Bergman, si ce n'est l'interprĂ©tation de Liv Ullmann, considĂšre en dĂ©finitive comme peu inspirĂ©[74]. Toutefois, la rĂ©ussite de ses films prĂ©cĂ©dents a suffisamment remis Ă  flot sa sociĂ©tĂ© de production Cinematograph qui jouit d’une bonne situation financiĂšre. Il songe Ă  en dĂ©velopper l'activitĂ© aux États-Unis afin d’obtenir de meilleures conditions de production.

Cependant, un contrĂŽle fiscal de l'entreprise met un terme brutal Ă  ses projets, et va jusqu'Ă  entraĂźner l'arrestation du cinĂ©aste le . InculpĂ© de fraude fiscale, le metteur en scĂšne alors en pleine rĂ©pĂ©tition d'un spectacle, est emmenĂ© par la police pour un interrogatoire. Il est relĂąchĂ© une fois l'entretien terminĂ©. L'Ă©vĂ©nement fait la une des journaux. ChoquĂ©, le cinĂ©aste se cloĂźtre chez lui ; sous l'impulsion de sa femme, il est conduit Ă  l'hĂŽpital psychiatrique quelques jours aprĂšs. Ingmar Bergman apprend que les poursuites Ă  son encontre sont finalement abandonnĂ©es un mois plus tard, tandis qu'il se repose dans sa maison sur l'Ăźle de FĂ„rö. Le , il publie par voie de presse une lettre ouverte dans laquelle il s'explique de ses dĂ©mĂȘlĂ©s avec le TrĂ©sor public et annonce qu'il quitte la SuĂšde. Il se rend d'abord Ă  Paris, mais la pression mĂ©diatique dont il y fait l'objet l'engage Ă  changer ses plans. Il s'installe finalement Ă  Munich[75].

Le Residenztheater de Munich accueille Ingmar Bergman pendant sa période d'exil.

Ingmar Bergman est accueilli Ă  bras ouverts par la ville bavaroise, il y reçoit diverses distinctions, et le thĂ©Ăątre de la ville, le Residenztheater, ne tarde pas Ă  lui proposer un poste de metteur en scĂšne. La collaboration avec les comĂ©diens allemands n'est nĂ©anmoins pas aisĂ©e du fait de la barriĂšre de la langue. Les relations avec l'administration du thĂ©Ăątre sont elles aussi difficiles. Ingmar Bergman, fort de la reconnaissance acquise y compris en Allemagne – il obtient le prix Goethe en 1976 –, commet des impairs en partie dus Ă  son ignorance des usages locaux. Il est mĂȘme remerciĂ© en juin 1981, pour ĂȘtre rĂ©intĂ©grĂ© six mois plus tard aprĂšs la dĂ©mission du directeur. Il rĂ©ussit nĂ©anmoins Ă  monter onze spectacles. Leur succĂšs est variable, la presse se montre sĂ©vĂšre, mais Ingmar Bergman s'estime satisfait d'une partie d'entre eux[76]. Il monte des piĂšces de Strindberg, Le Songe et Mademoiselle Julie, ainsi que des piĂšces contemporaines, dont Le Naufrage du Titanic de Hans Magnus Enzensberger. Ses mises en scĂšne ne sont pas dĂ©nuĂ©es d'audace. L'une d'elles, Le Marchand de Venise de Shakespeare, est projetĂ©e au public et se termine dans le camp de concentration de Dachau aprĂšs un trajet en car[77].

Les effets de la brouille avec la SuĂšde durent plusieurs annĂ©es. L'ƒuf du serpent (The Serpent's Egg, 1977) devait ĂȘtre originellement tournĂ© en SuĂšde. À la demande de l'auteur, Dino de Laurentiis accepte de le produire Ă  MĂŒnich. Sonate d'automne (Höstsonaten, 1978) est, quant Ă  lui, tournĂ© Ă  Oslo. Il met en scĂšne Liv Ullmann et surtout Ingrid Bergman qui avait personnellement sollicitĂ© le cinĂ©aste quatre ans plus tĂŽt tandis qu'elle Ă©tait jurĂ© au festival de Cannes, et qu'il venait y prĂ©senter Cris et Chuchotements. NĂ©anmoins, la seule vĂ©ritable production allemande reste, pour Ingmar Bergman, De la vie des marionnettes (Aus dem Leben der Marionetten, 1980)[78]. Le film entiĂšrement Ă©crit et rĂ©alisĂ© en langue allemande, est considĂ©rĂ© par son auteur comme un de ses meilleurs en dĂ©pit de la critique hostile[79] - [80].

Le séjour allemand dure finalement neuf années. Ingmar Bergman retisse progressivement des liens avec la SuÚde. Il y retourne passer des vacances et effectue notamment une mise en scÚne du Roi Lear au Théùtre dramatique de Stockholm en 1983. Il est contraint d'y poser sa caméra pour le film Fanny et Alexandre (Fanny och Alexander, 1982) inspiré en partie de souvenirs d'enfance.

Fanny et Alexandre, le testament

Jörn Donner (2008), directeur de l'Institut Suédois du Film, prend sur lui de produire Fanny et Alexandre et de faire face à la presse qui, comme pour Cris et chuchotements, reproche à l'institution son soutien à Ingmar Bergman, réalisateur reconnu.

Fanny et Alexandre est la plus ambitieuse et la plus coĂ»teuse production d'Ingmar Bergman. Le budget approche des six millions de dollars, le film comprend une soixantaine de comĂ©diens et un millier de figurants[81]. Le cinĂ©aste se tourne d'abord vers le Britannique Sir Lew Grade qui a coproduit Sonate d'automne mais celui-ci se retire quand il apprend que le film pourrait durer plus de deux heures et quart[82]. C'est Jörn Donner, directeur de l'Institut suĂ©dois du film, qui propose de prendre en charge la production Ă  la condition que le film soit tournĂ© en SuĂšde, ce que l'auteur accepte. La production suggĂšre deux versions, l'une cinĂ©matographique de trois heures, et une autre, la plus exhaustive, pour la tĂ©lĂ©vision, de cinq heures. Le cinĂ©aste ne reconnaĂźt vĂ©ritablement que cette derniĂšre version et demeure contrariĂ© par la version sortie en salle[83]. Le film est toutefois plĂ©biscitĂ© et saluĂ© comme un chef-d'Ɠuvre[84].

Fanny et Alexandre est dĂšs le dĂ©part envisagĂ© comme une somme de l'Ɠuvre d'Ingmar Bergman et l'aboutissement de sa carriĂšre[82]. Il est aussi une rupture car l'auteur aborde l'enfance, un thĂšme inĂ©dit dans sa longue filmographie. L'angle choisi est le regard de son jeune hĂ©ros, Alexandre, et de sa sƓur cadette, Fanny, qui vivent et subissent le remariage de leur mĂšre avec un prĂ©dicateur tyrannique. Les aspects initiatique et picaresque du film comme le dĂ©nouement fĂ©Ă©rique de l'intrigue participent Ă  sa singularitĂ© dans la carriĂšre du cinĂ©aste mais aussi de son caractĂšre testamentaire. L'issue est en dĂ©finitive la sublimation des tourments au travers de l'imaginaire de l'enfant, soit de la crĂ©ation[85].

Ingmar Bergman prend sa décision de se retirer du cinéma au cours du tournage[86]. La retraite annoncée reste pourtant active. La suite de sa carriÚre depuis lors se concentre, certes à un rythme moins soutenu qu'auparavant, au théùtre et à la réalisation de téléfilms.

Épilogue

Liv Ullmann en 2000, au festival de Cannes. Elle présente en compétition le film qu'elle a dirigé, InfidÚle, tiré d'un scénario d'Ingmar Bergman.

Une partie des tĂ©lĂ©films font l'objet de sortie en salle, mais contre la volontĂ© du rĂ©alisateur, pour qui ces Ɠuvres audiovisuelles sont uniquement destinĂ©es au petit Ă©cran[87]. C'est le cas notamment d'AprĂšs la rĂ©pĂ©tition (Efter repetitionen, 1984) que d'aucuns ont considĂ©rĂ© comme un post-scriptum Ă  Fanny et Alexandre mais qui, selon le rĂ©alisateur, ne se situe pas dans la continuitĂ© de son Ɠuvre cinĂ©matographique[88]. Il s'agit d'un hommage Ă  l'actrice suĂ©doise Gertrud Fridh rĂ©unissant Erland Josephson, Ingrid Thulin et Lena Olin – fille du comĂ©dien Stig Olin qui a jouĂ© dans plusieurs des premiers films du cinĂ©aste. À l'origine, Ingmar Bergman imagine une correspondance entre une comĂ©dienne et son metteur en scĂšne. Il reprend le script pour en faire un dialogue et Ă©voquer son travail de metteur en scĂšne. La production peine car, selon le cinĂ©aste, Ingrid Thulin s'identifie trop au rĂŽle[89] et Erland Josephson, dĂ©bordĂ©, a du mal Ă  retenir ses textes[90] ; il coupe prĂšs de vingt minutes de sĂ©quences au montage.

Afin cette fois de dĂ©jouer une sortie cinĂ©matographique, il tourne Les Deux Bienheureux (De TvĂ„ saliga, 1986) en vidĂ©o. L'Ɠuvre obtient d'ailleurs un prix dans la catĂ©gorie tĂ©lĂ©vision Ă  la Mostra de Venise. Il supervise aussi plusieurs captations tĂ©lĂ©visuelles de ses propres mises en scĂšne telles La Marquise de Sade (Markisinnan de Sade, 1992), Les Bacchantes (Backanterna, 1993), Sista skriket (1995), Bildmakarna (2000) ainsi qu'une mise en scĂšne d'Alf Sjöberg, L'École des femmes (Hustruskolan, 1983), en son hommage, aprĂšs le tragique accident de la route qui l'a emportĂ©. En 1997, il Ă©crit et rĂ©alise un nouveau tĂ©lĂ©film, En prĂ©sence d'un clown (Larmar och gör sig till), qui ne connaĂźt pas de sortie cinĂ©matographique, sinon des projections ponctuelles, notamment dans la sĂ©lection Un certain regard au festival de Cannes.

S'il ne revient pas Ă  proprement parler Ă  la rĂ©alisation cinĂ©matographique, Ingmar Bergman s'autorise l'Ă©criture de plusieurs scĂ©narios. Ainsi en est-il des Meilleures Intentions (Den Goda viljan, 1992), adaptĂ© avec succĂšs par le rĂ©alisateur danois Bille August – Ă©galement publiĂ© sous forme de roman. Le film raconte un Ă©pisode de la vie des parents Bergman ; il obtient la Palme d'or au festival de Cannes 1992. La mĂȘme annĂ©e, il Ă©crit un scĂ©nario pour son fils Daniel Bergman, Les Enfants du dimanche (Söndagsbarn), puis deux autres pour Liv Ullmann, Entretiens privĂ©s (Enskilda samtal, 1996) et InfidĂšle (Trolösa, 2000).

Le cinĂ©aste s'attache trĂšs nettement Ă  distinguer son Ɠuvre cinĂ©matographique qu'il estime achevĂ©e avec Fanny et Alexandre, de son Ɠuvre tĂ©lĂ©visuelle qui perdure. Reste que cette derniĂšre emprunte les mĂȘmes thĂšmes et questionnements et, Ă  cet Ă©gard, il est difficile de s'empĂȘcher de les mettre en perspective. Les tĂ©lĂ©films qu'Ingmar Bergman rĂ©alise, Ă©voquent par exemple, comme d'autres films, le processus crĂ©atif et s'inspirent de sa propre histoire. Si l'on exclut l'idĂ©e d'une continuitĂ©, ils peuvent sans doute ĂȘtre vus comme une forme de rĂ©sonance des thĂšmes et intrigues de ses films, comme une rĂ©flexion sur son Ɠuvre cinĂ©matographique. Ainsi, En prĂ©sence d'un clown pousserait plus loin – et jusqu'au grotesque – la reprĂ©sentation de la mort. Sarabande (Saraband), dernier film d'Ingmar Bergman, peut aussi, dans cette idĂ©e, ĂȘtre prĂ©sentĂ© comme un dĂ©veloppement de ScĂšnes de la vie conjugale. Il se prĂ©sente mĂȘme comme une suite de ce dernier : les personnages se retrouvent trente annĂ©es aprĂšs s'ĂȘtre sĂ©parĂ©s[91]. Ce dernier opus, tournĂ© en numĂ©rique haute dĂ©finition, sort en 2003.

Depuis 1995, l'annĂ©e oĂč sa femme Ingrid dĂ©cĂšde d'un cancer de l'estomac, le cinĂ©aste estime avoir perdu le goĂ»t de la vie. Il en fait l'aveu en 2000, lors d'un entretien tĂ©lĂ©visĂ© en compagnie d'Erland Josephson : « Continuer Ă  vivre me laisse indiffĂ©rent. Je tente de maintenir ma vie en ordre, de respecter un schĂ©ma. Je me lĂšve Ă  six heures, je travaille mĂ©thodiquement le matin. Ensuite il y a le thĂ©Ăątre. Mais le fait mĂȘme de vivre est lourd[92] - [93]. » AprĂšs la sortie de Sarabande, Ingmar Bergman cesse toute activitĂ© artistique.

SĂ©pulture d'Ingmar Bergman et de sa derniĂšre Ă©pouse.

Il meurt le Ă  l’ñge de 89 ans dans sa maison Ă  l’üle de FĂ„rö[94], le mĂȘme jour que Michelangelo Antonioni. La nouvelle de sa mort est rapportĂ©e par la presse du monde entier, unanime sur la disparition d'« un maĂźtre du cinĂ©ma »[95]. Une cĂ©rĂ©monie intime a lieu Ă  l'Ă©glise de FĂ„rö et il est enterrĂ© au cimetiĂšre de l'Ă©glise.

Famille

Ingmar Bergman a été marié cinq fois et a eu neuf enfants[96] :

  1. De 1943 à 1946 avec la danseuse et chorégraphe suédoise Else Fisher ( - ), avec qui il a eu une fille[96] - [97] - [98], l'actrice Lena Bergman, née le ;
  2. De 1947 Ă  1952 avec l'actrice, chorĂ©graphe et metteur en scĂšne de thĂ©Ăątre suĂ©doise Ellen Hollender (ou Ellen Lundstrom — - ) dont il a eu quatre enfants[96] - [97] : Eva Bergman, rĂ©alisatrice nĂ©e le , mariĂ©e Ă  l'Ă©crivain Henning Mankell, Jan Bergman, rĂ©alisateur et metteur en scĂšne de thĂ©Ăątre (1946–2000), Anna Bergman, actrice, et son frĂšre jumeau Mats Bergman, acteur, nĂ©s le ;
  3. De 1952 à 1959 avec la traductrice et docteure en philosophie Gunvor Hagberg (1916-1971), avec qui il a eu un fils[96] - [98] - [99], le capitaine d'aviation Ingmar Bergman né en 1951 ;
  4. De 1959 à 1969 avec la pianiste estonienne Kabi Laretei ( - 31 octobre 2014), avec qui il a eu un fils[96] - [97] - [98], Daniel Bergman réalisateur né le ;
  5. À partir de 1971 avec la rĂ©alisatrice suĂ©doise Ingrid von Rosen (nĂ©e Ingrid Karlebo — - )[96] - [98] de qui, il avait prĂ©cĂ©demment eu (en 1959) une fille, l'Ă©crivaine Maria von Rosen[100].

Ingmar Bergman est aussi le pÚre de Linn Ullmann, romanciÚre et critique norvégienne, née le de sa relation avec l'actrice Liv Ullmann[96].

Filmographie

Cinéma

Télévision

Cinéma

Télévision

Producteur

Théùtre

PiÚces jouées au Théùtre dramatique royal de Stockholm (Kungliga Dramatiska Teatern en suédois, abrégé Dramaten) comme metteur en scÚne, sauf mention contraire :

Distinctions

Oscar du cinéma
BAFTA Awards
Berlinale
Bodil Awards
Festival de Cannes
César du cinéma
Festival David di Donatello
  • 1974 : David du meilleur rĂ©alisateur pour Cris et Chuchotements (Viskningar och rop)
  • 1984 : David du meilleur rĂ©alisateur, du meilleur scĂ©nario, et du meilleur film Ă©tranger pour Fanny et Alexandre (Fanny och Alexander)
  • 1986 : Luchino Visconti Award
Mostra de Venise
New York Film Critics Circle Awards
National Society of Film Critics Awards
Italian National Syndicate of Film Journalists
Golden Globe Award

Notes et références

  1. Prononciation en suédois de SuÚde retranscrite selon la norme API.
  2. Bergman 2001, p. 12-13.
  3. Bergman 2001, p. 18-21.
  4. Bergman 1992, p. 39-41.
  5. Bergman 1992, p. 39-43.
  6. Marion 1979, p. 57.
  7. Marion 1979, p. 103.
  8. Alain Bergala, « Harriet Anderson regarde dans l'objectif de Bergman : 28 aoĂ»t 1952 », Cahiers du cinĂ©ma « 100 journĂ©es qui ont fait le cinĂ©ma », no Hors-SĂ©rie 19,‎ , p. 70.
  9. (fr) « Ingmar Bergman parle de Strindberg », sur Les salles obscures, (consulté le ).
  10. Bergman 2001, p. 163-169.
  11. Mandelbaum 2008, p. 54.
  12. Assayas et Björkman 2006, p. 16.
  13. Assayas et Björkman 2006, p. 25-28.
  14. Marcel Martin, Histoire du cinéma en 120 films, Cinéma 62, no 66, p. 108.
  15. Georges Sadoul, Histoire du cinéma, J'ai lu, , p. 371.
  16. François Truffaut, « L'Ɠuvre d'Ingmar Bergman », dans François Truffaut, Les films de ma vie, Flammarion, coll. « Champs », , p. 264.
  17. Bergman 2001, p. 179-180.
  18. Assayas et Björkman 2006, p. 45-46.
  19. Roger Boussinot, L’EncyclopĂ©die du cinĂ©ma, Bordas, , p. 184.
  20. Assayas et Björkman 2006, p. 58
  21. Boussinot 1989, p. 183-184.
  22. Raymond LefÚvre, « Ingmar Bergman, La Nuit des forains », dans collectif, Regards neufs sur le cinéma, Le Seuil, coll. « Peuple et Culture », , p. 199.
  23. Truffaut 1975, p. 265.
  24. Max Favalelli, Le silence de la honte, Paris-presse, avril-mai 1956, in Cahiers du cinéma, Histoires de Cannes, numéro spécial, avril 1997, p. 46-47.
  25. dans lequel il fait jouer l’un des pionniers du cinĂ©ma suĂ©dois, Victor Sjöström – qui jouait dĂ©jĂ  dans Vers la joie.
  26. Stig Björkman, Torsten Manns et Jonas Sima, La Mort Ă  chaque aube, entretien avec Ingmar Bergman sur l’Heure du loup, trad. Kerstin L. Bitsch, Cahiers du cinĂ©ma, aoĂ»t 1968, no 203, p. 55-56.
  27. Jean Béranger, Rencontre avec Ingmar Bergman, Cahiers du Cinéma, octobre 1958, no 88, p. 18-20.
  28. Truffaut 1975, p. 263-268.
  29. Jean-Luc Godard, Bergmanorama in Ingmar Bergman, le cinéma, le théùtre, le livre, Gremese, 1999, p. 58-64.
  30. À propos de La Source : Jean Domarchi, Cannes 1960, Cahiers du cinĂ©ma, juin 1960, no 108, p. 42, et Louis Marcorelles, Au pied du mur, Cahiers du cinĂ©ma, fĂ©vrier 1961, no 116 p. 51-53 ; Ă  propos de l’ƒil du diable : Pierre Billard, L’ƒil du diable, CinĂ©ma 62, fĂ©vrier 1962, no 63, p. 102-103.
  31. Jacques Doniol-Valcroze, Ouvert sur ces oiseaux uniques, Cahiers du cinéma, novembre 1962, no 137, p. 48-50.
  32. Jean Béranger, Ouverture pour le cinéma de chambre, Cinéma 62, no 69, septembre-octobre 1962, p. 41-45
  33. Gilbert Salachas, À travers le miroir, TĂ©lĂ©cinĂ©, octobre-novembre 1962, no 107.
  34. Jacques Doniol-Valcroze, Ouvert sur ces oiseaux uniques, op. cit., p. 48.
  35. Jean Béranger, Ouverture pour le cinéma de chambre, op. cit.
  36. Assayas et Björkman 2006, p. 90-92
  37. Patrick Bureau, Il fait froid sur Mars, Les Communiants, Cinéma 65, no 97, p. 114.
  38. Des ciseaux en acier suédois, Cinéma 64, no 82, p. 25.
  39. Un éloquent silence, Cinéma 63, no 81, p. 17.
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  41. Bergman 2001, p. 257
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  61. Une lettre de Bergman, traduction par Michel Petit, Cinéma 72, no 171, p. 25. Cette correspondance a été initialement publiée dans la revue cinématographique suédoise Chaplin.
  62. Liv Ullmann, « Travailler avec Bergman, extraits d’un sĂ©minaire avec Liv Ullmann », dans Roger W. Oliver, Ingmar Bergman, le cinĂ©ma, le thĂ©Ăątre, les livres, Gremese, , p. 72.
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  64. (en) http://www.ingmarbergman.se/page.asp?guid=62F04380-F5E6-42B6-87F3-0A807B627DAE (lien consulté le 11 août 2008).
  65. Bergman 2001, p. 302-304.
  66. Mireille Amiel, « Au seuil de la vie », CinĂ©ma 73, no 181,‎ , p. 35-38.
  67. Jean-Loup Passek, « Une sonate en rouge majeur
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  69. Mandelbaum 2008, p. 60-61.
  70. Boussinot 1989, p. 185.
  71. Bergman 2001, p. 302.
  72. Mandelbaum 2008, p. 66-67.
  73. Bergman 2001, p. 305.
  74. Bergman 2001, p. 306-307.
  75. ContrÎle fiscal, arrestation d'Ingmar Bergman, tourmente médiatique... tous ces événements sont détaillés dans son autobiographie : Bergman 2001, p. 115-145.
  76. Bergman 2001, p. 330-332.
  77. Bergman 2001, p. 331.
  78. (en) http://www.ingmarbergman.se/page.asp?guid=B5C0CE4D-43BF-40CA-AD58-156FE5953ECF (lien consulté le 4 octobre 2009).
  79. Bergman 2001, p. 347 Ingmar Bergman réaffirme son attachement à De la vie des marionnettes et la déception qui a accompagné sa sortie.
  80. Assayas et Björkman 2006, p. 70-71 Olivier Assayas conteste le mauvais accueil critique et fait référence aux Cahiers du cinéma publiés lors de sa sortie.
  81. Mandelbaum 2008, p. 67
  82. (en)http://www.ingmarbergman.se/page.asp?guid=08827D15-4302-4A26-B479-F3933246C4FB (lien consulté le 5 octobre 2009).
  83. Assayas et Björkman 2006, p. 100-102
  84. Pascal Bonitzer, Portrait de l'artiste en jeune mythomane, Cahiers du cinéma, avril 1983, no 346, p. 4-7.
  85. Pascal Bonitzer, Portrait de l'artiste en jeune mythomane, op. cit., p. 4-7.
  86. Bergman 2001, p. 86
  87. Assayas et Björkman 2006, p. 37
  88. Assayas et Björkman 2006, p. 38.
  89. Assayas et Björkman 2006, p. 36.
  90. (en) http://www.ingmarbergman.se/page.asp?guid=C815D395-A879-4B58-B8EB-A14050B2834D (lien consulté le 5 octobre 2009).
  91. Mandelbaum 2008, p. 78 : Le « laboratoire audiovisuel ».
  92. Olivier Truc, « Le suicide sĂ©duit Bergman », LibĂ©ration,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  93. Antoine Jacob, « Ingmar Bergman : « Continuer Ă  vivre m'est complĂštement indiffĂ©rent » », Le Monde,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  94. « Le maßtre du cinéma suédois Ingmar Bergman est mort », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  95. http://bergmanorama.webs.com/newsarchive_2007.htm (lien consulté le 7 octobre 2009) : une liste de liens vers les articles de presse en ligne de plusieurs journaux à travers le monde, qui relatent son décÚs.
  96. Cf. IMDb
  97. Nationalencyklopedin suédoise.
  98. Sveriges dödbok ( (ISBN 91-87676-48-6)).
  99. Archives municipales de Stockholm
  100. Article sur Hd.se sur le livre Tre dagböcker écrit conjointement par I. Bergman et Maria von Rosen.

Annexes

Écrits de Bergman

  • Ingmar Bergman, Laterna magica, Gallimard, coll. « Folio », (1re Ă©d. 1987), 380 p. (ISBN 978-2-07-038338-2)
  • Ingmar Bergman, Images, Paris, Gallimard, , 407 p. (ISBN 978-2-07-072468-0)
  • Ingmar Bergman Les meilleures intentions, Gallimard, Paris, 1992

Scénarios

  • Ingmar Bergman, ƒuvres (premier volume), trad. et adapt. du suĂ©dois par C. G. Bjurström et Maurice Pons (avec une introduction d'Ingmar Bergman), Ă©ditĂ© par Robert Laffont, 453 pages, 1962 ; ouvrage regroupant les scĂ©narios de Sommarlek, La Nuit des forains, Sourires d'une nuit d'Ă©tĂ©, Le SeptiĂšme Sceau, Les Fraises sauvages et Le Visage
  • Ingmar Bergman, Une trilogie, trad. et adapt. J. Robnard, Ă©ditĂ© par Robert Laffont, 271 pages, 1964 ; ouvrage regroupant les scĂ©narios de À travers le miroir, Les Communiants et Le Silence
  • Ingmar Bergman, L'ƒuf du serpent, trad. par C. G. Bjurström et Lucie Albertini, Ă©ditĂ© par Gallimard, 1978
  • Ingmar Bergman, Cris et Chuchotements, trad. par C. G. Bjurström et Lucie Albertini, Ă©ditĂ© par Gallimard, 1979 (contient aussi Persona et Le Lien)
  • Ingmar Bergman, Les Meilleurs Intentions (ISBN 2070389502), Ă©ditĂ© par Gallimard, 496 pages, 1994
  • Ingmar Bergman, Fanny et Alexandre (ISBN 2070405648), Ă©ditĂ© par Gallimard, 274 pages, 1998

Sur Ingmar Bergman

  • Olivier Assayas et Stig Björkman, Conversation avec Bergman, Cahiers du cinĂ©ma, coll. « Petite bibliothĂšque des Cahiers du cinĂ©ma », (1re Ă©d. 1990), 124 p..
  • Jacques Aumont, Ingmar Bergman : Mes films sont l'explication de mes images, Cahiers du cinĂ©ma, coll. « Auteurs », .
  • N. T. Binh, Ingmar Bergman, le magicien du Nord, Paris, Gallimard, coll. « DĂ©couvertes », .
  • Francis Guyon et Jean BĂ©ranger, Ingmar Bergman, Lyon, Premier Plan, .
  • Anatoly Livry, Ingmar Bergman et le national-socialisme hitlĂ©rien, Paris, Alba Leone, (ISBN 978-973-0-32992-6).
  • Jacques Mandelbaum, Ingmar Bergman, Paris, Cahiers du cinĂ©ma et Le Monde, coll. « Grands cinĂ©astes », , 95 p. (ISBN 978-2-86642-495-4).
  • RaphaĂ«l Yung Mariano, ScĂšnes de la vie familiale : Ingmar Bergman, Paris, L'Harmattan, .
  • Denis Marion, Ingmar Bergman, Gallimard, coll. « IdĂ©es », .
  • Joseph Marty, Ingmar Bergman, Une poĂ©tique du dĂ©sir, Ă©ditions du Cerf, .
  • Jean Narboni, En prĂ©sence d'un clown, de Ingmar Bergman, Bruxelles, Yellow Now, .

Liens externes


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