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Georg BĂĽchner

Georg Büchner (Goddelau, – Zurich, [1]) est un écrivain, dramaturge, révolutionnaire, médecin et scientifique allemand. Malgré la taille modeste de son œuvre — essentiellement trois pièces de théâtre, une nouvelle et un tract —, il est devenu tardivement l'une des figures marquantes de la littérature allemande du XIXe siècle[2], surtout grâce à ses drames La Mort de Danton et Woyzeck.

Georg BĂĽchner
Description de l'image Georg BĂĽchner.png.
Nom de naissance Karl Georg BĂĽchner
Naissance
à Goddelau, Grand-duché de Hesse
Décès
Ă  Zurich, Suisse
Activité principale
Écrivain et scientifique
Auteur
Langue d’écriture Allemand
Genres
Théâtre, nouvelle, pamphlet

Ĺ’uvres principales

Biographie

Famille et enfance

Maison des BĂĽchner Ă  Goddelau.

Karl Georg Büchner naît un dimanche matin, à Goddelau, village d'environ 550 habitants à proximité de Darmstadt[3], fils aîné de Louise Caroline Reuss (1791-1858) et d'Ernst Büchner (1786-1861), ancien médecin militaire dans l'armée napoléonienne, médecin à Goddelau puis chimiste industriel renommé, inventeur d'outils scientifiques comme l'entonnoir Büchner. Ceux-ci élèvent et éduquent leurs six enfants dans un monde de sciences, de culture et d'art : Georg Büchner (1813-1837) ; Mathilde Büchner (1815-1888) ; Wilhelm Ludwig Büchner (1817-1892), homme politique ; Luise Büchner (1821-1877), écrivain et féministe ; Ludwig Büchner (1824-1899), médecin dont les travaux philosophiques marqueront l'histoire du matérialisme du XIXe siècle ; et Alexander Büchner (1827-1904), écrivain et professeur de littérature.

Georg grandit dans l'État du grand-duché de Hesse-Darmstadt, dans le sud-ouest de l'Allemagne où les révolutions de 1789 et surtout de juillet 1830 trouvent beaucoup d'écho.

En 1816, la famille s'installe à Darmstadt où le père vient d'être nommé médecin d'arrondissement. À partir de 1821, sa mère se charge de l'instruction de Georg : elle lui enseigne la lecture, les lettres, le calcul, l'initie aux grands textes religieux (la Bible) et à l'histoire des peuples de la Terre. À 10 ans, Georg dévore les ouvrages de Schiller. Il s'intéresse aux sciences, et apprend plusieurs langues (anglais, français, italien).

Études et premiers écrits

Avis de recherche et mise à prix des autorités contre Büchner.

Après des études à l'école privée du Dr Karl Weiterhausen, à Darmstadt, de 1822 à 1825, il passe au gymnasium Ludwig Georg de Darmstadt jusqu'en 1831. En , à la faculté de médecine de l’université de Strasbourg, il entre en contact avec les groupes d'opposition républicains. Admis comme « hôte perpétuel » dans l'association de théologiens Eugenia, il y défend des positions républicaines radicales. Il loge dans la maison du pasteur protestant Johann Jakob Jäglé, dont la fille Wilhelmine deviendra sa fiancée au printemps 1832.

En 1833, Büchner s’installe à Gießen pour terminer ses études à l’université de Gießen. Il participe à l’agitation politique qui a saisi le sud de l’Allemagne après le Hambacher Fest, manifestation du pour l’unité nationale s’opposant aux régimes despotiques dans la plupart des 39 États germaniques.

En , il rencontre le pasteur Weidig, figure de proue de l'opposition en Hesse.

En mars de la même année, Büchner, défendant des idées socialistes, influencé par Auguste Blanqui et Saint-Simon, co-fonde une association secrète révolutionnaire : la Société des droits de l'Homme (Gesellschaft für Menschenrechte). Il retourne en avril chez ses parents à Darmstadt, où il fonde une deuxième section de la Société des droits de l'Homme, puis reprend ses études à Gießen.

Avec Weidig, il entreprend en juillet, la rédaction d'un tract révolutionnaire, Le Messager hessois (Der Hessische Landbote), destiné à susciter le soulèvement des populations paysannes, avec le mot d’ordre : « Friede den Hütten, Krieg den Palästen ! » (« Paix aux chaumières, guerre aux palais[4] ! ») possiblement emprunté à Chamfort[5]. Il affirme dans sa correspondance avec Karl Gutzkow que :

« le rapport entre pauvres et riches est le seul élément révolutionnaire au monde[6]. »

À partir d', Büchner travaille à La Mort de Danton. Il écrit de nombreux articles polémiques et satiriques, publiés dans Le Messager hessois, qui lui vaudront les foudres des autorités et de la censure. Le pasteur Weidig est arrêté, torturé et meurt emprisonné ; le même sort attend Büchner.

Exil et décès

En 1835, mis sous mandat d'arrêt pour trahison, Büchner s'enfuit pour se soustraire à la justice. Il trouve refuge à Strasbourg, où il se fait inscrire auprès des autorités sous le nom de Jacques Lutzius. Il fréquente notamment l'église Saint-Guillaume, l'église des bateliers réputée pour son accueil inconditionnel et se lie d’amitié lors de ses études à la faculté de médecine avec des anarchistes. Contraint de se tenir tranquille — la police le soupçonne d'activités subversives —, il compose en moins de deux mois un drame d'une nervosité elliptique dont la trace semblait perdue depuis les Élisabéthains, La Mort de Danton (Dantons Tod). Il traduit également deux pièces de Victor Hugo, Lucrèce Borgia et Marie Tudor.

L'histoire de Jakob Lenz, grand dramaturge et disciple du philosophe Emmanuel Kant, ami de jeunesse de Goethe, l'inspire pour sa nouvelle Lenz : poète à l'âme malade et suicidaire, Lenz, espérant de l'aide pour remédier à ses troubles psychiques, avait reçu les soins du pasteur Jean-Frédéric Oberlin. Büchner écrit en s'inspirant du journal tenu par le pasteur qui recueillit Lenz chez lui durant l'hiver 1778.

Dans le même temps, il poursuit ses recherches scientifiques, s'orientant vers la biologie. Membre correspondant de la Société d'histoire naturelle de Strasbourg, en 1836, il obtient, avec son mémoire « Le système nerveux du barbeau (Cyprinus barbus L.) », un doctorat de l'université de Zurich. Il entreprend la rédaction d'une première version de Léonce et Léna.

La tombe de Georg BĂĽchner Ă  ZĂĽrich.

Fin 1836, il déménage à Zurich où on lui propose un poste de professeur adjoint à la faculté de médecine. Également privat-docent d'histoire naturelle à l'université, il se consacre à ses travaux scientifiques et littéraires. Il est, de plus, en contact avec d'autres réfugiés politiques.

Il travaille sur Woyzeck, inspiré par la véritable histoire d'un simple soldat du même nom qui avait assassiné sa maîtresse à Leipzig en 1821. Büchner n'a pas achevé sa pièce : les fragments sont partagés en quatre manuscrits et la façon dont il a pensé la fin de son drame nous reste inconnue.

En , il tombe gravement malade du typhus, il revoit sa fiancée Wilhelmine Jäglé une dernière fois le 17 février, et meurt, le 19, à l'âge de 23 ans.

Son frère Ludwig recueille ses écrits et les fait publier avec une introduction et une biographie, en 1850, chez Sauerländer à Francfort.

Ĺ’uvre

Traductions

Notes et références

  1. Hoskyns 2011, p. 319
  2. Büchner, Œuvres complètes, inédits et lettres, « Avant-propos », p. 7
  3. Hauschild, Georg Büchner, « Goddelau et Darmstadt 1813-1831 », pp. 8-9.
  4. Büchner, Œuvres complètes, inédits et lettres, Le Messager hessois, p. 73
  5. Büchner, Œuvres complètes, inédits et lettres, Notes, note 3, p. 575.
  6. Büchner, Œuvres complètes, inédits et lettres, Lettres, lettre 39, p. 536.

Voir aussi

Éditions de Georg Büchner

  • Ĺ’uvres complètes, inĂ©dits et lettres (Ă©d. Bernard Lortholary), Seuil, coll. « Le don des langues », Paris, 1988 (ISBN 9782020100281)
  • Woyzeck, fragments complets, L'Arche, coll. « Scène ouverte », Paris, 1993
  • La Mort de Danton. LĂ©once et LĂ©na. Woyzeck. Lenz (prĂ©sentation et traduction Michel Cadot), GF Flammarion, Paris, 1997 (ISBN 9782080708885)
  • Woyzeck, traduction nouvelle et postface de JĂ©rĂ´me ThĂ©lot, Ă©ditions du geste, 2019

Autres

  • Edmond Dune, « Un poète matĂ©rialiste : Georg BĂĽchner »
    • 1re partie, in Critique, no 73, 1953
    • 2e partie, in Critique, no 74, 1953
  • Jean Duvignaud, BĂĽchner, L'Arche, coll. « Les grands dramaturges », Paris, 1954
  • Armel Guerne, Les Romantiques allemands, PhĂ©bus, coll. « Libretto », 2004 [1963] (ISBN 9782752900258)
    Inclut une traduction de Lenz réalisée par Albert Béguin
  • Jan-Christoph Hauschild (trad. Christian Bounay), Georg BĂĽchner, Jacqueline Chambon, coll. « Monographie » (no 3), Nimes, 1995 [1992] (ISBN 9782877111171)
  • FrĂ©dĂ©ric Metz, Georg BĂĽchner biographie gĂ©nĂ©rale, trois tomes (tome central : Le Scalpel, le Sang ; tome annexe A : La Mort de Weidig ; tome annexe B : Les Noms), Éditions Pontcerq, Rennes, 2012

Articles connexes

Liens externes

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