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Georges Sadoul

Georges Sadoul, né le à Nancy (Meurthe-et-Moselle) et mort le à Paris, est un critique et historien français du cinéma. Il est notamment l'auteur d'une importante Histoire générale du cinéma (6 volumes).

Georges Sadoul
Portrait de Georges Sadoul.
Biographie
Naissance
Décès
SĂ©pulture
Cimetière de Droue-sur-Drouette (d)
Nationalité
Formation
Activités
Père
Conjoint
Ruta Sadoul (d)

Biographie

Georges Sadoul est le fils de Charles Sadoul, écrivain et conservateur du Musée lorrain depuis 1910.

À 19 ans, étudiant à Nancy, il collabore à L'Est républicain et fonde le Comité Nancy-Paris. L'objectif de ce comité est de permettre à la population nancéienne de rencontrer les productions et les artistes parisiens. Il y fait venir notamment Jean Epstein, Henry Prunières, André Lurçat, Jacques Rivière, Jacques Copeau ou André Lhote.

Membre du groupe surréalistes, il adhère au Parti communiste en 1927, suivant en cela Louis Aragon mais aussi Pierre Unik. En 1930, six mois après le suicide de Maïakovski, Georges Sadoul est envoyé avec Aragon au Congrès des écrivains révolutionnaires de Kharkov représenter un mouvement surréaliste accusé d'anarchisme par la ligne dure du PCF.

Il est rĂ©dacteur en chef du magazine pour les jeunes, Ă©ditĂ© par le Parti communiste, Mon Camarade[2], crĂ©Ă© en 1933, lorsque LĂ©on Moussinac est chargĂ© de la direction des Éditions sociales internationales. En 1938, il rĂ©dige une brochure intitulĂ©e Ce que lisent vos enfants, publiĂ©e par le Bureau d'Ă©ditions, oĂą il rend compte Ă  la fois de l'histoire de la presse illustrĂ©e pour la jeunesse mais aussi des intĂ©rĂŞts Ă©conomiques qui la rĂ©gissent. Ainsi, il prend Ă  partie la presse destinĂ©e Ă  la jeunesse, de Cino Del Duca notamment (Hurrah !, L'Aventureux), en raison de l'idĂ©ologie coloniale ou sexiste, qu'elle vĂ©hicule. Propos qu'il considère comme fasciste en raison du climat politique qui règne en 1938, ignorant sans doute que Cino Del Duca avait prĂ©cisĂ©ment Ă©tĂ© tracassĂ© par le rĂ©gime de Mussolini. Ce texte est un des premiers Ă  aborder la question du contenu politique des bandes dessinĂ©es. En prenant exemple sur d'autres titres, dont la Gerbe de CĂ©lestin Freinet ou Mon Camarade, qu'il dirige, il entreprend Ă©galement la description de que doit ĂŞtre Ă  son avis un journal pour la jeunesse : vĂ©hiculant un contenu « noble et gĂ©nĂ©reux Â», et adaptant de grandes Ĺ“uvres de la littĂ©rature[3].

Il est responsable de la rubrique cinématographique de la revue Regards, à partir de 1936. Il publie régulièrement jusqu'à la guerre des articles dans L'Humanité et les Cahiers du bolchévisme[4].

Dans son Journal de guerre, il raconte longuement sa drôle de guerre et la débâcle de 1940.

Sadoul est également résistant, aux côtés de Louis Aragon, et responsable du Front national des intellectuels pour la zone sud de 1941 à 1944. Il collabore aux Lettres françaises clandestines et aux Étoiles.

Sadoul, Dieterle, Fourré-Cormeray, Grémillon en 1947.

Son Histoire générale du cinéma, publiée à partir de 1946 (elle comptera six volumes) et écrite en réaction à l'Histoire du cinéma, jugée partisane, de Maurice Bardèche et Robert Brasillach, constitue un document essentiel sur l'histoire du cinéma mondial,. Le cinéma mondial y est considéré à la fois comme un art et comme une industrie. Pour réaliser avec méthode cette histoire générale, il conceptualise les œuvres, travaille sur les archives et l'écriture. Il recoupe les sources : documents et témoignages, ce qui nuance l'appréciation de l'œuvre. Travail historiographique pionnier, effectué alors que les films ne sont visibles qu'à leur sortie en salle, qui comporte nécessairement des erreurs factuelles, comme le remarqueront certains. Toutefois l'appréciation sur cette œuvre en raison des opinions politiques de Sadoul est également idéologique, ce dont témoigne Claude Chabrol : « son Histoire mondiale du cinéma, des origines à nos jours est entachée d'erreurs à chaque page[5]. »

Cet avis tranchĂ© de l'un des Jeunes Turcs du cinĂ©ma fait partie de la lutte des rĂ©dacteurs des Cahiers du cinĂ©ma contre la gĂ©nĂ©ration prĂ©cĂ©dente des rĂ©alisateurs « de papa Â» et des critiques liĂ©s Ă  cette gĂ©nĂ©ration d'auteurs. 719 pages, telle est l'ampleur du travail de Sadoul, au moins 719 erreurs au total, voilĂ  bien une exagĂ©ration de cette Nouvelle vague qui, en dix ans, a tout simplement pris la place des anciens cinĂ©astes et critiques. En revanche, Sadoul avait Ă©tĂ© le seul Ă  reconnaĂ®tre que « les bandes tournĂ©es par Dickson sont Ă  proprement parler les premiers films[6] », ce qu'admettront les Cahiers du cinĂ©ma en 2015. Il fut aussi celui qui, avant mĂŞme leur reconnaissance par la critique britannique, dĂ©clara Ă  propos des rĂ©alisateurs anglais de ce qu'il a baptisĂ© l'École de Brighton : « en 1900, George Albert Smith Ă©tait encore avec James Williamson Ă  l'avant-garde de l'art cinĂ©matographique[7]. » Cette clairvoyance lui avait fait analyser Ă  juste titre l'importance de ces cinĂ©astes qui ne se rattachaient aucunement aux cultures graphiques du passĂ© et qui ont inventĂ© le langage cinĂ©matographique proprement dit, une analyse qui convaincra plus tard d'autres historiens du cinĂ©ma. « Alors que William Kennedy Laurie Dickson, William Heise, Louis Lumière, Alexandre Promio, Alice Guy, Georges MĂ©liès, bref, les inventeurs du cinĂ©ma primitif, ne dĂ©rogent pas Ă  l’habitude, tout Ă  la fois photographique et scĂ©nique, de tourner une seule prise de vue pour filmer une action unique dans un mĂŞme lieu, George Albert Smith, lui, va dĂ©crire une action unique se dĂ©roulant en un mĂŞme lieu, Ă  l’aide de plusieurs prises de vue qui sont reliĂ©es entre elles par la seule logique visuelle. Ce qu’on appellera plus tard le dĂ©coupage, le dĂ©coupage en plans de l’espace Ă  filmer. George Albert Smith a compris que le plan est l’unitĂ© crĂ©atrice du film. Il n’est pas seulement "une image", il est l’outil qui permet de crĂ©er le temps et l’espace imaginaires du rĂ©cit filmique, au moyen de coupures dans l’espace et dans le temps chaque fois que l’on crĂ©e un nouveau plan que l’on ajoute au prĂ©cĂ©dent. Filmer, ce n’est pas seulement enregistrer une action, c’est d’abord choisir la manière de montrer cette action, par des cadrages variĂ©s avec des axes de prise de vue diffĂ©rents[8]. » Claude Chabrol, François Truffaut sont Ă  leur Ă©poque passĂ©s Ă  cĂ´tĂ© de ces vĂ©ritĂ©s. De son cĂ´tĂ©, lorsqu'il analyse le film de George Albert Smith, La Loupe de grand-maman, Sadoul est conscient du miracle qui apparaĂ®t ici : « Cette alternance du gros plan et des plans gĂ©nĂ©raux dans une mĂŞme scène est le principe du dĂ©coupage. Par lĂ , Smith crĂ©e le premier vĂ©ritable montage[9]. »

Georges Sadoul a porté une attention particulière au cinéma des pays en voie de développement. Dans une publication de la Cinémathèque de Lausanne, Du cinématographe au septième Art (1959), il remarque sur les cartes de l'UNESCO la corrélation entre les zones d’illettrisme fort, et celles où le cinéma reste méconnu. En outre, il travaille avec les cinémathèques et les écoles de cinéma du monde entier ; il aide à la création de plusieurs cinémathèques africaines. Il estime que le cinéma est un moyen exceptionnel de communication entre les hommes et entre les peuples.

Responsable de la rubrique cinématographique des Lettres françaises, la revue littéraire dirigée par Claude Morgan et Louis Aragon, il publie des études dans la plupart des revues importantes cinématographiques de son temps : L'Écran français, Les Cahiers du cinéma, Positif, Cinéma, Ciné-Club, etc.

Il fut le premier secrétaire général de la Fédération française des ciné-clubs et de la Fédération internationale des ciné-clubs.

Responsable de l'enseignement de l'histoire du cinéma à l'IDHEC, il a aussi enseigné à l'Institut de filmologie de la Sorbonne.

Le prix Georges Sadoul (devenu en 1993 le prix Georges et Ruta Sadoul) a été créé en afin de distinguer deux premiers ou seconds longs-métrages, français et étranger. D'origine polonaise, Ruta Assia (1904-1993), épouse et collaboratrice de Georges Sadoul, avait continué son action, notamment au sein de la Cinémathèque française. De son premier mari, Jean Baby, elle avait eu une fille, Yvonne Baby, journaliste et critique.

La médiathèque de Saint-Dié-des-Vosges conserve l'ensemble des bibliothèques personnelles de Charles et Georges Sadoul[10].

Ouvrages

  • Les Religions et le chĂ´mage : la Croisade de la charitĂ©, Bureau d'Ă©ditions, 1932
  • Ce que lisent vos enfants : la Presse enfantine en France, son histoire, son Ă©volution, son influence, Bureau d'Ă©ditions, 1938
  • Les Aventures de Pierrot Lancry, Paris, Éditions sociales internationales, 1938
  • Mystère et Puissance de l'atome, Hier et Aujourd'hui, 1947
  • Le CinĂ©ma, son art, sa technique, son Ă©conomie, La Bibliothèque Française, 1948
  • Histoire d'un art : le cinĂ©ma, Paris, Flammarion, 1949
  • Histoire du cinĂ©ma mondial, des origines Ă  nos jours, Flammarion, 1949 ; 9e Ă©dition revue et augmentĂ©e 1990
  • Vie de Charlot, Les Éditeurs français rĂ©unis, 1952
  • Panorama du cinĂ©ma hongrois, Paris, Les Éditeurs français rĂ©unis, 1952
  • Histoire gĂ©nĂ©rale du cinĂ©ma. Tome 1. L'invention du cinĂ©ma, DenoĂ«l, 1946-1975
  • Histoire gĂ©nĂ©rale du cinĂ©ma. Tome 2. Les pionniers du cinĂ©ma, DenoĂ«l, 1947-1975
  • Histoire gĂ©nĂ©rale du cinĂ©ma. Tome 3. Le cinĂ©ma devient un art - L'avant-guerre, DenoĂ«l, 1950-1975
  • Histoire gĂ©nĂ©rale du cinĂ©ma. Tome 4. Le cinĂ©ma devient un art - La première guerre mondiale, DenoĂ«l, 1950-1975
  • Histoire gĂ©nĂ©rale du cinĂ©ma. Tome 5. L'Art muet - L'après-guerre en Europe, DenoĂ«l, 1950-1975
  • Histoire gĂ©nĂ©rale du cinĂ©ma. Tome 6. L'Art muet - Hollywood - La fin du muet, DenoĂ«l, 1950-1975
  • Histoire gĂ©nĂ©rale du cinĂ©ma. Tome 6 (selon le plan initial). L'Ă©poque contemporaine (1939-1954) - 1/ Le cinĂ©ma pendant la guerre (1939-1945), DenoĂ«l, 1946, rĂ©Ă©d. 1954
  • Les Merveilles du cinĂ©ma, Les Éditeurs français rĂ©unis, 1957
  • Voici Moscou, photos de Hans Sibbelec, Flammarion, 1959
  • ConquĂŞte du cinĂ©ma, Paris, Geldage, 1960
  • Histoire du cinĂ©ma, Paris, Ditis, 1961
  • Georges MĂ©liès, Seghers, 1961
  • Le CinĂ©ma français 1890-1962, Paris, Flammarion, 1962
  • De l'autre cĂ´tĂ© des camĂ©ras, Paris, Éditions La Farandole, 1962
  • Louis Lumière, Paris, Seghers, coll. « CinĂ©ma d'aujourd'hui », 1964
  • Dictionnaire des films, Seuil, 1965 ; rĂ©Ă©dition 1990
  • Dictionnaire des cinĂ©astes, Seuil, 1965
  • Les CinĂ©mas des pays arabes, recueil prĂ©parĂ© pour l'UNESCO, Centre interarabe du cinĂ©ma et de la tĂ©lĂ©vision, Beyrouth, 1966
  • Aragon, Paris, Seghers, coll. « Poètes d'aujourd'hui », 1967
  • GĂ©rard Philipe, Seghers, 1968
  • Jacques Callot, miroir de son temps, Paris, Gallimard, 1969
  • Dziga Vertov, prĂ©face de Jean Rouch, Champ libre, 1971
  • Journal de guerre, EFR, 1977
  • Chroniques du cinĂ©ma français (1939-1967), UGE, coll. 10/18, 1979
  • Rencontres I. Chroniques et Entretiens de G. Sadoul, DenoĂ«l, 1984
  • Lumière et MĂ©liès, Paris, Lherminier, 1985
  • Jacques Callot (scĂ©nario, Ĺ“uvre posthume rĂ©alisĂ©e par Roger Viry-Babel, France 3, 1992
  • Journal de guerre, -, Paris, L'Harmattan, 1994
  • Portes : un cahier de collage surrĂ©aliste de Georges Sadoul, sous la direction de ClĂ©ment ChĂ©roux et ValĂ©rie Vignaux, Paris, Textuel, 2009, 95 p.

Film

Notes et références

  1. « http://www.cineressources.net/repertoires/archives/fonds.php?id=sadoul »
  2. « Georges Sadoul rédacteur en chef de Mon Camarade », sur Strenae (consulté le )
  3. Jean-Noël Lafargue, Entre la plèbe et l'élite : les ambitions contraires de la bande dessinée, édition Atelier Perrousseaux, 2012, p. 67-71 (ISBN 978-2-911220-42-5)
  4. Nicole Racine, notice « Georges Sadoul », in Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français.
  5. Claude Chabrol et René Marchand, Et pourtant je tourne..., Paris, Robert Laffont, coll. « Un homme et son métier », , 372 p. (ISBN 978-2-221-12444-4)
  6. Georges Sadoul, Histoire du cinéma mondial, des origines à nos jours, Paris, Flammarion, , 719 p., p. 16.
  7. Sadoul 1968, p. 42.
  8. Marie-France Briselance et Jean-Claude Morin, Grammaire du cinéma, Paris, Nouveau Monde, , 588 p. (ISBN 978-2-84736-458-3), p. 66-67.
  9. Sadoul 1968, p. 43.
  10. « Charles et Georges Sadoul », Description du fonds Charles et Georges Sadoul, sur ccfr.bnf.fr (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Alexandre David, Mon Camarade, Ă©d. la MĂ©moire vivante, 1997. PrĂ©face de Roland Leroy. (ISBN 978-2843090011)
  • Laurent Marie, Le cinĂ©ma est Ă  nous. Le PCF et le cinĂ©ma français de la LibĂ©ration Ă  nos jours, Éditions L'Harmattan, 2005 ; sur Georges Sadoul et Albert Cervoni (ISBN 978-2747589086)
  • Theodore Huff, « Sadoul et la recherche en cinĂ©ma », 1895. Mille huit cent quatre-vingt-quinze, no 86,‎ , p. 120-123 (lire en ligne)
  • Les Lettres françaises et Les Etoiles dans la clandestinitĂ©, 1942-1944 / prĂ©sentĂ©es par François Eychart, Georges Aillaud, le Cherche Midi, 2008.
  • Yvonne Baby, Ă€ l'encre bleu nuit, Ă©dtions BakerStreet, Paris, 2014 (ISBN 978-2-917559-42-0). Souvenirs, en particulier, sur son beau-père Georges Sadoul.

Liens externes

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