Ăpisode
Dans une Ćuvre littĂ©raire, un Ă©pisode est une action incidente liĂ©e Ă lâaction principale tout en semblant former un tableau Ă part entiĂšre. On peut ainsi dire par boutade quâun Ă©pisode est Ă la fois une partie et un tout.
GĂ©nĂ©ralement, lâĂ©tendue ou le relief dâun Ă©pisode attire particuliĂšrement lâattention. Le terme peut ĂȘtre employĂ© Ă propos dâun poĂšme ou roman, mais Ă©galement dâun tableau en peinture ou de toute autre composition artistique.
Ă lâorigine en GrĂšce classique lâĂ©pisode dĂ©signe lâĂ©nonciation du sujet, au dĂ©but dâune Ćuvre littĂ©raire. Le terme vient du grec ancien áŒÏΔÎčÏÏÎŽÎčÎżÎœ / epeisÏdion signifiant intervention.
Les épisodes en poésie
Câest par leurs Ă©pisodes que les poĂšmes les plus cĂ©lĂšbres ont obtenu le plus de popularitĂ© jusqu'au XIXe siĂšcle. Beaucoup ne connaissaient alors de lâIliade que les adieux dâAndromaque ou les funĂ©railles de Patrocle, de lâĂnĂ©ide, que le cheval de Troie ou lâamitiĂ© de Nisus et Euryale, des GĂ©orgiques, que le bonheur de la vie champĂȘtre ou la mort dâEurydice, du De natura rerum, que la peste dâAthĂšnes, de la Pharsale, que le passage du Rubicon, de la Divine ComĂ©die de Dante que lâEnfer et de lâEnfer que Francesca da Rimini ou le comte Ugolin, de la JĂ©rusalem dĂ©livrĂ©e, que les jardins dâArmide, de Wilhelm Meister de GĆthe, que les rĂȘveries de Mignon qu'Ambroise Thomas avait mises en musique, etc.
Les épisodes au théùtre
Les Ă©pisodes sont moins Ă leur place au thĂ©Ăątre, Ă cause de lâunitĂ© de lâaction et de la nĂ©cessitĂ© dâavancer rapidement au dĂ©nouement. La comĂ©die de mĆurs comprend nĂ©anmoins des dĂ©tails incidents qui forment des temps dâarrĂȘt, mais qui ont lâavantage de bien marquer les situations et de dessiner les caractĂšres. Telles sont, par exemple, dans Le Misanthrope ou l'Atrabilaire amoureux, les scĂšnes du sonnet et des portraits. On appelle les comĂ©dies qui sont tout en scĂšnes Ă©pisodiques des piĂšces Ă travestissement et Ă tiroir.
Les épisodes dans les séries télévisées
Dans la terminologie des sĂ©ries tĂ©lĂ©visĂ©es, le terme « Ă©pisode » dĂ©signe plus spĂ©cifiquement chacun des segments composant une sĂ©rie, ces segments Ă©tant diffusĂ©s sĂ©parĂ©ment, sur une mĂȘme chaĂźne de tĂ©lĂ©vision, Ă intervalles gĂ©nĂ©ralement rĂ©guliers (un Ă©pisode par jour, un Ă©pisode par semaine, deux Ă©pisodes Ă la suite une fois par semaine, etc.). Pour certaines sĂ©ries comme Navarro ou Julie Lescaut, dont les Ă©pisodes durent une heure et demie, le rythme de diffusion est beaucoup plus alĂ©atoire. Tous les Ă©pisodes dâune sĂ©rie donnĂ©e doivent avoir une durĂ©e Ă©quivalente (moins dâune demi-heure pour les sitcoms, 43 minutes pour X-Files, 48 minutes pour Le Prisonnier, 70 Ă 95 minutes pour Columbo...).
L'Ă©pisode d'une sĂ©rie (ou feuilleton) doit ĂȘtre distinguĂ© du tĂ©lĂ©film : le tĂ©lĂ©film forme une entitĂ© indĂ©pendante, tandis que les diffĂ©rents Ă©pisodes d'une sĂ©rie ont en commun des personnages rĂ©currents ou, du moins, sont rĂ©unis par une thĂ©matique globale, comme c'est le cas dans les sĂ©ries qualifiĂ©es d'« anthologies » (par exemple Black Mirror).
Dans le cas des feuilletons (BelphĂ©gor ou le FantĂŽme du Louvre, Dallas, Desperate Housewives...), le tĂ©lĂ©spectateur doit thĂ©oriquement voir les Ă©pisodes dans lâordre chronologique pour en comprendre lâintrigue, lâĂ©pisode Ă©tant ici une partie dâune longue histoire. Dans les sĂ©ries au sens strict (Columbo, Chapeau melon et bottes de cuir, Mission impossible...), une telle assiduitĂ© nâest pas indispensable, car lâĂ©pisode raconte Ă lui seul une histoire complĂšte et se rattache aux autres Ă©pisodes essentiellement par des personnages ou des thĂšmes rĂ©currents.
Source
- Gustave Vapereau, Dictionnaire universel des littératures, Paris, Hachette, 1876, p. 713