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Enfer (Divine Comédie)

L’Enfer est la première partie (cantica) de la Divine Comédie de Dante Alighieri. Les parties suivantes sont le Purgatoire et le Paradis (Inferno, Purgatorio, Paradiso).

Structure

L’Enfer est la première des trois parties (cantica) qui composent la Divine Comédie[1]. Chacune des parties de l'œuvre correspond à l'un des trois règnes de l'au-delà et est formée de trente-trois chants, à l'exception de l’Enfer qui comporte un chant préliminaire ; chaque chant est à son tour subdivisé en tercets dont les rimes sont enchaînées (ABA BCB CDC…).

Selon la conception géographique dantesque, le monde est divisé en deux hémisphères distincts : l'un entièrement formé par les terres émergées et l'autre complètement recouvert par les eaux. Dans le système astronomique ptolémaïque, la Terre se trouve au centre de l'univers et le Soleil et les autres planètes tournent autour d'elle.

Quand, au début des temps, Lucifer se rebella contre Dieu, ce dernier le précipita sur la Terre depuis le Paradis qui se trouve dans le ciel au-delà du système de rotation géocentrique. À l'endroit de sa chute la terre se rétracta de terreur à l'idée du contact avec le démon, créant ainsi l'énorme cavité en entonnoir qui forme l'Enfer. La matière rétractée réémergea dans l'hémisphère couvert par les eaux et forma la montagne du Purgatoire qui se dresse au milieu de l'immense mer de l'hémisphère opposé.

Lucifer est ainsi confiné au centre de la Terre, au point le plus éloigné de Dieu, immergé jusqu'au buste dans le Cocyte, le lac souterrain constamment gelé à cause du vent froid produit par le continuel mouvement de ses six ailes. Du centre de la Terre, à partir des pieds de Lucifer, s'ouvre un long corridor conduisant vers la Montagne du Purgatoire, dans l'autre hémisphère.

La structure de l'Enfer, en forme d'entonnoir qui rejoint le centre de la Terre, est composée de neuf cercles. Dante et Virgile poursuivent leur chemin en parcourant les cercles qui se déroulent en spirale jusqu'au plus profond de la Terre. Au fur et à mesure qu'ils descendent, les cercles se rétrécissent : moindre est en effet le nombre de pécheurs punis dans les cercles les plus éloignés de la superficie. Les cercles les plus vastes sont les plus élevés parce qu'est plus diffus le péché qui y est puni et plus grand le nombre de damnés. Plus l'on descend, plus l'on s'éloigne de Dieu et plus grand est le poids du péché. On retrouve ainsi une conception de l'Église catholique selon laquelle les peines de l'Enfer sont proportionnées aux péchés de chacun.

L'ordonnancement des peines, comme l'indique Virgile dans le chant XI, est réglé par l’Éthique à Nicomaque d'Aristote et s'appuie sur la summa divisio du concept de péché représentée par la raison. Le choix des peines suit la loi du contrapasso (qui frappe les pécheurs par un châtiment attribué en rapport (par analogie ou par contraste) avec le péché commis).

Après l'Ante-Enfer et les limbes, les cercles suivants, du second au cinquième, voient les âmes damnées de ceux qui, au cours de leur vie, ont commis le péché d'incontinence. À savoir que leur raison, leur jugement, a cédé aux instincts primaires et aux pulsions : l'esprit n'a pas su dominer le corps et n'a pas résisté aux tentations. L'incontinence correspond aux sept péchés capitaux, bien que l'orgueil et l'envie ne trouvent pas une position précise et autonome à l'intérieur des cercles.

Séparant le cinquième cercle du sixième, les murs de la ville de Dité (abréviation latine par laquelle était mentionné le dieu des enfers Pluton). Au-delà des murs se trouvent les pécheurs qui ont commis la faute la plus lourde : ceux-ci n'ont pas perdu la raison, ils en ont au contraire usé pour commettre le mal. Leur choix était conscient et malveillant. Leur intellect a été mis au service du mal pour construire sciemment une action coupable.

Lucifer est l'origine de tout mal. Il broie, avec ses trois gueules de ses trois faces, les corps de Judas, Brutus et Cassius. Selon la théorie des « deux soleils » due soli, c'est-à-dire le pape et l'empire, les deux pouvoirs dominants[2], les trois pécheurs représentent les traîtres à l'encontre des fondateurs de ces pouvoirs. Judas a trahi le Christ, fondateur du pouvoir papal. Brutus et Cassius ont trahi Jules César qui, dans la conception dantesque et médiévale, était le fondateur du pouvoir impérial et par extension du pouvoir laïque et politique en général.

Synopsis

Préambule
L'Enfer, 1er Chant, illustré par Gustave Doré (1861)
« Nel mezzo del cammin di nostra vita... »

Ainsi débute la Commedia de Dante :

Nel mezzo del cammin di nostra vita
mi ritrovai per una selva oscura,
ché la diritta via era smarrita.

Au milieu du chemin de notre vie
je me retrouvai dans une forĂŞt obscure,
dont la route droite Ă©tait perdue.

Chant II
Antichambre de l’Enfer

Dante est plongé dans l'incertitude, il ne sait s'il doit continuer son chemin avec Virgile ; ce dernier le rassure en lui disant que c'est Béatrice elle-même qui lui a demandé de venir sortir Dante de son trépas (c.f. 1er Chant). Dante, galvanisé, plonge, avec son guide, aux Enfers.

Chant III
Porte et vestibule de l'Enfer

Au début de ce chant c'est la porte de l'enfer elle-même qui semble prendre la parole et dit (la dernière phrase étant la plus connue) :

Per me si va nella cittĂ  dolente,
per me si va ne l'etterno dolore,
per me si va tra la perduta gente.

Giustizia mosse il mio alto fattore :
fecemi la divina podestate,
la somma sapĂŻenza e 'l primo amore.

Dinanzi a me non fuor cose create
se non etterne, e io etterno duro.
Lasciate ogne speranza, voi ch'intrate.

Par moi on va vers la cité dolente ;
Par moi on va vers l'Ă©ternelle souffrance ;
Par moi on va chez les âmes errantes.

La Justice inspira mon noble créateur.
Je suis l'Ĺ“uvre de la Puissance Divine,
de la Sagesse SuprĂŞme et de l'Amour.

Avant moi, rien ne fut créé
sinon d'Ă©ternel. Et moi, je dure Ă©ternellement.
Vous qui entrez, abandonnez toute espérance.

Virgile doit alors rassurer Dante afin qu'il passe le seuil du premier royaume.

  • Vestibule : les indiffĂ©rents (ou neutres) et les lâches. DamnĂ© : le pape CĂ©lestin V, Ponce Pilate...
  • Peine : tourmentĂ©s par mouches et guĂŞpes, les damnĂ©s foulent un parterre grouillant de vers.
  • L’AchĂ©ron. Gardien : le nocher Charon.
Chant IV
gravure de Gustave Doré
Dante rencontrant les non-baptisés, Chant IV de l'Enfer illustré par Gustave Doré
Haut Enfer
Les incontinents
Chant V
Chant VI
  • 3e cercle : les gourmands. Gardien : Cerbère. DamnĂ© : Ciacco, un concitoyen de Dante, ce dernier lui demande ce qu'il est advenu de Farinat (entre autres), Ciacco lui rĂ©pond qu'il est parmi « les âmes les plus noires de l'enfer » (ainsi que nous le verrons dans le chant X). Peine : Étendus dans une boue putride sous la pluie et le grĂ©sil.
Chant VII
  • 4e cercle : avares et prodigues. Gardien : Ploutos (personnification de la richesse, Ă  ne pas confondre avec Pluton), dieu grec des richesses. Peine : Avares et prodigues poussent de gros rochers en s’injuriant mutuellement. Monologue de Virgile Ă  propos de la divinitĂ© Fortune.
  • 5e cercle, le Styx : les colĂ©reux et les moroses. Peine : ImmergĂ©s dans la vase du fleuve, les âmes se frappent et se mordent fĂ©rocement, tandis que les moroses (ceux qui « allaient gĂ©missant sous le clair soleil ») se morfondent sous la surface.
Chant VIII
peinture de Giovanni Stradano
Iracondi e accidiosi (1587), Giovanni Stradano : Dante et Virgile dans la barque de Phlégyas, Chant VIII de l'Enfer
  • 5e cercle, la tour aux deux fanaux surplombe le fleuve ; aux portes de la citĂ© de DitĂ©, Ă©galement appelĂ© Lucifer, l'ange du mal. Gardiens : du fleuve, le nocher PhlĂ©gyas ; de la citĂ©, une foule de dĂ©mons. Dante y rencontre Filippo Argenti, damnĂ© et ennemi personnel de Dante, qui paraĂ®t-il, l'aurait souffletĂ© en public, il pĂ©rit dĂ©vorĂ© par les âmes en colère et par lui-mĂŞme. Virgile et Dante se retrouvent bloquĂ©s aux portes de la citĂ© de DitĂ©, Virgile tente de trouver un compromis avec les dĂ©mons mais finalement ceux-ci se cloĂ®trent et refusent d'ouvrir la porte.
Chant IX
  • 5e cercle, Les remparts de la citĂ© de DitĂ© ; Ă  l’intĂ©rieur : les sĂ©pulcres enflammĂ©s. Gardiennes : Les trois Furies puis MĂ©duse. Adjuvant : Un messager divin ouvre les portes de la citĂ©.
Bas Enfer
Chant X
Chant XI
  • 7e cercle : les violents et ceux qui ont commis le pĂ©chĂ© de fraude. Tombe du pape Anastase II. On apprend dans ce chant la subdivision de ce cercle en 3 gironi : ceux qui ont Ă©tĂ© violents envers leur prochain, ceux qui furent violents envers eux-mĂŞmes et finalement ceux qui l'ont Ă©tĂ© envers Dieu, les blasphĂ©mateurs, ainsi que ceux qui ont Ă©tĂ© violents contre la nature (les sodomites).
Chant XII
  • 1er 'giron' : Coupables de violences envers leur prochain (homicides, brigands...)
  • Les damnĂ©s sont tourmentĂ©s par les flèches de trois centaures (Pholus, Nessus et Chiron), ils sont bouillis dans un lac de sang en Ă©bullition.
Chant XIII
  • 2e 'giron' : Coupables de violences envers eux-mĂŞmes (suicides, ceux qui ont dilapidĂ© leur fortune...)
  • Gardiens : Les harpies et des chiennes noires. Dante et Virgile arrivent dans une vaste forĂŞt. Sur les conseils de Virgile, Dante arrache un rameau Ă  l'un des arbres, qui se lamente aussitĂ´t : on apprend alors que les damnĂ©s sont Ă©ternellement transformĂ©s en arbres Ă©pineux et noueux. Ceux qui ont rejetĂ© leur corps (i.e. les suicidĂ©s) se prĂ©sentent devant Minos (celui qui juge et attribue les damnĂ©s), il les envoie dans cette forĂŞt au hasard, et d'une pousse, grandit un arbre sauvage oĂą perpĂ©tuellement naissent des feuilles que les harpies dĂ©vorent avidement, ce qui leur cause des souffrances atroces. Le jour du jugement dernier il leur sera interdit de reprendre leur forme originelle (c'est-Ă -dire leur corps) Ă©tant donnĂ© qu'ils se sont Ă´tĂ© la vie, et ils devront se prĂ©senter en ce grand jour nus comme des vers, et lorsque le jugement sera fait, ils devront traĂ®ner eux-mĂŞmes leur dĂ©pouille et l'on accrochera le cadavre de chacun, sur la branche Ă©pineuse du damnĂ©.
    • Dante y rencontre Pierre des Vignes, Jacques de Saint-AndrĂ©.
Chant XIV
  • 3e 'giron' : Les violents contre Dieu 1re partie : Les blasphĂ©mateurs.
  • Dante et Virgile arrivent dans une vaste Ă©tendue de sable aride, ardent, oĂą rien ne pousse. Les milliers de damnĂ©s qui errent dans ce lieu ont trois attitudes diffĂ©rentes :

Certains sont couchés sur le sable, immobiles. D'autres sont assis, tout recroquevillés. Et finalement les derniers errent, marchant ou courant, sans jamais s'arrêter. Les âmes dans ce lieu sont soumis à une pluie de flammes, qui jamais ne s'arrête et lorsque ces flammes atteignent le sable, ce dernier prend feu et redouble la souffrance des damnés.

  • Dante y rencontre CapanĂ©e qui, fier et arrogant jusqu’à la fin des temps, se moque de son châtiment (et aussi des dieux) et ne baisse pas la tĂŞte. On apprend aussi les origines du Styx, de l'AchĂ©ron et du PhlĂ©gĂ©ton.
Chant XV
  • 3e 'giron' : Les violents contre Dieu 2e partie : Les intellectuels dĂ©voyĂ©s
  • Dante en passant Ă  cĂ´tĂ© d'un cortège de damnĂ©s, rencontre par hasard Brunetto Latini (philosophe et orateur) qui fut son conseiller, qui l'encouragea dans ses Ă©tudes, il fut une sorte de mentor pour Dante. Entretien avec Brunetto qui lui dĂ©crit les âmes qui sont ici, divers lettrĂ©s, François d'Accurse et Priscien, respectivement jurisconsulte et grammairien.
Chant XVI
  • 3e 'giron' : Les violents contre Dieu 3e partie : Les sodomites, les violents contre la nature
  • Virgile et Dante y rencontrent trois hommes d'État (Guido Guerra, Thegghiajo Aldobrandi et Jacopo Rusticucci), qui Ă©taient soit soldats, soit valeureux chevaliers. Toujours autant dĂ©figurĂ©s par les flammes, ils demandent Ă  Dante si Valeur et Courtoisie ont toujours place Ă  Florence. Dante leur rĂ©pond que non, la richesse et l'orgueil ont corrompu leur belle citĂ©, finalement ils demandent encore Ă  Dante de parler d'eux lorsqu'il reviendra parmi les vivants.
  • Ă€ la fin du chant les deux acolytes lancent une corde au fond d'un bassin, oĂą se jette PhlĂ©gĂ©ton, ce qui leur permet de passer au cercle suivant, Ă  noter que la corde Ă©tait autour de Dante depuis le premier chant, il entreprenait d'attraper la panthère avec celle-ci. Après qu'ils ont lancĂ© la corde, on apprend la venue d'un monstre horrible, GĂ©ryon, qui symbolise la fraude.
Chant XVII
  • 3e 'giron' : Les violents contre Dieu 4e et dernière partie : Les usuriers, violents contre l'art puis descente (et arrivĂ©e) au 8ecercle
  • ArrivĂ©e de GĂ©ryon qui les fera passer au huitième cercle sur son dos, pendant que Virgile s'assure de la bonne volontĂ© de GĂ©ryon, Dante descend Ă  la fosse, oĂą se trouvent les usuriers. Ces derniers, ne sont pas citĂ©s nominativement, mais en dĂ©crivant leurs armoiries ; ils portent des bourses aux couleurs de leurs armoiries autour du cou, et subissent toujours le châtiment des flammes.
Chant XVIII
  • 8e cercle : Les Trompeurs : Malesfosses. Le 8e cercle est divisĂ© en 10 vallĂ©es concentriques justement appelĂ©es fosses.
    • 1re fosse : Les sĂ©ducteurs : Dante y dĂ©couvre deux files de damnĂ©s nus, qui avancent vers les deux acolytes, et les autres dans le sens inverse mais plus rapidement, la foule est perpĂ©tuellement fouettĂ©e par les dĂ©mons. Dante en les regardant, remarque Caccianemico, un Bolonais qui se serait fait payer par un marquis pour lui remettre sa sĹ“ur, qui Ă©tait dĂ©jĂ  promise Ă  un autre ; ainsi il est condamnĂ© aux souffrances Ă©ternelles. Au mĂŞme titre que Jason qui, après avoir dĂ©jĂ  abandonnĂ© MĂ©dĂ©e, abandonne Hypsipyle qui Ă©tait seule et enceinte, Ă  son triste sort.
    • 2e fosse : Les flatteurs et adulateurs : Ces derniers sont plongĂ©s dans une fosse de lie dĂ©goutante et pestilentielle, Dante y reconnaĂ®t Alessio Intermini de Lucques, flatteur au possible, et ses mensonges dont il ne s'est jamais lassĂ© l'ont poussĂ© dans cette fosse.
Chant XIX
  • 8e cercle : Les Trompeurs :
    • 3e fosse : Les simoniaques (ceux qui ont vendu ou achetĂ© des bĂ©nĂ©fices, des faveurs) : Dante et Virgile y rencontrent Simon le Mage, qui malgrĂ© ses nombreuses connaissances dans la magie (comme son nom l'indique), a tentĂ© d'acheter le don des miracles aux apĂ´tres. Les damnĂ©s sont pendus sur une sorte de table ou de surface plane trouĂ©e en forme de cercle, « un livide rocher percĂ© de mille trous » oĂą sont pendus les simoniaques, la tĂŞte en bas (pour symboliser leur oubli du ciel et de Dieu) et n'ayant leur corps Ă  l'air qu'Ă  partir des jambes. Ces dernières sont perpĂ©tuellement « lĂ©chĂ©es » par des langues ardentes de feu. Il y en a un qui souffre et se dĂ©bat plus que les autres : c'est Nicolas III (damnĂ© pour avoir abusĂ© des privilèges que lui accordait son titre papal, il ne vendait pas les indulgences mais il faisait profiter tous ses proches des jouissances que lui donnait l'Église), qui prit Dante tout d'abord pour Boniface VIII (Nicolas III a su on ne sait comment que Boniface, damnĂ© pour avoir rĂ©ussi Ă  convaincre son prĂ©dĂ©cesseur, CĂ©lestin V, de se dĂ©mettre de son manteau papal par des moyens fort peu catholiques, ira le remplacer en Enfer).
    • Le principe de ce supplice est le suivant : les damnĂ©s sont accrochĂ©s par les jambes Ă  cette plate-forme et lorsqu'un « successeur » vient aux Enfers, il le remplace ; ainsi s'entassent dans « les fentes du roc » les simoniaques. Nicolas III mentionne Ă©galement que Boniface ne restera pas longtemps. Un pape encore plus vil prendra bientĂ´t sa place : ClĂ©ment V, deuxième successeur de Boniface VIII et sujet de Philippe-le-Bel avec qui il envisagea et rĂ©ussit Ă  dĂ©truire les Templiers.
    • Dante lui rĂ©pond que malgrĂ© le respect ancestral qu'il a envers les papes et les religieux, il mĂ©prise la cupiditĂ© de ces papes (entre autres) et ajoute que la richesse qu'ils entassent avec aviditĂ© attriste les gens et profite seulement aux mauvais.
Chant XX
  • 8e cercle : Les Trompeurs :
    • 4e fosse : les devins et sorciers : Dante et Virgile arrivent devant une masse de damnĂ©s pleurant. Leurs tĂŞtes ont Ă©tĂ© retournĂ©es vers l'arrière et marchent Ă  l'envers pour l'Ă©ternitĂ©. Les acolytes aperçoivent Amphiaraos (l'un des rois qui assiĂ©gèrent Thèbes, Ă©tant devin, il s'Ă©tait prĂ©dit qu'il allait mourir, il chercha donc Ă  fuir de la bataille mais la terre s'ouvrit et l'engloutit Ă  tout jamais) et TirĂ©sias qui put changer de sexe en frappant d'un coup de son bâton deux serpents enlacĂ©s ; la fille de ce dernier, Manto, est aussi prĂ©sente, et en la voyant Virgile conte Ă  Dante l'origine de sa ville : Mantoue. Ils aperçoivent aussi diffĂ©rents astrologues comme Michel Scot ou Bonatti.
Chant XXI
  • 8e cercle : Les Trompeurs :
    • 5e fosse : Les concussionnaires et prĂ©varicateurs (ceux qui ont vendu la justice ou qui ont gravement et volontairement manquĂ© Ă  leur devoir) : En arrivant Ă  la cinquième fosse, Dante s'Ă©tonne de la voir plongĂ©e dans l'obscuritĂ©, il remarque, quelques instants après, une Ă©norme mare de poix bouillante oĂą sont jetĂ©s les damnĂ©s. Un ange noir arrive avec un malheureux sur son Ă©paule qui pend par les pieds, il est jetĂ© dans la poix (c'est un ancien de Lucques, endroit oĂą : « pour de l'or, tout est blanc ou noir »), il tente de remonter Ă  la surface mais les dĂ©mons prĂ©sents le repoussent encore et encore dans la poix en feu. Puis Virgile conseille Ă  Dante de se mettre Ă  l'Ă©cart pendant qu'il va s'entretenir avec les dĂ©mons, ces derniers en le voyant, deviennent très menaçants et fourbes, Virgile les interpelle en disant que l'un d'eux doit Ă©couter ce qui suit et après ils pourront le frapper s'ils le veulent : Un dĂ©mon nommĂ© Malequeue s'avance et lui demande ce qu'il en est, Virgile lui rĂ©pond (comme Ă  de nombreuses reprises dans ce livre) qu'il n'irait pas s'aventurer dans les tĂ©nèbres s'il n'avait pas Ă©tĂ© Ă©crit dans le ciel qu'il doit traverser l'Enfer avec une âme encore vivante (Dante donc). Ă€ ces mots les dĂ©mons sont dĂ©pitĂ©s et les laissent partir, en leur donnant en plus une escorte de dĂ©mons pour le trajet.
Chant XXII
  • 8e cercle : Les Trompeurs :
    • 5e fosse : Les concussionnaires et prĂ©varicateurs (suite) : Dante en avançant avec les dĂ©mons, remarque comment certains damnĂ©s arrivent Ă  se « jouer » de leur supplice : Ils tentent de laisser leur dos Ă  l'air pour que cette partie, au moins, leur apporte moins de douleur, ou certains autres encore essaient de sortir leur tĂŞte lorsqu'ils sont vers le bord, mais tous se cachent dans la poix lorsque vient le chef des dĂ©mons, mais un malheureux resta trop longtemps Ă  la surface. C'Ă©tait un certain Janpol de Navarre qui ayant quelques amitiĂ©s avec le roi Thibault, ne se gĂŞna pas pour vendre Ă  prix d'or les dignitĂ©s et les emplois du royaume. Janpol se fait Ă©corcher vif par les dĂ©mons et lorsqu'il dit aux acolytes qu'il pourra faire venir des damnĂ©s (Ă©tant donnĂ© que Virgile, et Dante pendant tout le livre, sollicitent les damnĂ©s de leur raconter leurs supplices et la cause de ces derniers) d'un simple sifflement, les acolytes acceptent mais se mĂ©fient d'une ruse fort habile de l'Ă©corchĂ© ; très juste, car au moment oĂą Janpol Ă©tait censĂ© faire venir ses camarades, il saute (pour se sauver du supplice des dĂ©mons) ; l'un d'eux saute aussi mais ne peut le rattraper, suivi par un deuxième dĂ©mon qui, irritĂ© par l'Ă©chec du premier, se met Ă  se battre avec lui dans les airs, ils finissent tous deux dans la poix.
Chant XXIII
  • 8e cercle : Les Trompeurs :
    • 6e fosse : Les hypocrites :
    • Après ce pathĂ©tique combat des deux dĂ©mons, Dante s'inquiète et doute de la bonne foi de ces derniers : D'autant plus qu'ils ont perdu deux de leurs amis… Dante fait part Ă  Virgile de son inquiĂ©tude, ce dernier lui rĂ©pond qu'il est lui aussi inquiet et qu'ils vont bientĂ´t les quitter, en prenant la fuite, Ă  la fin de sa rĂ©plique, les dĂ©mons arrivent pour les attraper. Virgile prend Dante par le bras et ils fuient ensemble vers la sixième fosse, oĂą les dĂ©mons, serviteurs de la cinquième fosse, ne peuvent entrer.
    • Les acolytes aperçoivent un cortège de nombreuses âmes portant de longues robes qui de l'extĂ©rieur, semblaient d'or, mais Ă  l'intĂ©rieur Ă©taient formĂ©es d'une Ă©paisse et terriblement lourde couche de plomb. Comme Ă  leur habitude, Virgile et Dante demandent aux damnĂ©s de leur conter leur histoire, deux hommes s'approchent lourdement (Ă©tant donnĂ© leur charge) ce sont les frères joyeux (des religieux censĂ©s apaiser les souffrances des faibles et restaurer un certain ordre public au lieu de ça, et d'oĂą leur nom ils s'amusaient Ă  des plaisirs divers et variĂ©s…) qui ont Ă©tĂ© par la suite Ă©lus magistrats suprĂŞmes par la rĂ©publique et bien qu'ils furent de factions ennemies, ils s'unirent, corrompus Ă  chasser les Gibelins de Florence. Dante y rencontre aussi CaĂŻphe, crucifiĂ© (le grand-prĂŞtre qui conseilla la mort du Christ, car avait-il dit : « Il vaut mieux que l'un meure pour tous plutĂ´t que tous pour un »).
Chant XXIV
  • 8e cercle : Les Trompeurs :
    • 7e fosse : Les voleurs : Le dĂ©but du chant nous conte le difficile passage Ă  la 7e fosse et la lassitude de Dante, qui commence Ă  fatiguer. Virgile d'un discours, le galvanise et ils reprennent leur route vers la fosse ; qui Ă©tait remplie de serpents de toutes sortes, fourmillant dans la cavitĂ© et harcelant les damnĂ©s qui, n'ayant aucun refuge dans cette triste fosse, courent Ă©pouvantĂ©s et assaillis par les reptiles.
    • Les serpents, lorsqu'ils touchent et enveniment une victime, cette dernière, aussitĂ´t s'enflamme et se rĂ©duit en cendres, mais de celle-ci renaĂ®t, comme le phĂ©nix, le damnĂ©, inexorablement. Il se relève, pris par la confusion, regarde et soupire, Virgile lui demande son nom, c'est Vanni Fucci, qui a volĂ© de nombreux ornements de l'Église et qui accusa Ă  tort des innocents, ces derniers furent pendus. Ă€ la fin du chant, Fucci prĂ©dit (une fois de plus) le prochain exil de Dante et la dĂ©faite des Blancs, ce qui rĂ©volutionna Florence Ă  cette Ă©poque.
Chant XXV
  • 8e cercle : Les Trompeurs :
    • 7e fosse : Les voleurs (suite) : Ă€ la fin de son discours Fucci lève les mains au ciel et dĂ©fie Dieu en le blasphĂ©mant, aussitĂ´t s'enroule autour de son cou un serpent, puis un autre qui lui lia les bras, ainsi privĂ© de la parole et de ses bras, il s'enfuit en courant. Peu après arrive un centaure en colère qui demanda oĂą Ă©tait passĂ© le blasphĂ©mateur, le centaure en question est Cacus, qui, comme nous le conte Virgile, après avoir dĂ©laissĂ© Hercule, fit couler beaucoup de sang, il s'enfuit Ă  la recherche de Fucci. Ensuite apparaissent trois esprits, soudain l'un d'eux se fait encercler par un Ă©norme serpent qui, pareil Ă  du lierre se cramponne Ă  lui des pieds Ă  la tĂŞte, il le mord et lui transperce les deux joues, ils Ă©taient si liĂ©s que l'on ne pouvait distinguer l'un ou l'autre lors de l'Ă©treinte, si bien que finalement, les deux tĂŞtes ne formaient plus qu'une, le damnĂ©, ainsi dĂ©figurĂ©, partit lui aussi. L'un des deux autres restants se fait attaquer par un serpent de feu au nombril, et lui aussi se retrouve transformĂ© en serpent.
Chant XXVI
  • 8e cercle : Les Trompeurs :
    • 8e fosse : Les mauvais conseillers : Dans le supplice du feu infligĂ© pour ces damnĂ©s, Dante et Virgile reconnaissent Ulysse et Diomède, Dante supplie Virgile de pouvoir aller les interroger, Virgile lui rĂ©pond que oui mais ce sera lui-mĂŞme qui les interrogera, car il craint que les Grecs ne « mĂ©prisent » le langage de Dante. Le couple passant près d'eux, Virgile les interpelle : Ulysse nous explique que bien que lui et ses compagnons fussent vieux ils se lancèrent dans une dernière croisade Ă  l'ouest, et lorsqu'ils virent une titanesque montagne s'Ă©levant vers le ciel (le Purgatoire) Ulysse galvanisa ses troupes pour un dernier voyage, mais Ă©tant donnĂ© que nul humain ne peut arriver au Purgatoire vivant, la mer se dĂ©chaĂ®na et engloutit leur bateau.
Chant XXVII
  • 8e cercle : Les Trompeurs :
    • 8e fosse : Les mauvais conseillers (suite) : Les acolytes après s'ĂŞtre entretenus avec Ulysse rencontrent encore un autre personnage incandescent : Guido de Montefeltro, qui Ă©tait un politicien très habile Ă  l'Ă©poque, et lorsqu'il dĂ©cida de se retirer et de se faire moine, Boniface VII vient Ă  lui pour lui demander un conseil, Guido tenta de refuser mais le pape lui promit alors les clĂ©s du paradis s'il lui donnait conseil, alors il accepta et son conseil eut des rĂ©percussions terribles sur de nombreux innocents, et lorsque Guido s'Ă©teignit, Saint-François d'Assise lui-mĂŞme vient le chercher, mais un noir dĂ©mon le rĂ©clama en citant le conseil mal avisĂ© qu'il avait donnĂ© Ă  Boniface, il fut emportĂ© aux Enfers.
Chant XXVIII
  • 8e cercle : Les Trompeurs :
    • 9e fosse : Ceux qui par leurs opinions et les mauvais conseils ont divisĂ© les hommes, les semeurs de discorde: La fosse est remplie de damnĂ©s mutilĂ©s, ils sont coupĂ©s en deux Ă  la verticale « de la gorge Ă  la ceinture », leurs boyaux pendent et tombent Ă  terre, et lorsque leurs blessures sont cicatrisĂ©es, tour Ă  tour les damnĂ©s se font rouvrir le corps avec un glaive. On y trouve l'abbĂ© Dolcin, qui, persĂ©cutĂ© par son Ă©vĂŞque, dĂ©cida de fuir dans les montagnes, avec cinq mille des siens afin d'inventer sa propre doctrine, ClĂ©ment V lança une attaque contre lui et le fit brĂ»ler, mais si Dolcin et ses acolytes n'avaient pas manquĂ© de vivres dans le froid et la neige, ClĂ©ment V aurait Ă©tĂ© bredouille, car entre-temps Dolcin avait bien fortifiĂ© et affirmĂ© son territoire.
    • Ici prend place aussi la rencontre avec Mahomet, condamnĂ© Ă  avoir le ventre coupĂ© pour avoir Ă©tĂ© un « semeur de scandale et de schisme ». Ali a le visage fendu de part en part.
    • On mentionne Ă©galement Pierre de MĂ©decine, qui s'Ă©tant octroyĂ© les amitiĂ©s des princes et des rois, ne s'en servit seulement pour les brouiller ensemble. On voit aussi le cher Mosca (que Dante voulait dĂ©jĂ  voir au Chant VI) qui, lui eut les mains coupĂ©es ; on apprend que ce fut lui l'Ă©lĂ©ment dĂ©clencheur de toutes les guerres internes de Florence, en 1215 il n'y avait encore ni Guelfes, ni Gibelins, mais il y avait quelques rivalitĂ©s familiales dans la ville. Un jeune Buondelmonte (l'une des familles de l'Ă©poque) devait se marier avec une fille des Amidei, mais il rompit les fiançailles en s'Ă©prenant d'une autre fille appartenant Ă  une famille adverse des Amidei (les Donati) ; les Amidei firent conseil avec leurs amis les Uberti, chefs de la noblesse fĂ©odale. Et pendant qu'ils rĂ©flĂ©chissaient Ă  punir correctement et en public, le jeune Buondelmonte, Mosca protesta et dit que lorsqu'on veut frapper quelqu'un, on ne le blesse pas, on le tue. Il ajouta encore « Ce qui est fait est fait ». Le pauvre Buondelmonte fut massacrĂ© et on affirme que cet assassinat divisa dĂ©finitivement Florence en deux factions : les partisans de Buondelmonte et des Donati que l'on a appelĂ© Guelfes et les autres, les partisans des Amidei et des Uberti, qu'on nomma les Gibelins.
    • Leur dernière rencontre raconte l'histoire de Bertran de Born, conseiller du Prince Jean, lui-mĂŞme fils d'Henri II d'Angleterre, ce dernier l'avait placĂ© près de son fils pour le modĂ©rer un peu (car Jean dĂ©pensait des sommes colossales sans aucun scrupule), et son sinistre conseiller au lieu de faire de qu'il devait, conforta le prince dans son indĂ©pendance, jusqu’à ce que le roi et Jean se fâchèrent et en viennent aux mains, Jean fut mortellement blessĂ©, et pour avoir ainsi divisĂ© un père et son fils, et d'avoir semĂ© la discorde, Bertran de Born se retrouva, en enfer, la tĂŞte tranchĂ©e qu'il tient par les cheveux comme une lanterne qu'il agite.
Chant XXIX
  • 8e cercle : Les Trompeurs :
    • 9e et 10e fosse : Fin des semeurs de trouble et les charlatans et faussaires : Dante, au dĂ©but du rĂ©cit est très affectĂ© par ce qu'il vient de voir, on le comprend mieux lorsqu'on apprend qu'il a reconnu dans la fosse l'un des membres de sa famille : Geri le Bel (il vivait en 1269), qui semait tellement le trouble qu'il a Ă©tĂ© tuĂ© par l'un des Sachetti, trente ans après un autre des Sachetti vengea le meurtre etc. Ceci continua jusqu'en 1342 lorsque le duc d'Athènes (magistrat de Florence Ă  l'Ă©poque) s'entremit pour enfin laisser place Ă  la paix entre la famille de Dante et les Sachetti.
    • I : Les alchimistes : Dante et Virgile arrivent Ă  la dernière fosse, d'oĂą sortent des cris immondes et insupportables, une odeur pestilentielle s'en dĂ©gage, comme font les corps gangrenĂ©s. Et, effectivement, ils semblent tous ĂŞtre atteints de la lèpre, les acolytes arrivent devant deux damnĂ©s assis, qui se grattent sans cesse, pour faire disparaĂ®tre l'horrible croĂ»te qui les recouvre, en vain. Ils y rencontrent Griffolino, alchimiste et faux monnayeur, qui fut dĂ©noncĂ© et envoyĂ© au bucher. Dante retrouve aussi Capocchio, un camarade d'Ă©tude de Dante qui se plaisait, non seulement Ă  contrefaire et Ă  mĂ©prendre toutes sortes de personnes, et Ă  entreprendre des recherches sur la pierre philosophale, ce qui lui valut le bĂ»cher.
Chant XXX
  • 8e cercle : Les Trompeurs :
    • 10e fosse : Les charlatans et faussaires (suite) :
    • Dante et Virgile (tableau de W. Bouguereau).
      Dante et Virgile (1850), de William Bouguereau, représente Capocchio mordu au cou par Gianni Schicchi.
      II : Simulateurs : On y rencontre Gianni Schicchi, qui s'était fait passer pour Bose Donati (mort sans avoir fait de testament), il s'enfila dans son lit de mort afin de donner à Simon (son parent), son riche héritage. Pour remercier Schicchi, Simon lui donna une magnifique jument.
    • III : Faux monnayeurs : MaĂ®tre Adam, qui falsifia les florins pour les comtes de Romène, et pour son propre profit, il fut dĂ©couvert et brĂ»lĂ©.
    • IV : Menteurs : Sinon (espion grec de la guerre de Troie, c'est lui qui convainquit les Troyens d'accepter le cheval) et Putiphar qui tenta de sĂ©duire Joseph, et l'envoya en prison.
Chant XXXI
  • Du 8e cercle au 9e : Les gĂ©ants autour du puits : Les acolytes rencontrent des gĂ©ants, ceinturĂ©s par le puits, il leur arrive Ă  la taille, la moitiĂ© supĂ©rieure de leur corps est dehors tandis que l'autre est dans le puits. Ils mentionnent Nemrod, premier roi de Babylone, on apprend que c'est lui qui conçut le projet de la tour de Babel. Ils rencontrent aussi Éphialtès, fils de PosĂ©idon et d'IphimĂ©die, puis AntĂ©e (l'unique gĂ©ant Ă  ne pas s'ĂŞtre retournĂ© contre les dieux) qui les aidera Ă  atteindre le neuvième cercle.
Chant XXXII
  • 9e cercle : Les traĂ®tres : Le marais glacĂ© de Cocyte
    • I : La CaĂŻnie : TraĂ®tres Ă  leurs parents : On dĂ©couvre dans ce chant un Ă©norme lac gelĂ© qui ressemble plus Ă  du verre qu'Ă  de la glace. Les damnĂ©s sont prisonniers Ă  l'intĂ©rieur de la glace jusqu'au cou, ils ont le visage baissĂ©, les dents claquetantes, leur souffle et leurs larmes tĂ©moignent bien assez du supplice qu'ils Ă©prouvent ; en plus, le fait d'ĂŞtre tĂŞte baissĂ©e leur donne encore plus de douleur lorsqu'ils pleurent car les larmes qu'ils versent gèlent sur leurs joues et leurs paupières... Dante et Virgile rencontrent Alexandre et NapolĂ©on de Alberti, tous deux comtes et seigneurs ; lors de la mort de leur père, ils se lancèrent dans une forte et avide bataille envers leurs vassaux et pillèrent tout, puis s'entretuèrent. Ce qui leur a valu cette place ici, oĂą ils s'Ă©treignent dans un combat sans fin. Ils remarquent aussi Vanni de Cancellieri, qui par traĂ®trise tua son oncle.
    • II : L'AntĂ©nore : TraĂ®tres Ă  leur citĂ© : Buoso de Duera : Il Ă©tait chargĂ© par les Gibelins de barrer le passage Ă  Charles Ier d'Anjou, mais Buoso accepta que le roi lui donne de l'argent pour qu'il puisse passer sans crainte ; et d'autres traĂ®tres notoires, comme Tebaldello de Zambrasi, qui cĂ©da l'une des portes de la ville de FaĂ«nza aux Guelfes, et surtout un dĂ©nommĂ© Bocca, Florentin de la famille des Abatti. Dans la bataille de Montaperti (oĂą quatre mille Guelfes furent massacrĂ©s), Bocca, gagnĂ© par l'argent des Gibelins, s'approcha de celui qui portait l'Ă©tendard et lui trancha la main ; les Guelfes, ne voyant plus leur Ă©tendard, se mirent en fuite et furent massacrĂ©s.
    • Dante Ă  la fin du chant, remarque deux damnĂ©s dont l'un est un peu plus grand que l'autre, ainsi les deux tĂŞtes des damnĂ©s sont superposĂ©es, on remarque que celui qui a le dessus est en train de dĂ©vorer l'autre.
Chant XXXIII
  • 9e cercle : Les traĂ®tres (suite) :
    • II : L'AntĂ©nore : TraĂ®tres Ă  leur citĂ© (fin) : Le comte Ugolin raconte son histoire Ă  Dante ; on sait donc que celui qui dĂ©vorait la tĂŞte infĂ©rieure est le comte Ugolin et l'autre l'archevĂŞque Roger. Le comte Ugolin s'est retrouvĂ© lĂ  car il avait Ă©tĂ© accusĂ© de trahison pour avoir vendu des châteaux aux factions adverses, et l'archevĂŞque pour avoir ignoblement enfermĂ© le comte et ses fils dans la Tour de la Faim, et le poussant presque Ă  les dĂ©vorer ; il fut aussi condamnĂ© Ă  ce châtiment : se faire dĂ©vorer par sa victime.
    • III : La PtolĂ©maĂŻe : TraĂ®tres Ă  leurs hĂ´tes. Les traĂ®tres Ă  leurs hĂ´tes sont aussi emprisonnĂ©s dans les glaces, mais cette fois la position de leur tĂŞte est diffĂ©rente : ils sont allongĂ©s en supination (la tĂŞte vers le haut) ; ainsi, les larmes qui coulent de leurs yeux forment une barrière de cristal qui les aveugle et leur cause des souffrances inimaginables. Dans la PtolĂ©maĂŻe on trouve des hommes qui passent pour ĂŞtre encore vivants dans le monde d'en haut, car leur corps y demeure, gouvernĂ© par un dĂ©mon. Le Frère AlbĂ©ric s'Ă©tait brouillĂ© avec ses confrères depuis un moment ; voulant feindre la rĂ©conciliation, il les invita tous pour un grand repas. Ils mangèrent, et lorsqu'AlbĂ©ric demanda Ă  ce qu'on apporte les fruits (c'Ă©tait le signal), ses invitĂ©s furent massacrĂ©s (Ă©gorgĂ©s), notamment Branca d'Oria qui, jalousant la seigneurie de son beau-père, l'invita Ă  dĂ®ner et le tua. Son beau-père Ă©tait Michel Zanche, qui se trouve au 8e cercle, cinquième fosse ; on dit qu'Ă  sa mort, Branca descendit plus vite aux Enfers que le malheureux qu'il avait assassinĂ©.
Chant XXXIV
  • 9e cercle : Les traĂ®tres (suite et fin) :
    • IV : La JudaĂŻe : TraĂ®tres Ă  leur bienfaiteur : Dernier chant oĂą Dante rencontre Lucifer, DitĂ©, au milieu d'un endroit oĂą tout est silencieux et oĂą les autres damnĂ©s sont intĂ©gralement encastrĂ©s dans la glace et souffrent en silence. DitĂ© a trois paires d'ailes ainsi que trois tĂŞtes, et donc trois visages ; le premier est rouge de feu (reprĂ©sentant la haine), le deuxième livide (reprĂ©sentant l'impuissance), et le troisième noir (reprĂ©sentant l'ignorance). EmprisonnĂ© dans la glace jusqu’à la poitrine, il bat Ă©ternellement des ailes pour tenter de se libĂ©rer, produisant ainsi des vents glaciaux qui maintiennent le Cocyte gelĂ©. Les trois tĂŞtes mâchent Ă©ternellement les trois coupables : Judas (qui a trahi le Christ), Cassius et Brutus (traĂ®tres Ă  CĂ©sar). Dante et Virgile sortent en s'accrochant aux poils de Lucifer et, après une petite explication de Virgile sur la manière dont ils sont sortis des Enfers, les deux acolytes peuvent enfin « revoir les Ă©toiles ».

Tableau synoptique des noms de lieux, de concepts et de personnages

Les noms en gras sont ceux des personnages effectivement présents dans le cercle considéré (rencontrés par Dante ou simplement cités par quelqu'un comme présent ou nommé dans les phrases), à l'exclusion de ceux dont l'arrivée future n'est que prophétisée ; les autres noms sont ceux qui font seulement l'objet de périphrases, citations ou descriptions.

Les noms de lieux donnés entre parenthèses sont ceux qui ne sont en général pas nommés explicitement mais présentés par des périphrases.

Lieu (niveau 1) Lieu (niveau 2) Damnés Peine Personnages présents ou cités Lieux cités Chant
La Terre ForĂŞt - - Lonce, lion, louve,
vautre, Virgile, CĂ©sar,
Auguste, Énée, Anchise,
Camille, Euryale, Turnus, Nisus
Lombardie, Mantoue, Rome, Troie, Italie I
Forêt - - Muses, Énée, Silvius,
Paul de Tarse, Beatrice,
Marie, Lucie, Rachel
Rome II
Haut Enfer, en dehors de la cité de Dité, pécheurs d'incontinence

(5 cercles)

Vestibule ou
Ante-enfer
Indolents
(neutres par lâcheté)
Ils courent nus, piqués par des guêpes et des mouches, en suivant une bannière sans emblème ; leur sang mélangé à leurs larmes est recueilli par la vermine. Caron, Célestin V Rome III
Premier cercle

Le Limbe (Païens et infidèles)

Vertueux non baptisés ou nés avant le Christ
Désirent en vain voir Dieu (peine spirituelle) Adam, Abel, Noé, Moïse, Abraham, David, Isaac, Jacob, Rachel
Homère, Horace, Ovide, Lucain, Électre, Hector, Énée, César, Camille, Penthésilée, Latinus, Lavinia, Lucius Junius Brutus, Lucrèce, Julia, Marcia, Cornelia, Saladin, Aristote, Socrate, Platon, Démocrite, Diogène de Sinope, Anaxagore, Thalès, Empédocle, Héraclite, Zénon d'Élée, Dioscoride, Orphée, Cicéron, Linos, Sénèque, Euclide, Ptolémée, Hippocrate, Avicenne, Galien, Averroès.
- IV
Deuxième cercle Luxurieux Emportés sans cesse par une tempête de la même manière que pendant leur vie, ils l'ont été par la passion Minos, Paolo et Francesca, Gianciotto Malatesta, Sémiramis, Ninus, Didon, Sychée, Cléopâtre, Hélène, Achille, Pâris, Tristan, Lancelot, Galehaut Pô, Ravenne V
Troisième cercle Gourmands Étendus à terre, immergés dans la boue sous des précipitations continues (grêle, pluie battante, neige) et malodorantes, fréquemment lacérés par Cerbère Cerbère, Ciacco, Farinata degli Uberti, Tegghiaio Aldobrandi, Iacopo Rusticucci, Arrigo, Mosca dei Lamberti Florence VI
Quatrième cercle Avares et prodigues La troupe des avares et celle des prodigues forment chacune un demi-cercle. Ils se heurtent en deux points diamétralement opposés et s'injurient Pluton Charybde VII
Cinquième cercle

Marais du Styx

Coléreux et pécheurs par acédie Embourbés dans les eaux marécageuses du Styx, ils se frappent et se déchirent. Sous l'emprise de la colère, leurs paroles s'étranglent dans leur gosier. Au fond du marécage, des bulles s'échappent des mélancoliques coupables d'acédie, que Virgile décrit comme « ceux qui allaient, gémissant, sous le clair soleil ». Phlégias, Filippo Argenti degli Adimari, démons protecteurs de la cité de Dité VII, VIII
Bas Enfer,

dans l'enceinte de la cité de Dité

PĂ©cheurs de malice

(4 cercles)

Sixième cercle hérétiques Ils sont couchés dans des tombes, ouvertes et éternellement brulantes Les trois Erinyes: Mégère, Alecto et Tisiphone; Méduse, Thésée, un "Messager Céleste" (probablement un ange), Farinata degli Uberti, Epicure, Cavalcante Cavalcanti, Guido Cavalcanti, Frederic II, Ottoviano degli Ubaldini Arles, Pola, Quarnano, Vallée de Josaphat, Florence, L'Arbia IX, X, XI

Postérité

Dans la Peinture

La Barque de Dante
Delacroix, 1822

Au cinéma

Jeu vidéo et jeu de rôle

Notes et références

  1. « Dante : La Divine Comédie », sur docteurjp.free.fr (consulté le )
  2. Dante s'était personnellement impliqué dans le conflit en guelfes et gibelins, y compris sur le plan théorique, dans le traité De Monarchia.
  3. « La Barque de Dante », sur Base Joconde (consulté le )
  4. Gary Gygax, Manuel des joueurs, TSR, 1987 [1978]

Annexes

Bibliographie

  • (it) Vittorio Sermonti, Inferno, Rizzoli 2001 ;
  • (it) Umberto Bosco et Giovanni Reggio, La Divina Commedia - Inferno, Le Monnier 1988 ;
  • (it) Andrea Gustarelli et Pietro Beltrami, L'Inferno, Carlo Signorelli Ă©diteur, Milan 1994 ;
  • (it) Francesco Spera (sous la direction de), La divina foresta. Studi danteschi, D'Auria, Naples 2006 ;
  • (it) autres commentaires de la Divina Commedia : Anna Maria Chiavacci Leonardi (Zanichelli, Bologne 1999), Emilio Pasquini e Antonio Quaglio (Garzanti, Milan 1982-2004), Natalino Sapegno (La Nuova Italia, Florence 2002).
  • (Trad.) Dante Alighieri, l'Enfer, prĂ©face, Ă©dition critique et traduction de Danièle Robert, Ă©dition bilingue, Actes Sud, 2016.
  • (Trad.) Dante, L'Enfer, version bilingue, trad. Michel Orcel, La Dogana, Genève, 2019.
  • (trad.) Dante Alighieri, La ComĂ©die - Poème sacrĂ©, "Inferno / Enfer", prĂ©s. et trad. Jean-Charles Vegliante, Paris, Imprimerie nationale ; puis "poche poĂ©sie", Gallimard, 2012 [20142]
  • JĂ©rĂ´me Baschet, Les Justices de l'au-delĂ  : les reprĂ©sentations de l'enfer en France et en Italie (XIIe-XVe siècles) (Bibliothèque des Écoles françaises d'Athènes et de Rome, 279), Rome, École française de Rome, 1993.

Articles connexes

Liens externes

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