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Euryale et Nisus

Euryale et Nisus sont deux personnages de la mythologie romaine qui apparaissent principalement dans l’Énéide de Virgile. Ils forment un des couples emblématiques de la relation pédérastique chez les anciens, Euryale — un adolescent —, étant l'éromène, et Nisus — un jeune homme légèrement plus âgé —, étant l'éraste[1]. Cet aspect n'est cependant pas explicité par Virgile qui mentionne un "amor pius" donc chaste et platonique.

Euryale et Nisus
Nisus et Euryale, marbre de Jean-Baptiste Roman, 1822-1827, musée du Louvre
Nisus et Euryale, marbre de Jean-Baptiste Roman, 1822-1827, musée du Louvre

Sexe Masculin
Espèce Humaine
Caractéristique vitesse
Arme favorite épée, arc

L’Énéide de Virgile

Histoire

Euryale et son ami Nisus étaient deux compagnons du Troyen Énée. Lorsque Troie fut prise par les Grecs, ils décidèrent de suivre Énée dans ses pérégrinations.

Après avoir parcouru la Méditerranée pendant plusieurs années, les Troyens débarquèrent dans le Latium. Cependant, une guerre éclata bien vite, et ils eurent à affronter le roi Turnus et ses Rutules, opposés à l'implantation des Troyens sur leur territoire.

Turnus et ses hommes mirent un soir le siège devant le camp des Troyens. Ces derniers Ă©taient alors un peu dĂ©semparĂ©s, ÉnĂ©e Ă©tant parti rechercher des alliĂ©s. Une fois la nuit tombĂ©e, Nisus et Euryale dĂ©cidèrent de sortir du camp afin de prĂ©venir ÉnĂ©e de la situation. Ils sortirent alors du campement en toute discrĂ©tion. Par la suite, ils durent traverser le camp des Rutules, qui Ă©taient tous endormis. Ils en profitèrent pour en tuer silencieusement un grand nombre (les victimes les plus cĂ©lèbres : Rhamnès, ami et conseiller de Turnus, le noble seigneur RĂ©mus, le jeune et beau Serranus) puis s’enfuirent après qu’Euryale se fut emparĂ© de certaines de leurs armes. Mais, peu de temps après, Volcens, un lieutenant de Turnus qui mène 300 hommes, voit Euryale, Ă  cause de son casque qui se reflĂ©tait au clair de lune. Nisus parvint Ă  s’échapper, mais Euryale ne le put, encombrĂ© par son butin. Ce dernier fut alors encerclĂ© par ses ennemis. Nisus, s’apercevant que son ami ne l’avait pas suivi, rebroussa chemin, et tua deux Rutules en lançant ses javelots. Volcens, croyant qu’Euryale Ă©tait responsable de la mort de ses hommes, menaça de tuer le Troyen. C’est alors que Nisus sortit de l’obscuritĂ©, affirmant qu’il avait lui-mĂŞme tuĂ© les deux Rutules. MalgrĂ© cela, Volcens tua Euryale d’un coup d’épĂ©e, puis Nisus vengea son ami en tuant Volcens, et enfin mourut Ă  son tour.

Commentaires

  • Cet Ă©pisode a de nombreux Ă©lĂ©ments communs avec le dixième livre de l’Iliade, oĂą Diomède et Ulysse tuent le jeune roi RhĂ©sos et ses guerriers dans le sommeil, mais il y a aussi quelques differences : l'aventure des deux jeunes Troyens se termine tragiquement ; certaines de leurs victimes ont une personnalitĂ© bien dĂ©finie (la passion de RhamnĂ©s pour les tapis, l'imprudence de ses trois serviteurs, la bizarrerie de l'aurige de RĂ©mus, la convivialitĂ© de l'adolescent Serranus, la lâchetĂ© de Rhoetus).
  • Ă€ la fin du XIIe siècle, Alain de Lille, dans son Anticlaudianus de Antirufino[2], compare l'histoire d'Euryale et Nisus Ă  celle de David et Jonathan dans la Bible[3].
  • Pierre-Joseph Proudhon voit dans l'Ă©pisode de Virgile une « Ă©puration de l'amour pĂ©dĂ©rastique inspirĂ©e de Platon » et une « imitation de l'amitiĂ© grecque ». Les amants sont « unis par l'amour et par l'ardeur guerrière » et Euryale est admirĂ© par l'armĂ©e entière. Proudhon compare l'histoire de cet amour Ă  un Ă©pisode du bataillon sacrĂ© de Thèbes. Il remarque que c'est après avoir racontĂ© l'histoire de ce couple que Virgile dit de ses vers qu'ils doivent en garder la mĂ©moire aussi longtemps que Rome gardera l'empire du monde[4].
  • Dans la Divine ComĂ©die de Dante (Enf. I-107-108), Euryale et Nisus sont citĂ©s avec Turnus et Camille, autres personnages de l’ÉnĂ©ide.
  • En 1638, le compositeur italien Domenico Mazzocchi (1592–1665) intitula un de ses Dialoghi et sonetti : Nisus et Euryalus.

Notes et références

  1. Florence Dupont et Thierry Éloi, L'érotisme masculin dans la Rome antique, Belin, 2001, p. 59-82
  2. (la) Alain de Lille (édité par Robert Bossuat), Anticlaudianus, Paris, Vrin, (lire en ligne), v. 185–196, p. 78.
  3. Henri de Lubac, Exégèse médiévale : Les Quatre sens de l'Écriture, seconde partie, tome ii, Paris, Aubier, coll. « Théologie » (no 59), , p. 216.
  4. Œuvres complètes de Pierre-Joseph Proudhon, tome 24, p. 62-63

Source

Voir aussi

Articles connexes

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