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Rutules

Les Rutules (en latin classique : Rŭtŭli, -ōrum, masculin pluriel) sont un peuple du Latium, au sud de Rome, dont la capitale est Ardée (Arděa, -ae).

Rutules
Image illustrative de l’article Rutules
Le Latium antique (en jaune) : au sud de Rome, Ardée est la capitale des Rutules

Période Antiquité
Ethnie Aborigène du Latium
Langue(s) Indo-européenne
Religion Polythéisme
Villes principales Ardée
Région d'origine Italie préromaine, Latium
RĂ©gion actuelle Latium
Rois/monarques Daunus, Turnus

Étymologie

Le nom des Rutules est Ă  mettre en rapport avec le latin rutilus, « d'un rouge Ă©clatant Â» (se dit en particulier des cheveux roux)[1]. Cette couleur « rouge ardent » est nĂ©anmoins typique de la fonction guerrière[2].

Les Rutules dans l'histoire romaine

Dans l'épopée d'Énée

Selon la légende rapportée dans l'Énéide de Virgile, ils combattent Latinus, Énée et les Étrusques sous les ordres de leur roi Turnus, fils de Daunus, déjà roi des Rutules auquel s'est joint Mézence, tyran étrusque renié par ses sujets. Tite-Live quant à lui rapporte cet épisode ainsi :

« Les Aborigènes [de Latinus] et les Troyens [d'ÉnĂ©e] ont une guerre commune Ă  soutenir. Turnus, roi des Rutules, Ă  qui Lavinie avait Ă©tĂ© promise avant l’arrivĂ©e d’ÉnĂ©e, indignĂ© de se voir prĂ©fĂ©rer un Ă©tranger, a Ă  la fois dĂ©clarĂ© la guerre Ă  Latinus et Ă  ÉnĂ©e. Aucune des deux armĂ©es n’a Ă  s’applaudir de l’issue du combat : les Rutules sont vaincus ; la victoire coĂ»te aux Aborigènes et aux Troyens leur chef Latinus. Turnus et les Rutules, se dĂ©fiant de leur fortune, cherchent un appui dans la puissance alors très florissante des Étrusques et de leur roi MĂ©zence. Ce prince, qui dès l’origine a Ă©tabli le siège de son empire Ă  CaerĂ©, ville fort opulente, n’a pas vu sans ombrage s’élever une citĂ© nouvelle : croyant bientĂ´t la sĂ»retĂ© des peuples voisins menacĂ©e par le rapide accroissement de la colonie troyenne, c'est sans rĂ©pugnance qu’il associe ses armes Ă  celles des Rutules. [... ÉnĂ©e] ose braver la puissance des Étrusques, qui remplissent alors du bruit de leur nom la terre et la mer dans toute la longueur de l’Italie, depuis les Alpes jusqu’au dĂ©troit de Sicile ; et bien qu’il aurait pu, Ă  l’abri de ses murailles, tenir tĂŞte Ă  l’ennemi, il fait sortir ses troupes et prĂ©sente le combat. La victoire reste aux Latins [union des Aborigènes et des Troyens sous ÉnĂ©e][3] Â».

Siège d'Ardée par Tarquin le Superbe (509)

Le dernier roi de Rome, Tarquin le Superbe, mène une guerre contre ArdĂ©e tout Ă  la fin de son règne : « [Les Romains] font de grands prĂ©paratifs de guerre contre les Rutules. Ils habitent la ville d’ArdĂ©e. C’est une nation puissante et riche, et pour le temps et pour le pays. [...] D’abord on essaie de prendre ArdĂ©e d’assaut ; mais cette tentative a peu de succès. On convertit le siège en blocus, et l’ennemi est resserrĂ© dans l’enceinte de ses murs[4] ». C'est lĂ  qu'intervient l'Ă©pisode de Lucrèce suivi de la chute de Tarquin et l’instauration de la RĂ©publique romaine[5].

Tite-Live mentionne plus tard qu'un traité d'alliance et d'amitié est renouvelé, sans que l'on sache s'il fait suite à ce siège.

Ardée, colonie romano-rutule (442)

Ardée réapparaît dans l'histoire romaine en 446, lors d'une dispute territoriale avec la cité d'Aricie. Les deux cités en appellent à Rome comme arbitre du conflit. Contre l'avis du Sénat, le peuple romain s’adjuge le territoire que se disputent les Ardéates et les Aricins[6]. Les Ardéates se soulèvent l'année suivante contre cette décision[7]. En 443, le traité d'alliance et d'amitié avec les Ardéates est renouvelé[8]. Cette même année, l'aristocratie d'Ardée fait appel à Rome car elle est en proie à une guerre civile. Le peuple de la ville s'allie aux Volsques, vaincus par Rome. Les principaux auteurs de ces troubles sont exécutés[9].

À la suite de ce conflit, en 442, et vu que les dissensions civiles ont réduit de beaucoup la population d’Ardée, une colonie y est déduite pour se défendre contre les Volsques. La plus grande partie des colons est composée de Rutules, qu'on pourvoit de terres[10].

Tite-Live ne mentionne plus les Rutules dans ses livres suivants, mais la cité d'Ardée apparaît parfois, notamment comme lieu d'exil de l'ancien dictateur Camille.

Sagonte, colonie partiellement ardéate

Selon Silius Italicus, les Sagontins (Sanguntini, -ium), habitants de la ville de Sagonte (Saguntum, -i), se nomment les Rutules, la ville ayant Ă©tĂ© fondĂ©e par des ArdĂ©ates. Tite-Live prĂ©cise quant Ă  lui qu'Ă  « l'origine, [Sagonte est] colonie de l'Ă®le de Zacynthe, et qu'elle a reçu le mĂ©lange de quelques Rutules de la ville d'ArdĂ©e[11] Â».

Notes et références

  1. Dominique Briquel, « Le problème des Dauniens », MĂ©langes de l'École française de Rome. AntiquitĂ©, 86-1, 1974, p. 17 : le nom « servirait Ă  dĂ©signer une peuplade de "roux" Â».
  2. Jean Haudry, Enéide, Revue des Études latines, 95, 2018, p. 99-124.
  3. Tite-Live, Histoire romaine, I, 2.
  4. Tite-Live, Histoire romaine, I, 56-57.
  5. Tite-Live, Histoire romaine, I, 57-60.
  6. Tite-Live, Histoire romaine, III, 71-72.
  7. Tite-Live, Histoire romaine, IV, 1 et IV, 7.
  8. Tite-Live, Histoire romaine, IV, 7.
  9. Tite-Live, Histoire romaine, IV, 9-10.
  10. Tite-Live, Histoire romaine, IV, 11.
  11. Tite-Live, Histoire romaine, XXI, 7.

Voir aussi

Sources antiques

Études modernes

  • StĂ©phane Bourdin, « ArdĂ©e et les Rutules : rĂ©flexions sur l'Ă©mergence et le maintien des identitĂ©s ethniques des populations du Latium prĂ©romain », MĂ©langes de l'École française de Rome, AntiquitĂ©, 117, 2, 2005, p. 585-631 (en ligne).

Articles connexes

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