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Francis Ford Coppola

Francis Ford Coppola [ˈfɹænsɪs fɔɹd ˈkɒpələ][1], né le à Détroit, est un réalisateur, producteur de cinéma et scénariste américain.

Francis Ford Coppola
Description de cette image, également commentée ci-après
Francis Ford Coppola (2011)

Il a été récompensé cinq fois aux Oscars et a remporté deux fois la Palme d'or au Festival de Cannes. En dehors du monde du spectacle, Coppola est aussi vigneron, éditeur de magazine et hôtelier. Il est titulaire d'un diplôme de l'université Hofstra où il a étudié le théâtre et a obtenu un MFA en réalisation cinématographique à l'UCLA Film School (en). Grande figure du Nouvel Hollywood, il est surtout connu pour la trilogie du Parrain et Apocalypse Now, qui dépeint la guerre du Viêt Nam avec un lyrisme abouti.

Il est le père des réalisateurs Sofia et Roman Coppola, le grand-père de la réalisatrice Gia Coppola, le frère de l'actrice Talia Shire et l'oncle des acteurs Nicolas Cage et Jason Schwartzman ainsi que du musicien et acteur Robert Carmine.

Biographie

Enfance

Francis Ford Coppola est né le à l'hôpital Henry-Ford[2] de Détroit (Michigan). Il est le fils de l'actrice Italia Pennino Coppola et de Carmine Coppola, originaire de Bernalda dans la région de Basilicate en Italie, premier flûtiste de divers orchestres symphoniques dont l’orchestre symphonique de Détroit et le prestigieux orchestre symphonique de la NBC. Il est le cadet de leurs trois enfants. Deux ans après sa naissance, Carmine devient premier flûtiste de l’Orchestre symphonique de la NBC et emménage avec sa famille à Long Island. C'est là que le jeune Francis passe le reste de son enfance. Souffrant de poliomyélite, il passe une grande partie de sa jeunesse alité, ce qui favorise son imagination, avec l'improvisation, à la maison, de spectacles de marionnettes[3]. En utilisant la caméra mm de son père, il fait ses tout premiers films en amateur à l'âge de dix ans. Après ses études secondaires à la John L. Miller Great Neck North High School (en)[4] de Long Island, il part étudier le théâtre à l’université Hofstra d'où il sortira avec un Bachelor of Arts en 1959. Il met en scène plusieurs spectacles d'étudiants, regrettant de n'être pas doué pour l'écriture dramatique. En assistant à une projection d’Octobre de Sergueï Eisenstein, il décide d'abandonner le théâtre pour le cinéma. Il s'inscrit à l'université de Californie à Los Angeles, dans le département School of Theater, Film and Television (en)[5] d'où il sort avec un Master of Fine Arts en 1967, puis se perfectionne à la School of Cinematic Arts (en)[6] de l'Université de Californie du Sud[7] où il rencontre Jim Morrison[8] - [9] dont la musique, comme d'autres morceaux emblématiques de l'époque, sera plus tard intégrée à la bande originale de son célèbre film Apocalypse Now[10].

Débuts

Au début des années 1960, il commence sa carrière en faisant des films à petit budget sous la houlette de Roger Corman, puis en étant crédité du scénario[11] de quelques grosses productions internationales comme Paris brûle-t-il ? de René Clément. Sa première œuvre notable, comme réalisateur, remonte à l'ère de ses collaborations avec Corman : Dementia 13. Après son diplôme de fin d'études obtenu grâce à la réalisation de Big Boy, Coppola se voit offrir les rênes de l'adaptation cinématographique de la comédie musicale de Broadway Finian's Rainbow, mettant en vedette Petula Clark dans son premier film américain au côté du vétéran Fred Astaire.

Le producteur Jack Warner, rendu perplexe par l'allure hirsute du cinéaste, le laisse livré à lui-même et limite le budget de production. Coppola emmène sa distribution à Napa Valley pour tourner les séquences d'extérieur. Ces scènes tranchent radicalement avec les attentes des studios hollywoodiens. Traiter un genre démodé comme la comédie musicale est d'une grande complexité pour l'époque, juste avant l'effondrement des grands studios et l'avènement des auteurs indépendants qui constituent le nouvel Hollywood dont Coppola est la tête de proue. Le résultat est une semi-réussite, mais le travail de Coppola avec Clark contribue sans doute à crédibiliser l'incursion de la chanteuse dans le monde du cinéma. Durant cette période, Coppola habite temporairement avec son épouse et sa famille à Mandeville Canyon (en) à Brentwood (Californie).

Aventures avec George Lucas

En 1969, il fonde avec son ami George Lucas les studios American Zoetrope, basés à San Francisco. Le studio produit alors le THX 1138 de ce même Lucas, dont l'échec ruine les ambitions de Coppola. Contraint d'accepter une commande de studio, il réalise Le Parrain d'après le roman éponyme de Mario Puzo. Le gigantesque succès de cette superproduction dont la cheville ouvrière est le producteur Robert Evans, ramène le cinéaste à l'indépendance et ressuscite ses rêves de conquête d'Hollywood.

Triomphe des deux premiers Parrains

En 1971, Coppola gagne un Oscar pour le scénario de Patton, film biographique sur le général George Patton, réalisé par Franklin Schaffner. Cependant, sa réputation de grand cinéaste n'est reconnue qu'après avoir coécrit le scénario et réalisé les deux premiers volets de la grande saga sur la mafia italo-américaine : Le Parrain (1972) et Le Parrain, 2e partie (1974). Les deux œuvres sont récompensées par l'Oscar du meilleur film, devenant ainsi les premiers, et pour l'instant encore les seuls films à en être les détenteurs. Le Parrain - 2e partie lui vaut également l'Oscar de la meilleure réalisation perdu pour l'opus précédent et ravi au favori Roman Polanski, en lice avec Chinatown.

Conversation secrète

Entre les deux Parrain, Coppola prend le temps d'écrire et de mettre en scène un film d'espionnage au style plus personnel : Conversation secrète qui relate l'histoire d’un couple dont l'homme, un important homme d'affaires, charge un expert en surveillance joué par Gene Hackman de mettre sur écoute sa femme, ainsi que son amant supposé. Le film, sorti en salles en 1974, marque largement son époque puisqu'il est contemporain de l'affaire du Watergate. Conversation secrète se voit nommé dans la catégorie « Meilleur film » aux Oscars en 1975, ce qui fait de Coppola le premier cinéaste et l'un des deux seuls (avec Steven Soderbergh, 26 ans plus tard) à avoir réalisé deux films concourant dans cette catégorie la même année. Juste avant que Le Parrain - 2e partie ne triomphe à la cérémonie des Oscars en raflant six statuettes et doublant le record du premier volet, Conversation secrète obtient la Palme d'or au Festival de Cannes 1974.

Échecs

Pendant cette période, il écrit le scénario de l’infructueux succès critique[12] (malgré un succès commercial[13]) Gatsby le Magnifique d'après le roman éponyme de F. Scott Fitzgerald, mettant en vedette Mia Farrow et Robert Redford. Aussi, Coppola investit-il à ce moment-là dans le City Magazine de San Francisco dont il s'autoproclame rédacteur en chef, engageant un tout nouveau personnel, y compris la fille d’un criminel : l'écrivaine Susan Berman, fille de David Berman. Bien qu'acclamée dans le milieu de la presse, l'affaire périclite rapidement. Le dernier numéro est publié en 1976.

Apocalypse Now

Après ces échecs, Coppola goûte à l'autre plus gros succès critique et public de sa carrière avec Apocalypse Now. Il travaille durant cinq ans pour rédiger une première version satisfaisante du scénario avec John Milius. Coppola souhaite depuis longtemps transposer en pleine guerre du Viêt Nam l'intrigue du récit Au cœur des ténèbres de Joseph Conrad, situé dans l'État indépendant du Congo de la fin du XIXe siècle. Plusieurs tentatives d'adaptation du livre ont avorté, dont celle d'Orson Welles. À l'origine, George Lucas est pressenti pour mettre en scène le film. Cependant, celui-ci préfère s'atteler à la réalisation de La Guerre des étoiles et souhaite retarder le tournage d'« Apo ». Coppola décide, sans l'en avertir, de le réaliser ce qui brouille les deux amis durant plusieurs années. Le film fait l'objet d'une production très difficile au cœur de la jungle des Philippines et engloutit plus de 30 millions de dollars d'un budget initialement fixé à 16 millions, s'étalant sur 18 mois de tournage et nécessitant l'impression de plusieurs dizaines de kilomètres de pellicule[10].

Le dictateur Ferdinand Marcos accorde son soutien à la production, prêtant ses hélicoptères et ses avions de chasse destinés à la traque des rebelles[14]. Les appareils sont visibles dans la célèbre séquence du bombardement d'un village sur l'air de la Chevauchée des Walkyries de l'opéra Die Walküre de Richard Wagner. À la base, le rôle de Willard est attribué à Harvey Keitel avec lequel Coppola commence le tournage. Mais à la suite de plusieurs différends, Keitel est remercié au profit de Martin Sheen[14]. Les catastrophes s'enchaînent sur le plateau : un typhon ravage le décor, Sheen est victime d'une crise cardiaque et Marlon Brando, qui avait promis de perdre du poids, débarque sur le tournage obèse, sous la dépendance de stupéfiants et en ayant à peine lu le script. La vedette ignore totalement son texte. Effrayé à l'idée de devoir interrompre son travail, Coppola dissimule l'état de santé de son acteur principal aux producteurs[14]. Il fait d'ailleurs venir son frère des États-Unis durant sa convalescence afin d'en faire une doublure pour des plans de dos. Il décide aussi de filmer Brando dans la pénombre et en fait un personnage à la limite du visible. À la fin de l'année 1976, Coppola fait un premier retour aux États-Unis avec des centaines d'heures d'images qui s'avèrent totalement inutilisables.

Dépassé et happé par la démesure de son entreprise et la mission démiurgique de son ouvrage, Coppola se drogue et est sujet à des crises mystiques, s'identifiant aux causes des tribus locales. Il perd 40 kilos, sombre pratiquement dans la folie et tente de mettre fin à ses jours. Devenu mégalomane, irascible et paranoïaque, il remodèle chaque semaine l'équipe de tournage au gré de son humeur. À cette époque, il s'adonne à des dépenses excessives et somptuaires. Il engloutit près de 150 000 dollars par jour pour assouvir ses lubies, se faisant livrer des centaines de steaks congelés des États-Unis, du champagne et plusieurs produits de luxe. Il réclame aussi la construction d'une piscine derrière la propriété qu'il loue. À bout de force, l'équipe organise plusieurs révoltes et mutineries à l'encontre du metteur en scène. Quand Coppola boucle finalement le tournage et rentre définitivement aux États-Unis, il est accompagné de 250 heures d'images[14].

Alors que le calvaire du tournage est terminé, la production se retrouve avec des centaines d'heures d'images à traiter et aucune des premières versions du film ne convient au réalisateur. L'équipe du montage est mise à rude épreuve et Coppola reste vague quant à la vision parfaite de son film. Le chef monteur Dennis Jakob, perd presque la raison et menace de brûler les kilomètres de bandes. Le montage en travail d'Apocalypse Now est finalement prêt pour 1978. Il est à peu près semblable à celui de la version « Redux », à l'exception de la scène dans la plantation française où le héros connaît une brève histoire avec une fille d'anciens colons d'Indochine qu'interprète Aurore Clément. D'autres séquences, encore jamais vues à ce jour, montrent Willard coucher avec une playmate qui lui tire des cartes de tarot. L'aventure du tournage fait l'objet en 1991 d'un documentaire, Au cœur des ténèbres, réalisé par Fax Bahr et George Hickenlooper. Il intègre de nombreuses séquences et images d'archives tournées à l'époque par Eleanor Coppola[14]. Après trois ans de préparation, le film sort en salles en 1979. Cette odyssée dans l'horreur guerrière et le trip mystique, d'une puissance visuelle hypnotique, inégalée dans l'œuvre du cinéaste, vaut à ce dernier une seconde Palme d'or cannoise, partagée avec l'Allemand Volker Schlöndorff pour Le Tambour, autre grande adaptation littéraire.

Tumulte des années 1980 et 1990

Même si la production avec Lucas d'œuvres de cinéastes tels qu'Akira Kurosawa pour Kagemusha, l'ombre du guerrier s'avère lucrative, Coppola doit faire face à de nouveaux revers financiers qui compromettent sa carrière. Il est impliqué dans la production du film Hammett, que dirige Wim Wenders. Fiction inspirée par la vie de l'écrivain Dashiell Hammett, l'œuvre connait un tournage laborieux et le film, présenté au Festival de Cannes en 1982, suscite peu d'enthousiasme. Coppola prend également part à la diffusion d'une version du Napoléon d'Abel Gance reconstituée par les soins de l'historien de cinéma Kevin Brownlow.

Le film Coup de cœur, que Coppola réalise en 1982, est à l'époque le budget de production le plus important de l'histoire du cinéma ce qui n'empêche pas le cinéaste de le produire intégralement via sa société American Zoetrope. Le film est un désastre commercial tel que Coppola se retrouve ruiné. Contrairement à La Porte du paradis de Michael Cimino, un autre lourd échec financier datant de la même époque, Coup de cœur n'a jamais fait l'objet d'une redécouverte et reste encore aujourd'hui un film assez méconnu. La même année, Coppola réussit à produire le film documentaire écologique Koyaanisqatsi.

Pour éponger ses dettes, il accepte de réaliser coup sur coup Outsiders et Rusty James en 1983. Malgré l'engouement de la critique américaine et internationale, ces deux films ne rencontrent pas le succès escompté.

En 1984, Coppola accepte de travailler en tant que scénariste sur Cotton Club, un projet initié par Robert Evans, producteur du premier Parrain, qui envisage de le mettre en scène. Finalement, Evans y renonce et propose la réalisation à Coppola qui y voit l'occasion de redorer son blason et renflouer sa fortune personnelle. Mais, entre la pression imposée par Evans qu'il souhaite interdire de présence sur le plateau et les dépassements de budget colossaux, Coppola connaît un nouvel échec commercial qui achève ses ambitions artistiques.

Criblé de dettes, il est contraint d'accepter des films de commande tels que Captain Eo avec Michael Jackson, réalisé en 3D pour les parcs d'attractions Disney, ou un des sketchs du film New York Stories, coécrit avec sa fille Sofia.

Durant cette période, il réussit néanmoins à faire de certains films de commande, des œuvres plus personnelles comme Peggy Sue s'est mariée (1986), Jardins de pierre (1987) et Tucker (1988). Le premier est une comédie fantaisiste sur le thème du retour dans le temps. Mettant en vedette Kathleen Turner, le film est plutôt bien accueilli par la critique et reçoit trois nominations aux Oscars. Jardins de pierre est un drame sur les traumatismes du Viêt-Nam, thème que Coppola aborde de manière plus sobre que dans Apocalypse Now. Il s'agit aussi de la quatrième et dernière collaboration entre Coppola et l'acteur James Caan.

Finalement, Tucker est la biographie de l'inventeur et entrepreneur Preston Tucker, qu'incarne Jeff Bridges. C'est un film que produit son ami et ancien protégé George Lucas, qui, lui, réussit là où Coppola échoue : faire fructifier, à travers un marketing agressif et un marchandisage efficace, le triomphe commercial de son film culte (Star Wars) afin de fonder un empire financier sur lequel il règne en maître et grâce auquel il produit et réalise les films qu'il souhaite, en toute indépendance vis-à-vis des majors hollywoodiennes.

Tucker reçoit un bon accueil critique et est en nomination pour trois Oscars. Puis, sous la pression de Paramount, Coppola accepte d'écrire (avec Mario Puzo) et de réaliser une troisième et ultime suite au Parrain en 1990 qui, pour certains critiques, est le film de trop de la saga Corleone. Il n'en est pas moins en lice pour sept Oscars dont celui du meilleur film et Coppola lui-même est en nomination pour le prix du meilleur réalisateur. Mais le film est un semi-échec commercial et Coppola est contraint d'accepter d'autres commandes des grands studios. Il signe notamment Dracula en 1992 pour Columbia, puis Jack en 1996 pour Hollywood Pictures (filiale de Walt Disney Company) et enfin L'Idéaliste en 1997 pour Paramount, accueilli par la critique avec une indifférence polie. Il est dans le même temps président du jury du 49e Festival de Cannes.

Si le succès public de Dracula lui permet un temps de relever sa situation financière, il ne parvient toutefois pas à retrouver le pouvoir et l'influence des débuts. À quelques exceptions près comme Le Jardin secret d'Agnieszka Holland en 1993, le Frankenstein de Kenneth Branagh en 1994 ou Sleepy Hollow de Tim Burton en 1999, son activité de producteur se limite principalement à financer les films de sa fille Sofia, à l'instar de son premier film : Virgin Suicides (1999).

Il cède par ailleurs l'administration et le management d'American Zoetrope à ses deux enfants : Roman et Sofia.

Années 2000-2020

En 2001, il sort la version redux de son chef-d'œuvre Apocalypse Now dans un montage remanié présentant des séquences inédites coupées en 1979.

Il continue à produire les films de sa fille : Lost in Translation (2003) ou Marie-Antoinette (2006), mais également le premier de son fils Roman : CQ (2001).

Dix ans après L'Idéaliste, il revient à la réalisation, en 2007, avec L'Homme sans âge, inspiré de la nouvelle Jeunesse sans jeunesse de Mircea Eliade. Ce retour n'est pas un succès : le film n'attire pas un public suffisant et est globalement rejeté par la critique. Il obtient 30 % au « tomatomètre » sur Rotten Tomatoes (en dessous de 60 %, le film est considéré comme « pourri ») et n'engrange que 2 380 362 dollars de recettes mondiales[15].

En 2009, sort Tetro qui est plutôt bien accueilli par la critique et les spectateurs et obtient 71 % au « tomatomètre » sur Rotten Tomatoes. Dans ce film, tourné majoritairement en noir et blanc, il livre des éléments très autobiographiques à travers le personnage incarné par Vincent Gallo. Le film se déroule en Argentine où il a été tourné en partie en langue espagnole.

Il est le président d'honneur du 37e festival du cinéma américain de Deauville en . La même année, il réalise Twixt, un film d'horreur avec Val Kilmer et Elle Fanning. Le film n'est projeté que dans quelques festivals comme Toronto et Turin, avant de sortir dans quelques pays en 2012. L'accueil critique, notamment en France, est très enthousiaste.

Le , il reçoit le prix Princesse des Asturies 2015.

En il est président du jury du 15e festival international du film de Marrakech[16], succédant ainsi à Isabelle Huppert.

Le , il est lauréat du Prix Lumière[17].

Courant 2019, il annonce préparer un projet de longue date intitulé Megalopolis[18].

Å’uvre

Thèmes abordés

Si les thèmes explorés sont vastes, on retrouve, chez Coppola, certains motifs répétés d'un film à l'autre : l'homme confronté à la perversion du pouvoir politique ou mafieux, la violence, l'expiation, la rédemption, la catharsis, la désagrégation de la cellule familiale, la jeunesse désœuvrée, la mort et la folie. On remarque également une certaine obsession pour le temps, montré sous de multiples travestissements : retrouvailles avec une adolescence révolue afin d'évincer les erreurs futures (Peggy Sue s'est mariée), éternité douloureuse d'une âme en quête de l'amour perdu (Dracula), thème littéraire de la jeunesse éternelle (L'Homme sans âge) ou encore transcription scénarisée de la propre vie du metteur en scène, passée et présente (Tetro). Coppola est de plus très influencé par l'opéra dont s'inspirent largement ses scénarios et ses mises en scène. La scène finale du Parrain 3, qui se déroule à l'opéra de Palerme, en est un exemple notable.

Style

On note deux grandes périodes dans l'œuvre de Coppola. Dans la première partie de sa carrière, il réalise des films à grand spectacle très coûteux, à la démesure assumée. Il passe alors du film de gangsters fastueux, épique et tragique, épousant la structure d'un roman-feuilleton (la trilogie du Parrain, Cotton Club) à une forme de trip mystique, baroque et dantesque (Apocalypse Now). Apocalypse Now témoigne justement d'un style grandiloquent, caractéristique de la première époque Coppola : expérimentations sonores, montage sophistiqué, surimpressions, travellings vertigineux, plans contemplatifs, bande originale saturée, décors et éclairages stylisés (aplats ocre, lumières en faisceau, violents clairs-obscurs etc.), effets fantastiques (vapeurs enveloppantes, brumes colorées…). On retrouve cette envergure esthétique dans certaines réalisations tardives, notamment Bram Stoker's Dracula même si Coppola développe déjà à partir des années 1980, grâce à des films comme Peggy Sue s'est mariée et Rusty James, une tonalité plus personnelle, représentative de la seconde partie de sa carrière.

Dans une deuxième période assez récente (à partir de L'Homme sans âge), le réalisateur réduit peu à peu les dépenses de ses films, et donc leur grande ambition même s'il n'abandonne pas certaines recherches plastiques (mélange du noir et blanc et de la couleur, incrustations numériques…). Ce cheminement l'amène à Tetro, au style sobre et intimiste, puis à Twixt où il repart à zéro et réalise à la fois un film d'étudiant qui ne se prend pas au sérieux, une plongée singulière dans l'atelier de son art poétique (le fantastique, la série B, la réinterprétation de légendes, l'hommage à Edgar Allan Poe…) puis une lamentation personnelle qu'exprime son alter ego : le personnage d'écrivain à la dérive incarné par Val Kilmer qui tente d'écrire pour fuir le souvenir de sa fille décédée (Coppola a connu ce malheur dans sa vie privée : il a perdu son fils Gian-Carlo dans un accident de speedboat en 1986). Le cinéaste a affirmé qu'après ce film, il se redirigerait vers la grosse production ambitieuse, avec sans doute une approche plus mûre et moins ostentatoire.

« Napoléon du cinéma »

Personnage fantasque, mégalomane et démesuré, on le surnomme parfois à juste titre « le Napoléon du cinéma ». D'ailleurs, Coppola revendique ce rapprochement : il n'a jamais caché sa fascination pour le Napoléon d'Abel Gance, classique du cinéma datant de 1927 que sa société American Zoetrope a restauré et montré dans une nouvelle version en 1981, accompagnée d'une musique composée par Carmine Coppola, le père de Francis[19]. Doté d'un orgueil monstrueux que n'ont pas atténué les échecs, Coppola ne laisse jamais indifférent, il se montre volubile, arrogant, extraverti, doté d'une remarquable capacité à enfoncer les portes qu'on ferme devant lui. Il est typique des « auteurs-tyrans » qui considèrent les autres comme des pions pour mener à bien leur propre ambition démiurgique. Apocalypse Now est certainement le film qui a transcendé cette nature pour devenir un chef-d'œuvre cinématographique sur la folie, la guerre, la nature sauvage et l'impérialisme[20].

Tournages en famille

Coppola a souvent travaillé avec des membres de sa famille. Il fait jouer ses deux fils dans Le Parrain dans une scène de combat de rue et dans les funérailles de Don Corleone. Sa sœur, Talia Shire, joue Connie Corleone dans la trilogie et sa fille Sofia Coppola incarne un rôle important dans la troisième partie. Son père Carmine Coppola a coécrit plusieurs musiques de ses films. Ses fils, Roman Coppola et Gian-Carlo Coppola incarnent dans une séquence coupée d'Apocalypse now (visible dans la version Redux) deux des enfants de la famille de colons français restés dans leur plantation après la perte de l'Indochine par la France. Roman y récite même un poème de Charles Baudelaire, L'Albatros.

Éternel idéaliste

« Le cinéma n'est pas industriel, il est indépendant […] Nous sommes dans une floraison de l'art cinématographique, je le sens. »

— Francis Ford Coppola

C’est ce qu’il aura essayé de faire tout au long de sa vie : se produire lui-même, être pleinement indépendant. À travers des films de commande tels que Le Parrain, 3e partie, il va financer sa propre société de production pour s’épargner les problèmes des « producteurs nerveux ». Il voit dans le cinéma indépendant une certaine liberté, de l'action mais aussi de la parole.

« Le Parrain III, c'était purement commercial, je n'avais plus un sou, j'étais complètement dépressif, frustré, découragé. »

— Francis Ford Coppola

Filmographie partielle

Cinéma

Télévision

Comme scénariste

Cinéma

Autres

Distinctions

Cette section récapitule les principales récompenses et nominations obtenues par Francis Ford Coppola. Pour une liste plus complète, consulter IMDb[24].

Récompenses

Nominations et sélections

Notes et références

  1. Prononciation en anglais américain retranscrite selon la norme API. Son patronyme provient de l'italien [ˈkɔppola].
  2. « Francis Ford Coppola », sur movies2.nytimes.com (consulté le ).
  3. Institut National de l’Audiovisuel- Ina.fr, « 1993, Coppola évoque son enfance marquée par la polio - Archives vidéo et radio Ina.fr », sur Ina.fr (consulté le ).
  4. (en) « Great Neck Public Schools / Homepage », sur greatneck.k12.ny.us (consulté le ).
  5. (en-US) « Francis Ford Coppola », sur UCLA School of TFT (consulté le ).
  6. (en-US) Michael Cieply, « U.S.C. Film School’s New Look Is Historic », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le ).
  7. « USC Cinematic Arts | School of Cinematic Arts News », sur cinema.usc.edu (consulté le ).
  8. Prisma Média, « Francis Ford Coppola - La biographie de Francis Ford Coppola avec Gala.fr », sur Gala.fr (consulté le ).
  9. (en-US) « Talking wine with Francis Ford Coppola », The Globe and Mail,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  10. Biographie - Allociné.
  11. Entretien avec Michel Ciment d'Yves Boisset.
  12. (en) « The Great Gatsby - Rotten Tomatoes », sur www.rottentomatoes.com, (consulté le )
  13. « The Great Gatsby - Box Office Data, Movie News, Cast Information - The Numbers », sur web.archive.org, (consulté le )
  14. Secrets de tournage d'Apocalypse Now - Allociné
  15. (en) Box-office L'Homme sans âge - Box Office Mojo.
  16. sur Allociné.
  17. « Prix Lumière 2019 - Prix Lumière 2019 », sur festival-lumiere.org (consulté le ).
  18. « Francis Ford Coppola est enfin de retour avec un projet dingue, apothéose de sa carrière », sur ecranlarge.com, .
  19. (en) Manohla Dargis, « Napoleon is lost, long live Napoleon! », The New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  20. « Les 50 plus grands cinéastes de tous les temps » sur L'Internaute.
  21. Court métrage musical en 3D avec Michael Jackson, diffusé dans les parcs d'attractions Disney.
  22. Filmographie complète - Internet Movie Database.
  23. Film russe remonté pour les États-Unis par Coppola sous le pseudonyme de Thomas Colchart et sorti en 1962 sous le titre Battle Beyond The Sun.
  24. (en) « Awards for Francis Ford Coppola », sur Internet Movie Database (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • Stéphane Delorme, Francis Ford Coppola, éditions Cahiers du cinéma, 2007
  • Yann Calvet et Youri Deschamps, « Francis Ford Coppola, spleen et idéal », revue Éclipses, no 43, 2008
  • Barney Hoskyns (trad. de l'anglais par Corinne Julve), Tom Waits, une biographie : Swordfishtrombones et chiens mouillés, Paris, Rivages, , 456 p. (ISBN 978-2-7436-2467-5)
  • Eleanor Coppola, Apocalypse Now. Journal, Sonatine, 2011

Articles connexes

Liens externes

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