René Clément
René Clément, né le à Bordeaux[1] et mort le à Monaco, est un réalisateur français.
Nom de naissance | René Jean Clément |
---|---|
Naissance |
Bordeaux |
Nationalité | Française |
Décès |
(à 82 ans) Monaco |
Profession | Réalisateur |
Films notables |
La Bataille du rail Jeux interdits Plein soleil Paris brûle-t-il ? |
Il est le seul réalisateur français à avoir remporté deux fois l'Oscar du meilleur film en langue étrangère, pour Au-delà des grilles (1951) puis pour Jeux interdits (1953).
Biographie
René Clément, fils du décorateur Maurice Clément, fréquente le lycée à Bordeaux puis les Beaux-Arts de Paris, où il étudie l’architecture. Il réalise son premier film, César chez les Gaulois, un dessin animé, en 1931. Après la mort de son père, il interrompt ses études et se consacre au cinéma, par lequel il est déjà passionné à l’adolescence.
En 1934, il rencontre Jacques Tati et commence à travailler avec lui. Il fait son service militaire au Service cinématographique de l’Armée. Il réalise son premier court-métrage avec Jacques Tati, une comédie légère, Soigne ton gauche en 1936.
Ensuite, pendant les années trente, il tourne des films documentaires[2]. En 1937, il voyage avec l’archéologue Jules Barthoux au Yémen pour tourner un documentaire sur ce pays. Il est atteint du typhus et même incarcéré à plusieurs reprises.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, il continue à se consacrer aux documentaires. Son documentaire Ceux du rail, un court métrage sorti en 1943 intéresse la coopérative générale du cinéma français qui le choisit pour réaliser La Bataille du rail[2]. Un an plus tard, ce premier long-métrage sorti en salles connait le succès, ce qui lance la carrière de René Clément[2]. Le film met en scène la résistance des cheminots pendant l’Occupation allemande, valant à son auteur le prix du jury au festival de Cannes de 1946[3]. Clément devient alors l'un des metteurs en scène français les plus en vue de l’après-guerre.
Six ans plus tard son probable plus gros succès, Jeux interdits (1952) remporte le Lion d'or à Venise[4] et l’Oscar du meilleur film en langue étrangère[5].
Sa réputation s'étend notamment aux États-Unis où il trouve certaines de ses têtes d’affiches comme Jane Fonda pour Les Félins (1964), Charles Bronson pour Le Passager de la pluie (1969) ou Faye Dunaway pour La Maison sous les arbres (1971)[6].
« Chacun de mes films est la somme de tout ce que j'ai appris auparavant dans tous les domaines », déclarait-il.
Membre fondateur de l'Institut des hautes études cinématographiques (IDHEC), ce touche-à-tout est élu à l'Académie des beaux-arts au fauteuil du sculpteur Georges Hilbert, fauteuil transféré à la section cinéma et audiovisuel à la création de cette dernière en 1985. Il est président de l'Académie et de l'Institut en 1990. Gérard Oury lui succède en 1998, deux ans après sa mort, et prononce son éloge sous la Coupole en 2000.
René Clément meurt le , à Monaco, la veille de son 83e anniversaire. Il est inhumé dans un premier temps au cimetière du Trabuquet à Menton (Alpes-Maritimes), avant d'être transféré dans le jardin de sa propriété de Saint-Pée-sur-Nivelle (Pyrénées-Atlantiques)[7].
Il reste, à ce jour, le cinéaste français le plus primé du festival de Cannes avec cinq récompenses obtenues entre 1946 et 1954[8].
Réception critique
L’œuvre de René Clément a été souvent critiquée par les jeunes auteurs de la Nouvelle Vague[2], et ce malgré ses constantes innovations de tournage, notamment les prises de vues en extérieurs urbains (à Londres dans Monsieur Ripois en 1954, à Gênes dans Au-delà des grilles en 1948) où les comédiens jouent devant des caméras dissimulées, innovation qui donne une vérité et une dimension documentaire à plusieurs de ses films. Comme le feront plus tard Louis Malle et Miles Davis dans Ascenseur pour l’échafaud, la dérive de Monsieur Ripois est accompagnée par le jazz de Roman Vlad[9].
Il endure des critiques très agressives de la part de François Truffaut, en contradiction pour une fois avec André Bazin. Clément en restera blessé et amer, considérant que sa carrière en a été limitée, à l'instar de nombre d'autres réalisateurs (Jean Delannoy, Claude Autant-Lara) eux aussi ciblés par les critiques des Cahiers du cinéma.
Pour chacun de ses nouveaux films, il utilise un style différent : de l’adaptation littéraire comme Gervaise (1956, d'après le roman L'Assommoir d’Émile Zola), Plein Soleil (1960 d’après le roman Monsieur Ripley de Patricia Highsmith), Monsieur Ripois (1954, d'après Monsieur Ripois et la Némésis de Louis Hémon), des thrillers comme Le Passager de la pluie (1969) ou La Course du lièvre à travers les champs (1972), jusqu’au drame psychologique comme Les Félins (1962) et des souvenirs de la Seconde Guerre mondiale avec Paris brûle-t-il ? (1966).
En 1982, Alain Delon réalise Le Battant, un film qu'il dédie à celui qu'il appelle son maître : René Clément.
Hommages
En 2013, la Cinémathèque française lui rend hommage pendant toute la durée du mois de , avec une projection complète de son œuvre, y compris les courts-métrages, la restauration de plusieurs films en copie neuve, une table ronde et la projection du documentaire d'Alain Ferrari[10].
En 2021, L'ADRC et Le Festival La Rochelle Cinéma (FEMA) s'associent pour présenter une rétrospective consacrée à René Clément[11].
En , Monsieur Ripois, longtemps invisible, ressort en salles, salué par la critique.
Filmographie
Longs métrages
- 1945 : La Boîte aux rêves d'Yves Allégret et Jean Choux (assistant réalisateur)
- 1946 : La Belle et la Bête de Jean Cocteau (assistant réalisateur)
- 1946 : La Bataille du rail
- 1946 : Le Père tranquille (La Vie d'une famille française durant l'occupation)
- 1947 : Les Maudits
- 1949 : Au-delà des grilles
- 1950 : Le Château de verre
- 1952 : Jeux interdits
- 1954 : Monsieur Ripois
- 1956 : Gervaise
- 1958 : Barrage contre le Pacifique (This Angry Age)
- 1960 : Plein soleil
- 1961 : Quelle joie de vivre (Che gioia vivere)
- 1963 : Le Jour et l'Heure
- 1964 : Les Félins
- 1966 : Paris brûle-t-il ?
- 1969 : Le Passager de la pluie
- 1971 : La Maison sous les arbres
- 1972 : La Course du lièvre à travers les champs
- 1975 : La Baby-Sitter (autre titre Jeune fille libre le soir)
Courts métrages
- 1931 : César chez les Gaulois
- 1934 : On demande une brute de Charles Barrois (assistant réalisateur)
- 1935 : Évasion
- 1936 : Soigne ton gauche
- 1937 : La Symphonie française du travail
- 1937 : L'Arabie interdite
- 1938 : La Grande Chartreuse
- 1939 : Paris la nuit
- 1939 : La Bièvre, fille perdue
- 1940 : Le Triage
- 1940 : Toulouse
- 1941 : Chefs de demain
- 1942 : Ceux du rail
- 1943 : La Grande Pastorale
- 1944 : Paris sous la botte
Box-office
Film | Années | Entrées |
---|---|---|
Le Père tranquille | 1946 | 6 138 877 entrées |
La Bataille du rail | 1946 | 5 727 203 entrées |
Paris brûle-t-il ? | 1966 | 4 946 274 entrées |
Jeux interdits | 1952 | 4 910 835 entrées |
Le Passager de la pluie | 1969 | 4 763 822 entrées |
Gervaise | 1956 | 4 108 173 entrées |
Distinctions
Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations mentionnées dans cette section peuvent être confirmées par la base de données IMDb.
Récompenses
- Festival de Cannes :
- 1946 : Grand Prix International de la mise en scène et Prix du Jury International pour La Bataille du rail[3]
- 1947 : Grand Prix - films d'aventures et policiers pour Les Maudits[12]
- 1949 : Prix de la mise en scène pour Au-delà des grilles[13]
- 1954 : Prix spécial du Jury pour Monsieur Ripois[14]
- César du cinéma :
- Oscar du meilleur film en langue étrangère :
- 1951 : pour Au-delà des grilles[16]
- 1953 : pour Jeux interdits[5]
- Mostra de Venise :
- Prix du meilleur film français du Syndicat français de la critique de cinéma :
- 1946 : pour La Bataille du rail
- Blue Ribbon Awards du meilleur film en langue étrangère :
- 1954 : pour Jeux interdits
- 1957 : pour Gervaise
- Bodil du meilleur film européen :
- 1954 pour Jeux interdits
- Prix Edgar-Allan-Poe du meilleur film étranger :
- 1962 : pour Plein Soleil[18]
- Prix Kinema Junpō du meilleur film en langue étrangère :
- 1954 : pour Jeux interdits
- 1957 : pour Gervaise[19]
Sélections
- Festival de Cannes :
- 1946 : Grand Prix pour La Bataille du rail et Le Père tranquille[20]
- 1949 : Grand Prix pour Au-delà des grilles[13]
- 1954 : Grand Prix pour Monsieur Ripois[14]
- 1961 : Palme d'or pour Quelle joie de vivre[21]
- Oscar du meilleur film en langue étrangère :
- BAFTA :
- Mostra de Venise :
Notes et références
- Archives de Bordeaux, section no 2, acte de naissance no 232, année 1913 (vue 41/202) (avec mentions marginales de mariages).
- Dominique Chansel, L'Europe à l'écran : le cinéma et l'enseignement de l'histoire, Council of Europe, , 219 p. (ISBN 9789287145291, lire en ligne), p. 45.
- « En Compétition - Longs Métrages - La Bataille du rail », sur festival-cannes.com (consulté le ).
- (it) « Jeux interdits », sur asac.labiennale.org (consulté le ).
- (en) « 25e cérémonie des Oscars - 1953 », sur oscars.org, Oscars du cinéma (consulté le ).
- AlloCine, « René Clément », sur AlloCiné (consulté le )
- Cimetières de France et d'ailleurs
- La Rédaction, « Cannes en 69 questions », Studio Ciné Live n° 79, , p. 69.
- « “Monsieur Ripois”, portrait d’un bel indifférent affreusement séducteur », sur Télérama, (consulté le )
- « René Clément du 5 juin au 1 juillet 2013 », sur cinematheque.fr (consulté le ).
- « René Clément », sur ADRC (consulté le )
- « En Compétition - Longs Métrages - Les Maudits », sur festival-cannes.com (consulté le ).
- « En Compétition - Longs Métrages - Au-delà des grilles », sur festival-cannes.com (consulté le ).
- « En Compétition - Longs Métrages - Monsieur Ripois », sur festival-cannes.com (consulté le ).
- « René Clément », sur academie-cinema.org (consulté le ).
- (en) « 23e cérémonie des Oscars - 1951 », sur oscars.org, Oscars du cinéma (consulté le ).
- (en) « 17th Venice International Film Festival », sur fipresci.org (consulté le ).
- (en) « Category List – Best Foreign film », sur theedgars.com (consulté le ).
- (en) Stuart Galbraith, Japanese Filmography: A Complete Reference to 209 Filmmakers and the Over 1250 Films Released in the United States, 1900 Through 1994, Mcfarland, , 509 p. (ISBN 9-780786-400324), p. 475.
- « 1946 - La Sélection », sur festival-cannes.com (consulté le ).
- « En Compétition - Longs Métrages - Quelle joie de vivre », sur festival-cannes.com (consulté le ).
- (en) « 29e cérémonie des Oscars - 1957 », sur oscars.org, Oscars du cinéma (consulté le ).
- (en) « BAFTA - Film in 1955 » (consulté le ).
- (it) « Gervaise », sur asac.labiennale.org (consulté le ).
Voir aussi
Bibliographie
- André Farwagi, René Clément, Paris, Seghers, 1967
- Denitza Bantcheva, René Clément, Éditions du Revif, 2008
- Denitza Bantcheva (sous la direction de), L'Âge d'or du cinéma européen, Éditions du Revif, 2011
- Dossier « Modernité de René Clément », in Positif no 612,
- Notice René Clément, volume des Célébrations nationales, ministère de la Culture, 2013
Documentaire
- 2013 : René Clément, témoin et poète, documentaire d'Alain Ferrari
Radio
- Jean Couturier et Irène Omélianenko, René Clément, Le Bon plaisir, France Culture, Madelen/INA, 27 juin 1987 [écouter en ligne].
Liens externes
- Ressources relatives à l'audiovisuel :
- Allociné
- Ciné-Ressources
- Unifrance
- (en) AllMovie
- (de + en) Filmportal
- (pl) Filmweb.pl
- (en) IMDb
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- (de + en) Artists of the World Online
- (en) Museum of Modern Art
- (nl + en) RKDartists
- Ressource relative au spectacle :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Revue Acmé - Dossier au format PDF (32 Mo)