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Lost in Translation

Lost in Translation, ou Traduction infidĂšle au QuĂ©bec, est un film amĂ©ricano-japonais Ă©crit et rĂ©alisĂ© par Sofia Coppola, sorti en 2003. Cette comĂ©die dramatique est le deuxiĂšme film de la rĂ©alisatrice, qui en a Ă©galement Ă©crit le scĂ©nario en s'inspirant de ses sĂ©jours au Japon. Le film a pour thĂšme la rencontre dans un hĂŽtel de Tokyo de deux AmĂ©ricains (interprĂ©tĂ©s par Bill Murray et Scarlett Johansson) perdus au sein d’une culture qui leur est totalement Ă©trangĂšre, ainsi que dans leurs propres vies, et qui nouent un lien particulier. À travers leurs expĂ©riences, le film propose une rĂ©flexion sur l’isolement, le mal-ĂȘtre, la culture japonaise et le langage.

Lost in Translation
Description de l'image Lost in Translation.png.
Titre québécois Traduction infidÚle
Titre original Lost in Translation
RĂ©alisation Sofia Coppola
Scénario Sofia Coppola
Acteurs principaux
Sociétés de production American Zoetrope
Elemental Films
Pays de production Drapeau des États-Unis États-Unis
Drapeau du Japon Japon
Genre Comédie dramatique
DurĂ©e 102 minutes
Sortie 2003

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Le film, financĂ© de maniĂšre indĂ©pendante, est tournĂ© au Japon en un peu plus d'un mois. Le scĂ©nario laisse beaucoup de libertĂ© aux acteurs pour improviser, notamment Ă  Bill Murray dont le rĂŽle a Ă©tĂ© spĂ©cifiquement Ă©crit par Sofia Coppola. À sa sortie, le film est plĂ©biscitĂ© par la critique et obtient un important succĂšs commercial au vu de son modeste budget. Il remporte de nombreux prix dont l’Oscar du meilleur scĂ©nario original, le Golden Globe du meilleur film musical ou de comĂ©die, les British Academy Film Awards du meilleur acteur et de la meilleure actrice ainsi que le CĂ©sar du meilleur film Ă©tranger.

Synopsis

Bob Harris, acteur amĂ©ricain prenant de l'Ăąge et Ă  la carriĂšre instable, arrive Ă  Tokyo au Japon, afin d’y tourner une publicitĂ© pour un whisky de la marque Suntory, contrat qu'il a acceptĂ© en partie pour l'argent et en partie pour fuir son Ă©pouse. Incapable de s’adapter au dĂ©calage horaire et Ă  la situation prĂ©sente, il passe le plus clair de son temps dans l'hĂŽtel de luxe oĂč il rĂ©side, un gratte-ciel dominant la ville. Pendant ce temps, Charlotte, une jeune femme rĂ©cemment diplĂŽmĂ©e de l'universitĂ© venue Ă  Tokyo afin d’y accompagner John, son mari, un photographe de cĂ©lĂ©britĂ©s, s’ennuie et se sent seule, incertaine Ă  propos de son avenir et de ses sentiments envers l'homme qu'elle a Ă©pousĂ©. John se consacre en effet entiĂšrement Ă  son travail, dĂ©laissant Charlotte au profit des cĂ©lĂ©britĂ©s qu'il cĂŽtoie, comme Kelly, une actrice.

Peu aprĂšs leur arrivĂ©e, Bob et Charlotte, qui souffrent tous deux d'insomnie, se rencontrent dans l'hĂŽtel et commencent Ă  sympathiser. AprĂšs plusieurs brĂšves rencontres, Charlotte invite Bob Ă  une soirĂ©e avec des amis japonais et les liens entre eux deux se resserrent, liens amplifiĂ©s par le choc des cultures qu'ils ressentent tous deux et l'isolement qu'ils subissent. Ils passent dĂšs lors beaucoup de temps ensemble et se livrent une nuit Ă  une conversation Ă  cƓur ouvert Ă  propos de leurs troubles. Cependant, l'avant-derniĂšre nuit avant son dĂ©part, Bob couche avec la chanteuse de l'hĂŽtel. Le lendemain, quand Charlotte le dĂ©couvre, cela crĂ©e de la tension entre eux et ils se brouillent. Ils se rĂ©concilient nĂ©anmoins pendant la nuit Ă  la faveur d'une alerte incendie.

Le matin suivant, Bob est prĂȘt Ă  repartir pour les États-Unis, et Charlotte et lui, tous deux gĂȘnĂ©s, se font de brefs adieux Ă  l'hĂŽtel. Alors qu'il est en route pour l'aĂ©roport, Bob aperçoit Charlotte dans la foule. Il la retrouve et la serre dans ses bras en lui murmurant quelque chose Ă  l'oreille. Ils s'embrassent et se font Ă  nouveau leurs adieux.

Fiche technique

Le film s'ouvre sur plusieurs vues de Tokyo, dont cette vue panoramique de Roppongi depuis la tour de Tokyo, semblable Ă  celle que contemple le personnage de Charlotte depuis sa chambre d'hĂŽtel au Park Hyatt (qui se trouve au fond de l'image).

Distribution

Sources et légende : Version française (VF) sur Voxofilm[2]

Production

DĂ©veloppement du projet

Une rue commerçante à Tokyo.

Sofia Coppola s’est fondĂ©e sur son vĂ©cu dans les annĂ©es 1990 pour Ă©crire le scĂ©nario du film[3]. Durant cette pĂ©riode, elle fit plusieurs voyages Ă  Tokyo, notamment pour y prendre des photographies et pour la promotion de son premier film et a toujours Ă©tĂ© attirĂ©e par les illuminations au nĂ©on des rues de la ville. Elle dĂ©crit Ă©galement l’hĂŽtel Hyatt de Tokyo oĂč la plupart des intĂ©rieurs du film ont Ă©tĂ© tournĂ©s, comme l’un de ses endroits favoris dans le monde en raison de son calme, de son design et de sa combinaison de diffĂ©rentes cultures. AprĂšs avoir entendu l’interprĂ©tation de la chanson God Save the Queen des Sex Pistols par son ami Fumihiro Hayashi (Charlie dans le film) lors d’un karaokĂ©, elle dĂ©cide qu’elle veut mettre cela dans un film, ainsi que les lumiĂšres de la ville et l’hĂŽtel Hyatt[4]. Coppola passe six mois Ă  Ă©crire le scĂ©nario du film, couchant sur le papier des impressions et de courtes histoires qu’elle relie ensuite entre elles[5] - [6]. Pour crĂ©er la relation romantique mais non sexuelle entre ses deux personnages principaux, elle s’inspira de la dynamique entre Humphrey Bogart et Lauren Bacall dans Le Grand Sommeil (1946)[5].

De son propre aveu, Sofia Coppola a voulu faire un film romantique sur deux personnages vivant une brÚve rencontre, la chronologie de l'histoire étant abrégée intentionnellement pour insister sur ce point[7]. Le titre du film est une référence à une définition de la poésie par le poÚte américain Robert Frost : « Poetry is what gets lost in translation » dont une traduction possible est : « La poésie est ce qui se perd dans une traduction ». Une scÚne du film illustre le titre quand un interprÚte traduit de façon trÚs incomplÚte une conversation entre Bob Harris et le réalisateur de la publicité qu'il doit tourner. Toutefois, au-delà de ce sens premier, les deux personnages principaux du film sont également perdus dans leurs mariages et dans leurs vies en général, et ce sentiment est amplifié par le choc des cultures[8] - [9].

DĂ©sirant avoir un contrĂŽle crĂ©atif total, Coppola cherche Ă  financer son film en vendant ses droits de distribution Ă  diffĂ©rentes compagnies suivant les pays. Virgin Suicides ayant Ă©tĂ© un succĂšs au Japon et Lost in Translation devant ĂȘtre tournĂ© Ă  Tokyo, Tohokushinsa Film acquiert rapidement les droits pour ce pays. Ross Katz, producteur du film, persuada ensuite d’autres sociĂ©tĂ©s comme PathĂ© en France d’acheter les droits de distribution nationaux et Focus Features accepta d’investir dans le projet, ce qui permit de boucler le budget de 4 000 000 $US[5].

Choix des interprĂštes

L'actrice Scarlett Johansson, l'année de sortie du film.

Sofia Coppola pense dĂšs le dĂ©but Ă  Bill Murray pour tenir le premier rĂŽle masculin[3]. L'acteur Ă©tant trĂšs difficile Ă  joindre, elle lui envoie des lettres et lui laisse des messages tĂ©lĂ©phoniques pendant cinq mois. Pour le convaincre, elle demande de l'aide Ă  Wes Anderson, qui a dirigĂ© Murray dans deux films, et au scĂ©nariste Mitch Glazer, un ami qu'ils ont en commun[10]. Coppola et Murray finissent par se rencontrer dans un restaurant de New York et il donne son accord de principe, sans toutefois signer de contrat. Alors que le tournage est proche de dĂ©buter, Coppola est donc dans un Ă©tat de tension extrĂȘme mais Murray finit par arriver Ă  Tokyo une semaine avant le dĂ©but du tournage[5].

Pour le premier rĂŽle fĂ©minin, Coppola engage Scarlett Johansson, qu'elle a remarquĂ©e dans Manny & Lo (1996) et qui lui fait penser Ă  une jeune Lauren Bacall[3], bien qu'elle soit plus jeune que son personnage. Elle apprĂ©cie en effet sa voix rauque, la maturitĂ© qu'elle dĂ©gage et sa façon de faire passer des sentiments sans en faire trop[11]. Coppola affirma aussi qu’il y a une partie autobiographique dans ce rĂŽle et que l’actrice lui fait penser Ă  elle au mĂȘme Ăąge[5]. Johansson accepta immĂ©diatement le rĂŽle de Charlotte[10].

Giovanni Ribisi (qui a tenu le rĂŽle du narrateur dans Virgin Suicides) fut choisi pour jouer le mari de Charlotte et fit quelques rĂ©pĂ©titions avec Johansson avant de s’envoler pour le Japon, rĂ©pĂ©titions qui seront les seules de la production[4]. Anna Faris est engagĂ©e trĂšs peu de temps avant le tournage et craint de ne pas trouver le ton du film[12], mais Coppola affirme que sa prestation, notamment lors de son interprĂ©tation en karaokĂ© de Nobody Does It Better, l’a fait « mourir de rire »[13].

Tournage

Les repĂ©rages sont effectuĂ©s par Sofia Coppola, Ross Katz et Lance Acord, le directeur de la photographie, un ami de Coppola qui connait trĂšs bien Tokyo. Coppola fait un album de 40 pages de photographies Ă  l'intention de l'Ă©quipe du film afin que tous puissent se faire une idĂ©e du visuel souhaitĂ© pour le film[14]. Le tournage se dĂ©roule du au , principalement Ă  Tokyo Ă  l’hĂŽtel Park Hyatt, dans la Shinjuku Park Tower, et dans le quartier de Daikanyama et Ă©galement Ă  Kyoto, au sanctuaire Heian et au Ryƍan-ji. Il commence par les scĂšnes se dĂ©roulant Ă  l’hĂŽpital[15]. L’équipe du film est en grande partie japonaise et Coppola doit passer par son assistant-rĂ©alisateur pour donner ses consignes Ă  l’équipe et aux figurants, ce qui fait que le tournage prend du temps[4]. La diffĂ©rence avec un tournage habituel se fait Ă©galement ressentir lorsque, lors d’une scĂšne dans un restaurant de sushis, le tournage ayant pris dix minutes de retard, le propriĂ©taire du restaurant Ă©teignit toutes les lumiĂšres car l’horaire prĂ©vu n’avait pas Ă©tĂ© respectĂ© — ce qui termina la scĂšne dans le noir. Ce genre de petit dĂ©passement horaire est considĂ©rĂ© comme banal dans un tournage anglo-saxon, mais comme un manque de respect important au Japon et l’incident entraĂźna la dĂ©mission du rĂ©gisseur gĂ©nĂ©ral japonais[5].

Lance Acord cherche Ă  privilĂ©gier la lumiĂšre naturelle autant que possible et Ă©vite les grands mouvements de camĂ©ra, favorisant les plans rapprochĂ©s[16]. Il tourne la plupart des scĂšnes avec une camĂ©ra Aaton 35 mm[5]. Cette camĂ©ra portative est utilisĂ©e avec des pellicules ayant une haute sensibilitĂ© ISO, ce qui permet de tourner dans des lieux publics faiblement Ă©clairĂ©s de façon discrĂšte et dans un style intimiste et presque documentaire[4]. Certains plans sont tournĂ©s sans son, la camĂ©ra filmant juste pour saisir une ambiance[17]. Coppola tourne sans permission dans certains lieux, comme le mĂ©tro ou Shibuya Crossing, Ă©vitant d’attirer l’attention de la police en employant une Ă©quipe trĂšs rĂ©duite[13]. Roman Coppola, le frĂšre de Sofia, dirige une seconde Ă©quipe chargĂ©e de rĂ©aliser des plans de Tokyo indistincts et illuminĂ©s par les nĂ©ons[5].

Les scĂšnes Ă  l’hĂŽtel impliquant les deux acteurs principaux (qui se rencontrent pour la premiĂšre fois sur le tournage) sont tournĂ©es pour la plupart dans l’ordre chronologique du film[14]. La plupart des scĂšnes Ă  l'hĂŽtel Hyatt sont tournĂ©es de nuit, Ă  partir de la deuxiĂšme semaine, car la direction de l'hĂŽtel n'autorise l'Ă©quipe Ă  tourner qu'Ă  partir de 1h du matin[13]. Coppola laisse Ă  ses acteurs une bonne marge de manƓuvre pour modifier les dialogues, et certaines scĂšnes, comme celle du karaokĂ©, sont presque entiĂšrement improvisĂ©es[5]. Concernant la scĂšne finale du film, qui n'est que vaguement dĂ©crite dans le scĂ©nario, Coppola dit Ă  Murray d'embrasser Johansson mais sans en informer l'actrice afin d'avoir plus de spontanĂ©itĂ©. Ce qu'il lui murmure Ă  l'oreille, trop bas pour ĂȘtre enregistrĂ©, n'est Ă©galement pas spĂ©cifiĂ© dans le script, et Coppola a envisagĂ© l'idĂ©e de le rendre audible en postsynchronisation avant de dĂ©cider qu'il valait mieux laisser cela entre eux deux[14]. Le tournage se termine avec les scĂšnes de Johansson Ă  Kyoto[13]. Sarah Flack commence le montage du film Ă  New York pendant le tournage, des bandes vidĂ©o lui Ă©tant envoyĂ©es rĂ©guliĂšrement par courriel, et elle passe ensuite dix semaines avec Coppola pour rĂ©aliser le montage[18].

Bande originale

La bande originale, supervisée par Brian Reitzell, est un mélange de morceaux dream pop[3] ; elle sort chez le label Emperor Norton Records le . Elle comprend cinq titres de Kevin Shields, chanteur et guitariste du groupe My Bloody Valentine. Elle est définie par Heather Phares, de AllMusic, comme une « bande originale impressionniste et romantique qui joue un rÎle presque aussi important que ceux de Bill Murray et Scarlett Johansson »[19].

Lors de la scĂšne du karaokĂ©, Scarlett Johansson chante Brass in Pocket des Pretenders et Bill Murray interprĂšte (What's So Funny 'Bout) Peace, Love and Understanding, popularisĂ©e par Elvis Costello. Murray et Sofia Coppola ont ensuite choisi ensemble More Than This de Roxy Music, en raison de leur amour commun pour ce groupe et parce que les paroles correspondaient Ă  l'histoire[14]. La chanson finale de l'Ă©dition internationale de l’album contient une chanson cachĂ©e (aprĂšs une longue pĂ©riode de silence). C’est tout simplement la prestation de Bill Murray au karaokĂ© sur More Than This. L'Ă©dition japonaise contient le morceau 50 Floors Up, de Brian Reitzell et Roger J. Manning Jr, en titre bonus.

Accueil

Box-office

Le film est proposĂ© pour concourir au Festival de Cannes 2003 mais le comitĂ© de sĂ©lection le refuse, au grand dam de Thierry FrĂ©maux, qui considĂšre cela comme un de ses plus grands revers, renforcĂ© par une Ă©dition festivaliĂšre trĂšs dĂ©criĂ©e cette annĂ©e-lĂ [20]. Le film est projetĂ© pour la premiĂšre fois en public lors du festival du film de Telluride le [21]. AprĂšs une sortie limitĂ©e dans 23 salles le , il sort aux États-Unis le dans 864 salles[22]. BĂ©nĂ©ficiant d’une excellente publicitĂ© de bouche-Ă -oreille de la part des spectateurs, le film obtint un succĂšs qui surprit les observateurs[23]. Il rapporta 119 723 856 $US au box-office mondial, dont 44 585 453 $US en AmĂ©rique du Nord, ce qui en fait un trĂšs grand succĂšs commercial vu son budget trĂšs modeste[22].

Il attira dans les salles de cinĂ©ma 1 328 922 spectateurs en France, 270 546 en Suisse, 177 184 en Belgique et 87 111 au QuĂ©bec. Il dĂ©passa les deux millions d’entrĂ©es au Royaume-Uni (2 239 895) et le million d’entrĂ©es en Allemagne (1 113 252) et en Espagne (1 095 809)[24].

Box-office mondial par pays (par ordre décroissant)[25]
Pays Box-office Pays Box-office Pays Box-office
Drapeau des États-Unis + Drapeau du Canada 44 585 453 $ Drapeau du BrĂ©sil BrĂ©sil 1 351 146 $ Drapeau de la GrĂšce GrĂšce 588 150 $
Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni 17 986 199 $ Drapeau du Mexique Mexique 1 182 175 $ Drapeau de l'Argentine Argentine 535 213 $
Drapeau de la France France 8 730 794 $ Drapeau de l'Autriche Autriche 1 034 853 $ Drapeau de la Russie Russie 349 128 $
Drapeau de l'Allemagne Allemagne 7 410 337 $ Drapeau de la Nouvelle-ZĂ©lande Nouvelle-ZĂ©lande 992 222 $ Drapeau de Hong Kong Hong Kong 333 628 $
Drapeau de l'Espagne Espagne 6 904 520 $ Drapeau de la NorvĂšge NorvĂšge 934 999 $ Drapeau du Chili Chili 300 330 $
Drapeau de l'Australie Australie 4 682 460 $ Drapeau de la Finlande Finlande 920 338 $ Drapeau de la Turquie Turquie 218 436 $
Drapeau de l'Italie Italie 3 447 429 $ Drapeau de la Pologne Pologne 917 530 $ Drapeau de la TchĂ©quie RĂ©publique tchĂšque 182 701 $
Drapeau des Pays-Bas Pays-Bas 1 571 127 $ Drapeau du Portugal Portugal 639 563 $ Drapeau de la Colombie Colombie 177 512 $

Accueil critique

Le film a Ă©tĂ© quasi-unanimement plĂ©biscitĂ© par la critique, recueillant 95 % de critiques positives avec une note moyenne de 8,5/10 et sur la base de 228 critiques collectĂ©es sur le site internet Rotten Tomatoes[26]. Il obtient un pointage de 89/100 sur la base de 44 critiques sur Metacritic[27]. En 2008, le magazine Empire l’a classĂ© Ă  la 128e place dans sa liste des 500 meilleurs films de tous les temps[28].

Roger Ebert du Chicago Sun-Times lui donne 4 Ă©toiles sur 4, Ă©voquant un film « aussi doux et triste que sardonique et amusant » avec « deux magnifiques interprĂ©tations » de Bill Murray et Scarlett Johansson[29]. Lisa Schwartzbaum d’Entertainment Weekly lui donne la note « A », affirmant que « le plus Ă©tonnant dans ce film enchanteur est la prĂ©cision, la maturitĂ© et l’originalitĂ© avec lesquelles Sofia Coppola communique aussi clairement dans son langage cinĂ©matographique » et que c’est le meilleur rĂŽle de Bill Murray jusqu’à prĂ©sent[30]. Pour Mike Clark de USA Today, le film « offre un humour sobre en lieu et place des assauts directs que la plupart des comĂ©dies contemporaines nous infligent » et Murray et Johansson « semblent si naturels ensemble que vous devez vous pincer pour penser Ă  leur diffĂ©rence d’ñge »[31]. Richard Corliss de Time Magazine met de l’avant la « touche spirituelle des dialogues qui semblent improvisĂ©s mais rĂ©vĂšlent, de façon dĂ©tournĂ©e, le sentiment de dislocation des personnages »[32]. Peter Travers de Rolling Stone Ă©voque un film « remarquable » au scĂ©nario « astucieusement Ă©vanescent » oĂč Bill Murray met Ă  jour avec talent « les fĂȘlures Ă©motionnelles » de son personnage tout en Ă©tant « hilarant » par moments et oĂč Scarlett Johansson est « saisissante » de « grĂące subtile »[33]. Parmi les rares critiques mitigĂ©es, Jonathan Rosenbaum du Chicago Reader estime que Sofia Coppola a fait « un excellent travail en tirant le meilleur de ses deux acteurs principaux » et « un assez bon travail en saisissant l’ambiance nocturne de Tokyo et en montrant la sensation d’ĂȘtre un Ă©tranger dans ce monde » mais qu’il n’était « pas certain qu’elle n’ait accompli quoi que ce soit d’autre »[34].

Le film a Ă©galement reçu des critiques nĂ©gatives. Dans un article du Guardian, Kiku Day Ă©crivit qu’« il n’y a aucune scĂšne oĂč les Japonais se voient accorder une once de dignitĂ©. Le spectateur est contraint de rire de ces gens petits et jaunes et de leurs Ă©tranges maniĂšres »[35]. Dans un autre article du Guardian, le journaliste David Stubbs dĂ©crit les personnages de Lost in Translation comme des « AmĂ©ricains gĂątĂ©s, pleins d’ennui, riches et absolument antipathiques »[36].

En France, le film obtient un pointage de 4,45/5 sur la revue de presse d’AllocinĂ©[37]. Florence Colombani du Monde souligne « la drĂŽlerie et l’élĂ©gance de la mise en scĂšne » et le don qu’a Sofia Coppola de « suggĂ©rer un maximum de choses en un minimum de mots »[37]. Emmanuel Burdeau des Cahiers du cinĂ©ma Ă©voque « le meilleur cinĂ©ma, immobile et attentif, occupĂ© Ă  la tĂąche sans fin de son autotraduction »[38]. Serge Kaganski des Inrockuptibles estime que c’est « une comĂ©die romantique aussi subtile que mĂ©lancolique »[39]. Jean-Pierre Coursodon de Positif Ă©voque « un film trĂšs libre, et parfois dĂ©sopilant, en mĂȘme temps que secrĂštement nostalgique »[40]. Pour Martine Landrot de TĂ©lĂ©rama c’est un film « radieux, retenu et remuant [qui] marque une date dans l’histoire personnelle de celui qui l’a vu » et bĂ©nĂ©ficiant de l’interprĂ©tation de « deux acteurs au jeu translucide et pĂ©nĂ©trant »[41]. Didier Peron de LibĂ©ration met en avant la « lĂ©gĂšretĂ© de la forme » et la « profondeur de fond », une « Ă©tude en mode mineur d’un certain Ă©tat de l’individu moderne dĂ©chirĂ© entre les souffrances de l’ubiquitĂ© et les ravissements de la solitude ultime »[42].

Distinctions

Cette section rĂ©capitule les principales rĂ©compenses et nominations obtenues par le film. Pour une liste plus complĂšte, se rĂ©fĂ©rer Ă  l’Internet Movie Database[43].

RĂ©compenses

Nominations

Analyse

Le titre du film se rĂ©fĂšre Ă  une scĂšne pendant laquelle un rĂ©alisateur japonais donne de longues directives au personnage interprĂ©tĂ© par Bill Murray, l'essentiel de celles-ci Ă©tant « perdues » dans la traduction trĂšs incomplĂšte qui en est faite Ă  l'acteur. Cependant, au-delĂ  de cet aspect, les deux personnages principaux du film, Bob et Charlotte, sont perdus dans une culture japonaise qui leur est totalement Ă©trangĂšre et surtout dans leur vie et leurs relations avec leurs conjoints respectifs, une sensation amplifiĂ©e par leur dĂ©sorientation due au dĂ©calage des cultures et qui les conduit Ă  nouer rapidement des liens[9]. Emmanuel Burdeau soutient que l'exotisme offre « l'occasion d'une intimitĂ© soudĂ©e moins par une comprĂ©hension que par le partage d'une stupeur » et que la nature ambigĂŒe de la relation entre Bob et Charlotte est finalement « sans importance » en comparaison de la rĂ©flexion sur la culture japonaise et le langage. Pour Burdeau, la scĂšne du karaokĂ© a « valeur d’emblĂšme » en « substituant une langue Ă  une autre, un doublage Ă  un autre » et permet Ă  Bob et Charlotte de « se rĂ©accorder au chant de leur Ă©trangetĂ© respective »[38].

Pour Jean-Pierre Coursodon, Bob et Charlotte sont « liĂ©s par leur dĂ©sarroi affectif » et ont en commun « une dĂ©fiance du langage fondĂ©e sur une conscience de tous ses piĂšges », comme « le non-dit toujours sous-jacent au discours ». Leur situation de malaise dans ce pays « Ă©trange et Ă©tranger » est propice Ă  une rencontre amoureuse, mais Sofia Coppola Ă©vite les poncifs de la comĂ©die romantique en rendant son film plus mĂ©lancolique et en le dirigeant vers une « mĂ©ditation intimiste sur l'isolement et le mal-ĂȘtre », la solitude en Ă©tant le fil conducteur. La rĂ©alisatrice sacrifie nĂ©anmoins au traditionnel baiser final, mais celui-ci « n'est ni Ă©rotique, ni prometteur d'un avenir », il « traduit simplement la rĂ©alitĂ© d'une Ă©motion »[40]. L'universitaire Marco Abel classe Lost in Translation dans la catĂ©gorie des films qui appartiennent au mouvement « postromantique », dont la caractĂ©ristique est d'offrir une perspective nĂ©gative sur l'amour et le sexe, les personnages rejetant la notion idĂ©alisĂ©e de la monogamie durant toute leur vie[56].

L'écrivain et réalisatrice Anita Schillhorn van Veen interprÚte le film comme une critique de la modernité, selon laquelle Tokyo est un monde flottant moderne proposant des plaisirs fugaces trop aliénants et immoraux pour favoriser des relations profondes[57]. Maria San Filippo, écrivain et maßtre de conférences, estime que Tokyo est une métaphore des visions du monde de Bob et Charlotte. L'ambiance paisible de l'hÎtel représente le désir de sécurité et de tranquillité de Bob, alors que l'atmosphÚre dynamique des rues de la ville symbolise la volonté de Charlotte de s'impliquer dans le monde[58].

La culture japonaise, représentée entre autres à travers l'ikebana dans une scÚne, fait partie des thÚmes principaux du film.

Toujours selon Maria San Filippo, la façon dont les Japonais sont perçus uniquement du point de vue de touristes amĂ©ricains « pourrait ĂȘtre dĂ©cevante si elle n'Ă©tait pas aussi fidĂšle Ă  la rĂ©alitĂ© ». Sofia Coppola sait de sa propre expĂ©rience « que les AmĂ©ricains connaissent rarement suffisamment bien les Japonais pour dĂ©couvrir leur profondeur en tant qu'ĂȘtres humains »[58]. Pour le professeur Robin Antepara, bien que le film vĂ©hicule certains stĂ©rĂ©otypes, Charlotte personnifie d'un autre cĂŽtĂ© le sens de l'observation des Japonais, une qualitĂ© souvent nĂ©gligĂ©e[59]. Emmanuel Burdeau insiste sur l'inversion des « attributions ordinaires » des AmĂ©ricains et des Japonais, particuliĂšrement visible dans les scĂšnes du tournage de la publicitĂ© et du karaokĂ©, oĂč des Japonais volubiles et surexcitĂ©s s'opposent Ă  des AmĂ©ricains sur la rĂ©serve et oĂč la satire fĂ©roce « fonctionne sans prĂ©fĂ©rence dans les deux directions ». Sofia Coppola s'interroge sur la « retenue gĂ©nĂ©reuse » associĂ©e au Japon, « appartient-elle Ă  ce pays ou s'invente-t-elle dans le dĂ©paysement ? », et entretient avec ce film sa « fascination ambivalente pour le Japon »[38].

L’essayiste Robert Hahn suggĂšre que Sofia Coppola utilise le clair-obscur pour renforcer son histoire. Les tons lumineux qui dominent le film symbolisent selon lui l'humour et la romance et contrastent avec les tons plus sombres qui reprĂ©sentent le sentiment sous-jacent de dĂ©couragement. Il compare ces jeux de lumiĂšre Ă  la technique du peintre John Singer Sargent[60]. Le premier plan du film, un plan rapprochĂ© de Charlotte allongĂ©e en sous-vĂȘtements roses, a Ă©tĂ© comparĂ© Ă  celui de Brigitte Bardot dans la premiĂšre scĂšne du MĂ©pris (1963)[61]. Toutefois, pour Maria San Filippo, ce plan est utilisĂ© dans Le MĂ©pris dans le but d'une rĂ©flexion sur l'objectification sexuelle alors que Sofia Coppola semble rechercher un but uniquement esthĂ©tique[58]. Le professeur de cinĂ©ma Geoff King note que ce plan est marquĂ© d'un attrait Ă©vident par son Ă©rotisme potentiel et d'un charme plus subtil par sa qualitĂ© artistique. C'est selon lui un exemple du charme du film, caractĂ©ristique des films produits par les grands studios, et de ses attraits plus subtils typiques du cinĂ©ma indĂ©pendant[62]. Dans un autre registre, celui de la citation cinĂ©matographique, c'est le film La dolce vita, avec Marcello Mastroianni et Anita Ekberg, que Bob et Charlotte visionnent Ă  la tĂ©lĂ©vision.

Éditions en vidĂ©o

Sur le marchĂ© vidĂ©o, Lost in Translation est distribuĂ© en DVD le en rĂ©gion 1[63] et le en rĂ©gion 2[64]. Il comprend plusieurs bonus, dont le making-of du film, une interview de Sofia Coppola et Bill Murray, et cinq scĂšnes coupĂ©es. La version en disque Blu-ray, sur laquelle figure les mĂȘmes bonus, est sortie le en rĂ©gion 1[63] et le en rĂ©gion 2[65].

Notes et références

  1. (en) « Lost in Translation », The Numbers (consulté le ).
  2. « Fiche de doublage Lost in Translation », VoxoFilm (consulté le ).
  3. (en) Marlow Stern, « Sofia Coppola Discusses ‘Lost in Translation’ on Its 10th Anniversary », The Daily Beast, (consultĂ© le ).
  4. (en) Wendy Mitchell, « Sofia Coppola Talks About Lost In Translation », sur indiewire.com (consulté le ).
  5. (en) Anne Thompson, « Tokyo Story », sur filmmakermagazine.com, (consulté le ).
  6. (en) Fred Topel, « Sofia Coppola on Lost in Translation », sur screenwritersutopia.com (consulté le ).
  7. (en) « The Co-Conspirators », Interview (magazine), no 33,‎ .
  8. (en) Rich Motoko, « What Else Was Lost In Translation », The New York Times, (consulté le ).
  9. (en) Wes D. Gehring, « Along Comes Another Coppola », The Society for the Advancement of Education, USA Today, no 132,‎ , p. 59.
  10. (en) Lynn Hirschberg, « The Coppola Smart Mob », sur The New York Times, (consulté le ).
  11. (en) Rebecca Murray, « Interview with “Lost in Translation” Star Bill Murray », sur about.com, (consultĂ© le ).
  12. (en) Scott Tobias, « Interview : Anna Faris », sur The A.V. Club, (consulté le ).
  13. (en) « Interview : Sofia Coppola & Ross Katz », sur Universal Pictures, (version du 24 juillet 2011 sur Internet Archive).
  14. (en) Peter Chumo, « Sofia Coppola », Creative Screenwriting, no 11,‎ .
  15. Lost in Translation — Making-of, PathĂ©, 2004, DVD.
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Voir aussi

Bibliographie

Liens externes

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