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Okhrana

L’Okhrana, officiellement « Otdeleniye po okhraneniou obchtchestvennoĂŻ bezopasnosti i poryadka » (en russe : ĐžŃ‚ĐŽĐ”Đ»Đ”ĐœĐžĐ” ĐżĐŸ ĐŸŃ…Ń€Đ°ĐœĐ”ĐœĐžŃŽ ĐŸĐ±Ń‰Đ”ŃŃ‚ĐČĐ”ĐœĐœĐŸĐč Đ±Đ”Đ·ĐŸĐżĐ°ŃĐœĐŸŃŃ‚Đž Đž ĐżĐŸŃ€ŃĐŽĐșĐ° « Section de prĂ©servation de la sĂ©curitĂ© et de l’ordre publics »), gĂ©nĂ©ralement abrĂ©gĂ© en Okhrannoye otdeleniye (en russe : ĐžŃ…Ń€Đ°ĐœĐœĐŸĐ” ĐŸŃ‚ĐŽĐ”Đ»Đ”ĐœĐžĐ” « Section de sĂ©curitĂ© »), Ă©tait la police politique secrĂšte de l’Empire russe Ă  la fin du XIXe siĂšcle et au dĂ©but du XXe siĂšcle. Le nom russe commun pour cet organisme est Okhranka.

Okhrana
Photo de groupe des dirigeants de l’Okhrana, en 1905.
Biographie
Nom officiel
ĐžŃ‚ĐŽŃŁĐ»Đ”ĐœŃ–Đ” ĐżĐŸ ĐŸŃ…Ń€Đ°ĐœĐ”ĐœŃ–ŃŽ ĐŸĐ±Ń‰Đ”ŃŃ‚ĐČĐ”ĐœĐœĐŸĐč Đ±Đ”Đ·ĐŸĐżĐ°ŃĐœĐŸŃŃ‚Đž Đž ĐżĐŸŃ€ŃĐŽĐșĐ°
Blason
Marque ou logotype

Histoire de l’Okhrana

« Prototype de la police politique moderne » selon Victor Serge, l’Okhrana a Ă©tĂ© instaurĂ©e par une ordonnance prise le par l’empereur Alexandre III. Prenant la suite de la « TroisiĂšme section » du ministĂšre de l’IntĂ©rieur abolie en 1880, l’Okhrana fut crĂ©Ă©e afin de faire face Ă  la menace rĂ©volutionnaire et anarchiste croissante[1], marquĂ©e par la recrudescence d’attentats politiques, et notamment par celui du 1er/ organisĂ© Ă  Saint-PĂ©tersbourg par l’organisation terroriste NarodnaĂŻa Volia (« la VolontĂ© du Peuple ») et ayant entrainĂ© la mort de l’empereur Alexandre II. Les mĂ©thodes de noyautage et de « provocation » de l’Okhrana allaient crĂ©er une situation de confusion gĂ©nĂ©ralisĂ©e, avec la multiplication des agents doubles, autant au sein de la police politique que de ses adversaires. Staline lui-mĂȘme aurait Ă©tĂ© selon certains[2] un agent double au service de l’Okhrana, bien que cette hypothĂšse ne soit Ă©tayĂ©e par aucune source[3]. Sous l’égide de SergueĂŻ Zoubatov, une politique de « socialisme policier » crĂ©ant des organisations « indĂ©pendantes » contrĂŽlĂ©es par des agents provocateurs, la Zoubatovchtchina, fut ainsi mise en place.

L’Okhrana a parfois suivi des intrigues compliquĂ©es. Par exemple, elle a tolĂ©rĂ© les activitĂ©s de LĂ©nine alors prĂ©sent clandestinement en Russie et en Finlande en 1906-1907, se refusant Ă  l’arrĂȘter alors qu'elle savait parfaitement qui il Ă©tait et oĂč le trouver. Selon Jean-Jacques Marie, il y a deux raisons Ă  cette attitude :

  • d’une part, Guerassimov, le chef de l’Okhrana de Saint-PĂ©tersbourg, avait des indicateurs dans les sphĂšres dirigeantes bolchĂ©viques. S’il avait arrĂȘtĂ© la direction bolchĂ©vique, une nouvelle direction se serait mise en place et l’Okhrana aurait dĂ» reprendre Ă  zĂ©ro tout son travail d’enquĂȘte ;
  • d’autre part, il voyait en LĂ©nine un ferment de division au sein du mouvement social-dĂ©mocrate russe. Il estimait que les querelles internes devaient ĂȘtre encouragĂ©es au sein du POSDR et que l’activitĂ© de LĂ©nine dans ce sens compensait l’inconvĂ©nient de le laisser organiser sa faction rĂ©volutionnaire.

Mais fin 1907, la pression policiĂšre se renforça et LĂ©nine repartit en exil avant d’ĂȘtre arrĂȘtĂ©[4] - [5]Le bureau parisien de l’Okhrana est Ă  l’origine de la rĂ©daction et de la diffusion des Protocoles des Sages de Sion, faux antisĂ©mite largement rĂ©utilisĂ© par la suite, et alors destinĂ© Ă  justifier et relancer les pogroms[6].

Le recours aux agents provocateurs

Piotr Ratchkovski, chef de l’Okhrana, basĂ© Ă  Paris de Ă  .

L’utilisation d’agents provocateurs, c’est-Ă -dire le recrutement par l’Okhrana de militants rĂ©volutionnaires chargĂ©s de la renseigner au sein mĂȘme des organisations rĂ©volutionnaires, prit une ampleur considĂ©rable Ă  partir de la rĂ©volution de 1905. Victor Serge mentionne la dĂ©couverte au siĂšge de l’Okhrana de Saint-PĂ©tersbourg d’une armoire Ă  fiches contenant 35 000 noms de personnes ayant travaillĂ© pour la police au sein de toutes les organisations anti-tsaristes, socialistes-rĂ©volutionnaires, bolchĂ©viks, menchĂ©viks, anarchistes, etc.[7] Les officiers chargĂ©s du recrutement et du suivi de ces agents disposaient de vĂ©ritables manuels. Le principe de la provocation consistait Ă  laisser se dĂ©velopper un mouvement de maniĂšre Ă  le liquider plus complĂštement par la suite. Il convenait d’approcher les rĂ©volutionnaires de caractĂšre faible, vivant dans la misĂšre ou bien encore blessĂ©s dans leur amour-propre par les querelles intestines des partis. L’officier recruteur devait alors alterner la psychologie et la menace de maniĂšre Ă  faire basculer sa recrue potentielle. Le nouveau collaborateur de l’Okhrana touchait ensuite rĂ©guliĂšrement de l’argent, en fonction de l’importance des renseignements qu’il pouvait apporter. Il ne devait en rien changer son mode de vie et ses activitĂ©s pour ne pas attirer l’attention de ses camarades. La police s’efforçait de le prĂ©server lors des vagues d’arrestations, veillant Ă  toujours laisser en libertĂ©, en mĂȘme temps que ses agents provocateurs, quelques militants authentiques pour ne pas donner l’alarme. Afin de faire monter un agent dans une organisation, la police arrĂȘtait un militant placĂ© juste au-dessus.

L’Okhrana parvint Ă  faire plusieurs recrues de choix, notamment le membre du comitĂ© central et dĂ©putĂ© bolchĂ©vik Ă  la Douma Roman Malinovski ou l’imprimeur clandestin du Bund, Yisrael Kaplinsky en place durant onze annĂ©es. Au sein du parti socialiste rĂ©volutionnaire, Ă  l’époque oĂč il procĂ©dait Ă  des attentats terroristes contre les hauts-fonctionnaires et les ministres tsaristes, le chef de l’organisation de combat lui-mĂȘme, Evno Azev, travaillait pour la police. Pour ne pas dĂ©voiler son agent, l’Okhrana laissa faire dĂ©libĂ©rĂ©ment plusieurs assassinats, dont ceux du ministre Viatcheslav Plehve et du grand-duc Serge. Il fut nĂ©anmoins dĂ©masquĂ© en 1908. Autre collaborateur de l’Okhrana dĂ©masquĂ© puis exĂ©cutĂ© par les SR (les membres du parti socialiste rĂ©volutionnaire), le pope Gapon, l’une des figures marquantes de la premiĂšre phase de la rĂ©volution de 1905. Si certains agents provocateurs ne furent dĂ©masquĂ©s qu’aprĂšs la rĂ©volution de 1917, la suspicion empoisonna la vie des organisations rĂ©volutionnaires pendant des annĂ©es et des militants furent soupçonnĂ©s Ă  tort d’ĂȘtre vendus Ă  la police pour leur plus grand malheur. Inversement, certains rĂ©volutionnaires tentĂšrent d’infiltrer l’Okhrana en se faisant dĂ©libĂ©rĂ©ment recruter comme agents provocateurs. Sans grand succĂšs.

Les archives de l’Okhrana

Lors de la rĂ©volution d'Octobre, les archives de l’Okhrana tombĂšrent entre les mains des bolcheviks. Pendant des annĂ©es, elles furent attentivement Ă©pluchĂ©es afin de dĂ©masquer les agents provocateurs dont certains qui exerçaient des fonctions importantes dans le nouveau rĂ©gime soviĂ©tique. Certains d’entre eux, craignant d’ĂȘtre dĂ©couverts, se hĂątĂšrent de dĂ©truire les archives dont ils purent s’emparer sous prĂ©texte de protĂ©ger les rĂ©volutionnaires en cas de victoire de la contre-rĂ©volution. Victor Serge explique dans ses mĂ©moires comment il fut confrontĂ© Ă  ce dilemme en 1919 : perdre des archives prĂ©cieuses ou risquer de les voir retomber entre les mains des Blancs. Il fut chargĂ© de prĂ©parer un chargement des dossiers les plus importants qui devaient ĂȘtre envoyĂ©s Ă  Moscou ou ĂȘtre dĂ©truits en cas de nĂ©cessitĂ© lors de l’offensive de Ioudenitch contre Saint-PĂ©tersbourg[8]. L’étude des papiers de l’Okhrana lui permit d’écrire un livre intitulĂ© Les Coulisses d’une sĂ»retĂ© gĂ©nĂ©rale (Ce que tout rĂ©volutionnaire devrait savoir sur la rĂ©pression), en 1925[9]. Dans les annĂ©es 60, Edward Ellis Smith, ancien membre de l’ambassade des États-Unis Ă  Moscou lance la rumeur selon laquelle Staline lui-mĂȘme serait un agent de l'Orkhana, il prĂ©tend obtenir ces informations des archives mĂȘme de l'Orkhana.

PersonnalitĂ©s connues de l’Okhrana

Voir aussi

Articles connexes

  • Opritchnik, une force investie de privilĂšges spĂ©ciaux de police qui rĂ©pandait la terreur sous le tsar Ivan le Terrible et peut ĂȘtre vue comme un prĂ©curseur de services secrets en Russie.

Bibliographie

  • Maurice Laporte, Histoire de l’Okhrana : la police secrĂšte des Tsars, 1880-1917, Paris, Payot, 1935, In-8°, 245 p.
  • Victor Serge, Les Coulisses d’une sĂ»retĂ© gĂ©nĂ©rale (Ce que tout rĂ©volutionnaire devrait savoir sur la rĂ©pression), 1925. Repris dans MĂ©moires d'un rĂ©volutionnaire, coll. Bouquins, p.217.
  • Hans Magnus Enzensberger, Les RĂȘveurs de l’absolu, Paris, Ă©ditions ALLIA, 1998.

Liens externes

Notes et références

  1. Alexandre Sumpf, Okhrana : la police secrùte des Tsars, 1883-1917, Paris, Les Éditions du Cerf, , 443 p. (ISBN 978-2-204-14520-6, OCLC 1351395216, SUDOC 265783879)
  2. Roman Brackman, Staline, agent du Tsar, Ă©d. de l’Archipel, Paris 2003.
  3. Robert O Paxton et Jean-Louis CrĂ©mieux-Brilhac, L’Europe au XXe siĂšcle,
  4. Jean-Jacques Marie, LĂ©nine, Balland, (ISBN 2-7158-1488-7), pp. 116-117.
  5. Will Eisner (trad. de l'anglais), Le Complots, l'histoire secrĂšte des protocoles des sages de Sion, Grasset, , 13 997 Ă©d., 143 p. (ISBN 2-246-68601-6)
  6. Jean-Jacques Marie, « En Ukraine, des pogroms dont l’Occident se lavait les mains », sur Le Monde diplomatique,
  7. Victor Serge, Ce que tout révolutionnaire doit savoir de la répression, La Découverte, coll. « petite collection maspero » (ISBN 978-2-7071-0384-0 et 2-7071-0384-5), p. 12.
  8. Victor Serge, MĂ©moires d’un rĂ©volutionnaire, coll. « Bouquins », (ISBN 2-221-09250-3), p. 576.
  9. Jean-François Paillard, « Iossif Vissarionovitch (alias Staline), un agent double au service du tsar ? », sur Geo.fr, (consulté le )
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