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Romain Gary

Romain Gary[note 1], né le à Vilna dans l'Empire russe, capitale de la Lituanie et mort le à Paris, est un écrivain français d'origine russe, de langues française et anglaise. Homme aux multiples activités, il a été successivement aviateur et résistant (fait compagnon de la Libération), romancier, diplomate, scénariste et réalisateur.

Romain Gary
Romain Gary et Jean Seberg à Rome en 1961.
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Roman Kacew
Pseudonymes
Fosco Sinibaldi, Shatan Bogat, Émile Ajar, Romain Gary, Lucien Brulard, René Deville
Nationalités
Domiciles
Vilnius (d) (-), Nice (-), rue du Bac (-)
Formation
Activités
Période d'activité
Père
Mère
Fratrie
Joseph Bregsztein (d)
Walentyna Kacew (d)
Conjoints
Lesley Blanch (de à )
Jean Seberg (de à )
Leïla Chellabi (de à )
Enfant
Plaque commémorative

Écrivain français de la seconde moitié du XXe siècle, il est notamment connu dans les années 1970 pour la mystification littéraire qui le conduit à signer plusieurs romans sous le nom d'emprunt d'Émile Ajar, tout en masquant son identité réelle : il est ainsi le seul auteur à avoir reçu le prix Goncourt à deux reprises, grâce à un roman écrit sous pseudonyme.

Biographie

Origines

Plaque sur la maison de Romain Gary à Vilnius où il vit de 1917 à 1923.

Durant toute sa vie d'adulte[1], dans ses œuvres, dont la relecture montre le « jeu picaresque de ses multiples identités »[2], mais aussi dans des déclarations aux médias, ainsi que dans des déclarations officielles, Romain Gary donne des versions diverses de ses origines, faisant varier : son nom (Kacew, de Kacew) ; son lieu de naissance (Nice, dans la région de Koursk en Russie, Wilno) ; la nationalité de son père (russe, géorgien, tatare, mongol) ; celle de sa mère (juive, russe, française) ; informations elles-mêmes souvent déformées par les médias (« Kiev »[3], « en Russie près de la frontière polonaise »[4]). Il va jusqu'à renier son père — se présentant comme un « bâtard juif russe, mâtiné de Tartare »[5] — ou encore laisse entendre, et courir la légende, dans divers écrits et entretiens, qu'il est le fils du comédien russe Ivan Mosjoukine[6].

En réalité, Roman Kacew (« boucher » en yiddish, de l'hébreu katsav, prononcé en polonais [kat͡sɛf][7]), issu de deux lignées juives ashkénazes, est né, suivant le calendrier julien, le 8 mai 1914 ( dans le calendrier grégorien)[8] à Vilna (Bильнa), chef-lieu du gouvernement de Vilna dans l'Empire russe — ville devenue pendant l'entre-deux-guerres Wilno en Pologne[9], puis l'actuelle Vilnius, capitale de la Lituanie. Ceci est attesté par un certificat[10] - [11] du « rabbinat du gouvernement de Vilnius » rédigé en hébreu et en russe en date du (calendrier julien), établissant qu'il est le fils d'Arieh-Leïb Kacew et de Mina Owczyńska (1879-1941), mariés à Wilno le .

Son père, Arieh-Leïb (« lion » en hébreu et en yiddish, d'où la francisation en « Léon ») Kacew, est né en 1883 à Vilnius ; en 1912, il est associé dans l'atelier et magasin de fourrures familial (rue Niemecka / Daïtsche Gas = ruelle allemande) et fait partie de la Deuxième Guilde des marchands. Il est aussi administrateur de la synagogue de la rue Zawalna. Il fait donc partie de la moyenne bourgeoisie de Vilnius.

Sa mère, Mina Owczyńska, fille de Josel (Joseph) Owczyński, est née en 1879 à Święciany ou Švenčionys en lituanien, petite ville à 80 km de Vilnius, où elle a fait des études secondaires en yiddish et en russe dans un établissement de la communauté juive et où elle a participé à un groupe de jeunesse d'orientation socialiste, le « cercle Yehoash ». Elle est d'abord mariée à Reouven Bregstein, originaire de Kaunas comme sa propre mère, mais elle en divorce à une date indéterminée. On ne sait pas grand-chose de ce premier mariage sinon qu'en est issu un fils du nom de Joseph Bregstein, né en 1902, et qui semble avoir habité avec le jeune Roman de à avant de mourir de maladie peu après[12].

Parmi les frères de la mère de Roman Kacew, le plus important pour la vie du romancier est Eliasz. Il a émigré en France, et il est le père de Dinah (1906), qui épousera Paul Pavlowitch (1893-1953) et donnera naissance à Paul-Alex Pavlowitch (1942-).

De Vilnius à la Russie (1914-1921)

Gary naît sous le nom de Roman Kacew (yiddish : רומן קצב Roman Katsev ; russe : Рома́н Ле́йбович Ка́цев, Roman Leibovich Katsev) à Vilna actuelle Vilnius, faisant alors partie de l'Empire russe)[13] - [14].

Dans ses livres et interviews, Gary offre de nombreuses versions différentes de l'origine de ses parents, leurs ancêtres, leurs occupations et son enfance. Sa mère, Mina Owczyńska (1879—1941), est une actrice juive de Švenčionys (Svintsyán)[15] - [13] et son père, Arieh-Leib Kacew (1883—1942), un homme d'affaires de Trakai (Trok)[16] - [17], aussi d'origine lituanienne juive. Romain Gary affirmera être le fils biologique de la star du cinéma Ivan Mosjoukine, avec qui sa mère avait travaillé et à qui Gary ressemble physiquement. Mosjoukine apparaîtra d'ailleurs dans son roman autobiographique La Promesse de l'aube[18].

En 1915, la famille est déportée en Russie, après la mise en place d'une mesure générale d'expulsion des Juifs de la zone du front. Ils y passeront plusieurs années, mais les informations sur ce séjour sont obscures. Dans ses livres, Romain Gary évoque des séjours à Koursk et à Moscou, un voyage à travers la Russie en traîneau et en train, la rencontre de matelots révolutionnaires dans un port non précisé ; durant cette période, Mina aurait été comédienne, participant aussi à l'agitprop révolutionnaire[19]. Aucune source indépendante ne confirme ces assertions.

Retour à Vilnius, puis départ en Pologne (1921-1928)

En , la présence de Mina et son fils est attestée à Vilnius, grâce au registre des locataires d'un immeuble au no 16 de la rue Wielka-Pohulanka (appelée aujourd'hui rue Jonas Basanavičius[20]). Leur retour est sans doute rendu possible par la paix de Riga () qui met fin à la guerre entre la Russie soviétique et la jeune république de Pologne. Ils vivent quelques années à Vilnius, où le père de Gary, démobilisé, les rejoint à une date inconnue.

En 1925, le couple se sépare. Leïb Kacew fonde un nouveau foyer avec Frida Bojarska, avec qui il a deux enfants, Walentyna (1925) et Pawel (1926). Le divorce est prononcé en [21]. Leïb Kacew se remarie presque aussitôt avec Frida (les quatre membres de cette famille mourront durant la Seconde Guerre mondiale[5]). Romain Gary n'a pratiquement rien dit ou écrit sur la période où son père vit avec eux à Vilnius, ni sur la séparation et le divorce. Il a cependant revu son père en 1933 à Varsovie[22]. Il évoque des cours particuliers (violon, escrime, tir au pistolet, danse), mais pas les écoles qu'il a fréquentées. En mars ou , peu avant la séparation, sa mère l'emmène à Bordighera où il voit la mer pour la première fois[23].

Gary est élevé par sa mère, qu'il présente comme une actrice de théâtre[24]. Après la séparation, elle connaît des problèmes financiers, car elle ne dispose plus des revenus du magasin de fourrures de son mari, et son petit atelier de chapeaux lui rapporte peu. En , elle quitte Vilnius avec son fils pour Švenčionys, puis ils s'installent en 1926 à Varsovie, où sont déjà présents d'autres membres de la famille Owczynski, notamment un frère de Mina, Boris (1890-1949), avocat, chez qui ils sont hébergés[25]. Gary semble avoir été scolarisé dans un collège polonais (le collège Górskiego[26]), où il est en butte à un antisémitisme au moins verbal. Il suit aussi des cours particuliers de français.

En , ils obtiennent un visa touristique pour la France. Sa mère est persuadée que, dans ce pays, son fils pourra s’accomplir pleinement en tant que diplomate ou artiste[27].

En France

Mina Owczynska et son fils, âgé de 14 ans, arrivent à Menton le . Ils s'installent à Nice, où se trouvent déjà Eliasz, le frère de Mina, et sa famille. Le , Romain commence sa scolarité au lycée Masséna, et est intégré directement en classe de 4e[28]. Mina entame les démarches pour obtenir une autorisation de séjour, laquelle est accordée sous réserve qu'elle n'occupe aucun emploi[29]. Obligée de gagner sa vie, elle vend d’abord « au noir » des articles de luxe dans les grands hôtels de Nice ou de Cannes, puis elle s'occupe de vente immobilière[30]. Un de ses clients lui confie finalement la direction d'un petit hôtel, la pension Mermonts, au 7 boulevard François-Grosso[31].

Utilisant désormais son prénom francisé (Romain), son fils se distingue au lycée en classe de français, obtenant en 1929 le premier prix de récitation et en 1931 et 1932 celui de composition française. Mais « dans les autres matières, excepté l'allemand qu'il parle et écrit très correctement, il est médiocre[32] ». Ses amis de l'époque sont comme lui des élèves étrangers ou issus de familles d'origine étrangère : François Bondy[33] (1915-2003) ; Alexandre Kardo Sissoeff[34] ; Sigurd Norberg[35] ; René et Roger Agid, dont les parents dirigent plusieurs grands hôtels de Nice (et un à Royat, Puy-de-Dôme), principalement L'Hermitage à Cimiez[36] ; à ce titre, ils connaissent directement la mère de Romain.

Il est reçu au baccalauréat en philosophie en avec la mention « passable »[37].

Études supérieures et débuts littéraires

Romain Kacew commence des études de droit à Aix-en-Provence en , puis part l'année suivante les poursuivre à Paris, probablement grâce à l'aide financière que lui apporte son père peu après leur rencontre à Varsovie durant l'été 1934[38]. Il obtient une licence de droit en , tout en suivant en parallèle une préparation militaire supérieure au fort de Montrouge : « En attendant son incorporation dans l'armée française, Gary, au terme de médiocres études, bûchait sa procédure[39]. » Il révise au petit jour et passe l'essentiel de son temps à écrire.

C'est à cette époque qu'il publie ses premières nouvelles dans Gringoire, un hebdomadaire qui n'est pas au départ orienté à l'extrême droite. La première, L’Orage, y paraît le , ce qui lui permet de ne plus dépendre financièrement de sa mère qui, minée par un diabète insulinodépendant, s'est usée à la tâche pour préparer l'avenir de son fils[40]. Gary renonce aux rétributions que lui verse l'hebdomadaire quand le journal affiche des idées fascistes et antisémites ; il écrit à la rédaction une lettre pour dire en substance : « Je ne mange pas de ce pain-là[41]. » En 1937, plusieurs éditeurs refusent son premier roman, Le Vin des morts[40].

Service militaire

Naturalisé français le [42], Romain Kacew est incorporé le dans l'Armée de l'air à la base aérienne de Salon-de-Provence[43]. À l'issue d'une formation d'élève officier de réserve de trois mois à l'école d'observation d'Avord près de Bourges, il passe l'examen de sortie en . Parmi les 290 candidats, il est l'un des deux élèves de la promotion à échouer. L'échec tient probablement à la discrimination dont il est victime : bien que français, sa naturalisation est trop récente[44]. Il reçoit le grade, le plus bas, de caporal. Nommé mitrailleur, il se contente du grade de sergent[45].

Lorsque la guerre éclate en , Romain Kacew est mobilisé en tant qu'instructeur de tir à l'école des observateurs de Bordeaux-Mérignac, où la base aérienne d'Avord s'est repliée[46] - [47].

France libre

Fervent admirateur du général de Gaulle, il entre en résistance après l'appel du 18 juin et rejoint les forces françaises libres. Il ne se rend pas directement à Londres. Le , il rejoint en avion Alger, puis le Maroc[48], où il rallie Casablanca en car. Un cargo britannique, l'Oakrest, l'emmène à Glasgow, où il débarque le [49]. Il s'engage aussitôt dans les Forces aériennes françaises libres (FAFL). Nommé adjudant en , il sert au Moyen-Orient, en Libye, et à Koufra en , en Abyssinie puis en Syrie où il contracte le typhus, passant six mois sur un lit d'hôpital. Après sa convalescence, il rejoint l'escadrille de surveillance côtière en Palestine et se distingue dans l'attaque d'un sous-marin italien[50].

Il est breveté officier observateur en [51], promu lieutenant le [52].

En , il est rattaché en Grande-Bretagne au groupe de bombardement Lorraine. Il est affecté à la destruction des bases de lancement des missiles V1. C'est durant cette période que Romain Kacew choisit le nom de Gary — signifiant en russe « brûle ! » à l'impératif[53] — qui est retenu par l'état civil à partir de 1951[54] : « Romain Gary » devient son nom francisé à l'état civil français en octobre de cette année[55].

Sa mère, qu'il aimait par-dessus tout et qui l'avait poussé à « devenir quelqu'un », meurt le ; dans La Promesse de l'aube, l'écrivain raconte ne l'avoir appris qu'en 1944, lors de son retour à Nice après la guerre[56] :

« Le ruban vert et noir de la Libération bien en évidence sur ma poitrine, au-dessus de la Légion d'honneur, de la croix de guerre et de cinq ou six autres médailles (...) je revenais à la maison après avoir démontré l'honorabilité du monde, après avoir donné une forme et un sens au destin d'un être aimé. […]

À l'hôtel-pension Mermonts où je fis arrêter la jeep, il n'y avait personne pour m'accueillir. On y avait vaguement entendu parler de ma mère, mais on ne la connaissait pas. Mes amis étaient dispersés. Il me fallut plusieurs heures pour connaître la vérité. Ma mère était morte trois ans et demi auparavant, quelques mois après mon départ pour l'Angleterre (…). Au cours des derniers jours qui avaient précédé sa mort, elle avait écrit près de deux cent cinquante lettres, qu'elle avait fait parvenir à son amie en Suisse. (...) Je continuai donc à recevoir de ma mère la force et le courage qu'il me fallait pour persévérer alors qu'elle était morte depuis plus de trois ans. Le cordon ombilical avait continué à fonctionner. »

En réalité, cet épisode est une invention littéraire : Romain Gary, qui connaissait l'état de santé de sa mère, a rapidement été averti « par un télégramme très brutal »[57] du décès de celle-ci, veillée par ses amis de jeunesse Sylvia Stave et René Agid — auxquels La Promesse de l'Aube est dédié — et sans avoir rédigé la moindre lettre[58].

En tant qu'observateur, il remplace Pierre Mendès France dans l'équipage du sous-lieutenant Arnaud Langer. Le lieutenant Gary se distingue particulièrement le alors qu'il se trouve dans l'avion de tête d'une formation de six appareils. Il est blessé, et le pilote Arnaud Langer est aveuglé, mais Gary guide ce dernier, le dirige, réussit le bombardement, et ramène l'avion à sa base. Cette version est peut-être romancée, car l'opérateur radio, René Bauden, prétend que la blessure reçue par Romain Gary ne lui aurait pas permis de ramener l'appareil à sa base, et aurait causé son évanouissement.

Il effectue sur le front de l'Ouest plus de vingt-cinq missions, totalisant plus de soixante-cinq heures de vol de guerre. Il est fait compagnon de la Libération et nommé capitaine en , à la fin de la guerre[59].

Carrière diplomatique

Après la fin des hostilités, Romain Gary entame une carrière de diplomate au service de la France, en considération des services rendus pour sa libération. À ce titre, il occupe des postes en Bulgarie (1946-1947), à Paris (1948-1949), en Suisse (1950-1951), à New York (1951-1954) à la Mission permanente de la France auprès des Nations unies, où il côtoie régulièrement le jésuite Teilhard de Chardin dont la personnalité le marque profondément et lui inspire notamment le personnage du père Tassin dans Les Racines du ciel[60] , à Londres (1955), puis en qualité de consul général de France à Los Angeles (1956-1960)[61]. De retour à Paris, il demeure sans affectation jusqu'à sa mise en disponibilité du ministère des Affaires étrangères en 1961[62].

Carrière littéraire

En 1937, Romain Gary écrit un premier roman Le Vin des morts mais il est refusé par plusieurs éditeurs[63] (il sera publié pour la première fois en 2014). En 1945, il écrit Éducation européenne et le publie aux éditions Calmann-Lévy. Le livre est distingué par le prix des Critiques, et sa carrière est lancée. Il publie plusieurs romans mais c'est avec Les Racines du ciel, récompensé du prix Goncourt en 1956, qu'il rencontre le grand public. Il reçoit le prix Durchon-Louvet de l’Académie française pour l'ensemble de son œuvre la même année. À partir de la publication de La Promesse de l'aube, en 1960, il se consacre de plus en plus à son activité d'écrivain, écrivant également sous divers pseudonymes, dont l'ultime et le plus connu, Émile Ajar, marque la fin de sa carrière avec quatre romans. Fait unique, il obtient pour La Vie devant soi un second prix Goncourt le , déclenchant à la fin des années 1970 « l'affaire Émile Ajar » lorsque Gisèle Halimi, l'avocate de Gary, annonce le choix initial de son client Ajar de refuser le prix, ce qui incite la presse à enquêter sur celui qu'elle croit être le véritable auteur, Paul Pavlowitch[64]. « Ce que l'on appelle “l'affaire Ajar” cache en fait une véritable tentative de renouvellement identitaire et artistique[65] ».

Dès l’immédiat après-guerre, entre 1946 et 1956, la figure littéraire du rescapé de la Shoah hante l’œuvre romanesque de Romain Gary qui s'interroge sur la question : comment vivre après Auschwitz ? C’est Tulipe, dans l'œuvre homonyme (1946), qui au sortir de Buchenwald s’installe dans le « nouveau monde » de Harlem ; c’est Vanderputte, dans Le Grand vestiaire (1948), qui a dénoncé un réseau de résistants ; c’est le compagnon de la Libération, Jacques Rainier, dans Les Couleurs du jour (1952), qui voit l’idéal de la France Libre se déliter et s’engage comme volontaire en Corée ; c’est Morel, dans Les Racines du ciel (1956), qui a survécu à l’expérience concentrationnaire en imaginant des troupeaux d’éléphants battre la savane. Ce n'est qu'avec l'œuvre d'Émile Ajar qu'une réponse viendra sublimer ses premiers écrits : « Celle d'un altruisme désintéressé, d'une banalité du bien qui contraste avec la banalité du mal d'un Eichmann[66] - [67]. »

Romain Gary enfant
Statue de Romain Gary enfant, située à l’angle de la rue Basanavičius de Vilnius, à quelques pas de l’immeuble où il passa une partie de son enfance.

L'œuvre littéraire de Romain Gary est marquée par un refus opiniâtre de céder devant la médiocrité humaine. Ses personnages sont fréquemment en dehors du système parce que révoltés contre tout ce qui pousse l'homme à des comportements qui lui font perdre sa dignité. Ils oscillent entre la souffrance de voir leur monde abîmé, et la lutte pour garder coûte que coûte l'espérance. Romain Gary vit lui-même ces combats, mêlant admirablement le dramatique et l'humour. Ainsi, dans Chien blanc (1970), récit autobiographique écrit dans le contexte de la lutte pour les droits civiques aux États-Unis dans les années 1967-1968, il écrit : « ll est soûl, affirma solennellement Saint-Robert, et c'était un peu vrai, bien que je ne touche jamais ni à l'alcool, ni à la marijuana, ni au LSD, parce que je suis trop acoquiné avec moi-même pour pouvoir tolérer de me séparer d'une aussi agréable compagnie par le truchement de la boisson ou de la drogue. Mais je me soûle d'indignation. C'est ainsi d'ailleurs que l'on devient écrivain[68]. » Puis : « J'écris pendant une heure ou deux : cette façon d'oublier… Lorsque vous écrivez un livre, mettons, sur l'horreur de la guerre, vous ne dénoncez pas l'horreur, vous vous en débarrassez[69]… ».

Romain Gary et le cinéma

L'œuvre littéraire de Romain Gary est régulièrement adaptée au cinéma, et lui-même s'intéresse à la discipline à plusieurs reprises. Dès 1958, il scénarise l'adaptation de son roman Les Racines du Ciel réalisée par John Huston puis contribue au scénario du film Le Jour le plus long sorti en 1962. Romain Gary s'essaie plus tard à la réalisation de deux films dont il est l'auteur : en 1968, Les oiseaux vont mourir au Pérou, avec Jean Seberg, Pierre Brasseur et Maurice Ronet ; puis, en 1972, Police Magnum avec Jean Seberg, James Mason et Stephen Boyd. Il participe aux jurys des festivals de Cannes, en 1962, et de Berlin, en 1979.

Romain Gary et la mort

En 1978, lors d'un entretien avec la journaliste Caroline Monney[70], lorsque celle-ci lui pose la question : « Vieillir ? », Romain Gary répond : « Catastrophe. Mais ça ne m'arrivera pas. Jamais. J'imagine que ce doit être une chose atroce, mais comme moi, je suis incapable de vieillir, j'ai fait un pacte avec ce monsieur là-haut, vous connaissez ? J'ai fait un pacte avec lui aux termes duquel je ne vieillirai jamais »[71].

Romain Gary se suicide le avec son Browning GP, se tirant une balle dans la bouche[72] - [73]. Il laisse une lettre mystérieusement datée « Jour J » et dans laquelle est notamment écrit : « Aucun rapport avec Jean Seberg » (l'actrice se serait elle-même suicidée le )[74]. Compagnon de la Libération, il a droit aux honneurs militaires français suivis d'une mélopée russe lors de ses obsèques à l'église Saint-Louis des Invalides le . Le , sa dernière compagne Leïla Chellabi disperse ses cendres, selon son vœu, en mer Méditerranée au large de Menton[75].

En 2017, Roger Grenier, éditeur et ami de Romain Gary, fait entendre une voix discordante : « J'ai essayé de reconstituer sa journée. Il avait déjeuné avec Claude Gallimard pour parler de ses impôts. Comme il devait partir en voyage le lendemain, il est allé voir l'infirmière pour lui demander quels médicaments emporter. Il se rendait à Genève pour changer son testament. Il y a des doutes… Selon certains de ses amis, il a été assassiné par une proche… Il y a deux versions qui s'opposent, je balance entre l'une et l'autre. »[76]

Vie privée

Dans un recueil de confidences sous la forme d'entretiens livrés à la radio en 1980, Romain Gary fait cette déclaration : « La seule chose qui m'intéresse, c'est la femme, je ne dis pas les femmes, attention, je dis la femme, la féminité[77] ».

L'une des premières histoires importantes est celle nouée avec une jeune journaliste suédoise qu'il rencontre à Nice en , Christel Söderlund. Jeune mère de famille, déjà mariée, elle suit Romain quand il va étudier à Paris. Elle envisage de divorcer ; après quelques mois elle rentre en Suède y retrouver son mari[78].

Ilona Gesmay est une autre femme importante dans la vie de Roman Kacew. Jeune femme d'origine hongroise de quatre ans son aînée, elle inspire l'auteur de La Promesse de l'aube, de La nuit sera calme et d'Europa. Comme sa famille lui coupe les vivres, elle rentre à Budapest en ; elle survit à la guerre frappée de schizophrénie. Ils ne se reverront plus jamais[79]. Romain Gary raconte dans la nouvelle À bout de souffle[80] qu'elle est la seule femme qu'il ait jamais aimée et qu'il admirait ses yeux « gris angora »[81]. Il y explique également qu'il continue à recevoir des lettres d'elle à partir de 1953, toutes identiques. Il lui répond, il reçoit toujours la même réponse. Un jour, il apprend qu'Ilona est internée dans un hôpital psychiatrique en Belgique et qu'elle lui écrit inlassablement la même lettre pendant les quelques dizaines de minutes de lucidité qu'elle a par jour. Les lettres qu'elle reçoit de Romain Gary sont interceptées par les médecins qui ne souhaitent pas provoquer un choc à la jeune femme. La sœur de cette dernière expliquera à Romain Gary qu'Ilona, lorsqu'elle est lucide, demande toujours des nouvelles de « son Romain »[82].

En , bien que l'amour d'Ilona continue à le hanter[83], Roman Kacew épouse Lesley Blanch, femme de lettres britannique rencontrée l'année précédente.

En 1959, il fait la connaissance de l’actrice américaine Jean Seberg dont il tombe amoureux et avec qui il entame une liaison. En 1963, il divorce et se marie avec l'actrice. Leur fils, Alexandre Diego Gary, nait en 1962 mais Romain, grâce à ses relations, réussit à faire établir un acte de naissance daté de 1963 pour sauvegarder les apparences[84]. Un acte de mariage secret est retrouvé dans les années 2010 en Corse, ainsi qu'un témoin photographe de l'époque. Entre 1964 et 1970, Romain Gary se rend souvent à Majorque, où il possède une villa, près d'Andratx[85].

En 1968, lorsque Romain Gary apprend que sa femme entretient une liaison avec Clint Eastwood pendant le tournage de La Kermesse de l'Ouest, il prend l'avion et provoque l'acteur en duel au revolver ; le « cow-boy américain » se défile[86]. Romain Gary et Jean Seberg se séparent et divorcent en 1970.

En 1978, il rencontre Leïla Chellabi, danseuse puis mannequin, animatrice de radio et parolière[87].

Émile Ajar

La disparition de Romain Gary fait éclater la vérité sur le véritable auteur des quatre romans signés du pseudonyme Émile Ajar. Un proche parent de Romain Gary, Paul Pavlowitch (son petit-cousin), avait tenu le rôle d’Ajar auprès de la presse (notamment auprès d’Yvonne Baby dans Le Monde[88] et de l'hebdomadaire Le Point qui retrouve « Ajar » dans le Lot et publie deux semaines durant en 1975 des articles et une interview littéraire de Paul Pavlowitch par Jacques Bouzerand, à la veille du prix Goncourt). Romain Gary a déjà envoyé en 1930 des manuscrits à la NRF sous les pseudonymes de François Mermont (du nom de l’hôtel-pension à Nice dont sa mère est gérante) ou de Lucien Brûlard (autre variation sur le thème du feu — voir ci-après) qui ne sont cependant pas acceptés. Romain Gary est ainsi le seul écrivain à avoir été récompensé deux fois par le prix Goncourt, ce qui est officiellement impossible en vertu des règles de ce concours. Il a remporté son premier prix sous son nom d'usage, pour Les Racines du ciel, en 1956, et la seconde fois sous le pseudonyme d’Émile Ajar, pour La Vie devant soi, en 1975. Les deux noms se ressemblent, dans le cadre d'une volonté de mystification ambigüe (en russe, Gary signifie « brûle ! » (2e personne du singulier à l'impératif) alors qu'Ajar, qui fut le nom d'actrice de sa mère, signifie « braise »[53] [жар])[89]. En outre, il est possible de retrouver des phrases typiques de Gary dans les textes d'Ajar[90].

La mystification Ajar–Gary ne serait pas passée inaperçue de tous. Dans son roman autobiographique Le Père adopté, Didier van Cauwelaert rapporte qu'une étudiante de la faculté de lettres de Nice, qu'il nomme Hélène, a préparé, deux ans avant la révélation publique, un mémoire soutenant, au grand désarroi de ses professeurs, que Gary et Ajar sont une seule et même personne[91].

Ajoutons qu'Ajar et Gary ne furent pas ses seuls pseudonymes (en tant qu'écrivain publié) puisqu'il est aussi l'auteur d'un polar politique sous le nom de Shatan Bogat (« Satan le riche » en russe[92]) : Les Têtes de Stéphanie et d'une allégorie satirique contre l'ONU signée Fosco Sinibaldi (Fosco veut dire « sombre » en italien mais c'est aussi un prénom, Sinibaldi serait un hommage à Garibaldi[93]) : L'Homme à la colombe.

Postérité

Plaque en mémoire de Romain Gary apposée sur son domicile parisien au no 108 de la rue du Bac.

Le nom de Romain Gary a été donné à une promotion de l'École nationale d'administration (2003-2005), de l'institut d'études politiques de Lille (2013), de l'Institut régional d'administration de Lille (2021-2022) et de l'Institut d'études politiques de Strasbourg (2001-2002), en 2006 à la place Romain-Gary dans le 15e arrondissement de Paris et à la bibliothèque patrimoniale de Nice. L'Institut français de Jérusalem porte également le nom de Romain Gary.

Le , son œuvre paraît en deux tomes dans la Bibliothèque de la Pléiade sous la direction de Mireille Sacotte[94] - [95].

En 2007 est dévoilée une statue de Romualdas Kvintas, « Le Garçon avec une galoche », qui représente le petit héros de la Promesse de l'aube, âgé de 9 ans, s’apprêtant à manger une chaussure pour séduire sa petite voisine, Valentina. Elle est placée à Vilnius, en face du 16 Basanavičius où le romancier a habité avec sa mère[96].

Une plaque à son nom est apposée dans le bâtiment Pouillon de la Faculté de droit et de science politique d'Aix-Marseille où il a étudié.

Œuvre littéraire

Sous le nom de Roman Kacew

Sous le nom de Romain Gary

Nouvelles

Sous le pseudonyme de Fosco Sinibaldi

Sous le pseudonyme de Shatan Bogat

Sous le pseudonyme d’Émile Ajar

Œuvre cinématographique

Adaptation de l'œuvre

Adaptations au cinéma

Adaptations à la télévision

En 2007-2008, La Vie devant soi est adapté au théâtre par Xavier Jaillard dans une mise en scène de Didier Long et remporte trois Molières (meilleure adaptation théâtrale, meilleure comédienne, meilleure production théâtrale).

En 2007-2009, Christophe Malavoy incarne Romain Gary au théâtre dans Gary / Ajar[102] - [103] - [104].

En 2015, la compagnie Les Anges au plafond crée le spectacle R.A.G.E, mêlant des extraits de La Promesse de l'aube, Pseudo et Gros-Câlin, et dresse le portrait de « cet homme qui passe par le mensonge pour raconter sa vérité »[105]. Deux ans plus tard en 2017, en coproduction avec la Maison de la Culture de Bourges, ils adaptent le roman Chien blanc, qu'ils présentent sous son titre anglais de White Dog[106].

Décorations

Documentaire

Notes et références

Notes

  1. Romain Gary est né Roman Kacew (prononcé [kat͡sɛf]).

Références

  1. Cf. Myriam Anissimov, Romain Gary, 2004, p. 655-658, qui donne une liste (non exhaustive) des divers états civils de Romain Gary.
  2. Alain Bosquet, « Romain Gary picaresque », dans Combat, no 7200, 7 septembre 1967.
  3. Femmes d'aujourd'hui, 2 mai 1957.
  4. Le Soir, 30 janvier 1957.
  5. Guy Amsellem, Romain Gary. Les métamorphoses de l'identité, éditions L'Harmattan, , p. 20.
  6. Romain Gary (préf. Philippe Brenot), Le Vin des morts, Gallimard, , 288 p. (ISBN 978-2-07-267350-4, lire en ligne), p. 58.
  7. « Kacew » étant un nom polonais où le « c » se prononce « ts » ; en russe : Кацев, correspondant aussi à la prononciation katsef.
  8. 8 mai : dans le calendrier julien utilisé en Russie jusqu'en 1917 ; le 21 mai dans le calendrier grégorien.
  9. Il utilise dans ses écrits l'orthographe polonaise Wilno.
  10. App Klynt, « Romain Gary (1914-1980) », sur institutfrancais-lituanie.info (consulté le ).
  11. Ce certificat, conservé aux Archives de l'État de Lituanie (cf. Jean-François Hangouët, Romain Gary : à la traversée des frontières, Gallimard, , p. 12) a été traduit en russe, puis en français par l'ambassade de France à Moscou en 1963 (cf. Anissimov, chap. 1, 2004, p. 24-25).
  12. App Klynt, « Romain Gary (1914-1980) », sur institutfrancais-lituanie.info (consulté le ).
  13. (en) « A Chameleon on Show », sur The Forward, (consulté le ).
  14. Association culturelle Baltelatino, « Romain Gary et la Lituanie » [PDF], sur Wayback Machine.
  15. Myriam Anissimov, Romain Gary, le caméléon, Denoël, (OCLC 54773205, lire en ligne).
  16. (en) Ralph W. Schoolcraft, Romain Gary : the man who sold his shadow, University of Pennsylvania Press, (ISBN 978-0-8122-0320-2, OCLC 802049504, lire en ligne).
  17. « Encyclopédie sur la mort | Gary Romain », sur Encyclopédie sur la mort (consulté le ).
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  19. Anissimov 2004, p. 34-37.
  20. (lt) Evaldas Činga, « Didžioji Pogulianka (Wielka Pohulanka) Vilniuje - įvykiai, pastatai, garsūs vardai », sur MadeinVilnius.lt - Vilniaus naujienų dienoraštis, (consulté le )
  21. Anissimov 2004, p. 44.
  22. Photographie de Leïb et Roman Kacew, avec Sigurd Norberg, dans une rue de Varsovie, dans Anissimov, 2010, p. 46.
  23. Anissimov 2004, ch. 6, p. 49.
  24. Julien Roumette, Romain Gary. L'ombre de l'histoire, Presses universitaires du Mirail, , p. 197.
  25. Anissimov 2004, ch. 11, p. 67-73.
  26. Anissimov 2004, p. 69.
  27. Mireille Sacotte et Anne Simon, Romain Gary. Écrivain-diplomate, ministère des Affaires étrangères, , p. 132.
  28. Larat 1999, p. 30.
  29. cf. dossier de Mina Kacew, centre des archives de Fontainebleau, dossier no 116 050, cité par Anissimov, chapitre 11, 2004, p. 71-72.
  30. Anissimov 2004, ch. 15, p. 88-90.
  31. "Le Point", Laurence Guidicelli, le 16 juin 2011
  32. Anissimov 2004, ch. 17, p. 100 ; dans son roman La Promesse de l'aube, il reconnaît lui-même les difficultés qu'il a rencontrées lors de ses études secondaires et le manque d'intérêt qu'il éprouve pour les études supérieures, auxquelles il s'astreint essentiellement pour répondre aux désirs de sa mère.
  33. François Bondy est le père du dramaturge Luc Bondy (né en 1948) ; le fils de Fritz Bondy (Anissimov, chapitre 19, 2004, p. 109-110), né à Prague, écrivain (sous le pseudonyme de N.O. Scarpi) et cinéaste suisse de langue allemande. Voir : Wikipédia anglaise : François Bondy (en) et allemande : Fritz Bondy (de).
  34. Né en 1914 à Moscou, de parents russes nés à Tiflis et à Gori.
  35. Romain voyage avec lui en Pologne en 1933 et en Suède en 1939.
  36. Sur la famille Agid : Anissimov, chapitre 14, 2004, p. 84-87. René Agid est le père d'Yves Agid.
  37. Larat 1999, p. 31.
  38. Anissimov 2006, ch. 18, p. 140.
  39. Anissimov 2006, ch. 20, p. 150.
  40. Larat 1999, p. 32.
  41. Romain Gary, Le Caméléon de Myriam Anissimov, Folio, 2006, deuxième partie, p. 147 ; entretien avec René Agid, recueilli par Variety Moszinsky. Les recherches de Myriam Anissimov sur l'hebdomadaire Gringoire sont par ailleurs très complètes ; voir notamment p. 145-147. En 1935, le journal payait 1 000 francs la page, alors que Gary recevait moins de 300 francs mensuels de sa mère.
  42. Jean-François Hangouët, Romain Gary : à la traversée des frontières, Gallimard, , p. 32.
  43. Larat 1999, p. 34.
  44. Larat 1999, p. 35.
  45. Anissimov 2006, ch. 23, p. 170-172.
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  47. « Romain Gary | Service historique de la Défense », sur www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr (consulté le )
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  53. Patrice Delbourg, Les Jongleurs de mots, Ecriture, , p. 307.
  54. Bona 2001, p. 160 : « décret du 9 octobre 1951, portant substitution de nom ».
  55. Légendes du je 2009, p. 22.
  56. « Romain Gary : portrait », sur fondationlaposte.org (consulté le ).
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  58. Mireille Sacotte commente la promesse de l'aube de Romain Gary, Gallimard, , 259 p. (ISBN 978-2-07-030225-3, lire en ligne).
  59. Romain Gary sur le site de l'ordre de la Libération.
  60. Jean-François Hangouët, « Un mentor inattendu », Le Magazine littéraire, vol. N° 577, no 3, , p. 73–74 (ISSN 0024-9807, lire en ligne, consulté le ).
  61. Kerwin Spire, « Romain Gary, écrivain diplomate », in Laurence Badel et al. (dir.), Écrivains et diplomates : l'invention d'une tradition XIXe – XXIe siècles, Armand Colin, Paris, 2012, p. 363-377.
  62. Olivier Weber et Romain Gary, "La nostalgie du lendemain" https://www.marianne.net/culture/litterature/romain-gary-avait-la-nostalgie-du-lendemain
  63. Marion Van Renterghem, « Le dernier secret de Romain Gary », sur Le Monde.fr, (consulté le ).
  64. Marie-Françoise Quignard, Le Mercure de France. Cent un ans d'édition, Bibliothèque nationale de France, , p. 185.
  65. Larat 1999, p. 155.
  66. Kerwin Spire, « Comment vivre après Auschwitz ? Romain Gary et l'écriture de l'après (1946-1956) ».
  67. Diasporas no 22, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, octobre 2013, p. 216-225.
  68. Chapitre XV.
  69. Chapitre XX.
  70. Caroline Monney, « Vingt questions à Romain Gary », dossier ajouté à Charge d'âme, éd. Jules Tallandier, février 1978.
  71. Romain Gary, L'Affaire homme, « Vingt questions à Romain Gary », Gallimard, coll. « Folio », F8, 2006.
  72. Jean-Paul Enthoven, « Immortel Romain Gary », Le Point, (lire en ligne)
  73. Mireille Sacotte, Mireille Sacotte commente la promesse de l'aube de Romain Gary, éd. Gallimard, 2006, p. 223.
  74. Note suivante au pied de son lit :
    « Jour J.
    Aucun rapport avec Jean Seberg. Les fervents du cœur brisé sont priés de s’adresser ailleurs.
    On peut mettre cela évidemment sur le compte d’une dépression nerveuse. Mais alors il faut admettre que celle-ci dure depuis que j’ai l’âge d’homme et m’aura permis de mener à bien mon œuvre littéraire. Alors, pourquoi ? Peut-être faut-il chercher la réponse dans le titre de mon ouvrage autobiographique : « La nuit sera calme » et dans les derniers mots de mon dernier roman : « Car on ne saurait mieux dire ».
    Je me suis enfin exprimé entièrement. »
    cité par D. Bona, Romain Gary, Paris, Mercure de France-Lacombe, 1987, p. 397-398.
  75. Jean-François Hangouët, Romain Gary. À la traversée des frontières, Gallimard, , p. 86-87.
  76. Pierre Assouline, « Dossier Romain Gary, l'aventure de l'écriture », Le Magazine Littéraire, no 577, , p. 78 (lire en ligne).
  77. « Les femmes et les mythes de Romain Gary », sur lefigaro.fr, 12 juin 2014.
  78. Anissimov 2006, ch. 21, p. 152-160
  79. Anissimov 2006, ch. 22, p. 161-169.
  80. Romain Gary, L'orage, Le livre de poche, p. 62 à 35.
  81. Romain Gary, L'orage, Le livre de poche, p. 50.
  82. Romain Gary, L'orage, Le livre de poche, p. 52.
  83. « Si jamais on la retrouve, évidemment elle vivra avec nous. » annonça Romain à Lesley (cité dans Myriam Anissimov, Romain Gary, Le Caméléon, Folio, 2006, deuxième partie, p. 162).
  84. (en) Ralph W. Schoolcraft, Romain Gary : The Man Who Sold His Shadow, Philadelphie, University of Pennsylvania Press, , 214 p. (ISBN 0-8122-3646-7, lire en ligne), p. 69, citant (en) David Richards, Played Out : The Jean Seberg Story, New York, Random House, , 386 p. (ISBN 0-394-51132-8), p. 123–126.
  85. « Romain Gary | de paysage en paysage », sur enkidoublog.com (consulté le ).
  86. (en) Daniel O'Brien, Clint Eastwood. Film-maker, B.T. Batsford, , p. 92.
  87. Christian Arthaud et Eric L. Paul, La Côte d'Azur des écrivains, Édisud, , 250 p. (ISBN 9782744900808), p. 79
  88. Pour donner plus de véracité à son personnage, Gary accepte le principe d'une rencontre entre Ajar-Pavlowitch et son éditeur Simone Gallimard, puis avec Yvonne Baby, fin septembre 1975 à Copenhague. Source : Paul Pavlowitch, entretien avec Yvonne Baby, Le Monde, 10 octobre 1975, p. 20.
  89. Entretien avec Caroline Monney, Romain Gary, L'affaire homme, Folio, 2005, p. 300.
  90. Anissimov 2006, ch. 90, p. 729-731.
  91. Didier Van Cauwelaert, Le Père adopté, Albin Michel, 2007, p. 272-273.
  92. « Sa mère avait raison : Romain Gary en Pléiade », sur Libération, .
  93. (en) Ralph Schoolcraft, Romain Gary : The Man Who Sold His Shadow, p. 89.
  94. Jérémy Gallet, « Romain Gary entre dans la Pléiade », sur www.avoir-alire.com, (consulté le ) : « L’œuvre de l’écrivain fait aujourd’hui son entrée dans la prestigieuse collection de la Pléiade […] Ces écrits sont édités sous la direction de Mireille Sacotte ».
  95. Maxime Decout, « Album Pléiade Romain Gary », sur Gallimard (consulté le ) : « à partir du 16 mai 2019 ».
  96. « Romain Gary relie de nouveau la Lituanie et la France », sur Présidence de la République de Lituanie,
  97. Romain Gary, L'Orage, Le livre de poche, 2009.
  98. Texte paru dans La Marseillaise, , p. 5.
  99. parue dans Le bulletin de l'Association des Français libres, janvier 1946, p. 11-13.
  100. parue dans Icare, n° 44, hiver 1967-1968, p. 200-202.
  101. Éric, ... Neuhoff et Béatrice, ... Vierne, L'orage, L'Herne, (ISBN 2-85197-711-3 et 978-2-85197-711-3, OCLC 420689975, lire en ligne)
  102. « Christophe Malavoy : derniers spectacles », sur www.theatre-contemporain.net (consulté le ) : « Petit Montparnasse, Paris, du mercredi au samedi ».
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Voir aussi

Bibliographie

  • Mireille Sacotte (dir.), Romain Gary et Émile Ajar, Légendes du je, Paris, Éditions Gallimard, coll. « Quarto » (1re éd. 2009), 1428 p. (ISBN 978-2-07-012186-1). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Biographies d'ensemble

Thèmes divers

  • Jean-Marie Catonné, Romain Gary / Émile Ajar, Paris, Pierre Belfond, coll. « Les dossiers Belfond », 1990.
  • Nancy Huston, Tombeau de Romain Gary, Arles, Actes Sud, 1995.
  • Dominique Rosse, Romain Gary et la modernité, Paris, Nizet, Paris, 1995.
  • Dominique Rosse, Europa ou la défense Gary, Lausanne, Droz, Échiquiers d'encre, 1998.
  • Fabrice Larat, Romain Gary Un itinéraire européen, Chêne-Bourg, Georg éditeur, .
  • Jean-François Jeandillou, Supercheries littéraires : la vie et l'œuvre des auteurs supposés, nlle éd. Genève, Droz, 2001.
  • Mireille Sacotte, Romain Gary et la pluralité des mondes, Paris, PUF, 2002.
  • Jean-François Pépin, Aspects du corps dans l'œuvre de Romain Gary, Paris, L'Harmattan, 2003.
  • Paul Audi, La Fin de l'impossible Deux ou trois choses que je sais de Gary, Paris, Christian Bourgois, 2005.
  • Philippe Brenot, Le Manuscrit perdu Gary/Ajar, Bègles, L'Esprit du Temps, 2005.
  • Julien Roumette, Étude sur La Promesse de l'aube Romain Gary, Paris, Ellipses Marketing, 2006.
  • Jean-François Hangouët, Romain Gary À la traversée des frontières, Paris, Gallimard, 2007.
  • Paul Audi, Je me suis toujours été un autre : Le paradis de Romain Gary, Paris, Christian Bourgois, 2007.
  • Guy Amsellem, Romain Gary Les métamorphoses de l'identité, Paris, L'Harmattan, 2008.
  • Julien Roumette, Romain Gary, l'ombre de l'histoire, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, 2008.
  • Sarah Vajda, Gary and Co, Gollion, Infolio, 2008.
  • Pol-Serge Kakon, Romain Gary-Jean Seberg, un amour à bout de souffle, Paris, Hugo et Cie, 2011.
  • Valéry Coquant, Romain Gary L'homme face à l'action, Paris, Éditions France Empire, 2012.
  • Nicolas Gelas, Romain Gary ou l'humanisme en fiction S'affranchir des limites, se construire dans les marges, Paris, L'Harmattan, 2012.
  • Virginie Deluchat, Désenchantement et réenchantement dans les œuvres romanesques d'Emmanuel Bove et de Romain Gary, thèse, Limoges, 2012.
  • Philippe Brenot, Romain Gary, de Kacew à Ajar, Histoire d'un manuscrit inédit, Le Bouscat, L'Esprit du Temps, 2014.
  • Carine Marret, Romain Gary Promenade à Nice, Nice, Baie des Anges, 2010, nouvelle édition enrichie et actualisée 2016.
  • François-Henri Désérable, Un certain M. Piekielny, roman, Paris, Gallimard, 2017.
  • Damien Mollaret, Le Détour par l’autre. Plurilinguisme et pseudonymie (Pessoa, Nabokov, Borges, Gary), Paris, Éditions Classiques Garnier, coll. « Perspectives comparatistes », 2022, 817 p.

Témoignages

  • Lesley Blanch, Romain, un regard particulier, Actes Sud, 1998.
  • Leïla Chellabi, Romain mon amour, LCD Médiation, coll. « Conscience et Vie », édition augmentée 2005.
  • Paul Pavlowitch, L'homme que l'on croyait « Ajar », Fayard, 1981. « Tom », Ramsay, 2005.

Collectifs

En anglais

  • David Bellos, Romain Gary A Tall Story, éd. Harvill Secker, 2010.
  • Ralph Schoolcraft, Romain Gary: The Man Who Sold His Shadow, University of Pennsylvania Press, Philadelphie, 2002.

Exofiction

  • Laurent Seksik, Romain Gary s'en va-t-en guerre, Éd.J'ai Lu, 2017. (ISBN 978-2-290-14788-7).

Liens externes

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