Paul Audi
Paul Audi, né en 1963 à Beyrouth au Liban, est un philosophe français.
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Jean-Marie Beyssade (d) |
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Biographie
Paul Audi est né en 1963 à Beyrouth au Liban[1], mais il a quitté ce pays et s'est installé en France avec sa famille à l'âge de onze ans, en 1975. Il est ancien élève de l'École normale supérieure (1984-1988), agrégé de philosophie (1987) et docteur en philosophie (1993)[2].
Après avoir soutenu en 1993 une thèse sur Jean-Jacques Rousseau à l'université Paris-Sorbonne sous la direction de Jean-Marie Beyssade (elle fut publiée sous le titre Rousseau, éthique et passion) et enseigné à l’université Paris-Est-Créteil-Val-de-Marne, il a renoncé à exercer une charge d’enseignement à plein temps dans un cadre universitaire, pour se consacrer à diverses tâches. Ainsi, il a notamment co-dirigé une collection d'essais aux Presses universitaires de France (« Perspectives Critiques » entre 1997 et 2003) tout en poursuivant parallèlement ses recherches philosophiques. Il est à ce jour l’auteur de plus d’une trentaine d’ouvrages dont une grande partie est consacrée à la relation qui s’est établie dans la pensée et la culture occidentales entre l’éthique et l’esthétique, c’est-à -dire, pour le dire brièvement, entre l’aspiration au Bien et la recherche du Beau, surtout au cours des Temps modernes (voir à ce sujet Créer. Introduction à l’esth/éthique et Curriculum. Autour de l'est/éthique)[3] - [4]. Souvent invité à enseigner dans des institutions universitaires en France et à l’étranger, il est membre statutaire de l’équipe de recherches PHILéPOL (Philosophie, épistémologie, politique) à l’Université Paris-Descartes.
Ĺ’uvre
Tirant profit de ses lectures de Rousseau (Rousseau, éthique et passion ; Rousseau : une philosophie de l’âme ; Liberté, égalité, singularité. Rousseau en héritage), de Nietzsche (L’ivresse de l’art. Nietzsche et l’esthétique ; L’Affaire Nietzsche), de Michel Henry (Michel Henry. Une trajectoire philosophique) et, plus récemment, de Jacques Lacan (Le Théorème du Surmâle. Lacan selon Jarry ; Lacan ironiste), Paul Audi s’intéresse aux conditions permettant à l’être humain d’accéder à sa propre humanité, l’aménagement de cet accès définissant, à ses yeux, la mission spécifique de l’art (Jubilations ; Le regard libéré d’Eugène Leroy ; Discours sur la légitimation actuelle de l’artiste ; Je ne vois que ce que je regarde) et, plus particulièrement, de la littérature, ainsi qu’il a cherché à le montrer, notamment dans ses ouvrages sur Stéphane Mallarmé (La Tentative de Mallarmé ; « ... et j'ai lu tous les livres »), sur Romain Gary (Je me suis toujours été un autre ; La fin de l’impossible), sur Alfred Jarry (Le Théorème du Surmâle. Lacan selon Jarry), sur Albert Camus (Qui témoignera pour nous ? Albert Camus face à lui-même), sur Pierre Michon (Terreur de la peinture, peinture de la Terreur. Sur Les Onze de Pierre Michon), sur Paul Celan (« ... et j'ai lu tous les livres »), sur Molière (La Riposte de Molière).
C'est cette réflexion continue qui le conduit à dessiner, surtout dans Créer, les contours d’un champ d’investigations et d’interprétations qu’il appelle, en forgeant un mot-valise, « l’esth/éthique ». L’esth/éthique désigne le temps et le lieu de la pénétration de l’éthique au cœur de l’esthétique. Elle est suspendue à la question de la création humaine ; elle se demande si et si oui, pourquoi, en quoi et comment, créer peut être considéré comme un « propre de l’homme ». Comme Paul Audi l'écrit dans Curriculum. Autour de l'esth/éthique, l’esth/éthique « se définit de jeter une lumière sur le fait que l’artiste demande toujours quelque chose à son art, quelque chose qui est de l’ordre de la vie au-delà de cette vie qui s’épuise à survivre à tout ce qui l’épuise... Quelque chose qui vise à l’accroissement des possibilités de vie. Sans doute cette visée suppose-t-elle qu’il existe une certaine transcendance de l’art, si l’art a bien le pouvoir de répondre à celui qui, du fond de son désespoir, lui demande une main tendue. Pouvoir de consolation qui se saisit de l’existence, certes, mais aussi, et surtout, pouvoir d’érotisation qui s’empare de la vie. Dissoudre l’angoisse, sécher les larmes, oui, mais plus encore : vivifier les sources de plaisir, libérer la génialité propre à la sensation, repousser les horizons... »
Une telle problématique se soutient d'une interrogation sur la notion de subjectivité, notamment dans la perspective d’une « éthique de la réjouissance » (abordée pour elle-même dans Supériorité de l’éthique, publié en 2007). En 2017, dans Analyse du sentiment intérieur, Paul Audi indique que trois de ses ouvrages (1. L'Affaire Nietzsche; 2. Analyse du sentiment intérieur; 3. Supériorité de l'éthique), dont la rédaction s'étale sur une dizaine d'années, forment système sous la forme d'un TRIPTYQUE intitulé : Le Soi, sa vie, son œuvre. S'y ajoutent, en guise de compléments, L’Empire de la compassion ; Le Démon de l’appartenance ; Au sortir de l'enfance. Dans Curriculum, publié en 2019, se penchant sur l’unité de son travail, il indique que Le Théorème du Surmâle, Le Pas gagné de l'amour et De l’érotique forment une TRILOGIE intitulée Désirer s’aimer. Dans l’Avant-propos du dernier volet de cette trilogie, il est spécifié que ces trois ouvrages ont un même fil conducteur, à savoir : le passage éventuel du désir à l’amour. Car « à l’amour, qui est en soi subversion du désir, préside toujours un désir qui n’est pas encore de l’amour ».
En , autour de la notion d’esth/éthique, et à l’occasion de la parution de l'édition remaniée et augmentée de Créer aux éditions Verdier, un colloque de deux jours, intitulé « L’Acte créateur », est organisé sous la direction de Jean-Yves Masson à l'Université Paris-Sorbonne[5].
Pour la revue Cités dont il est membre du comité de rédaction, il assure la coordination des no 58 (sur « La philosophie en France [II] ») et no 63 (sur « L’éducation à l’âge du numérique »), ainsi que du volume collectif publié à l’occasion du vingtième anniversaire de la revue, La France en récits (PUF, 2020).
En 2019, Paul Audi s’associe au compositeur Zad Moultaka pour créer un opéra en neuf tableaux, intitulé Hémon. Le livret dont il est l’auteur est tiré de son drame Le Choix d’Hémon, publié en aux éditions Galilée. L’opéra est une commande de l’Opéra national du Rhin. Sa création mondiale – en version musicale et non scénique – a eu lieu le , à Strasbourg[6] - [7] - [8] (elle a été retransmise en direct sur les ondes de France Musique, dans l’émission « Samedi à l’Opéra » de Judith Chaine[9]).
Principales publications
- De la véritable philosophie. Rousseau au commencement, Le Nouveau Commerce, 1994.
- L’Autorité de la pensée, Presses universitaires de France, coll. « Perspectives critiques », 1997.
- Rousseau, éthique et passion, Presses universitaires de France, coll. « Perspectives critiques », 1997.
- La Tentative de Mallarmé, première version : Presses universitaires de France,« Perspectives critiques », 1997 ; deuxième version, dans Créer (2010).
- Picasso, picaro, picador. Portrait de l’artiste en surmâle, première version : Presses universitaires de France,« Perspectives critiques », 1998 ; deuxième version, dans Jubilations (2009).
- L’Éthique mise à nu par ses paradoxes, même, Presses universitaires de France, coll. « Perspectives critiques », 2000.
- Crucifixion, Encre marine, 2001.
- L’Europe et son fantôme, Léo Scheer, coll. « Manifeste », 2003.
- L’Ivresse de l’art. Nietzsche et L’esthétique, LGF/Livre de Poche, coll. « Biblio Essais », 2003.
- Où je suis. Topique du corps et de l’esprit, Encre Marine, 2004.
- Michel Henry. Une trajectoire philosophique, Les Belles Lettres, coll. « Figures du savoir », 2006.
- Supériorité de l’éthique, première édition : Presses universitaires de France, coll. « Perspectives critiques », 1999 ; deuxième édition, revue et corrigée : Presses universitaires de France, coll. « Quadrige », 2000 ; édition définitive, remaniée et augmentée : Flammarion, coll. « Champs », 2007.
- Je me suis toujours été un autre. Le paradis de Romain Gary, Christian Bourgois, 2007[10].
- Rousseau, une philosophie de l’âme, Verdier, coll. « Verdier/poche », 2008[11].
- Jubilations. Incursions dans l'esth/éthique, Christian Bourgois, coll. « Titres », 2009[12].
- Créer. Introduction à l’esth/éthique, première édition, Encre Marine, 2005 ; nouvelle édition entièrement refondue, Verdier, coll. « Verdier/poche », 2010[13].
- Le Regard libéré d’Eugène Leroy, Galerie de France, 2010.
- L’Empire de la compassion, première édition : Les Belles Lettres, coll. « Encre marine », 2011 ; nouvelle édition, revue et augmentée : Pocket, coll. « Agora », 2021.
- Le Théorème du Surmâle. Lacan selon Jarry, Paris, Verdier, 2011. – Cet ouvrage a reçu le Prix Œdipe, 2012.
- Discours sur la légitimation actuelle de l'artiste, Les Belles Lettres, coll. « Encre marine », 2012.
- La Fin de l’impossible, première édition, Christian Bourgois, 2005 ; nouvelle édition augmentée, Christian Bourgois, coll. « Titres », 2012.
- L’Affaire Nietzsche, Verdier, coll. « Verdier/poche », 2013.
- Qui témoignera pour nous ? Albert Camus face à lui-même, Verdier, 2013[14] - [15]. – Cet ouvrage a reçu le Grand Prix de la Critique littéraire, 2014 (décerné par le P.E.N Club de France) - et le Prix Littéraire du Savoir et de la Recherche, 2013.
- Le Démon de l’appartenance, Les Belles Lettres, coll. « Encre marine », 2014[16].
- Terreur de la peinture, peinture de la Terreur. Sur Les Onze, de Pierre Michon, William Blake & Co, 2015.
- Lacan ironiste, Mimesis, coll. « Philosophie et Société », 2015.
- Le Pas gagné de l'amour, Galilée, coll. « Débats », 2016[17].
- Analyse du sentiment intérieur, Verdier, coll. « Verdier/poche », 2017.
- Au sortir de l’enfance, Verdier, 2017[18] - [19].
- « ... et j’ai lu tous les livres ». Mallarmé – Celan, Galilée, coll. « Débats », 2017. – Cet ouvrage a reçu le Prix Henri Mondor 2018 (décerné par l’Académie Française).
- De l’érotique, Galilée, coll. « Débats », 2018[20] ; nouvelle édition, remaniée et augmentée : Verdier, coll. « Verdier/poche », 2021.
- Réclamer justice, Galilée, coll. « Débats », 2019[21].
- Curriculum. Autour de l’esth/éthique, Verdier, 2019.
- L’Irréductible. Essai sur la radicalité en phénoménologie, Hermann, coll. « Le Bel Aujourd’hui », 2020[22].
- Je ne vois que ce que je regarde. Proximité du tableau, I, Galilée, coll. « Débats », 2021[23].
- Le Choix d’Hémon, Galilée, coll. « Lignes fictives », 2021[24].
- Liberté, égalité, singularité. Rousseau en héritage, Vrin, coll. « Bibliothèque d’histoire de la philosophie », 2021.
- La Riposte de Molière, Verdier, coll. « Verdier/poche », 2022 [25].
- Troublante identité, Stock, 2022[1]. – Cet ouvrage a reçu le Prix littéraire des Inrockuptibles 2022, dans la catégorie Essai.
Notes et références
- Virginie Bloch-Lainé, « Paul Audi, la traversée des appartenances », sur Libération (consulté le )
- « Profession philosophe (48/74) : Paul Audi, philosophe de l'identité », sur France Culture (consulté le )
- « Le Monde des livres, 20 mai 2005, par Roger-Pol Droit », sur Editions Verdier, (consulté le )
- « Créer : Introduction à l'esth/éthique (pour [node:field-book-level]) • Editions Verdier • L'essai du mois, Paul Audi, Esthétique • Philosophie magazine », sur www.philomag.com (consulté le )
- Équipe de recherche Fabula, « L'Acte créateur (autour de Paul Audi) », sur www.fabula.org (consulté le )
- Distribution : Raffaele Pe (Hémon), Tassis Christoyannis (Créon), Judith Fa (Antigone), Béatrice Uria Monzon (Eurydice), Geoffroy Buffière (Hyllos) et Francesca Sorteni, Claire Péron, Marta Bauzà et Anaïs Yvoz qui incarnent quatre récitantes. Le Chœur de l’Opéra national du Rhin est sous la direction d’Alessandro Zuppardo. Bassem Akiki dirige l’Orchestre philharmonique de Strasbourg. Le dramaturge est Christian Longchamp.
- « Hémon, Tragédie Radiophonique lance le Festival Arsmondo Liban à l'Opéra national du Rhin -... », sur Olyrix.com (consulté le )
- « La vie sauve d’Hémon | Forum Opéra », sur www.forumopera.com (consulté le )
- « Création d’Hémon de Zad Moultaka à l’Opéra national du Rhin », sur France Musique (consulté le )
- Bernard-Henri Lévy, « Paul Audi : figures juives de Romain Gary », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )
- « A la racine de la subjectivité » (consulté le )
- Roger-Pol Droit, « "Jubilations, de Paul Audi », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )
- « Dépense de créer » (consulté le )
- Robert Maggiori, « Camus : l’envers et l’endroit du philosophe », sur liberation.fr, Libération, (consulté le ).
- Roger-Pol Droit, « Camus : pour en finir avec le jugement des hommes », Le Monde,‎ (lire en ligne).
- « Paul Audi : Le démon de l'appartenance (partie II) - actu philosophia », sur www.actu-philosophia.com (consulté le )
- « Paul Audi : «Je crois bien ne plus me reconnaître depuis que je t’aime» », Libération.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
- « Le moment adolescent », L'Humanité,‎ (lire en ligne, consulté le )
- « PressReader.com - Connecting People Through News », sur www.pressreader.com (consulté le )
- http://www.editions-galilee.fr/images/3/p_9782718609751.pdf
- « Quand l'exigence de justice devient folle », sur Les Echos, (consulté le )
- philomag, « “L’Irréductible”, de Paul Audi », sur Philosophie Magazine (consulté le )
- Valérie Toranian, Paul-François Paoli, Pierre-André Taguieff et Frédéric Mitterrand, Revue des Deux Mondes juillet-août 2021: Le modèle britannique, Revue des Deux Mondes, (ISBN 978-2-35650-255-1, lire en ligne)
- Christophe Ono-dit-Biot, « Paul Audi, Hémon et Sophocle », sur Le Point, (consulté le )
- « Qu’a voulu dire Molière dans son "éloge au tabac" ? », sur France Culture (consulté le )
Liens externes
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