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Simone Signoret

Simone Signoret, née Kaminker est une actrice et écrivaine française née le à Wiesbaden (Allemagne) et morte le à Autheuil-Authouillet (Eure).

Simone Signoret
Description de cette image, également commentée ci-après
Simone Signoret en 1947, photographiée par le Studio Harcourt.
Nom de naissance Henriette Charlotte Simone Kaminker
Naissance
Wiesbaden (Allemagne)
Nationalité Drapeau de la France Française
DĂ©cès (Ă  64 ans)
Autheuil-Authouillet (France)
Profession Actrice, Ă©crivaine
Films notables Dédée d'Anvers
Casque d'or
Les Diaboliques
Les Chemins de la haute ville
L'Armée des ombres
Le Chat
La Vie devant soi

En 1959 elle reçoit le prix d'interprétation féminine du Festival de Cannes pour son rôle dans le film Les Chemins de la haute ville. L'année suivante, lors de la 32e cérémonie des Oscars, elle est la première actrice française[n 1] récompensée de l'Oscar de la meilleure actrice pour le même film. En 1978 elle reçoit le César de la meilleure actrice pour son rôle dans le film La Vie devant soi, d'après le roman du même nom de Romain Gary.

Simone Signoret a été mariée de 1948 à 1951 au réalisateur Yves Allégret dont elle a eu une fille, Catherine Allégret, puis, de 1951 à sa mort, à l'acteur et chanteur Yves Montand.

Biographie

Origines familiales

Simone Signoret est la fille aînée d'André Kaminker (1888-1961), traducteur et interprète, Français d'origine polonaise, issu d'une famille juive, et de Georgette Signoret (1896-1984), une Française dont le père était marseillais. Simone naît à Wiesbaden, dans la zone d'occupation française instituée en Allemagne à la suite de la Première Guerre mondiale, André Kaminker appartenant alors aux troupes d'occupation[1]. Simone a deux frères cadets, Alain et Jean-Pierre.

Jeunesse et formation (1923-1940)

La famille s'installe Ă  Paris en 1923[1].

Dans l'entre-deux-guerres, André Kaminker est avec Jacques Paul Bonjean journaliste au Poste parisien. En 1934 il effectue pour la radio française une traduction simultanée d’un discours de Hitler à Nuremberg[2].

Simone fait des études secondaires classiques. Au lycée elle est la condisciple et l'amie de Corinne Luchaire (1921-1950), qui arrête ses études dès la troisième (vers 1936) et entame une carrière cinématographique.

Au début de la guerre Mme Kaminker et ses enfants se réfugient en Bretagne : en 1939-1940 Simone est élève au lycée de Vannes, où elle a pendant quelques mois[3] Lucie Aubrac pour professeur d’histoire (janvier-).

L'occupation et l'après-guerre (1940-1950)

En André Kaminker rejoint la France libre à Londres ; il devient speaker, notamment à Radio Brazzaville[4] - [n 2].

De retour Ă  Paris, Simone doit travailler pour aider sa mère. En elle est engagĂ©e pour 1 400 F par mois, comme assistante de la secrĂ©taire personnelle de Jean Luchaire — père de son amie Corinne Luchaire — un partisan sans rĂ©serve de la collaboration, directeur du journal Les Nouveaux Temps[1]. Au printemps 1941 elle quitte Les Nouveaux Temps et Jean Luchaire, dĂ©cidĂ©e Ă  faire du cinĂ©ma[1]. Du fait de sa condition de demi-juive et sans la carte du COIC que dĂ©livrait la Propagandastaffel, elle commence, avec l'aide de Corinne Luchaire, par faire de la figuration au cinĂ©ma, notamment dans Prince charmant et BolĂ©ro de Jean Boyer, Les Visiteurs du soir de Marcel CarnĂ©, Adieu LĂ©onard de Pierre PrĂ©vert[1]. Elle choisit alors un nom de scène, en substituant Ă  son nom patronymique celui de sa mère, Signoret.

En 1943 elle rencontre le réalisateur Yves Allégret. Le naît leur fille Catherine Allégret. Ils se marient en 1948, mais en , sur un coup de foudre, elle le quitte pour un jeune chanteur découvert par Édith Piaf : Yves Montand, rencontré à Saint-Paul de Vence, qu'elle épouse le .

La carrière de comédienne de Simone est lancée en 1946 par le film Macadam, pour lequel elle obtient le prix Suzanne-Bianchetti de la révélation en 1947. Allégret offre à Simone Signoret ses premiers rôles importants, notamment dans Dédée d'Anvers en 1948 et Manèges en 1950.

Les années 1950

Affiche japonaise de Casque d'or (1952).

Mais c'est avec d'autres réalisateurs que Simone Signoret accède au rang de vedette, notamment dans Casque d'or de Jacques Becker en 1951, Thérèse Raquin de Marcel Carné en 1953 et Les Diaboliques d'Henri-Georges Clouzot en 1954.

En 1954 Signoret et Montand achètent une propriété à Autheuil-Authouillet, en Normandie. Cette demeure va devenir un haut lieu pour des rencontres artistiques et intellectuelles amicales. Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Serge Reggiani, Pierre Brasseur, Luis Buñuel, Jorge Semprún y séjournent régulièrement. Le couple affirme des idées de gauche et est bientôt catalogué comme « compagnon de route » du Parti communiste.

Avec son Ă©poux Yves Montand, elle s'implique politiquement Ă  gauche et voyage dans les pays de l'Est.

En 1954 le couple crée la version française des Sorcières de Salem d'Arthur Miller dans une mise en scène de Raymond Rouleau, qui sera portée à l'écran trois ans plus tard (Les Sorcières de Salem), une œuvre qui dénonce le phénomène du maccarthysme. En 1956 ils jouent dans un film de Yannick Bellon, Un matin comme les autres, court métrage sur le problème de l'insalubrité des logements en banlieue. En 1957 Simone Signoret accompagne Yves Montand dans la tournée (triomphale) qu'il effectue dans les pays du bloc de l'Est. Mais ils reviennent déçus par la réalité des pays du « socialisme réel » et prennent dès lors des distances avec le parti, sans renier toutefois leurs convictions politiques.

Simone Signoret et Yves Montand lors de la soirée de la remise des Oscars en 1960.

Après avoir tourné en Angleterre Les Chemins de la haute ville sous la direction de Jack Clayton, Simone Signoret part aux États-Unis avec Yves Montand en 1959. Le couple fréquente alors Arthur Miller, qui vient d'épouser Marilyn Monroe. Cette dernière impose Montand à ses côtés dans le film Le Milliardaire (1960) qu'elle s'apprête à tourner avec George Cukor.

Le Simone Signoret reçoit l'Oscar de la meilleure actrice pour son interprétation dans Les Chemins de la haute ville, devenant la première actrice française à recevoir ce prix (Claudette Colbert, née en France en 1903, a remporté un Oscar de la meilleure actrice en 1935, mais sa famille était partie aux États-Unis en 1906, et elle avait été naturalisée américaine en 1912), puis elle rentre en France tandis qu'une idylle naît entre Yves Montand et Marilyn Monroe. Cette relation prend fin lorsqu'elle est dévoilée par la presse américaine[5]. Il rejoint cependant son épouse après la promotion du film. Lorsque, des années plus tard, un journaliste évoquera avec Simone Signoret la liaison entre son mari et l'actrice américaine, elle répondra qu'elle regrettait simplement que Marilyn Monroe (morte en 1962) n'ait jamais su qu'elle ne lui en avait pas voulu[6].

En elle signe la « Déclaration sur le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie », dite Manifeste des 121.

Les années 1960 et 1970

Dans les années 1970 Simone Signoret incarne de nombreux rôles, parfois politiques comme dans L'Aveu de Costa-Gavras avec Montand en 1970, et toujours dramatiques : en 1969 L'Armée des ombres de Jean-Pierre Melville ; en 1971 Le Chat avec Jean Gabin et La Veuve Couderc avec Alain Delon, tous deux de Pierre Granier-Deferre ; en 1973 Les Granges Brûlées (à nouveau avec Delon) de Jean Chapot. Elle tourne également avec la nouvelle génération de réalisateurs, notamment Patrice Chéreau dans La Chair de l'orchidée en 1975 et dans Judith Therpauve en 1978, et Alain Corneau dans Police Python 357 en 1976.

En 1978 son interprétation de Madame Rosa dans le film La Vie devant soi lui vaut le César de la meilleure actrice alors que le film remporte l'Oscar du meilleur film en langue étrangère. La même année elle tourne également pour la télévision dans la série Madame le Juge.

Les dernières années

Tombe de Simone Signoret et Yves Montand au cimetière du Père-Lachaise.

À partir de 1981 la santé de Simone Signoret, qui fume et boit, se détériore sérieusement : elle subit une première opération de la vésicule biliaire, puis devient progressivement aveugle, atteinte de la cataracte[7], ne distinguant plus à terme que la silhouette des objets. Ses apparitions à l'écran deviennent rares. Elle tourne, entre autres, L'Étoile du Nord avec Pierre Granier-Deferre en 1982, ainsi que deux téléfilms avec Marcel Bluwal : Thérèse Humbert en 1983 et Music-hall en 1985. Une de ses dernières apparitions marquantes a lieu, quelques mois avant sa mort, dans l'émission 7 sur 7 où elle demande à la journaliste Anne Sinclair de présenter le logo de SOS Racisme « Touche pas à mon pote ».

Atteinte d'un cancer du pancréas, elle subit une dernière intervention chirurgicale en et décède dans sa propriété d'Autheuil le , âgée de 64 ans. Elle est inhumée au cimetière du Père-Lachaise. Yves Montand, qui meurt six ans plus tard, en , est inhumé à ses côtés.

Simone Signoret a en 1975 publié une autobiographie, La nostalgie n'est plus ce qu'elle était, en 1979 un autre récit autobiographique, Le lendemain, elle était souriante..., et en 1985 un roman, Adieu Volodia.

Sa fille Catherine Allégret est devenue comédienne, son petit-fils, Benjamin Castaldi, et son arrière petit-fils, Julien Castaldi, sont devenus animateurs de télévision.

Filmographie

Longs métrages

Courts métrages

Télévision

Théâtre

Publications

Distinctions

RĂ©compenses

Dessin au fusain de Simone Signoret après avoir reçu l'Oscar de la meilleure actrice pour Les Chemins de la haute ville (1959).

Nominations

Hommages

La chanteuse Nina Simone a choisi son pseudonyme en hommage à Simone Signoret après l'avoir vue dans Casque d'or [8].

En France, plusieurs odonymes portent le nom de l'actrice dont, notamment à Paris, la promenade du quai de la Seine, dans le quartier de la Villette, qui se dénomme « promenade Signoret-Montand » depuis 1998.

Serge Reggiani a rendu hommage Ă  Simone Signoret et Ă  son rĂ´le dans le film Casque d'or avec la chanson Un menuisier dansait (1973).

En 1986, dans son album Ça fait rire les oiseaux, la Compagnie créole publie une chanson intitulée Simone.

Généalogie

Notes et références

Notes

  1. Claudette Colbert, Oscar en 1935 est née française, mais a été naturalisée américaine en 1912.
  2. Après la Libération, il travaille comme interprète pour l'ONU en cours de création : cette nouvelle organisation internationale l'envoie en tant qu'observateur au procès de Nuremberg, car on y pratique pour la première fois l'interprétation simultanée ; plus tard, il devient chef interprète du Conseil de l'Europe et participe à la création de l'Association internationale des interprètes de conférence dont il devient le président.

Références

  1. Jacques Siclier, « Simone Signoret disparaît Les grands rôles de la vie », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  2. Marie-France Skuncke et association internationale des interprètes de conférence, Tout a commencé à Nuremberg... : il aurait ainsi inauguré ce type de procédé car, auparavant, les interprétations étaient exclusivement consécutives.
  3. Simone Signoret, La nostalgie n'est plus ce qu'elle était, début du chapitre 2, p. 37.
  4. (en) JesĂşs Baigorri JalĂłn, Interpreters at the United Nations. A history, Universidad de Salamanca, 2004, p. 46-52.
  5. « vanityfair.fr/culture/people/story/marilyn-monroe-yves-montand-premier-scandale-people/ »
  6. Simone Signoret, La nostalgie n’est plus ce qu’elle était, tout à la fin du chapitre 11, p. 295.
  7. Olivier Rajchman, Simone Signoret: les combats d'une vie, lexpress.fr, 22/08/2015
  8. David Brun-Lambert, Nina Simone : Une vie, Ă©ditions Flammarion, Paris, 2005 (ISBN 2-08-068693-3).

Annexes

Bibliographie

  • JoĂ«lle Monserrat, Simone Signoret, Paris, Ă©ditions PAC, 1983.
  • Catherine David, Simone Signoret ou la MĂ©moire partagĂ©e, Paris, Robert Laffont, 1990.
  • Catherine AllĂ©gret, Les Souvenirs et les regrets aussi..., Paris, Ă©ditions Fixot, 1994, 325 p. (ISBN 2-72428-175-6)
  • Jean-François Josselin, Simone, Paris, Grasset, 1995.
  • Huguette Bouchardeau, Simone Signoret : Biographie, Paris, Flammarion, 2005, 291 p. (ISBN 2-08068-749-2)
  • Emmanuelle Guilcher, Signoret : Une vie, Paris, Ă©ditions PrivĂ©, 2005.
  • Benjamin Castaldi, Dans les yeux de Simone, Paris, Albin Michel, 2010.
  • Agnès Michaux, Les Sentiments, Paris, J'ai lu, 2011. (ISBN 9782290036143)
  • Susan Hayward, Simone Signoret, une star engagĂ©e, trad. Samuel BrĂ©an, Paris, L'Harmattan, 2013, 300 p. (ISBN 978-2-343-02002-0) (Édition originale : Susan Hayward, Simone Signoret: The Star as Cultural Sign, Londres-New York, Continuum, 2004)

Documentaires

Liens externes

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