Corinne Luchaire
Corinne Luchaire est une actrice française née le dans le 16e arrondissement de Paris, où elle est morte le , après avoir évolué durant l'occupation dans les milieux collaborationnistes, dans la foulée de son père Jean Luchaire.
Naissance | |
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Décès |
(Ă 28 ans) 16e arrondissement de Paris (France) |
SĂ©pulture | |
Nom dans la langue maternelle |
Rosita Luchaire |
Nom de naissance |
Rosita Christiane Yvette Luchaire |
Surnom |
Zizi |
Pseudonyme |
Corinne Luchaire |
Nationalité | |
Activités | |
Période d'activité |
Ă partir de |
Père | |
Mère |
Françoise Besnard (d) |
Fratrie |
Robert Luchaire (d) Florence Luchaire |
Parentèle |
Julien Luchaire (grand-père paternel) |
Condamnation |
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Biographie
Elle est la fille de Jean Luchaire (1901-1946), journaliste célèbre fusillé à la Libération pour faits de collaboration, et de Françoise-Germaine Besnard. Elle est la petite-fille de l'universitaire spécialiste de l'Italie et écrivain Julien Luchaire (1876-1962). Une de ses sœurs est l'actrice Florence Luchaire (1926-1982). Elle a pour frère le décorateur Robert Luchaire[1].
Corinne Luchaire abandonne l'école dès la classe de troisième pour suivre les cours d'art dramatique de Raymond Rouleau. Son grand-père écrit pour elle la pièce de théâtre Altitude 3200. Cela lui vaut d'être engagée pour le rôle principal du film Prison sans barreaux, qui la révèle au grand public en 1938. À seize ans, elle devient alors l'une des vedettes les plus prometteuses du cinéma français. En deux ans, elle tourne six films, dont le plus connu est Le Dernier Tournant. Mais sa carrière au cinéma est rapidement interrompue par ses problèmes de santé : souffrant de tuberculose, elle doit chaque année séjourner plusieurs mois en sanatorium à partir de 1941, d'abord au plateau d'Assy, puis à Megève[2].
Sous l'Occupation, elle profite de la position et des relations de son père Jean Luchaire, collaborationniste rallié au nazisme, pour mener, durant ses séjours à Paris, une vie mondaine et insouciante. Elle se marie, le à Megève, avec Guy de Voisins-Lavernière[3], qu'elle quitte un mois après. Elle aurait fait une tentative de suicide à la fin d'une prétendue liaison avec le champion de ski Émile Allais . Elle a ensuite une relation avec un officier allemand, le capitaine de la Luftwaffe Wolrad Gerlach du Schnellkampfgeschwader 10, avec lequel elle a une fille Brigitte, née le , déclarée sous le nom de Luchaire[2].
Après une nouvelle tentative de suicide, elle devient secrétaire de son père. Quelques jours avant la libération de Paris (), elle suit sa famille à Sigmaringen où se réfugient les principaux collaborationnistes, dont Marcel Déat et Fernand de Brinon, autour du maréchal Pétain, puis, vers l'Italie où ils sont arrêtés à Merano. Elle est transférée avec lui à Fresnes et sera libérée quelques jours après l'exécution de Pierre Laval, tout comme sa sœur. En 1946, elle est condamnée à dix ans d'indignité nationale. Quant à Jean Luchaire, il comparaît devant la Haute Cour de justice pour intelligence avec l'ennemi (article 75 du Code pénal[4]) en , et est fusillé le au fort de Châtillon.
Avant sa mort prématurée due à la tuberculose en 1950, elle a publié un ouvrage autobiographique (Ma drôle de vie, 1949), qui constitue un document intéressant sur sa situation de fille d'une personnalité influente de la collaboration.
Corinne Luchaire a exercé une certaine fascination sur l'écrivain Patrick Modiano[5].
Filmographie
Cinéma
- 1935 : Les Beaux Jours de Marc Allégret
- 1936 : Sous les yeux d'Occident de Marc Allégret : une laborantine (non créditée au générique)
- 1937 : Le Chanteur de minuit de LĂ©o Joannon
- 1938 : Conflit de LĂ©onide Moguy : Claire
- 1938 : Prison sans barreaux de LĂ©onide Moguy : Nelly
- 1938 : Prison Without Bars (en) de Brian Desmond Hurst, (version anglaise du film précédent) : Suzanne
- 1938 : Je chante : une élève (non créditée)
- 1939 : Le Dernier Tournant de Pierre Chenal : Cora
- 1939 : Le DĂ©serteur (ou : Je t'attendrai) de LĂ©onide Moguy : Marie
- 1939 : Cavalcade d'amour de Raymond Bernard : Junie
- 1940 : L'Intruse (it) (Abbandono)
Théâtre
- 1937 : Altitude 3200 de Julien Luchaire, mise en scène Raymond Rouleau, théâtre de l'Étoile
- 1939 : Altitude 3200 de Julien Luchaire, théâtre Tristan-Bernard
Notes et références
- Bernard Bastide et Jacques-Olivier Durand, Dictionnaire du cinéma dans le Gard, Montpellier, Les Presses du Languedoc, , 362 p. (ISBN 2-85998-215-9), p. 170.
- Corinne L., une Ă©claboussure de l'Histoire, op. cit.
- Associé au faux marquis Lionel de Wiette, proche de la fausse marquise d'Abrantès (Sylviane Quimfe), il trafiqua au marché noir et alimenta la Gestapo française. Il fut incarcéré à la Libération en même temps que son ex-femme.
- Article 75 sur afmd.asso.fr.
- sur lereseaumodiano.blogspot.com.
Bibliographie
- Corinne Luchaire, Ma drôle de vie, 1949, Paris, Déterna, réédition 2000 (ISBN 9782913044289)
- Carole Wrona, Corinne L., une éclaboussure de l'Histoire, Paris, Centre national de la cinématographie, 2008 (OCLC 758619195) — Portrait documentaire biographique.
- Carole Wrona, Corinne Luchaire, un colibri dans la tempête, préface de Pierre Barillet, Grandvilliers, Éditions La Tour verte, 2011, 192 p. (ISBN 9782917819111)
- Cédric Meletta, Jean Luchaire : l'enfant perdu des années sombres, Paris, Perrin, 2013, 450 p.
- (it) Marco Innocenti, Il profumo di Corinne, Milano, Mursia, 2015, 292 p.